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Full text of "Recherches historiques : bulletin d'archeologie, d'histoire, de biographie, de bibliographie, de numismatique, etc., etc. [monthly]. 1904"

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W\sVo^^ 


VOL.  10  JANVIER  1904  No  1 

OBTJXjXjETXISr 


—    DES   — 


R[CIIEeCtl[S  HISTORIOUES 


A  KCH  ÉOLOGIE— HISTOIEE-BIOGE  APHIK 
BTBLTOGEAPHIE-NITMISMATQTJE 


ORGANE     DE     LA     SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDES     HISTORIQUES 


Qui  manet  in  patriâ  et  p;itriaiii  toi;n<.>c<-re  u-mni> 
Is  ir.ihi  non  civis  sed  pcrcRrinus  erit 


PIEERB-GEORGES   EOY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFE 

LÉVTS 


FiKCIlKlJClIKS   IIISTOUIQUES 


Sommaire  de  la  livraison  ck' jjuivirr  :  La  ihâtelleiiio 
<!•  Coulotige,  prî'S  (Québec,  Ernest  Gagiioii  ;  Protoiio- 
tairesdii  district  de  Kamouraska,  P.  (t.  R.  :  Testament 
d»?  M.  de  Mézy,  gouverneur  de  la  X(»iivelle-Franee  ; 
I/lion.  Pierre-Aniable  d<*  lîonnc,  P.  G.  R  ;  Protono- 
taires du  district  de  Saint-IIyacintiie,  P.  G.  R.  ;  Mon- 
seigneur François  de  Mornay,  troisième  évêque  de 
< Québec,  Kégis  Rov  :  Ta^s  sorciers  de  l'île  d'Orléans; 
l'n  Iroqinùs  brûlé  vif  ù  Québec  ;  Le  chevalier  de 
M«>ntalembert.  Ijc  Courrier  <le  ,S<iiiit-Hi/((cintfie,  J.  R.  : 
i^uestions,  «'te,  eti-. 

Gravure  :  L'hon.  Pierre-Ama)»le  de  Bonne. 

On  |H.'Ui  »c  procurer  grutuileiufiu  uiu-  livi-aisim  s|)''(-iiiirii 
•Ifs  lierherfkfs  ffisturiques  en  s'ailr<'>saut  au  ilircct«Mir  «li^ 
lu  revue    Pierro-(fC(»ri^es  Jîoy.  rm-  Wolfc.  L.  vi». 

thon iif  mrjtf  :  $'*  ,rir  rmurr. 

Ia^s  alxniiK's     dt*s     lii'rhrf)hc<     tlisforiffUfs 
voiiili'oiit    l»i«"ii  s  '    ra|)]>4'l('r   (pu*  leur   alxnino 
iiieiit    pour    l{>î>:»    est    m  liiit  i'ii  tilt   <lii 

PUilLlcA  i  iUA.^   KI-jJIlN  ILS 


Le  Rf-d.  inessirr  J.-0.-O.  y<iU'l,  curé  <("  Stirré- 
(Joe.ur de  Jésn.s,  \rAT  Vii\i\i''  Th -G.  Rouleau.  [)rinci[)al 
de  l'école  normale  l.aval — (Juébec.  Imprimerie  Dar- 
veau,  Jos   Heaucliaini»,   prop.  —  1Î>0:^. 

/y//  fntn'iUi  fX E^iini'iuviUe  dp  Be<ni.tnoiirhel,  par 
Pierre-(»eorges    Roy — Lé  vis — 100.{. 

De  l'oiOnrité  de  la  chose  jui/ée  rn  matirrr  r/vHr,  thè-e 
pour  le  doctorat,  par  Charles- Auguste  Cbauveau. 
Qiiéb.'c,  typ.  Dus-^ault  &  Proiilx  -P.J03. 

Cnrilloii  !  (Jnrill<m  !  JjP  dra/ieau  nnHanal  des  Ca- 
nadictm- Français,  par  un  Patriote 


RECHMES  HISTORlOyES 


HULLETIX     1)'AECHÉ0L0G]E,    D'HISTOIEE,    DE 

HTOGEAPHIE,   DE   BIBLIOGEAPÏÏIE,  DE 

NUMISMATIQUE,  ETC.,  ETC., 


PUBLIE   PAR 


PiERRE'GEORGES  ROY 


VOI.UMK  J'JXIÈ.MK 


LÉVIS 
1904 


I  TSf  S^% 


BULL  E  T I X 

DES 

RECHERCHES  tlISTORTQUES 


VOL.  10  JANVIER  1904  No  1 


LA  CHATELLENIE  DE  COULONGE,  TRES 
QUÉBEC 


LechTiteau  de  Spencer  Wood,  résidence  officielle  des 
lieutenants-gouverneurs  de  la  province  de  Québec,  oc- 
cupe à  peu  près  le  centre  de  la  partie  est  de  l'ancienne 
terre  de  Coulonge,  érigée  en  châtellenie  par  la  com- 
pagnie de  la  Nouvelle-France,  le  9  avril  1657,  en 
laveur  de  Louis  d'Aàlleboust,  deuxième  successeur  de 
Champlain  dans  le  gouvernement  du  Canada. 

L'acte  de  foi  et  hommage  que  l'on  va  lire  (et  qui 
est  absolument  inédit)  fait  connaître  les  titres  primi- 
tifs de  cette  "  terre  de  Coulonge  "  ainsi  érigée  en  fief 
de  dignité  en  1657, 

ACTE    DE    FOI     ET    HOMMAGE    RELATIF    A    LA    CHATELLENIE 
DE   COULONGE 

•'  Du  neutviesme  décembre  1667,  les  assizes  tenant 
à  l'extraordinaire,  le  procureur  fiscal  présent  :  (1) 

"  A  comparu  devant  nous  Dame  Marie-Barbe  de 
Boullongne,  veuve  de  feu  Messire  Louis  Dailleboust, 
vivant  chevalier,  Seigneur  de  Coulonge,  cj-devant 
gouverneur  et  lieutenant  gênerai  pour  le  Roy  en  ce 
pays,  tant  en  son  nom  que  comme  donataire  mutuelle 
du  dit  deffunct, — laquelle  ayant  mis  un    genouil   en 


(!)  Louis-Théandre  Charticr  de    Lotbinière,  procureur 
fiscal  de  la  C(Mn])agnic  des  Indes  Occidentales. 


4  — 


ifrn-,  a  «lit  (jnellf  nmis  t'aisoit  t't  i>.>rtoit  la  toy  ot 
lioniina^e  (|ir«'lK»  est  riMiae  faiiv  et  porter  aux  dits 
seigneurs  (  l)  à  ca'is.' (le  la  terri*  et  chtwto.lenie  »le 
(.'oulonge  relevante  en  plein  tiet"  toy  et  honim  lije   des 

•  lits  Seigneurs, — laquelle  dite  terre  luy  appartient  en 
Sa  dite  qualité  tant  à  cause  de  l'acquest  que  le  dit 
detiunct  sieur  DailleliDUst  en  aviât  tait  «le  Nicolas 
Gaudrv  ("2)  de  cinquante  arp'Mits  «le  terre  par  contract 
pass»'  par  devant  Aud')aart,    notaire,   le  <lix-8e[>rièïue 

•  ►ctobro  mil  six  cent  quarante  neuf,  rao3'eniiant  la 
somme  de  cinq  cous  cinquante  livres,  des  lots  et  ven- 
tes de  laquelle  le  dit  t'eu  sieur  DailleWoiist  auroit  ol)- 
tenu  remise  de  M(»nsiciir  de  Lau/on,  ainsy  qu'il  appert 
par  acte  de  luy  signé  en  «late  du  dixneuviènie  avril 
mil  six  cent  cinquante-deux,  e-?tant  au  bas  du  dit  con- 
trat. lequel  dit  Bourhoimière  (2)  etr  auroit  obtenu  tittre 
de  corïcession  de  feu  Monsieur  le  Olievalier  «le  Mont- 
ma<j^ny  «In  (piinzicsme  novembre  njilsix  cent  «piarante- 
Kej>t,  ratitb»'  par  la  dite  ancienne  Compagnie  (3)  le 
vingtneufviesme  mars  mil  six  cent  ([uarante  neuf,  k  la 
cbame  «le  six  deniers  do  cens  par  cbacun  «les  dits  cin- 
«juante  arpents,  «pi'à  cause  des  tittres  de  concession 
ipi'il  ru  a  «)btenus  de  fi-u  Monsieur  de  Lauzon  et  trans- 
port à  bii  faict,  S(;av«)ir  est 

Quaraiite-«leux  arpens  de  terre  par  tittre  en  «late  «lu 
«lix-septième  avril  mil  six  cent  cinquante-deux,  signé 
lie  Lauzov,  et,  plus  bas,  par  Monse'ujneiLr  :  (rjdel,  à  la 
«  barije  «le  six  deniers  de  (;ens  par  «'hacun  d'iecux. 

Plus  «louze  arpens  eî  demy  «le  tern;  sizt^  au  «lit  lieu, 
[»ar  tittre  du  huitième  mars  mil    six    cent    «:in<[uante- 

(1)  Do  lu  (.'oinpagnio  «!«»  Indes  Occidentales. 

(2)  Nicolas  (iaudry  dit  Bourbonnièiv. 

(.*!)  La  (/Otn|>aiînic;dc  la  Nouvelle-Kraneo,  appelre  ausj*i 
Compagnie  «l«is  Cent  Associé». 


deux,  signé,  de  Lauzon,  et,  plus  bas,  2J«»*  Monseigneur: 
Godet,  à  la  charge  de  six  deniers  de  cens  [tar  chacun 
d'iceux. 

Plus  vingt-six  arpens  et  demy  de  terre,  ou  environ, 
par  ti'.tre  en  datte  du  huitième  avril  du  dit  an  mil  six 
cent  cinquante-deux,à  la  charge  de  six  deniers  de  cens 
par  chacun  des  dits  vingt-six  arpens  et  demy,  le  dit 
titre  signé  de  Liuzon,  et,  plus  bas,  par  Monseigneur  : 
God<t. 

l*lus  cent  arpens  ou  environ   par  coïitrat  de  trans- 
port au  dit  feu  Sieur  DaiUeboust  faict  par  feu  Messire 
Jean  Seigneur  de  Lauzon,  chevalier,   grand  Sénéchal 
de   ce  païs,    passé    par    devant    Rolland  Godet,    lors 
notaire,le  vingt-dauxième  mars  mil  six  cent  cinquante- 
trois,  lequel  dit  Sieur  de  Lauzon  en  estoit  propriétaire 
à  tittre  de  rente  annuel  de  bail  d'héritage  par  contrat 
passé  entre  lu  y  et  Olivier  Letardif,  tant  en   son   nom 
que  comme  tuteur  do  Marguerite  Nicolet,  fille  et  héri- 
tière de  feu  Jean  Nicolet  et  de  Marguerite  Couillard, 
ses  père  et  mère,  par  devant  le  dit  Godet,  le  septième 
mars  rail  six  cent  cinquante-deux,  lesquels  dits  Letar- 
dif et  Nicolet  avoient  obtenu  tittre  de  concession  de 
l'ancienne  Compagnie,  de   cent  soixante   arpens   de 
terre,  de  partage  desquels  le  dit  Letardif  déclare,  par 
le  dit  contract  de  bail  à  rente,  avoir   arenté   deux   ar- 
pens de  front   sur   huit   de   profondeur   à    Raymond 
Paget,  et  cinq  arpens  de  front  sur  huit  de  profondeur 
à  Maurice  Arrivé  et  Pierre  Tourmente,  le  dit  tittre  en 
date  du  cinquième  avril  mil  six  cent  trente-neuf,signé 
-par  la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France,  Lamij,  à  la 
charge  de  payer  à  la   recepte   des  dits   Seigneurs    un 
denier  de  cens  par  chacun  des  dits  arpens  et  par  cha- 
cun an. 

Plus  trente  cinq  arpens  de  terre  faisant  partye  de 
soixante-quinze,  accordés  au  dit  feu  Sieur  DaiUeboust 
par  le  dit  feu  Sieur  de  Lauzon  par  tittre  en  datte  du 


—  <3  — 

huitième  iiiars  mil  >ix  cent  oin<iuante-deiix,  sigiu' 
lie  LdnzoïJ,  et,  plus  Itas.  par  Mtni.se.iipnur  :  Go'hf,  h  lu 
cliarge  Je  ^ix  (leui»r?  de  cens  [»ar  cliaouii  (l*i<  eux. — 
desquels  treiite-iiiM|  arpens  le  «lit  feii  si<Mir  Dailleboust 
avoit  dippopé  au  proHt  du  dit  fVu  Jean  Gloria. 

•*  Toutes  lesijUfllcs  dittes  tories  ont  esté  csn<:;écs  en 

tittre  de  '•  Ciiasti-lleiiie,"  ave<- justie»-  haute,  moyenin' 

•'t  basse,  suivant  la  coustume  de  Paris,    mouvante   de 

(Québec  jiar  un  seul  liomniuire  li<i:e    et    que    les    terres 

«jui  se  trouveront  enelavées  dar  s  ses  l)ornes  nleveront 

(le  la  ditte  "  Cliastellenie  "  et  luy  payeront  les  cens  et 

rentes  que  la  ditte  ('««mpairnie  s'estoit  réservés,  la  eon- 

si<tan<-e  des(ju»iles  terres  «le  Couloiige  bornée  à  l'orient 

<lu  irrand  tleuve  St-Ijuurent,  à   l'ot-eident  des  terres  de 

la  Coste  Ste-(j!eneviève,  au  se[)tentrion  du  ruisseau  <le 

St-Denis  et  au  mi«ly  «les  terres  appartenantes  aux  Sau- 

vaires  et  aux   Mères    Ursulines,— la(pielle   «litte    esree- 

ti<»n  a«ir«)it  étt"  faite  au  nom   «lu  «lit   feu    Sieur   DailK-- 

boust.  par  tittre  de  l'aneienne  C'«>nipagnie,  en  date  du 

iMutvième  avril  mil  >ix  cent  ein«|Uante-sept,  signé  par 

Mt.sfiinirs  de  lu   Compatjni''  de  la    XovveUe-Frtt me,  A. 

ChefiiuU.  à  iK'Us  exhibé  avec  l'acte    «le   la   deslibera- 

ti«»n  de  la  dite  Compagnie  p«)ur  la    «litte   esrecti«)n   en 

«late  du  «lit  jour,sigii('  par  extraits  des  dcsliltérutwns  de 

Iti  dite  Co)iijttit//n'e.  J.  CltoJfduU.uu  bas  desqutils  tittres 

et  acte  «le   la    le«ture,   publication    «'t    enregistrennnt 

taiets  d'ieeiix  aux  rouistres   «les   insinuations  de  cette 

juri.-<li<-ti«>n  en  «lattr    du    onze    janvier   mil    six    cent 

«'in«pnint«-huit,  sign<-  Peuvret.   Et  nous  a  aussi,  la  «iite 

l>ame.  fait  exiliitioii  de  tous  autres  tittres  et  «'«nitraets 

ey-tb'vant  mentionne/.,  requérant  qu'il   n«>us  plaise  la 

r«"{'evf>ir  à  la  ditte  f<»y  et  b«)mmag«',  et  a  signé- 

"  M.  K  de  Boullongne. 
Ijc  pro«ureur  fiscal  pré.'jent  a  dit  que  comme   il  aj»- 
pert  par  h'>  rattures  <t  interlignes  qui  se  tr«)uvent    en 


la  délibération  et  au  tittre  cy-dessus  dattes  du  neuf- 
vièrae  avril  mil  six  cent  cinquante  sept  qu'il  y  a  lieu 
de  douter  des  véritables  bornes  et  limites  accordées 
par  l'ancienne  Compagnie  pour  l'estendue  du  dit  fief, 
il  requiert  que  coppies  signées  des  dits  tittres  et  déli- 
bération soient  faites  avec  luy  et  mises  au  greffe  dans  la 
huitaine  dé  ce  jour,  pour  y  avoir  recours  quand  besoin 
sera  et  prendre  telles  conclusions  qu'il  advisera  bon 
estre.  Sur  lequel  dit  réquisitoire  faisant  droit,  nous 
avDus  reçu  et  recevons  la  ditte  Dame  Dailleboust  à  la 
ditte  foy  et  hommage,  sans  tirer  à  conséquence  à  la 
charge  de  fournir  son  dénombrement  dans  le  "  delay  " 
de  la  ditte  coustume  et  ordonné  que  la  dite  Dame 
Dailleboust  "  fournira  "  coppies  signées  des  dites  dé- 
libérations et  tittres  dans  quinzaine  ". 

(signé)    L.  T.  Chartier.  (avec  paraphe  ) 
(signé)    ^  Peuvret.    (avec  paraphe.) 

Vraie  copie  de  l'original  conservé  aux  archives  du 
département  des  Terres,  Mines  et  Pêcheries,  à  Qué- 
bec,— premier  volume  des  archives  féodales. 

Ernest  Gagnon 

Analysant  cet  acte  de  foi  et  hommage  du  9  décem- 
bre 1667,  M.  Ernest  Gagnon  a  donné  le  tableau  sui- 
vant des  concessions  et  acquisitions  qui  formèrent  la 
terre  et  châtellenie  de  Coulonge. 

1^  Cinquante  arpents  de  terre  achetés  par  M. 
d'Ailleboust  (alors  gouverneur)  de  Nicolas  Gaiidry  dit 
Bourbonnière,  le  17  octobre  1649.  (Audouart,notaire.) 
— Ce  terrain  avait  été  concédé  à  M.  Bourbonnière  par 
M.  de  Montmagny(pour  la  Compagnie  de  la  IsTouvelle- 
France),  le  15  novembre  1647. 

2°  Deux  concessions  faites  à  M.  d'Ailleboust  par 
M.  de  Lauzon  (pour  la  Compagnie  de  la  Nouvelle- 
France),  le  8  mars  1652. 


—  s  — 

3°  Concession  faite  à  M.  «1" Aillt'hoiist  j.Mr  M  <!«' 
î>aiiz(»n,  le  8  avril  10 ')2. 

4°  Concession  fiiit»'  à  M.  tl* AilKl»<Mist  j»ar  M,  de 
Luu/on.  le  17  avril  1052. 

ô*^  Cent  arpents  ai^iuis  |«ar  M.  irAillcl»oii-t  de  M. 
lie  Lunzon,  le  22  mars  1658.  (Knlland  Godet,  notaire.) 
—  Ces  cent  arpents  de  terre  faisaient  partie  d'une  con- 
cession ]»lus  .tînple  iuconlée  à  Olivier  I^cTardif  et  Jean 
Xicolt't  lie  IîelUl)ornf  par  la  Compagnie  de  la  Xon- 
Vflle-Franei',  le  ô  avril  16oî>,  -concession  <|ni  avait 
déjà  subi  (juel)jues  mutations. 

Les  différentes  mutations  se  rapportant  à  la  «hâtel- 
Icnie  de  Coulonirt-  »pii  »)nt  eu  lieu  dejiuiN  1657  jusipi'à 
ce  jour,  sont  indifpn'es  dans  le  rajtport  général  du 
commissaire  des  Travaux  jiultlit  s.  1'.  (}„  yiour  l'an- 
née 1899. 


rKOTON'oTAIRKS   DC   DISTRICT   DK   K'A- 
MoriîASKA 

riiiliitiie  ('lialou  |  i^       .   ,        ^or-< 

Charles  Dér.v        )      •; 1 S  octobre  1851 

Josepli-(îabri«d  l'ellitier <)  mars  1S5S 

Cliarles  l)»'rv  ]  ,  i  •       ^r.^^ 

Joscph-iial.ri.l  I'..II.-tier; ^^  "^^«'"-^  ^^^^^ 

.Iosepli-(Jal>riel  l'elKtier 2'*}  septembre  187t> 

Joseph-Gabriel  Pellitier  )  , ,.        .,  ^^^ 

Tibnree  l)es.aint  / Ibavnll879 

Joseph-(jabrifl  l'elletier ...:')  >e|.tembre  1881 

Jofirph-(Jabriel  |'«;llriifr  )  ,^  ^^    „ 

Zéphirin  l'errcault  | 10  mars  1887 

Josep!:-Gal»rifl  l'elletier mai  lSî»2 

Josi  pli-Gabriel  iVIbfier  >  ,  ,        -,  ^^ 

ra..cha|.\in<-..slasTa.béi  .JJavnl  1001 


—  9  — 

TESTAMENT    DE    M.    DE    MÉZY,    GOUVER- 
NEUR DE  LA  NOUVELLE-FRANCE 

Au  nom  <3u  père  et  du  fils  et  du  st  Esprit. 

Pardevant  Claude  Aubert,  oore  Royal  en  la  nou- 
velle france  et  tesmoins  soussignés,  savoir  Guillaume 
Soudaye,  sieur  de  la  GimandeVye  ;  Esdme  Lemovne, 
sieur  de  la  Croix  ;  Thomas  Laiiglier,  sieur  Chevallier, 
et  de  Mathieu  Mutault  sieur  du  Buisson,— le  vendredy 
vingt  quatriesme  jour  d'avril  mil  six  cent  soixante 
cinq",  après  midv  ;  fut  présent  en  sa  personne  Mr  Au- 
gustin de  Saffray  Chevalier  Seigneur  de  Mézy,  Me  de 
Camp  des  armées  du  Roy,  Gouverneur  et  Lieutenant 
rour  Sa  Majes-té  en  toutte  l'estendue  de  la  Nouvelle 
Fiance  ;  gisant  en  sfjn  lict  malade  de  corps  mais  tou- 
tesiois  sein  d'esprit  et  d'entendement  ainsy  qu'il  est 
apparu  à  nous  dit  notaire  te.^moins  susdits  et  soubz- 
fionéa  par  ses  gestes,  maintien  et  entretien  ;  Et  consi- 
dérant qu'il  n'est  rien  plus  certain  que  la  mortny  plus 
incertain  que  l'heure  et  le  jour  a  voullu  faire  et  dispo- 
ser des  choses  qu'il  a  pieu  à  Nostre  Seigneur  Jésus 
Christ  Iny  prester  en  envoyer  en  ce  mortel  monde,  en 
la  forme  et  manière  de  testament  et  ordonnance  de 
dernière  volonté,  en  la  meilleure  forme  et  teneur  avec 
touttes  les  choses  nécessaires  à  testament,  ainsi  qu'il 
ensuict. 

Et  premièrement, 

Donne  son  âme  à  Dieu  et  à  la  très  Sainte  Vierge  Sa 
bonne  mère,  laquelle  il  prie  de  tout  son  cœur  avec 
saint  Augustin  son  bon  patron,  st  Jean,  St  Pierre,  St 
Paul,  tous  les  autres  apostres,  évangélistes,  martirs  et 
confesseurs,  et  tous  les  autres  saint»  et  saintes  qui  sont 
au  Royaume  Céleste  et  esternel  de  Paradis,  d'estie 
procureurs  et  intercesseurs  pour   luy   envers  Nostre 


—  10   — 

Soigneur  Jesu--C'liii>t.  atiiii  .[ii'il  luy  i-laise  recevoirsa 
pauvre  âme  et  la  mittre  eu  lieu  tle  repos. 

Supplie  très  hunibK'ineut  mou  diet  seigneur  Testa- 
teur, Monseigneur  île  Tracy  de  V(.»ulloir  agréi-r  s'il  luy 
plai?t  <l'e8tre  txéiuteur  du  présent  son  testament  et 
ordonnaneo  de  «lerniî-re  volonté,  et  pour   l'absence  de 

mon  d.  Seigneur  de  Tracy,  Monsieur celui  qui 

tiendra  son  lieu  et  place  en  ce   gouvernement,  suivant 
la  commission  laissée  par  le  dict  testateur  ; 

Item  veut  et  désire  le  dict  seigneur  que  sou  corps 
Koit  iidiumé  tlans  le  cimetière  des  pauvres  de  riios[)i- 
tal  «le  (2uél)ec(i  ; 

Item,  veut  et  désire  que  son  «lict  corps  soit  ouvert, 
que  son  cceur  en  soit  tipé,embaulmé  et  envoyé  à  Mon- 
sieur de  Setxpieville  Morcl  en  la  ville  de  Caeu  en  Nor- 
mandie pour  estre  mis  entre  les  mains  des  Révérends 
Pèrt's  Capucins  «le  la  dicte  Ville  pour  le  garder  et 
prier  Oieu  pour  luy. 

Item,  donne  et  lègue  aux  Révérendes  mères  hospi- 
talières du  dict  lIos[»ital  la  somme  de  deux  ceii3  livres 
et  la  somme  «le  trois  cens  livres  au  proflit  et  bénéfice 
des  pauvres  du  «lict  Ilospital. 

Item,  donne  et  lègue  aux  Révérendes  Mères  Ursu- 
lines  du  dict  (^ueitec,  la  somme  de  deux  cens 
livres. 

Item,  donne  et  lègue  la  somme  de  trois  cens  livres 
pour  l«'s  cliaritez  K's  plus  nécessaires  de  ce  dict  [uiys, 
laquelle  soinnn*  cy-di-ssus  le  dict  Seigneur  Testateur 
prie  mor»  «lic-t  Seigneur  1  Evesque  d'en  vouloii'  taire 
distribuer  les  deniers  suivant  son  intention  et  les  priè- 
res qu'il  luy  t'aict. 

Item,  donne  et  lègue  à  l'Eglise  paroissialle  du  dict 
Qut'becq  la  somme  de  mille  livres  et  pour  taire  ses 
fuin-railles  api>rè/,  sa  mort  et  décez,  un  service  tous  les 
mois  et  an  durant, un  service  tous  les  ans  à  perpétuelle 


—  11  — 

mémoire  et  à  toujours  et  le  tout  solennel,  avec  une 
messe  basse  tous  les  jours  de  la  première  année  de  son 
diet  decez  ; 

Item,  donne  et  lègue  à  Monsieur  de  Tilly  la  somme 
de  cinq  cens  livres. 

Item,  donne  et  lègue  à  Monsieur  de  Repentigny  la 
somme  de  trois  cens  livres. 

Item,  donne  et  lègue  à  Monsieur  de  Villiers  la  som- 
me de  deux  cens  livres. 

Item,  donne  et  lègue  à  Monsieur  Denis  la  somme 
de  deux  cens  livres. 

Item,  donne  et  lègue  au  sieur  d'Angoville,  major, 
la  somme  de  deux  cens  livres,son  habit  de  drap  d'An- 
gleterre tout  complet,  son  manteau  de  Camelot,  une 
paire  de  soullieis  neufs,  huict  chemises  avec  des  bout- 
tons  aux  manches,  son  espée  avec  la  ceinture,  un  ma- 
telas et  une  couverte  neufve  servant  à  coucher  les 
valetz. 

Item,  donne  et  lègue  à  Monsieur  Madry  la  somme 
de  deux  cent  livres. 

Item,  donne  et  leorue  à  Phélix  Auber  la  somme  de 
cinquante  livres  avec  un  juste-au-corps  de  drap  de 
Berry  gris,  un  petit  habit  de  Sergette  grise,  lequel  a 
esté  porté,  avec  une  paire  de  gros  bas  blancs. 

Item;  donne  et  lègue  à  Monsieur  Goumin  la  somme 
de  cinquante  livres. 

Jtem,  veut  et  dézire  le  dict  Seigneur  t<^statenr  que 
les  deniers  qui  proviendront  de  seë  biens  meubles 
soient  employez  et  aplicquéz  pour  satisfaire  aux  priè- 
res qui  seront  faictes  pour  luy  et  que  du  surplus  des 
choses  cy-dessus  données  et  léguées  soient  prises  sur 
ce  que  le  dict  sieur  de  la  Chenays,  marchant,  luy  peut 
debvoir. 

Item,  veut  et  désire  que  toutes  les  choses  cy-dessus 
estant  accomplies  que  le  restant  de  ses  deniers  soient 


—  12  — 

onvoyéi»  en  nelletrycs  au  poidz  ordinaire  et  à  savoir  en 
«•a,st<>V  niovtit'^  icra^s  er  ra^ytié  soi-,  à  \ie.s-»iciirs  les 
niar.liautz  .11'  R  iii-n  imiitl'Ii  riMidre  «-oinpt.'  s'il  ItMir 
j.laist  à  nuHisioiir  de  Secqnex  illi'  Morel  ^ujur  les  distri- 
l»\i»'r  8iiivaiir  1  iiit.Miti<»n  des  «lit/  iMvseuts  r«».staini'nr  et 
<)ni<»nnan«-e  de  dernière  vol«mté  et  euivant  Tadvis 
.ju'il  Inv  en  8era  «lonnc  cv  après  par  iccdlny. 

Item,  n»i)n  «lit  S-i^rnenr  Test;itenr  snpiic  très  liuni- 
lilenient  mon  dict  sieur  de  See<pieville  destre  exécuteur 
den  articles  cv  aprè^  déclarez  et  menti* uméz. 

ftem,  prie  le  dict  Seigneur,  le  dict  Sieur  de  Sacque- 
ville  ^vt«»st  les  dicts  deniei-s  revues  de«lonnersuriceux 
aux  dictz  Revéren.ls  Pères  Capucins  du  dict  Caen 
avee  son  dict  Cirnr  i\n\  \ny  sera  adressé  i>our  leur 
mettre  en  mains  la  somme  de  cinq  cens  livres. 

Item,  veut  et  dézire  le  dict  Seigneur  que  le  dict 
sieur  de  Se«(|ueville  mette  es  mains  de  Monsieur  <le 
Koqiielé,  IVeUstre,  la  soiniut'  d»^  cinq  cens  livres  pi»nr 
estre  emplovée  aux  «liaritéz  <lont  le  «lit  Stîigiieur  Tes- 
tateur et  le  «lit  Sieur  lloquelé  ont  c,)giii)issauce  et  à 
Hon  dertault  le  «lit  sieur  de  Secqueville  les  mettra 
«litre  IcH  mains  «le  t«îll«i  persoinie  qu'il  jugera  à  propos 
pour  estre  employez  aux  mesmes  tins. 

It«*m,  le  dict  sieur  de  Serqueville  est  prié  de  donner 
Mur  le  mesnu;  fonds  la  Boni  me  «le  cin([  cens  livres  au 
Bureau  des  pauvres  «1<î  la  dite  ville  «le  Caen  si  le  «lit 
lin reau  sulM*iste  encore  et  en  cas  qu'il  no  Hubcistast, 
«ju'il  onlonne  «le  la  «lite  somme  «le  cinq  cens  livre 
4-<»mine  il  jng-'ra  h  »n  «v-'tnî  pour  la  «lescliarge  de  la  cons- 
cience «lu  «lit  Seigneur  Testateur. 

Item,  le  di<"t  Seigniîur  prie  de  recliet*  le  «lict  sieur 
#le  Secfjueville  de  tain»  prier  Dieu  pour  1«;  salut  et  rejnM 
«le  son  ;im<r  par  prières,  servicivs  «*t  saintt^s  messes  tant 
à  Not-«;  Dame  «le  la  I )elivran<<',  F^glise  de  St-1'ierre, 
('«luvi'iitz  des  R«'vi>r«'ii'ls  ri-n.'s  (larmes  et   C/«)rdelicrs, 


—  13  — 

<it  de  le  recommander  aux  prières  de  ses  autres  bons 
amis. 

Item,  le  dict  sieur  de  Secqueville  donnera  sur  le  dit 
fonds  à  Monsieur  delà  Fresnays  Duguay,  beaufrère 
du  dict  Seigneur  Testateur,  la  somme  de  cinq  cens 
livres  en  faveur  de  ses  enfants 

Item,  le  dit  sieur  de  Secqueville  apprès  touttes  les 
choses  cy  dessus  exécuttées  et  accomplies, et  les  prières 
^[\e  le  dict  Seigneur  Testateur  lui  a  faictes  par  lettre 
missive  Tannée  dernière  passée  pour  le  payement  de 
ses  debtes  le  tout  exécuté,  il  est  prié  de  mettre  le  res- 
tant entre  les  mains  de  Monsieur  d'Armeville  son 
frère,  ou  autre  de  la  famille. 

Item,  donne  et  lègue  le  dict  Seigneur  Testateur  à 
Messieurs  de  la  Linette  et  de  Briery  en  cas  qu'ils  vien- 
nent l'année  présente  en  ce  paya  de  Canadas  pour 
recompense  de  leurs  ^frais  et  despens  qu'ils  auroient 
peu  faire  en  considération  à  chacun  d'eux  la  somme 
<ie  mil  livres. 

[tem,  le  dict  Seigneur  Testateur  prie  le  dict  Siéur 
de  Secqueville  de  payer  sur  le  dict  fonds  cy  devant 
mentionné  aux  créantiers  de  feu  Monsieur  de  Cham- 
boy  le  nombre  de  vingt  livres  d'or  qu'il  debvôit  au  d, 
sieur  de  Chamboy. 

Item,  veut  et  ordonne  le  dict  Seigneur  Testateur 
que  touttes  les  lettres  qui  lui  viendront  de  France,  pa- 
piers ou  affaires  soient  ouvertes  et  veues  par  Monsieur 
de  Bernière,  prestre,  faisant  les  fonctions  curialles  du 
dict  Québec,  et  par  le  dit  sieur  d' Angouville,  major, 
^ifïin  que  s'il  est  nécessaire  de  faire  responce,  le  dict 
Sieur  d' Angouville  le  fera,  et  les  autres  papiers  immé- 
<liatement  seront  rompus  et  bruslés. 

Item,  veut  et  ordonne  le  dict  Seigneur  Testateur 
que  les  meubles  et  marchandises   qui   luy   pourroient 


—   14  — 

venir  de  Fraïue  cette  préeeiito  année  soient  employées 
dans  rinventaire  de  ses  bien^  meubles  pour  estr9  ven- 
dues ainsi  (jue  les  autres. 

Lequel  susdiet  teetument  a  esté  h  nous  diet  notaire, 
dicté  et  non;nié  jiar  le  dict  Seigneur  Testateur,  et  par 
nous  depuis  à  luy  releu  présenee  dicts  tesnioins,  et 
nous  a  dict  le  dit  Seigneur  le  tout  estre  selon  son  in- 
tention sa  propre  volonté  et  ordontiance  de  dernière 
volonté  testamentaire,  et  en  foy  de  (juoy  il  a  avec  les 
dicts  tesmoins  et  nioy  notaire  susdiet  et  soussigné  ;\  la 
minutte  des  j.résentrs  l'an  et  jour  que  dessus  ;  Ainsy 
signés,  Augustin  dtSattrav  Me/y. — Vincent  Lenioyne 
— Gimauderye — M;itbieu  Mutanlt — Thomas  Langlier 
— Auber,  avec  paraphe  (Signé)  Auber,  Nore  Royal. 

Et  advenjint  le  lundy  vingt  septiesme  du  dict  mois 
et  an  après  ncnivellt'  lecture  du  Testament  cy  devant 
escrit,  et  que  le  «lit  seigneur  api*ès  icelle,  a  dit  et  décla- 
ré estre  sa  propre  volonté  et  nous  a  dict  que  depuis  la 
closture  d'icelluy  il  avait  eu  volonté  et  ce  pour  le  pré- 
sent veut  et  ordonne  que  les  articles  suivans  et  par  luy 
cy  après  «léclaré/.  soient  exécutez  comme  les  antres  cy 
devant  e^<•riJ•tes,  c'est  à  savoir  que.  Premièrement, 

Il  vt'Ut  et  désire  qu'il  soit  donné  à  la  Demoiselle 
Fournier  la  somme  de  cent  livres. 

Item,  donne  de  plus  au  dict  Auber  la  somme  de  cin- 
(juante  livres  et  une  paire  de  gros  soulliers,  outre  ce 
qui  est  cy  devant  escrit  ;  De  plu8,à  Dosmarestz  soldat 
la  somme  de  trente  livres. 

Item,  d<inne  et  lègue  au  Tambour  la  somme  de 
trente  livres. 

Item,  désire  que  lu  somme  de  trois  cents  livres  men- 
tionné** cy  «levant  an  dict  Testament  adressée  à  Mon- 
seigneur l'Evesquc  pour  estre  ajiKic^uée  aux  plus  gran- 
des nécessitez  de  ce  ]»ay8,  s<»it  mise  entre  les  mains  de 


—  15  — 

Monsieur  Morel,  prebstre,  pour  les  employer  aux 
Eglizes  de  la  Coste  de  Beaupré  et  aux  pauvres  familles, 
le  requérant  de  prier  Dieu  pour  luy; 

!tem,  veut  et  ordonne  que  sa  monstre  employée  et 
mise  dans  son  Inventaire,  soit  envoyée  k  mon  dict 
Sieur  de  Secqueville  Morel  son  grand  amy,  qu'il  luy 
donne  par  présent  en  recognoissance  des  peynes  qu'il 
prend  pour  l'exécution  de  son  testament. 

Jtem,  le  dict  Seigneur  veut  et  ordonne  que  l'Obli- 
gation montante  à  la  somme  de  huict  mil  livres  soit 
envoyée  en  France  par  Monsieur  de  la  Chesnays,mar- 
chant  à  Messieurs  les  Marchands  de  Rouen,  pour  faire 
tenir  la  dicte  somme  de  huict  mil  livres  à  Monsieur  de 
Secqueville  Morel  pour  estre  employée  a,u  susd.  testa- 
ment. 

Item,  de  plus  le  c^ict  Seigneur  ordonne  au  sieur 
d'Angoville,  Major,  d'envoyer  en  France  par  le  dit 
sieur  de  la  Chesnays  aux  susdictz  marchands  le  nom- 
bre de  six  peaux  de  loupservier,  une  peau  de  regnard 
noir,  trois  castors  et  quatre  peaux  de  Loultre  pour  les 
faire  tenir  au  dict  sieur  de  Secqueville  pour  en  estre 
uzé  ainsy  qu'il  luy  en  sera  donné  advis  pgir  le  dit  sieur 
d'Angoville. 

Item,  veut  et  dézire  qu'il  soit  payé  au  sieur  des 
Longchamps  sur  le  pied  des  gaiges  qu'il  peut  donner 
à  son  serviteur  domestique  Charles  d'Engueville  qui  a 
servy  le  dict  Seigneur  trois  mois. 

Item,  le  dict  seigneur  donne  au  sieur  d'Angoville 
son  habit  noir  affin  qu'il  porte  le  deuil  de  sa  personne, 
ainsy  qu'il  désire. 

Item,  ordonne  le  dict  Seigneur  qu'il  soit  payé  à  la 
Chesnaye  son  serviteur,  la  somme  de  cinquante  livres 
pour  six  mois  de  service  à  raison  de  cent  livres  par  an. 

Item,  veut  et  ordonne  qu'il  soit  payé  à  Droissy  son 
serviteur  la  somme  de  quinze  livres  par  mois. 


—  IÇ  — 

Item,  veut  et  imlonDe  cjne  le  tlict  sieur  de  G'mian- 
derye,  s».»rgeiit,  soit  jjivé  t]e  la  somme  «le  quatorze 
livres  «le  •raiges  (jni  Inv  re^te  «!«'  l'an  passé. 

Item,  vt'Ut  et  ordonne  le  «liet  Seigneur  testateur  (jur 
le  diet  sienr  d'Anir<)ville,  major,pn)eure  à  ladilligenoe 
de  reXi'enti»»n  du  susdit  testaiDent  affin  qu'il  soit 
promjttemeiit  i-xéeutt»',  atlin  qu»*  son  âme  en  soit  plus- 
to8t  deschargée,  et  acquitter  et  soliciter  le  dit  Testa- 
ment. 

Item,  veut  et  «»rdonne  le  diet  Seigneur  testateur 
que  par  l'artiele  sept  dans  ledit  Testament  il  est  diet 
qu'il  <lonne  la  somme  de  mil  livres  à  l'Eglise  parois- 
sialle  djj  diet  Québec],  pour  faire  ]»rières  pour  luy,  il 
veut  et  entend  que  la  dicte  somme  .soit  myse  entre  les 
mainB  de  MonKeigTuur  l'Evesque  pour  en  taire  à  soi» 
intentifm  et  régler  Ks  servieei?  pc>nr  le  repos  affin  de 
8on  âme. 

Le  tout  f'aiet  Tan  et  jour  susdiets  en  présence  de 
Monsieur  de  iiernières,  presbtre,  et  du  sieur  Amicet 
Gooniin  a  ce  présents,  teamoins,  lesquels  ont  avec  le 
diet  Seigneur  et  moy  notaire  susdiet  et  soussigné  à  la 
minutte  des  dictes  ]>résentea  ;  Ainsi  signé  Augustin 
de  Saff'ray  Mé/y — H.  de  Bernière  — Goumin — et  mov 
Notaire  avec  paraphes,  signé  Auber,  Notaire  Royal 
avec  paraphe 

l>a  lettre  missive  et  testament  ensuitte  et  cydessus 
ont  esté  c\  dessus  n'gistréz  an  <lésir  «le  l'ordonnance 
de  Monseigneur  de  Tracy  «'stant  ez  liasses  «lu  (irette 
du  Conseil  Souverain  dattée  du  qiiatorziesir.e  avril 
dernier  par  le  Greffier  et  secrétaire  au  diet  Conseil 
soussigné,  dont  acte.  i»our  servir  ce  qu'il  appartiendra. 

(Signé)  Peuvret,  avec  paraphe. 


—  17  — 
L'HONORABLE  PTERRE-AMABLE  DE  BONNE 


l'ierre-Arnable  de  Bonne  naquit  à  Montréal  le  25 
novenilire  1758  du  mariîige  do  Louis  de  Bonne  de 
.Vlisèle,  chevalier,  capitaine  au  régiment  de  Oondé,  et 
de  Marie-Louise  Prudhomrae.  Le  gouverneur  de  La 
Jonquièi'e  était  son  grand-oncle. 

Son  père  fut  tué  par  une  bombe  pendant  le  siège  de 
Québec  en  1759.  (1)  Madame  de  Bonne  se  remaria,  en 
1770,  à  Joseph-Dominique-Emmanuel  LeMoyne  de 
Longueuil.   C'est  lui  qui  protégea  le  jeune  orphelin. 

l'ierre-Amable  de  Bonne  termina  ses  études  au  sé- 
minaire de  Québec  en  1776. 

Le  24  janvier  1780,  il  présentait  une^  pétition  au 
gouverneur  Halciimand  le  priant'dè  lui  aecorde]["  une 
licence  d'avocat.  (2)  ïïaldimand  se  rendit  à  sa  deman- 
de le  14  mars  1780. 

Le  29  décembre  1791,  M.  J.-F.  Cugnet,  secrétaire 
français  et  traducteur  du  gouverneur  et  du  Conseil  du 
Bas-Canada,  alors  malade,  demanda  au  gouverneur  et 
au  Conseil  de  nommer  M.  de  Bonne  son  assistant.  Ce 
dernier  agit  comme  tel  pendant  quelque  temps. 

M.  de  Bonne  lut  député  de  York  de  1792  à  1796, 
puis  de  Trois-Rivières  de  1796  à  1804,  et  enfin  de 
Québec  (comté)  de  1804  à  1810.  (3) 

Le  8  février  1794,  M.  de  Bonne  recevait  sa  nomina-. 
tion    de  juge    des    Plaidoyers    Communs   (Common 
Pleas).  Le  16  décembre  de   la  même   année,  il    était 
nommé  juge  de  la  Cour  du  Banc  du  Roi  pour  le  Bas- 


(1)  Bulletin  des  HecJœrches  Historiques,  vol.  VI,  p.  277. 

(2)  M.  J. -Edmond  Roy  a  publié    cette  pétition  dans  son 
Histoire  du  notariat  au  Canada,  vol.  II,  p.  125. 

(3)  Joseph    Desjardins,   Guide  parlementaire  historique, 
pp.  136,  141,  143. 


i;il('N.  IMKKI:K  AMA15LK    DK   liONXE 


—  19  — 

Canada.  Enfin,  treize  jours  plus  tard,  le  29  décembre, 
il  t'tait  appelé  au  Conseil  exécutif. 

M.  de  Bonne  porta  l'hermine  jusqu'au  21  mai  1812, 
où  il  donna  sa  démission. 

Il  înouriit  à  Beauport  le  6  septembre  1816 

M.  de  Bonne  fut  à  la  Chambre  d'Assemblée  le  chef 
du  parti  du  Château  ou  du  gouverneur  Craig.  Le  parti 
canadien,  pour  se  débarrasser  de  lui,  présenta  une  loi 
qui  excluait  les  juges  de  la  Chambre  d'Assemblée.  Le 
Conseil  législatif  amenda  cette  loi  en  déci<lant  qu'elle 
ne  deviendrait  exécutoire  qu'au  parlement  prochain. 
La  Chambre  d'Assemblée,  n'écoutant  que  son  ressen- 
timent, déclara  par  un  simple  vote  le  siège  du  juge  de 
Bonne  vacant.  Le  gouverneur  Craig  saisit  cette  occa- 
sion pour  proroger  le  Parlement. 

I-ia  biographie  détaillée  de  M.  de  Bonne,  remarque 
Ignotus,  est  à  écrire  et  ferait  un  volume  intéressant  et 
instructif.  Qui  pourrait  entreprendre  cette  tâche  avec 
plus  de  compétence  que  Ignotus  lui-même  ? 

P.  G.  R. 


PROTOîs'OTAIRES    DU  DISTRICT   DE  SAINT- 
HYACINTHE 


Louis-Gustave  de  Lorimier 6  mars  1858 

Louis-Gustave  de  Lorûnier    1   ^^  ^^^^^^^  ^g^^ 

Pierre  Boucher  de  LaBruere  j 

Louis-Gustave  de   Lorimier  \  23  i^in  1875 

Joseph  Roy  j " 

Joseph  Roy  1     ^q  .^11^^  1879 

Théodore-feimeon  Richer  j  -^ 

Joseph  Roy  j 9  geptembre  1889 

Henri-Albany  Beau  regard  j  ^ 

P.  G.  R. 


—    L'O     - 

KÉPONSKS 


>Ioiisi'ii;n(Mir  riaiicois  (h'  .>l()rii  i>,  troisième 
t'v<Miii('  «l.-  (^ii;-ln'c.  (IX.  XI.  ".♦70.)— Les  Moniay 
.sont  (l'mu'  anoicMiiic  et  illustre  maison  orii;-inairo  du 
Berry.  On  rt^tracc  l'ur  source  à  l'hilippo,  soiirneur  tle 
Mornay.  en  Berry,  (lui  lut  un  «les  principaux  bienfai- 
teurs (le  lablmye  de  Fontmoriiïny,  en  1151,  lor.sque 
Kaint  Bernard  y  mit  des  reli<rieu.\  de  son  Ordre,  en  la 
plaee  de  ceux  do  raint  Benoit. 

Ijji  filiation  suivie  de  cette  taniille  c(Mnmenee  dans 
V Histoire  des  gnnnh  qffiriers  île  (n  Couronne,  tome  VI, 
pajfe  721^,  et  suivantes.  Guillaume  <îe  Mornay,  cheva- 
lier, qui  virait  en  12G2,  y  con)mence  la  lignée. 

FraiK;oise  du  Bec  apporta  à  son  mari,  Jacques  de 
Mormiy,  neuvième  dei^ré  au  ironc  de  l'arbre  gém'alo- 
gifpie,  la  terre  <lu  Plessis-Marty,  don  de  madame 
Jeanne  de  lieauvilliers,  sa  tante.  Voilà  comment  le 
titre  de  «lu  l*le.st?is  arriva  <lans  la  famille, mais  l'évèque 
d«'  Québec  appartenait  alors  à  un  autre  rameau  <les 
Mornay  et  ne  pouvait  prétendr»'  (pi'à  un  petit  cousi- 
nage avec  les  .seignenr.s  du  IMessisMarly. 

Les  Mornay  ne  se  sont  jamais  paré  du  titre  de  cette 
terre  du  Plessis  pour  s'en  former  un  nom  composé 
comme  les  Mornay-Moutchevreuils.  par  extuiiple,  et 
c'est  donc  à  tort  que  qucl(|ues-uns  de  nos  historiens 
disent  que  l'évOipie  de  Qu«'bec  était  un  Duplessis  de 
Mornay.  On  aurait  i)U  écrite  :  /hiniit  îles  M-n'uuij,  sei- 
gneurs lia  Plessis-\liirbj^  etc.,  etc. 

\a\  famille  de  monseigneur  Fran<;ois  de  Mornay 
avait  titre  :  seigneurs  du  Mesnil-TJK'ribus,  (;t  elle  était 
issue  <run  autre  ranjeau  de  l'arbre  familial  :  celui  des 
Mormiy,  seigm-urs  de  Monte  hevrenil. 

Jeatj  de  .Mornay,  (Vile  degré  en  l'arbre  généalogi- 
que) eut  un    fil-:    Guillaume,    (Ville)    ([ui    fonda    la 


—  21  — 

branche  des  marquis  de  Mornay-Montchevreuil  (1), 
dont  le  petit-fils  René  (Xe)  eut  Jacques  (XFe)  qui  fonda 
lu  maison  des  Morna}^  seigneurs  du  Mesnil-Théribus. 

Charles  de  Mornay  (XI le)  seigneur  du  Mesnil- 
Théribus  fut  le  père  de  l'évêque  de  Québec.  Il  devint 
capitaine  de  cavalerie.  A  la  bataille  de  Rocroi  en  1643, 
il  eut  la  jambe  fracassée,  ce  qui  le  mit  hors  d'état  de 
continuer  son  service. 

Il  aA'ait  épousé  le  3  juillet  1652,  Anne  de  Quesnel, 
iille  d'Henri,  seigneur  de  Ponchon  et  de  Framerville, 
et  de  Charlotte  de  Bigant.     Leurs  enfants  furent  : 

1°  Charles,  mort  sans  postérité,  étant  sous-brigadier 
aux  mousquetaires  du  roi  de  la  première  compagnie. 

2*^  Henri,  qui  continue  la  lignée.  (Cependant  cette 
branche  s'éteignit  en  son  fils  Armand). 

3'^  Fravçms,  capitaine,  puis  major  du  régiment  de 
Nivernois,  etc.  *• 

4"  Louis- François,  évêque  de  Québec,  né  en   1663. 

5*^  Jacques. 

6°  Marie. 

7^  Anne,  , 

■8°  Madeleine,  I       ,.   • 
no  -c^  •         '  rehgieuses 

9^^   Françoise,    i         ° 

10°  Henriette,  j 
Louis-François,  qui  se  retira  aux  Capucins  en  1682 
fut  nommé  coadjuteur  de  Québec  en  1713.  Sacré  évê- 
que d'Euménie  in  partibus  le  22  avril  1714,  devint 
évêque  de  Québec  par  la  mort  de  Jean-Baptiste  de  la 
Croix  de  Chevrières  de  ^Saint-Vallier.  11  se  démit  de 
son  évêché,et  a  été  pourvu  au  mois  de  décembre  1733, 
du  prieuré  d' Arbois,Ordré  de  Citeaux,diocèse  de  Besan- 


(1)  L:i  seule  sLibsistunte  des  Mornay,  et  représentée  ac- 
tuellcineut  à  Paris  par  M.  le  marquis  do  Mornay-Mont- 
chevreuil, 70,  i-.ie  de  Ponthiou,  8e  arrondissement. 


f;on.  Il  eut  le  malheur  d'être  écrasé  par  un  carosse, 
«laiis  la  rue  St-IIoiioré,  à  Paris,  le  28  novembre  1741, 
»'n  la  traversant  pour  rentrer  aux  Capuein?,  où  il  de- 
nuMirait,  et  est  mort  eur  le  clianip,  âgé  de  soixante- 
dix-huit  ans. 

Armoiries  de  la  famille  :  Barellé  (Vargent  et  de  gén- 
ies de  huit  pif^ces,  nu  lion  iiiorné  de  sahle,  auronné  d'or, 
brochant  sur  le  tout. 

RÉGIS  Roy 

Les  sorciers  de  IMle  crOiioaiis  (IX,  II,  922.) 
—  Dos  les  commencements  du  dix-liuitième  siècle  on 
donnait  le  surnom  de  sorciers  aux  habitants  de  l'île 
d'Orléans.  Pour  quelle  raison  ?  Voyons  ce  qu'en 
disent  les  historiens  de  l'ancienne  île  de  Bacchus  : 

"  Le  dimanche,  vingt-deux  (septembre  1720),  écrit 
le  R.  P.  Charlevoix,  noua  étions  mouillés  par  le  tra- 
vers de  rîle  d'Orléans,  où  nous  allâmes  nous  promener 
en  attendant  le  retour  de  la  marée.  Je  trouvai  ce  pays 
beau,  les  terres  bonnes  et  les  habitants  assez  à  leur 
aise.  Ils  ont  la  réjtutation  d'être  un  peu  sorciers,  et  on 
s'adresse,  dit-on,  k  eux,  pour  savoir  l'avenir,  ou  ce  qui 
se  passe  dans  les  lieux  éloignés.  Par  exemple,  si  les 
navires  de  France  tardent  un  jjcu  trop,  on  les  consulte 
pour  en  avoir  des  nouvelles,  et  on  assure  qu'ils  ont 
quelque  fois  répondu  assez  juste.  C'est-à-dire  qu'a- 
yant deviné  une  (»u  deux  fois,  et  ayant  fait  accroire, 
pour  se  divertir,  qu'ils  parlaient  de  science  certaine, 
on  s'est  imaginé  qu'ils  avaient  consulté  le  diable."  (1) 

M.  Hubert  I^allue  donne  trois  raisons  pour  expli- 
quer ce  surnom  d'île  des  Sorciers,  Il  ne  reste  que  l'em- 
barras du  choix. 

*'  Un  nombre  vraiment  prodigieux  de  sources  d'eau 


(1)  Journal  il' un  voyage  fait  par  or  drr  <lu    lioi  dans  VA- 
mérique  septentrionale^  tonao  troisièmo,  page  68. 


—  23  — 

vive  se  rencontre  dans  l'île,  et  l'eau  qu'elles  fournis- 
sent est  incomparable,  sous  le  double  rapport  de  la 
pureté  et  de  la  fraîcheur.  Il  s'ensuivrait  donc  que  du 
mot  source  on  aurait  fait  le  mot  sourciers,  d'où  par  cor- 
ruption, sorciers." 

Avouons,  avec  M.  LaRue  d'ailleurs,  que  cette  ex- 
plication est  pas  mal  à  l'eau  claire.  Voyons  sa  deu- 
xiènje  raison  : 

"  Environnés  d'eau  de  toutes  parts,  ne  pouvant 
communiquer  avec  la  ville  ou  avec  les  paroisses  voisi- 
nes que  par  le  moyeu  de  canots  ou  de  chaloupes,  les 
habitants  de  l'île  ont  toujours  été  marins,  comme  ils 
le  sont  aujourd'hui  ;  pour  eux,  c'est  affaire  de  néces- 
sité. Or,  il  fut  un  temps  où  le  spacieux  port  de  (Québec 
ne  s'enorgueillissait  pas,comme  aujourd'hui,  de  comp- 
ter ses  navires  par  centaines  et  par  milliers  ;  une  voile 
dans  le  cours  de  l'année,  parfois  deux,  et  c'était  tout. 
Il  fut  un  temps  encore  où,  de  l'arrivée  de  ce  seul  na- 
vire, dépendait  l'existence  de  la  colonie  entière,  et  on 
peut  juger  avec  quelle  impatience  toute  fébrile,  on  en 
attendait  le  signalement.  Dans  cette  cruelle  perple- 
xité, on  s'adressait  donc  tout  naturellement  aux  gens 
de  l'île,  les  plus  expérimentés  en  fait  de  navigation, 
pour  apprendre  d'eux  le  jour  approximatif  de  l'arri- 
vée du  bâtiment  tant  désiré.  Ces  derniers,  fiers  de 
l'importance  qu'on  voulait  bien  attacher  à  leurs  présa- 
ges, ne  se  faisaient  pas  prier  longtemps  pour  donner 
une  réponse  quelconque  ;  et  comme  parfois  l'événe- 
n)ent  vint,  fort  à  propos,  confirmer  leurs  prédictions, 
il  s'ensuivit  tout  naturellement  qu'on  leur  décerna  le 
glorieux  surnom  de  sorciers." 

La  troisième  maintenant  : 

"  Autrefois  la  pêche  à  l'anguille  était  des  plus  abon- 
dantes sur  nos  côtes.  Or,  à  cause  du  fiux  et  du  reflux 
de  la  marée,  dont  l'heure  varie  de  jour  en  jour,il  arri- 


—  24  — 

vait  bien  souvent  que  nos  gens  allaient  taire  la  viï;itt> 
lie  Ifiir  pêelit'S  au  beau  milieu  de  la  nuit,  l'onr  ce,  on 
se  rendait  en  grand  nombre  s-ur  la  grc've,  chacun  }»or- 
tant  :\  la  main,  jioui-  s'éclairer  daiis  >-a  niarcb*-  et  dans 
ses  opérations,  un  falot  de  sapin  enHainnié.  Assuré- 
ment, c'était  un  ^pectacle  tout-à-fait  curieux  et  téeri- 
«[Ue  (jue  de  voir  surgir  à  peu  près  au  mOme  instant,  et 
à  une  lieure  assez  avnncée  de  la  nuit,  tous  ces  feux, 
allant,  vci:ant,  se  cn-isant  les  uns  les  autres,  i)arfois  s(; 
réunissant,  pour  s'ébiigner  et  s'éparpiller  encore.  Les 
gens  «le  la  côte  du  î*ud  ne  tardèrent  pas  à  voir  du 
merveilleux  et  du  surnaturel  dans  la  présence  de  tous 
ces  feux  (pii  venaient  ainsi  sur  la  grève,  et  à  une 
lieure  aussi  indue,  danser  une  ronde  infernale  sans 
doute.  lîientôt  ils  s'en  efirayèrent,  bientôt  même  ils 
i;'ogèrent  plus  sortir  de  leurs  njai^ons  après  une  certai- 
ne heure  de  la  soirée.  Bref,  il  n'y  eut  jilus  moyen  d'en- 
tretenir aucun  doute  à  cet  égard,  et  nos  insulaires 
turent  déclarés  à  l'unanimité  possédés  du  mauvais 
esprit,  coureurs  de  loup-garous,  feux-tolets,  sorciers, 
etc.,  etc.  C'était  un  moyen  de  se  rehausser  dans  l'es- 
prit de  ces  braves  gens  ;  il  va  sans  dire  que  les  gens 
de  l'île  ne  fnrent  jias  assez  sots  que  daller  les  désabu- 
ser." (1) 

M.  L.-I'.  Turcotte  croit  que  ce  sont  ces  deux  der- 
nières raisons  qui  ont  surtout  contribué  à  procurer  le 
titre  d'île  des  Sorciers  à  l'île  d'Orléans.   (2) 

M.  l'abbé  L.-E,  Jii.is  est,  lui  aussi,  d'opinion  (pie 
les  f«Mix  que  l'on  vt>yait  courir  sur  les  rivages  de  l'île 
d'Orléans,  à  certaines  heures  de  la  nuit,  et  qui  n'é- 
taient riei:  aiitr.'  <li<'>«' qne  j.-^  tiandjeaux  dont  les  insu- 

(1)  ^'<'ya;i«•  aiiiour  ii<  iile  il'Orl.'ans-  Soirées  Canadicn- 
nes,  18fil,  1».  142. 

(2)  Histoire  , h  I  ih   dOrUuus,  p.   12. 


—    25  — 

laites  se  servaient  pour  visiter  leurs  pêcheries,  ont 
donné  lieu  à  ces  suppositions  bizarres,  que  l'on  aurait 
pu  tout  aussi  bien  appliquer  aax  cultivateurs  de  Saint- 
Vallier,  de  l'Ange-Gardien,  du  nord  et  du  sud,  puis- 
qu'eux  aussi  faisaient  le  tour  de  leurs  pêches  la  nuit 
iivec  des  lumières  du  même  genre. 

]'eut-être  aussi,  ajoute  le  savant  abbé,  que  l'ère  de 
prospérité  que  l'on  voyait  régner  dans  les  habitationvS 
des  cultivateurs  de  l'île  d'()rléans,portait-il  à  attribuer 
aux  procédés  magiques  jilutôt  qu'à  un  travail  intelli- 
gent et  assidu,  les  heureux  résultats  d'un  mode  de 
culture  plus  suivi  et  mieux  soigné.  Quoiqu'il  en  soit, 
il  ne  se  rencontre  plus  personne  qui  croie  aux  prati- 
ques de  la  magie  chez  ces  insulaires,  malgré  qu'il  y 
en  ait  plus  d'un,  peut-être,  qui  jalouse  leur  bonheur, 
le  calme  de  leur  e:^istence  et  la  paix  dé  leurs 
foyers."  (1) 

Un  Iroqiiois   brillé    vil*   a    Québec.    (IX,  IX, 

9G9.) — Au  mois  de  février  1692,  le  gouverneur  de 
Frontenac  donna  au  capitaine  Dorvilliers  le  comman- 
dement d'un  parti  de  120  Français  et  de  205  Sauvages 
pour  aller  attaquer  les  Iroquo^s  dans  leur  pays.  Après 
trois  jours  de  marche,  M.  Dorvilliers  fut  obligé  de 
revenir  sur  ses  pas,  une  chaudière  d'eau  bouillante  lui 
ayant  tombé  sur  les  pieds.  Il  donna  le  commandement 
à  M.  de  Beaucour,  capitaine  réformé.  Près  de  l'île 
de  Tonihata  dans  la  direction  de  Cataracoui,  le  parti 
tomba  sur  50  Iroquois.  24  furent  tués  et  16  furent 
faits  prisonniers.  Les  10  autres  s'échappèrent.  M.  de 
Beaucour  s'en  revint  triomphant  à  Québec  avec  ses 
prisonniers. 

M.  de  Frontenac  irrité  des  déprédations  continuel- 


(1)  L'ile  d'Orléans,  p.  7. 


—  2*;  — 

les  «les  Iroquois  et  voulant  d'ailleur.s  intiiniiler  ces 
tV'roces  guerriols  par  un  exoin|>lo  riiîouroax  cDUilainna 
deux  (les  prisoim'urs  h  êtie  brûK'<  vits. 

l*areille  exécution  ne  s't'tait  pas  encore  vue  à  Qué- 
bec et  on  peut  croire  que  la  population  supplia  le  gou- 
verneur <le  lui  épargner  un  tel  spectacle.  Mais  il  ne  se 
laissa  pas  fléchir.  L<'s  deux  Iro.piois  turent  instruits 
dt»«  mystères  de  notre  religion  i):ir  les  Jésuites  et  re- 
<;urent  le  baptême.  L'un  d'eux  cependant  évita  le  sup- 
plice en  se  tioimant  la  mort  a^c'•  un  <-otitt'aii  (pi'il 
trotiva  «lans  sa  prison. 

Le  baron  de  Lallontaii  raconte  aiii-^i  le  s;ipplice  de 
son  malheureux  compagnon  : 

''  Quelques  Jeunes  Hurons  <1<'  L'>rotte  îîgis  de  qua" 
torze  à  quinze  ans,  vinrent  premlre  l'autre,  et  lame" 
nèr«'nt  sur  le  Cap  au  Diamant  où  ils  avaient  eu  la  pré" 
caution  de  taire  un  grand  amas  de  bois.  Il  courut  à  la 
mort  avec  plus  d'indiftérence  (pie  Socrate  n'aurait 
fait,  s'il  se  fut  trouvé  en  pareil  cas.  Pendant  le8up[>li- 
ce,  il  ne  cessa  <le  chanter  qu'il  ('tait  guerrier,  brave  et 
intn'qtide,  qtie  le  genre  de  mort  h^  plus  cruel  ne  j)oiir- 
rait  jamais  ébranler  son  <'ourage,  (pi'il  n'y  aurait  [)oint 
de  tourments  capables  de  lui  arracher  un  cri,  (jue  son 
camarade  avait  été  un  poltron  de  s'être  tué  lui-même 
par  crainte  des  tourments,  et  (pi'enfin  s'il  était  brûlé, 
il  avait  la  consolation  d'avoir  t'ait  le  môme  traitement 
à  jilusicurs  Fraiu;ai-i  et  Hurons.  Tout  ce  qu'il  disait 
«'•tait  vrai,  surtout  à  l'égard  de  son  courage  et  de  sa 
fermeté,  i^ir  je  puis  vous  jurer  avec  toute  vérité  qu'il 
ne  jeta  ni  larmes,  ni  soupirs  ;  au  «;ontraire,  ]>endant 
qu'il  souffrait  les  plus  horribles  tourments  ([u'on  puisse 
inv«!nter,  et  qui  durèrent  cnvinm  l'espace  de  trois 
heun'S,  il  ne  cessa  pas  un  mom;nt  d.;  chanter.  On  lui 
tint  plus  d'un  quart  (d'heure)   la  plante  des  pieds  de 


—  2T  — 

vajit  deux  grosses  pierres  tontes  rouges  ;  on  lui  fuma 
le  bout  des  doigts  avec  des  pipes  allumées,  et  on  lui 
tenait  ces  pipes  contre  la  main  sans  qu'il  la  retirât  ;  on 
lui  coupa  les  jointures  les  unes  après  les  autres  ;  on  lui 
tordit  les  nerfs  des  jambes  et  des  bras  avec  une  petite 
verge  de  fer,  et  cela  d'une  manière  inexprimable,  et 
qui  devait  lui  causeries  plus  affreuses  douleurs.  Enfin, 
après  lui  avoir  fait  souffrir  tout  ce  qu'on  peut  imagi- 
ner de  plus  horrible,  pour  comble  de  cruauté,  ces 
bourreaux  lui  découvrirent  le  crâne,  et  ils  auraient 
fiait  tomber  peu  à  peu  du  sable  brûlant  si  un  esclave 
des  Hurons  de  Lorette  n'était  survenu  fort  à  propos 
pour  lui  décharger  sur  la  tête  un  grand  coup  de  mas- 
sue dont  il  expira.  Cela  se  faisait  par  ordre  de  mada- 
me l'intendante,  (1)  qui  eut  la  compassion  d'abréger 
par  là  les  tourments  de  ce  malheureux.  Au  reste, 
toutes  ces  vives  et  âpres  douleurs  ne  furent  point  ca- 
pables d'interrompre  la  musique  de  notre  homme,  et 
l'on  m'a  assuré  qu'il  chanta  jusqu'au  dernier  moment. 
Je  dis  que  l'on  m'a  assuré,  car  je  n'assistai  qu'au  com- 
mencement de  la  pièce,  et  les  seuls  préludes  de  cette 
tragédie  me  firent  tant  d'horreur  que  je  n'en  pus  sou- 
tenir la  vue  jusqu'au  dénouement." 

Le  chevalier  de  Montalembert.  (IX,  VII,  953.) 
— Le  chevalier  de  Montalembert  entra,  en  1731,  com- 
me cadet  dans  la  compagnie  des  gentilshommes  de 
Metz.  Deux  ans  plus  tard,  cette  compagnie  ayant  été 
supprimée,  il  fut  placé  lieutenant  dans  le  bataillon  de 
Josseran,  milice  lyonnaise.  L'année  suivante,  il  pas- 
sait en  Italie,  en  qualité  de  lieutenant  en  second,  dans 


(1)  Madame  Bochart  de  Champigny  avait  fait  sans 
succès  toutes  les  démarches  possibles  auprès  de  M.  de  Fron- 
tenac pour  empêcher  cet  horrible  supplice. 


—  28  — 

le  régiment  «le  Suint-Simon.  Ku  IT-")»!,  il  devenait  lion- 
tenant  en  i>icMl,  jmis,  on  1744.  oapitaino  dans  le  même 
régiment.  En  1"<4G,  il  donnait  .«^a  dôniission  pour  pren- 
dre une  compagnie  de  milice  dans  le  Walaillon  d-i  Fôn- 
teuay-le-C'omte  qui  tnt  destinée  à  1 1  oanipagne  du  due 
d'Anville.  C'est  en  1750,  (pi'il  tnt  nommé  capitaine 
au.\  troupes  <le  l'île  Koyale. 

C'est  là  (ju'il  éj»()u-a  Mlle  Cliassin  de  Tnit*ry,  tille 
d'un  eapituine  de  la  colonie.  Dans  nne  lettre  de  M.  des 
lionrhes  à  M,  de  Snrlaville,  nous  trouvons  do  curieux 
détails  sur  ce  maria:;e.  "  Le  Innit  court  t|u'elle  ne 
l'aime  p.is,  t'orit  M.  'les  Jîourbes.  Hier,  W-a  dinèrent 
chez  M.  l)rncourt  :  >on  épouse  pleura  jieinLint  tout  le 
repas  :  elle  eut  une  contenance*  très  déplacée  et  qu'on 
aurait  à  j>eine  passée  à  une  fille  de  dix  ans.  L'on  m'a 
assuré  «pi'au  sortir  «le  chez  notre  goi:vorneur,  Monta- 
li'mhert  voulut  donner  la  main  ;V  son  épouse,  et  (prellc 
ie  refusa  d'nii  air  d<-  Tuépris.  Elle  se  leva  à  trois  heu- 
res du  matin,  la  première  nuit  de  ses  noces  ;  on  la  vit, 
à  cette  heure,  appuyé-e  sur  sa  fenêtre  et  pleurant  à 
chaudes  larmes.  L'on  croit  qu'elle  aurait  eu  jtlus  de 
goût  pour  un  capitaine  de  Bon )';/<)>/ iit^-dpiteK^  Destnaille, 
que  pour  Montalomherr,  dont  les  honnos  f.ii'on-  r>onr- 
ront  la  gagn«,*r."  (  1  ) 

Le  pauvre  .Montalemhert  ne  put  ranniHi  >'mi  .[mpu-o 
à  do  meilleurs  sentiments  à  son  égard.  Le  15  mai 
1757,  .\[  .lonhcrt.  ofHcier  à  L<»uislM>ur<r,  annonçait  à 
M.  de  Surlavillo  la  tin  de  ce  mariage  mal  assorti. 

"  C'est  avoc  hien  de  la  poino  (|ne  je  vous  api»rends 
1»  triste  destinée  du  pauvre  Montalembert.  De[>uis  un 
mois,  l'on  ne  sait  ce  (ju'il  ost  devenu  :  l'on  Ta  cherché 
partout,  fait  hattro  1rs  hois  «h-  Miré-    par  des   dé'ta<he- 

(1)  J)ii  Boc'j  «je  li.îimiioiit.  AcH  ili-rniiTH  ioitrs  ,h'  r Ai(h 
>lip.  p.    14!». 


—  29  — 

ments  et  des  Sauvasses,  sans  que  l'on  ait  pu  trouver 
aucun  vestige  de  lui.  Il  partit  de  chez  Mme  Tliiéry, 
où  il  restait  depuis  quelque  temps,  un  mercredi,  avec 
son  fusil.  1*1  prit  la  route  du  chemin  de  Miré.  L'on 
ne  sait  où  il  a  couché  la  nuit  du  mercredi  au  jeudi. 
Celle  (lu  jeudi  au  vendredi,  il  coucha  à  l'hahitation  de 
sa  belle  mère,  sur  le  chemin  de  Miré,  à  une  lieue  et 
demi  de  Louisbourg,  il  en  partit  le  matin.  Depuis  ce 
temps  personne  ne  l'a  vu.  Depuis  plusieurs  mois,  il 
n'était  plus  conuaissable,  par  les  chagrins  que  lui  don- 
nait sa  femme,  qui  non  contente  de  le  maltraiter  de 
bien  des  manières,  entretenait  avec  un  officier  déterre 
nue  galanterie  presque  publique.  Cette  malheureuse 
l'a  ruiné  ;  Montalembert,  avant  de  se  marier,  avait 
mieux  de  deux  cent  cinquante  louis;  il  parait  aujour 
d'hui  qu'il  doit  environ  neuf  mille  livres.  Sa  belle- 
mère,  qui  n'ignorait  ^tas  ce  dérangement,  bien  loin  d'y 
mettre  ordre,  k^rsqu'ils  sont  venus  rester  avec  elle,  ne 
pouvant  plus  tenir  maison,  disait  à  Montalembert, 
lorsiju'il  se  plaignait  :  "  Rendez- vous  justice,  Monta- 
lembert, vous  n'êtes  plus  jeune,  vous  n'êtes  pas  de 
ligure  à  captiver  une  jeune  personne." 

'  Voilà  la  consolation  qu'il  recevait  de  cette  femme 
d'esprit  qui  l'a  laissé  abandonné  à  lui-même  pendant 
trois  jours  sans  parler  à  personne  de  son  absence. 
Lorsqu'ils  l'ont  cru  perdu,  ils  ont  envoyé  M.  Trion 
savoir  s'il  ne  serait  point  à  l'habitation  de  M.  Ray- 
mond. Trion  ne  l'ayant  pas  trouvé,  le  dit  à  M.  La 
Pilëte  qui  fut  le  dire  au  gouverneur.  Tout  le  monde 
est  indigné  de  la  conduite  de  cette  maison  ;  il  y  a  de 
la  cruauté  et  de  la  barbarie  dans  la  conduite  de  ces 
femmes-là.  Il  était  si  fort  amoureux  de  cette  femme, 
tout  infidèle  qu'elle  lui  était,  qu'il  n'a  jamais  eu  la 
force  de  s'en  séparer.  S'il  m'avait  cru,  il  ne  serait 
point  péri  ;  je  lis  tout  ce  que  je  pus  pour  le  détourner 


—  80  — 

do  ce  Diariaîre  ;  il  n'ôiouta  que  sa  passion  et  les  beaux 
diseoun»  <K*  sa  helle-iiière."  (l) 

La  fainillf  «lu  chevalier  de  Moiitalcmbert  était  ori- 
^nnairt'  «le  Guyouiu'.  Son  nom  itatroiiNniique  l'tair 
Trion  :  le  nom'de  MuntalcmlKTt  lui  .'tait  venu  [lar 
alliance. 

I^  '  rourrior  de  Saint  llyaoîiinio  (III,XII, 
37;,.) — I^.  Cniirrier  <lt:  Sai)it-JI;j<i(iitl/i<iut  fondé  par 
un  français  du  nom  de  P-J.  Giiité  en  lH5o.  En  1860. 
lors  de  la  visite  du  ]irince  d«^  (ralles  à  Saint-llyacin- 
the.un  des  écrivains  du  jour  ayant  fait  sur  son  compte 
des  remarques  désairréables  et  on  pourrait  même  dire 
déplacées,  les  lionmies  politiques  crurent  devoir  faire 
une  a>send)lée  pu])rKjue  pour  désavouer  ces  remi'rques 
et  regretter  l'incident.  Cette  conduite  déplut  au  pro- 
priétaire qui  songea  à  vendre  son  établissement. 

Louis  l)elorme  en  prit  la  [troi'riété  (pi'il  garda  jus- 
qu'en mars  1861. 

A  cette  date,  M.  Delorme  vendit  le  Courrier  de 
Siiitit-IIi/iiiintfir  à  Moïse  Deniers  qui  prêtait  son  nom 
à  une  compagnie  formée  de  (pielques  citt)yens  de  Saint- 
Ilyacintbe.  C'est  alors  que  Camille  Lussier  vint  de 
Montréal  à  Saint  Hvacinthe  pour  prendre  la  direction 
du  jf»urnal  qu'il  garda  pendant  un  grand  nombre 
(l'années. 

1a.'  6  décembre  1862,  Isidore  Lussier,  Camille  Lus- 
sier et  Norbert  Lussier,  trois  frères,  s'en  déclaraient 
les  propriétaires-éditeurs,  avec  Honoré  Mercier  com- 
me rédacteur. 

Le  29  avril  1864,  Xorbert  Lussier  laissait  ses  frères 
Isidore  et  Camille  seuls  propriétaires  avec  encore  Ho- 
noré M<;rcier  comme  rédacteur. 

Le  12  septembre  1865,  Camille   Lussier  se  déclarait 

(1)  I>u  Hocq  du  Heuumont.  //<.s  derniers  Jours 'le  l'Àrii- 
Ji>,  p.  l'U. 


—  31  — 

seul  propriétaire  du  Courrier  de  Scant-Hijadnthe  avec 
L.-G.  Gladu  comme  rédacteur. 

Le  21  mai  1866,  Camille  Lussier  se  déclarait  encore 
seul  propriétaire,  et  la  rédaction  se  faisait  par  un  comité 
de  collaboration,  dont  M.  Paul  de  Gazes  était  le  secré- 
taire. M.  de  Gazes,  qui  était  le  beau-frère  de  feu  l'hon. 
M.  Mercier,  est  aujourd'hui  le  secrétaire  du  départe- 
ment de  l'instruction  publique. 

Le  28  septembre  1866,  Camille  Lussier  déclarait  que 
le  comité  de  collaboration  n'existait  plus  et  le  3  février 
1871  il  était  de  plus  déclaré  que  le  Courrier  serait 
publié  à  deux  éditions,  une  trois  fois  la  semaine  et 
l'autre  une  fois. 

Le  31  mai  1875,  Camille  Lussier  déclarait  qu'il 
avait  cessé  d'être  le  propriétaire  imprimeur  et  éditeur 
du  Courrier  de  Sain{-II>jacintli'',  et  le  1er  juin  de  la 
même  année  M.  P.  Boucher  de  LaBruère,  Louis  Tel- 
lier  et  Samuel  Adam  s'en  déclaraient  les  propriétaires. 
Deux  de  ces  messieurs  vivent  encore  ;  M.  Adam  est 
mort  shérif  de  Saint-Hyacinthe  il  y  a  quelques 
années. 

Le  2  février  1876,  une  compagnie  se  formait  sous  le 
nom  de  "  La  Compagnie  d'imprimerie  de  Saint  Hya- 
cinthe "  et  obtenait  des  lettres  patentes  le  21  septem- 
bre avec  P.  E.  Roy,  de  Saint-Pie,  Rémi  Raymond, 
Boucher  de  LaBruère,  Camille  Lussier,  L.  S.  Adam, 
Louis  Tellier  et  Hubert  Lippe  comme  directeurs. 

Le  16  novembre  1877,  la  Compagnie  ayant  fait 
faillite,  l'établissement  du  Courrier  de  Samt-.Uyaci.nthf. 
fut  vendu  et  acheté  par  M.  Boucher  de  LaBruère. 

Le  J9  avril  18:*5,  Louis   Lussier,   Louis- Aimé   Gen- 
dron  et  Montarville  de  LaBruère  se  déclarent  proprié- 
taires et  éditeurs  du  Courrier  pour  chacun  un  tiers. 
Le  21  février  1901,  M.  Montarville  de  LaBruère  se 
déclare  seul  propriétaire-éditeur. 

Le  Courrier  de  Saint-Hyacinthe  est  aujourd'hui  pu- 
blié par  M.  J.  de  L.  Taché.  '  J.  R. 


—  32  — 

<>ri-:>Ti(>\s 

990 — Dit  le  Journal  des  Jésuiles.  à  l:v  diito  dv  août 
165ti  : 

"  Par  ces  nouvollos  ayant  api»iis  ks  nouvelle.*  de  la 
mort  (le  M.  de  Montiiiagtïv  le  CoiiseilK-r,  frère  de  M. 
le  gouverneur,  on  dit  une  g  and»'  messe  do  requiem  le 
lendemain." 

Pouvez-vous  me  donner  des  niiseignementîi  sur  lu 
carrière  de  ce  M.  <le  Montmagny  ?  XXX 

Îdil  —  On  désigne  -onvent  l'univer^té  de  Lennox- 
ville  sous  le  nom  de  Bislidji  J'niifrsih/.  Pour  quell»; 
raison  ?  Un  liishoi»  quelconque  n-t-il  été  mTdé  ;\  la 
fondation  de  cette  université  ?  Siikrh. 

992 — Je  lis  dans  Autrefuis  et  anjourd' hni,  au  sujot 
de  M.  Clis  di"  Lanaudière  :  "  Kn  1770,  il  aeconipagna, 
à  Londres;,  Carleton  ([ui  s'y  n-ndait  pour  obtenir  cer- 
taines réfonnes.  On  le  nommji  surintendant  des  eaux 
et  forêts  :  il  allait  êtn;  crée  baronnet,  mais  un  titre 
plus  noble,  celui  de  catholique  l'en  empècba  "  Depui;? 
quand  les  catlioli(pit's  peuvent-ils  acce[»ter  le  titre  de 
baronnet  ?  Angl. 

993 — Lord  MetcaiK',  gonvci  ii.Mii-'^iiu'ral  du  Cana- 
«la,  a-t-il  laissé  des  «b-scendants  ?  Où  est-il  mort  ? 

F.  P.. 

994 — A-t-on  pu  id*  ntitier  riicrmite  <|ui,  dans  les 
desnitTes  années  de  la  «lominatiou  fran<;aise,  se  retira 
dans  l'île  Saint-liarnabé,  près  de  Rimouski,  et  y 
motirut  ?  Kio. 


QUÉBEOCENTRAL 

LKS  TEAIXS  QUITTENT  LE  VIS 

8r\f\  -^  EXPRESS  DES  MOXTAGXES  BLAN"CHES 
,UU  r    Pour  Fabyans.  Portland,   Sherbrooke,  Beauce 
A.   Al.      3    ot   Mégantic,    chars  Pullraand,  Parloir,  Butfct 
jusqu'à  Portland. 

3rn"JEXPEESS  DE  BOSTOX    ET  X^EW  YOPJv, 
.OvJ  [    })Our  Sherbrooke,    Boston,    Springtield,   Xew- 
P.  -M .     3    York,  tous  lespoints  de  la  Nouvelle- Angleterre, 
jiussi  Beauce  et  Mégnatic,   chars  Pullman   dortoirs  sur  ce 
train. 

2A  r  ]  SPÉCIAL  DE  XEWYORK    ET    BOSTOX. 
■  UO  f   ^^  nouveau  train  commencera  à  circuler  le  24. 
P.   M.      )    juin  avec  chars  directs  faisant  le  trajet  le  plus 
rapide  entre  Qui-bec  et  Xew-York. 

7  r\f\  ^  -^<'CO.MMODATrON.  De  Lévis  à  Sherbrooke. 
/  ,UvJ  ^    ^'^  ^'^'^'-'^  '^■'^  points  sur  le  chemin   de   fer   Bosujri 
P.   M.      )    et  Maine. 

LES  TKAIXS  ARPtIVEXT  À  LEVIS 
Express  de  Boston  et  ^^e\v-York  à  12  hrs,    midi.     Sj)écial 
de  Boston  et  Xew-York  A  I.IO  hr.  p.  m.    Expre.ss  des  Mon- 
tagnes Blanches  à  8.55  hrs  p.  m.  Accommodation  à  8.-15  h. 
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Lri  Vérité  (collection  complète)  ;  V Opinion  jpuf A ique 
(collection  complète)  ;  Le  Momie  Illustré  (collection 
complète)  ;  Canada,  an  Encyclopedia  of  fhe  Coanfr)/, 
j)arCasteli  Hopkins,  6  vols  ;  Oeuvres  de  Parkman,  16 
vols.     Excellentes  (;onditions. 

ON    DEMANDE 

Invasion  du  Canada,  par  Verreau  ;  Ec/iange  des 
prisonniers  aiw  Cèdres,  par  Etliier,  Centenaire  de  Vin- 
i:asio7i  du  Canada,  par  Turcotte  ;  Les  Canadiens  du 
Michigan,  par  Saint-Pierre. 

S'adresser  au 
Bulletin  des  Recherches  Historiques,  Lévis. 


VIENT  DE  PARAITRE  : 


La 


fl 


iru! 


e 


de  Beaumouctie 


PAR 

PIERRE-GEORGES  ROÏ 

iien.sc'igneiiieiil.'i  ;^i.-néaU>gique»  sur  les  fuuiilles  de  J^unau- 
•lière.  lîollaml.  <'!"«}',  Terroux.  Woodcock,  Duchesnayt 
Unies.  L^Moino.  l'âgé,  Tachi-,  Ck-mcni,  Chassé,  Des  Ro- 
siers, lliiilon,  rouiiol,  Veiuier.  llaiiiuail,  Trembla}'. Ilainol, 
Kvanturei.     IIii<llcl.    Destj.    «'le.  ^tc 

TIHA(iK    :    KM»     K.X  KM  l'LAl  RilS 


l'IMX    :  î?0.5(» 


S'ftdrc-xrr  -i  r-iut<Mir    oLM.  im.'    U'i.JtV'.    ly.'TÏ'^. 


VOL.  10  FÊVEIER  1904  No  2 

RECHteCHEsllSTORIOUES 


IRCHEOLOGIE—HISTOIEE— BIOGRAPHIE 
HIBLTO(^RAPHTE— NUMISMATQUE 


<i>EOANE      VK     LA      SOCIÉTÉ     BIS      ÉTUDBS     HISTORIQUES 


Qui  nianct  in  |>atri4  et  [)alnain  rojTissccrr  iriimi 
I»  rr.ihi  non  ci\i«  »ed  p<  rfjfiiiias  erit 


PIERRE-GEORGES    ROY 

ÉDITÏUR-PROPRliTAIRl 
RUE    WOLTR 

LÉVTS 


liKCliKKCllKS   ilISToltM^UES 


Sommaire  de  la  livraison  de  février  :  Pierre-Paul 
Osunkhirliiiie  (Ma«ita),  L'abbé  J.-A.  Maurault  ;  Pru- 
tonotaires  du  district  de  Beauoe,  P.  G.  R.  ;  I^e  duc  de 
Richmi^ud  ;  Particularités  de  la  maladie  et  de  la  mort 
du  duc  de  Richmoinl,  par  un  othcier  Je  sou  état- 
major  ;  Le  grette  de  Jean  Cusson,  F.-L.Desaulniers  : 
Autrefois  et  aujourd'hui  ;  L'hon.  Jeau-Roch  Rolland  ; 
Le  père  Jogues  et  les  Hollundais,  N.-E.  Dionne  ; 
Questions,  etc.,  etc. 

Gravure  :  L'honorable  -Jcaii-Roch  Rolland. 

On  j)eui  se  procurer  grutuiteiiieiit  une  livraison  spôcinien 

•les  Rerkerrkf.i  Historiiiues  en  s'ailrosuiu    an    (Urectenr  «le 

lu  n-vii^    l'if>i-i-i'-(rei»r<;t's  Roy.  me  NVullu,  Lf-vi». 

e 

Abonuenieut  :  $2  _par  anné^. 


Li's   aboiiiicH     des     Urr/if-r</n's     Ifisforit/ufs 
v(»u(lroiil    hifii  S'   rappcli^i*  (ju<»  leur   aboiiiK^ 
)n<>iit    pi>:ii*    IDO.'i    est    m  li lit  l'ii  iiit    <hi 


Pi;PLICATIONS  RÉCENTES 


Livre  >l'or  du  <-]e.ri}h  canaiiien.  par  Horace  Têtu  — 
Québec— 1903.  Prix  :  $0.15.  S'a<lressor  A  l'auteur,  à 
Québec. 

La  ligue  de  Vensf'xjnenuiit — llUtuire  d'une  conspi- 
ration hinçonnique  à  Montréal^  par  Henri  Bernar  1  — 
S'adresser  H  l'antenr,  Notre-Dame  des  Xeiges-Ouest, 
\\  Q. 


BULLETIÎs^ 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  FÉVRIER  1904  î^o  2 


PIERRE-PAUL  OSUNKIIIRHINE  (U 

(Masta) 


Avant  1830,  un  jeune  Abénakis  de  Saint-François- 
du-Lac,  du  nom  de  Pierre-Paul  Osunkhirhine,  (i)  si 
connu  depuis  sous  le  nom  de  Masta,  alla  passer  quel- 
ques années  aux  Etats-Unis.  Il  y  entra  dans  une  école 
protestante,  et  embrassa  bientôt  les  erreurs  du  protes- 
tantisme. Vers  1830,  il  revint  dans  son  village,  avec 
le  titre  do  ministre  de  l'Evangile,  et  commença  à  ré- 
pandre parmi  ses  frères  les  erreurs  dont  il  était  imbu. 

Les  Sauvages  reponssèrent  d'abord  avec  horreur  ces 
prédications.  Car  les  Abénakis  avaient  toujours  eu 
le  protestantisme  en  horreur.  C'est  surtout  leur  atta- 
chement à  leur  loi  qui  les  éloignait  des  Anglais  et  les 
liait  fortement  aux  Français.  Us  n'ont  jamais  consenti 
à  se  séparer  de  ceux  qui  leur  avaient  enseigné  à 
prier. 

Mais  la  curiosité,  ordinairement  si  grande  chez  les 
Sauvages,  entraîna  quelques-uns.  C'était  chose  si  nou- 
velle pour  eux  d'entendre  parler,  en  leur  langue,   sur 


(1)  VU,  III,  786. 

(2)  Celui  qui  marche  trop  en  avant.  Cette  expression 
"  Osunkliirhine  "  s'emploie  le  plus  ordinairement  pour  dé- 
signer uu  oiseau  qui  se  sépare  d'une  bande  et  vole  plus  ra- 
pidement que  les  autres. 


—  34  — 

des  sujets  religieux,  qu'ils  allaient  quelquefois  écouter 
les  lectures  que  le  pivtendu  ministre  taisait  d'une 
maison  à  l'autri', 

A  cette  époque,  le  missionnaire.  M.  J.-M.  Bellan- 
ger,  ne  parlait  pa-<  l'abénakis.  Le  dernier  missionnaire, 
jjarlant  cette  langue,  avait  été  le  P.  Germain,  parti  de 
Saint-François,  en  1779.  Ainsi,  depuis  plus  de  cin- 
(juante  ans,  les  Abénakis  du  Canada  n'avaient  pas 
entendu  un  prêtre  parler  leur  langue.  En  outre,  le 
missioiniaire  résidait  alors  à  l'église  de  Saint-François, 
KÏtuée  à  trois  milles  de  la  mission,  et  n'allait  visiter 
ses  Sauvages  qu'une  fois  chaque  semaine.  Mastaavait 
donc  deux  avantages  sur  le  missionnaire  :  la  résidence 
et  la  langue.  C'est  ce  qui  causa  le  malheur  des  Sau- 
vages. Lu  missionnaire  ne  manqua  pas  d'activité  pour 
conserver  leur  foi  ;  mais  l'apostat,  })rotitant  des  absen- 
ces du  prêtre  pour  leur  raconter  mille  histoires  fabu- 
leuses et  absurdes  contre  les  catholiques,  réussit  à  en 
pervertir  quel(pies-uns. 

M.  Bellenger,  intormé  de  ce  qui  se  passait  à  la  mis- 
8ion,  répriunmda  fortement  le  nouveau  prédicant,  et 
défendit  aux  Sauvages  de  l'écouter.  Cependant,  l'a- 
postat n'en  continua  pas  moins  son  ouvrage  secrè- 
tement. 

lîientor,  Osunkhirhine  demanda  en  mariage  la  iille 
du  grand  c!:ef,  Simon  Obomsawin.  Celui-ci  repoussa 
cj;tte  demande  avec  horreur,  disant  (^u'il  ne  donnerait 
jamais  sa  fille  à  un  protestant.  Contrarié  par  ce  refus, 
.Vfasta  ré'solutde  tain-  mine  d'a])jurer  ses  erreurs,  afin 
d'obtenir  le  consentcMuent  du  ('Insf.  Le  missionnaire 
«e  laissa  tromper  |>ar  les  promessvjs  de  cet  hypocrite,et 
crut  que  .soti  ap[>arento  soumission  annonçait  une  véri- 
table conversion.  £1  reçut  donc  son  at)juration,  puis 
biiînto%il  bîtiit  son  mariage  aveu  la  iillcdu  chef.  Mais 
au.ssitôt  apn-s,    l'apostat   prouva  ([ue    ses    démarches 


—  35  — 

n'avaient  été  que  de  l'hypocrisie  :  car  il    recommença 
ses  prédications. 

Cependant,  il  fallait  gagner  sa  subsistance  ;  c'était 
pour  lui  l'unique  chose  nécessaire.  Or,  ses  prédications 
ne  lui  donnaient  pas  de  pain.  Il  fallut  donc  songer  à 
une  autre  spéculation. 

Le  gouvernement  accordait  alors  une  petite  idlocation 
pour  une  école  chez  les  Abénakis.  Masta  résolut  de 
demander  la  place  d'instituteur  de  cette  école.  Mais, 
pour  l'obtenir,  il  lui  fallait  une  recommandation  du 
missionnaire,  ce  qu'il  no  pouvait  avoir  snns  faire 
encore  mine  d'être  catholique.  C'est  ce  qu'il  fit.  Voilà 
donc  notre  apostat  redevenu  catholique  une  seconde 
fois.  Et,  cette  fois,  il  montre  toutes  les  apparences  de 
la  plus  grande  sincérité,  et  se  soumet  volontiers  à 
toutes  les  épreuves  exigées.  Bientôt,  le  missionnaire 
aimonce  avec  la  plus' grande  satisfaction  à  l'évêque  de 
Québec,  Mgr  Joseph  ISignay,  que  son  Masta  est  un 
fervent  catholique. 

Le  nouveau  converti  obtint  facilement  la  place  qu'il 
désirait.  Dès  qu'il  tut  instituteur,  il  recommença  à 
semer  ses  erreurs,  surtout  parmi  les  enfants  ;  mais  il 
le  faisait  secrètement,  car  il  craignait  de  perdre  sa 
position. 

A  l'automne  de  1833,  M.  Bellenger  ayant  été  rap- 
pelé de  Saint-François,  Masta  crut  qu'il  serait  désor- 
mais le  seul  maître  du  terrain.  Alors,  il  commença  à 
prêcher  ouvertement  sa  doctrine  et  à  tourmenter  sans 
<;esse  les  Sauvages  pour  les  entraîner  dans  l'erreur. 
Bientôt,  le  petit  parti  qu'il  parvint  à  se  faire  prit  part 
à  la  lutte,  et  il  s'ensuivit  des  querelles  interminables. 
Le  trouble  devint  si  considérable  parmi  les  Sauva- 
ges que  M.  Luc  Aubry,  faisant  alors  les  fonctions  de 
missionnaire,  et  les  chefs  portèrent  plaintes  contre 
Masta,  devant  lord  Aylmer,    par  une  recj[uête,   datée 


—  8(>  — 

(lu  21  mai  IS^il.  Li-s  rhets  repiésoiitaiciit  au  «i-oiiviT- 
nenr  que  leur  instituteur  causait  des  trouMes  et  (le:< 
diffieultés  dau"?  leur  village,  qu'il  n'avait  ]»:is  les  ([uali- 
ticatious  ret|uises  pour  tetiir  une  école,  et  (ju'eii  consé- 
quence, ils  demandaient  un  autre  instituteur. 

La  réponse  à  cetto  lequête  se  lit  long'temps  atten- 
dre. Masta,  croyant  que  le  gouvernement  approuvait 
sa  conduite,  n'en  devint  que  i>lus  autlacieux  et  plu> 
insolent.  Il  s'introduisait  dans  les  conseils,  et  insul- 
tait itubliquement  les  chefs  et  le  missiounaire.  A  l'au- 
tomnc,  M.  l'ierre  R-land,  qui  venait  do  succéder  à  M. 
Aubrv,  fit  do  nouvelles  représentations  contre  l'inso- 
lent instituteur.  Enfin,  apr^s  sept  mois  d'attente,  les 
Sauvages  virent  arriver  chez  eux,  à  la  fin  de  décun- 
bre,  M.  James  Ilughes,  surintendant  du  département 
indien.  Cet  officier  était  chargi"  de  faire  une  enquête 
sur  la  conduite  de  Masta. 

Cette  enquête  eut  lieu  le  29  <léceinbre,  en  présence 
de  tous  les  Sauvages.  Les  plaintes  portées  contre 
l'instituteur  turent  maintenues  et  {>rouvées.  A  lors, M. 
Iluiches  le  réprimanda  fortement,  et  le  déclara  publi- 
quement indigne  de  tenir  une  école. 

Masta  fut  comme  foudroyé  par  ce  ecnip  inattendu. 
Cependant,  il  ne  se  décourai!:ea  pas.  Il  alla  aux  ICtats- 
Unis,  où  il  s'adressa  aux  membres  d'une  société  bibli- 
que, leur  représentant  qu'il  avait  une  forte  congréga- 
tion en  Camidsi,  et  qu'il  v  «'tait  persécuté  p:ir  les 
catborupu's,  (pli  s'efforçaient  de  lui  enlever  tous 
moyens  de  subsistance.  Ces  [M-otcstants  lui  accordè- 
rent (pielfpje  secours,  et  reticouragerent  fortement  à 
persévérer  dans  son  entreprise  de  i>i'rversioM. 

Masta  revint  plein  de  courage,  (;t  continua  à  faire 
l'école  chez  les  Alx'nakis.  Les  Sauvages  «-n  turent 
étonnés  et  leur  étonncment  redoubla  lorsqu'ilsle  vireiît 
recevoir  connue  instituteur,  en    ls:5r»,    l'allocation    du 


—  37  — 

gouvernement.  Lo  missionnaire  rechima  contre  cette 
injustice,  et  fit  connaître  au  gouvernement  que  les 
Sauvages  en  étaient  très  mécontents.  A  la  suite  de 
cette  seconde  plainte,  Masta  fut  enfin  destitué,  et  un 
nommé  McDonald  fut  choisi  pour  le  rcm[>lacer. 

Furieux  de  cette  destitution,  l'apostat  ouvrit  une 
îintie  école  dans  le  village,  disant  qu'il  n'avait  pas 
l)es(»in  de  l'allocation  du  gouvernement,  parcequ'il 
receviait  des  secours  des  protestants  des  Etats-Unis. 
Dès  lors,  il  annonça  aux  Sauvages  qu'il  allait  bâtir, 
dans  leur  villaiic,  une  chapelle  protestante,  avec  l'aide 
d'une  riche  société  des  Etats-Unis. 

Cette  nouvelle  fut  un  nouveau  sujet  de  querelles 
parmi  les  Sauvages.  Alors,  le  missionnaire  et  les  chefs 
adressèrent  une  requête  au  gouverneur  Gosford,  en 
date  du  19  décembre  1835,  demandant  du  secours 
pour  s'opposer  à  l'exé'cution  du  projet  de  Masta.  Voici 
ce  que  les  Sauvages  exposaient  au  gouverneur  : 

"  Que  par  acte  de  concession,  en  date  du  13  août 
1700,  passé  devant  Mtre  Adhémar  et  son  confrère, 
notaire,  dame  Marguerite  Hertel,  veuve  Jean  Crevier, 
concéda  et  accorda  à  la  nation  abénakise  une  demi- 
lieue  de  terre  de  front,  laquelle  est  plus  amplement 
désignée  dans  le  dit  acte,  dont  vos  suppliants  soumet- 
tent une  copie  à  Votre  Excellence. 

"  Qu'une  des  clauses  du  dit  acte  est  conçue  dans  les 
termes  suivants  :  "  Pour  en  jouir  (de  la  dite  demi- 
lieue)  par  les  dits  Sauvages  pendant  tout  le  temps  que 
la  mission  que  les  Pères  Jésuites  y  vont  établir  pour 
les  dits  Sauvages  y  subsistera,  et  la  dite  mission  ces- 
sante, la  dite  demi-lieue  présentement  concédée,  en 
l'état  que  les  terres  seront  alors,  retournera  à  la  dite 
dame  Trevier  es  dit  nom  et  au  dit  sieur  son  fils  ou  à 
leurs  héritiers  ou  ayant  cause." 

"  Que  le  nommé  Pierre-Paul   Osunkhirhine,   connu 


—  38  — 

sous  le  nom  de  Masta,  sauvage  abénakis  du  villaijt;  de 
Saint-François,  ijui  ]>rofesse  une  crovaiue  religieuse 
étrangôre  à  celle  des  autres  Sauvages  du  village,  v(»u- 
drait  faire  ériger  une  cliapelle  pour  les  personnes  de 
sa  croyance,  sur  la  dite  deini-lieue  d(^  terre.  Mais  vos 
suppliants  prient  qu'il  leur  soit  pernds  d'exposer  très- 
huinldenient  que  si  cet  individu  réussissait  à  faire 
ériger  la  chapelle  en  (juestion,  malgré  Topiiosition  des 
chefs  de  la  nation,  la  mission,  telle  (lu'étai)lie  en  con- 
formité à  l'acte  firécité,  cesserait  d'exister,  et  la  dite 
<lenii-lieue  de  terre  accordée,  comme  vos  su[»pliants 
ont  l'honneur  de  l'exposer,  ainsi  que  d'autres  terres 
qui  ont  été  acc<jrdée>  aux  «lits  sauvages  Abéna\is,  re- 
tourneraient aux  seigneurs  de  Saint-François,  repré- 
Hentant  la  dite  dame  Ilertel,  veuve  Jean  Crevier. 

"  C'est  ]i(>un|Uoi,  vos  suppliants  j»rient  qu'il  plaise 
;\  Votre  Excllence  de  défendre  les  droits  tle  la  dite 
nation  aht'nakise  contre  toute  innovati«»n  que  voudrait 
faire  le  dit  rierre-I'aul  Osunkliirliine,  alias  Masta, 
dans  la  mission  «lu  village  de  Saint- Fraiu;ois,  de  vou- 
loir bien  donner  à  la  «lite  nation  un  avocat  ou  procu- 
reur, afin  de  lui  fournir  les  moyens  de  conserver  la 
])ropriété  «bs  dites  terres  «[u'elle  se  tr«)iiverait  exposée 
à  perdre,  «l'aprJ-s  les  conditions  mentionnées  et  por- 
tées flans  SCS  titres  de  propriété,  et  autoriser  le  «lit 
procureur  k  faire  tout  ce  que  le  cas  exige  pc»ur  la  con- 
servation «les  «lr«)its  «le  la  «lite  nation." 

Qucbjues  mois  apr«-s  la  léccjition  de  cette  requête  le 
gouverneur  défendit  à  Masia  «le  bâtir  sa  chaiielle,  et 
lui  enjoignit  «le  ne  pas  troubler  la  paix  «lans  le  village. 
Mîista  ne  fit  ain.un  cas  de  ces  ordres,  et  poussa  l'inso- 
bîiice  jusfju'à  dire  «ju'il  ne  craignait  pa>  le  gouverneur, 
et  que  les  ministres  jjrotestants  sauraient  bien  l'ar- 
I  «"'ter. 

Tl  persévéra  donc  dans  son    projet  de   construction. 


—  89  — 

Vers  183Ô,  il  s'adressa  aux  membres  d'une  société 
biblique  aux  Etats-Unis,  pour  obtenir  des  secours  pour 
cette  fin.  Ces  protestants  lui  répondirent  qu'avant  de 
lui  accorder  ces  secours,  ils  désiraient  connaître  le 
nombre  de  ses  corél'gionnaires  à  Saint-François.  Cette 
demande  l'embarrassa  un  peu,  car  il  n'y  avait  alors 
qu'une  dizaine  de  Sauvages  qui  avaient  embrassé  ses 
erreurs.  Cependant,  il  trouva  bien  vite  le  moyen  de 
sortir  de  cet  embarras. 

Le  seigneur  Wiirtele,  de  Saint-David,menaçait  alors 
U'S  Sauvages  de  leur  enlever  une  partie  de  leur  sei- 
gneurie. "  Masta  fit  mine  de  défendre  les  droits  des 
(lerniers.  Un  jour,  il  se  présenta  à  eux  avec  une  re- 
quête, adressée  au  gouvernement,  qui  demandait  pro- 
tection contre  les  prétentions  du  seigneur  Wiirtele.  Il 
leur  en  fit  la  lecture^  et  demanda  leurs  signatures. 
Pendant  que  les  Sauvages  se  préparaient  à  signer  cette 
requête,  il  lui  substitua  adroitement  un  autre  papier 
(ju'il  fit  signer.  Ce  dernier  papier  était  une  requête, 
adressée  aux  membres  de  la  société  biblique  que  n^us 
venons  de  mentionner,  demandant  un  missionnaire 
protestant  pour  les  Abénakis.  Il  obtint,  par  cette 
ruse,  la  signature  d'une  quarantaine  de  Sauvages,  qui 
furent  considérés  cenime  ses  coreligionnaires.  <Jn  lui 
accorda  alors  ce  qu'il  avait  demandé,  et  de  plus,  une 
allocation  annuelle  comme  missionnaire  chez  les 
Abénakis. 

En  1837,  il  commença  à  préparer  les  matériaux 
pour  la  construction  de  sa  chapelle.  Alors,  Louis  Gill, 
agent  des  Sauvages,  renouvela  le  17  mai,  la  requête 
des  chefs  auprès  du  gouverneur  Gosford.  ^  Un  procu- 
reur fut  nonîmé  aux  Trois-Rivières  pour  s'occuper  de 
cette  afifaire.  Une  action  fut  intentée  contre  Masta. 
Mais  tout  fut  sans  résultat  satisfaisant.     La   chapelle 


—   40   _ 

protOî^taiite  tut   eoiisrruiri'.    malgiv.'    roiti)i)siti(m    cdus- 
taiite  «les  Sauvages. 

£ii  1840,  Mgr  Sigiiay  »»<>ns  e!< voyait  <laiis  cette 
inis>ioM,  jtour  étuilier  la  langue  abéiiakise,  et,  eu  1847, 
il  uous  plaçait  résidant  au  milieu  des  Sauvages.  C'est 
de  cette  é|iOf|ue  que  l'apostat  a  commencé  à  perdre 
son  influence  auprès    des  Abéiuikis   (1) 

L'abbé  J.-A.  Mairailt  (2) 


rRr)ToxoTAii:Es  du  district  de 

BEAUCE 


Zépljirin  Vézina 6  mars  1858 

Zéphirin  Vézina  I     U)  mars  1892 

Auguste  (  liasse  j 

Zéphirin  Vé/.ina  I  24  août  1890 

Jjouis-(Termain-Altre<l  Legendre  j 

Zéiihirin  V.'zina       I  .,,.  •        •       ,,,,,1 

,    '  .     rr,  •     'p  M    »    •      -<»  |iiii\  u-r  1901 

LomsUlric  1  ali)ot  j 

I>ouis- L'hic  Talliot  1  1 1   .■■     •      mno 

(  liarlfs-hiii<:>t   \  ./uiu     j 

!•.<;.  R. 


(1)  lit"  pelit  noinlwe  (40  environ)  île  ccmi.x  «pi'il  riait 
parvenu  i  j)erverlir  s'rtîint  divisi-  tu  deux  c:iin|»s.  il  pu'rdit 
tout  conlrôle  sur  eux.  Bientôt  l'un  di^'s  piirlis  rejeta  l'an- 
i^licanistne  «pi  il  lui  avait  fiiit  enibra-îser  pour  so  laite  ad- 
nn;llie  <lan>la  ^ectc  ile.><  Adcentitifi.  C'est  alors  (Is")»)  (pie 
.Masiu  dit  a<lieu  |i<>ur  toujours  uu\  rives  «lu  Saint- François. 
Il  alla  en  llaul -('uria<la.  où  il  .te  livra  .1  la  prédication,  |)ui^ 
pas^a  aux  KlatsTniset  vint  mourir  :i  l'urL- Iluron,  dans 
l'état  du  .Miclngaii,  vers  ISOlî.  —  P.  A.  Wakvani  i,p.t 

(2)  Hi»toire  dt's  AhriuikÏK.  p.  'il T. 


—  41  — 
LE  DUC  DE  RICHMOND 


Charles  Lennox.  quatrième  duc  de  Richmoml,  était 
fils  de  lord  George  Lennox,  second  frère  de  Charles 
Lnenox,  troisième  duc  de  Eichmond,  et  de  Louisa 
Kerr,  fille  du  marquis  de  Lothiar. 

Il  nj^quit  en  1764.  Après  avoir  fini  ses  études,  il 
entra  au  service,  dans  lequel,  par  l'influence  de  son 
oncle,  alors  maître-général  de  l'artillerie,  il  parvint 
bientôt  au  grade  de  capitaine  d'une  compagnie  dans 
le  régiment  des  Coldstream  Guards  qui  était  com- 
mandé par  le  duc  d'York.  Par  celte  promotion  il  ac- 
quit le  rang  de  lieutenant-colonel  dans  l'armée.  En 
1795,  il  fut  promu  à  celui  de  colonel,  et  passa  ensuite 
par  les  grades  intermédiaires,  jusqu'à  ce  qu'en  1814 
il  parvint  à  celui  de  général  en  pied.  En  1803,  il  fut 
nommé  au  commandement  du  35e  régiment  d'infan- 
terie. 11  n'eut  jamais  d'occasion  de  montrer  ses  talents 
militaires  ayant  tvuijours  été  employé  dans  la  vie 
civile. 

Lorsqu'il  était  dans  les  Coldstream  Guards,  il  s'éle- 
va entre  lui  et  le  duc  d' Yorkunedispute  dans  laquelle 
ce  dernier  lui  reprocha  d'avoir  laissé  dire  en  sa  pré- 
sence des  paroles  qu'aucun  gentilhomme  n'aurait  souf- 
fert. Le  colonel  Lennox  pria  le  duc  d'York  de  lui 
dire  quelles  étaient  ces  paroles  ;  mais  c'était  à  la  para- 
de, le  duc  lui  ordonna  d'aller  à  son  poste.  La  parade 
finie,  il  fit  venir  le  colonel  Lennox,  et  lui  dit  qu'il  ne 
chercherait  pas  à  se  prévaloir  de  sa  qualité  de  prince 
ni  d'oflicier  commandant,  mais  qu'il  était  prêt  à  lui 
donner  la  satisfaction  d'un  gentilhomme.  Le  colonel 
Lennox  le  somma  donc  de  contredire  le  rapport  qui 
avait  été  fait  ;  mais,  le  duc  refusant  de  le  faire,  il  lui 
demanda  un  rendez-vous,  qui  eut  lieu  le  25  mai  sur' 
la  commune  de  Wimbledon.  Lord  Rawdon,  plus  tard 


—  42  — 

inarijiiis  (rilasting.^,  l'-tait  le  second  du  duo  d'York, et 
lord  WiiiclielïJiea  était  celui  du  colonel  Leiinox.  Le 
colonel  tira,  mais  il  ne  fit  que  raser  les  cheveux  du 
duc  ;  ce  dernier  ne  voulut  point  tirer.  Il  régnait  alors 
i)eaucuu[>  d'aniniosité,  et  un  M.  Swift,  avocat  irlan- 
dais, {Miblia  Tiiic  Itrochure  dans  huiuellc  il  attaquait  la 
réputation  du  colonel  Lenaox  ;  celui-ci  demanda  sa- 
tisfaction î\  M.  Swift,  et  il  s'ensuivit  une  rencontre  qui 
eut  lieu  |>rès  d'Uxbridge.  Lennox  tira  le  premier  par 
convention  et  il  blessa  son  adversaire. 

fjorsque  son  père, lord  Geor<;e  Lennox,  se  fut  retiré 
du  parlement,  il  fut  élu  député  de  Sussex  à  la  Ciiam- 
hre  des  Communes.     11  soutint   toujours   Pitt  et   son 
paiti. 

A  la  mort  de  son  père,  il  devint  héritier  présomptif 
de  son  oncle,  le  troisième  duc  de*  Richmoiul. 

En  171^3,  il  épousait  Charlotte  Gordon,  tille  du  duc 
de  Gordon,  et  il  en  eut  une  nombreuse  famille. 

A  la  mort  de  son  oncle,  il  succéda  au  duché  et  à  un 
revenu  clair  et  net  de  18000  louis  par  an.  On  peut 
dire  qu'il  succt-da  à  trois  titres  :  duc  de  Richmond  en 
AnjLîleterrc,  de  Lennox  en  Ecosse,  et  d'Aubigny  en 
France. 

Pour  récompenser  son  attachement  au  miidstère  de 
Pitt,  il  fut  no'nmc*  en  1808,  vice-roi  d'Irlande,  poste 
(pi'il  occujiii  près  de  six  ans.  Ses  talents  sociables  le 
tirent  beaucoup  aiujer  de  lu  noblesse  et  du  peuple 
d'Irhuule. 

Il  dépensa  tellement  qu'à  rex[Mration  de  sa  vice- 
niyaut»',  par  des  motifs  de  prudeiice,il  dût  se  retirer  à 
Bruxelles  et  y  vivre  »''Conon»i<pieinent. 

En  1818,  il  fut  tir»'  de  sa  retraite  pour  prendre  h? 
gouvernement  ijéiiéral  des  colonies  ant^laises  de  l'Amé- 
rique du  Xord.  On  lui  permit  d'amener  avec  lui 
comnxe  lientiMiant-ijouverncur  du  Haut-Canada,  son 
gendre,  sir  Peregrine  Maitland. 


—  43  — 

PARTICULARITES  DE  LA  MALADIE  ET  DELA 

MORT  DU  DUC  DE  RICHMOITD,  PAR  UN 

OFFICIER  DE  SON  KTAT-MAJOR  (1) 

Le  duc,  ]e  colonel  (Jockburn,  et  moi-même,  nous 
laissâmes  Kingston  le  20  au  matin,  et  voyageant  tan- 
tôt en  voiture,  tantôt  à  cheval,  et  les  trois  ou  quatre 
derniers  milles  à  pied,  nous  arrivâmes  à  neuf  heures 
du  soir  à  Stone  Mili9,à  trente  mille  de  Kingston.  Nous 
dinâmes  à  une  ferme  sur  la  route,  et  y  demeurâmes 
plusieurs  heures.  Le  duc  ne  parut  pas  fatigué  ;  il  se 
mit  au  lit  en  très  bonne  santé  à  ce  qu'il  paraissait.  Le 
lendemain  matin  nous  nous  remîmes  en  chemin  pour 
Perth.  Sa  Grâce  fit  les  six  premiers  milles  en  calèche 
et  les  vingt-deux  milles  qui  restaient  à  cheval.  Le 
temps  étant  extrême'ment  chaud,  nous  fûmes  tous  un 
peu  fatigués  ;  mais  le  duc  ne  le  fut  pas  plus  qae  le 
colonel  Cockburn  et  moi  ;  il  fit  un  bon  diner,  fuma  un 
cigare,  et  se  mit  au  lit  à  son  heure  accoutumée.  Le 
matin  suivant  le  duc  parut  s'être  entièrement  rétabli 
de  la  fatigue  de  la  veille  ;  il  parcourut  une  partie  des 
établissements  pendant  trois  ou  quatre  heures.  En 
revenant  à  la  maison,  un  violent  orage  nous  mouilla 
entièrement.  Le  duc  refusa  un  parapluie  et  se  réjouit 
plutôt  de  cet  accident.  Il  changea  d'habits  aussitôt 
qu'il  fut  arrivé  à  l'hôtellerie,  et  parut  être  en  parfaite 
santé.  Nous  dinâmes  avec  un  parti  considérable.  Sa 
Grâce  se  retira  vers  onze  heures,  et  se  coucha  bientôt 
après.  Le  jour  suivant,  étant  déterminés  à  rester  à 
Perth,  en  conséquence  de  la  pluie  du  22,  nous  mar- 
châmes quelques  milles  pour  voir  les  établissements  ; 
nous  dinâmes  à  l'heure  accoutumée,  et  le  duc  se  retira 


(1)  Voyez  Bulletin  des  Recherches  Historiqi(es.\'o\.Y ,  p.  112. 


—    44   — 

on  bonne  santé  jMHir  pivndre  «lu  repos,  avant  arrêté 
<lu"on  partirait  de  l)oiiiie  heure  le  lendemain  matin 
pour  Kielnnond.  Le  24,  le  duc  se  plaiiC'iit  à  son  ser- 
viteur (ju'il  se  sentait  indisposé-,  et  i|u'une  douleur 
«lu'il  avait  à  l'épaule  et  ù  la  i^orge,  l'avait  empêché  de 
«lormir.  Son>  ol)scrvàmes  (ju'il  ne  nuitiirea  pas  son 
déjeuiKT  comme  à  l'ordinaire  :  et  sur  ce  que  "pi  lui  tis 
quehpie  remaripie  ù  ce  sujet,  il  n>e  dit  qu'il  n'avait 
pas  bien  dormi,  me  faisant  observer  que  c'était  une 
chose  bien  neuve  pour  lui  :  ce  (ju'il  dit  dnn  air  en- 
joué. 11  me  dit  après  qu'il  ressentait  une  <louleur  à 
l'épaule  droite,  et  je  lui  conseillai  de  se  la  frotter  d'es- 
prit de  térébentine  ;  à  (juoi  il  consentit.  Xous  lui  pni- 
posâmes  de  rester  encore  un  Jour  à  l'erth,  mais  il  n»' 
voulut  pas,  et  n(»U8  partîmes  vers  huit  heures  pour 
nous  rendre  à  Beckwith,  éloii^né.de  lô  milles.  Le  duc 
voyagea  à  cheval  excepté  dans  «[ueUpies  endroits  par- 
ci  par-là  où  le  chemin  <'tait  mauvais.  Je  rema'tjuai 
cependant  (pi'il  n'était  pas  bien  i'.t  lui  proposai  d'arrê- 
ter à  quehjue  endroit  i>our  laisser  passer  la  chaleur  du 
jour  :  il  y  consentit,  et  nous  nous  repensâmes  trois 
heurrs  dans  une  maison  qui  se  trouvait  à  |ieu-près  à 
inoilit'  chemin.  Le  duc  se  coucha  et  dormit  d'un  bon 
sommeil  pentlant  une  heure  et  demie,  prit  un  bouillon 
lie  poulet  avant  (h-  j>artir,  et  parut  mieux.  Il  parut 
très-altéré  et  but  à  ]>liisieurs  rcjirisi's  de  l'eau  de  vie 
coupée  et  de  l't'au  <lans  le  cours  de  la  journée.  Va\ 
arrivant  à  Beckwith,  sa  lassitude  était  visible  ([iu»i- 
qn'il  eût  tait  presque  tout  le  chemin  à  cheval,  et  il  se 
mit  au  lit  et  y  resta  jusqu'à  l'heure  du  dîner  :  il  8e 
plaignit  d«*  son  mal  <r.''paule  ;  mais  il  ne  me  <lit  point 
(ju'il  eût  mal  ailhurs  (jue  là.  de  crus  «pie  ce  pouvait 
être  une  légère  attacpje  d*-  rhumatisme,  et  ipi'il  avait 
pris  froid  :  il  nu-  dit  «jue  c'était  là  ce  (pi'il  croyait  le 
plus  probabli"  :  il  tit  un  diner  très  léger  et   s'alla  cou- 


—  45  — 

cher  de  très  bonne  heure.    Le  lendemain  matin,  étant 
évident  que  le  duc  ne  se  portait  pas  encore  bien,  il  fut 
arrêté  que  r(m  partagerait  en   deux  le  chemin  de  là  à 
Richmond  au  lieu  de  le  faire  en  un  seul  jour,  et    que 
Sa  Grâce  passerait  la  nuit  dans  une  maison  à  une  dis- 
tance de  onze  à  douze  milles,  et  qu'elle  ferait  les  trois 
ou  quatre  milles    restants    le    lendemain.     Ce    même 
matin  le  duc  dit  à  son  serviteur    qu'il    avait   éprouvé 
une  espèce  de  spasme  en  se    lavant   le    visage  ;    il    se 
plaignit  encore  à  lui  d'une  douleur   qu'il   ressentait   à 
la  gorge  ;  mais  il  n'en  parla  point  au  colonel  Cockburu 
ni  à  moi  ;  sou    mal   d'épaule  avait  presque   disparu. 
Nous  arrivâmes  au  ternie  de  notre  voyage  vers  les  cinq 
heures  après-midi,  après  avoir  laissé  passer  la  chaleur 
du  jour  dans  une  petite  chaumière.     Je  crus   que  le 
duc  était  mieux  et  je  remarquai  qu'il  n'était  pas  aussi 
altéré  que  la  veille.  Il'ne  me    lit  pas    entendre    qu'il 
sentit  aucun  aversion  pour  l'eau  ;  mais  il    se    plaignit 
un  peu  de  sa  gorge.     Il  ne  mangea  que  très  peu  et  se 
coucha  de  bonne  heure.     Le  lendemain  qui  était  le  26, 
il  se  leva  le  premier  de  tous,  et    dit    qu'il    avait    bien 
dormi  et  qu'il  désirait  partir  sans    délai.     J'observai 
qu'il  ne  s'était  ni  lavé  ni  rasé  ;  mais  comme  la  maison 
n'était    qu'une    petite  chaumière  et  que  la    distance 
pour  arriver  à  Richmond  n'était  que  de  trois  à  quatre 
milles,  je  n'en  tus  point  surpris,  croyant  qu'il   voulait 
remettre  à  le  faire  jusqu'à    notre    arrivée.     Je    crois 
qu'il  prit  un  peu  de  thé  et  qu'il  goûta   d'un   œuf.     Il 
marcha  d'un  bon  yjas  et  traversa  à  pied  les   savanes  ; 
mais  il  me  dit  qu'il  éprouvait  une  espèce   de   spasme 
lorsqu'il  voyait  quelqu'un   sauter  ou  marcher  dans  un 
endroit  où  il  y  avait  de  l'eau,   et  qu'il   n'en  savait  pas 
la  raison.     Je  ne  remarquai  rien   de   parcicuher   dans 
son  air,quoiqu'il  me  parût  n'être  pas  bien.  En  arrivant 
à_;Richmond,il  me  dit  qu'il  préférait  voir  les  magasins, 


—  40  — 

les  villages,  etc..  avant  de  s'habiller.  Ce  <|u'aviiiit  thif, 
il  revint  à  riiAitlKrif  et  entra  dans  sa  iluiniltre  pour 
s'IialtilK'r,  et  moi  j'entrai  dans  la  niieniie  Je  n'avais 
}»as  fini  tout-à-tuit.  (|u'il  vint  me  trouver  etmedeman- 
da  le  nom  du  eliiruri;ien,  se  [daisiuint  de  son  mal  de 
gorge.  .]*envt)yai  aussitôt  clierelier  le  seul  qu'il  veut 
dans  l'établissement,  et  en  l'attendant  nous  déjeunâ- 
meê.  Je  erois  «|ue  le  duc  jtrit  un  peu  de  tlié.  Sitôt 
que  le  chirurgien  fut  arrivé,  il  visita  la  gorge  du  duc 
et  lui  reconjmanda  de  faire  usaj^e  d'un  t;ari;arisnie  de 
vin  d'Oporto,  d»'  vinaigre  »'t  de  sucre,  et  de  prendie 
un  peu  de  médecine.  Il  me  dit,  en  s'en  allant,  qu'il 
croyait  que  le  duc  serait  ]iarlaitement  bien  le  lende- 
main. Le  duc  lit  usage  du  gargarisme  ;  mais  je  vis  que 
ce  fut  avec  peine,  et  qu'au  moment  oii  il  firit  la  tasse 
dans  ses  mains,  il  se  sentit  agité  d'un  mouvement  con- 
vidsif,  11  était  alors  de  bonne  hnmeur.  et  il  tourna  la 
«•liosc  en  badinage.  11  soutit  et  se  promena  ([uel(pie 
temps  ;  mais  trouvant  qu'il  faisait  trop  chaud,  il  s'en 
revint.  I)e  retour  à  l'hôtellerie,  il  me  dit  qui*  c'était 
une  bonne  occasi(Ui  pour  écrire,  et  envM\a  (juérir  du 
I»apier.  Je  crus  qu'i'  était  bien,  à  lexeeption  <le  s(in 
mal  de  gorge.  Après  avoir  ("crit  i)endant  prcs«pie  une 
lieure  et  demie,  il  se  leva,  traversa  la  chambre,  et  dit, 
autant  «pie  je  puis  ui'on  ra}tpeler  :  '•  Maintciuint,  mon 
clier  monsii'ur.  ne  me  preiu'Z  i>as  pour  un  fou,  mais  je 
viens  d'é-crire  une  lettre  qu'il  faudra  que  vous  omet- 
tiez à  ma  fille,  s'il  m'arrive  (piel(|ue  accident."  Ce 
discours  inattendu  me  surjuit  extrêmement,  et  j'es- 
sayai la  raillerie  pour  le  tirer  <ie  ce  qui  me  parut  être 
une  attaque  d«;  nerfs.  Il  me  parla  encore  de  sa  gorge 
et  me  dit  (pi'il  erovait  devoir  se  jin-parer,  parce  (ju'il 
pourrait  être  étoufb-  [or  une  convulsion  subite.  Puis 
il  discourut  jiendant  quehpie  temps  sur  des  stijets  rpii 
parais.-aii'iit  l'inqnié-t.r  f<>fi,  .f  in.    .lit.  qu'après  s'être 


—  47  — 

préparé  et  avoir  écrit,  il   se    trouvait   plus   tranquille. 
Ne  pouvant  deviner  la  cause  de   son  abattement,  j'es- 
sayai encore  de  le  badiner.     Il  prit  la  chose  en  bonne 
part  ;  mais  sur  ce  que  je  lui    dis   qu'il  remettrait  lui- 
même  sa  lettre,    il    répondit  d'un    ton    très   sérieux  : 
••  Non,  vous  la  remettrez."     Il  se  plaignit  encore   de 
ce  qu'il  ne  pouvait  avaler  aucun  liquide   qu'avec   dif- 
ficulté.    Je  crus  m'apercevoir  qu'une  des  glandes   de 
sa  gorge  était  un  peu  enflée  ;  je   remarquai  aussi  qu'il 
essayait  continuellement  de  boire  de  l'eau,   et  lui  re- 
commandai le   gargarisme   de  préférence.     Trois    ou 
quatre  officiers  de  rétablissenr.ent  dinèrent  avec  nous  ; 
il  parut  de  bonne  humeur,  but  du  vin  avec  la  plupart 
de  ce  que  nous  étions,  et  badina  sur  ses   spasmes.     Il 
parut  être  beaucoup  mieux,  et  il  fat  arrêté   que   nous 
nous  rendrions  le   lendemain   aux  bord   de   l'Ottawa, 
comme  il  désirait  de  se  trouver   à    Montréal   au  jour 
tixe.  Le  lendemain,  à  la  pointe  du  jour,    il    m'envoya 
quérir.    Je  le  trouvai  au  lit  ;  il  me  dit  qu'il  avait  pas- 
sé une  nuit  bien  agitée,   et  qu'd   s'était    réveillé    plu- 
sieurs fois  sous  une  oppression  semblable    au    cauche- 
mar, et  qu'on  lui  donnerait  le  monde    entier  qu'il   ne 
voudrait  pas  se  recoucher   dans    le    même    lit  ;    qu'il 
voyait  bien  que  c'était  une  chose  absurde,   mais  qu'il 
ne  pouvait.  Je  fus  très  alarmé,  quoiqu'il  fut  parfaite- 
ment à  lui,  et  qu'il  me  témoignât  même  plus  de  bonté 
et  d'affabilité  qu"à  l'ardinaire.     Il  parla   encore  de   sa 
lettre,  et  me  dit  que  j'aurais  à  la  remettre  à  lady  Mary 
à  Montréal.  Quelques  moments  après,  je    sortis    pour 
qu'il  s'habillât,    et  j'allai    luire    les   préparatifs    pour 
notre  départ.   De  retour  à  l'hôtellerie,  je  le  trouvai  qui 
se  promenait  d'un  côté  à  l'autre  de'  la  chambre,   dans 
un  état  très  agité,  avec  le   colonel  Cockburn.     Ses  re- 
gards et  ses  manières  n'étaient  plus  les  mêmes.  Il  nous 
pria    d'aller    déjeuner,    et    il    me    dit  à  l'oreille  de  ne 


—  48  — 

point  faire  attention  à  Ini  (iiiaii<l  il  entrerait,  ]tarre 
que  ça  auijnienterait  les  spasmes  qiril  savait  qni  lui 
seraient  oetasionm's  par  la  vue  du  thé.  Nous  le  quit- 
tâmes alors  et  allâines  déjeuner  :  il  nous  suivit  bientôt, 
et  voulut  prendre  du  thé,  niais  n'en  piit  avaler  (pie 
tr6s  peu.  S'ous  tâchâmes  de  l'ciifrager  à  rester  à  Rich- 
mond  ;  mais  il  était  déterminé  à  parlir.  Il  fut  alors 
décidé  que  le  duc  et  moi  nous  ferions  une  partie  <lu 
chemin  en  canot,  et  nous  fîmes  environ  un  mille  à 
pied  pour  nous  rendre  au  lieu  d'emharcjuement.  Pen- 
dant cette  marche,  il  fut  tout-à-fait  traiMiuille,et  parla 
sur  <lift"érents  sujets  sans  dire  un  mot  de  sa  maladie 
ou  de  sa  ^orge. 

Nous  arrivâmes  au  bord  de  l'eau  vers  huit  heures, 
et  il  témoiijna  désiriT  que  (piehpi'un  entrât  avant  lui 
dans  le  canot  jiour  le  tenir,  piirce  ([u'il  craignait  (pie 
la  vue  de  l'eau  ne  h*  fit  tomber.  ■  Je  vis  qu'il  était  vio- 
lenimeiit  agité  en  entrait  dans  le  canot.  Il  y  avait 
quelque  chose  defrai)pant  dans  la  manière  dont  il  prit 
.son  petit  chien.  Blucher,  entre  ses  bras  et  le  baisa  : 
les  spasmes  (pi'il  ress  «ntait  à  la  gorge  devinrent  alar- 
mants ;  mais  il  faisait  des  eftorts  pour  ne  le  pas  lais- 
ser paraître,  et  il  se  peignait  nn  sourire  forcé  sur  son 
visage  toutes  les  fois  que  je  le  regardais.  Après  quel- 
ques moments  d'cft'orts,  voyant  (pi'il  était  imi)Ossible 
•  l'y  ti'uir  jilus  longtemps,  et  ses  eonvulsions  augmen- 
tant de  plus  en  jilus,  il  fallut  (lt'bar<p]er.  SitAt  (pi'il 
fut  à  terre,  son  aver>ion  pour  l'eau  s'augmenta  au 
décuple,  et  il  s'entonr:*.  dans  le  bois  aussi  loin  (pi'il 
put.  Ayant  été  n-joints  par  le  colonel  Cockburn,  nous 
tâchâmes  de  l'engager  à  retourner  à  Riclunond.  .Mais 
n'é-tant  trouver  dans  notre  chemin  un  petit  ruisseau 
qu'il  ne  j)Ut  se  forci-r  à  passer,  nous  tûmes  contraints 
d'avancer  pour  gagner  une  ferme  éloignée  de  quelques 
milles,  et  ce  fut  avec  lapins  grande  difficulté   qu'avec 


—  49  — 

ïios  eôbrts  réunis  nous  vinmes  à  bout  de  lui  faire  tra- 
verser quelques  petits  ruisseaux  et  rigoles  qui  cou- 
paient le  chemin.  Sur  tout  autre  sujet  il  raisonnait 
1res  bien,  et  même  sur  celui-ci  il  faisait  les  plus  grands 
eflorts  pour  se  vaincre.  Il  allait  de  pire  en  pire,  et  il 
n'y  avait  plus  à  douter  que  sa  maladie  ne  fût  l'hydro- 
jihobie,  lorsque  nous  arrivâmes  enfin  à  la  ferme.  Le 
colonel  Cockburn  s'étant  séparé  de  nous  pour  aller 
cheicher  du  secours,  le  duc  gagna  en  courant  une 
grange  ouverte,  la  préférant,  disait-il,  à  la  maison, 
pjircequ'elle  était  plus  éloignée  de  l'eau.  Là  il  devint 
plus  tranquille,  quoiqu'il  fût  persuadé  qu'il  ne  pou- 
vait pas  vivre  ;  ses  paroxismes  furent  d'abord  inter- 
mittents, et  pendant  dit  minutes  ou  un  quart  d'heure, 
il  se  sentit  soulagé.  Ses  pensées  et  sa  sollicitude  étaient 
pour  sa  famille  et  ses  amis.  Le  chirurgien  étant  parti 
pour  l'endroit  où  nous  devions  coucher  cette  nuit-là, 
il  fut  quelque  temps  avant  qu'on  eût  pu  le  ramener. 
Pendant  ce  temps,  il  demanda  au  ciel  avec  instance 
la  force  de  soutenir  avec  patience  et  résignation  tout 
ce  qu'il  ordonnerait  pour  son  bien  :  témoignant  en 
même  temps  qu'il  était  prêt  à  sortir  de  ce  monde,  et 
qu'il  était  dans  une  parfaite  assurance  d'être  absout 
d'avoir  jamais  fait  tort  à  aucun  être  humain.  Il  par- 
donna à  tous  ses  ennemis  du  fond  de  son  cœur.  Son 
langage  et  sa  conduite  en  cette  occasion  prouvèrent  la 
piété,  la  force,  et  la  pureté  do  son  âme.  Pendant  les 
angoisses  les  plus  violentes,  pas  un  m,urmure  ne  lui 
échappa  ;  il  ne  perdit  pas  un  seul  instant  la  douceur  de 
son  caractère.  Dans  les  courts  intervalles  où  il  fut 
un  peu  soulagé  de  ses  douleurs,  il  écrivit  à  plusieurs 
personnes  de  sa  famille  et  de  ses  amis,  des  messages 
qu'il  me  pria  très  instamment  de  leur  faire  tenir.  A 
l'arrivée  du  colonel  Cockburn  et  du  chirurgien,  il  con- 
sentit à  être  saigné,  et  il  fut  tiré  de  son  bras   environ 


—  ÔO  — 


nue  pinte  do  saiii;  :  re  '(ui  parut  !•*  soulager  pour  ni» 
moniLMit.  Vers  le  soir  il  fut  en  état  «K'iiren«lre  enviroi» 
20  goutte*  tle  lamlannm  dans  de  l'eau  de  pejiperinlnl^ 
et  ensuite  un  grain  d'opium  dans  «lu  bouillon  de  pou- 
let, dont  il  prit  quehpies  cuillértn's  trois  ou  (piatre  t'ois. 
Au  soleil  couché  nous  le  transportâmes  à  la  maison^ 
«pie  l'on  avait  pn-parée  pour  le  recevoir.  Sa  eonvul- 
sn»n  s'art'aildit.  et  il  n't'tait  <pi"  trop  «'vident  «ju'il  s'af- 
faildissait  aussi  iiii-nuMne.  Sa  mémoire  eommen(;a  à 
s'égarer,  et  vers  minuit  il  tomba  dans  une  espèce  de 
stupeur.  L*n  exprès  l'ut  déi»èché  vers  (juatre  lieures 
pour  disposer,  en  fpielcjue  sorte,  sa  tamille  au  fatal 
événement.  Vers  le  matin  du  28,  la  «piantité  de  salive 
qui  s'était  amiLssée  dans  sa  gorge  et  sa  bouche,  pro- 
duisit une  es|)Oce  d'écume  ;  et  (piel<[ues  minutes  après 
huit  heures,  il  expira  tranquillement. 

Son  serviteur,  intenx^gé  depuis. ce  triste  événement, 
a  dit  que  «lès  le  soir  «lu  2S  le  duc  avait  éprouvé  «piel- 
«jue  ilitiiculté  à  av;iler.  et  que,  le  24  au  matin,  il  avait 
senti  une  sorte  d«*  r«''[)ugnance  à  se  mouiller  le  visag..'  ; 
mais  il  n'en  parla  point  au  c«)lonei  Coc.burn  ni  à  moi; 
11  ne  lit  jamais  connaître  «{Uelle  «'tait  sa  maladie,  si 
non  4u'une  t'ois,  h-  20,  à  table,  il  «lit  en  badinant,  «pie 
c'était  heureu.x  pour  lui  qu'il  ne  tût  pas  chien  ;  [tarce 
qu'il  ne  man<pi«Mait  certainement  pas  d'être  [Kissé  par 
les  armes  comme  chien  enragé.  Il  ne  pertiit  son  at- 
tachement pour  son  épagneuN'avori  ([ii'en  i>erdant  sa 
connaissance  ;*au  milieu  de  ses  angoisses,  il  l'appelait 
de  temps  en  temps  «h»  sou  ton  «h'  v«)ix  naturel.  Le 
laudanum  ne  lui  causa  point  de  sommeil.  l)e[)uis  une 
heure,  le  27,  justpj'à  sa  mort,  il  eût  une  sueur  abon- 
dante, mais  ne  [larut  pus  avoir  ln'a'it.-oiip  de  titNvre. 


—   51  — 
LE  GKEFFE  DE  JEAN  CUSSON 


Moll^•icn^  J.-B.-Mei]]eiir-B{irthe^  conservateur  des 
archive-  (icla  C'«-)ur  Supérieure,  au  grefte  de  Trois-Ri- 
vières.  vient  de  rendre  un  fort  important  service  aux 
^maleurs  d'études  généalogiques,  en  retrouvant  l'es 
^L•t(.•^  du  fameux  notaire  Jean  Cusson,  du  Cap-de-la- 
iVladeleine.  Bien  qu'il  fut  connu  que  ces  actes  avaient 
bel  et  bien  été  jadis  déposés  au  greffe  de  Trois-Rivie- 
res,  ils  étaient  devenus  introuvables,  depuis  un  grand 
nombre  d'années.  Ces  actes,  surtout  ceux  des  années 
1660  à  1680,  étaient  particulit'rement  précieux  en  ce 
fpi'ils  donnaient  la<iate  de  plusieurs  mariages  contrac- 
tés par  les  plus  anciens  colons  français,  dans  la  région 
triHuvienne.  Ni  Mgr  Tanguay,  ni  Al.  Benjamin  Suite, 
malgré  d'aetives  retlïerches,  ne  purent  les  consulter. 
Qu'étaient-ils  donc  devenus  ?  l'ersonne  n'a  pu  le  savoir 
jusqu'à  ces  jours  derniers,  alors  que  les  journaux  an- 
noncèrent Ja  précieuse  découverte  de  M.  Meilleur 
Barthe. 

Il  est  bien  malheureux  que  M.  Tanguay,  eu  travail- 
lant à  son  fameux  Dictionnaire  généalogique  des  famil- 
les canadiennes, n'ait  pu  consulter  ces  vieux  documents. 
Grand  nombre  des  plus  anciennes  familles  du  district 
de  Trois-Rivières  n'ont  pu  connaître  ainsi  l'endroit,  de 
France,  d'où  venaient  leurs  ancêtres.  De  1651  à  1672, 
les  registres  du  Cap-de-la-Madeleine  ont  été  perdus, 
de  sorte  qu'il  ne  restait  plus  que  le  grefle  de  Jean 
Cusson  pour  obtenir  des  renseignements.  Cette  der- 
nière ressource,  à  son  tour  faisant  défaut,  il  devenait 
impossible  de  connaître  les  origines  d'un  grand  nom- 
bre de  familles,  n^ême  de  familles  marquantes.  Pour 
ne  citer  qu'un  exemple  ou  deux,  l'origine  des  familles 
Rivard-Loranger,  GélinasBelleraare,   Lesieur-Desaul- 


niers  n'avait  pu  être  éclaircic.  Dt'  >{\\r]  iMidroit  «le 
Franc»',  jionr  venir  au  Canada,  étaient  partis  Nicolas 
Rivanl,  Ktienne  Gélinas  et  Charles  L?sieur  ?  Impos- 
sible de  le  savoir.  Va,  (vi>endant  ces  trois  colons 
fran<;.iis  sont  la  tige  de  familles  trè>  l.onorables,  très 
nombreuses  également,  dont  les  puissant:-  rameaux  se 
sont  répandus  un  peu  partout  dans  la  province  de 
Québei-.  surtout  dans  la  réi;ion  de  Trois-Rivières. 

Mais,  trêve  aux  réflexions.  Le  fameux  greôe  est 
retrouvé  et  j'ai  pu,  parmi  une  liasse  d'actes,  lire  tout 
au  long,le  contrat  de  mariage  de  mon  aucètre,Cliarles 
Ijcsieur,  sieur  de  la  l'ierre,  avec  Fran<;oise  de  Lat\)nd, 
acte  pa.ssé  devant  maître  Cu.sson,  le  onze  octobre  mil- 
six-cent-soixantt^-et-onzo,  au  ( 'ap-de-la-Madeleine  De- 
j)uis  autlelà  de  vingt  ans.  J'ai  fait  des  recherches  aux 
archives  de  Montréal,  de  Qaébîc,  d'Ottawa  pour 
retrouver  ce  contrat  de  mariage,  et  cela  toujours  inu- 
tilement. En  1899.  lors  de  la  j)ublication  des  géné- 
alogies des  familles  (  J>îlinas-Hcllemare,Lesieur-Desaul- 
niers,  il  m"a  é-té-  particulièrement  pt-nible  de  ne  [tas 
avoir  de  renseignements  précis  à  ce  sujet.  Quelle  n'a 
donc  pas  été' ma  joie  de  recevoir,  de  M.  Barthe  lui- 
même,  la  l>onne  nouvelle  (pie  le  document  tant  cher- 
ché figurait  parmi  les  actes  du  notaire  Cusson  et  qu'il 
était  à  ma  di>position  !  .F'ai  pris  unt-  copie  tidèle  du 
document, (pie  les  bienveillants  lecteurs  des  Rerherehes 
llisturiijucs  i»ourront  lire  et  c<insulter  au  besoin.  Sa 
lecture  ne  mamiuera  pas  de  causi-r  une  grande  joie  ii 
tous  les  Lesieiir,  les  Lapierrc.  Duchêne,  Desaulniers, 
Coulomb, tous  descendants  directs  de  Charles  Lesieur, 
ftieur  de  la  Pierre. 

Voici  l'acte  en  hik-sLIom  : 

"  l'ardcvant  .I«'an  (-usson,  notaire  royal  en  la  juris- 
♦liction  du  C'ap-de-la-Madeleine,  et  témoins  soussigui'S 
au  traité  et  accord  do  mariage    ([ui    s'en    suit,    furent 


—  53  — 

présents  eu  leur  personne  :  Charles  Lesieur,  sr   de    la 
Pierre,  habitant  de  ce  lieu,    fils  de  Julien   Lesieur  et 
de  Catherine  LeSachée, natif  de  la  paroisse  d'Osville,(l) 
en  Basse    Normandie,   évêché    de    Coutances,    d'une 
part  ;  et  Dame  Marie  Boucher,  veuve  de  feu  Etienne 
de  Lafond,  vivant  habitant  du  dit  Cap,   d'autre  part. 
Entre  lesquelles  parties  a  été  fait  le  traité  et  accord, 
promesses  de  mariage,  en  la  forme  et  manière  qui  s'en 
suit,  c'est  à  savoir,  que  la  dite  Dame  Boucher  avait  et 
a  promis  bailler  à  mariage  Françoise  Lafond,    sa   fille 
aux  présentes  au  dit  Charles  Lesieur,  sr  dé  la    Pierre, 
lequel  a  promis  et  par  ces  présentes   promet   de  pren- 
dre pour  sa  femme  et  légitime  épouse  la  dite  Françoise 
Lafond,  comme  aussi  la  dite  Françoise  Lafond  a  pro- 
mis et  par  ces  présente8,proraet  prendre  pour  son  mari 
et  légitime  époux  le  dit  sieur,  lequel  dit  mariage  sera 
ci-après  solennisé  en  'face  de   notre  mère  sainte  Eglise 
catholique,  apostolique  et  romaine   et   en  contempla- 
tion et  faveur  duquel  futur   mariage   les  futurs  con- 
joints ont  consenti  et  sont    demeurés  d'accord    qu'ils 
seront  unis  et  communs  en  biens,    sitôt  après    le    dit 
mariage  consommé,  lequel  sera  ci-après  accompli  plus 
tôt  que  bonnement  faire  se   pourra,  si    Dieu    et    notre 
mère  Sainte  Eglise  consent  et  accorde.     A  le  dit  futur 
époux,  douaire  et  doué  la  dite  Lafond,  sa  future  épou- 
se, du  douaire  coutumier,  alors  la  coutume  de  la  ville 
et  vi-comté  et  prévôté  de  Paris,  suivie  en  ce  pays.     A 
consenti  le    dit    sieur    futur    époux    prendre    la    dite 
Lafond,  future  épouse,  avec  tous  les  droits  et  succes- 
sion qu'il  lui  pourront  échoir,  dont  il  s'en  est  conten- 
té et  est  demeuré  d'accord  le  dit  sieur  Sr  de  la  Pierre, 
futur  époux,  qu'au  cas  qu'il  vint   à  décéder    sans    en- 


(1)  La  paroisso  d'Osviile,  en  1885,  s'appelle  Ûouville, 
comme  on  le  voit  par  V  Année  Ecclésiastique,  de  cette  an- 
née là. 


—   .'.4  — 

fants  d'eux,  que  hi  dite  Lafond.  future  t^^pouse,  sera 
en  p<>:<sessinii  et  lui  tait  «Ion  ir révocable  do  tous  les 
biens  de  la  diti.'  cuiuiuunauté  situés  en  ce  pays,  sans 
f[u'elle  en  jmisse  «"tre  inquiété  jiar  aucun  des  liéritiers 
du  dit  futur  éjtoux  en  façan  qudconcjue,  et  si  la  dite 
Lafond,  future  épouse,  vient  à  décéder  sans  enfants 
d'eux,  le  nssort  de  ses  biens,  retournera  à  ses  trois 
héritiers,  le  tout  a  ainsi  été  accordé  entre  les  dites 
jiarties. 

El  fait  et  passé  en  la  maison  de  Dame  13ou(;lier, 
après  midi,  ce  jounlbui,  le  onzième  octobre  mil  six 
cent  sejitante  et  un  sous  le  seintr  du  sieur  futur  époux, 
la  dite  Lafond  a  déclar-itie  savoir  éciire  ni  signer,  de 
ce  enqui^  suivant  Tordonnance,  a  fait  sa  marque,  jinis 
tous  les  f>arents  et  bons  aniis  des  dits  futurs ^lonjoints 
ci-après  dénommés  ;  ^avoir,  du  côté  du  dit  Lcsieur  : 
Louis  lieausoleil,  sieur  de  \&  Plante,  et  Anirillc 
Couturii-r,  sieur  de  la  Censé  :  et  du  côté  de  la  dite 
Latond,  lutur»'  <''[H>ii.se  :  lierre  Bouclier,  sieur  de 
<iros-Bois  (1)  et  Uenjodeelle  Jeanne  Crevier,8a  fenmie, 
Monsieur  de  Varenm-s  (2)  gouverneur  des  Trois-Ri- 
vières  et  ])em(tiselle  Marie  Boucher,  sa  femme,  le 
sieur  Jean  de  Lafond  (3)  et  Marie  Sénécal  sa  femme, 
maître  Jean  Trottier  et  Geneviève  J^atond  sa  femme, 
l'ierre  Lafond,  tous  jiarents  de  la  dite  Lafond,  future 
épouse  :  l'rbuin  Beaudry, sieur  de  LaMarche,et  Dame 


(It  l'ierre  lîuuclier.  lu  liarueux  ;,'i»iivern<'iir  <l(^  Trois- 
Hivi.'-rcs.  oncle  di-  Mn.'ie  Hoik-Ium-,  .  puiiM'  de  Cliarlcs 
lAwiciir,  »ieur  do  la  l'icne. 

(2)  Hen.-  (iaiilhier.  elievuHur.  Mi:,'ii(Mir  ■]<>  \'ai«'in>cs, 
épf)UX  de  Mûrie  liouclier.  tille  de  l'icne  HiMielior. 

(3>  .l.-aii  lie  I^ifoii'l.  iVère  d<'  KiniK/oise,  rpouse  de  Char- 
les Le^ieur,  d«;  (Jonevièz*.  épouse  lie  .Ifaii  Truliier,  «.-t  de 
l'ierre  liufond. 


00 


Madeleine  Boucher  (1)  sa  femme,  le  sieur  Jacques 
Lefebvre  et  Dame  Marie  Beaudry  sa  femme,  Guil 
laume  Beaudry,  Beaudry,  le  sieur  Antoine  Boulanger 
et  Darne  Jeanne  Dodier  (2)  sa  femme,  maître  Pierre 
Béchard,  Dame  Jeanne  Héroux,  veuve  de  feu  Pierre 
Lefebvre,  et  Michel  Lefebvre,  Jeanne  Beaudry,  tous 
parents  et  amis  des  dits  fututs  conjoints  {suivent  les 
signatures)  Signé  :  Cusson,  notaire 

En  même  temps  que  cet  acte  j'ai  pu  aussi  lire  celui 
du  contrat  de  mariage  de  François  Vanasse,  fils  de 
Paul  et  de  Barbe  Monsel,  d(*  la  paroisse  de  Saint- 
Maclou,  ville  de  Rouen,  province  de  x^ormaudie,  avec 
Jeanne  Fournier,  fille  de  Pierre  et  de  Jeanne  Cusson, 
demeurant  au  Cap.  Jeanne  Fournier  est  dite  veuve 
de  Jean  Bailloux.  (3)  Ce  contrat  a  été  passé  au  Cap- 
de-la-Madeleine,  en  la  maison  de  Duplaissy,  "  capitai- 
ne du  cartier,"  le  2  août  1G71.  De  François  Vanasse 
et  de  Jeanne  Fournier  descendent  tous  les  Vanasse, 
les  Vertefeuille,  Beauvais,  Bastieu,  si  nombreux 
dans  le  district  de  Trois-Rivières.  M.  Fabien  Vanasse, 
ancien  député  d'Vaniaska  au;:  Communes  d'Ottawa, 
descend  de  François  Vanasse,  en  ligne  directe 

Ce  que  le  lecteur  lit  aujourd'hui  n'est  qu'un  épis 
extrait  de  la  gerbe  des  précieux  documents  que  ren- 
ferme le  greffe  de  Jean  Cusson.  Avant  longtemps,  je 
me  propose  de  faire  d'autres  extraits  qui  ne  manque- 
ront pas  de  faire  plaisir  à  plus  d'un  lecteur.  Du  Cap- 
de-la-Madelaine  sont  sortis  grand  nombre  de  familles 
remarquables  et  dont  les  membres,  à  diverses  époques, 


(  \)    ^hideleinc  Boucher,  sœur  de  Pierre  Boucher. 

(2)  Jeanne  Dodier  avait  épousé,  en  premières  noces, 
Adrien  Joliet,  frère  du  célèbre  Louis  Joliet. 

(3j  Le  recensement  de  1666  le  nomme  Jean  Bâillon,  âgé 
de  20  ans. 


—  56  — 

ont  joué    un    rôle    honorable    dans    l'histoire    île     la 
colonie, 

La  paroisse  du  Cap  a  eu  ses  beaux  jours,  autrefois. 
En  lti04.  elle  oeeujiait  la  première  jihue  après  Québec, 
Montréal  et  Trois-Rivières.  La  note  suivante,  extraite 
des  re<;istres  <lu  Conseil  Sujiérieur,  l'établit  d'une 
manière  coneluante  :  "  Le  lG  mai  1664,  arrivée  du 
navire  *'  Le  Noir  ''.  d'Hollande,  commandé  par  le 
sieur  Pierre  Fillye,  et  «le  -{OO  hommes,  envoyés  par 
ïSa  Majesté.  ]1  sont  distribués  par  ordonnance  du 
Conseil  Supérieur,  comme  suit  :  150  à  (Québec  et  les 
environs  ;  75  rux  Trois-Rivièies  ;  25  au  Caj)  de  la 
Madelaine,  et  ôO  à  Montréal. 

Je  SUIS  convaincu  que  Nicolas  Rivard.  Etienne  et 
Jean  Gélinas,  Charles  Lesieiir,  etc., vinrent  au  Canada, 
sur  ce  bateau,  puis(|ue  leurs  noms  iigurent  dans  le 
recensement  de  1666. 

F.-L.  Desaulnier8 

P.  S.  —  M.  Lt-andre  Lamontagne,  amateur  de  recher- 
ches généalogiques  et  qui  demeure  au  numéro  324, ruo 
Cadieux,  à  Montréal,  me  communique  les  précieux 
renseignemetits  qui  suivent  sur  l'ancienne  paroisse 
d'Osville  et  celle  <le  Montebourg.  Ces  données  ont  été 
extraites  <lu  Dictionnaire  Univn-sel  de  la  France,  an- 
cienne et  moderne,  publié  en  1726.  Voici  : 

''  OsviLLE,  dans  la  Normandie,  l)iocèse  de  Cofttan- 
ccs,  parlement  et  Intendance  de  Roiien,  Election  de 
C(»ûtan<eH,  a  5Î'.^  hal)itant.«-.  Ce  lien  bonlc  la  Forr't  «le 
Montbourg  ;  ^a  cure  «lépen«l  de  l'Abbaye  «le  «-e  n«)m. 
Il  y  a  un  Château  nommé  «ii-  la  Varangere.  C'est  un 
fort  b«'au  ternùr. 

M<»NTEH(»ru<J,  liourg,  du  Coûtantin,  «lans  la  Nor- 
mandie, l)io«-èse  d<'  C«>ûtaiices,  i'arlenietit  de  R«»iien, 
Intendan«;e  <1«!  Cai'n.  Ebction  de  \'alognes,  a  1460 
habitants.      Il  «'«t  situé  sur  uih'    niontagne    «l'où    l'on 


—  57  — 

voit  la  mer  ([iii  n'en  est  qu'à  une  lieue.  Il  y  a  une 
belle  Abbaye  de  Bénédictins  fondée  à  la  fin  du  Xfe 
siècle,  en  l'honneur  de  la  Ste  Vierge,  par  Richard  & 
Baudouin  de  Riviers,  père  et  fils,  qui  furent  Comtes 
de  Devonsliire  et  Seigneurs  de  l'Isle  de  With  en 
Angleterre.  Guillaume  le  Roux,  St  Henry  VI,  Ducs 
de  Normandie,  et  Roi  d'Angleterre  en  confirmèrent  et 
augtneutèrent  les  biens  qu'ils  laissèrent  à  la  garde  des 
mêmes  Fondateurs,et  entr'antres  le  Bourg,  le  Marché, 
les  Foires  et  la  haute  Justice.  L'Abbaye  vaut  vingt 
mille  livres  de  rente  et  est  taxée  à  six  cens  Floiins 
d'or  ]iar  l'annat.  M.  Carbon  de  Canisy,ancien  Evêque 
de  Limoges  en  est  Abbé,  et  en  cette  qualité  nommé  à 
la  cure."  \ 

La  paroisse  d'Osville  ne  figure  plus  sur  la  carte  gé- 
ographique actuelle  de  France.  Elle  a  été  enclavée 
dans  Montebourg,  arrondissement  de  Vologn6s,dépar- 
tement  de  la  Manche.  S'il  en  existe  encore,  c'est  là 
que  doivent  se  trouver  les  descendants  de  Julien 
Lesieur,  sieur  de  la  Pierre  et  de  Catherine  Le  Sache, 
père  et  mère  de  Charles  Lesieur,  souche  de  tous  les 
Lesieur  du  Canada. — F.-L.  D. 


AUTREFOIS  ET  AUJOURD'HUI 


Les  premiers  steamers  océaniques  vinrent  à  Mont- 
réal en  1853.  Cette  année-là,  les  steamers  Genova  de 
•350  tonnes,  Sarah  Scmds  de  931  tonnes,  et  Lady 
Eglinton  de  335  tonnes  (deux  voyages)  visitèrent  le 
port  de  la  métropole. 

En  1853, quatre  steamers  visitent  Montréal  ;  moyen- 
ne du  tonnage  488  tonnes,  soit  un  total  de  1951  ;  en 
1898,830  steamers  se  rendent  à  Montréal.  La  moyenne 
du  tonnage  est  de  1890  tonnes,  soit  un  total  de 
1,567,436  tonnes.    Quel  changement    dans    cinquante 


ans 


—  58-  — 

]  ;  1 1  o  xo  n  A I  '.  L  E  .1 E  A  X-  !  :  oc  •  I  [  la  )  l  e  a  x  i  >^ 

M.  Rolland  tut  ailiiiis  au  barreau  le  '22  mai   ISOG. 

AfTt's  uiu'  brillante  et  hunitive  carrière  de  vingt- 
(juatre  aii<.  il  tut  nommé  jui^e  do  la  Cour  du  Banc  du 
Roi  le  7  janvier  IS^ÎO,  sous  Guillaunu'  IV,  en  rempla- 
cement du  jiïge  Uniacke. 

En  1849,  la  Cmir  du  Banc  de  la  Roine  chano^ea 
d'attributions,  l^a  Cour  Supérieure  remplar-a  la  Cour 
du  Banc  «le  la  Reine  et  cette  dernière  tlénominatioi> 
tut  donnée  à  la  ci-devant  Cour  Provinciale  d'Appel. 
En  1H50,  lejui^e  Rolland  était  promu  j\  la  Cour  du 
lîanc  de  la  Reine.  Il'  fut  remplacé  à  la  Cour  Supé- 
rieure ])ar  l'honorable  jug^e  Vant'elson. 

Le  juge  R«»lland  siégea  à  la  C<Mir  du  Banc  de  la 
lîeine  jusqu'en  1855.  Il  fut  remplacé,  le  27  janvier 
1855,  par  l'iionoiablc  Jean-Frant;ois  Ihival. 

La  vie  active  qu'il  avait  suivi  jus'p'.e  là  avait  voilé 
h  ses  ijropres  observations  les  <létaillances  de  sa  santé. 
Les  loisirs  de  la  retraite  opt'rèrent  comme  une  chute 
«ubite  de  sa  vigueur  physicpie  (pii  diminua  au  point 
que  c'est  à  peine  s'il  jiut  faire  (pielqaes  rares  voyages- 
à  la  ville  après  sa  retraite. 

L'h<jnorable  Jean-Roch  Rolland  décéda  le  5  août 
18H2,  au  manoir  seigneurial  <le  Sainte-NTarie  de  NfiMi- 
noir,  à  l'âge  de  77  ans. 

'*  Il  laissa  au  barreau  le  souvenir  d'un  homme  su- 
périeur j>ar  son  intelligence  et  ses  études  légales  et 
«urtout  par  l'impartialité  inaltérable  qui  dictait  tous 
ses  ra[>ports  avtr  le  public  et  les  membres  de  la  jtro- 
fession."   (1) 


(\)    ]>e  Piii/s,  7  août  1^(12. 


L'HOK  JEAN-ROCH  ROLLAND 


—  00  — 
RÉPONSES 


ÏjC  pert'  Joignes  t»t  les  II(»1l;iii(l:iix(  (IX,  [II, 
DOl.) — Bien  4110  \es  Relations  «les  .1  .'•suites  se  [ihiigiient 
■souvent  du  voisinage  des  Hollandais,  soit  à  cause  de 
leur  coninuTce  d'eau  de-vie  avec  les  Sauvages,  soir 
parée  qu'ils  ridienlisaient  par  ci  par  là,  la  religion  ea- 
lh(jli<[ue,  rendant  ainsi  moins  tVaetueuse  roeuvre  des 
inîfesionnaires,  il  est  notoire,  eeiiendant,  et  nous  en 
trouvons  la  preuve  dans  ces  mêmes  Rcbiliinin,  que  les 
Hollandais  rendirent  des  services  signalés  aux  Fran- 
«;ais,  et  en  particulier  aux  missionnaires  jésuites.  Lais- 
sons aux    laits  le  soin  de  la  démonstration. 

En  1042,  le  Père  Isaac  Jogues,  fait  prisonnier  par 
les  Irofpiois,tut  amené  captif  dans  un  de  leurs  villages. 
Les  Hollandais  de  Rensselderwic.h,  on  d'Orange,  ap- 
jtrejiant  cela,  s»-  hâtèrent  d'envoyer  des  ambassateurs 
pour  négocier  la  dt'iivratice  <lii  rnallieiireux  mission- 
naire. 

Arendt  \'an  ('orlaer,  gouverneur  du  fort,  .lean 
l^al)adie  et  Jacob  Jan^en  offrirent  aux  Sauvages  la 
bomme  de  deux  cents  piastres  pour  les  séduire.  Rien 
n'y  lit  :  le  l'ère  dut  rester  prisonnier  juscpTà  nouvel 
ordrj.  (Quelques  mois  plus  tard,  le  captif  écrivait  à 
Montmagny,  alors  gouverneurde  la  N^ouvelle  France  ; 

"  l'iusiiîurs  fois,  les  Hollandais  ont  essavé  de  nous 
délivrer,  mais  touj(»urs  inutilement.  Ils  renotivèlent 
encore  à  pn'-sent  leurs  tentatives  ;  mais  ce  sera, comme 
je  pense,  avec  un  même  résultat. 

Ija  Providence  porniit  ce  que  l<!  gouverneur  de  la 
Nouvelle-?' rancc  et  les  autorité-s  hollandaises  étaiiMit 
impuissantes  à  taire,  j'eus-sont-ils  voulu  encore  plus 
sérieuheïnent.  Un  jour  que  les  lro<piois,  accompagnés 
du  Père  Jogues,  «'-taient  à  pêidier  sur  1  lludson  à  sept 
ou  huit  lieues  d'Orange,  ils  ne  8'aper(;uront  {)a8  de    lu 


—  61  — 

disparition  de  leur  prisonnier,  qui, résolu  de  fuir,s'était 
caché  dans  un  navire  hollandais  prêta  prendre  laraer. 
Ce  fut  un  ministre  protestant,  du  nom  de  Johannes 
Megapolensis,  qui  avait  ménagé  au  Père  les  moyens 
d'échapper  à  ses  bourreaux.  Bien  que  l'ordre  eût  été 
adressé  à  tous  les  commandants  de  la  ISTouvelle-Belgi- 
que  par  les  Etats-Généraux  de  délivrer  le  missionnaire, 
il  n'est  pas  moins  curieux  de  constater  que  ce  fut  un 
ministre  du  culte  protestant  qui  réussit  à  arracher  le 
ministre  catholique  d'une  mort  presque  certaine.  En 
agissant  ainsi,  Megapolensis  exposait  ses  compatriotes 
aux  conséquences  dangereuses  d'un  conflit  avec  les 
Iroquois. 

En  1644,  le  Père  Bressany,  ayant  été  fait  prisonnier 
par  les  Agniers,réussit  à  obtenir  sa  délivrance  moyen- 
nant une  assez  forte  rançon  que  paya  un  Hollandais 
d'Orange.  Le  Père  se  réfugia  ensuite  chez  les  Hol- 
landais, qui  l'accueillirent  avec  la  même  courtoisie  qui 
avait  distingué  leur  conduite  à  l'égard  du  Père  Jogues. 
Avant  de  partir  pour  la  France,  le  Père  Bressany 
reçut  du  gouverneur  Kieft  la  lettre  suivante,  destinée 
à  lui  servir  de  sauf-conduit  : 

"  Nous,  Guillaume  Kieft,  directeur-général,  et  le 
Conseil  de  la  Nouvelle-Belgique,  à  tous  ceux  qui  ver- 
ront les  présentes,  salut. 

''  François-Joseph  Bressany,  de  la  Compagnie  de 
Jésus,  fait  prisonnier,  il  y  a  quelque  temps,en  Canada, 
par  les  Sauvages  Iroquois  appelés  ordinairement  Ma- 
quois,  (C'étaient  les  "  Agniers"  des  Français  et  les 
"  MohawA  s  "  des  Anglais.  Les  Hollandais  les  dési- 
gnaient sous  le  nom  de  ''  Maquas."  Megapolensis  les 
appelle  "  Kayingehagas  "  :  c'était,  dit-il,le  nom  qu'ils 
se  donnaient  à  eux-mêmes,)  tourmenté  par  eux  et  à  la 
veille  d'être  brûlé,  a  été  heureusement,  après  bien  des 
difficultés,  arraché  par  nous   de  leurs  mains,  moyen- 


—  C>-2   — 

naiit  une  raiu;on,et  délivré.  Maintenant,  iiu'avec  notre 
consentement  il  va  en  IloUanile  pour  continuer  de  là 
en  France,  la  charitc'  chrétienne  exiije  que  tous  ceux 
chez  qui  il  se  {iré.-entera,  le  reçoivent  avec  bonté.  En 
conséquence,  nous  prions  tous  les  gouverneurs,  coni- 
mandants  ou  leurs  lieutenants,  et  les  capitaines  de  lui 
prêter  secours  à  son  arrivée  ou  à  son  départ,  leur  pro- 
mettant de  leur  rendre  en  pareil  cas   le  même  service. 

Fait  au  Fort  de  la  Nouvelle-Amsterdam,  dans  la 
Nouvelle-Beli^iqucle  20  Septembre. r.m  du  salut  1644. 

-  William  Kicft.", 

Quelques  années  plus  tard,  le  Pt>re  Jog^ues,  revenu 
au  pays,  tomba  de  nouveau  entre  les  mains  des  Iro- 
quois,  et  tut  lâchement  assassiné  par  l'un  d'eux.  Le 
coup  resta  inconnu  ]iendant  (puliiuo  temps.  Cepen- 
dant,des  rumeurs  vai^ues  de  cette  n)ort  cruelle  étaient 
parvenues  aux  oreilles  du  «gouverneur  de  la  Nouvelle- 
France,  lorsqu'une  lettre  de  William  Kieft  vint  con- 
tirmer  les  tristes  appréhensions  de  M.  de  Montmaiifny. 
Noua  la  ptddions  telle  qu'elle  tilt  écrite,  dans  son  style 
et  son  orto<rraphe  primitifs. 

"  Monsieur, 

"  J'avois  donné  rosponse  à  celle  de  laquelle  il  vous 
avoit  plu  m'iionorer  i»ar  le  P.  Joignes,  dattée  du  15  <le 
rnai,  et  j'avovs  env(jyo  au  fort  d'Oraui^e  j)Our  la  déli- 
vrer au  dit  P.  de  Jogues  ;  mais  n'y  estant  pas  retour- 
né, comme  on  l'espéroit,  elle  m'a  été  derechef  ren- 
voyée. Colle-cy  sera  donc  jiour  remercier  Votre 
Seigneurie  du  souvenir  qu'elle  a  eu  do  moy,  faveur 
dont  je  tasclxrai  de  me  revanger  s'il  plaît  à  Dieu  de 
m'en  concéder  r<qii»<)rtunité.  Au  reste  j'envoys  celle- 
cy  par  les  quartiers  «lu  mort,  soit  par  le  moyen  drtf 
Aiigl(»is  ou  de  Mons  d'Aunay  aux  fins  de  vous  ad- 
venir du  massacre  que  les  barbares  inlmnuiins  Maquois 
ou  Iro(iuoirt  ont  tait  du  P.  Isaac  de  Jogues   et   de   son 


—  63  — 

compagnon  ;  ensemble  de  leur  dessein  qu'ils  ont  de 
vous  surprendre  sous  les  couleurs  de  visite,  comme 
vous  verrez  par  la  lettre  cy-eiiclose  qui,  encore  qu'elle 
soit  mal  dictée  et  ortographiée  vous  apprendra  à  notre 
-grand  regret  les  particularités  du  tout. 

"•Je  suis  marry  que  le  sujet  de  celle-cy  n'est  plus 
agréable  ;  mais  la  conséquence  de  l'atïaire  ne  m'a  pas 
permis  de  me  taire.  Notre  ministre  d'en  haut  s'est 
enquis  soigneusement  aux  principaux  de  cette  canaille 
de  la  cause  de  ce  malheureux  acte  ;  mais  il  n'a  pu 
avoir  d'autre  réponse  d'eux,  que  le  dict  Père  avoit 
laissé  le  diable  parray  quelques  hordes  qu'il  leur  avoit 
données  en  garde,  qui  avoit  fait  manger  leur  bled  ou 
mavB  aux  vers. 

"  Voilà  ce  que  je  puis  pour  le  présent  escrire  à 
Votre  Seigneurie,  priant  Dieu  qu'il  veuille  la  garder 
et  les  vôtres  de  cette  traiteuse  nation.  Vous  assurant 
que  je  suis  votre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

William  Kieft 

Du  fort  d'Amsterdam, 
en  la  Nouvelle-Belgique, 
ce  14  novembre  1646. 

La  lettre  à  laquelle  le  gouverneur  Kieft  fait  allusion 
était  adressée  au  docteur  Lamontagne,  de  New-Ams- 
terdam, et  non  à  Jean  Bourdon,  de  Québec,  comme  le 
dit  la  Relation  de  1647.  Le  signataire,  Jean  Labadie, 
était  charpentier  et  originaire  de  France.  Arrivé  au 
fort  d'Orange  en  1634,il  y  avait  épousé  la  veuve  d'un 
nommé  Harman  van  der  Bogaert.  Fixé  définitivement 
au  milieu  des  Hollandais,  il  obtint  une  charge  de  la 
Compagnie,  et  agissait  souvent  comme  interprète. 

Jean  Lamontagne  était  aussi  français  d'origine, 
médecin  instruit.  Il  vint  à  New- Amsterdam  en  1637. 
Dès  son  arrivée,  le  gouverneur  Kieft  le  choisit  pour 
j'un  des  membres  de  son  Conseil — et  il  joua  un  grand 


—  04  — 

rôle  dans  les  affaires  publiques  do  la   colonies    ln)llan- 
daise. 

I^a  k-ttre  de  Labadie  commence  ainsi  : 

"  Loué  soit  l)ieu,  au  tort  d'Orange  !" 

T'uirt  elle  contient  (b'S  détails  sur  la  mort  du  l'ère 
.Jogues  et  de  son  conipaijnon  Jean  de  Lalande,diei»})ois. 
Elle  se  termine  ]>ar  ces  mots  : 

"  Monsieur,  je  vous  snp[>ly  mon  baisemain  à  Mon- 
sieur le  Gouverneur.' 

Il  est  évident,  d'après  le  contexte, que  si  cette  lettre 
fut  adressée  au  docteur  Lann>ni;iiriie,  elle  dut  être  en- 
voyée ensuite  à  (Québec,  soit  à  dean  Bourdon,  ancien 
com]>agnon  d'andjassade  du  1*.  Jogues,soit  aux  Jésui- 
tes. En  tout  cas,  elle  était  sous  le  même  pdi  que  celle 
du  ifouverni'ur  Kieft,  (jui  avait  envoyé  le  tout  à  M.  de 
Montmagny. 

Après  avoir  tué  le  Père  Jogues,  les  Iroquois  couru- 
rent chez  les  Hollandais  pour  leur  vendre  le  missel,  le 
rituel  et  lu  soutane  du  missionnaire,  espérant  eti  tirer 
de  grosses  sommes.  Mais, voyant  (ju'ils  n'en  rece^'aient 
rien,  ils  firent  cadeau  au  mini>tre  Megapolcnsis  de  c;ea 
reliques  du  niartyr.  Celui-ci,  «jui  s'était  fait  l'ami  du 
défunt,  les  accepta  de  grand  cœur  et  les  conserva  pré- 
cieusement dans  sa  famille. 

N.-E.   DIONNE 


QL'ESIONS 

9î>5—  Je  lis  dans  le  ./(iunnil  îles  Jésniffs,  ;\  la  date 
du  'J  juill»  t  1G.'))Î  :  ••  Le  camp  volant  commandé  par 
Eustacbe  Lambert  part  de  Sillcry." 

Qu'était  nn  «nmp  volant  sous  le  régime  fran<;ais  ? 

MiLKS 

90(i  —  A-l-oii  iiiM-  li.sti-  «(Miipièif  ili'-<  jinlriiits  du 
peintre  Dulongpr'-  ?  l'iNx. 


QUÉBBC-CBNTR  àL 

LKS  TRAINS  QUITTENT  L?^\^JS 

8f\r\)  KXPRKSS  DKS  MONTAGNES  BLANCHES 
,\^vJ  f    l'oiii"  Fabyans.  Porlhind,   Sherbrooke,  Beauce 
A.   M.      )    et   xMogatitic.    chars  l'ullmand,  Parloir,  Buffet 
jusqu'à  Portiaiid. 

3rA)EXPJ{KSS  DE   BOSTON    KT  NEW  YOEK, 
,(3\J  r    l"^*^""  Sherbrooke,    Bo.ston,    Sprini^tield,  Xew- 
P.  M .     3    ^^"'l'f  ^  ^-^ii'*^  'c^  points  (le  la  Nouvelle- Angleterre, 
aussi  Beauce  et  Mru;natic,    chars  Pullman   dortoirs  sur   ce 

2   /-\r)  SPÉCIAL  DE  NEW- YORK    ET    BOSTON. 
^\J(j  [■   Ce  nouveau  train  commencera  à  circuler  le  24. 
P.   M.      )    juin  avec  chars  directs  faisant  le  trajet  le  plus 
rapide  entre  Qui-bec  et  New-York. 

7  C\C\  1  A^'<^'OMMODATION.  De  Lévis  à  Sherbrooke, 
/  ,\J\J  [   et  tous  les  points  sur  le  chemin  de  fer  Boston 
P'.  M.     )    &  Maine. 

LES  TRAINS  ARRIVENT  À  LEYIS 
!''.x])res8  de  Boston  et  New- York  à  12  hrs,   midi.    Spécial 
de  Boston  et  New- York  à  1.10  hr.  p.  m.    Express  des  Mon- 
t*,<!;ne.s  Blanches  à  8.55  hrs  p.  m.  Accommodation  à   8.45  h. 


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La  Vérité  (collection  complète)  ;  V Opinion  j^ubligue 
(collection  complète)  ;  Le  Monde  Illustré  (collection 
complète)  ;  Canada,  an  Encyclopedia  of  the  Country, 
]»arCastell  Hopkins,  6  vols  ;  Oeuvres  de  Parkman,  16 
vols.     Excellentes  conditions. 

ON    DEMANDE 

Livasion  du  Canada,  par  Verreau  ;  Echange  des 
prisonniers  aux  Cèdres,  par  Ethier,  Centenaire  de  V in- 
vasion du  Canada,  par  Turcotte  ;  Les  Canadiens  du 
Michigan,  par  Saint-Pierre. 

S'adresser  au 
Bulletin  des  Recherches  Historiques,  Lévis 


VIENT  DE  PARAITRE  : 


La  famille  D'Mmauville 
de  Beaumoycliel 


PIERRE-GEORGES  ROÏ 

Renseignement»  i^rriéâlogiquci  sur  les  familles  do  Jyanm- 
dière.  Rollarxi.  <rrey.  Terroiix.  Woodcock,  Duchesnay, 
Kuit*.  LwMoiiR'.  l'ag.-,  Tuch-.  ('U'inciil.  CliasMé,  DcsIJo- 
*icrs,  llud<ni,  l'ouliol,  Venner.  IIai(jiiail. 'ririnMay.  Ilanicl. 
Ilvaiiturci,    lliidk't.    I'chIj.    etc.,  etc. 

'l'IKACK    :    KM»     KX  l-.M  l' f.  A  IKKS 


l'KlX       }f<».50 


S'adrcpper  it  TaHli-ur.  82.3,  rue  Wolle.   Li'-tIi". 


VOL.  10  MARS  1904  Ko  3 

BTJXjXjETi:]Sr 

R[CIIEeCH[sllSTOeiOU[S 


A  ECU  ÉOLOGIE—HISTOIEE— BIOGRAPHIE 
BIELl  OGRAPHIE— NUMISM  ATQUE 


■ORGANE     DE     I.A     SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDES     HISTORIQUES 


Qui  miinet  in  patrià  et  patriam  cogii»n«  rc  Uinnil. 
Is  rr.iVii  non  ri\is  sed  ju  regriiius  eril 


(Ur-'^jz- 


PJEERE-GEORGES   ROY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 

RUE    WOLFB 

LÉVIS 


RKCIlKliCIIKS   lliST()l!I<,)UKSJ 


Sonimairo  <lo  la  livraison  tir  iiiar>  :  lv('<^n"''ti'  de.>+ 
voyai^eurs  <lo  Mi.hi  liinakiiiae  on  iTSi),  .\[j;r  ireiiri 
Têtu  ;  La  famille  Myraiid,  Knu'st  .\[vraiitl  :  Lac 
Simcœ  :  L'Ikhi.  A'exandre-Eilonanl  Kierskowski  : 
Pierre  T>'sii<-ur,  l'.  G.  M.  :  I^e  G. -ci'  En  stem  ;  Letv 
Ilcillaiitlais  liî  la  Nouvelle-Belgi(|ne.  N.-K.  Dioniie  ; 
Quet?tion8,  etc. 

(iravure  :  L'hon.  Alexandre-Edonanl  KierskoWbki, 
<  )ii  peut  sf  proeiirer  ifiiituilt-iiieiu  une  livi-aismi  sji '•cimeii 
des  Jii'.r/ierrhi's  /fisfori'/ue.s  eii  ^'adi-f^sant    au    dirt-ctt'iir  de 
lu  revue    l*ierre-<  reori^es  Roy.  rrn'  Wolfe.  I^i'vis. 

Ahoètni'nn'nt  :  $'i  ,nir  (fintrr. 


IjJ's   iiboiiiics     (hîs     l!i(/irrc/trs      //isforif/tfrs 
votidroiit    Imcii  s  '    l'.ippt'Ii'r   (|m'  leur   al>(>iiii(' 
iiii'iit    po.ir    11M>:>   <'st    m  liiitcii  iiit   <ia 


PIJIÎLICA  riOXS   RKCRN  TES 


Histoire  dc-  l-i  lor/inrtilniii  ilr  hi  i-'ttî'  de  Minil>'^iif 
depuii  son  on'/me  Jn.si/u'à  n".s  /////>.  |tai'  J.  dé()|dias 
LaiiMttlie.  av«><-at,  et  LuV'iolctli-  «t  Massé,  «'ilitciirs — 
Montréal— IîM;'».  Prix:  §P).<K).  I^»^lr:lits  vt  hioi^ra- 
pliies  des  maires,  «''clieviiis,  t'oiu-liomiHiri's  etc ,  ete. 
S'adresser  aux  ••dit<'iirs  MM.  LaX'iolette  i*i:  Masst',  4. 
rue  St-IaiM|nes,  Montréal. 

Ijfi  (\n>nflo,  tri'lêsiiisl iijKf,,  aliii'i ihfch  fiti nilinrr  <lii 
rfrrrjé  foniith'c.n  /K'U.r  1904.  Dix-lmitiéine  année.  Trix 
$0.50.  Kditeiirs  :  MM.  (-adi.-nx  a  D.roine,  PMKJ- 
ïvt;w     f-ui-   Votr.'-nariH'.   \î<>iit!-.';i! . 


BULLKTIÎs^ 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  MARS  1904  îfo  3 


REQUÊTE  DES  VOYAGEURS  DE  MICHIL- 
LIMAKINAC  EN  1786 

Parmi  les  documents  que  possèdent  nos  archives  sur 
Michillimakinac.  je  trouve  une  requête  assez  intéres- 
sante et  édifiante  signée  par  vingt-cinq  voyageurs  et 
(|ui  nous  fait  connaître  assez  bien  l'état  de  cette  mis- 
Kîion  en  1786.  Je  dis  1786,  quoique  la  requête  ne 
porte  aucune  date  ;  mais  l'on  sait  par  ailleurs  que  ce 
fut  cette  année-là  que  M.  Payet,  dont  il  y  est  fait 
mention,  partit  du  Détroit  et  de  Micliillimakinac  et 
qu'il  était  le  porteur  de  la  lettre  que  je  vais  citer  en 
entier.  Auparavant  il  est  peut-être  utile  de  rappeler 
que  dès  1675  les  Jésuites  avaient  à  Micliillimakinac 
une  mission  des  plus  importantes,  celle  de  Saint- 
Ignace,  où.  résidait  le  supérieur  de  leurs  missions  de 
l'ouest.  Poste  militaire  et  centre  de  commerce,  Micliil- 
limakinac situé  au  nord  du  lac  Huron,  "formait  com- 
me trois  villages,  celui  des  Français,  celui  des  Hurons 
et  celui  des  Outaouais.  Au  milieu  se  trouvait  le  fort 
des  Français,  résidence  du  commandant  de  tous  les 
pays  d'en  haut,  auquel  obéissaient  les  commandants 
des  divers  postes  établis  dans  cette  lointaine  portion  de 
la  ]Srouvelle-France."(l)  Citons  parmi  les  commandants 

(1)  Les  Jésuites  et  la  ISlouvelle- France.  De  Eoche- 
raonteix. 


—  66  — 

«U'  Micliilliiiiakinui  :  MM.  de  la  Diiraiitay».',  de  Loii- 
viixiiy  <le  la  l'orti'.  le  célèbre  ck'  Lainotlio-Cadilhu-, 
MM.  «If  VeivlÙTc'?».  (le  la  Conn'.  do  Xinellos,  di- 
lk*auj»Mi,  tV»*iv  «lu  vainqueur  de  la  Moiionirahéla.  Mais 
vu  17!SG,  il  y  avait  déjà  longtemps  (jue  ce  |»08te  avait 
perdu  de  son  importance.  La  tomlation  du  Détroit 
(1  /0:>)  avait  aînni»'  un  exode  de  la  p]u>  «grande  partie 
<U*s  Sauva^i-s  et  je  crois  que  la  petite  population  (pii 
s'v  trouvait  réunie  et  seulement  à  certaines  époques 
lie  raiiiiée  se  couïposait  surtout  de  voyuij^eurs  cana- 
diens. On  «ait  (prils  ne  jouissaient  pas  d'une  grande 
rt'pntation  de  sainteté,  qu'on  les  accusait  de  bien  des 
••eandales,  et  <jue  pi'ivés  durant  longtemj>s  de  secours 
reiigieu.x  ils  étaient  exposés  à  bien  des  ilangers  et  à 
bien  des  misères  spirituelles.  La  requête  ([ue  je  repro- 
duis montre  (pie  plusieurs  au  moins  avaient  conservé 
la  toi  et  comprenaient  rimportanee  suprême  du  salut. 

A  Sa  Grandeur  le  Sei^■neur  f^vêiiue  de  lu  Province  de 
Québec  en  ('aiunla. 

,\ions.Mgneur, 

Priv.-s  ilepuis  onze  années  d'aucuns  secours  spiri- 
tuels en  »-ette  n'-gion.  r\'.?t  avec  la  plus  vive  satisfac- 
tion (jue  nous  avons  \  u  arriver  .Monsieur  Payet,  mis- 
«ionnaire  du  I)<'troit,  «pii,  descendant  t-n  Canada,  a 
bMMi  voulu  passer  [»ar  ce  poste  pour  nous  les  adminis- 
trer, ('e  digne  prêtte  veut  bien  encore  ajouter  aux 
peines  qu'il  s'est  données  pour  nous,  la  gr/îct^  de  pn''- 
.seiiter  à  Votre  Grandeur  notre  très  bumble  supplique 
en  favtMir  de  cette  jmrtie  éloignée  de  vos  ouailles  qui 
demandent  un  pasteur. 

Tous  les  citoyens  et  babitants  de  cette  contrée  se 
joignent  ici  sous  le  nom  respectable  de  Chrétiens  pour 


—    (37  — 

V(Kis  supplier  mianimemeut   de  leur   envoyer  un  sao-e 

Direclenr  pour  les  conduire  dans  la   voie   du   Saliît. 

L'innocence  des  enfants,  la  caducité  des  vieillards,  le 

désordre  même  des  plus  vicieux   sollicitent  fortement 

votre  (ha rite  pastorale  en  leur  faveur.   Plus  :  la  gloire 

de  la  religion  exposée  au  milieu  des  nations  sau\^ages, 

est  un  Tnotif  très  puissant  pour  toucher  votre  fcienv^eil- 

lance.     C'est  pourquoi  donc  ils    vous  prient  très  ms- 

tamment  de  considérer,  non  les  mauvaises  impressions 

que  l'on  a  voulu  vous  donner  de   leurs   mœurs,    mais 

votre  charité  paternelle,   afin    de  prévenir   les  'tristes 

égarements  d'un  troupeau  sans  pasteur. 

La  piédication  de  Monsieur  Payet  a  réveillé  tous 
les  cœurs,  en  a  touché  et  converti  plusieurs,  et  ils 
espèrent  que  le  compte  qui  vous  sera  rendu,  Monsei- 
gneur, par  ce  ministre  fidèle,  vous  touchera  aussi  à 
leur  endroit  d'une  manière  efficace.  En  conséquence, 
ils  offrent  leurs  bourses  et  leurs  facultés  pour  le  passa- 
ge de  celui  des  missionnaires  qui  leur  sera  confié.  S'il 
arrive,^  (vu  la  dieette  des  prêtres)  que  celui  qui  sera 
envoyé  ne  séjourne  que  quelques  mois,  il  aura,  le  prin- 
temps, tout  ce  qui  est  convenable  à  sa  personne  et  à 
son  caractère,  et  Tautomne,  il  sera  reconduit  en  son 
lieu  avec  le  même  soin  et  la  même  attention. 

Si  le  séjour  du  missionnaire  désiré  est  soutenu  et 
sans  interruption,  voici  son  revenu  annuel  porté  et 
garanti  dans  la  souscription  ci-jointe. 

Xos  vœux,  Monseigneur,  sont  sincères  et  unanimes, 
avec  ceux  de  tout  le  iJiocèse,  pour  la  conservation  de 
Votre  Grandeur.  jSTous  nous  flattons  d'obtenir,  avec 
votre  bénédiction  paternelle,  un  directeur  de  nos  âmes 
zélé,  expert,  charitable  et  prudent,  tel  que  Monsieur 
Payet,  au  moins  pour  ouvrir  la  mission  et  mettre  les 


—  6S  — 

choses  eu  bon.  oi-tln*  diitis  leur  priiK'iiK*.  Toi  est  l'es- 
(M^ir  tle  ceux  qui  <>iit  l'honneur  d'être,  avec  le  plu» 
protoml  respect. 

De  V«»lrc  Grandeur. 
Monseigneur, 
L.-s  în-s  liuini'lcs  et  très  obiîissants  serviteurs  et 

entants  en  Xotre-Seigiieur  ,Iosus-Chri*t 

Et.  Cainpii.n  J.  Bt  Barthe 

J.  IVrriii  J.  Sanguinet 

Bille >n  J.  Bt  LutVamhoise 

Louis  Gigon  tel  G.  Cotté 

C.  Catiii  "  Bte  Tabeau 

.\ï.  Brisbois  A.  Marchand 

[).  Boura-^sa  Marcliesseau 

R.  Dcpay  (^is  Cliaboillez 

.!*[.  Defond  Jean  Rcevy  k  Co 

Laurent  Bc'rtrand  C.  Gaulier 

Joseph  Ducharrne  N.  Rocheblave 

TjUc"  Chevalifr  ('arigna!» 
P.  fbieney 

Les  voyageurs  disent,  en  1786,  (prils  ont  été  privé?» 
depuis  onze  ans  d'aucuns  secours  spirituels.  Quel  mis- 
HÏonnaire  les  avait  visités  en  1775  ?  C'était  \l.  Pierre 
Gibault  qui,  ordonrii-  |trêtre  le  19  mars  176H,  avait  été 
tout  de  suite  envoyé  missionnaire  aux  Illinois.  Mais 
comme  on  va  le  voir,  il  s'était  d'abonl  arrêté  à  Mi- 
chilliinakinac  où  il  retourna  en  1775.  Tout  cela  est 
prouvé  par  <les  lettres  de  ce  missionnaire,  que  je  trou- 
ve assez  intéressantes  [K)ur  les  citer  ici. 

Monseigne\ir. 

.]'ai  riionneur,  dans  le  inornent  que  Je  pars  de  et» 
poste,  d'assurer  Votre  Grandeur  de  mes  respects  et  de 
vous  rendre  compte,  autant  que  je  le  puis  taire,   dan* 


—  69  — 

l'embarras  où  je  me  trouve,  de  ee  que  j'ai  tait  dans  ce 
poste.  Jusqu'ici  notre  voyage  a  été  des  plus  lent  et 
des  plus  péiiibb  par  la  quantité  de  pluie  que  nous 
avons  eue.  l)epnis  Montréal  jusqu'à  Michillimakiiiac, 
nous  avons  eu  vingt-deux  jours  de  degra  par  la  pluie, 
sans  compter  le  vent.  Ce  qu'il  y  a  de  consolant,  c'est 
que  nous  n'avons  manqué  de  rien,  c'est-à-dire  que 
nous  avons  eu  des  vivres  pour  nous  rendre,  sans  les 
épargner  ;  au  lieu  que  les  canots  qui  étaient  devant  et 
derrière  nous  ont  jeune  jusqu'à  vivre  de  tripes  de 
roches.  En  arrivant  dans  ce  poste,  après  avoir  diné 
chez  M.  le  commandant,  je  suis  entré  au  confessionnal 
et  n'en  suis  sorti  qu'après  dix  heures.  Et  cependant 
c'est  le  seul  jour  où  j'en  suis  sorti  le  plus  tôt.  J'ai  eu 
des  baptêmes  aussi  à  faire,  mais  je  n'ai  fait  qu'un  seul 
mariage.  J'ai  eu  de  la  peine  et  du  chagrin  dans  mon 
petit  séjour  ;  cependant  j'ai  eu  aussi  de  la  consolation. 
Ma  peine  a  été  de  ne  pouvoir  pas  rester  assez  long- 
temps pour  répondre  à  l'empressement  qu'une  quan- 
tité prodigieuse  de  voyageurs  m'ont  fait  paraître  pour 
faire,  me  disaient-ils,  des  confessions  depuis  trois  jus- 
qu'à dix  ans.  fis  m'ont  fait  toutes  les  prières  possibles 
|)our  me  retenir,  m'otFrant  de  nourrir  mes  gens  jus- 
qu'aux Illinois, de  m'y  accompagner  avec  deux  canots. 
Mais  n'ayant  ordre  de  Votre  Grandeur  que  pour  les 
Illinois,  je  crains  qu'il  n'y  arrive  quelque  malheur  par 
ma  faute.  Il  doit  partir  demain  matin  quatre  canots 
avec  nous  qui  vont  à  cetit  lieues  d'iei,  qui  ont  retardé 
huit  jours  exprès  pour  achever  leurs  confessions.  En 
un  mot.  Dieu  n'est  point  encore  tout  à  fait  abandonné 
dans  ces  lieux  ;  il  ne  faudrait  que  des  ouvriers  bien 
résolus  à  endurer  la  faim  et  la  soif  et  à  faire  un  carê- 
me continuel.  Comme  je  n'ai  point  laissé  M.  Despains 
jusqu'à  présent  et  qu'il  serait  fort  fâché,  s'il  n'arrivait 
pas  avec  moi  aux  Illinois,  je  n'ai  pu  rester  ici  que  huit 


—  70  — 

jours.  .IV sjière,  Nroiiseigneur,  être  trrs  hii-n  ro(;ii  aux 
Illinois,  selon  les  nouvelles  que  j'en  ai  remues.  Les 
Espagnols  ont  chassé  le  R.  Pîti^  Sieurin  de  leurs  vil- 
lages ;  le  commandant  anglais  l'a  tort  bien  re«,ni  :  ï-ans 
cela  sous  vingt-quatre  licurcs,  on  renvoyait  à  la 
mer.  Pctur  moi  je  suis  bien  cbarnic  qu'il  soit  de  mou 
bord.  J'ai  eu  en  ce  poste  la  visite  des  ï^auvag<'s  du 
R.  r.  Dujonais  (1).  Ils  le  regrettent  comme  le  ]>rc- 
mierjour.  Quelques-uns  sont  venus  à  confesse,  pjirce 
qu'ils  jiarlaient  fiançais  :  d'autres  l'auraient  bien 
voulu,  mais  nous  ne  nous  entendions  point.  Je  désire 
de  tout  mon  cœur  d'arriver  h  ma  destinée  pour  rem- 
plir les  vues  de  Dieu  et  celles  de  Votre  Grandeur  dont 
je  suis  avec  tout  le  respect  et  la  soumission 

Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

Gibault,  Pfre 
A  Michillimakina  ce  28  juillet  1768. 


1  11  avait  t  ti'  nji~>ii)nimiro  a  .Mitliillimiikiiwic  de  lT4i 
à  17<i5.  NtiUis  avons  une  lettre  de  lui  en  date  du  UJ  auùt 
1743.  Tangua}'  <'erit  sou  nom  :  l'iiM're-IiUc  l)ii  .laiinay. 
Liii  même  >igne  ]'.  jîiijaiinay.  J>e  même  Tanifiiay  le  tait 
mourir  le  17  n  vrier  ]~tS\.  Cependant  je  lis  dans  Les  Un>u- 
lint'S  (le  Québec  :  '•  \{\  juin  1780  :  nous  veii()n>  do  faire  une 
;,'rande  perte  jiar  la  mort  du  M.  V.  du  .lannay  S.  .1.  qui 
était  noire  conl»'hMur  <lepnis  l"ann<'e  17<!7."  Il  va  sans  dire 
«|ue  'l'an^^uay  ne  >ait  rien  de  cela  et  surtout  n'en  dit  rien. 
<^ui  auia  le  eoiirage  <le  reconinieneer  /><■  liépvrtoire  (it'Uèrul 
rlu  Clcr^/é  CaïuKlirn  '!  Iax  seconde  «dit ion  est  incom|tlète. 
souvent  inexacte,  tout  ce  (|ue  vous  voudrez.  Kl  cependant 
comfiien  importante  et  intéressante  elle  eût  t'té  et  ^e^a^t 
encore  surtout  !  Pour  juiMior  une  autre  édition — vraie, — 
il  sutlirait  et  il  faudrait  (pi'un  prêtre  ituelligeiit.  retin^  <lu 
W(/n/'.s/t/v?,  eût  la  ))alienee  <io  se  traus))f>rter  <révêclu?«  en 
t'vêchés,  et  de  |)aroi.^.ses  en  paroisses,  et  d'épuiser  toutes  leii 
autres  sources  d'inlortuations. 


—  71  — 

Le  9  octobre  1775,  je  vois  que  M.  Gibaiilt  est  re- 
tourné faire  la  mission  de  Michillima  duac,  car  ce 
jour-là,  il  écrit  une  longue  lettre  à  l'évêque  pour  lui 
rappeler  que  depuis  sept  ans  il  travaille  et  s'épuise  au 
milieu  d'épreuves  et  de  privations  de  toutes  sortes, 
ayant  fait  "  quatre  campagnes  dont  la  moindre  était 
de  cinq  cents  lie-ues,"  et  il  termine  en  demandant  une 
cure  au  Canada.  Le  4  décembre,  il  écrit  la  lettre  sui- 
vante : 

Monseigneur, 

Quoique  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  écrire  de  Michil- 
liinakinac,  se  trouvant  un  courrier  extraordinaire  du 
Détroit,  quoiqu'il  en  coûte,  je  ne  peux  manquer  de 
vous  assurer  de  mes  très  humbles  respects  et  de 
vous  renouveler  tout  ce  que  je  vous  ai  déjà  mandé 
dans  celle  de  Michillimakinac  Je  vous  apprendrai  de 
plus  qu'étant  arrivé  dans  ce  dernier  poste  en  septem- 
bre, j'y  suis  resté  jusqu'au  4  de  novembre,  fomlé  sur 
Tintuillibilité  de  l'arrivée  d'une  barque  qu'on  attendait 
déjà  quand  je  suis  arrivé,  de  Montréal.  Voyant  enfin 
(ju'on  attendait  en  vain  et  qu'il  me  fallait  hiverner, 
dans  cette  cruelle  alternative,  j'ai  mieux  aimé  risquer 
périr  le  long  du  lac  Huron  que  de  passer  l'hiver  en 
cet  endroit  ;  et  dans  un  petit  canot  d'écorce,  avec  un 
homme  et  un  enfant  à  leur  premier  voyage,moi-meme 
n'y  ayant  passé  qu'une  fois,  il  y  a  seize  ans,  (1)  ne 
faisant  rien  dans  un  bateau,dormant  toutes  les  nuitset 
bien  souvent  le  jour,et  par  conséquent  ne  remarquant 
guère  les  endroits  difficiles  qui  ne  laissent  pas  d'être 
communs  dans  ce  mauvais  équipage.    Résout  à   tout 


(1;  M.  (îibault  n'iivait  alors  que  vingt-deux  uns  et  il 
iK"  lut.  ordonné  prêtre  qu'à  l'âge  do  trente  et-un  ans.  Peut- 
Titre  est-ce  s/x'  ani>  qu'il  taut  lire  au  lieu  de  seize  ? 


événement,  gouvernant  moi-niêrm'  mon  raiiot,  dans 
les  glaces,  les  lu'igi'S  dont  il  v  avait  huit  pouces  dans 
les  pays  plats,  parmi  les  vents  et  les  teiiiftètes,  dans 
une  saison  où  jamais  personne.  <le  mémoire  d'homme, 
ne  s'est  mis,  en  vingt-deux  jours  je  me  suis  rendu  au 
Détroit.  (1)  Voilà  dix  jours  que  j'v  suis  arrivé.  La 
rivière,  dès  avant  mon  arrivt'e,  est  couverte  de  glaces 
et  on  ne  traverse  d'un  bor<l  à  l'autre  (jue  (tomme  de 
Québec  à  la  l'ointe  Lévi  dans  l'hiver.  J'y  suis  donc 
dégradé.  Peut-être  en  partirai-je  cet  hiver  ;  peut-être, 
comme  me  le  «lisent  tous  les  anciens,  n'en  partirai-je, 
•  ju'en  njars.  Dieu  soit  béni  !  La  misère  que  je  viens 
de  subir  de  Michillimakiiiac  ici  m'a  rendu  si  insensi- 
ble que  je  ne  ressens  qu'à  moitié  la  peine  de  n'avoir 
pu  me  rendre  aux  Illinois.  Je  ferai  tout  rnon  [lossible 
jiour  ne  pas  me  reixlre  inutile  au  Détroit,  et  pt)ur  sou- 
lager les  deux  vieillards  vénérables  qui  le  desser- 
vent, {-2} 

r.  Gibault  Ptre 
Au  Détroit,  ce  4e  décembre  1775. 

l)'après  la  requête  des  voyageurs,  >L  Pay<-î  les 
avait  évangéhscH  en  178G  s'en  retournant  du  Détroit 
en  Canada.  I>e  fait  il  fut  nommé  curé  de  Saint-Antoi- 
ne, rivière  Chambly,  le  22  se]»tembre  suivant.  Mai?; 
touché  de  la  bonne  volonté  et  des  louables  désirs  des 
vovag«*urp,  encouragt'  sans  doute  par  son  évê<|Ue,  ce 
digne  jirêtre  retourna  donner  une  mission  à  Michilli- 
makinac,  l'année  suivante,  comme  le  jirouve  sa  lettre 
adressée  à  Mtrr  Hubert.  La  voici  : 


(1)  De  Michilliinakinae  au  J).  troit,  il  y  a  12(1  lieues. 

(2)  Lo  l'i-re  Pierre  Potier,   jiHuite,  et    le   Prie    Hoc«|iiet. 
Le  ainijfli ,  n'collet. 


—  73  — 

De  Michillimakinac,  août  14,  1787. 
Mon^eiii'iieur, 

Il  n'y  a  ici  rien  d'extraor-dinaire.  Les  choses  vont  à 
peu  près  comme  l'année  dernière. 

L;t  moisson  du  père  de  famille  n'est  pas  si  considé- 
rable qu'elle  a  été  l'année  précédente,  parce  que  les 
vovageurs  n'ont  pas  séjourné  si  longtemps  à  Michilli- 
niakinac  que  de  coutume.  Cependant  il  s'est  trouvé 
encore  un  certain  nombre  de  dévots  malgré  la  multi- 
tude des  impies. 

ISTous  avons  fait  à  l'église  quelques  réparations  in- 
dispensables, comme  de  la  fermer,  la  plancher,  etc., 
mais  le  tout  avec  l'agrément  du  commandant,  le  capi- 
taine Scot.  La  lettre  ci-incluse  passe  pour  être  de 
Monsieur  De  la  Valinière  qui  paraît  tracasser  beau- 
coup aux  Illinois,  si  on  ajoute  foi  à  plusieurs  qui  en 
arrivent.  (1) 

Mes  confrères  du  Détroit  m'ont  fait  savoir  de  leurs 
nouvelles.  Ils  sont  en  bonne  santé.  Je  me  dispose  à 
les  rejoindre  dans  une  dizaine  de  jours,  si  le  capitaine 
Borth  vient  selon  mes  désirs.  Lorsque  j'aurai  rempli 
ma  mission  au  Détroit,  je  rendrai  à  Votre  Grandeur 
un  compte  détaillé  de  tout  ce  qui  mérite  votre  atten- 
tion. Je  passe  sous  silence  l'histoire  de  mon  voya^-e, 
crainte  de  vous  fatiguer  plus  longtemps  ;  mais  je  dirai 
seulement  que  je  suis  passé  jusqu'ici  sans  aucun  ac- 
cident. 

Honneur  d'être  avec  un  profond  respect,  de  Votre 
Grandeur,  Monseigneur,  le  très  humble  et  très  obéis- 
sant serviteur 

I^ayet  Ptre 

(1)  J)ans  un  prochain  article,  je  consacrerai  quelques 
\niges  à  la  mémoire  de  cet  abbé. 


—  74   — 

D'aïuv.-*  k's  neus  «-i-rits  à  îSaint- Antoine  par  M.  U* 
«.uiv  l'ayet,  il  tut  abîment  de  sa  paroiaso  piur  la  mis- 
sion de  Mieliilliniakinac,  depuis  le  17  juin  jusqu'au  1,') 
octobre  1787. 

Je  ne  sais  si  ce  poste  fut  visité  par  d'autres  mission- 
naires de  1787  à  1799.  Cette  dernière  année,  on  y 
trouve  M.  l'abbé  Gabriel  Richard  qui  rend  compte  de 
su  visite  à  Mgr  Carroll,  évè(jue  de  Baltinjore,  (pii  l'a- 
vait noininé  au  Détroit.  (1)  Aujourd'hui  la  paroisse  de 
Micbillimakiimc  s'appelle  encore  Saint- Ignace^  comté 
de  Maclsinac.  et  il  y  a  un  curé  résident. 

Voici  quehpies  passages  du  ra{>port  de  M.  Richartl  : 
*' J'ai  quitté  Détroit  le  20  de  juin,  dans  un  vaisseau 
américain,  et  après  une  tempête  terrible  sur  la  baie  de 
Saginaw  et  sur  le  lac  Eluron,  nous  sommes  arrivés  à 
Mackinaw  le  29  du  même  mois.  Ici  je  rencontrai  un 
grand  nombre  de  personnes  ;  car  près  de  mille  hom- 
mes visitent  cet  endroit  durant  la  saison  d'é-té,  mais  la 
plupart  n'y  séjournent  que  quelques  semaines.  C'est 
le  lieu  de  rendez-vous  des  traitants  du  lac  Michigan, 
de  .Mississipi,  du  lac  Supérieur  et  d'autres  lieux,  et 
l'on  y  trouve  (MiKjuante  maisoîis. 

J'y  trouvai  toute  une  pépinière  d'entants  et  je  sup- 
plée les  cérémonies  du  baptême  à  trente  d'entre  eux. 
Ils  étaient  tous  âgés  de  plus  de  sept  ans,  la  plupart 
illégitim(;s.  Il  est  |^K*nible  de  constater  que  tant  de 
]»auvres  cré-atures  soient  abandonnées  sans  instruction 
religieuse  ;  car  c'est  à  j)eine  s'il  s'en  tnjuviî  ([ui  peu- 
vifUt  taire  le  signe  de  la  croix.  . .  . 

M.  Richard  r(;tourna  à  Michillirnakinac  en   1821. 
I>>ans  une  lettre  à  sfni  évêque,  il  rappelle   la  mémoin» 
tlu  l*.  Marquette,  l'illustre  fondateur  de  cette  mission, 
{A  suivri) 

MoK  Henri  Têtu 


(  1  )   \'oii-  I  iiiti're.->.->uiiL»î  notice  sur  L'dhbédabriel  Richard 
p:ir  M.  N.-K.  i)ionne,  page  13. 


10    

LA  FAMILLE  MYRAND 


M.  l'abbé  li.-A.  i-'cott,  dans  son  ouvrage  :  Uiie  pa- 
roisse historique  de  la  Nouvelle-France,  Notre-Dame  de. 
Sainte- Foij,  fait  erreur  lorsqu'il  écrit,  au  chapitre 
28èine,  page  411  : 

''  Originaire  du  Poitou  Jean  Migneron  dit  LaJeu- 
nesse  a  eu  une  non)breuse  postérité,  et  son  nom, trans- 
formé en  celui  de  Mignerand  puis  de  Myrand,  hono- 
rablement porté  par  plusieurs  familles  de  Sainte-Foy, 
ne  paraît  pas,  grâce  à  Dieu,  en  danger  de  s'y 
éteindre." 

Jean  Migneron  dit  LaJeunesse  n'est  pas  l'ancêtre 
des  Myrand  de  Sainte-Foy  et  de  Québec,  non  plus  que 
des  Ma\rand  de  Deschambault.  (1) 

Ce  n'est  pas  le  nom  ,de  famille  Migneron,  qui  diffor- 
me insensiblement,  est  devenu  Mignerand,  puis 
Myrand,  mais  le  nom  d'une  paroisse  du  diocèse  de 
Poitiers  :  Meillerand.  Nous,  les  Myrand  actuels,  por- 
tons un  nom  de  village  en  guise  de  nom  de  famille, 
tout  comme  les  Languedoc,  celui  d'une  province  de 
France  (2). 


(1)  Xe  pas  confondre  les  Myrand  de  Québec  et  do  Sainte- 
Foy  avec  les  Mayrandde  Dcschambault  :  ceux-ci  ont  pour 
ancêtre  Louis  >[éran  ou  Mérand.  Il  était  marié  à  Marie 
iSauvageau.— Il  est  au  Cap  Santé  dès  1689  :  plus  tard,  vers 
1750,  ies  Mérand  (Méran,  Mérand,  .Afayrand)  sétablissent 
à  Descbarabault.  Cf  :  Dictionnaire  Généalogique,  tome  I, 
page  424  et  tome  V,  page  600. 

(2)  Le  nom  de  famille  des  Languedoc  est  Garigue, 
Garigue  dit  Languedoc.  Cf.  Dictionnaire  Généalogique, 
tome  IV,  page  178. 


—  76  — 

Si  M.  î'abbé  Sc<»tt  veut  bien  consulter  le  Dirtion- 
nidi'f  G^né(il.oifi<(Ht'  de  l'abbé  Tant^uay,  aux  pages  257 
et  258  ilu  tome  Vir,plus  le  Recensement  'fe  In  fxirois.'^i' 
Notre- D" me  (h.  Québec,  année  1744,  préparé  par  l'abbé 
Jacrau.plus  les  reiri>tres  de  la  paroisse  do  Saiiite-Foy. 
année  1790  et  17î«4.pkisentin  I'îs  *'  papiers  de  famille  '" 
du  son  paroissien,  m->n  cousin  Georges  Myrund.  culti- 
vateur de  /'/  Sut'dr.  il  constatera  comme  moi  que  l'an- 
cêtre des  Myrand  au  Canada  se  nommait  Guillaume 
Taphorin.  i-t  non  pas  Jean  Migneron  dit  I^a  Jeunesse. 

*** 

Il  y  j'vait  déjà  près  de  trente  ans  «pie  Jean  Migneron 
dit  La-Ieunessi'  «'tait  mort  (1)  (piand  Guillaume 
Taphorin,  de  (Québec,  épousa,  à  "  Notre-Dame  de 
Loiotte  l'ancienne  ".  le  23  novembr»-  17-9,  Marie- 
Louise  Routier,  coin  me  il  appert  au  document  sui- 
vant : 

"  Aujourd'hui,  vingt-troisième  jour  du  mois  de 
novi-mbre  de  l'anné-e  mil  sept  cent  vingt-neut,  après 
la  publication  des  trois  bans  de  mariage  faite  tant 
dans  la  paroisse  de  (Québec  que  dans  celle  de  N'otre- 
Danx'  de  r>orette  l'ancienne,  suivant  le  certificat  île 
\I.  J>oulard,  curé  de  (Québec,  du  22  du  présent, d'entre 
(4uillaunie  Tajihorin  ûU  de  dean  Taphonn  et  de 
Jeanne  Merigone,de  la  paroisse  de  Meillerand,évesché 
de  Poitiers,  et  demeurant  dans  la  paroisse  de  Québec 
d'une  part,  it    Marie-Louise    Routier,    veuve    de    teu 


(I)  N«'  au  l'ojtoii  en  Il)36,  .Icaii  Mii^neran  dit  Laji'unessu, 
fpii  avait  i-pousé.  en  lt;57,  Marie  l'avio,  mourut  ù  Ste-Foy 
le  17  d<  ccrnlue  17U0,  ('(.  Dictionnaire  Ginialoqique,  tome 
l.  |>a4«-  i::i 


—  77  — 

Michel  B()i;h(tinme  (1)  de  cette  paroisse  de  Lorette 
d'autre  part  ;  le  dit  Taphorin,  époux  natif  de  la  pa- 
roisse de  Meilleraud,  évesché  de  -Poitiers,  ayant 
demeuré  pendant  plusieurs  années  dans  la  paroisse  de 
Québec,  je  soussigné,  prêtre  missionnaire,  faisant  les 
fonctions  euriales  de  la  paroisse  de  Notre-Dame  de 
Lorette  l'ancienne  certifie  avoir  reçu  leur  mutuel  con- 
sentement de  mariage  et  leur  avoir  donné  la  bénédic- 
tion nuptiale  suivant  les  rites  et  coutumes  de  notre 
mère  la  Sainte-Eglise  catholique. apostolique  et  romai- 
ne, et  ce  en  présence  de  Jean-Baptiste  Juneau  et 
François  la  Ros  {Larault  f)  amis  de  l'époux  et  de 
Charles  Routier,  père  de  l'épouse,  Elizabeth  Routier, 
sœur,  Ignace  Bonhomme,  Nicolas  Bonhomme,  Pierre 
Botdîomme,  Nicolas  Bonhomme,  Michel  et  Etienne 
Moisand  et  Jean  Morin,  beaux  frères  de  l'épouse  et 
témoins,  etc. — Jacrau  .Ptre  E.  D.  M. 

Guillaume  Taphorin,  mon  ancêtre,  se  maria  "vieux 
garçon  ",  c'est-à-dire  à  l'âge  de  45  ans,  comme  il 
appert  au  .Recensement  de  la  paroisse  de  Québec  (2) 
t'ait  par  Vahbé  Mathurin-Joseph  Jacrau  prêtre  du  Sé^ 
mil) aire  </e  Québec  exerçant  les  fonctions  euriales.  Ce 
travail  de  dénombrement  eut  lieu  entre  les  mois  de 
novembre  1744  et  avril  1745.  Taphorin  s'y  déclare 
âgé  de  60  ans  ce  qui  lui  donuD  45  ans  en  1729  et  fait 
remonter  sa  naissance  à  l'année  1684. 

Voici  l'extrait  dti  recensement  de  l'abbé  Jacrau 
quant  à  ce  qui  regarde  la  famille  de  mon  aucêtre  : 


(1)  l^^lle  l'avait  épousé  le  13  janvier  1720. 

(2)  Cette  archive,   encore  inédite,  fait    partie  du    trésor 
archéologique  du  Séminaire  de  Québec. 


—  78  — 

*' Paroisse  de  Québec,  rue  St-Louis,  no  77  (1) 

Guillaume  Taphoriu  dit  Milleraud,  bedeau.  60  ans 
— Femme  Louise  Routier,  veuve  Michel  Bonhomme, 
43  ans  Enfants  :  Michel  Bonhomme,  22  ans  ;  PiiTre 
Bonhomme,  16  ans  ;  Marie-Anne  Bonhomme. 19  ans; 
Jean-Baptiste  Millerant,  10  ans  ;  Nicolas  Taphorin, 
2  ans  ;  Marie  Tapliorin  Migneran,  13  ans;  Marie- 
Joseph  Migneran,  9  ans  ;  Louise  Migneran,  5  an.s  ; 
Angélique  Migneran,  3  ans." 

L'étude  de  cet  extrait  est  aussi  instructive  qu'inté- 
ressante. Elle  nous  apprend  d'abord  l'état  de  Guil- 
laume Taphorin  :  bedeau,  position  aussi  modeste  que 
pacifique.  Mon  ancêtre  évidemment  avait  des  goûts 
simples,  et  la  seule  ambition  de  toute  sa  longue  vie  fut 
d'être  à  la  tête  du  mouvement  religieux  de  l'époque.  . 
dans  les  processions  Cette  vanité  en  vaut  une  âut?  e. 
Ou  sait  encore  qu'il  demeurait  sur  la  rue  Saint-Louis. 
Il  n'en  faut  pas  conclure  ([u'il  habitait  un  château. 
Loin  de  là  c'étaient  les  petits  gens  qui  vivotaient  et  se 
terraient  à  la  haute  ville,  au  Mont  (Jarmel,  aux  Gri- 
sons, "  sur  le  Cap  "  enfin,  pour  parler  un  langage 
moderne.  L'aristocratie,  elle,  demeurait  à  la  '•  Ville- 
Basse  "  et  dans  le  voisinage  immédiat  du  Palais  des 
Intendants,  aujourd'hui  devenu  la  brasserie  Boswell. 

A  remarquer  encore  cette  singularité,ou  plutôt  cette 

(1)  Ce  numéro  77  n'est  pas  un  numéro  municipal  mais 
seulement  un  numéro  d'ordre.  iSoixante-treize  iamilles  de- 
meuraient alors  sur  hi  rue  St-Louis.  J-llks  sont  elass.'es 
pur  Jaerau  de  numûi-o  3!)  à  numéro  112  inclusivement.  Le 
recensement  de  '•  la  i)aroi3se  de  Qui'bec  "',  c'esl-à-dire  de  la 
ville  de  Québec,  en  1 7-i-i.  compte  1U51  familles.  A  raison  de 
(»  j)ersonnes  i»ar  famille — et  la  proi^ression  comparée  des 
recensements  de  1751"  et  de  17G5(Kn  1759,  7.511  et  en  17tJ5, 
i^,997.)  justifie  cette  moyenne,— la  population  de  Québec,en 
1744,  s'élevait  à  CtMOi',  âmes. 


—  79  — 

nég'igenee  orthographique  avec  laquelle  est  mené  le 
travaïl  du  reeensetnent  fait  par  Jacrau.  Dans  dix 
lignes  il  trouve  moyen  d'écrire  le  nom  de  son  parois- 
sien de  trois  manières  différentes.  C'est  d'abord  Guil- 
laume Taphorin  dit  Millerand,  puis  Millerant,  enfin 
Migneran,  trois  variantes  du  nom  de  la  paroisse  origi- 
naire, Meillerand. 

Autre  bizarrerie  encore  plus  rare.  Les  enfants  d'une 
même  famille  portent  des  noms  de  famille  différents  : 
voilà  qui  n'est  pas  banal,  n'est-ce  pas  ?  Ainsi  l'aîné 
des  garçons  s'appelle  Jean-Baptiste  Millerand,  et  son 
frère,  le  cadet,  Nicolas  Taphorin.  Il  y  a  plus  :  ils  chan- 
gent de  noms  entre  eux,  et  on  les  connaît  indifférem- 
ment, comme  ils  s'appellent  et  signent  eux-mêmes, 
tantôt  sous  le  nom  de  Taphorin  dit  Mignerand,  tantôt 
sous  celui  de  Mignerand  dit  Taphorin. 

En  voici  un  exemple  pour  chacun  de  ces  cas.  Le  14 
août  1758,  une  petite  tille  de  Guillaume  Taphorin  de 
Meillerand  est  enterrée  à  Québec.  Et  l'acte  de  sépulture 
<lit  :  '•  Marie-Thérèse  Landry,  fille  d'Hilarion  Landry 
et  de  Marie  TapliOrin  dit  Mignerand." 

Quatre  ans  plus  tard,  le  8  février  1762,  date  du 
mariage,  à  Beauport,  de  Jean-Baptiste,  l'aîïié  des  en- 
fants de  Guillaume  Taphorin  de  Meillerand,  le  marié 
est  désigné  à  l'acte  comme  "  fils  de  feu  Guillaume 
Mignerand.  dit  Tajihorin." 

En  faisant  porter  à  son  fils  aîné  le  nom  de  Meille- 
j-and— nom  qu'il  avait  pris  lui-même  dès  son  arrivée  à 
Qoéhec  -Guillaume  Taphorin  voulait  perpétuer  dans 
la  mémoire  de  ses  enfants  le  souvenir  de  sa  paroisse 
natale,  du  petit  village  qu'il  avait  quitté  pour  venir 
ici  fonder  une  famille  qui  allait  continuer,  au  Canada, 
les  traditions,  la  langue  et  la  foi  du  pays  ancestral,  de 
la  France,  première  mère-patrie. 

L'un  des  prédécesseurs  de  M.  l'abbé  Scott  à  la  cure 


—  so- 
dé   la    paroisse     Sainte-Foy,    fei)     M.    l'abbr  Jérôme 
Sasseville,  m'écrivait  à  la  date,  déjà   lointaine,    du    4 
janvier  1889  : 

"  Jean-Baptiste  Taphorin,  fils  de  l"ancêtre,  c'est-à- 
dire  du  chef  de  la  famille  au  Canada,  a  commencé  de 
prendre,  le  premier.  (1)  le  nom  de  Taphorin  dit  Meil- 
lerand.  Cette  particularité  pourra  vous  faciliter  peut- 
être  le  travail  dans  vos  recherches  sur  les  oriçrines  de 
votre  famille  dont  le  nom  a  subi  plusieurs  altérations 
orthographiques  :  Meillerand,  Millerand,  Migiicrand. 
Migneran,  Miran,  Myrand." 

Le  nom  de  l'ancêtre,  Guillaume  Taphorin  de  Meil- 
lerand aî»parait,  pour  la  dernière  fois  sur  les  registres 
de  la  paroisse  Xotre-Danie  de  (Québec,  le  5  avril  1750, 
com.me  témoin  à  l'acte  de  sépulture  de  Jean  Chabot, 
journalier,  mort  k  24  ans.  Son  propre  acte  de  sépulture 
demeure  introuvable  et  mes  plus  actives  recherches 
dans  les  archives  des  paroisses  de  Québec,  Ancienne- 
Lorette  et  Beauport  n'ont  rien  découvert.  S'est-il  fait 
tuer  aux  batailles  du  18  septembre  1759  ou  du  28 
avril  1760?  L'événement  en  est  possible,  mais  peu 
probable.  En  1759,  Taphorin  avait  /5  ans.  C'est  très 
vieux  pour  s'en  aller  mourir  sur  un  champ  de  bataille, 
et  là  plupart  des  septuagénaires  trouvent  suffisam- 
ment amer  d'agoniser  dans    un    lit.     Tout    de    même 


(1)  Labbé  Sassevi  le  commet  ici  une  l^'i^vro  erreur, 
(iuiliaume  Taphorin.  le  chef  de  la  famille  au  Canada.ct  non 
pas  son  tiis  .lean-Baptiste,  abien  ('tL-  le  premier  à  ])rondre 
]>our  lui  môme,  et  A  l'imposer  ensuite  A  ses  enlanls,  le  nom 
de  Meillerand,  comme  il  appert  à  l'acte  du  baptême — 23 
mars  1841,  registres  de  N.-l)  de  (Québec— de  son  dernier 
enfant,  Marie- An -^ff'lique  Taphorin  :  tllle  de  G-uillaume 
Ta]>horin  dit  Millerand  ".  A  cette  date— 2;}  mars  1741— 
.Jean- Baptiste  Taphorin  n'avait  que  sept  ans. 


—  81  — 

Gaineau,  notre  historien  national,  nous  raconte  qu'à 
"  l'aliaire  "  de  Sainte-Foy  on  remarquait  dans  les 
rangs  de  l'armée  canadienne-française  des  enfants  de 
quatorze  ans  et  des  vieillards  de  quatre-vingt  quatre  ! 
Gui!laiinie  Taphorin  était  alors  assez  jeune  pour  en 
être.  Ce  qui  expliquerait,  glorieusement  pour  lui,  le 
silence  des  registres  au  sujet  de  sa  mort  et  de  sa  sé- 
pulture. 

Tout  ce  que  l'on  sait  de  positif  est  que  Guillaume 
Ta[)horin  était  décédé  en  1762,  comme  il  appert  à 
l'acte  de  mariage  (8  février)  de  Jean-Baptiste  Migne- 
rand  dit  Taphorin  "  fils  de  feu  Guillaume  Mignerand 
dit  Taphorin  et  do  défunte  Louise  Routier,  ses  père  et 
mère  de  la  paroisse  de  Québec.  (1) 

#*# 

Jean-Baptiste  Taphorin  dit  Millerand,  établi  à 
Beauport,  était  cultivateur  et  maître-maçon.  Il  épousa, 
le  8  février  1762,  Marie-Thérèse  Parent.  Sa  famille  se 
composait  de  dix  enfants.  (2)  Le  14  novembre  1788,  il 
acheta   des  sieurs   Joseph    Dupont,   père    et    Joseph 


(1)  Sa  femme,  Louise  Routier,  l'avait,  de  plusieurs  nn- 
nt^os  précédé  dans  la  tombe.  Elle  était  d-^cédéc  le  5  m»i 
1756,  à  Québec. 

(2)  Jean  Baptiste — Marie- Joseph — François — Louise  — 
Dominique — Michel — Mario- Louise — Magdeleine —  Angéli- 
que— Marguerite.  Dominique— né  le  4  août  1784,  mort  en 
août  1849 — était  mon  grand  pore.  11  épousa,le  l«r  juin  1813, 
Cécile-Adélaïde  Huppé.  De  ce  mariage  naquirent  sept 
enfants  :  Dominique-Prosper,  Louis- Japhet  (né  le  9  mai 
1824,  mort  le  19  août  1860),  Jean-Samuel,  Louis-Eusèbe, 
Cécile- Adélaïde,  Catherine- Sara,  Samuel- Achille.  Je  suis 
le  fils  de  Louis- Japhet,     E.  M. 


—  82  — 

Dupont,  fils, — par  acte  passé  devant  Maître  Desché- 
naux,  notaire  pub'io — "  une  torre  située  en  la  p  irois.se 
Je  Sainte-Foy,  côte  St-Pierre  on  La  Suède,  de  quatre 
arpents  et  demie  de  front  sur  trente  arpents  de  pro- 
fondeur " — laquelle  terre  les  dits  Joseph  Dupont 
avaient  achetée  d'Eustache  ïlarnois  et  <le  Marie- 
Thérèse  Chabot,  le  13  juillet  1767.  (1) 

Cette  terre  appartenait  à  Eustache  L-.unbert  bieri 
avant  cette  date  du  13  juillet  1767,avant  même  (pi'elle 
fit  partie  de  la  paroisse  Saintc-Foy,  alors  qu'elle  était 
enclavée  dans  le  territoire  de  la  "  Vieille  Lorette  "  — 
l'Ancienne  L)rette  d'aujourd'hui — jomme  il  appert  \ 
l'Ordonnance  du  3  mars  1722  délimitant  alors  les 
bornes  de  la  paroisse  de  Sainte-Foy  : 

"  L'étendue  de  la  paroisse,  de  la  dite  côte,  sera 
d'une  lieue  et  demie,  tant  sur  le  Heuve  St-Laurent(jue 
sur  la  rijute  de  St-Michel  dite  de  St-Jean,  ;\  prendre 
sur  le  fleuve  depuis  les  terres  de  St-Michel  et  sur  la 
route  depuis  le  ruisseau  Prévost  jusqu'à  la  Rivière  du 
Cap  Rouge,  et  les  profondeurs  de  la  dite  paroisse  ([ui 
n'étaient  que  d'environ  soixante-dix  arpents  du  côté 
du  nord-est,  à  prendre  du  bi»rd  du  fleuve,  seront  aug- 
mentées des  terres  de  Pierre  et  André  Ilamel, 
Eustache  Jfarvois,  Lucien  et  François  Poitras,  Jean- 
Baptiste  et  Charles  Drolet,  Alexis   Alexandie   et    du 


(1)  Ci.  (îrcrtbs  (les  notaires  l)ii  Laurent  et  Saniîiiinel,  à  la 
date  prJciLéo  ;  L-'o  (xi-etfo  du  notuiro  J.-H.  Punet.  minute  du 
20  juin  lT'Ji>,en(Jossée  :  Partage  de  mobiliers  et  immobiliers 
<lo  la  e(jiiimunaiit(';  ipii  a  ité  entre  le  Sioiir  J.-Ble  Taphorin 
dit  Migrieran  el  feue  Mai'io  Thérèse  Parunt  '"  ;  3<)  <ii"i'lle  du 
notaire  KoLÇor  LeTuvrc,  minute  du  IH  juillet  I820,eudoss('e; 
"Déclaration  deJ-Hte  Migiuran  II I  -  :i  l'oberl  Chris- 
lie,  Kcr." 


—  83  — 

sieur  I)  'stara;*!:*,  qui  sont  présentement  de  la  paroisse 
<le  la  Vieille"  f/.rette."  (1) 

L'année  suivante  (1789)  J.-Bte  Taphorin  dit  Mille- 
rand  quittait  Bv^auporr,  où  il  avait  vécu  plus  d'un 
quart  de  siècle,  et  venait  prendre  possession  de  la  terre 
des  Dupont,  devenue  sa  propriété. 

C'est  donc  en  1789,  et  pas  avant  cette  date,  que  les 
Mvrand  s'établissent,  comme  cultivateurs,  à  Sainte- 
Foy. 

L'année  suivante,  ils  font  une  autre  prise  de  posses- 
t^ion — plus  solennelle,  celle-là,  et  plus  permanente  que 
l'autre.  Ils  entrent  au  cimetière  de  la  paroisse.  Le  28 
Janvier  1790,  Marie-Thérèse  Parent,  décédée  dans  la 
lorce  de  l'âge,  à  47  ans,  y  est  enterrée.  Quatre  ans 
plus  tard,  le  12  mai  1794,  Jean-Baptiste  Taphorin  dit 
Mignerand  vient  y  rejoindre  sa  femme.  M.  l'abbé 
Scott  n'aura  qu'à  référer  aux  dates  précitées  dans  les 
registres  de  la  paroisse  pour  y  retrouver  leurs  actes 
de  sépulture. 

Le  fils  aîné  de  Jean-Baptiste  Taphorin  dit  Migne- 
rand, né  le  5  décembre  1762,  portait  le  prénom  dé  son 
père  et  s'appelait,  lui  aussi,  Jean-Baptiste. 

11  épousa  en  prcmièn-s  noces — 5  octobre  1795  — 
Mario-Madeleine    Drolet,  comme    lui    de    la  paroisse 


(  1)  Lu  (Icliinitalion  de  la  borne  siid-oufst  de  lu  ])aroi.-.se 
lie  la  Vieille  Lorelle  ri'])ùte  exactement  les  trois  dernières 
iio;nes  du  panii^niphe  pn'cilé  :  " et  du  côté  du  sud- 
ouest  depuis  l'habitation  d'Ignace  Siilloir  jusrqu'à  celle  do 
Louis  Bonin.  :)  l'exception  des  terres  de  Pierre  et  André 
Hamel,  Eustache  Harnais,  Lucien  et  François  Poitras. 
.lean-Baptiste  et  Charles  Drolet,  Alexis  Alexandre  et  du 
sieur  Destargis,  «pii  en  demeureront  distraites  et  Jointes 
comme  elles  le  sont  ci  dessus  à  la  paroisse  Sainte-Foy  ". 
€f  :  Edlt&  et  ordonnances^  vol.  I,  ])age  44(i. 


—  84  — 

Sainte-Foy.     Elle  était  fille     d'André    Drolet    et    de 
Marie-Madeleine  Poitras. 

En  secondes  noces,  Jean-Baptiste  II  Tanliorin  dit 
Mignerand  épouse— 29  juillet  1817 — Marie-Josephte 
Gauvin,  tille  de  François  Gauvin  et  de  Marie- Agathe 
Dérocher. 

Huit  enfants  naquirent  de  ces  deux  mariages.  (1) 
L'un  d'eux,  Jérôme,  l'ainé  des  enfants  du  premier  lit 
hérita,  du  vivant  de  son  père,  de  la  maison  et  du  bien 
paternels.  Devenus  vieux,  Jean-Baptiste  H  Taphorin 
et  sa  seconde  femme  "  se  donnèrent  "  à  lui  aux  condi- 
tions ordinaires  d'un  pareil  contrat. 

L'acte  tait  connaître  aussi  la  raison  (jui  motiva  le 
choix  des  "  bonnes  gens  "  :  "  parce  quti  leur  dit  tils 
Jérôme  a  témoigné  envers  eux  plus  du  tendresses  et 
d'égards."  Jérôme  Myrand  (pour  employer  mainte- 
nant l'orthographe  moderne  et  actuelle  du  nom) 
épousa,  le  29  août  1837,  à  Charlesbourg,  Marie-Jo- 
sephte Ampleman.  tille  de  Charles  Ampleman,  culti- 
vateur, et  de  Marie-Marguerite  Pageot.  (2)  Onze 
enfarits  naquirent  de  ce  mariage,  et  M.  Georges 
Myrand,  l'aîné  d'entre  eux,  est  actuellement  en  pos- 
eession  de  "  la  maison  et  du  bien  paternels."  Cette 
maison  et  ce  bien,  qui  portent  aujourd'hui  le  numéro 
30  du  cadastre  otiiciel  de  la  paroisse  Sainte-Foy,  sont 

(1)  Quatre  garçons  et  quatre  filles.  Les  garçons  se  nom- 
maient .Jérôme,  Jean- Ikiplisle,  Loui.s  et  Mieliel.  Jean-Bap- 
tiste est  le  grand  pure  de  M  Jeuii-H;i|>tiste  Myrand,  le 
maître  da  ]>o.-ile  du  Sénat,  à  Ottawa.  Louis  est  le  grand 
père  de  M.  L^on-II.  Myrand,  le  gérant  de  la  CV)m|iagnie  de 
Navigation  lîiehelieii  k  Ontario,  à  (Québec.  Michel  est  le 
grand  pèr<;  de  .M.  iSifroi  Joseph  .Myrand,  marchand,  le  chef 
de  la  raison  .sociale  .Myrand  &  PouJi'H  à  St-lioclide  Québec, 

(2)  Jéiôme  Myrand  csL  décédé,  le  4  septembre  IH  0,  à 
l'âge  de  77  ans;  sa  femme,  Marie-.JosepliLe  Ampleman,  est 
morte  le  8  février  1889, à  l'âge  de  73  ans. 


—  85  — 

encore  aujourd'hui  lu  maison  et  la  terre  que  les  sieurs 
Joseph  Du]K)iit,père  et  tils, vendaient,  le  14  novembre 
17»8,  à  Jean-Baptiste  Taphorin  dit  Meillerand,  de 
JJeauport,  eultivutear  et  maître-maçon,  terre  qu'eux- 
mêmes  avaient  achetée  d'Eustaehe  Ilaruois  et  de 
Marie-Thérèse  Chabot,  le  13  juillet  1767. 

Telle  est,  appuyée  sur  des  doctunents  d'une  valeur 
probante  incontestable,  l'histoire  modeste  mais  au- 
thentique des  orii>;ines  de  la  famille  Myrand  au 
Caïuida. 

Son  chef  et  fondateur,  Guillaume  Taphorin,  venu  à 
(Québec  vers  Tannée  1725,  se  marie  en  1729,  et  meurt 
entre  les  années  1759  et  1762. 

L'aîné  de  ses  enfants,  Jean -Baptiste,  s'établit  d'a- 
bord à  Beauport,eii  1762,où  il  demeure  vingt-six  ans  ; 
puis,  au  printemps  de  1789,  il  vient,  avec  toute  sa 
famille,  prendre  possession,  à  Sainte-Foy,  Gô'e  Saint- 
Pierre  (aujourd'hui  Chemin  de  la  Suède)  d'une  terre 
qu'il  avait  achetée  l'automne  précédent  (1788)  des 
sieurs  Joseph  Dupont,  père  et  fils. 

Depuis  cent  quinze  ans  ses  descendants  occupent  sa 
maison  et  possèdent  sa  terre  qu'ils  garderont,  j'en  ai 
la  certitude,  aussi  longtemps  qu'ils  auront  l'honneur 
d'être  cultivateurs. 

Ernest  Myrand 


LAC  SLMCOE 


Le  général  Simcœ, lieu  tenant-gouverneur  du  Canada 
Supérieur  lors  de  l'octroi  de  la  constitution  de  1791, 
fonda  York  ou  Toronto.  Il  servit  depuis  à  Saint  Do- 
mi  ngue  et  dans  la  Méditerranée,  et  devait  conduire 
12,000  hommes  à  la  défense  du  Portugal,  si  le  prince 
régent  de  ce  pays  y  eût  consenti  Un  des  lacs  de  la 
province  d'Ontario  a  retenu  son  nom. 


—  86    - 

L'HONORABLE  ALEXANDRK-EDOUARl) 
KIERSKOWSKI 


M.  Kierskowski  miquit  tU.ns  le  gratxl  duché  de 
l'ostMi  en  1816.  Son  ])ère  nvait  fervi  avec  distinction 
dans  les  armées  du  premier  empire. 

Pendant  la  révolution  de    1830-31,   le  jeune   Kiers 
kowski  combattit  en  Pologne  à  côté  de  son  père,  piMjr 
la  cause  nationale,  et  reçut  deux  blessures. 

Forcé  de  prendre  le  chemin  de  l'exil,  il  se  rendit  à 
Paris  où  il  étudia  le  génie  civil 

C'est  en  1841  qu'il  vint  au  Canada.  Jl  se  livra  à  sa 
profession  et  à  diverses  entreprises  industrielles. 

Elu  le  2  novembre  1858  au  Conseil  Législatif  j»our 
la  division  de  Montarville,  il  lut  i)rivé  de  son  siège 
par  une  contestation. 

Le  13  juillet  1861,  il  fut  élu  à  la  Chambre  d'Assem- 
blée par  le  comté  de  Verchères.  Cette  fois  encore  son 
siège  lui  fut  enlevé  par  la  décision  d'un  comité  nom- 
mé pour  juger  de  la  contestation  des  élections. 

Il  fut  plus  lieurenx  sous  le  régime  de  la  Confédéra- 
tion. Le  10  septembre  1^;67,  il  fut  élu  par  le  comté 
de  Saint-Hyacinthe  pour  la  Chambre  des  Communes. 

L'honorable  M.  Kierskowski  mourut  à  Saint-Ours 
le  4  août  1870,  et  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint- 
Charles  de  Richelieu, 

"  M.  Kierskowski,  partisan  politique  dévoué  et 
énergique, avait  su  dans  la  vie  privée  s'attirer  l'estime 
de  ses  adversaires  par  de  nobles  qualités," 

Il  s'était  marié  deux  fois  :  en  premières  noces,  à 
Louise,  fille  de  l'honorable  M.  Debartzch,  et,  en  se- 
ondes  noces,  à  Caroline- Virginie,  fille  de  l'honorable 
Roch  François  de  Saint-Ours. 


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l/liON.  ALEXANDRK-KDOUARD   KIBRSKOWSKI 


—  SS  — 
RÉPONSES 


Pierre  Lpsueur.  (IX,  V,  940). — Pierre  Lesneiir 
était  né  vers  1657  à  Notre-Dame  de  F[e(len,eii  Artois, 
du  mariage  de  Vietor  Lesiieiir  et   de  Anne  Honneur. 

Nous  ignorons  en  quelle  année  il  passa  dans  la 
Nouvelle  France.  Il  y  était  déjà  en  1681,  puisque  le 
14  juillet  de  cette  année  le  Conseil  Souverain  le  con- 
damne à  cent  livres  d'amende  pour  avoir  été  en  traite 
au  Sault  Sainte-Marie.  (1) 

M.  Suite  nous  apprend  qu'eii  1683,  Lesueur  était 
au  lac  Pépin  sur  le  Mississipi. 

En  168H,  le  nom  de  Lesueur  se  trouve  dans  l'acte 
de  prise  de  possession,  par  Nicolas  Perrot,  de  la  baie 
des  Puants,  de  la  rivière  des  Outagamis,  de  celle  de 
Ouiscouche,  et  du  Mississipi. 

L'année  suivante,  il  revient  dans  la  Nouvelle- 
France  et,  le  29  mars  1690,  il  épouse,  à  Boucherville, 
Marguerite  Messier. 

Dans  une  Relation  des  événements  les  ])lus  remar- 
quables arrivés  au  Canada  de  septembre  1692  au  dé- 
part des  vaisseaux  en  1693,  nous  lisons  : 

"  Lesueur,  un  autre  voyageur  va  rester  à  Chagoua- 
migon  et  va  essayer  de  maintenir  la  paix  récemment 
conclue  entre  les  Sauteurs  et  les  Scioux.  Ceci  est  de 
la  plus  grande  conséquence,  car  c'est  maintenant  la 
seule  voie  par  laquelle  on  peut  avoir  accès  à  la  der- 
nière nation,  dont  le  coraraerce  est  très  profitable,  la 
contrée  au  sud  étant  occupée  par  les  Renards  et  les 
Mascoutins  qui  ont  déj<\,  à  plusieurs  reprises,  pillé  les 
Fran(;ai8,  sous  le  prétexte   qu'ils   portaient  des   muni- 


(1)  Jw/ements  et  délibérations  du  C'omeil  Souverain,  vol 
II,  p.  594. 


—   89  — 

tioiis  aux  Sioiix,  leurs  anciens  ennemis.  Ces  fréquen- 
tes interruptions  auraient  été  punis  déjà,  si  nous  n'a- 
vions été  occupés  ailleurs.  Lesueur,  nous  l'espérons, 
va  nous  faciliter  la  route  septentrionale  par  la  grande 
influence  qu'il  possède  sur  les  Sioux."  (1) 

En  1693,  Lesueur  avait  le  posta  des  Sioux  sous  les 
ordres  de  LaMothe  Cadillac,  commandant  de  Michil- 
limakinac. 

En  1695,  M.  LeSueur,  par  ordre  du  comte  de  Fron- 
tenac, gouverneur  général  du  Canada,  fit  construire 
un  fort  dans  une  île  sur  le  Mississipi,  à  plus  de  200 
lieues  audessus  des  Illinois,  afin  de  ménager  la  paix 
entre  les  Sauteurs,  nation  qui  habitait  le  bord  d'un 
lac  de  plus  de  500  lieues  de  tour,  situé  à  100  lieues  à 
l'est  du  fleuve,  et  les  Sioux,  placés  vers  le  haut  du 
Mississipi. 

La  même  année,  Lesueur  descendit  à  Montréal  avec 
dix  ou  douze  canots  montés  par  des  Sauvages.  Dans 
cette  troupe  il  y  avait  un  chef  des  Sauteurs  appelé 
Chingouabé  et  un  Siou  et  une  Siouse.  Ces  derniers 
étaient  les  premiers  de  leur  nation  qui  venaient  au 
CanadH.  Comme  on  espéiait  tirer  de  leur  pays  quan- 
tité do  cho?es  utiles  au  commerce,  Frontenac,  le  che- 
valier de  Callière  et  l'intendant  Champigny  les  reçu- 
rent parfaitement  bien. 

Trois  jours  après  leur  arrivée  à  Montréal,  le  18 
juillet,  Frontenac  leur  donna  audience  en  présence  des 
principaux  personnages  de  la  colonie. 

Le  chef  des  Sioux,  qui  se  nommait  Cioscate,  étala 
devant  le  gouverneur  sur  une  robe  de  castor  vingt- 
deux  flèches,  et  lui  dit  que  chacune  d'elles  représen- 
tait un  village  de  sa  nation  qui  demandait   sa  protec- 

(1)  O'Callaphan,  IX,  p.  570. 


—  90  — 

fion    et    de    bien    vouloir   les    regarder    comme    se?» 
entants. 

M.  de  Frontenac,  après  avoir  parlé  aux  autres  na- 
tions et  leur  avoir  représenté  de  vivre  en  paix  avec  lett 
Sioux  atin  d'unir  leurs  efforts  contre  les  Iroquois,  se 
tourna  vers  Ciostate  et  lui  dit  qu'il  recevrait  sa  nation 
au  nombre  de  ses  enfants,  à  condition  que  tous  écou- 
teraient sa  voix.  Il  ajouta  qu'il  renverrait  Lesuenr  au 
milieu  d'eux.  (1) 

Lesueur  devait,  remonter  au  Mis8issi[)i  dans  le  prin- 
temps de  1696  avec  ce  chef  siou,  qui  n'était  descendu 
que  sur  la  parole  qu'on  lui  avait  donnée  de  le  recon- 
duire dans  sjn  pays.  Mais  il  tomba  malade  dans  l'hi-' 
ver  et  mourut  à  Montréal  après  trente-trois  jours  de 
souffrance. 

Lesueur  obtint  alors  du  comte  de  Frontenac  la  per- 
mission de  passer  en  France. 

Il  avait  découvert  dans  le  pays  habité  par  les  ISioux 
des  mines  de  plomb,  de  cuivre  et  de  terre  bleue  et 
verte.  Il  voulait  demander  h  la  Cour  la  perm.ission  de 
les  ouvrir. 

Il  présenta  au  Roi  un  mémoire  datis  lequel  il  propo- 
sait la  formalion  d'un  établissement  fixe  chez  les  îSioux. 
Il  représentait  le  diiiiger  d'être  i)révenus  par  l'-s  An- 
glais, qui  trafiquaient  sur  l'Ouabache  et  avaient  eu 
vue  l'occupation  du  Mississipi.  11  terminait  en  deman- 
dant le  commandement  de  Cbagoiiamigon  aissi  qu(r 
du  Mississipi,  des  lacs  et  des  rivières  compris  entre  h», 
source  de  ce  fleuve  et  la  rivière  des  Kikapous. 

Le  27  avril  1697,  le  Roi  lui  accor<lait  sous  réserve^ 
de  commencer  sur  le  Mississipi  l'établissement  qu'il 
avait  proposé.   Il  avait  la  permission   de  prendre  dans. 

(1)  Margry,  {Découvertes  et  explorât  ion»  den  J-'ran<;aiiy 
dans  l'ouest  et  dans  le  sud  de  L' Amérique  septentrionaU'.\).  55) 
donne  un  compte  rendu  détaillé  de  cette  réception. 


—   91   — 

la  colonie  vingt  ou  vingt-cinq  hommes,  à  condition 
qu'ils  ne  seraient  occupés  qu'au  travail  des  mines  et 
nullement  à  aller  faire  la  traite  dans  les  bois. 

Sur  la  fin  de  juin  de  la  même  année,  Lesueur  s'em- 
barqua à  LaRochelle  pour  revenir  au  Canada.  En 
passant  sur  le  banc  de  Terre-Neuve,  il  fut  pris  par  une 
flotte  anglaise  de  16  vaisseaux,  et  amené  prisonnier  à 
Portsrnouth. 

A  la  paix,  il  retourna  à  Paris  pour  cliercher  une 
nouvelle  commission,  car  il  avait  jeté  la  sienne  à  la 
mer,  dans  la  crainte  de  donner  connaissance  de  son 
projet  aux  Anglais. 

La  cour  lui  en  donna  une  nouvelle  le  21  mai  1698. 
( 'Ctte  fois,  le  Roi  lui  permettait  d'amener  cinquante 
hommes.  La  défense  de  traiter  le  castor  était  mainte- 
nue, mais  il  obtenait  le  privilège  de  traiter  des  pelle- 
teries qui  n'entrent  pas  dans  la  fabrication  des  cha- 
peaux. 

Il  passa  aussitôt  dans  la  Nouvelle-France,  et  com- 
mença ses  préparatifs  de  départ. 

L'intendant  Champigny,  qui  avait  toujours  été 
opposé  à  ses  entreprises,  obtint,  le  27  mai  1699,  la  ré- 
vocation des  privilèges  accordés  à  Lesueur.  Ces  obs- 
tacles l'obligèrent  de  retcnirner  en  France. 

Enfin,  en  décembre  1699,  M.  LeSueur  retournait  en 
Louisiane  avec  30  hommes,  afin  d'y  exploiter  les 
mines  qu'il  avait  découvertes.  La  relation  de  ce  voyage 
de  M.  LeSueur  au  pays  des  Sioux  est  publiée  dans  le 
Journal  historvjue  de  Véiablissemtnt  des  Français  à  la 
Louisiane  par  Benard  de  la  Harpe,  p.  38. 

Au  mois  d'avril  1702,  LeSueur  se  rendit  en  France 
avec  M.  d'Iberville. 

En  mai  1702,  Louis  XIV  lui  accorda  une  nouvelle 
concession. 

Quelques  années  après,  repassant  en  Louisiane, 
I  eSueur  mourut  dans  la  traversée.  P.  G.  R. 


—  92  — 

Le  Great-Eastem.  (IX,  XU,  985.)  -C'est  le 
samedi,  6  juillet  1861,  eatre  six  et  sept  heures  du  soir, 
que  le  Grent-Eastern  entra  dans  le  port  do  Québec. 

Parti  d'Angleterre  le  27  juin,  le  géant  nauticpie 
avait  donc  pris  neuf  jours  à  faire  la  traversée  d'un  |»ort 
à  l'autre. 

Nous  lisons  dans  le  Canadien  du  8  juillet  1861  : 
"  Plusieurs  de  nos  steamers  allèrent  à  la  rencontre 
du  Great-Eastem,  entre  autres  le  Napoléon  qui  avait 
à  son  bord  le  maire  (M.  Thomas  Pope),  les  membres 
du  Conseil  et  du  Bureau  de  Commerce,  et  une  fV)ule 
nombreuse  de  citoyens,  trop  nombreuse  même  pour 
l'aise  des  passagers. 

"  Arrivé  vers  le  bout  de  l'île  d'Orléans,  on  aperçut 
dans  le  lointain  une  grosse  fumée,  qu'on  jugea  être 
celle  du  Great  Eastern.  Aussitôt  lunettes  et  jumelles 
de  se  pointer  à  l'horizon,  et  chacun  de  s'écrier  :  C'est 
lui  !  C'est  bien  lui  1  Bientôt  le  Napoléon  vira  de  bord 
et  attendit  l'approche  du  Great  Eastern,  qui  l'eut 
bientôt  rejoint.  Et  hourras  d'éclater,  mouchoirs  de 
a' agiter  de  part  et  d'autres,  suivis  de  deux  coups  de 
canon  à  bord  du  Great  Eastern  en  forme  de  salut, 
politesse  qui  fut  faite  aussi  au  MacKenzie  qui  arriva 
quelques  moments  après. 

'•  Le  Great  Eastern  marchait  alors  à  tout»;  vitesse, 
avec  ses  immenses  roues  latérales  et  sa  puissante  roue 
à  hélice,  et  le  Napoléon  ne  tarda  \ya^  k  être  dépassé  ; 
mais  le" premier,  après  avoir  fait  acte  de  suzeraineté, 
arrêta  ses  roues  latérales,  ne  faisant  mouvoir  que  son 
hélice,  et  on  [)ut  alors  l'approcher  et  avancer  côte  à 
côte  avec  lui,  jusqu'à  l'entrée  dans  le  port,  ce  (pu  fut 
l'occasion  de  nouveaux  hourras  répétés  à  plusieurs  re- 
piises.  Des  deux  côtés  la  foule  paraissait  animée  d'un 
cnthousia'ïme  égal,  que  partagea  la  population  entière. 


—  93   — 

qui  s'était  portée  en  masses  sur  les  quais,  sur  la  Plate- 
forme, partout  où  l'on  pouvait  apercevoir  le  nouvel 
arrivant. 

"  Le  Great  Eastern  a  été  jeter  l'ancre  un  peu  au- 
dessus  du  quai  de  la  Reine,  oii  il  va  décharger  les 
troupes  qu'il  a  amenées,  ce  qui  va  prendre  quelques 
jours,  après  quoi  il  recevra  les  visiteurs,  à  commencer 
jeudi  prochain." 

Le  Great  Eastern  reprit  la  mer  le  6  août,  à  4  heures 
du  matin. 

Pendant  son  séjour  d'un  mois  dans  le  port  du  Qué- 
bec, le  Great  Eastern  fut  visité  par  des  milliers  et  des 
milliers  de  curieux  venus  de  toutes  les  parties  du 
Canada  et  des  Etats-Unis. 

Les    Hollandais   de    la   Nouvelle-Belg^ique. 

(IX,  ni,  931.) — Lorsque  Champlain  fonda  Québec,en 
1608,  les  Iroquois  étaient  en  guerre  ouverte  avec  les 
Algonquins  ;  c'étaient  deux  nations  puissantes,  valeu- 
reuses et  ennemies  de  longue  date. 

Les  Iroquois,  quoique  moins  nombreux,  semblaient 
cependant  l'emporter  sur  leurs  adversaires,  maigre 
leur  alliance  avec  les  [lurons  et  les  Micmacs.  Cette 
triple  force  auniit  peut-être  réussi  à  dompter  une  tribu 
nussi  vaillante  que  l'était  la  Contéflération  dite  des 
C/inq-Cantons,si  les  Anglais  de  la  Nouvelle-Angleterre 
et  les  Hollandais  de  la  Nouvelle- Belgique,  établis  dans 
le  voisinage  immédiat  des  Iro(|Uois,  ne  leur  eussent 
vendu  des  fusils  et  des  munitions  qui  leur  permirent 
de  guerroyer  à  arnies  égales  contre  les  Français,  alliés 
rtux  Algonquins.  De  ce  moment  la  face  des  choses 
tourna,  et  l'Iroquois  féroce  par  nature,  devint  de  plus 
en  plus  redoutable  et  redouté. 

Ce  fut  en  1609  que  Henry  Hudson,  explorateur  an- 
glais,   voyageant    pour    le    compte    de    la    Hollande, 


—  94  — 

découvrit  la  rivière  qui  porte  encore  son  nom.  Dès 
l'année  suivante, (juelques  Hollandais  vinrent  en  Amé- 
riqne  pour  y  tenter  ft>rtune.  Mais  il  n'y  eut  pas  de 
colonisation  hollandaise  sérieuse  avant  1623.  Toutefois, 
en  1613,  Adrian  Block,  ayant  été  forcé  d'hiverner  sur 
l'île  de  Manatte,  y  construisit  un  petit  tort  qu'il  appela 
New-Amsterdam,  en  l'honneur  de  la  cité  principale 
de  la  Hollande. 

En  1623,  la  Compagnie  hollandaise  des  Indes  orien- 
tales envoya  en  Amérique  un  vaisseau  chargé  de  plus 
de  vingt  familles  wallonnes,  qui  s'étahlirent  sur  les 
bords  de  la  rivière  Hudson.  Les  uns  restèrent  à  New- 
Amsterdam  (la  ville  de  New-York  actuelle),  les  autres 
se  rendirent  jusqu'à  Orange,  (aujourd'hui  Albany). 
Ces  deux  groupes  s'accrurent  assez  rapidement,  et 
bientôt  le  pays  compris  entre  l'Hudson  et  la  rivière 
i)elaware,tbrma  toute  unejjrovince  que  les  Hollandais 
appelèrent  New-Netherland,  et  les  Français  Nouvelle- 
Belgique.  Champlain  donnait  aux  Hollandais,  le  nom 
de  Flamands.  La  plupart  d'entre  eux  étaient  protes- 
tants ;  s'il  se  rencontrait  chez  quelques-uns  de  l'into- 
lérance, il  s'en  trouvait  d'autres,  par  contre,  qui  res- 
pectaient la  religion  catholique  et  ses  ministres.  Pris 
<lans  sou  ensemble,  l'élément  colonisateur  de  la  Nou- 
velle-Belgique, était  chrétien,  moral,  industiieux,  et 
patriote.  Les  chefs  surtout  étaient  remanjuables  à 
plus  d'un  titre.  Ils  ne  consentirent  jami'is  à  épouser 
les  querelles  des  sauvages  et  à  batailler  pour  les  uns 
au  détriruent  des  autres.  S'ils  leur  vendirent  de  la 
poudre  et  des  arquebuses,  c'était  plutôt  pour  des  fins 
de  commerce.  Ils  étaient  grands  acheteurs  de  fourru- 
res, qu'ils  a[>portaient  ensuite  en  Europe,  où  les  profits 
étaient  considérables. 

La  Nouvelle-Belgique  connut  bientôt  une  organisa- 
tion  ]i()litique.      Elle    eut    ses   gouverneurs  ou  direc- 


—  95  — 

touis-généranx.  Pendant  quarante  ans  que  dura  la 
suprématie  hollandaise  sur  ce  coin  déterre  américaine, 
six  gouverneurs  se  succédèrent  sans  interruption,  et 
dans  l'ordre  qui  suit  :  1624-25,  Cornélius  Jacobsen 
May  ;  1625-26,  William  Verhulst  ;  1626-32,  Peter 
Minuit  ;  1633-37,  Walter  Van  Twiller  ;  1638-47, 
William  Kieft  ;  1647-64,  Peter  Stuyvesant. 

Peter  Minuit  acheta  des  sauvages  l'île  de  Manatte 
et  vingt-deux  mille  acres  de  terre,  pour  la  somme  de 
vingt-quatre  piastres.  Ce  fut  sous  son  administration 
que  la  ville  de  New-Amsterdam  fut  constituée  civi- 
lement. Cette  année-là  (1626),  la  Nouvelle-Belgique 
exporta  des  fourrures  pour  un  montant  de  dix-neuf 
mille  piastres. 

L'année  suivante.  Minuit  régla  avec  Bradford,  gou 
verneur  de  la  Nouvelle- Angleterre,  les   limites    de    sa 
province.   Elle  se  trouva  bornée    au    nord-est    par   la 
Nouvelle- Angleterre  et  au  sud-ouest   par  la  Virginie, 
et  fut  comprise  entre  les  38e  et  42e  degrés  de  latitude. 

La  ville  de  New- Amsterdam  ne  connut  le  système 
de  gouvernement  municipal  qu'en  1653. 

La  colonie  hollandaise  florissait  toujours,  lorsqu'en 
1667.  l'Angleterre  conclut,  à  Bréda,  un  traité  de  paix 
avec  la  Hollande,  en  vertu  duquel  elle  devenait  maî- 
tresse de  la  Nouvelle- York  et  du  Nouveau-Jersey,  ne 
laissant  aux  Hollandais  que  Surinam. 

Cette  dépossession  en  règle  mit  fin  à  la  suprématie 
des  Pays-Bas  sur  leur  colonie  américaine.  Cependant, 
en  1673,  les  HoUanduis  tentèrent  de  reprendre  leur 
colonie  perdue  ;  ils  y  réussirent,  mais  ils  ne  purent  la 
conserver  que  pendant  quelques  mois.  Un  nouveau 
traité,  consenti  en  1674,  les  déposséda  une  seconde 
fois,  et  le  drapeau  anglais  continua  à  flotter  sur  la 
Nouvelle- York  jusqu'à  la  déclaration  de  l'indépendan- 
ce des  Etats-Unis.  N.-E.  Dionne 


—  96  — 
QUESTIONS 

997 — A-t-on  des  renseignements  sur  le  lieu  d'ori- 
gine et  lu  vie  de  Etienne  de  Lessart,  qui  donna  un 
terrain  pour  bâtir  une  église  à  Siinte-Anne  du  Potit- 
Cap  ou  de  Beaupré  ?  de  L. 

998  —Jean-Baptiste  Duberger.  qui  a  fait  un  plan  en 
relief  de  Québec  déposé  aujourd'hui  à  l'arsenal  de 
Woolvvich,  en  Angleterre,  est-il  mort  au  Canada  ? 

XXX 

999 — Doit-on  dire  et  écrire  "  à  Trois-Rivières,  à 
Trois-Pietoles,  à  Deux-Montagnos  ",  ou  "  aux  Trois- 
Rivières,  aux  Trois- Pistoles,  aux  Deux-Montagnes"  ? 

Pedao 

1000 — Dans  8on  "  étude  biographique  et  historio- 
graphique  "  intitulée  :  Louis  JoUief,  M  Ernest 
Gagnon  dit  que  le  célèbre  explorateur  qui  fut  le  pre- 
mier seigneur  d'Anticosti  mourut  en  1700, — dernière 
antiée  du  dix-septièiue  siècle,  — entre  le  4  de  mai  et  le  18 
oct«)bre.  (Voir  Louis  JoUief,  pp.  203  et  205.)  De  son 
côté,  M.  l'abbé  Camille  Roy,  dans  un  récent  numéro 
de  la  Nouvelle- France,  dit  que  Louis  Jolliet  mourut 
en  l'anix-e  1699.     Qui  a  raison  ? 

AîVTICOSTI 

1001 — Y  avait-il  au  fort  Carillon  une  chapelle  et 
des  aumôniers  militaires  ?  Si  oui,  étaient-ce  des  prê- 
tres séculiers,  des  Jésuites  ou  des  Récollets  ? 

Quels  étaient  les  aumôniers  de  l'armée  de  Mont- 
calm  durant  son  séjour  à  Carillon  et  pendant  la 
fameuH.e  bataille  ?  XX 


QUBBBC-CBNTR  A.L 

LI-:s  TKAIXS  C^UlTTFvXT   LÉ  VIS 

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La  famille  D'ktimauville 
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PIERRE-GEORGES  ROY 

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Hicrs,  lludon.  Pouliot,  Venner.  Harqnail,  Tremblay. TIarael, 
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VOL.  10  AVRIL  1904  No  4 

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Sommaire  de  la  livraison  d'avril  :  Requête  de& 
voyageurs  de  Michillimakinac  eu  l78G,  (suite  et  fiu)^ 
Mgr  Henri  Têtu  :  Mignerou,  Magiieron,  Aligneran, 
Maigueron,  Myrand,  Mayraud.  L"abbj  H.- A..  Scott  ;: 
Mgr  Plessis  à  Rome  (Extrait  des  Méninres  inédits  de 
l'abbé  Casgrain)  ;  Le  chevalier  Robert- Anne  D'Esti- 
niauville  de  Biaumouchel,  P.  G.  R.  ;  Geutilsliorames 
Huissiers  de  la  Verge  N"oiredu  Conseil  législatif  de  la 
province  de  Québec  ;  Protonotaires  du  district  de 
Québec,  F,-J.  Audet  ;  Recorders  de  la  cité  de  Mont- 
réal ;  L'indemnité  de  nos  députés,  P.  G.  R.  ;  La  langue 
trançaise  au  Canada,  Ignotus  ;  Questions,  etc. 

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lA^gisIature,  Québec. 


BULLETIN 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 

VOL.  10  AVRIL  1904  No  4 


REQUÊTE  DES  VOYAGEURS  DE  MICHIL- 

LIMAKINAC  EN  1786 

{Suite  et  fin) 


VISITE    DE    MGR    DENAUT    AU    DETROIT    EN     1801 

Mgr  Denant  fut  le  premier  évêque  qui,  après  la 
conquête,  fit  la  visite  épiscopale  dans  les  pays  d'en 
haut  ;  mais  il  ne  se  rendit  pas  à  Michilliraakinac.  Le 
12  avril  1801,  il  écrit  à  M.  Marchand,  cure  de  Sand- 
wich, pour  lui  annoncer  sa  venue  :  "  Je  suis  tout  à 
fait  décidé  à  monter  au  Détroit,  pour  visiter  votre 
paroisse,  comme  je  le  désire  depuis  longtemps.  Le 
général  Hunter  n'étant  pas  encore  à  Montréal,  et  ne 
voulant  point  partir  d'ci  sans  avoir  avec  Son  Excel- 
lence un  entretien  sur  l'objet,  je  ne  puis  dire  au  juste 
à  quelle  date  du  mois  de  mai  je  quitterai  cette  partie 
pour  m'acheminer.  Toujours  est-il  vrai  que  ce  sera 
dans  le  cours  de  ce  mois.  Je  visiterai  les  Ecossais  de 
M.  Alexandre  McDonell,  les  Irlandais  et  Anglais  de 
la  paroisse  de  St-André,  le  village  des  Sauvages  de 
Saint-Régis.  J'arrêterai  à  Kingston  pour  m'assurer 
des  moyens  d'établissement  d'une  paroisse  nouvelle. 
Je  passerai  quelques  jours  à  Niagara  pour  prendre  les 
connaissances   nécessaires   au   projet   du   lieutenant- 


—  98  — 

général  le  comte  de  Puisayc.  (1)  De  là,  je  ine  rendni 
chez  vous  dans  le  mois  de  juin.  Mon  dessein  est 
d'aller  en  bateau  jusqu'au  Détroit,  et  mes  arrange- 
ments sont  déjà  pris,  M.  Boueherville  est  notre  con- 
ducteur, notre  guide,  notre  intendant,  notre  /V^r^o^am, 
notre  Michel  Morin.  Il  profite  de  mon  occasion  pour 
aller  voir  sa  chère  Charlotte, (2i  madame  De  Lery,quo 
je  verrai  moi-même  avec  un  plaisir  particulier.  Faites  à 
tous  deux,  je  vous  prie,  mes  meilleurs  compliments, 
et  ayez  soin  de  leur  faire  passer  aussitôt  la  lettre  ci- 
incluse  à  leur  adresse.  Vous  recevrez  ci-inclus  le 
mandement  pour  la  visite.  Les  exercices  ne  sont 
poii>t  détaillés  :  nous  réglerons  quand  nous  serons  sur 
les  lieux.  Je  veux  tout  voir,  tout  savoir,  exhortci-, 
convertir,  si  je  puis,  Anglais,  Français,  (Canadiens, 
vSauvages  :  tous  ont  des  droits  à  ma  sollicitude,  et  je 
n'ai  pas  de  plus  grand  désir  que  de  m'occuper  du 
soin  du  salut  de  tous.  Je  vous  mène  un  vicaire.comme 
je  vous  l'ai  i»romi3  dans  ma  dernière,  que  vous  aurez 
sans  doute  reçue  dans  son  temps.  En  attendant  le 
plaisir  de  vous  voir  et  de  vous  embrasser,  je  suis  bien 
toujours  avec  les  mêmes  sentiments,  etc. 

t  1*.  Fveque  de  Québec 

Quels  turent  les  ecclésiastiques  ([ui  eurent  l'hon- 
neur d'accompagner  Mgr  Denaut  ?  Je  crois  que  l'é- 
vêque  de   Québec   amena  avec   lui    M.    Tabbé   Loui» 

(1)  Oblii^t's  de  quitteT  lu  Fi;mce  uprès  le  dt'sastro  de 
(^uilKii-i)ii  (  ITÎlô),  le  foniic  de  l*iiisaye  et  d'uutres  gentils- 
hoiiirrics  vinrent  s'éUiMir  <lans  le  Ilaut-C'anada.  où  le  gou- 
vernenïcnt  leur  avait  a.Nsignd  des  terres.  Plusieui'H  de  ces 
eniii^rôs  repassi-rent  en  Kiiropc  avec  le  comte,  en  1802.  Cet 
établissement  n'eut  pas  de  succès  grâce  an  manque  de  per- 
févérance  de  ses  fondateurs. 

(2)  Sa  su'Ui-.  wév  Charlotte  Boucher  «le  Bouclierville. 


—  99  — 

Paypt  dont  nous  avons  déjà  parlé  et  M.  Félix  Gatien, 
ordonné  prêtre  le  16  février  de  la  même  année  1801. 
MgrDenaut  le  laissa  vicaire  au  Détroit  où  il  demeu- 
ra jusqu'en  1806  ;  de  là  il  devint  professeur  de  philo- 
sophie au  séminaire  de  Québec.  Curé  du  Cap-Santé 
en  1817,  il  a  écrit  l'histoire  de  sa  paroisse  où  il  est 
mort  le  18  juillet  1844. 

Voici  maintenant  comment  le  prélat  raconte  son 
voyage  dans  quelques  pages  qui  sont  absolument  iné- 
dites et  qui — comme  documert  historique — seront 
bien  ici  à  leur  place.  Que  le  Bulletin  des  Recherches 
Historiques  est  commode  et  hospitalier  ! 

Mgr  Denaut  écrit,  de  Kingston,  à  Mgr  Plessis,  le 
27  mai  1801. 

Monseigneur, 

"  J'ai  quitté  Longùeuil  vendredi,  15.  J'ai  couohé 
à  Vaudreuil,  le  16  aux  Cèdres,  d''où  je  suis  parti  le  17, 
après  midi.  M.  Alex.  McDonell  (1)  étant  malade 
depuis  plus  d'un  mois,  j'ai  pensé  qu'il  n'avait  pu  pré- 
parer son  monde  pour  la  visite  ;  je  l'ai  différée  jusqu'à 
mon  retour.  J'ai  passé  trois  jours  à  Saint-Régis,  j'ar- 
rive ici  J'ai  abandonné  le  dessein  de  faire  le  tour 
des  lacs,  comme  je  me  l'étais  proposé.  Je  pars  avec 
le  Commodore  Bouchet  pour  Niagara  dont  M.  Burke 
est  parti  pour  n'y  plus  retourner,  je  pense " 

Le  30  du  même  mois,  Mgr  Denaut  écrit  encore  à 
son  coadjuteur  : 

"  Je  reçois  à  l'instant  et  avec  plaisir  votre  lettre  de 
l'Ascension.  Le  lendemain  de  cette  fête,  j'ai  quitté 
Longùeuil,  et  je   suis  arrivé  ici  le  27,  comme  je    l'ai 


(1)    Missionnaire  de  Glengary,  Haut-Canada.   Il  y  mou- 
rut en  1803. 


—    100  _ 

marqué  à  Votre  Grandeur  diins  une  lettre  de  cette 
date,  qui  vous  parviendra  bientôt.  Xous  attendions 
le  vent  favorable  pour  lever  l'ancre,  et  il  nous  taide 
qu'il  arrive,  quelque  bien  traités  que  nous  soyons  par 
"les  habitants  du  lieu,  Anglais  et  Français,  qui  ont  les 
plus  grands  égards.  Je  remets  à  mon  retour  du  Dé- 
troit la  visite  de  cette  mission,  les  sujets  n'étant  pas 
assez  préparés  pour  la  Confirmation  et  autres  fruits 
de  la  visite.  Ils  ont  en  général  un  grand  désir  pour 
l'établissement  d'une  mission  fixe  ;  mais  ils  sont  pour 
l'exécution,  d'une  indifférence,  dans  une  apathie  qui 
fait  pitié.  Pour  les  encourager,  notre  petite  bande  a 
souscrit  pour  £55.  .Je  verrai  à  mon  retour  quelle  im- 
pression elle  aura  faite  sur  les  esprits.  Un  établisse- 
ment est  absolument  nécessaire.  Les  chrétiens  froids 
et  indifférents,  ])Our  ne  rien   dire  de  plus,   remplissent 

tous  les  jours  la  chapelle  protestante " 

Voici  maintenant  le  journal   de   visite  écrit  tout  en- 
tier de  la  main  de  Mgr  Denaut. 
Voyage  au  Détroit — 1801. 

Quitte  Longueuil  le  15  mai,  dîné  à  Pointe-Claire, 
couché  à  Vaudreuil.  Le  It),  dîné  aux  Cèdres  et  parti 
de  là  dimanche  17,  3  h.  après-midi.,  et  couché  à  la 
Pointe  aux  l^eaudets.  Lundi,  couché  à  St-Régis  ;  18. 
L'entrée  a  été  faite,  le  19  matin.  Le  village  contient 
150  familles,  600  âmes,  2V0  communiants.  190  contir- 
més.  Les  Sauvages  allouent  à  leur  missionnaire  £50. 
et  il  en  reçoit  du  roi  S50.  Le  vicaire  £50  par  les  Sau- 
vages. La  dîme  n'est  point  comprise.  L'église  en 
pierre  a  été  bénie  en  1792.  Les  proportions  sont  de 
48  sur  100,  dehors  en  dehors.  Le  presbytère  aa.ssi  en 
pierre,  qui  touche  à  sa  perfection,  est  45  sur  36.  2 
calices,  un  ciboire,  ostensoir  d'argent.  Les  ornementi* 
sont  assez  beaux  ;  moins  bien  en  iino-e. 


—  101  — 

Kino;stoii. 

Parti  de  St-Régis  le  21  mai  à  3  h.  du  soir.  Couclié 
à  trois  quarts  de  lieue  au-dessous  du  long  Sault.  Cou- 
ché sous  tente.  Le  lendemain,  vendredi  22,  couché 
chez  un  (trois  mots  illisibles)  hollandais.  Samedi  23, 
monté  les  milles  roches.  Dmé  sous  le  tendelet.  Cou- 
ché chez  un  Allemand  au-dessus  du  Galop.  Le  froid 
de  cette  nuit  a  gelé  tout,  même  les  feuilles  des  arbres. 
Dimanche  de  la  Pentecôte  24.  Dit  la  messe  à  Swegatsi, 
chez  madame  veuve  Verneuil  de  Loriraier.  Dîné  et 
couché  chez  M.  Epih.  Jones,  Pointe  au  Pin.  Lundi 
25,  couché  chez  Thury  (isles  Toniato).  Mardi  26, 
couché  sous  tante,  à  2  lieues  de  Kingston  où  nous 
sommes  arrivés  le  27  à  8  h  du  matin.  La  ville  qui 
porte  ce  nom,  bâtie  dans  la  baie  du  même  nom,  a  en- 
viron 28  à  29  arpents  de  front  sur  3  ou  4  arpents  de 
profondeur.  Les  maisons  des  commerçants  sont  assez 
belles,  de  beaux  hangards  sont  appuyés  sur  des  quais 
proche  desquels  arrivent  les  navires  marchands.  Au 
delà  de  la  pointe  qui  forme  cette  baie,  appelée  Pointe 
Frédéric,  sont  les  vaisseaux  du  roi  dans  Un  port  aussi 
sûr  que  celui  des  marchands.  Il  y  a  101  maisons.  Il  y 
a  un  grand  nombre  de  catholiques  à  Kingston  qui, 
joints  aux  habitants  de  la  baie  de  Quité  formeraient 
une  mission  qui  est  très  désirée  par  les  une  et  les 
autres.  Mais  ils  ont  peu  de  moyens.  Une  souscription 
a  été  ouverte  par  moi  et  les  messieurs  de  ma  suite, 
dont  le  montant  s'élève  à  £80,8,0. 

Dimanche  21,  jour  de  la  Sainte-Trinité,  nous  avons 
tous  dit  la  messe.  Nous  avons  laissé  cette  ville  lundi 
1er  juin.  L'ancre  a  été  levé  à  9  h.,  et  quoique  nous 
ayons  été  obligés  de  louvoyer  une  partie  de  ce  jour, 
poussés  ensuite  par  un  bon  v^ent  de  nord, nous  sommes 


—  102  — 

arrivés  à  York  (1)  à  1  li.  a|tros-mitli  27  heures  de 
passage.  Entrevue  avec  le  général  Ilunter  qui  nous  a 
gardés  n  dîner  et  retenus  jusqu'à  7  heures.  Calmé 
toute  la  nuit.  Vent  contraire  le  lendemain,  louvoyé 
toute  la  journée  ;  passé  la  barre  la  nuit  ;  obligés  de 
jeter  l'ancre  Entrés  dans  la  rivière  Niagara,  le  matin 
entre  7  et  8  h.  4  de  juin,  Fête-Dieu,  dit  la  messe. 
Deux  jours  de  séjour  dans  cette  plaee  a])pelée  Fort 
Georges,  vis-à-vis  l'ancien  fort  occupé  par  les  Etats- 
Unis.  Le  Fort  Georges  agréablement  situé  sur  une 
hauteur  qui  commande  partout,  est  flanqué  de  six  re- 
doutes de  4  canons  de  12  livres  de  balles.  Quatre 
mille  hommes  suffiraient  à  peine  pour  le  défendre,  à 
cause  de  sa  grandeur.  A  quelque  distance  du  fort  est 
bâtie  la  ville.  Les  rues  sont  très  larges,  il  y  a  environ 
^0  à  00  maisons  dont  la  plupart  sont  tort  belles.  Il  y 
a  12  lieues  du  Fort  Georges  au  Fort  Erié.  Nous  avons 
passé  le  portage  de  Niagara  en  stage  jusqu'à  Chipowa 
où  nous  avons  couché  le  7  samedi.  Le  dimanche  8, 
nous  sommes  arrivés  au  Fort  Erié  en  bateau,  accom- 
pagnés du  colonel  McDonell  qui  a  ajouté  aux  bontés 
que  nous  avons  éprouvées  à  Niagara,  la  complaisance 
de  venir  donner  lui-même  ses  ordres  aux  bâtiment  qui 
doit  nous  passer  le  lac  Erié  et  snr  lequel  nous  avons 
monté,  le  lendemain,  lundi  9  à  8  h.  du  soir,  et  levé 
l'ancre,  le  10,  à  10  h.  du  matin.  Quoique  la  barque 
qui  nous  portait  ne  fut  pas  des  meilleurs  voiliers,  nous 
avons  passé  le  lac  en  deux  jours  ;  mais  le  vent  nous 
ayant  manqué  dans  les  isles  de  Sandoské,  nous  avons 
mis  plus  de  temps  à  faire  les  30  lieues  qui  nous  res- 
taieïit  à  faire  jusqu'à  une  lieue  de  Midden,  que   nous 

(1)   Toronto. 


—  103  — 

n'en  avions  mis  à  faire  les  70  lieues  de  lac,  de  sorte 
que  nous  nous  sommes  déterminés  d'envoyer  un  pas- 
sager dans  notre  bâtiment  p->ur  portera  M.  Marchand 
le  mandement  pour  la  visite  qui  m'a  été  remis  au  Fort 
Eriépar  M.  Chaboyez  l'aîné,  qui  en  était  le  porteur. 
(Le  mandement  était  daté  du  8  avril  et  le  12  envoyé* 
à  Montréal  pour  être  acheminé). 

Le  13  juin,  nous  sommes  à  Amherst  bourg  ou 
Malden,  à  1  h.  après-midi,  chez  M.  DeLery  oiî'nous 
avons  couché  trois  nuits.  Partis  de  là  en  bilteau  con- 
duit par  les  habitants  du  Détroit.  iVous  sommes  arri- 
vés, le  16  à  midi,  à  Sandwich,  paroisse  de  l'Assomp- 
tion, d^nt  M.  Marchand  est  le  curé.  î^^ous  y  avons 
séjourné  jusqu'à  ce  jour,  15  de  juillet,  qui  est  celui  de 
notre  départ  sur  la  Charlotte,  barque  appartenante  à 
M.  McEntosh,  capitaine  Baker, 

Arrivés  à  Malden  Je  soir,  et  couché.  Une  pluie 
continuelle,  accompagnée  d'éclairs  et  de  tonnerre  a 
duré  toute  la  nuit.  Le  16,  levé  l'ancre  à  9  h.  Un  vent 
favorable  a  commencé  à  souffler  à  l'entrée  du  lac  et 
nous  avons  fait  trente  lieues  avant  le  coucher  du  soleil 
Après  le  coucher,  le  vent  a  passé  à  l'ouest,  nous  fai- 
sions dix  milles  par  heure  ;  mais  devenant  plus  fort  en 
plus  fort,  et  si  furieux  que  les  vagues  passant  sur  la 
poupe  et  la  proue  semblaient  menacer  d'eiio-joutir  le 
vaisseau.  Le  17,  louvoyé  ;  le  18,  bon  vent  jusqu'à 
midi.  Calme  et  vent  contraire,  mais  faible.  Nous  espé- 
rions arriver  au  Fort  Erié  de  bonne  heure,  mais  (c'est 
tout  ce  qu'il  y  a  sur  cette  page  du  manuscrit.  Sur 
l'autre  page  ce  qui  suit.) 

Visité  la  paroisse  de  l'Assomption  du  Détroit  ou 
Sandwich.  Arrivé  le  16,  mardi  à  midi.  Instruction 
donnée  deux  fois  le  jour  jusqu'au  dimanche.  L'entrée 


—  104  — 

s'est  faite  le  matin  avant  la  messe.  Tous  les  exercices 
(le  la  mission  ont  été  faits  jusqu'à  mercredi.  Le  sacre- 
ment (le  la  Coniirmation  a  été  administré  tous  les 
jours  pendant  le  séjour,  excepté  jeudi,  samedi,  di- 
manche et  jeudi  qui  ont  été  employés  au  Détroit  pour 
les  habitants  de  la  paroisse  de  Ste-Anne  dont  M. 
Levadoux  est  grand  vicaire  et  curé  de  cette  partie  sud 
de  la  rivière,  oii  il  y  a  eu  580  confirmés.  M.  Eichard 
en  est  le  vicaire  (1).  A  la  Rivière-aux-Raisins,  295 
confirmés.  Trois  jours  de  séjour,  M.  Dillet  en  est  le 
curé. 

Vu  et  alloué  les  comptes  de  l'As.somption.  Il  y  a 
au  coffre  la  somme  de  5213  frs  17.  Confirmés  529. 
Communiants  600.  Habitant  s  200.  Dîme  de  bled 
650.  Avoine  120.  Orge  0.  Bled  d'inde  24.  La  terre 
dont  l'usage  de  la  moitié  appartient  au  curé  et  l'autre 
à  la  fabrique  louée  par  le  même  à  certaines  conditions 
assez  favorables  a  donné,  cette  année,  312  de  bled, non 
compris  les  inenues  grains.  L'église  de  Sandwich.  Les 
ornements  sont  en  bon  ordre. 

Je  trouve  à  la  suite  de  ce  journal  ces  quelques  mots 
sur  la  visite  de  l'année  suivante  : 

Saint-Raphaël  et  Saint-André  ont  été  visités  en 
février  1802.  A  Saint-Raphaël  192  confirmés.  A  Saint- 
André  59.  11  y  a  environ  100  familles  catholiques. 

Des  mandements  et  instructions  ont  été  envoyés  à 
chacune  de  ces  paroisses  (2).  M.  Rodrigue  McDonell 
est  le  curé  de  la  dernière.  M.  Alexandre  McDonell 
dessert  la  première. 


(1)  Voir  L'dbbé  Gabriel  Richard,  par  M.  K-E.  Dionne. 

(2)  Ces  mandements  ont  été   publiés   dans    les    Mande- 
ments des  Evêques  de  Québec. 


—  105  — 

Je  crois  devoir  reproduire  ici  le  document  suivant 
qui  complète  en  partie  du'  moins  le  journal  delà  visite 
de  Mgr  Denaut  au  Détroit  en  1801. 

Extrait  des  Registres  de  la  mission  de  la  Rivière- 
aux-Raisins,   Monrœ,  Michigan. 

Le  dix-huit  juin  mil  huit  cent  un,  Mgr  Pierre 
Denaut,  évêque  catholique  de  Québec,  arriva  vers  les 
trois  heures  de  l'après-midi,  à  la  Rivière-aux-Raisins 
ot  débarqua  devant  la  maison  de  M.  J.  B.  Réaume 
père,  où  M.  J.  Dilhet,curé  de  la  paroisse,  le  reçut  sans 
solennité,  après  lui  en  avoir  fait  l'oflre  que  M.  l'évê- 
que  refusa.  Il  fut  introduit  dans  la  susdite  maison  par 
AI.  le  curé  et  il  y  entra  avec  M.  Michel  Levadoux, 
grand  vicaire  de  M.  l'évêque  de  Baltimore,  M,  Mar- 
chand, curé  de  l'Assomption  du  Détroit,  et  M. 
Payet,  (1)  son  secrétaire.  M.  Hubert  Lacroix  fit  à 
Mgr  l'Evêque  un  compliment  au  nom  de  tous  les  pa- 
roissiens, à  la  fin  duquel  un  grand  nombre  qui  étaient 
présents  se  mirent  à  genoux  pour  demander  la  béné- 
diction de  M.  l'Evêque  qu'il  donna  à  tous  sur  le  champ. 
Il  demanda  ensuite  qu'on  lui  préparât  des  voitures 
pour  aller  à  l'église  et  elles  se  trouvèrent  prêtes  à 
l'instant. 


(1)  C'est  le  même  M.  Pnyel  qui  avait  tté  curé  du  Dé- 
troit et  avait  fait  deux  missions  à  Michillimakinac.  Ce  der- 
nier vo^-age  ne  lui  fut  pas  favorable,  puisqu'il  mourut 
presque  immédiatement  après  son  retour,  le  ?6  août  1801. 
Mgr  Denaut  se  fit  un  devoir  de  présider  à  ses  funérailles 
qui  eurent  lieu  à  Verchères  dont  il  était  curé  depuis  1798. 
Le  1er  de  septembre  suivant,  l'évêque  de  Québec  écrivait  à 
fsen  coadjuteur,  Mgr  PJessis  :  '"  La  mort,  du  cher  Payei  me 
prive  d'un  bon  ami  et  le  diocèse  d'un  bon  prêtre."  On  ne 
pourrait  faire  un  meilleur  éloge  de  cet  excellent  mission- 
naire. 


—  106  —     , 

Il  y  entra  aussitôt  et,  dans  toute  la  route,  il  fut  jie- 
compagné  de  près  de  cinquante  hommes  à  cheval,  et 
d'autres  en  grand  nombre  à  pied. 

Devant  toutes  les  maisons,  on  se  présentait  à  ge- 
noux pour  recevoir  la  bénédiction.  Arrivé  à  l'église, 
après  une  légère  collation  pour  rafraîchissement,  il  y 
entra  pour  donner  la  bénédiction  solennelle  qui  fut 
précédée  d'un  discours  prononcé  par  M.  Levadoux,quî 
annonçait  que  M.  l'éveque  de  Baltimore,  Jean  Carrol, 
avait  prié  Mgr  l'éveque  de  Québec  de  donner  la  Con- 
firmation dans  cette  paroisse,  et  l'ordre  que  l'on  sui- 
vrait les  jours  suivants. 

Le  dimanche,  qui  était  le  jour  suivant,  M.  l'éveque 
de  Québec,  après  un  discours  sur  le  sacrement  de 
confirmation,  administra  ce  sacrement  à  ceux  qui  se 
présentèrent  à  la  sainte  Table  pour  ce  sujet.  Il  en  fit 
de  même  les  deux  jours  suivants  et  voici  la  liste  des 
confirmés. 

Suivent  les  noms  de  près  de  200  personnes. 

1801 

Fait  et  certifié  par  Rev.  C.  Maas,   Missionnaire  de 
Munrœ  (Rivière-aux-Raisins),  diocèse  du  Détroit. 

Décembre  1872. 

(Signé)         J.  Sasseville,  Ptre.  (I) 
Mgr  h.  Têtu 


(1)  Le  rogrettiî  M.  Sasseville,  alors  curé  de^SaitiLo-Fovo, 
Tl  L-tait  réellement  énidit,  et.  connais.sait  autant  que  pas  un 
l'ivistoise  ecclésiastique  du  Canada  et  celle  des  Ktats-Unis. 
Hélas!  il  n'a  pas  écrit  et  il  a  emporté  »;v<x;  lui  bien  des 
secrets,  dont  il  était  friand. 


—  107  — 

MIGNEROÎT,  MAGNEROÎn",    MIGNERAîT,  MAI- 
GNERON,  MYRAND,  MAYRAND 


M.  l'abbé  Rhéaume,  d'érudite  mémoire,  nous  avait 
signalé,  notre  premier  volume  à  peine  para, l'erreur  (1) 
relevée  par  M.  Ernest  Mjrand,et  nous  avions  pris  nos 
mesures  pour  la  réparer  dans  la  seconde  partie  de  notre 
ouvrage.  II  eût  peut-être  été  de  bonne  guerre  de 
l'attendre. 

■  Puisque  erreur  il  y  a,  du  moins  paraîtra-t-elle,  après 
une  courte  explication,  moins  iïtvpardonnable  chez  un 
homme  qui  n'est  pas  de  la  famille. 

Et  d'abord  remarquons  que  V Histoire  de  Sainte-Foy 
n€  contient  pas  de  généalogies.  On  (2)  y  note  en  dé- 
tail, avec  documents  à  l'appui,  les  événements  petits 
et  grands  depuis  que  les  Français  ont  mis  pour  la 
première  fois  le  pied  sur  ce  coin  de  terre,  les  noms  des 
premiers  habitants,  possesseurs  de  fiefs  ou  simples 
défricheurs,  et  surtout  on  décrit  les  progrès  et  la 
ruine  de  la  fameuse  bourgade  de  Sillery,  Ce  n'est 
qu'incidemment  qu'on  relie,  sans  indiquer  du  reste  les 
anneaux  intermédiaires,  une  famille  d'aujourd'hui 
aux  pionniers  des  anciens  temps.  Elles  sont  malheu- 
reusement trop  peu  nombreuses  les  familles  qui  se 
sont  perpétuées  ici  depuis  l'origine  jusqu'à  nos  jours. 

Il  paraît  que  l'identification  de  la  famille  Myrand 
avec  la  descendance  de  Jean  Migneron  n'a  pas  été 
heureuse.     Voyons  ! 


(1)  Avec  une  autre,  p.  414,  où  nous  disons  dans  une  note 
que  Pierre  Pluchon  n'est  pas  mentionné  dans  Tanguay.  Or 
ii  y  est  sous  le  nom  de  Pierre  Aubuchon.    L'eusses-tu  cru  ! 

(2)  Qu'on  nous  pardonne  cet  on  moins  haïssable  que  le 
moi. 


—  108  — 

1°  Pour  Mgr  Tuiigiiay,  que  M.  Kruest  Myrand 
semble  considérer  comme  une  autorité  et  qu'il  ne  faut 
jamais  citer  sans  le  contrôler — les  érudits  le  savent — 
les  noms  de  Migneron,  Mignerant  ou  Mignerand, 
Magneron,  Milleron,  Lajeunesse,  Tapliorin,  ne  sont 
que  des  surnoms  ou  des  variations  du  même  nom.    (1) 

2*^  Or  les  Myrand  de  Sainte-Foy  simt  des  Migiie- 
ran,  (£)  comme  il  a[»pert  par  nos  registres  paroissiaux 
auxquels  M.  Ernest  Myrand  a  l'amabilitt*  de  nous 
renvoyer  I  De  Meillerand  ou  de  Taphorin,  pas  la 
moindre  trace. 

3'*  Le  nom  de  Migneron  s'est  synco[)c  tout  comme 
celui  de  Migneran.  Eu  1792  (3)  le  lieutemint-gouver- 
neur  Cramahé  cède  à  Joseph  Routier  une  terre  sise 
entre  les  propriétés  de  Joseph  Migneron  et  d'Antoine 
Samson.  En  1797  Joseph  Migneron  est  devenu  Joseph 
Miron.  (4) 

Dans  l'écriture  cursive  et  «^d  bonne  prononciatioi» 
française,  quelle  distanse  sépare  Miron  de  Miran  !  Et 
aux  yeux  du  philologue  quelle  en  est   la   dittérence  ? 

Mais  une  question  de  généalogie  ne  se  tranche  pas 
au  moyen  de  la  philologie.    Pas  complètement  ni  tou- 

(1)    Tunguay,  Dictionnaire  Généalogique,  I,  4:>  ;  VI,  :>(». 


(10  .los.  ijani^iois  et  u  Aiii^oiif^iio  ^uKjnrrdn  , — i^  niui  i  <;>-*, 
S '•])ultiirfMJe  .!.-]>.  Mi</ni'ran  ;— 5  octobre  17i'5,  mariage  de 
J.-B.  Migneran.  tiis,  et  de  Magdelciiie  Drolet.  C'est  ce 
J.- M.  Migneran  (pii  sii^ne  J -B.  Miran  au  b:v|itênie  de  .«i* 
enfants,  15  juillet  17!^5,  8  novembi-e  1707.  etc. 


(3)  Greffe  de  l'anet,  :U  juillet  1792. 

(4)  Greffe  de  Voyer.  2.S  juillet  1707. 


—  109  — 

jours  :  d'accord     Venons  donc  aux  papiers  do  famille 
qui  nous  réservent  des  surprises. 

4'^  Une  copie  paraphée,  et  partant  contemporaine, 
du  contrat  de  mariage  de  J.  B.  Mignerant  et  de  Thé- 
rèse Parent  nous  a  été  communiquée.  Cet  acte,  que 
nous  avons  soigneusement  analysé  l'année  dernière, 
est  de  la  main  même  du  notaire  Parent,  de  Beauport. 
Il  porte  la  date  extraordinaire  du  31  février  1762. 
Xous  Tavons  étudié  de  nouveau  récemment  afin  d'être 
bien  sûr  de  nos  assertions.  En  voici  le  commen- 
cement : 

"  Pardevant  le  nottaire  public  en  hi  seigneurie  de 
Beauport  y  résidant  soussigné  et  thémoins  si  bas  nomé 
furent  pr'esant  en  Ir  persone  Jean  Baptiste  Mignerant 
d  Thafoirat,  fils  de  feu  Jean-Baptiste  Mignerant  d. 
Thafoirat  et  feue  Louise  Routié,  "  etc. 

Dans  les  autres  anciens  papiers  de  famille  on  trouve 
Tafoirain  dit  Mignerant  et  aussi  souvent  Mignerant 
dit  Tafoirain. 

Puis,  dans  le  contrat  de  mariage  cité,  Jean-Baptiste 
Mignerant  dit  Tafoirat  est  donné  comme  fils,  non  de 
Gaiilaame  Taphorin,mai3  de  Jean-Baptiste  Mignerant 
d.  Thafoirat.  N'était-il  pas  assez  naturel,  pour  un 
profane,  de  considérer  Tafoirain  et  surtout  Thafoirat 
comme  un  sobriquet  et  de  croire  que  Migneran'  était 
le  vrai  nom  patronymique  ?  (1) 

Or  s'il  est  vrai  que  Jean  Migneron  était  mort  de- 
puis trente  ans  lorsque  se  mariait  à  Lorelte  Guillaume 

(1)  Disons,  pour  être  juste,  que  l'erreur  qui  est  dans  la 
copie  de  Parant,  n'est  pas  dans  la  minute  originnle,  où  on 
lit  (Tiiillaume.  11  y  a  de  même  31  janvier  au  lieu  de  81 
février.  Mais  ce  n'est  qu'hier  que  nous  avons  voulu  voir 
l'acte  original,  n'ayant  pas  soupçonné  qu'une  copie  faite  et 
paraphée  par  le  notaire  lui-même  pût  être  fautive.  Les 
deux  actes  portent  bien  Mignerant  dit  Thafoirat. 


—  110  — 

Taphorin,  natif  de  Meilleran  en  Poitou,  il  n'est  pas 
moins  vrai  qu'il  laissait  une  nombreuse  lin'née  où  les 
Jean  ne  manquent  pas.  Par  malheur,  nos  registres 
«le  1678  à  1699, qui  auraient  une  si  grande  importance 
dans  la  question  présente,  ont  disparu, et  ceux  de  1714 
à  1752  ont  été  faits  avec  une  si  grande  négligence 
qu'il  n'y  a  guère  moyen  d'en  tirer  parti. 

Ainsi  nous  croyons  bien  que  M.  Ernest  Myrand  a 
raison  mais  il  était  aisé  de  s'y  tromper. 

Bien  plus  il  serait  prudent  de  ne  jurer  de  rien. 
Guillaume  Taphorin,  dit  Meillerand  ou  Misrnerant, 
comme  on  voit  [«artout,  n'apparaît  qu'en  1729.  Or  il 
y  a  loin  de  là  à  1657,  date  du  mariage  de  Jean  Migne- 
ron  et  bien  des  choses  se  sont  passées  qui  ont  pu 
échapper  aux  recherches  de  Mgr  Tariguay  On  sait 
que  le  nombre  des  corrections  à  faire  au  Dictionnaire 
^énéaloyii/ae  est  censidérable,  pour  ne  pas  dire  incal- 
culable Et,  précisément,nous  livrons  aux  méditations 
de  M  Ernest  Myrand  le  contrat  de  mariage  de  Jean 
Magneron  et  de  Marie  Pavie,  fait  par  Audouart  le  19 
août  1657.  Au  commencement  paraît  bien  Marie 
Pavie,  fille  de  Christophe  Pavie  et  de  Magdeleine 
Xadaude,  du  ChTiteau  d'Oléron,  puis  Jean  Magneron, 
fils  de  Pierre  Magneron  et  de  Marie  Guilminette,  (]) 
de  la  paroisse  de....  en  Poitou.  Le  brave  notaire 
nous  dit  ensuite  que  le  dit  Jean  Magneron  prend  à 
épouse  la  dite  Marie  Guilminette  et  que  la  dite  Guil- 
minette prend  à  époux  le  dit  Magneron,"  etc.  Le 
'juipro'/uo  est  plaisant.  Mais  ce  qui  nous  intéresse  c'est 
le  nom  de  la  paroisse  de  Pierre  Magneron.  Tanguay 
ne  l'a  pas  lu.  Cela  peut-être  Mongon  ?  Mais  sur  la 
patte  de  mouche  qui  précède  le  g  il  y  a  un  point. 
C'est  donc  un  i.  Et  alors  ?  On  peut  et  peut-être  doit- 
on  lire  Morigon  <>u  Merigon.     Si   maintenant  l'on   se 

(1)    l-^t  non  (ruilk-niet.  donné  par  Tanguay. 


—  111  — 

rappelle  que  Guillaume  Taphorhi  avait  pour  mère 
Jeanne  Mérigon,  ou  Mérigone,  si  M.  Myrand  le  pré- 
fère— on  féminisait  alors  bravement  les  noms  de  rem- 
me — et  qu'en  ce  tempa-là  les  personnes  étaient  sou- 
vent affublées  de  noms  de  villes,  de  villages,  de  pro- 
vinces, il  est  difficile  de  résister  à  la  tentation  de 
croire  qu'il  y  a  entre  les  Migneron,  les  Migneran,  les 
Myrand  et  les  Mayrand,  une  parenté  bien  plus  -étroite 
que  ne  semble  l'admettre  notre  honorable  correcteur. 
Simple  conjecture  sans  doute»  En  tout  cas  l'autorité 
de  Tanguay  est  par  trop  mince  pour  eu  décider. 

L'abbè  h -A.  Scott 

MGR  PLESSIS  A  ROME 


Lorsque  Mgr  Plessis  séjourna  à  Rome  en  1819,  il 
déroba  quelques  heures  à  ses  importantes  occupations 
pour  visiter  les  musées.  Le  grand  évèque  de  Québec 
avait  des  qualités  d'homme  d'Etat,  mais  il  n'était  pas 
artiste,  et  il  l'apprit  à  ses  dépens  en  présence  du  ta- 
bleau de  la  Transfiguration  de  Raphaël.  Au  moment 
où  il  l'examinait,  accompagné  de  son  secrétaire, l'abbé 
Turgeon,  il  y  avait  quelques  personnes  dans  le  salon, 
et  devant  le  tableau  un  peintre  qui  en  faisait  une 
copie.  Tout  à  coup  Mgr  Plessis  rompit  le  silence,  et 
dit  en  indiquant  le  bras  droit  de  la  mère  du  possédé, 
placée  au  premier  rang  de  la  toile  : 

— Voilà  un  raccourci  exagéré,  c'est  évidemment  un 
défaut. 

A  cette  remarque  inattendue,  le  peintre  se  redressa, 
déposa  son  pinceau,  et  se  retournant  vers  Mgr  Plessis, 
lui  dit  : 

— M.  l'abbé,  ici  on  ne  critique  pas,  on  admire. 

Et  il  reprit  son  travail. 

Mgr  Plessis  ne  répliqua  pas  et  sortit  de  la  pièce. 

(Extrait  des  Mémoires  inédits  de  l'abbé  Casgrain.) 


—  112  — 

LE  CHEVALIER  ROBERT-ANXfi  D'ESTIMAU- 
VILLE  DE  BEAUMOUCHEL 

Il  était  le  fils  de  Jean-Baptiste-Philippe  D'Estimau- 
ville,  sire  et  baron  de  Beaumouchel,  et  de  Marie-Char- 
lotte d'Aillebonst,  et  naquit  ù  Louisbourg  le  3  dé- 
cembre 1754. 

Il  entra  dans  l'armée  française  et  servit  avec  dis- 
tinction jusqu'à  la  Révolution. 

11  passa  ensuite  en  Allemagne,  puis  en  Angleterre. 

(^'est  quelques  années  après  le  traité  d'Amiens  qu'il 
vint  rejoindre  au  Canada  son  frère,  Jean-Baptistc- 
riîilijtjte-Charles  D'Estimauville,  siie  et  baron  de 
Beaumouchel,  grand-voyer  et  insp)eeteur  des  chemins 
et  des  rues  pour  le  district  du  Québec. 

Celui-ci  l'employa  d'abord  en  qualité  de  député" 
grand-voyer. 

Le  30  décembre  1813,  il  était  nommé  inspecteur 
des  grands  chemins,  rues  et  ponts  dans  la  cité  et  pa- 
roisse de  Québec. 

Le  19  janvier  1815,  il  abandonnait  cette  charge  et 
était  remplacé  par  Jean-Antoine  Bouthillier. 

Le  15  mai  1817,  le  chevalier  D'Estimauville  se  fai- 
sait recevoir  arpenteur. 

Quelques  mois  plu^s  tard,  le  1er  octobre  1817,  il 
remettait  sa  commission  de  député-grand-voyer  du 
district  de  Québec. 

En  mai  1818,  le  lieutenant-colonel  Bouchette  nom- 
mait, avec  l'approbation  du  gouverneur,  M.  Joseph 
Bouchette  et  M.  le  chevalier  D'Estimauville, ses  dépu- 
tés durant  son  absence  de  la  Province,  pour  faire  les 
devoirs  de  son  office  comme  arpenteur  général. 

A  la  tin  de  la  même  année,  M.  le  chevalier  D'Esti- 
mauville établissait,  en  société  avec  François  Romain 


LE  CHEVALIEE  EOBEKT-ANNE  D'ESTIMATJ- 
VILLE  DE  BEAUMOUCHKL 


—  114  — 

un  bureau  d'agence  générale  à  Québec.  Ce  bureau 
(levait  fournir  des  renseignements  aux  éinigrés  ou 
voyageurs  qui  arrivaient  dans^  notre  pays  ;  s'oi;cuper 
de  trouver  des  domestiques,  de  les  placer  :  vendre, 
louer  les  maisons,  etc.,  etc.  (1) 

Le  2  juin  1821,  M.  D'P^stimauville  acceptait  de 
nouveau  la  charge  de  dépu té-grand- voyer  pour  le 
district  de  Québec.  Le  grand-voyer  annonçait  cette 
nomination  dans  les  termes  suivants  : 

"  A  tous  ceux  que  le  présent  concerne, — salut  : 
"  Attendu  que  la  santé  de  notre  député  actuel  pour 
ce  district  ne  lui  permet  pas  d'en  remplir  les  fonctions, 
sachez  qu'en  vertu  de  l'autorité  à  nous  conférée  par  le 
iStatut  Provincial  36  George  II f,  chapitre  9,  dans  le 
préambule,  de  nommer  et  appointer  un  député  pour 
nous  assister  dans  nos  fonctions  de  grand-voyer  de  ce 
district,  nous  avons,  sous  le  bon  plaisir  de  Son  Exc<>l- 
lenee  le  Gouverneur  en  Chef,  nommé  etappointé 'com- 
me notre  député  le  chevalier  Robert  D'Estimauville, 
Ecuyer,  enjoignant  à  tous  les  officiers  des  chemins 
ainsi  qu'à  toutes  personnes  y  concernées  de  le  recon- 
naître et  de  lui  obéit  comme. tel,  con^me  aussi  d'ajou- 
ter foi  à  tous  actes  qu'il  pourra  faire  en  telle  sUsdite- 
qualité  do  notre  député. 

J.-Bte  D'Estimauville, 
grand-voyer  du  district  de  Québec  "  (2) 

En  juillet  1822,  le. chevalier  D'Estimauville.  était 
assermenté  comme  grand  connétable  «le  la  ville  et 
banlieue  de  Québec.  Il  ren>plissait  en  même  temps  les 
fonctions  d'interprète  pour  les  cours  du  Banc  du   Roi 


(1)   (ia:e.tte  de  Québec,  3  gepteinbro  1818. 
(•i)    dazrite  (If  Québec.  4  juin  1821. 


—  115  — 

et  pour  les  sessions  fie  quartier  de  la  paix  dans  et  pour 
le  district  de  Québec. 

Il  ne  devait  pas  exercer  ces  charges  bien  longtei^ps. 
Le  28  avril  1823,  il  était  nommé  gentilhomme  huissier 
de  la  Verge  Noire  du  Conseil  Législatif,  de  cette  pro- 
vince, à  la  place  de  William  Bouthillier,  décédé. 

Thomas  Aylwin  le  remplaça  comme  grand-conné- 
table le  25  avril  1823,  et  comme  interprète  le  22  oc- 
tobre suivant. 

Le  5  mai  1823,  le  chevalier  D'Estimauville  était 
fait  juge  de  paix  pour  le  dictrict  de  Québec. 

En  1829,  M,  D'Estimauville  publia  un  ouvrage 
intitulé  Cursory  view  of  the  Local,  Social, .  Moral  ovd 
Politico.1  State  of  the  Colony  of  Lower  Canada.  Bibaud 
a  résumé  son  opinion  de  cette  brochure  en  disant  que 
son  auteur  ne  s'y  montrait  pas  Canadien,  mais,  qu'il 
y  dit  néanmoins  beaucoup  de  vérités.  (1) 

Le  chevalier  Robert-Anne  D'Estimauville  de  Beau- 
niouchel  mourut  à  Québec  le  31  juillet  1831.  Il  fut 
inhumé  le  2  août  dans  le  cimetière  des  Picotés. 

A  la  suite  de  ses  campagnes  en  Europe,  il  avait  été 
créé  chevalier  de  l'ordre  noble  et  militaire  de  Saint- 
Lazare  et  du  Mont-Carmel. 

M.  de  Gaspé  raconte,  dans  ses  Mémoires,  une  curieu- 
se mystification  dont  M.  D'Estimauville  fut  la  victime. 
"  Peu  de  mystificateurs  ont  possédé  les  talents  variés 
de  mon  ami  le  major  Pierre  La  Force,  dit-il.  Il  avait 
le  A-7îac7i-  d'imiter  la  langue  allemande  et  les  idiomes 
i  ndiens  de  manière  à  tromper  allemands  et  sauvages. 
"  Le  chevalier  Eobert  D'Estimauville  ayant  servi 
dans  les  armées  prussiennes  parlait  la  langue  alleman- 

(1)  Dictionnaire    historique   des    hommes   illustres    du 
Canada,  p.  102. 


—  lia  — 

de  avec  facilite*  :  nous  lui  dîmes  un  jour  que  notre  ami 
le  major  alors  présent,  possédait  aussi  cet  idiome.  L«î 
chevalier  commence  aussitôt  l'attaque,  à  laquelle 
La  Force  répond,  avec  un  sérieux  de  glaee,  par  une 
longue  tirade. 

'• — Vous  parlez,  monsieur,  dit  le  chevalier,  un  lan- 
gage corrompu,  l'allemand  de  la  Basse-Saxe  ;  et,  sur 
luon  honneur,  on  ne  vous  comprendrait  pas  à  la  cour 
de  Berlin. 

"^ — Je  le  crois,  dit  humblement  le  major,  la  Basse- 
Saxe  est  la  seule  partie  de  l'Allemagne  où  j'aie  fait 
quelques  études  de  cette  belle  langue. 

'•  Lorsque  le  chevalier  D'Estimau ville  sut  que  c'é- 
tait une  mystification,  il  en  aimait  peu  la  plaisante- 
rie." (1)  P.  U.  R. 


GENTILSHOMMES  HUISSIERS  DE  LA  VERGE 

NOIRE  DU  CONSEIL  LÉGISLATIF  DE 

LA    PROVINCE    DE    QUÉBEC 


Guillaume  Boutillier 15  décembre  1792 

Chevalier  Rol>ert-Anne  D'Estimauville.  .  3  avril  18:^:» 

John  Sewell 15  avril  1831 

Frederick-Starr  Jarvis    10  juin  1841 

René   Kimber 12  juillet  1852 

Samuel-Staunton  Ilatt 23  décembre  18C7 

F'rank  Pennée 22  novembre  1901 

Arthur  Saint-Jacques 14  mars  1904 


(  1  ;    .\f<^mo''re.<,  \>.  .'Î30. 


—  117  — 

PROTONOTAICES  DU  DISTRICT  DE  QUEBEC 

David  Lvnd  )  -, ,    w        , 

Pierre-Louis  Panet  / ^^  décembre  1794 

David  Lyjid  1 

Joseph- François  Perrault  j     8  mai  1795 

George  Pyke  |  ia      '^ 

Joseph-François  Perrault   | ^^  ^^^^  ^^^2 

Joseph-François  Perrault  )  r>r        • 

John  Ross,  jr  |    ^5  mai  1812 

Joseph-François  Perrault") 

John  Ross  l    22  juillet  1826 

Edwarnd  Burroughs  j 

Joseph-François  Perrault  ]  -,-,    w 

Edward  Burroughs  j     ^^  décembre  1830 

Edward  Burroughs     i 

Hector-Simon  Huot  j    ^  *^"1  1^44 

Edward  Burroughs  > 

Louis  Fiset  \ 27  juin  1846 

Louis-Joseph-Cyprien  Fiset    ) 

John-Henry-Ross  Burroughs  ) ^"  octobre  1861 

Louis-Joseph- Cyprien  Fiset    "i 

John-IIenry-Ross  Burroughs  >    4  janvier  1873 

Archibald  Campbell  j 

Philippe  Malouin 10  janvier  1898 

RECORDERS  DE  LA  CITÉ  DE  MO^-TRÊAL 

John-Ponsonby  Sexton 3  mars  1859 

Benjamin  Testard  de  Montigny 7  octobre  1880 

Alexandre-Eudore  Poirier  \ 

Robert-Stanley  Weir  /    6  mai  1899 


—  118  — 
RÉPONSES 


L'indemnité  de  nos  dei)iites.  (IX,  V,  942.)- 
Le  17  décembre  1792,  s'ouvrait  à  Québec,  dans  l'an- 
cien palais  épiscopal,  érigé  au  haut  de  la  côte  LaMon- 
tagne,  la  première  session  du  premier  parlement  de  la 
Chambre  d'Assemblée  du  Bas-Canada,  Ce  parlement 
eut  quatre  sessions.  Pendant  ce  premier  parlement 
nos  députés  ne  reçurent  pas  un  sou  d'indemnité.  Ils 
furent  même  obligés  de  payer  leurs  dépenses  _  de 
voyages  1  L'un  d'eux,  le  député  de  Gaspé,  avait  330 
lieues  à  parcourir  pour  se  rendre  au  siège  du  gouver- 
nement. Il  ne  pouvait  faire  ce  trajet  en  moins  de 
quinze  à  dix-sept  jours. 

On  comprend  que  ce  système  avait  de  très  graves 
inconvénients.  Le  temps  que  les  députés  passa,ient  à 
Québec  (1)  leur  faisait  négliger  leurs  aôaires,  et  cela 
sans  aucune  rétribution.  Aussi,  aux  élections  pour  le 
deuxième  yiarleraent,  sur  les  cinquante  députés  qu'a- 
vait compté  le  premier  parlement  quatorze  seulement 
revinrent  en  Chambre.  Quelques-uns  des  trente-six 
autres  avaient  été  rejetés  par  le  peuple  mais  la  plupart 
avaient  refusé  de  briguer  de  nouveau  les  suffrages 
populaires. 

A  la  troisième  session  de  ce  deuxième  parlement, 
en  1799,1a  Chambre  s'occupa  quelque  peu  de  l'indem- 
nité de  ses  membres.  M.  Papineau  proposa  à  la  Cham- 
bre d'Assemblée  d'examiner  s'il  ne  serait  pas  à  propos 
d'accorder  une  indemnité  à  l'orateur  et  aux  députés 
pour  leurs  frais  de  voyages  et  la  perte  de  leur  temps. 
La  grande  majorité  des  députes  repoussèrent  cette 
suicgestion  avec  indignation. 


(1)   La,8e•!^ion  de  1793-94  dura  près  de  six  mois. 


.  —  119  — 

Pendant  le  troisième  parlement,à  la  session  de  1802, 
M.  Bwrthelot,  député  de  Quél^ec,  ramena  sur  le  tapis 
If^  question  de  l'indemnité  de  l'orateur  et  des  mem- 
bres de  la  Chambre  d'Assemblée.  M.  DeBonne,  bien 
payé  comme  juge  et  qui  possédait  de  la  fortune,'  suo-- 
géra  de  publier  la  proposition  de  M.  Berthelot  pen- 
danttrois  semaines  consécutives  dans  les  journaux  de 
Québec  et  de  Montréal,  afin  qu'elle  parvint  à  la  con- 
naissance des  électeurs.  (Jette  suggestion  ne  fut  pas 
acceptée^  mais  elle  termina  la  discussion  à  ce  sujet 

En  1807,  MM.  Bédard  et  Bourdages  tirent  une 
nouvelle  tentative  pour  faire  payer  par  la  province  les 
dépenses  des  députés  éloignés  de  Québec,  mais  la  con- 
sidération de  cette  mesure  fut  encore  remise  indéfini- 
ment par  le  vote  des  députés  de  langue  anglaise  aux- 
quels se  joignirent  quelques  Canadiens  plus  favorisés 
que  la  plupart  de  leurs  collègues  du  côté  de  la  for- 
tune.  (1) 

Pendant  la  session  de  1812,  M.  Bourdages  revint 
sur  la  question  de  l'indemnité  des  membres.  La 
Chambre  décida  de  leur  accorder  deux  piastres  par 
jour.  Un  acte  fut  proposé  à  cet  effet,  mais  il  fut  aban- 
donné à  sa  deuxième  lecture. 

En  1831,  le  projet  de  loi  de  M.  î^eilson  pour  accor- 
der une  indemnité  aux  députés  rencontra  une  vive 
opposition.  "  M.  Neilson  prétendait  que  les  députés 
n'étant  pas  salariés,  les  comtés  éloignés  ne  pouvaient 
pas  toujours  envoyer  au  parlement  ceux  qu'ils  dési- 
raient avoir  pour  représentants,attendu  que  leur  choix 
pouvaient  toraiber  sur  des  personnes  dont-  les  ressour- 

(1)  Le  Courrier  de  Québec  da  2S  février  1807  publie  les 
<ii.scours  in-ononcJs  au  cours  du   débat  par   MM.    Do  Bonne 
Bédard,  Bourdages,  Mtirtiiicau,    iiichardson  et  Planté. 


—  120  — 

ces  ne  permettaient  pas  de  faire  le  sacrifice  de  leur 
temps  et  de  leur  argent.  Les  opposants  soutenaient 
au  contraire  que  si  on  accordait  aux  membres  une 
indemnité,  la  conséquence  serait  que  les  élections 
porteraient  à  la  léijislature  des  démagogues  et  des 
agitateurs  qui  ne  se  feraient  élire  que  pour  l'appât  du 
gain."  Cependant  le  projet  de  loi  passa  ma' s  fut  re- 
poussé au  Conseil. 

"  Lo  conseil  législatif,  écrivait  quelques  jours  plus 
tard  le  rédacteur  de  V Observatew^,  a  rendu  un  service 
au  pays  en  ne  concourant  pas  à  un  projet  de  la  cham- 
bre basse  :  nous  voulons  parler  du  bill  de  la  paie  des 
membres  de  cette  chambre.  Outre  que  le  rejet  de  ce 
hill  épargne  à  la  province  plusieurs  milliers  de  livres, 
il  empêchera  que  l'Assemblée  ne  se  compose,  à  l'ave- 
nir, en  grande  partie  (comme  c'était,  en  apparence,  le 
but  de  quelques-uns  des  fauteurs  de  la  mesure  et  en 
particulier  de  M.  Xeilson)  que  de  simples  cultivateurs, 
gens  très  respectables,  sans  doute  dans  leur  état,  mais 
très  peu  propies,  généralement,  k  faire  des  législa- 
teurs, parce  que,  vu  Tétat  général  de  l'éducation  chez 
la  classe  agricole,  un  très  grand  nombre  seraient  né- 
cessairement menés  et  menables,  à  la  volonté  d'un 
très  petit  nombre  comme  l'ont  remarqué  quelques 
membres,  entre  autres,  M.  Cuvillier." 

Indigné  du  rejet  de  son  projet  de  loi,  M.  Bourdages 
proposa  d'inclure  dans  le  budjet  "  que  la  somme  de 
2000  louis  soit  accordée  à  Sa  Majesté, pour  indemniser 
les  membres  de  l'Assemblée." 

MM.  !N'eilson,Lee  et  Papineau  se  prononcèrent  pour 
cette  motion,  qui  fut  combattue  par  MM.  Lagueux, 
Duval,  Quesnel  et  Young.  Elle  fut  finalement  adoptée 
par  un  vote  de  29  contre  20  Chaque  député  devait 
recevoir  une  allocation  de    dix    chelins    pour   chaque 


—  121  — 

jour  de  présence  à  la  Chambre,  et  de  quatre  chelius 
pour  chaque  lieue  de  distance  entre  le  lieu  de  sa  rési- 
dence et  celui  des  séances  de  la  Chambre.  Pour  la 
première  fois,  depuis  la  constitution  de  1791,  nos  dé- 
putés retirèrent  une  indemnité  pour  leurs  services. 

En  1838,  le  Conseil  et  la  Chambre  parvinrent  à 
s'entendre.  Le  projet  de  loi  de  M.  Neilson  fut  enfin 
adopté  avec  quelques  amendements.  C'est  le  3  Guil- 
laume IV,  chapitre  XV.  "  Pendant  cljaque  session 
du  présent  Parlement  Provincial,  y  lisons-nous,  il  sera 
alloué  à  chaque  membre  de  l'Assemblée  qui  assistera 
aux  dites  sessions,  dix  chelins  courant  pour  chaque 
jour  qu'il  y  aura  assisté,  et  quatre  chelins  courant 
pour  chaque  lieue  de  distance  entre  son  domicile  et  le 
siècle  du  Parlement  Provincial." 

Le  statut  6  Guillaume  IV,  chapitre  2,  accorda  la 
même  indemnité  aux  membres  qui  devaient  assistera 
la  session  de  1836  et  aux  sessions  futures. 

En  1841,  l'indemnité  des  députés  fut  fixée  à 
soixante-cinq  louis,  et  les  frais  de  route  à  dix  chelins 
par  vingt  milles,  aller  et  retour.  U*ne  somme  de  mille 
louis  fut  votée  à  l'orateur  de  l'Assemblée  législative, 
■à  condition  qu'il  ne  remplirait  aucune  autre  charge 
lucrative. 

Pendant  la  session  de  1856,  nos  députés  portèrent 
leur  indemnité  à  six  piastres,  chaque  jour  de  la 
session. 

En  1859,  la  même  indemnité  fut  votée,  c'est-à-dire 
six  piastres  par  jour,  si  la  session  ne  dépassait  pas 
trente  jours  ;  si  la  Chambre  siégeait  plus  de  trente 
jours  chaque  membre  devait  recevoir  six  cents 
piastres. 

En  1870  {Statut  33  Victoria),  nos  députés  s'accor- 
dent $6  par  jour  si  la  session  a  moins  de  31  jours  ;   si 


elle  va  f>lus  loin  ils   doivent   recevoir  |600   pour  hc 
session. 

En  1878  {Statut  41-42  Victoria),  nos  députés  de- 
viennent économes.  Ils  baissent  leur  indemnité  à 
lôOd  par  session. 

En  1885  {Stntiit  48  Victoria)  on  revient  à  l'ancien 
système,  c'est-à-dire  $6  par  jour  si  la  session  n'excède 
pas  SO  jours  ;  si  elle  dépasse  30  Jours  nidemnité 
de  $600.' 

En  1888  {Statut  ol-cy2  Victoria)  il  est  décidé  que 
nos  députés  recevront  $6  par  j  jur  si  la  session  n'a  pas 
oO  jours  ;  s'ils  siègent  plus  de  30  jours  leur  indemnité 
est'ftxé  à  $800. 

Pas  de  changement  depuis. 

V.  (4.  R. 

La  langfiie  française  au  Canada.  (III,  I,  278. > 
— La  langue  française  est  aujourd'hui  l'une  des  deux 
langues  officielles  du  Canada,  n'en  déplaise  aux  quel- 
ques fanatiques  dont  cet  état  de  choses  offusque  les 
préjugés.  Mais  il  n.'en  a  pas  toujours  été  ainsi. 

il  n'y  avait  aucune  clause  relative  à  la  langue  na- 
tionale des  Canadiens  dans  les  capitulations  de  1759' 
et  de  1760,  non  [tlus  que  dans  le  traité  île  l*ari>,  dans 
l'Acte  de  Québec  (1774),et  dans  l'Acte  constitutionnel 
de  1791.  Cependant,  en  l'absence  de  clauses  prohibi- 
tives. l'Assembléfi  législative  du  Bas-Canada  décréta, 
en  1792, que  tous  les  documents  et  pièces  de  procédure 
parlementaires  seraient  écrits  dans  les  deux  langues. 
Voici  les  considérants  qui  précédaient  le  rapport  du 
comité  chargé  de  formuler  des  règles  à  ce  sujet. 

"  Considérant  que  l'Assemblée  de  cette  province 
est  composée  d'Anglais  et  de  Canadiens,  ([uc  la  gran- 
de majorité  des    électeurs    et   des   représentants  sont 


Canadiens  qui  ne  parlent  et  n'entendent  que  la  langue 
française. 

"  Que  les  ancienntîs  lois,  coutumes  et  usages  de  ce 
pays  ont  été  conservés  par  l'Acte  de  la  14èrae  année 
de  Geopire  III,  chap.  83,  avec  l'introduction  des  lois 
criniiiiclles  (TAngleterre  en  cette  province. 

"  Que  l'acte  de  la  Slème  année  de  Sa  Maje8té,chap, 
Slèmc,  n'a  t'ait  aucun  changement  à  cet  égard,  mais 
une  provisit)n  concernant  les  droits  du  clergé  protes- 
tant. 

"  Que  la  conséquence  de  ces  Actes  est  que  les  lois 
qui  nous  gouvernent  sont  en  deux  langues,  et  que  les 
Actes  à  statuer  par  la  législation  de  cette  province 
résulteront  de  ces  diftérentes  lois. 

"  Que  les  circonstances  imposent  une  nécessité  d'é- 
tablir un  principe  qui  ne  répugne  ni  à  la  justice  ni  à  la 
raison  de  la  chose. 

"  Que  ce  principe  doit  être  puisé  dans  les  Actes  du 
parlement  qui  ont  rapport  à  notre  province,  et  dans 
les  intentions  bienfaisantes  de  notre  très  gracieux 
souveiain,  qui  n'a  en  vue  que  le  bien  général  de  tous 
ses  sujets  indistinctement,  et  la  sûreté  et  la  conserva- 
tion de  leurs  propriétés  ". 

En  conséquence,  de  1792  à  1840,  les  journaux  de  la 
chambre,  les  statuts  provinciaux,  les  documents  par- 
lementaires furent  imprimés  en  français  et  en  anglais, 
et  les  deux  langues  furent  sur  un  pied  d'égalité.  Mais 
l'Acte  d'Union  adopté  par  le  parlement  impérial  en 
1840,  nous  fit  reculer  d'un  demi-siècle.  La  clause 
41ème  de  cette  loi  décréta  :  "  Que  tous  les  brefs,  pro- 
clamationSjinstruments  ayant  pour  objet  de  convoquer, 
de  proroger  le  Conseil  Législatif  et  l'Assemblée  Légis- 
lative, ou  de  dissoudre  la  Législature,  et  tous  les  man- 
dats de  convocation  et  d'élection,  et  tous*  les  brefs   et 


—  124  — 

instrumeiifs  [)iiblics  queleoiiquo-;  concernant  les  dit? 
Conseil  Législatif  et  Assemblée  Législative  ou  l'un 
(Veux,  et  tous  rapports  de  tels  brefs,  mandats  et  ins- 
truments, et  tous  journaux,  entrées  ou  procédures 
quelconques  écrites  ou  imprimées  des  dits  Conseil  Lé- 
gislatif et  Assemblée  Léarislative  ou  de  cliacun  d'eux 
respectivement,  et  toutes  procédures,  écrites  on  impri- 
mées, des  comités  des  dits  Conseil  Législatif  et  As- 
semblée Législative  respectivement,  devront  être  en 
anglais  seulement  ;  pourvu  toujours  qne  cette  disposi- 
tion ne  soit  ]>as  interprété  de  manière  à  empêcher 
qu'il  n'y  ait  des  copies  traduites  de  ces  documents, 
mais  aucr.ne  de  ces  copies  ne  devra  être  gardée  dans 
les  archives  du  Conseil  Législatif  ou  de  1"  Assemblée- 
Législative,  ni  ne  sera  considérée  comme  ayant  l'au- 
torité d'un  texte  original  ", 

Cette  clause  proscrivait  le  français  comme  langue 
officielle.  On  pouvait  l>ien  faire  des  traductions  Iran- 
(/aises,  mais  ces  traductions  n'avaient  aucune  autorité 
légale.  Ijes  députés  canadiens-français  du  Bas-Canada 
protestèrent  contre  l'ostracisme  de  leur  langue.  Nou& 
aimons  à  citer  ici  les  paroles  prononcées  i)ar  M. 
La  Fontaine  au  début  de  la  session  de  1842  :  "■  On  me 
demande  de  prononcer  dans  une  autre  langue  que  ma 
langue  maternelle  le  premier  discours  que  j'aie  à  faire 
dans  cette  chambre.  Je  me  défie  de  mes  forces  à  par- 
ler la  langue  anglaise.  Mais  je  dois  informer  les  hono- 
rables membres  que,  quand  même  la  connaissance  de 
la  langue  anglaise  me  serait  aussi  familière  que  celle 
de  la  langue  française,  je  n'en  ferais  pas  moins  mon 
})remier  discours  dans  la  langue  de  mes  compatriotes 
canadiens-français,  ne  fût-ce  (pie  [»our  protester  solcn- 
nellonicnt  contre  cette  cruelle  injustice  de  l'Acte 
d'Union  qui  tend  à  proscrire  la  langue  maternelle  d'une 
moitié  de  la  population  du  Canada.     Je  le  dois  à  mes- 


_  125  — 

comioatriotes,  je  le  dois  à  moi-même."  Cette  noble  at- 
titude était  de  nature  à  commander  le  respect  de  tous 
les  hommes  de  cœur. 

Durant  la    première    session    de    cette    législature, 
l'Assemblée  pourvut  à  la  traduction  en  français  de  ses 
journaux  et  procédures  diverses,  pour   l'usage  de    ses 
membres.  Elle  adopta  aussi  cette  règle  :  "  Quand  une 
motion  est  soumise,  elle  doit  être  lue  en  anglais  et  en 
français,  par  l'Orateur,  s'il  possède  l'usage  des   deux 
langues  ;  sinon,  il  la  lira  dans  la   langue   qui   lui  est 
plus  familière  :  et  la  lecture  dans  l'autre    langue    sera 
faite  par  le  greffier  ou  son  assistant,  avant  tout  débat." 
Durant  la  même  session  on  adopta  une  loi   relative  à 
la  traduction  de  l'Acte  d'Union,  et  des  statuts  provin- 
ciaux pour  distribution  parmi   les  Canadiens-français. 
A  la  session  de  1844-45,  l'Assemblée  législative  décida 
que  tous  les  bills  et  documents  soumis  à  la  chambre 
seraient  imprimés  en  français  et  en  anglais,  à  nombre 
égal  d'exemplaires.  Mais.pendant  cette  même  session, 
l'Orateur  refasa  une  motion    écrite    en    français,   allé- 
guant que  sa  réception  serait  une  violation  de  la  clause 
41ème  plus  haut  citée.     Et  sa  décision   fut  maintenue 
par  la  chambre.     C'est-à-dire  que  s'il  était  permis  de 
traduire  l'anglais  en  français,  l'anglais  seul  était   offi- 
ciellement reconnu. 

Le  9  décembre  1844,  M.  LaFontaine  proposa  une 
adresse  demandant  communication  de  toute  corres- 
pondance qui  pourrait  avoir  été  échangée  entre  l'exé- 
cutit  canadien  et  le  gouvernement  anglais  au  sujet  de 
la  41ème  clause  de  l'Acte  d'Union,  qui  faisait  de  la 
langue  anglaise  la  seule  langue  légale.  Le  gouverneur 
({ui  était  alors  lord  Metcalfe,  répondit  par  un  messao-e 
qu'il  n'y  avait  à  ce  sujet  que  des  dépêches  confiden- 
tielles.    Le   21   février  1845,   un  ministre,  M.   Denis 


—  1-26  — 

Benjamin  Pa})inoau, proposa  une  adresse  à  Sa  Majesté, 
la  priant  de  recommander  au  Parlement  impérial  la 
révocation  de  celte  trop  fameuse  clause.  Cette  adresse 
tut  adoptée  unanimement.  On  lit  à  ce  propos,  dans 
la  "  Vie  de  lord  Metcalfs,"  par  Ivaye"s  :  •'  En  sanction- 
nant une  mesure  comme  celle-là,  le  û^ouverneur  sentait 
qu'il  descendait  de  la  haute  position  qu'il  avait  occu- 
pée durant  ses  cinquante  ans  passés  dans  le  service 
public.  "  Aj^ant  appris,  dit-il,  que  le  parti  canadien- 
français  dans  la  chambre  avait  intention  de  proposer 
une  adresse  ;i  Sa  Miijesté,  la  priant  de  retrancher  de 
l'Acte  d'I'nion  la  restriction  imposée  à  l'usao^e  de  la 
langue  française,  dans  les  procédures  législatives,  le 
conseil  exécutif  résolut  de  le  devancer  en  proposant  la 
chose  lui-même.  Il  y  avait  des  instruction-  da  gou- 
vernement impérial  qui  défendaient  cela  ;  mais  il  était 
expédient  de  désarmer  l'opposition,  et  Metcalfe  con- 
sentit à  laisser  AI.  Papineau  présenter  l'adresse  à  ce 
sujet."  On  sent,  en  lisant  ces  lignes,  que  c'est  le  fana- 
tisme qui  tient  ici  la  plume. 

En  dépit  de  cette  adressé,  le  Parlement  impérial 
n'abrogea  la  clause  4Ième  de  l'Acte  d'Union,  qu'en 
1848.  Ce  tut  lord  Elgin  qui  eut  l'agréable  devoir 
d'annoncer  cette  boime  nouvelle  à  la  chambre.  Lé  dis- 
cours qu'il  prononça  en  ouvrant  la  session  de'  1849, 
contenait  le  jiaragraphe  suivant  :  "  Je  suis  fort  heu- 
reux d'avoir  à  vous  apprendre  que,  contormément  au 
désir  de»la  législature  locale,exprimé  dans  une  adresse 
des  deux  chambres  au  parlement  provincial,  le  parle- 
ment imp('rial  a  passé  un  acte  révoquatit  la  clause  de 
l'Acte  d'Union  qui  imposait  des  restrictions  à  l'usage 
de  la  langue  française  ".  Lord  Elgin  mit  le  comble  à 
la  joie  bien  légitime  éprouvée  à  ce  moment  par  nos 
compatriotes,  en  lisant  en  français  et  en  anglais  le  dis- 


i 


—  127  — 

cours  du  troue.  C'était  la  première  fois  que  pareil 
tait  se  produisait.  Les  gouverueurs  du  Bas-Cauada, 
sous  l'aucienue  coustitutiou,  lisaient  le  discours  eu 
anglais,  et  le  président  du  Conseil  législatifen  donnait 
ensuite  lecture  en  français.  Cette  courtoisie  de  lord 
Elgin  excita  l'enthousiasme  des  représentants  du  Bas- 
Cauada.  Le  vieil  athlète  de  nos  luttes  patriotiques,  M. 
Denis-Benjamin  Viger,  poussa  ce  cri  do  bonheur  : 
"  Que  je  me  sens  soulagé  d'entendre  dans  ma  langue 
les  paroles  du  discours  du  Trône  !" 

Enfin  dans  l'Acte  décrétant  la  confédération — com- 
munément appelé  '4' Acte  de  l'Amérique  britannique  du 
Nord  "  -  la  langue  française  est  solennellement  recon- 
nue comme  langue  otiicielle,  par  la  clause  133e,  dont 
voici  le  texte  :  "•  Dans  les  chambres  du  parlement  du 
Canada  et  les  chambres  de  la  législature  de  Québec, 
l'usage  de  la  langue  française,ou  de  la  langue  anglaise, 
dans  les  débats,  sera  facultatif  ;  mais  dans  la  rédac- 
tion des  archives,  procès-verbaux  et  journaux  respec- 
tifs de  ces  chambres,  l'usage  de  ces  deux  lano-ues 
sera  obligatoire  ;  et  dans  toute  plaidoirie  ou  pièce  de 
procédure  par  devant  les  tribunaux  ou  émanant  des 
tribunaux  du  Canada  qui  seront  établis  sous  l'autorité 
du  présent  acte,  et  par  devant  tous  les  tribunaux  ou 
émanant  des  tribunaux  de  Québec,  il  pourra  être  fait 
également  usage,  à  faculté,  de  l'une  ou  de  l'autre  de 
ces  langues.  Les  actes  du  parlement  du  Canada  et  de 
la  législature  de  Québec'devront  être  imprimés  et  pu- 
bliés dans  ces  deux  langues." 

Voilà  comment,  à  travers  bien  dos  vicissitudes,  la 
langue  de  Bossuet,  de  Montesquieu  et  de  Berrjer  a 
triomphé  des  fanatiques  qui  voulaient  la  proscrire,  et 
conservé  son  droit  de  cité  au  Canada. 

Ignotus 


—  128  — 
QUESTIONS 


1002— Oïl  sait  ([u'i-u  1646,  M.  D'Aulnay  de  Char- 
nisay,  gouverneur  de  TAcadie,  envoya  MM.  Marie  et 
Louis  à  Boston  pour  conclure  la  paix  avec  les  Anglais. 
Est-on  parvenu  à  découvrir  Tidentité  de  ces  deux 
éiiigmatiques  personnages  ?  Etaient-ils  réellement  des 
religieux  ?  XXX 

1003 — Oii  Bibaud  prend-il  son  autorité  pour  affir- 
mer que  Perrot,  gouverneur  de  Montréal,  puis  de 
TAcadie,  '"'  alla  perdre  la  vie  à  la  Martinique  "  ? 

P.  O.  K. 

1004 — A-til  été  publié  quelque  part  une  liste  des 
gouverneurs  ou  commandants  de  Détroit  sous  le  régi- 
me français  ?  J'ai  entre  les  mains  une  lettre  qui  sem- 
ble indiquer  que  Josepb  Guyon  Dubuissoii  était  com- 
mandant de  Détroit  en  1711.  Det. 

1005—  Garneau  nous  dit  quelque  part  que  Nicolas 
Daneau  de  Muy  nommé,  en  1707,  gouverneur  de  la 
Louisiane,  mourut  en  allant  prendre  possession  de  son 
gouvernement  et  qu'il  eut  M.  de  Lamotlie-Cadillac 
pour  successeur.  ^J Histoire  des  (Jrsalines  de  Québec 
laisse  entendre  que  M.  de  Muy  vivait  encore  en  1720. 
Où  est  la  vérité  là-dedans  ?  Le  M.  de  Muy  nommé 
gouverneur  de  la  Louisiane  en  1707 est-il  bien  ^N'icolas 
Daneau  de  Muy  ?  XXX 

1006 — (2ui  était  grarid-voyer  du  district  de  Trois- 
Rivières  en  juillet  1793  ?  CuR. 

1007 — En  quelle  année  la  compagnie  de  Dumesny 
est  elle  arrivée  dans  la  Nouvelle-France  ?      J.  E.  B. 


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^Q^JI  '>    ])Our  Sherbrooke,   Bostuu,    Spriiigdehl,   New- 
P.  M.      )    York,  Ions  les  points  de  hi  Nouvelle- Angleterre, 
aussi  Beauce  et  ML'gnatic.   chars   Pullman   dortoirs  sur   e« 
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P.   AL     3    juin  avec  chars  directs  taisant  le  trajet  le  j)lu« 
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Docteur  is  lettres,  membre  de  la  Sociétt'  Royale  du  Canada. 
bibliolhi'Cîurede  la  législature  do  Québec. 


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Bulletin  des  Recherches  H:  toriques,  Lérig 


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ETJHiLElTHSr 


—    DBg 


mmtm  msioBioyEs 


IBCIIÉOLOGIE— illSTOJEJi— EJOGEAPHli: 
BI BLI OGEA  PH  TK— NUMISAI  ^TQUE 


ORCANE     DE     LA      SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDBS     HUTORIQUIIU 


Çui  inanet  in  patrii  et  palriam  cogn»»ci.re  lavait 
Is  rr.ihi  non  civis  Sf  (l'prrfji  in«is  erii 


-  *jr.u^- 


PlEERE-GEOMiES   ÉOY 

ÉBITEUft-PROPRliTAIRE 
RTJB    irOLFÏ 

LBTIS 


RECHKHCH L;S  HISTORIQUES 


Sjmrnaire  (le  li  livrais  »ti  de  m  li  :  L'abb''  Pierre 
Iluet  de  la  Valinière,  1732-1794,  Mç^r  Fieiiri  Têtu  : 
François  Blanchet,  P.  G.  R.  :  lu  drapeau  tricolore  eit 
(îanada.  Benjamin  Suite  ;  Coniminiants  dr-  Détroit, 
Silas  Farmer  ;  Li  comp-ij^nie  du  sieur  l>im3suy, 
P.  G.  R.  :  La  histoires  ou  //éaiiJ,(>'/ies  rh,  /•unHJ.i'.'f^ 
P.  G.  R.  ;  Questions,  etc.,  etc. 

Gravure  :  Franc  )is  Blanchet. 

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Mémoires  de  R>bert-S.-M.  Boachette.  1805-1840. 
Recueillis  par  son  fils  Errol  Bouchette  et  annotés 
par  A.-D.  DeCelles. — La  Cie  de  publication  de  la 
Revue  Canadienne,  Montréal,  Canada. 

FamiUe  LeSieur  et  les  premiers  colons  du  fief  Gro- 
hois—Sifpplémcrit  aux  hases  de  l'histoire  d'  Yamachithe 
par  VL  Raphaël  Bellemare.  Montréal  Imprimerie  Ber- 
ireron,  i4'JH,  rue  N'otre- Dame -1904. 

Rohe-t  Lozé,  nouvelle,  par  Rrrol  Bouchette.  Mont- 
réal,  A.  P  Pigeon,    imprimeur,    1096-97,    rue    Ontario 

—  1903. 

Notice  biographique  sur  M.  Va hhé  M ayrand,  curé  de 
Saint- Isidore  (Dorcli.ester),\)2i\'  l'abbé  th.  G.  Rouleau. 
— (Québec,  Ttnprimerie  Darveau — 1904. 


B  U  L  L  (■:  T I X 

J)ES 

RECHKRCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  MAI  1904  No  5 


L'ABBÉ  riERKE  HUET  DE  LA  VALINTERE 

1732-1794 


Pat  mi  les  docinnénts  que  nous  avons  fait  copier,  ii 
va  quelques  années,  aux  Archives  de  la  Marine,  à 
i'aris,  je  remarque  une  intéret-sante  requête  signée 
|>ar  l'abbé  de  la  Valinière.  Il  s'y  prodigue  des  éloges, 
se  vante  d'a\oir  délivré  un  prêtre,  prisonnier  des 
Bostonnais,  attaque  Mgr  Bnand,  raconte  ses  aventu- 
res, et  dernande  des  faveurs  au  gouvernement  fran- 
çais. Piqué  par  une  curiosité  que  je  crois  légitime-, 
•désireux  surtout  de  venger  au  besoin  la  mémoire  de 
l'évêque  de  Québec,  j'ai  fait  des  recherches  sur  la  vie 
de  cet  abhé,  et  voici  à  peu  près  tout  ce  que  j'ai  pu 
tjôuver.  Je  eiteiai  d'abord  le  document  en  question, 
puis  je  tâcherai  de  suivre  M.  de  la  Valinière  dans  les 
différentes  étapes  de  sa  cairière  originale  et  mou- 
vementée. 

A  Son  Excellence  M.  de  Castrifïs,  secrétaire  d'Etat  au 
département  de  la  Marine. 

"  Votre  Excellence  excusera, s'il  lui  plaît,  un  ancien 
missionnaire  du  Canada,  qui,  de  retour  en  France 
depuis  neut  mois,  a  été  obligé  de  garder  un  silence 
qu'il  ne  cesse  de  se  reprocher  comme  pouvant  être 
préjudiciable  à  l'Etat.     Voici  le  fait. 


—  130  — 

"  Vingt-six  années  de  séjour  en  Canada,  snrt-out 
dans  le  temps  le  [lius  critique,  tant  sous  le  i-ègne  de 
France  que  d'Angleterre,  ont  dû  donner  quelques  con- 
naissances à  un  homme  chargé  successivement  d'une 
mission  sauvage  et  de  10  ou  11  paroisses  aux  deux 
extrémités  du  dit  pays  L'envie  de  se  rendre  ntile  à 
Dien  et  au  Roi  lui  lit  apprendre  la  langue  anglaise, 
sous  le  gouvernement  du  marquis  de  Vaudreuil,auquel 
il  rendit  gratuitement  service  en  qualité  d'interjjrète 
vis-à-vis  le  général  Abercronibv.  Mais  l'estime  géné- 
rale qu'on  avait  p  jur  lui  l'ayanr  tait  charger  du  soin 
de  certaines  paroisses  dont  les  districts  qu(»ique  réglés 
parla  cour  ne  semblaient  pas  faire  obstacle  à  l'évêque^ 
qui  les  voulait  déranger  sans  nécessité,  notre  mission- 
naire crut  devoir  s'y  opposer,  et  par  le  moyen  de  la 
justice,  il  obligea  le  dit  [>rélat  k  se  désister  de  son  en- 
tre[)rise.  Mais  hélas  '.  qu'il  est  triste  pour  un  prêtre, 
si  loin  du  soleil  et  sous  la  domination  anglaise,  de  dé- 
fendre son  droit  contre  un  évèquc  de  leur  nomination 
et  de  leur  goût  I 

•'  [1  arriva  donc  qu'en  1776,  les  insurgents  nommés 
en  Canada  les  Bostonnais,  ayant  pris  le  pays  et  as- 
siégé Québec,  pendant  tout  l'hiver,  jugèrent  à  propos 
de  détenir  deux  prêtres  prisonniers  à  Sorel  ;  alors 
n(»tre  missionnaire,  étant  le  seul  ([m  pût  s'expliquer  en 
anglais,  crut  devoir  faire  quelques  etiorts  pour  les  dé- 
livrer; il  fat  donc  à  Sorel  et  eut  le  Ijonheur  au  moins 
d'en  retirer  un  qu'il  amena  avec  lui.  Mais  sa  demande 
ne  tarda  pas  à  être  rendue  suspecte  au  gouvernement 
anglais,  lequel,  après  trois  ans  de  persécution  extrême, 
le  tit  enfin  ]iartir  subitement,  le  25  octobre  1779,  et 
l'envoya  à  Portsmouth,  avec  défense  de  le  mettre  à 
terre  sans  l'agrément  du  ministère.  Il  a  donc  été  là 
sept  mois  et  demi,  à  bord   des   vaisseaux   avec  seule- 


—  131  — 

ment  les  deux  tiers  de  la  ration  d'un  soldat,  puis  en- 
core vingt  jours  prisonnier  également  contre  le  droit 
fies  gens  a  Alesford,  d'où,  avec  un  passeport,  il  est 
venu  comme  il  a  pu  par  Ostende.  Mais  pour  comble 
Ue  ma  heur,  ayant  mis  ce  qui  lui  restait  dans  un  coffre  à 
bord  du  vaisseau  pour  être  conduit  à  Nante8,]e  vaisseau 
a  tait  naufrage,  l'our  lui,  étant  venu  par  terre  à  Pari - 
Il  prit,  a  son  arrivée,  la  liberté  de  demander  par  écrit 
uneaudienceaM.de  Sartine,  qui  sans  doute  n'eut 
pas  ie  temps  de  l'honorer  d'un  mot  de  réponse. 

''  Depuis  ce  temps-là,  ce  missionnaire  ne  cesse  de 
se  reprocher  son  inaction;  ayant  surtout  appris  le 
fiepart  du  comte  de  Grasse  à  qui  il  aurait  pu  être  de 
quelque  utilité,  il  ne  peut  s'empêcher  d'offrir  les  ser- 
vices et  les  connaissances  d'un  homme  âgé  bientôt  de 
«•inquante  ans,  suppliant.  Votre  Excellence  d'honorer 
a  un  mot  de  réponse  celui  qui  prend  déjà  la  liberté 
de  se  dire 

Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

P.  Huet  de  la  Valinière,  Ptre." 

Voilà  comment  M.  de  la  Valinière  résume  en  quel- 
ques mot^  les  misères  et  les  travaux  de  sa  vie  jusqu'en 
1780      Nous  allons  compléter  en  entrant  dans  plus  de 
détails  et  nous  le  suivrons  ensuite  jusqu'à  sa  mort 
Cette  notice  m'est  devenu  assez  facile  à  écrire,  grâce 
aux  précieux   renseignements  donnés   par   M   l'abbé 
P.  Rousseau,  le  pieux  archiviste  de  Saint-Sulpice,  par 
M.  1  abbe  Perrier,  vice-chancelier  de  l'archevêché  de 
Montréal,  et  par  MM.  les  curés  des  diverses  paroisses 
desservies  autrefois  et  successivement  par  celui  dont 
j  esquisse  la  biographie.     Ajoutez  comme  sources  his- 
toriques ou  j'ai  puisé  :  les  archives  de  l'archevêché  de 
Québec  qui  contiennent  plusieurs  lettres  de  cet  abbé 


—  132  — 

et  lin  pins  «irand  nombre  d'antres  qui  le  conconuMit  : 
enfin  la  Vie  ile  iiHi'hnne  d'YoïivilU  par  Faillon  et  Thf 
cathoUc  c/i.'ircli  in  the  United  States  par  Gilmarv  Sh'ja. 

Né  le  10  janvier  1732,  à  Varade,  Pierre  Hiiet  de 
la  Valinière  fit  ses  études  au  collèire  de  Nantes  et 
entra  an  i>:raud  séminaire  le  22  novembre  1752.  l'romn 
an  sons-diaconat,  il  se  rendit  à  Paris  et  entra  au  Sé- 
minaire de  Saint-Snl|>ice  dont  il  devint  l'nn  des  mem- 
bres. Comme  il  était  doué  d'un  grand  zèle  et  d'nne 
énergie  qui  ne  se  démentit  jamais,  il  crut  tronver  sa 
vocation  dans  Tceuvr^  des  missions  lointaines,  <»t, parti 
de  France  le  13  avril  1754,  il  arrivait  à  Montréal  le 
î)  septembre  suivant.  Il  y  fnt  ordonné  prêtre,  le  15 
juin  1755,  (\)  par  Mgr  de  Pontbriand  et  s'emjiloya 
aux  diverses  œuvres  du  séminaire  dans  la  ville  ou 
dans  les  environs. 

C'est  à  cette  époque  (1758)  qu'il  réussit  à  retirer  des 
mains  des  Sauvages,  une  petite  fille  anglaise-  nommée 
O'Flalierty,  au  moment  o\x  ces  barbares  allaient  la 
taire  périr  par  le  feu.  "  Ils  l'avaient  déjà  attachée  à 
un  poteau  avec  Mme  O'Flaherty,  sa  mère,  et  étaient 
])rets  à  les  brûler  l'une  et  l'autre,  lorsque  cet  ecclésias- 
tique, par  ses  prières,  ses  instances  et  ses  promesses, 
parvint  à  les  délivrer  de  la  mort."  (2)  Cette  entant 
que  madame  d'Youville  avait  reçue  chez  elle,se  donna 
à  sa  bienfaitrice  et  devint  sœur  de  la  charité.  Plus 
tard,  l'abbé  composa  à  la  demande  de  la  piensi  fonda- 
trice des  Sœurs  de   la  Charité  de  Montréal  des  litanies 


(1)  Cette  «hile  est  dotini-e  jiar  Tangiiay  et  je  fa  croi> 
exacte.  Mçr  de  l'ont  hriand  se  trouvait  à  Montrai  ce 
joni-là  et  d'un  autre  colé,  il  est  ,sûr  que  .M.  de  la  \'aiit)ière 
lut  ordonné  en  1755.  Je  n'ai  pu  ti'ouver  l'aeic  d'ordiiialiou. 

(2)  T'jV  tlt  madame  -/"  YouvilLr. 


RlxHÎales  ail  J^'re  Eternel  récitées  tous  les  jours  dius 
hi  cornmuucaulé  depuis  le  4  avril  1770,  où  'commença 
ce  pienx  usage. 

Le  22  mai    1759,   M.   de   la  Valinière   fut    nomm-^ 
curé  à  la  Rivière-des-Prairies  et   y  demeura    jusqu'au 
19  septembre    1766.     Ou   le   trouve  ensuite   curé    de 
Sauit-llenri  de  Mascouche,  du  2  novembre  1766  au  3 
janvier  1769  ;   k  Saint-Sulpice,  du  30  janvier  1769  au 
4  octobre  1773  ;  et  à  l'Assomption,  du    11    novembre 
17/4  au  Ur  février  1777.      Il   faut   ajouter  Lavaltrie 
du  18  octébre  1768  au    18    novembre   1771,   paroisse 
qu'il  desservit  évidemment  en  même  temps  que  Saint- 
Henri  de  Mascouclie,  puis  ensuite   avec  8aint-Sulpice. 
Daiis  une  lettre  adressée  à   l'évêque  de  Québec,  il   se 
l)laint  qu'il  a  perdu  la  moitié  de  ses  biens  à  Lavaltrie. 
Esprit  inquiet  et  changeant,il  ne  pouvait  évidemment 
pas  rester  en  place  et  il  fut  certainement  l'un  des  plus 
grands  voyageurs  de  son  temps  1 

Quand  il  prit  possession  de  la  cure  de  l'Assomption 
eu  1771,  l'abbé  de  la  Valinière  semblait  prévoir  les' 
amertumes  qui  Vy  attendaient  ;  car  il  écrit  à  l'évê- 
que :  '^  au  commencement  d'un  ouvrage  aussi  formi- 
dable comme  celui  dont  on  m'a  chargé,  je  me  résio-ne 
h  mon  sort,  parce  que  le  Seigneur  m'a  répondu  par  la 
voie  de  mes  supérieurs  "  «(/  omnia  ad  quae  mlttam 
iheit  Dominus,  Uns.  ."  Il  n'y  fut  pas  heureux  en  effet' 
et,  peut-être  par  sa  faute,  fut  compromis  et  accusé  à 
l'occasion  de  l'invasion  du  Canada  par  les  Américains 
en  1775.  D'après  son  autobiographie  que  l'on  conser- 
ve au  Séminaire  de  Montréal, il  n'eut  cependant  abso- 
lument rien  à  se  reprocher  eu  toute  cette  affaire.  Il 
desservait  sa  paroisse  de  l'Assomption  et  ne  s'occupait 
qu'à  prier  Dieu  et  à  prêcher  la  fidélité   au   roi,   pous- 


—   134  — 

sant  même  le  dévouement  jusqu'à  envoyer  a  l'armée 
un  de  ses  serviteurs  et  à  rendre  tous  les  services  possi- 
bles aux  officiers  canadiens.  Ayant  appris  (|ue  les 
abbés  Eobert  et  Saint-Germain  étaient  prisonniers  des 
Bostonnais,  il  se  rendit  à  Sorel  au  péril  de  sa  vie,  dit- 
il,  pour  sauver  ses  deux  confrères  et  il  força  le  géné- 
ral ennemi  de  lui  délivrer  M.  Robert.  Pour  arriver  à 
cet  heureux  résultat,  il  avait  requis  les  services  d'un 
nommé  Duroclier,  ami  de  Thomas  "VValker,  marchand 
de  Montréal,  qui  demeurait  à  l'Assomption  et  qui 
avait  réussi  à  entraîner  dans  sa  révolte  un  certain 
nombre  des  habitants  de  cette  paroisse  et  des  paroisses 
voisines. 

Quoiqu'il  en  soit  et  quoique  pût  dire  M.  de  la  Va- 
linière  pour  prouver  son  innocence,  il  ne  fut  cru  ni 
par  le  général  Carleton,  ni  par  son  supérieur  M. 
Montgoltier,  ni  par  son  évêque  Mgr  J>riand.  Il  passa 
pour  avoir  favorisé  les  rebelles. 

Le  12  août  1776,  le  grand  vicaire  Montgoltier  écrit 
à  l'évêque  l'intéressante  lettre  qu'on  va  lire. 

"  Monseigneur, 

''  depuis  la  retraite  des  rebelles,  nous  avons  vécu 
dans  ce  district  avec  beaucoup  de  tranquillité  sous  la 
protection  d'un  gouvernement  équitable  ;  la  probité 
est  respectée  et  la  vertu  protégée.  Toutes  les  paroisses, 
et  peut-être  sans  exception,  soit  ])ar  crainte  ou  par 
devoir,  me  jjaraissent  assez  sensiljlement  rendues  à  la 
raison,  au  moins  quant  au  plus  grand  nombre  des  ha- 
bitants. Les  curéa,  selon  les  intentions  de  Votre 
Grandeur,  n'admettent  aux  sacrements  que  ceux  qui, 
ayant  paru  rebelles  ou  indifférents,  reconnaissent  leur 
faute  et  la  rétractent  publiquement  par  leur  conduite 
et  dans  tous  leurs  discours,  disposés  à  faire  toutes  les 
réparations  qu'on  jugera  convenables  ;  et  je  crois  qu'il 


—  135  — 

en  est  peu  qai    refusent   de   se   soumettre  ;\   ces  con- 
ditions. 

"  Quant  au  clergé,  il  continue  dans  les  meilleures 
«lispositions  au  sujet  de  la  son  mission  à  l'autorité  lé- 
gitime ;  ceux  qui  paraissaient  ci-devant  avoir  mérité 
quelque  reproche  rougissent  même  d'en  être  soupçon- 
nés, et  cherchent  des  témoignages  pour  prouver  qu'ils 
ont  été  constamment  attachés  au  gouvernement  Cette 
(conduite  ne  renterme-t-elle  pas  une  rétractation  et 
une  réparation  suffisante  de  ce  qui  aurait  pu  marquer 
quelque  faiblesse  dans  leur  conduite  passée?  Sur  ce 
principe,  j'ai  gardé  jusqu'à  présent  un  silence  profond 
à  l'égard  des  trois  missionaires  du  Sault  Saint-Louis, 
de  Longueuil  et  de  l'Assomption.  (1)  J'ai  eu  cepen- 
dant l'honneur  de  décharger  uion  cœur  à  M.  le  géné- 
ral Carleton  au  sujet  de  ce  dernier  que  je  crois  des 
plus  coupables  et  le  moins  revenu.  Son  Excellence 
m'a  laissé  la  liberté  d'eu  user  à  son  égard,  comme  je 
le  jugerais  à  propos.  Le  besoin  de  prêtres  m'oblige 
de  l'employer,  quoiqu'à  regret.  Si  Votre  Grandeur 
trouve  à  propos  qu'il  soit  retiré,  et  s'il  y  avait  un 
moyen  de  pourvoir  aux  besoins  essentiels  de  cette 
grande  paroisse,  je  n'y  verrais  aucun  inconvénient . 
Mais  je  souhaiterais  alors  (^ue  le  sujet  fût  éloigné 
du  pays.  Il  est  absolument  volontaire  et,  quoique 
de  bonnes  mœurs,  il  nous  causerait  infailliblement 
quelque  autre  chagrin " 

Le  5  septembre  suivant,  l'abbé  de  la  Valinière  écrit 
à  Mgr  Briand  pour  se  plahidre  de  M.  Montgoltier  qui, 
dit-il,  "  lui  a  fait  part,  après  le  dîner,  d'un  plat  aussi 
désagréable  à  la  nature  qu'avantageux  pour  l'esprit.  " 


(i)   Le  Père  .Jus.  lluguet  S.  J.,le  Père  Claude  Carpentier, 

récollet,  et  M.  de  la  Valinière. 


—  136  — 

Soji  supérieur  lui  reproche  de  ne  pas  l'avoir  con- 
solté,  (Favciir  t'ait  à  tu  tête,  d'avoir  favorisé  les  Bos- 
toimiiis.  il  devîiit  avoir  quel(|U(\s  liaisons  avec  eux 
];our  avoir  été  si  liardiment  les  trouver  à  Sorel. 
'•  On  voit  bien  (ju'il  ne  ct)nnait  pas  le  courage  des 
Bretons  "  ajoute  M.  de  la  \  alinièif.  Ce  dernier  se  jus- 
tifie dans  sa  lettre  à  Mgr  Briand  :  "  il  a  eu  le  l)on- 
lieur  de  contenir  dans  le  devoir  une  paroisse  où  de- 
meuraient un  AValkcr  et  un  c.  y.  '  Ailleurs  il  dit  que 
ses  ennemis  l'ont  calomnié  et  <|ue  "  messieurs  les 
Allemands  qui  se  sont  informés  de  tout  avec  soin,  eu 
sont  dans  la  dernière  des  surprises.  "  Pour  comldcî 
de  malheur,  ses  paroissiens  ne  témoignaient  pas  tous 
eu  sa  iUvcur,puisf|u'il  se  plaint  d'eux  et  dit  à  M.  Mont- 
golfier  :  "  (jue  c'était  tiiste  de  se  laisser  ainsi  ]>révenir  et 
aujouid'hui  surtout  par  des  gens  qui  ont  fait  à  M.  Geai 
(son  prédécesseur)  tout  le  mal  qu'ils  ont  pu  faire.  ..." 
Le  17  scptembre,nouve]le  lettre  de  M.  Moutgoltier  à 
l'évcque  :  "  Je  ne  sais  pas  oi'i  en  est  à  présent  l'afiaire 
de  M.  de  la  Valinièie.  Je  le  crois  écouté  de  bien 
peu  de  personnes;  mais  je  voudrais  bien  en  être  dé- 
barrassé" 

Le  2  octobre,  le  même  au  même  : 

"  M.  de  la  Valinière  se  tient  tranquille  pour  le  pré- 
sent et  je  le  crois  maté.  Je  ne  l'ai  vu  qu'une  fois  de- 
[luis  les  démarches  extravag«^intes  qu'il  a  faites  tout 
ï<eul,  et  auxquelles  je  ne  connais  personne  qui  ait  pris 
la  moindre  part.  Je  lui  ai  déclaré  nettement  que  je  ne 
le  regardais  plus  comme  mendore  de  notre  maison, ([Ue 
je  l'aliandonnais  à  son  entière  liberté  et  que  je  n'avais 
plus  de  conseil  à  lui  donner,  si  ce  n'est  que  je  pensais 
touj(jurs  qu"il  ferait  bien  de  repasser  en  France,  et  que 
je  lui  en  fourtiitais   toutes   les  facilités.     Et   il  me  pa- 


—  137  — 

raît  qu'il  n'y  pen^-^e  i>1up.  Et  si  Votre  Grandeur  ne 
l'ordonne  autrement,  «le  ma  part  tout  sera  fini, 
et  vu  la  didette  de  prêtres,  je  le  laisserai  dans  sa  pa- 
roisse. ...'■" 

Tout  semblait  réglé;  mais  voilà  que  le  général  Carie- 
ton  intervient,  comme  le  prouve  la  lettre  suivante  de 
M.  Montgoltier  à  l'évêque  de  Québec  : 

"  J<-  ne  pensais  quasi  plus  k  M.  de  la  Valinière,  et  en 
parlant  de  l'affaire  du  père  Hugnet,  Son  Excellence 
m'a  témoigné  qu'il  serait  à  proftos  et  même  nécessaire 
de  retirer  ce  missionnaire  de  l'Assomption,  et,  si  on 
voulait  l'employer  ailleurs,  de  le  changer  an  moins 
de    paroisse,     et    de     l'éloigner    de     ce   district     où 

il  est  trop    connu J'espère  que    Votre    Grandeur 

voudra  bien  avoir  la  bonté  d'ordonner  de  son  sort  lors- 
qu'il en  sera  temps.  " 

Mgr  Briand  fit  venir  l'abbé  à  Québec,  et  tout  eu  lui 
permettant  de  contondre  ses  calomniateurs,  s'il  le 
pouvait,  il  lui  signifia  son  départ  de  l'Assomption, 
et  lui  offrit  de  choisir  lui-même  entre  trois  situations  : 
ou  demeurer  au  séminaire  de  iVlontréal  définitivement, 
ou  y  rester  seulement  jusqu'à  la  navigation  et  quitter 
pour  l'Europe,  ou  enfin  prendre  du  ministère  dans  le 
district  de  Québec.  Le  prélat  ajoute  :  Son  Excellence 
est  informée  de  ma  conduite,   l'affaire  est  finie.  " 

M.  delà  Valinière  fut  dont  obligé  de  8'exécuter,et  de 
quitter  l'Assomption  pour  se  rendre  à  Saint-Roch  des 
Aulnaies,  en  février  1777.  Ce  fut  M.  Pétrimoult  qui 
fut  son  successeur  ;  et  il  écrit  à  M.  Montgolfier  pour  lui 
rendre  compte  de  l'état  des  esprits  et  de  la  manière  dont 
il  a  été  reçu.  Le  supérieur  de  Saint-Sulpice  n'était  pas 
sans  inquiétude,  car  il  craignait  que  deux  cents  habi- 
tants sympathiques  aux  Bostonnais  ne  manifestassent 
en  faveur   de  M.  de  la  Valinière  et  contre  son  rempla- 


—  138  — 

çant.   Il  n'en  fut  rien  :  "  Ma  prise  de  possession,  dit  M 
l'étrimoult,  a  été  aassi  paisible  qu'on   peut  le  désirer  ; 
du  moins  jusqu'à  ce  moment,  je  n'ai  vu   ni  entendu 
aucun  siirne  de  mécontentement .  .  .  . 

"  J'ai  trouvé,  à  mon  arrivée,  samedi,  premier  de  ce 
mois,  M.  de  la  Valinière  parti  pour  Québec,  et  le  près- 
bvtère  en  état  de  recevoir  le  baij;age  qui  doit  me  venir 
ces  jours-ci  ;jene  serai  pas  embarrassé  de  taire  l'inven- 
taire des  meubles  que  j'y  ai  trouvés,  ce  sera  bientôt 
fait  ;  mais  cela  ne  m'inquiète  pas." 

M.  Montgolfier  fait  remarquer  à  l'évéque  f[ue  c'est  le 
quatrième  presbytère  que  ^t.  de  la  \  alinière  leur  a 
ainsi  dégarni  presque  entièrement  de  tous  meubles 

Quant  à  ce  dernier,  il  raconte  lni-m«^me  son  pénible 
voyage  au  cœur  de  l'hiver.  Trois  forts  chevaux  ne 
transportent  qu'avec  peine  son  ménage  à  ti'ois  cents 
milles  de  distance,  je  le  crois  bien  1  Les  chemins  sont 
horribles,  la  neige  épaisse  ;  au  bout  de  trois  lieues,  les 
pauvres  bêtes  sont  épuisées  ;  et  pour  comble  de  mal- 
heur l'abbé  est  précipité  du  liant  d'une  montagne 
— de  neige,  je  suppose — avec  cheval  et  voiture 
dans  un  abîme  d'oi'i  ses  domestiques  ont  mille  peines 
à  le  retirer.  Enfin  il  arrive  à  Saint-Roch  des  Aul- 
naies  où  le  presbytère  est  dans  un  attVeux  (hîsordre  et 
où  d'autres  déboires  vjnt  attrister  sa  vie  et  mettre  sa 
patience  à  l'épreuve. 

L'année  qui  avait  précédé  son  arrivée,  M.  l'abbé 
Bailly  de  ^Iessein,  chapelain  des  troupes  royalistes, 
avait  réussi  avec  M.  de  Beaujeu  à  enrôler  cinquante 
miliciens  de  Kamouraska,  quatre  de  la  Rivière-Ouelle, 
ringt-sept  de  Sainte-Anne  et  vingi-cinq  de  Saint-Roch. 

Il  y  eut,comme  l'on  sait,un  combat  à  Saint-Pierre,  et 
les  royalistes  furent  battus  par  les  rebelles  ayant  avec 
eux    cent   cinquante   Bostonnais,     Trois    hommes  fu- 


—  139  — 

rent  tués,  dix  bleppés  efnn   plus  grand   nombre  faits 
prisonniers. 

Ce  combat  eut  un  grand  retentissement  dans  les 
paroisses  qui  avaient  fourni  des  volontaires  et  répandit 
la  consternation  dans  les  familles.  On  fit  des  reproches 
sanglants  aux  curés,  et  on  les  accusa  d'avance  d'avoir 
causé  la  mort  de  ceux  qui  étaient  partis.  M,  de  la 
Valinière  pouvait  s'eri  laver  les  mains  tout  à  son  aise, 
]iuisqu'il  n'était  pas  la  quand  le  recrutement  avait  eu 
lieu. 

Mais  on  voit  par  une  de  ses  lettres  adressée  à 
Mgr  Briand  —  le  .9  mai  1777  —  qu'il  n'était  pas 
sans  appréhension  et  qu'il  ne  paraiss^ait  pas  avoir  la 
conscience  tranquille.  "  J'ai  appris  aujourd'hui,  dit- 
il,  une  chose  qui  ne  fait  pas  d'honneur  à  ma  paroisse, 
et  comme  le  démon  mon  ennemi  a  tiré  de  tout  temps 
avantage  de  tout  contre  moi,  j'ai  sujet  de  craindre  en- 
core aujourd'hui  la  même  chose.  Je  croyais  cette  pa- 
roisse une  des  plus  zélées  pour  le  service  du  Roi, comme 
Votre  Grandeur  elle  même  et  ces  messieurs  du  Sémi- 
naire m'avaient  fait  l'honneur  de  me  le  dire.  En  con- 
séquence, je  me  suis  contenté  de  les  louer  dans  mes 
conversations  et  d'encourager  ou  féliciter  ceux  dont  les 
enfants  ont  été  blessés  ou  sont  encore  prisonniers  chez 
les  Bostonnais  pour  le  service  du  Koi,  ou  même  ont  été 
tués,  car  plusieurs  sont  de  ce  nombre.  Mais  je  cro- 
yais superflu  de  faire  ce  que  je  vais  faire  à  présent, 
c'est-à-dire  de  prêcher  souvent  l'obéissance  due  au  Roi. 
Toutefois,  je  viens  d'apprendre  que  presque  tous  ceux 
qu'on  a  commandés  ont  désobéi.  Quel  avantage  mon 
ennemi  ne  tirera-t-il  pas  de  ma  prétendue  négligence  î 

"  Je  me  trouve  ici  dans  un  état  de  misère  que  l'on 
ne  peut  guère  se  représenter,  à  moins  que  l'on  y  pas- 
se.... une  église  naissante,  un  presbytère  tombé  en 
ruine  depuis  bien  des  années,  une  terre  abandonnée, 


—  140  — 

dénuée  de  clôture  et  de  tour,  sans  vache  qu'on  a  pas 
honte  de  me  faire  jusqu'à  cent  cinquante  francs.  . .  . 
ne  trourant  ni  beurre  à  acheter  ni  chose  quelconque 
pour  la  vie,  mais  seulement  quelque  peu  [)ar  charité  ; 
car  je  puis  dire  à  la  louaiiice  de  ces  pauvres  gens, 
qu'ils  m'ont  donné  et  non  pas  vendu  ce  dont  j'ai  vécu 
jusqu'à  présent.  . .  ."" 

L'évêque  lui  répondit  qu'il  ne  fallait  pas  s'atiiiger 
outre  mesure.  "'  Les  jeunes  gens  commandés  n'ont 
l>as  obéi  :  «pioiqu'il  se  soit  trouvé  plusieurs  royalistes 
en  Saint-Roch,  il  ne  laissait  i>as  cepemlant  que  d'y 
avoir  une  certaine  quantité  de  Boston  nais,  ce  sont 
sans  doute  ceux-là  qui  ont  été  commandés.  Il  n'eat 
])as  surprenant  qu'ils  n'aient  pas  obéi.  *' 

"  Xe  me  parlez  pas,  mon  cher  patriote,  de  misère  ; 
vous  ne  me  persuaderez  pas.  Je  crois  bien  tout  ce  que 
vous  me  marquez  de  la  situation  de  votre  paroisse, 
des  travaux  à  faire,  et  de  la  cherté  des  choses,  mais 
vous  croire  réduit  à  l'indig:;tice  et  à  la  mendicité, 
c'est  ce  que  je  ne  puis  me  ()ersuader.  Vous  me  dis- 
])enserez  de  vous  eu  «létailler  les  raisons."  (1) 

Mais  l'abbé  de  la  Valinière  ne  se  contenta  pas  de 
ces  difficultés  il  s'en  créa  bientôt  une  autre  au  sujet 
d'une  aîinexion  d'une  [)artie  de  sa  |)aroisse  à  celle  de 
Saint-Jean  Port-Joly,  annexion  déjà  décrétée  par  l'é- 
vêque en  1775,  et  voici  ce  qu'il  en  écrit  à  celui-ci  : 

''  Pour  ce   qui   concerne    Saint-Jean,    ou    la    demi- 

(l)Mirr  Briand  se  ))enaettait  de  ne  pas  croire  à  la  pauvre- 
té dont  se  plaii^nait  .M.  de  lu  VaHiiii-re,  parce  quil  conuuis- 
rtuit  ses  ressources  picuniaires.  Quelques  années  après, 
M.  Orravé  écrivait  :  -  M.  de  la  Valinière  est  venu  à  (^uc- 
Iwc...  je  soup'/oini-j;  quil  est  venu  demander  aux  hti'itiei-s 
(.'ugnet  12,000  Irancs  dont  le  dét'uul  ttait  censé  son  di.-l)i- 
teur.  " 


—    141   — 

lieue  (les  héritiers  D'Auteuil,  je  n'ai  pas  vu  M.  Por- 
lier  (1)  depuis  qu'un  mot  extrait  de  celle  de  Votre 
Grandeur  nous  a  été  notifié  par  un  envoyé  de  M.  Hin- 
gan  {Sj.  J'ose  espérer  qu'il  sera  aussi  docile  que  moi 
et  très  soumis  à  votre  défense,  d'autant  plus  que  nous 
serons  déchargés  de  quelque^  petites  importunités  de 
la  part  d<!  ces  pauvres  gens.  Toutefois  je  me  crois 
obligé  dé  dire  à  Votre  Grandeur  que'  la  subtilité 
nornjande  l'a  toujours  emporté  sur  la  franchise  breton- 
ne (3).  Pour  ce  qui  regarde  ces  pauvres  gens,quelqu'in- 
justice  qu'on  leur  fusse,  je  les  crois  dans  les  meilleures 
dispositions  du  monde  pour  obéir  aux  ordres  de  Votre 

Grandeur " 

M.  de  la  Valinière  se  trompait.  Quelques  uns  de 
ces  habitants  se  plaignirent  amèrement,  l'évêque  fut 
obligé  de  sévir  contre  eux  et  les  difficultés  duraient 
encore  en  1780.  Mais  le  curé  de  Saint-Roch  lui-même, 
qui  se  disait  si  soumis,  ne  laissa  pas  de  lutter  contre 
l'autorité  épiscopale,  et,  le  17  novembre  1777,  il  écrit 
au  prélat  : 

"  Quoique  ma  liberté  ait  déjà  trop  sou  vent  irrité 
Votre  Grandeur,  j'ai  cru,  en  vous  envoyant  le  mémoi- 
re de  ce  que  j'ai  déjà  fait  à  Saint-Roch,  être  obligé 
de  vous  prévenir  d'une  procédure  que  je  vais  intenter 
au^  Séminaire  de  Montréal  et  à  Votre  Grandeur  en 
même  temps....  Je  demande  réparation  de  mou 
honneur,de  mes  biens  et  de  ma  santé  qu'on  m'a  ravie  ; 
je  veux  en  outre  ma  part  des  biens  du  Séminaire  ou  le 

(1)  Ciii-é  do  Sainte- Anne  la  Pocatiùre. 

(2)  Curé  de  Saint-Jean  Port-Joly. 

(3)  Mç^r  Briand  était  breton  !  Contrairement  à  ce  que 
pensait  M.  de  la  Valinière,  ce  breton  gagnait  toujours.niêmo 
contre  les  Normands,  il  avait  le  cœur  bon  et  la  tête    solide 


—  142  — 

salaire  de  25  ans,  proportionné  à  la    (nnilité   (Vun   prê- 
tre et  d'nn  gentilhomme." 

Mgr  Briand  Ini  n'])onditpar  une  lettre  admirable  de 
douceur  et  de  bon  î^ens.  qui  païut  toucbor  un  instant  le 
curé  de  Saint-Rocb,car  il  devint  de  meilleure  humeur; 
seulement  il  veut  continuer  la  lutte  et  se  compare  "  aux 
saints  qui  persécutés  pour  la  justice  auraient  regardé 
comme  un  crime,  s'ils  eussent  abandonné  les  droits  de 
leur  église.  Mais  oh  !  pauvre  saint  Roch,  tu  as  tout 
(juitté  pendant  la  vie  et  il  faut  encore  qu'on  te  dé- 
pouille après  ta  mort." 

Le  16  juin  1778,  l'abbé  de  la  Valinière  écrit  à  l'évê- 
que  :  qu'il  n'a  ""  ni  la  jeunesse,  ni  la  vertu,  ni  la  scien- 
ce, quoi(ju'il  ait  l'innocence  de  Joseph  dans  les  pri- 
sons de  l'Egypte  "  ettermine  sa  leitre  en  demandant 
la  cure  de  son  voisin,  M.  Porlier,  curé  de  Sainte-Anne 
la  Pocatière.  Il  aimerait  mieux  cependant  retourner 
'•  dans  le  district  de  Montréal  où  le  climat  est  plus 
doux  ".  Mgr  Biiand  exauça  en  partie  ses  prières  et 
le  nomma  curé  de  Sainte-Anne.  (.  ette  fois,  l'abbé 
n'avait  qu'un  pas  à  faire  pour  changer  de  paroisse. 

Il  ne  s'éjourna  qu'un  an  à  Sainte-Anne,  de  sep- 
tembre 1778  à  octobre  1779.  Son  dernier  acte  est 
du  9  octobre  1779:  on  reconnaît  la  signature  De  la 
Valinière,  et  voilà  tout  ce  que  l'on  peut  déchif- 
frer." (1)  Le  chagrin  l'avait  suivi  là  comme  ailleurs. 
Dans  la  reddition  de  comptesqu'il  fit  avant  de  par- 
tir, après  avoir  énuméré  divers  articles  dont  il  faisait 
présent  à  la  fabrique,  il  ajoute  :  "  desquels  articles  il 
ne  demande  aucun  paiement  et  il  en  eut  tait  ou  ferait 


(1)  Notes    Wstorique.i  sur  la  jniroisse   et    les    curés    Je 
Sainte-Anne  de  la  FocHtière. 


-  143  — 

l)ie!i  d'autres,  si  on  n'eût  pas  commencé  et  si  on  ne 
continuait  à  le  payer    d'ingratitude." 

Dans  son  antobiographie,  M.  delà  Valiniere  affirme 
qu'il  avait  prédit  à  ses  paroissiens  son  départ  au  bout 
d'un  an, car  dès  lors  on  travaillait  efficacement  aie  fai- 
re partir  pour  la  France 

Il  raconte  au  long  son  voyage  à  Québec  et  rappor- 
te des  conversations  dont  l'authenticité  peut  êtie  mise 
en  doute.  Qui  croira  que  Mgr  Briand  disait  de  lui: 
"  c'est  le  prêtre  de  mon  diocèse  qui  se  fait  le  plus  ai- 
mer. Dans  tous  les  lieux,  son  zèle  et  sa  sagesse  l'ont 
fait  aimer  de  tous.  lia  le  don  d'enrichir  les  fabriques 
(pas  les  presbytères  !),  il  prêche  bien,on  ne  lui  reproche 
aucun  mal ....  Il  a  un  talent  presque  unique  ;  il  re- 
]iand  d'abondantes  aumônes  et  cependant  il  est  tou- 
jours prêt  à  donner."  Le  modeste  auteur  de  cette  au- 
tobiographie dit  tenir  cet  éloge  admirable,  d'un  au- 
mônier de  couvent  devant  qui  le  prélat  aurait  ainsi 
parlé.  Puis  voici,toujours  d'après  lui-même,M.  Smith, 
seigneur  de  Sainte-Anne,  qui  vient  à  la  rescousse  de 
son  cher  curé  :  "  J'ai  vu  le  gouverneur,  lui  dit-il,  et 
je  lui  ai  offert  40,000  Hrres  pour  cautionner,  s'il 
voulait  vous  laisser.  Il  me  répondit  :  Je  voudrais  être 
libre."  Ilaldimand  aurait  dit  encore  :  "  Le  prélat  et 
Gravé  ont  demandé,  j'ai  voulu  leur  plaire." 

En  tout  cas,  voici  la  lettre  que  le  même  Ilaldimand 
écrivait  à  l'évêque  pour  ordonner  le  dépait  de  l'infor- 
tuné curé  de  Sainte-Anne.  C'est  l'original  que  j'ai 
trouvé  dans  nos  archives. 

"  Monseigneur, 

^"  Vous  aurez  la  bonté  d'ordonner  à  monsieur  de  la 
Vallnière,  curé  de  la  paroisse  de  Sainte- Anne  du  Sud. 
de  se  rendre  incessamment  en  cette  ville  avec  tout  son 


—  144  — 

1iagncfc,  et  de  prendre  son  logement,  jiondant  ?a  de- 
meure ici.  iiu  Séminaire  ou  cdiez  les  l'ères  Jésuites, 
selon  que  vous  le  jagerez  à  propos. 

''  Je  vous  laisse  le  maître  de  lui  apprendre,  si  vous 
le  jugez  à  propos,  qu'il  .doit  passer  en  Europe  avec  la 
flotte  qui  part  le  25  de  ce  mois,  et  on  aura  l'attention 
de  lui  procurer  les  rafraîchissements  et  toutes  les  com- 
modités possibles pourla  traversée.  Vous  aurez  soin  de 
lui  recommander  surtout  de  ne  pas  se  laisser  aller  à 
ses  vivacités  ordinaires  et  de  prendre  garde  à  la  ma- 
nière dont  il  se  conduira  et  parlera  jusques  à  son 
départ. 

"  Monsieur  de  la  Valinièrc  pourra  donner  sa  procu- 
ration à  la  personne  qu'il  jugera  à  propos,  pourvu  que 
ce  soir  quelqu'un  dont  le  gouvernement  ait  lieu  d'être 
satisfait,  pour  vaquer  aux  intérêts  qu'il  laisse  en  cette 
Province."' 

"  Je  ne  doute  point  que  le  clergé,  reconnaissant  des 
bontés  que  Sa  Majesté  Britannique,  leur  Souverain, 
envers  eux  et  le  peuple  dont  ils  soignent  les  âmes,  ne 
portent  ceux-ci  à  donner  des  preuves  de  fidélité,  de 
zèle  et  de  respect,  qu'ils  lui  doivent  à  tous  égards,  et 
par  toutes  sortes  de  raisons. 

"  J'ai  l'honneur  d'être  avec  beaucoup  d'estime  de 
considération. 

Monsieur, 
Votre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

Fred.  Haldimand 

Québec  Cl'  14e  octobre  1779. 
"  A  Monseigneur, 

Monseigneur  l'Evêque  <le  Québec." 

Mgr  Henri  TI&td 
(A  suivre) 


—  145  — 
FRANÇOIS  BLANCIIET 


François  Blnnehi-t  naquit  à  Saint-Pierre  de  la  Ri- 
vière-dn-îSiid,  comté  de  Montmjigny,  le  3  avril  177«), 
du  nijiriage  de  Jean-Baptiste  Blan^-het  et  de  Marie-Ge- 
nevi-'-ve  Destroisraaisons. 

I]  reçut  son  éducation  au  sémiiiaire  de  Québec  et  prit 
SOS  degiés  en  médecine  à  IS'ew-York  où  il  public,  en 
1800,  un  ouvrage  sur  l'application  de  la  chimie  à  la 
médecine  intitulé:  Bechen-hes  sur  la  médecine o\\  l' Ap- 
plication (le  la.  chimie  à  la  médecine. 

Le  8  juillet  1801,  il  recevait  sa  licence  de  médecin 
et  chirurgien,  et  s'établissait  définitivement  à  Québec 
comme  médecin  pratiquant. 

Le  23  novembre  1809,  son  comté  natal  (Hertford) 
l'élisait  pour  le  représenter  à  la  Chambre  d'Assem- 
blée. 11  siégea  jusqu'au  29  tevrier  181b.  Réélu  le 
6  avril   1818,  il  représenta  Hertford  jusqu'à  sa  mort. 

M.  Blanchet  fut,  en  1806,  l'un  des  fondateurs  du 
Canadien,  avec  MM.  Pierre  Bédard,  Joseph  Levasseur- 
Borgia,  Louis  Bourdages  Joseph  Planté  et  Jean-Tho- 
mas Taschereau.  1  e  14  juin  1808,  le  gourverneur 
Craig  le  démettait  de  son  grade  de  chirurgien  de  la 
milice  de  Québec,  "  parce  qu'il  était  l'un  des  pro- 
priétaires d'une  publication  libelleuse  et  séditieuse, 
répandue  par  de  grands  eftbrts,  dans  la  province,  et 
qui  est  expressément  destinée  à  vilipender  le  gou- 
vernement de  Sa  Majesté,  et  de  créer  un  esprit  de 
mécontentement  parmi  ses  sujets,  aussi  bien  que  la 
désunion  et  l'animosité  entre  les  deux  partis  qui  conj- 
posent  la  popuhition."  Le  19  mars  1810,  le  docteur 
Blanchet  était  arrêté  en  même  temps  que  Bédard 
et  J  T.  Taschereau  II  était  accusé  de  pratiques  traî- 
tresses»    Il  ne  tut  libéré  qu'en  juin. 


KRAXrulS  BLAXC^EET 


—    147   — 

IViiiLiut  ]{i  g-uérro  de  1812.  le  Xf^uvcriienr  Prévoit 
mit  le  (locterr  Blaiichet  ù  la  tête  de  l'état-major 
méfjical  (le  la  province. 

Il  fat  toujours  r^tni  sincère  de  l'édiieatioii  dn  peuple. 
Ce  fui  lui  .[ui.  ou  1814.  proposa  la  première  loi  à 
ee  sujet 

1mi  18-0,  il  ressuscita  le  C'i/i'u/irj). 

En  1824,  il  publia  une  brochure  politiciue  (lui  fit 
sensation  : 

Appel  au.  Parlement  Lnpêiial  et  aa.r  luiUtants  <fes 
t'ou.'ines  anglaises  <h  VA, nerume  du  Noid  sur  les  pr/- 
ten/iovs  exorbitantes  da  Goaveruemenf  Exécutif  et  du 
-,T  Lépslatifdn  Bas-Canada,  par  un  membre  de 
1  Assemblée  Législative. 

Le  docteur  Blanehet  déeéda  à  Quélx^e  le  24  juin 
18.i0,  et  tut  inhumé  dnns  l'église  de  Saint  -  Pierre  de 
Ja  Kiviere-du-Sud. 

Pt^'S^^  1^^"^"^  '^"^  avaient  siégé  avec  lui-  dans  la 
J-hambre  d'Assemblée  et  qui  par  conséquent  avait  pu 
le  connaître  intimement  écrivait  clans  la  Minerre  du 
:^ 8 juin  1830  : 

"Le  décès  de  M  Blanehet  prive  la  Chambre    d'As- 
semblée du  n  membre  zélé  et  laborieux  ;  le  district  de 
t^nebec  en  partieuHer  y  perd    un    homme    utile    dont 
i  activité  et  les  conseils    en   fait   d'aftaires    publiques, 
ne  bii  manquèrent  jamais.       Il    était    au    nombre  des 
plus  anciens  membres  de  la    Chambre  représentative, 
et  pendant  sa  longue    carrière   il    s'occupa    de   beau- 
coup de  mesures  dont  la    tendance    était,  en    général, 
lavorable  a  l'amélioration  de  la    condition    du  peuple 
sous  les  rapports  de    l'éducation,    des  communications 
intérieures    et  de   l'établissement    des    Canadiens  sur 
les  terres  de  la  couronne. 

"  Parmi  les    mesr.res  dont  il    avait  continué    de    se 


—  148  — 

charger,  étaient  lors  de  la  dernière  session  le  Mil  des 
écoles,  celui  des  allocations  pour  ouvertures  de  cho- 
mins,  et  aussi  celui  pour  la  nomination  d'agents  pro 
vinciaux  en  Angleterre. 

"  M  Blanchet  fut  emprisonné  en  ISIO.  sous  le  gou- 
verneur Craig,  conjointement  avec  deux  autres  mem- 
bres, sous  l'accusation  vague  de  i)rfitiques  traîtresses  ; 
mesure  arbitraire,  destinée  à  répandre  la  terreu  ,  et 
à  paralyser  l'énergie  naissante  du  corps  populaire. 
On  ne  se  hasarda  pas  à  lui  taire  subir  un  procès. 
Nous  avons  entendu  l'honorable  détunt,  lors  do  la 
«•'ession  dernière,  dans  un  discours  où  il  rappelait  cotte 
époque,  se  téliciter  de  l'immense  changement  qui 
avait  eu  lieu  dans  le  pays  :  "  Alors,  disait-il,  ce  pav* 
était  sans  force  morale,  sans  union  :  on  était  frappé 
de  terreur  ;  on  avait  enfin  honte  d'être  C-anadiens 
il  tit  ensuite  1 1  comparaison  de  l'état  liorissant  de 
la  province,  de  l'accroissement  de  ses  ressources,  de 
son  éducation,  et  de  son  indépendance  Malgré  le 
respect  et  le  décorum  dûs  aux  séances  plusieurs  spec- 
tateurs ne  purent  s'empêcher  de  frapper  des  mains 
lorsqu'il  rappela  qu'à  la  même  époque,  il  y  avait 
vingt  ans,  il  était  en  prison. 

"  L'honorable  membre  en  avouant  qu'alors  le  pays 
était  dans  l'enfance,  (pie  son  éducation  [ioliti(pie  avait 
étt;  orageuse  et  pénible,  acceptait  bien  sans  doute  sa 
]»art  de  ce  qu'il  y  avait  pu  avoir  de  faible  de  la  part 
du  pays  dans  ces  temps  d'épreuve  ;  et  nous  ne  croyon* 
pas  d'ailleurs  ([u'il  eue  pour  habitude  de  se  vanter  de 
la  persécution  <[u'\\  avait  alors  endurée.  Cependant 
son  discouis  amena  de  la  p>nt  de  (pielques  honorables 
membres  des  répli(pjes  acerbes,  et  des  exj>lications 
assez  vives  eurent  lieu  alors. 

"■  Sous  les  rapports  de    sa    profession    et   des  scieu 
ces,   le  docteur  Blanchet  se  montra  toujours  le  sincère- 


—  149  — 

nmi  (les  lumière.s,  et  travailla  sans  cesse  à  donner  du 
relief  à  la  p  irtie  canadienne  des  médecins  de  Québec, 
dont  il  était  le  doyen,  et   à  la  profession  en  général. 

"  Le  docteur  Blanchet  fut  un  des  collaborateurs  du 
Canadien,  à  une  époque  où  la  naissance  d'un  journal 
d'opposition  dans  la  langue  du  pays  lit  jeter  les  hauts 
cris  à  la  faction  anti-national.  Depuis,  il  soutint  de 
SOS  deniers  cet  établissement  encore  chancelant,  et 
enfin  la  dernière  fois,  il  releva  le  journal  dont  la  pu 
blication  était  arrêtée,  en  achetant  le  fond  dont  il  s'est 
défait  à  perte,  et  sans  participer  aux  recettes  à  peine 
suffisantes  pour  soutenir  le  papier.  Il  continua  pen- 
dant tout  ce  temps,  surtout  lors  du  projet  d'union  en 
1822,  et  1823,  à  contribuer  largement  de  ses  écrits. 

"  Il  est  surtout  une  partie  du  district  de  Québec 
dont  le  défunt  sera  regretté  sincèrement.  Nous  vou- 
lons parler  de  la  côte  du  Sud,  c'est-à-dire  de  la  partie 
qui  s'étend  depuis  la  Pointe-Lévis  jusqu'au  bas  de  la 
province,  formant  dans  l'ancienne  nomenclature  les 
comtés  d'Hertford,  de  Devon  et  de  Cornwallis  ;  le 
premier  desquels  il  représentait  depuis  de  longues 
années  Ces  comtés  habités  par  une  population  in- 
telligente et  morale,  parce  qu'elle  est  entièrement  agri- 
cole et  homogène,  avaient  l'habitude  louable  de  dépu- 
ter le  plus  souvent  des  hommes  choisis  sur  les  lieux 
mêmes.  Ces  représentants,  quelle  que  fut  leur  aptitude 
à  servir  les  intérêts  locaux  de  leurs  mandataires,  ne 
pouvaient  surtout  dans  une  partie  du  pays  où  l'édu- 
cation ne  commençait  qu'à  se  répandre,  avoir  des  con- 
naissances très  générales  en  fait  de  politique,  de  sta- 
tistique et  d'afiaires  administratives. 

"  Le  docteur  Blanchet  leur  servait  sous  ce  rapport 
de  conseil  cl  de  guide;  et  il  savait  au  besoin  se  trans- 
porter lui-même  dans  les  diverses  paroisses,  lorsque  sa 
présence  pouvait  y    être   nécessaire.     Ce   fut  lui  qui 


—  150  — 


(KS 


en  1826  attira  le  premier  ^attention  des  habitants 
comtés  ci-dessus,  sur  l'importance  du  territoire  de  la 
rivière  Saint-Jean,  réclamé  par  les  Etats-Uids,  territoi- 
re dont  le  voisiniiice  pouvait  tour  nir  un  déiionclié  à  la 
jiopulation  surabondante,  resserrée  parles  montagnes 
dans  une  étroite  plaine. 

"La  lenteur  avec  laquelle  cette  atlaire  s'avançait, 
l'engagea  à  chercher  quelque  autre  issue  aux  jeunes 
cultivateurs.  Il  obtint  successivement  de  la  législa- 
ture en  1829  et  en  1830  des  sommes  d'argent  pour 
ouvrir  des  chemins  depuis  les  derniers  établissements 
jusqu'à  plusieurs  vallées  fertiles;  et  quelques  objections 
qu'on  y  eut  pu  opposer  en  fait  de  principes,  ou  même 
vu  l'incertitude  du  succès,  on  crut  qu'il  était  bon  de 
taire  la  tentative.  Quelques  établissements  commen- 
cées donnaient  des  espérances  à  l'houdrable  membre  ; 
Dieu  veuille  que  ses  espérances  se  réalisent,et  que  quel- 
qu'autre  membre  le  remplace  dans  la  tache  importante 
(le  coloniser  les  terres  incultes  avec  la  jeune  popula-' 
tion  du  pays.  S'il  est  possible  d'y  travailler  plus  en 
grand  et  avec  plus  d'ensemble  et  de  système,  on  n'y 
pourra  guère  du  moins  mettre  plus  de  zèle. 

"■  M.  Blanchet  avait  fait  cette  année,  pour  la  partie 
du  pays  qu'il  affectionnait  davantage,  quelques  ten- 
tatives d'agrandissement  commerciaux  et  d'enquêtes 
statistiques,  qui  n'ont  pas  eu  de  succès,  probablement 
parce  qu'on  les  regardait  comme  prématurées. 

Enfin  sans  avoir  à  un  haut  degré  le  don  de  la  i)a- 
role,  sans  posséder  même  des  moyens  absolument 
transcendants,  l'honorable  représentant  qui  fait  le 
Biijet  de  cet  article  employait  avec  zèle  une  bonne 
éducation  et  de  bons  talents  ;\  lavantage  de  ses  com- 
patriotes, et  au  soutien  des  institutions  et  de  rL'X:s- 
tence  future  de  son  paya." 

r.  G.  R. 


—  151  — 
RÉPONSES 


Le  drapi^au  tricolore  en  Canada.  (H,  Xr,249.) 

— ^^C'est  à  qui,  en  ce  moment,  posera  des  questions  au 
sujet  du  tricolore,  c'est  à  qui  se  trompera  en  cherchant 
à  l'expliquer. 

Si  l'on  s'adresse  à  moi,  la  conversation  n'est  pas 
longue  attendu  que  l'histoire  de  ce  drapeau  n'a  qu'- 
une seule  heure  d'éclat  dans  notre  nays. 

C'est  le  plus  souvent  sous  la  forme'suivante  que  je 
donne  mes  explications.     On  me  dira,  par  exemple  : 

—  Pourquoi  avez-vous  le  drapeau  de  la  France  ac- 
tuelle, au  lieu  de  votre  ancien  étendard  !  Comment 
se  fait-il  que  l'Angleterre  n'y  trouve  pas  à  redire  ? 

—  Depuis  l'automne  de  1760  où  partirent  les  trou- 
pes françaises,  jusqu'à  l'été  de  1854,aucuu  drapeau  de 
la  France  ne  Hotta  sur  les  bords  du  Saint-Laurent  et 
les  Canadiens-Français  n'en  connurent  pas  d'autres 
que  celui  de  l'Angleterre  même  aux  fêtes  de  la 
Saint- Jean-Baptiste. 

—  Alors  qui  s'est  imaginé  d'introduire  parmi  nous 
cette  nouveauté  ? 

—  Un  Anglais,  mon  bon  !  Et  qui  plus  est,  un 
Ecossais  :  M.  Hugh  Allan,  sir  Hugh  Allan,  fondateur 
de  la  compagnie  de  transatlantiques  de  ce  nom. 
L'Angleterre  l'a  voulu  comme  lui  en  1855  lorsque  ses 
l)ureaux,  dans  le  monde  entier,  arboraient  le  tricolore 
à  côté  de  l'Union  Jack. 

—  A  propos  de  quoi  cette  date  de  1855  ? 

—  La  guerre  de  Crimée,  l'alliance  française  !  Mais 
ce  n'est  |)as  tout,  La  compagnie  Allan,  la  guerre  de 
Crimée,  la  Capricieuse  se  suivirent  dans  l'espace  de 
quinze  mois,  intensifiant  l'emploi  du  tricolore,  de 
telle  sorte  que  cette  heure  est  devenue  historique 
parmi  nous. 


—  152  — 

Les  Anglais  nous  ayant  apporté  co  drapiaii  ne 
sauraient  se  fornialiser  de  sa  présence  dans  le  pays. 

Les  trois  couleurs  créées  par  Lafayette  en  1789  ne 
furent  jamais  reçues  au  Canada,  pour  la  bonne  rai- 
son que  nets  pores  avant  1854,  ne  sonireaient  ntille- 
ment  à  se  donner  un  drapeau,  et  surtout  parce  qu'ils 
avaient  horreur  de  la  révolution  française  que  repré- 
sentait à  leur  esprit  la  cocarde  rouge,  blanche  et  bleu. 

Personne  n'a  découvert  dans  le  passé  des  Cana- 
diens, de  1760  à  1836,  la  nioindro  trace  d'un  dra- 
peau national. 

En  1837,  le  parti  Papineau  avait  un  étendard  vert, 
blanc  et  rouge, 

La  société  Saint-Jean-Baptiste  de  Québec  refusa, 
en  1842,  d'accepter  le  rouge,  blanc  et  bleu  proposé 
]iar  M.  Narcisse  Aubin.  Elle  adopta  un  insigne  bico- 
lore :  blanc  et  vert,  qu'elle  conserva  jusqu'à  1888 
alors  que  le  tricolore  de  France  fut  accepté  parcequ'il 
était  répandu  partout,  tandis  que  le  blanc  et  vert 
n'était  en  usage  nulle  part. 

Quant  à  la  Saint-Jean-Baptiste  de  Montréal,  com- 
raencée  en  1885,  elle  prit  le  drapeau  britannique  dès 
cette  éjtoque  et  je  crois  qu'elle  le  garde  encore. 

Lorsque  la  compagnie  de  steamers  Allan  se  forma 
en  Angleterre,  la  reine  Victoria  était  en  échange  de 
politesse  avec  la  diplomatie  française.  On  voyait 
poindre  Napoléon  III  sous  le  costume  du  président  de 
la  république. 

Les  bâtimt'nts  d'Allan  se  construisaient  en  Ecosse, 
pour  le  service  du  Canada  et,  lorsque  vint  le  moment 
d'enregistrer  à  la  Trinité  le  }iavillon  de  cette  flotte  ou 
conipagni(%  les  directeurs  furent  frapj)é8  d'une  idée  lu- 
mineuse :  adoptons,  se  dirent-ils,  les  trois  couleurs 
françaises,  en  changeant  de  place  le  hK-u  et  le   rouge, 


—  153  — 

c^est  tout  à  fait  de  circonstance  puisque  l'Angleterre 
et  l'empire  français  viennent  de  s'allier  solennelle- 
ment "  à  la  vie,  à  la  mort  !  " 

^  Et  voilà  comment,  l'année  1853,  il   fut  décidé  que 
l'on  j.iomèneiait  les  louleurs  de   Lafayette   sur  l'At- 
lantique en  allant  jusqu'à  Montréal,  afin  de  leur  faire 
compléter  ce  tour  du  monde  prédit  par  l'enthousiaste 
commandant  des  premières  gardes  nationales  de  Paris. 
L'hiver  de  1853-4  se  passa,  d'une  part,  à  gréer  les 
nouveaux  navires,  d'un  autre  côté  à  préparer  la  guerre 
anglo-française  contre  la  Kussie. 

Nous  attendions  avec  impatience  l'entrée  dans  no- 
tre fleuve  des  steamers  Allan.  Ils  parurent  au  com- 
mencement de  l'été  de  1854, et  l'on  vit  sans  aucun  émoi 
tlotler  à  la  tête  de  leur  grand  mât  le  rouge,  le  blanc 
et  bleu.  Pour  le  pavillon  français,  il  faut  placer  à  la 
hampe  le  bleu,  puis  le  blanc,  puis  ]e  rouge,  mais 
Allan  avait  déplacé  les  couleurs.  Nous  disions  : 
blanc  bonnet,  bonnet  blanc,  sans  y  mettre  de  malice. 

la  li^ne  Allan  ouvrit  une  ère  nouvelle  au  com- 
merce ,  le  Grand-Tronc  roulait  déjà  ses  premières  lo- 
comotives, les  bois  de  nos  forfts  se  vendaient  comme 
du  pain  chaud,  et  tout  cela  amenait  des  banquets,  des 
célébrations  à  n'en  point  finir.  La  prospérité  rendait 
tout  le  monde  joyeux. 

Ah  !  quel  temps  fut  jamais  plus  fertile  en  démons- 
trations politiques  !  Nous  célébrions  du  même  coup,le 
traité  conclu  avec  les  Etats-Unis  :  la  réciprocité,  un 
mot  quasi  neuf  pour  nous,  qui  a  bien  ▼ieilli  par  la 
suite.  M.  McKinley  était  alors  jeune  et  inconnu. 

Mais  à  peine  avions-nous  salué  le  premier  navire 'de 
la  ligne  Allan  que  le  second  nous  apporta  la  déclara- 


—  154  — 

tion  de  guerre  contre  la  Russie,  signée  par  la  France 
et  l'Angleterre  Iç  27  mars  185  4.  Ce  fut  une  explosion 
de  sentiments  patriotiques. 

Les  Anglais  arborèrent  le  tricolore,  nous  fîmes  de 
même  par  esprit  tritnitation.  Pour  soulever  la  foule, 
les  publications  anglaises  étaient  bourrées  de  récits 
l'acontant  l'écrasement  de  la  Pologne  par  les  Russes. 
Nous  rangeant  avec  les  opprimés,  nous  n'avions  plus 
qu'une  âme  pour  demander  la  guerre,  sans  trop  com- 
prendre ce  que  la  France  en  retirerait  et  sans  savoir 
que  le  grand  duc  Alexis  viendrait  un  jour  se  faire 
acclainer  en  Canada  par  les  Anglais  qui  détestaient 
tant  sa  famille  en  1851. 

Une  fois  la  boule  laDcée  elle  roula  par  monts  et  par 
vaux.  Le  20  septembre  1854,  la  bataille  de  l'Aima, 
gagnée  par  les  troupes  françaises,  |)rovoqu!t  ici,  dè>* 
que  nous  en  sûmes  la  nouvelle,  un  déploiement  de  pa- 
triotisme qui  tenait  à  la  fois  de  l'Angleterre  et  de  la 
France.  J)es  discours,  des  bals,  des  concerts,  de* 
affichages,  des  articles  de  journaux,  des  fêtes  de  tou- 
tes sortes  au  milieu  desquelles  nos  concitoyens  anglais 
plantaient  le  drapeau  de  la  France  avec  ostentation  et 
nous  invitaient  à  crier  :  ''  Three  cheers  for  the  red, 
vrhite  and  blue  !  "  Les  campagnes  se  laissèrent  em- 
poigner de  même.  C'était  si  beau  cette  rénrnon  des 
forces  de  la  France  et  de  l'Angleterre  contre  la  tyran- 
ïiie  russe  !  il  m'en  souvient  !  J'ai  môme  fait  des  vers 
là-dessus.     Heureusement  ils  ne  sont  pas  bons. 

Ces  couleurs  ne  nous  eflVayaieut  pas,  bien  au  con- 
traire. Elles  contirmaient  la  tamiuse  alliance  dont 
les  journaux  étaient  remplis  depuis  vingt  mois.  Lem 
compositeurs  anglais  lançaient  sur  les  théâtres  "  the 
red,  wliite  and  blue  ''  qui  désigne  également   les  cou- 


—   155  — 

leurs  de  l'Angleterre,  j)uisque  en  analysant  le  dra- 
peau de  cette  puissance  on  trouve  les  mêmes  touches. 
La  musique,  la  poésie,  le  commerce,  la  guerre  s'en 
accomodaient  fort  agréablement.  Et  les  réjouissan- 
ces publiques  de  se  produire,  et  les  chants  d'éclater  et 
les  Jeux  d'artilices  bleus,  blancs  et  rouges  de  aillon- 
ner  l'espace  ! 

Voici  Balaklava  et  la  charge  des  six  cents  cavaliers 
homériques.  Ont-ils  été  assez'  mis  à  l'ordl-e  du  jour, 
ces  héros  du  25  octobre  1854  !  Encore  des  drapeaux, 
moitié  français,  moitié  anglais  8ur  nos  maisons.  L'hi- 
ver avait  beau  arrn-er  tête  baisèée  sur  nous,  la  cha- 
leur des  etpiits  ne  diminuait  pas.  Avant  Noël  on 
apprit  le  triomphe  d'Inkerman,-  un  coup  foudroyant 
dans  lequel  les  deux  armées  alliées  avaient  tout  ba- 
layé comme  une  poussière.  Nous  passâmes  la  saison 
rigoureuse  couchés  sur  le  lit  de  la  gloire. 

Ce  n'était  pas  tout  à  fait  de  même  en  Crimée, 
mais  à  la  guerre  commis  à  lu  guerre,  dit  le  proverbe. 

Le  soleil  de  1855  devait  activer  davantage  notre 
enthousiasme.  Lorsque,  au  mois  de  juillet,  la  "  Ca- 
pricieuse ",  frégate  française,  commandant  Beîvèse, 
mouilla  dans  la  rade  de  Québec,  avec  mission  de  »a- 
luer  les  autorités  '  britianniques,  portant  à  sa  corne 
d'artimon  les  trois  couleurs  que  l'artillerie  de  la  for- 
teresse honorait  de  salves  bruyantes,  une  effervescen- 
ce se  manifesta  jusqu'à  Montréal  et  à  Bytown.  La 
frégate  arrivait  comme  un  dessert  après  le  dîner;' 

Crémazie  voulut  chanter  ce  drapeau  qui  annonçait 
"  le  retour  de  nos  gens.  '*  De  Belyèse  se  prêta  à  un» 
sorte  d'apothéose  dans  laquelle  il  personnifiait  la 
France  légenc^aire,  glorieuse  parente  éloignée  qui  se 
souvenait  de .  nous.     On    alla  jusqu'au   lyrisme,'  aux 


—  156  — 

accolades,     aux    sanglots.     Québec,     Trois-Rivièrea, 
Montréal,  Ottawa,  s'en    donnèrent   pour   leur  urgent. 

Le  télégraphe  électrique  était  à  peine  en  usage  que 
déjà  nous  avions  des  piles  de,  Volta  dans  les  nerfs  et 
dans  les  muscles  ! 

îfoua  ne  voyions  dans  cett«  visite  que  le  rappro- 
chement de  l'Angleterre  et  de  la  France.  Nos  genu 
emballés  par  tout  ce  qui  venait  d'avoir  lieu,  ne  de- 
mandaient qu'à  ^'enrelopper, davantage  des  fleurs  d« 
la  rhétprique,  Cette  situation  con;! parée  avjec  l'att 
tu  de  calme  des  EtatSrUnis,  que  l'on  prenait  pour  d« 
la  peur,  nous  inspirait  des  taçotis  de  matamores  pa*. 
du  tout  sensées  aux  yeux  dçs  gens  qui  voyaient  les 
choses  4e  haut.  Nouji,  av.on^  été,,les  dindons  ,de:  la 
farce. 

M.  .<le  Bçlvèse  a  reçu  parmi  nous  des  ovations  taite» 
pour  le  conquérant  qui  délivre  un  peuple  de  ses  chaî- 
nes.    La  note  était  trop  fortôi 

Tout  d'abord,  persoime  ne  s'et»^  aparçut.  Les  dra- 
peaux tricolores  hissés  sur  les  résidences  des  Anglais, 
et  les  adresses  et  les  banquets  «t  les  promenades  et 
les  pique-niques  et  les  réceptions  municipales,  tout 
marcha    avec    un   entrain    de    vingt  lieues  à  l'heure. 

Quel     feu,    quelle    joie     :    quelles     embrassades  1 

"  Vous  Qtes  des  nôtres  !  "  criait-on  aux  visiteurs, 
émerveillés  eux-miÀmes  4e.;8e  voir  en  pareille  compa- 
gnie—  comme  le  aoge  de  Venise  à  VersaiLlps. 

À  Montré*!,  le  31  juillet,  la  municipalifé  recevait 
en  grande  pompe  M,  de  Belvèse  et  ses  marins  lorsque 
l'on  apprit  le  bonbardement  du  Redan  et  la  chut», 
proc^iaine  de  Sébastopol.  Le  chansonnier  Marsais 
improvisa  des  couplets  sur  les  Anglais  et  les  Fran- 
«^ais  trinquant  ensemble. 


—  157  — 

Inkertnan,  BalakUva, 
Comme  fait  le  Canada, 
Ont  vu  flotter  leui-s  drapeaux 
Joint*  sur  la  terre  et  les  flots. 

Ensemble  ils  foulent  le  sol 
Autour  de  Sébastopol, 
Knfiembk  ils  l  occuperont. 
Knsemble  ils  le  garderont. 

Marsais  n'était  ^as  riche  de  poé&ie,  raaii  il  dcynaait 
de  si  bon  cœur  le  peu  qu'il  avaiten  ce  geîire  que  tout 
le  monde  le  portait  feur  la  main. 

Faut-il  le  dire  !  tout  cela  tourna  mal.  Rentré 
en  France,  le  commandant  de  la  "  Capricieuse  '^  fut 
abandonné  »au'x:  caprices  de  la  diplomatie  anglaise 
alarmée  de  ce  qu'il  n'avait  pas  contenu  les  bouillantes 
allures  des  Canadiens-Françiûs,  On  le  mit  à  tQTtt  ; 
il  reçut  un  poste  quelconque  dans  tes  bureaux  publibs 
et  l'on  en  entendit  plus  parler. 

Le  8  septembre,  même  année,  Sébastopol  se  rendit. 

Nouvelles  fêtes,  plus  grand  nombre  de  drapeaux 
français  que  dah^  les  cas  précédeiïts.  Uù  Anglais 
n'était  pas  lui-même  s'il  iie  mariait  pas  l'aré-eii-ciôt  dé 
la  France  à  la  croix  de-  Saint-Gêorgfes.  Nous  en  eû- 
mes pour  tous  les- goûts-^en  bandoulières,  en  rosettes, 
en  pavillons,  en  garnitures  de  chapeaux^  en  cravatés, 
en  costumes  de  gymnase,  que  sais-je  !  Et  tant  que  la 
fortune  de  Napoléon  III  se  maintitit  ce  fut-aiosi:- 

Eh  bien  !  ce  drapeau,  dont  vous  n%  Voulez  plus,  ii« 
nous  le  reprochez  pas.  Voue  avez  été  les  premiers  à  l'in- 
troduire ici.  Il  fallait  vous  en  abstenir  puieque  vous 
n'y  croyiez  que  pour  les  besoins  du  moment. 

BbNJAMI5    SuLTi 


—  158  — 

CoiiiiiiaïKlîiiits   «le   Détroit.    (X,    IV,   1004.)— 
Antoine  de  Lamotlie-Catlillac.  1701  à  la  fin  de    1704. 

Alphonse  de  Tonty,1704  à  1706: 

Le  sieur  de  Bourgniont,  29  janvier  1706  à  août  1706. 

Antoijie    de   Lamothe-Cadillac,    août   1706    k  l'été 
de  1711. 

Joseph  Guyon  du  liui66on^,1711,  àjuin  171C. 

François  Daupin,   sieur   de  La    Forest,    juin    1712 
à  1714.  ' 

Jacques-Cliarles  Sabrevois,  1714  à  1717 

Louis  de  Iji  Porte,  sieur  de  Louvigny,  1717.  ' 

Henri  de  Tonty,  3  juillet  1717  à  1720. 

Charles-Joseph  de  Noyelle,  1720.  > 

Alphonse  de  Tonty,  1720  au  10  novembre  1727. 

Chevalier  de  Lepernonche,  19  décembre  1727.- 

Jean-Baptiste  Deschaillons  de  Saint-Ours,  1728. 

Charles- Joseph  de  Noyelle,  1728.  •  • 

Louis  Henri  Deachamps  de  Boishébert,  1728  au  10 
juin  1734. 

Hug-hes-Jacques   Péan,  sieur  de  Livaudière,  10  juin 
1734. 

Charles- Jacques  Sabrevois,  1734  à  1738: 

Charles- Joseph  de  Xoyelle,  1738  à  1741. 

Pierre  Payan  de  Xoyan,  28  juillet  1741  à  1742. 

Pierre  de  Celoron,  sieur  de  Blainville,  1742  à  1743. 

Joseph    LeMoyne,    chevalier   de    Longueuil,    1743 
à  ^747. 

Charles- Jacques  Sabrevois,  1749. 

Pierre  de    Celoron,    sieur  de    Blainville,  •  15  février 
1751  au  19  maiH  1754. 

Jacques  Daiuan  de  Muy,  1754  an  25  mai  1758. 

François-Marie  Picoté  de  lielestro;  1758  fi  1760. 

SiLAS  Farmer  (1) 

(Ij    Thi'  Jfi>^iorij  of  Jf étroit  dml  Mic/ii</(in. 


—  159  — 

La  compajçiiie  du  sieur  Dumesiiy.  (X,  IV", 
1007.)  —La  lettre  suivante  du  gouverneur  de  Calliëre 
datée  du  28  octobre  1699  donne  approximativement 
l'année  de  l'arrivée  ici  du  sieur  Dumesny  : 

"Le  sieur  Dnmesn}^  capitaine  et  lieutenant  de 
vaisseau,  m'a  demandé  de  passer  aussi  (en  France)  et 
comme  il  y  a  15  ans  qu'il  sert  en  ce  pays  sans  en  être 
sorti  et  qu'il  m'a  fait  voir  par  ses  lettres  qu'il  a  perdu 
son  père,  j'ai  cru  que  Sa  iMajesté  ne  trouverait  pas 
mauvais  que  je  lui  aye  permis  d'pller  vaquer  à  sea^ 
affaires.  " 

Dumesny  serait  donc  arrivé  dans  la  Nouvelle-Fran- 
ce en  1684. 

P.  G.  R. 

^^^'^^^'""'^^^«^"greuBalogiss  de  familles. 

(V,  IX,  658.)— A  ajouter  à  la  liste  publiée  dans  le 
vol.  IX  du  Bulletin  des  Recherches  Historiques,  p.276  : 
Généalogie  de  la  famille  Coasineau,  par  l'honorable 
Désiré  Girouard,  de  la  Cour  Suprême  du  Canada, 
—1884.  7  pp.  in-12. 

GénéaUgie  de  la  famille  Martineau-Lormière  (bran- 
che du  district  de  Montréal)  suivie  de  notes  généalogi- 
ques et  biographiques,  par  le  R.  P.  Marcel  Martineau, 
S.  J. -Montréal,  imprimerie  du  Sacré-Cœur— 1902. 
174  p  p.  in-8. 

Dans  V Histoire  de  la  paroisse  de  Saint-Luc,  comté  de 
St-Jean,  par  M.  l'abbé  S.-A.  Moreau,  on  trouvera  une 
généalogie  complète  delà  famille  Moreau, fdont  le 
premier  ancêtre,  Jean  Moreau,  vint  de  Saint-Laurent 
Parthenay,  diocèse  de  Poitiers,  s'établir  dans  la  Nou- 
velle-France vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle. 

P.  G.  R. 


^  160  — 
QUESTIOÎTS 


1008 — ^Je  lis  dans  le  Nouveau  Larousse  Hlustré,tome 
Vie. page  7:^6  :  "  Société  de  la  Patte  de  liècre.  Associa- 
tion formée  au  Canada  en  1786  par  lee  partisans  de  la 
liberté,  et  prête  à  les  soutenir  oojitre  l'Angleterre." 
Pourrait-on  me  fournir  des  données  plus  précises  et 
plus  complètes  sur  l'origine  et  la  nature  de  cette  so- 
ciété, si  tant  est  qu'elle  exista  dans  notre  pays  ?  Un 
mot  également  sur  son  organisation,  son  influence  et  sa 
durée  ne  serait  peut-être  pas  liors  de  propos.     A.  R. 

1009 — J'entends  répéter  que  Louis  XIV  était  oppf>- 
fé  à  l'introduction  de  l'imprimerie  dans  la  Ncuvelle- 
France.  Sur  quel  fondement  histoiique  repose  cette 
assertion  ?  '  A.  E. 

1010 — Dans  les  dernières  années  de  la  domination 
française  au  Canada  il  est  beaucoup  question  du  che- 
valier de  Montreuil  ?  Sait-on  oii  et  quand  est  mort  ce 
personnage  ?  Je  le  perds  de  vue  après  1759.     Riab. 

1011 — Les  noms  des  braves  qui  accompagnaient 
Jumonville  tué  par  l'armée  de  "Washington,  bien  qu'il 
portât  un  drapeau  parlementaire,  ont-ils  été  con- 
servés ?  MlLICIB» 

1012— Pour  quelles  raisons  les  autorités  gouverne- 
mentales empêchèrent  elles  le  duc  de  la  Rochefou- 
cault-Liancourt  de  visiter  le  Bas-Carmda  pendant 
qu'elles  lui  laif>sait'nt  toute  liberté  de  séjourner  dans 
les  ai]tres  parties  des  possessions  anglaises  ?       Voya 

1013 — M.  de  Tracy  était-il  réellement  marquis? 

Alex.  B. 


QTJBBBCj;CBNTRAL 

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VOL.  10  JUIN  1904  ■  No  6 

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Is  mihi  non  civis  sed  peregrinus  erit 


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ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFfi 

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RECHERCHES  HISTORIQUES 


Sommaire  de  la  livraison  de  juin  :  L'abbé  Pierre 
Haet  de  1*  Valinière,  1732-1 79-t  (suite  et  fin),  Mgi* 
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Jean-Baptiste  Juchereau  Duchesnay  (Chevalier  Du- 
chesnay),  P.  G.  R.  ;  La  construction  des  vaisseaux 
sous  le  régime  français,  Ignotus  ;  Le  duc  de  Kent  et 
la  comtesse  de  Saint-Laurent,  D.  G.  ;  L'imprimerie 
dans  la  Nouvelle-France,  P.  G.  R.  ;  Les  chaires  ;i 
l)recher,  R.  ;  Questions,  etc.,  etc. 

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Siteofthe  battle  of  the  Plains  ofAbraham^by  A.Doughty, 
by  P.-B.  Casgrain— Ottawa— 1904. 

The  Hon.  Henry  Caldwell  L.  C.  at  Québec,  1759- 
1810,  by  Sir  James  LeMoine,  D.  C.  L.  —Ottawa  —1904. 

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DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 

VOL.  10  JUIN  1904  No  6 

L'ABBÈ  PIERRE  HUET  DE  LA  VALINIÈRE 
1732-1794 

{Suite  et  Jiv) 


M.  de  la  Valiiiiere  partit  de  Québec  le  24  octobre 
1779  (1).  Il  n'avait  gagné  de  procès  contre  personne, 
•et  il  était  condamné  par  l'autorité  civile  en  même 
temps  que  par  l'autorité  religieu8e,par  le  gouverneur, 
par  l'évêque,  par  le  grand  vicaire  Gravé  et  par  son 
supérieur  du  séminaire  de  Saint-Sulpice.  Comment 
croire  qu'il  eût  le  droit  de  son  €Ôté,  quand  il  était 
ainsi    abandonné  par  les  siens  ? 

Cela  ne  l'empêche  cependant  pas  de  chanter  vic- 
toire et  d'affirmer  dans  sa  lettre  à  M>  de  Castries  que, 
■dans  l'affaire  de  Saint-Roch  des  Aulnaie8,il  avait  forcé 
Mgr  Briand  à  se  désister  de  son  entreprise.  Il  répète 
cette  vantardise  ridicule  dans  son  autobiographie. 
Mais  c'est  une  erreur  ou  un  mensonge,  puisque  le  pré- 
lat ne  retira  jamais  son  décret  et  qu'en  1780,  il  s'oc- 
cupait encore  à  sévir -contre  les  paroissiens  rebelles  à 
ses  ordres. 

M.  delà  Valinière  n'était  pas  plus  heureux  sur  mer 
que  sur  terre,  car  il  raconte  que,  durant  la  traversée, 
après  avoir  été  leurré  par  les  plus  beaux  témoignages 
d'amitié,  il  fut  trompé,  volé,  dépouillé  de  tout  son  ar- 


(1)  Lettre  d'HaIdîmand.  Brynaner,  1887,  ^x  473. 


—  165  — 

gent.  Arrivé  à  Spitheaîl,  en  An 2:1e! erre,  il  aurait  pa 
intenter  un  procès  et  se  taire  rendre  ses  biens  ;  mais  il 
u'i'vait  pas  de  rôh\  dit-il,  et  pour  ronible  de  malheur 
on  le  reiint  douze  mois  sur  le  bateau,  Entin  pour  se 
débarrasser  de  lui,  on  lui  en  f.dj';ii[ua  un  sur  lequel  on 
disait  qu'ayant  été  pris  sur  un  navire  françiis  d^  la 
marine  marchande,  M.  de  la  Valin:ère  n'était  pas  un 
prisonnier  de  guerre  et  qu'il  pouvait  rentre:'  en  France 
à  ses  frais,  il  contie  sa  malle  à  un  bateau — le  .nV-A?*- 
towe — (pi  va  faire  naufrage  sur  les  côtes  françaises  et 
faillit  perdre  son. capitaine  en  eivvoyant  nu  fond  de  la 
mer  tout  ce  qui  restait  delà  fortune  du  pauvre  mis- 
sionnaire. C'elui-ci  [irit  la  voie  d'Ostende  et  de  là,  fau- 
te de  moyens,  fut  obligé  de  se  rendre  à   pieds  à  Paris. 

Il -se. flattait  sans-doute  d'être  bien  accueilli  par  se& 
confrères  de  Saint-Sul[»ice  et  de  recevoir  les  secours 
dont  il  prétendait  avoir  besoin.  Mais  prévenus  contre 
lui  et  ayant  cédé  au  Séminaire  de  Montréal  tous  leurs 
biens  et  tous  leurs  droits  du  Canadii,  ces  messieurs  de 
l'aris  ne  voulurent  pas  écouter  ses  doléances  et  ses  de- 
mandes,   qu'ils   trouvaient    probablement    exagérées. 

Toutefois  il  serait  injuste  de  dire  qu'iU  abandonnè- 
rent sans  pitié  et  sans  charité  l'abbé  de  la  Valinière  ;\ 
son  triste  sort,  puisqu'on  le  voit,  en  quittant  Paris, 
reçu  dans  une  maison —celle  de  Saint-Clément — tenue 
par  eux  à  Nantes  pour  les  prêtres  invalides  de  leur 
congrégation. 

11  put  s'y  reposer,  y  rétablir  sa  sauté,  r3cueillir  les 
débris  d'un  petit  héritage  et  se  [«réparera  recommencer 
sa  vie  de  missionnaire. 

Comme  il  pc  défiait,  et  à  bon  escient,  de  ses  amis  de 
Montréal,  il  projeta  d'aller  d'al)ord  à  la  Martinique,  à 
Saint-Domingue,  ou  aux  Etats-Unis,  avant  de  se  rendre 
en  Canada,  but  final  de    son   voyage      De  fait,  il   dé- 


—  lG-3  — 

barqua  î\  Newlniry  port— ce  dut  être  au  printemps  de 
1785— gngna  le  Veimout,  le  lac  Chanipkiin  et  le  voilà 
bientôt  retourné  à  Montréal.  La  première  nouvelle 
authentique  de  son  arrivée  m'est  donnée  par  la  lettre 
suivante  adressée  par  Mgr  Desglis  à  M.  Gravé,  et  datée 
du  25  juillet  1785. 

"  Ci-jointe  une  belle  pièce  de  M.  Huel  de  la  Vali- 
nière.     ' 

"  Que  faire,  mon  cher  grand  vicaire,  de  cet  homme  ': 

Oh  !  qu'il  est  bien  tel  que  M.  Montgolfier  l'a  dépeint 
dans  la  lettre  qu'il  à  écrite  à  Son  Honneur  le  Lieute- 
nant Gouverneur,  inquet,  turbulent,  etc  I 

"  Il  rné  demande  un  certificat  de  vie  et  de  mœurs 
pour  aller  où  le  Seigneur  l'appelle.  Puis-je  lui  eu  don- 
ner tant  qu'il  tiendra  une  conduite  si  opposée  à  mes 
ordres  !  Quoi  ?  je  lui  ai  défendu,  comme  vous  le  sa- 
vez, de  dire  la  messe  publiquement  jusqu'à  ce  qu'il  se 
lût  arrangé  avec  le  gouvernement,  et  il  l'a  dite  cepen- 
dant sans  l'être  ;  carjene  vois  pas  par  tous  ses  verbiages 
qu'il  me  prouve  que  Son  Honneur  M.  Uamilton  lui 
permette  de  rester  en  cette  province.  Plût  à  Dieu 
pour  l'honneur  du  clergé  qu'il  ne  se  décide  pas  à  le  lui 
permettre  !  Je  voudrais  même  que  vous  tâchassiez  de  lui 
faire  connaître  que  je  serais  fort  content  s'il  ne  le 
souffrait  pas  en  ce  pays.  ..." 

Décidemment  l'abbé  n'était  pas  reçu  à  bras  ouverts 
par  le  successeur  de  Mgr  Briand.  iJe  son  côté, 
M.  Montgolfier  ne  sait  comment  se  débarrasser  de  lui 
de  nouveau  et  définitivement  ;  car  M.  de  la  Valinière 
veut  rester  au  Séminaire  envers  et  contre  tous.  C'est 
en  vain  qu'on  lui  offre,  pour  avoir  la  paix,  une  pension 
de  six  cents  livres  tournois  qui  lui  serait  assignée  cha- 
que année  à  Paris  L'acte  est  préparé,  signé  par  les 
Sulpiciens,  mais  au  dernier  moment  l'abbé  change 
d'avis    et   refuse   de   signer  lui-même       Après   avoir 


—  1C4  — 

séjourné  quelque  temps  au  Séminaire,  il  se  retire  chez 
son  confrère  M  Curateau  et  va  se  réfugier  ensuite  chez 
le  Père  Théodore,  supérieur  des  RécoHets.  Puis  il 
s'adresse  à  des  avocats  anglais,  entre  autres  M.  Christie, 
pour   intenter  un  procès  aux  sulpiciens.  (1) 

Mais  les  avocats  ne  veulent  pas  plaider  sans  la  per- 
mission des  MM.  du  Séminaire.  Alors,  après  plu- 
sieurs voyages  à  Québec,  à  Saint-Jean,  à  l'Isle-aux- 
Noix,  elc,  il  repart  pour  les  Etats-Unis — la  même 
année  1785  -et  se  rend  jusqu'à  Philadelphie  où  il 
rencontre  M   Carroll,  le  futur  évêque  de  lialtimore. 

Celui-ci  l'accueille  avec  bonté,  lui  donne  des  pou- 
voirs et  lui  confie  le  soin  du  groupe  canadien,  acadien 
et  français  établi  à  New- York  et  dans  les  environs. 

En  dehors  des  travaux  de  son  ministère,  l'abbé  de 
la  Valinière  trouva  le  temps  de  composer  un  caté- 
chisme dialogué,  français  et  anglais,  et  de  former  de 
nombreux  projets  pour  construire  des  églises  et  des 
séminaires  dans  les  principales  villes  du  pays.  Il  vou- 
lut même  acheter  une  vieille  église  protestante,  à 
New- York,  pour  la  faire  servir  aux  catholiques,  et 
demanda  l'aide  du  gouvernement  français.  Mais 
M.  Barbé  Marbois,  ambaseadéur  de  France,  s'opposa 
absolument  à  cette  mesure,  qu'il  trouvait  inopportune 
et  que  n'aurait  pu  mener  à  bonne  fin  un  prêtre  zélé 
fans  doute,  mais  dont  il  connaissait  l'extraordinaire 
inconstance. 

Découragé  peut-être  par  cet  échec,  aussi  par  les 
misères  que  lui  créait  son  catéchisme  dont  les  protes 
anglais,  parait-il,  avaient  protestantisé  quelques  pro- 
yjositions,  l'abbé  de  la  Valinière  offrit  à  Mgr  Carroll 
d'aller  exercer  son  zèle  dans  l'ouest  et  il  partit  revêtu 


(1)   Lettre  de  M.  Montgolficr,  22  août  1785. 


—  165  — 

des  pouvoirs  d'un  grand  vicaire.  Il  était  certainement 
rendu  aux  Illinois  dès  l'année  1786,  (1)  comme  le  prou- 
ve une  lettredu  cardinal  Borgia  en  date  du  13  janvier 
1787.  Toujours  ardent  et  remuant,  ne  prenant  jamais 
le  temps  de  réfléchir,  il  s'empressa  de  condamner  tout 
de  suite  et  de  combattre  son  voisin,  le  père  Paul  de 
St-Pierre,  curé  de  Cahokia.  C'était  un  carme  dé- 
chaussé, d'origine  allemande,  qui  après  avoir  servi 
d'aumônier  à  l'armée  du  général  Rochambeau,  avait 
reçu  des  pouvoirs  de  M  CarroU,  et  travaillait  au  mi- 
nistère depuis  1784.  On  le  trouve  successivement  à 
Pottinger's  Creek,  à  Louisville,  à  Vincennes,  à  Kaho- 
kia,  à  Ste-Geneviève,  à  Kaskakia  et  à  Saint-Gabriel, 
dans  la  Louisiane.  L'abbé  J.  M.  Laval,  cité  par 
Gi]mary  Shea,  dit  de  lui  :  "  Le  père  de  St-Pierre  a  été 
certainement  l'un  des  prêtres  les  plus  remarquables 
qui  aient  administré  l'église  de  Saint-Gabriel.  "  Eh 
bien  î  c'est  à  cet  ecclésiastique,  que  M.  de  la  Valinière 
déclara  la  guerre  dès  son  arrivée  aux  Illinois.  Revêtu 
d«  pouvoirs  qu'il  était  certainement  incapable  d'ex- 
ercer, il  accusa  et  dénonça  publiquement  son  confrère, 
sans  succès  du  reste  comme  le  prouve  le  document 
suivant  qui  ne  manque  pas  d'originalité  et  que  je  me 
fais  un  devoir  de  publier,  ne  pereat. 
"  Monsieur, 

"  ISTous  avons  reçu  et  lu  à  haute  et  intelligible  voix 
dans  l'assemblée  des  habitants  des  Cahos,  convoquée 
ce  jourd'hui,    dimanche,    à  l'issue  de  la  grande  messe 

(1)  M.  Gilmaiy  Shea  le  trouve  curé  à  Kaskaskia  en 
avril  1785  et  je  ne  pui.s  le  contredire,  étant  donnés  le  tem- 
pérament et  la  santé  du  mis.bionnaire.  Alors  il  serait  parti 
de  là  y.ouv  faire  son  tour  au  Canada  «t  aurait  ensuite  repris 
le  chemin  des  Illinois. 


-  166  — 

de  cette  paroir^se,  votre  lettre  en  date  du  11  avril  pré- 
sent mois,  à  nous  adressée,  qui  nous  a  été  i émise  par 
M.  Labunière.  Xous  y  repondons  en  vous  déclarant 
tous  d'une  commune  voix  que  M.  de  St-Pierre,  notre 
curé,  pasteur  et  missionnaire  a  toute  notre  confiance  et 
que  nous  n'avons  que  des  louancres,et  applaudissements 
à  faire  de  lui  et  du  zMe  spirituel  avec  lequel  il  nous 
instruit  ainsi  que  nos  enfants.  C'est  en  vain  que  Vous 
voudriez  nous  ôter  la  confiance  que  nous  avons  en  lui. 

"  Son  attachement  pour  nous  et  son  désintére^sement 
nous  est  connu.  Ainsi,  Monsieur,  dispensez-vous  de 
nous  rien  écrire  davantage  de  dé^avantageux  à  la  con- 
duite d'un  prêtre  aussi  digne  de  respect  comme  M  de 
St-Pierre  et  que  nous  vénérons  tous 

"  Tant  qu'au  mariage  qu'il  a  fait  dans  notre  paroisse, 
à  la  St-Joseph,  il  avait  des  raisons  légitimes  pour  le 
faire. 

"  Sa  conduite  pout  tous  les  cas  que  a-ous  lui  imputez 
dans  la  lettre  que  vous  nous  écrivez,  est  irréprochable, 
et  vous  faites  sentir  que  la  haine  que  vous  avez  conçue 
contre  la  dignité  de  notre  curé  est  le  seul  motif  qui 
vous  fait  agir. 

"  Nous  sommes  des  plus  sensibles  aux  termes  cho- 
quants et  insultants  dont  vous  vous  servez  dans  votre 
lettre,  en  nous  disant  qu'il  a  besoin  de  nos  instructions 
et  de  celles  de  nos  femmes  pour  se  conduire. 

"  Un  tel  piopos  (deux  motsincompréhensibles)libelle 
diffi;matoire,  joint  avec  le  trouble  et  la  désunion  que 
vous  avez  mis  dans  les  villages  do  cette  rive,  depuis 
que. vous  y  êtes,  sont  suffisants  pour  nous  déterminer  à 
vous  déclarer  que  nous  ne  vous  recevrons  ni  ne  vous 
regarderons  jamais  comme  giand  vicaire   des    Illinois. 

"  La  traïKjuillité  dont  nous  jouissons  nous  est  si  chère 
que  nous  craindrioi.s  avec  raison  i)ar   les   termes    dont 


—  167  — 


ous  vous  servez  publiquement  et  par  les  censures  que 
vous  lancez  contre  les  pln^  liannetes  gàn%  que  vous 
voudriez  éteindre  le  flambeau  de  la  religion.  î^ous 
ne  crovons  pas  devoir  vous  eu  écrire  plus  long.  Cela 
suffit  pf)ur  vous  prouver  nos  sentiments  et  vous  prou- 
ver que  nous  ne  sommes  pas  disposés  et  que  nous  ne 
nous  soumettrons  jamais  k  vous  recevoir  pour  grand 
vicaire,  vous  priant  de  ne  pas  vous  y  exposer,  à  moins 
que  vous  n'ayez  de  bons  ordres  de  Mgr  l'évêque  de 
Québec  et  de  M  de  Montgolfier,  auxquels  nous  écri- 
vons à  ce  snjet  ;  et  quand  bien  même  vous  en  auriez, 
nous  verrions  alors  si  nous  devons  nous  y  déterminer. 

<  '•  Kous  avons  cru  qu'il  était  de  notre  devoird'envoyer 
la  copie  de.  la  présente  à  MM.  La  Chause,  Janis, 
St-Genest  et  Vital  Beauvais  pour  les  dissuader  de  la 
prostij:ution  que  rous  avez  voulu  faire  de  notre  pasteur. 

^  "  Nous  espérons  qu'ils  lui  rendront  toute, leur  estime 
si  en  cas  il  l'avait  perdue.      . 

"  Ainsi,  Monsieur,  tenez-vous  tranquille  dans  rotre 
paroisse  et  ne  cherchez  pas  à  mettre  le  troubU  et  la 
désunion  entre  notre  pabteir  et  nous.  Il  .vous  serait 
impossible  d'y  parvenir.  Et  soyez  assuré  que  toute 
lettre  ou  écrit  venant  de  votre  part  seront  rejetés  et  à 
vous  renvoyés  sans  les  lire.  Nous  tiendrons  touteg  les 
censures  et  discriminations  que  votre  vengeance  vous 
pourrait  suggérer  contre  nous  avec  mépris;  c'est  de  quoi 
peuvent  vous  assurer  les  habitants  des  Cahos  sous- 
signés. 

•'  Il  est  enjoint  au  sieur  Labunière,  notaire,  de  dépo- 
ser la  présente  lettre  en  son  notariat  pour  y  avoir 
recours  quand  besoin  sera  et  d'en  envoyer  copie  à 
M.  delà  Valinière,  à  MM.  Janis,  La  Chause,  St-Genest 
et  Vital  Beauvais.  Aux  Cahos  le  22  avril  1737.  " 
"  F.  Saucier,  J.B.  La  Croix,  x  Chatel,  A.  Girardin, 


—  168  — 

X  Durnai,  x  Gervais,  Ch  Ducharme,  B.  Dabuque  (une 
autre  signature  illisible)  ". 

Le  14  août  de  la  même  année,  M.  Payet,  alors  à 
Michillimakinac,  écrit  à  l'évêque  :  "  la  lettre  ci-in- 
cluse passe  pour  être  de  Monsieur  de  la  Valinière  qui 
parait  tracasser  beaucoup  aux  Illinois,  si  on  ajoute  foi 
à  plusieurs  qui  en  arrivent.  " 

A  en  juger  par  la  lettre  suivante,  M.  de  la  Vali- 
nière avait  renoncé,  depuis  quelque  temps,  à  continuer 
ses  revendications  contre  le  Séminaire  de  Montréal, 
mais  il  n'avait  pas  abandonné  le  projet  d'aller  travailler 
et  de  finir  ses  jours  au  Canada.  Et  de  même  qu'il 
avait  déjà  traité  d'affaires  avec  deux  ou  trois  gouver- 
neurs, il  était  rendu  à  son  troisième  évêque,  Mgr  Hu- 
bert, successeur  de  Mgr  Desglis. 

Voici  ce  document  du  26  mai  1787. 
"  Monseigneur, 

•'  La  manière  avec  laquelle  je  me  suis  exprimé  dans 
ma  dernière  (dont  j'ignore  la  réception)  du  sujet  de  ma 
renonciation  forcée  aux  droits  du  Séminaire,  sentirait 
peut-être  un  intérêt  dont  ma  conduite  passée  envers 
les  pauvres  dément  cependant  l'idée.  Néanmoins  com- 
me le  plus  léger  soupçon  d'une  telle  faiblesse  en  un 
prêtre  pourrait  empêcher  le  bien  que  je  pourrais  faire 
en  votre  diocèse  et  que  je  ne  fais  pas  certainement  ici, 
je  puis  assurer  Votre  Grandeur  que  quelque  petite  cure 
que  vous  puissiez  me  donner,  pourvu  que  je  puisse  être 
utile  au  salut  des  âmes,  j'en  aurai  toujours  assez,  et 
j'aime  mieux  que  ce  soient  d'autres  qui  fassent  des 
sotises  que  moi.  Faites-moi  l'honneur  de  me  répon- 
dre le  plus  tôt  possible. 

"  Je  ne  sais  aucune  nouvelle,  je  ne  me  mêle  ni  de  la 
guerre,  ni  de  la  paix  et  je  cherche  en  vain  la  derniè- 
re :  c'est  pour  cela  que  je  suis  vetme  du  bout  du  mon- 
de ;  toutefois  l'ennemi    de    notre  salut   m'y    poursuit 


—   169  — 

«ncora  et  m'y  trouble.  I"n  Carme  (1),  sans  lettres  de 
]>rêtripe,  venu  là  de  lui-même,  y  soulève  le  peuple,  et 
M.  Gibault  tient  toujours  la  conduite  qui  vous  est 
connue. 

■•'  J'irai  donc  me  prosterner  à  vos  pieds 

"  Si  j'ai  fait  quelque  faute,  quoique  je  ne  la  con- 
naisse pas,  elle  devrait  être  efï'acoe,par  ce  que  l'on  m'a 
fait  souffrir.  L'idée  que  j'avais  conçue  pour  procurer 
la  paix  tant  à  mes  ennemis  qu'à  moi  d'aller  fonder  la 
religion  à  Charlestown  s'est  évanouie,  parce  que  le 
consul  de  New- York,  ainsi  que  beaucoup  d'autres, 
m'ont  assuré  que  ce  pays-là  est  si  malsain  qu'aucun 
européen  n'y  peut  passer  VCige  de  quarante  ans.  Et 
d'ailleurs  le  libertinage  est,  dit-on,  aussi  commun 
qu'aux  isles.  Cela  m'a  fait  préférer  ce  pays  irançais, 
où  je  ne  trouve  que  le  dernier  de  ces  inconvénients. 
Mais  comme  un  lièvre  poursuivi  par  les  caiens  re- 
vient toujours  à  son  gîte,  de  même  je  désire  que  le 
Canada  qui  m'a  fait  prêtre  et  auquel  je  puis  rendre 
encore  auc  un  service,  reçoive  les  derniers  fruits  de 
mon  facerdoce  ainsi  qu'il  en  a  eu  les  premiers.  " 
"  J'ai  l'honneur  etc.,.  . 

P.  Iluet  delà  Valinière,  Vie.  Gen. 
"  Aux  Kas-des-Illiuois  " 

le  26  mai  1787.  " 

Chose  f-ingulière,  M.  de  St-Pierre  désirait  lui  aussi' 
de  même  que  son  aimable  voisin,  quitter  sa  paroisse 
de  l'Immaculée  Conception  pour  aller  travailler  dans 
le  diocèse  de  Québec.     J'en  ai  eu  la  preuve   dans   une 


(1)  M.  de  St-Pierro.  C'était  à  M.  Carroll  à  voir  si  les 
lettres  de  ce  carme  étaient  en  règle  et  non  à  M.  de  la  Yali- 
uière.  Au  reste  on  a  vu  plus  haut  qu'il  avait  drjà  été  em- 
ployé dans  le  ministère  et  qu'il  le  fut  longtemps  après. 


—  170  — 

lettre  qu'il  adressait,  le  19  février  1786,  à  M.  Payet, 
alors  curé  au  Détroit.  Cette  lettre  est  très  bien  écrite 
en  latin.  Comm^  M  de  la  Valiiiière,  il  se  plaint  de 
la  population  —jjessimis  hominibus — qui  ne  craint  ni 
Dieu  ni  les  lois.  Au  reste  l'évêque  de  Québec  ne  vou- 
lut écouter  les  prières  ni  de  l'un  ni  de  l'autre,  et  con- 
tinua de  se  passer  de  leurs  services.  Depuis  1783, 
les  Illinois  et  les  Tamarois  avaient  passé  aux  Anglais 
Américains,  et  ee  fut  le  préfet  apostolique  de  la  N'ou- 
velle- Angleterre  qui  eût   à  pourvoir   à   ces    missions. 

C'est  à  propos  de  ce  changement  de  juridiction  que 
s'échangèrent  plusieurs  lettres  entre  la  Propagande, 
M.  Carroll  et  Mgr  Hubert.  Celui-ci  écrit,  le  15  oc- 
tobre 1787  :  "  Il  paraît  qu'en  effet  M.  de  la  Valiuière 
et  M.  de  St-Pierre  ont  été  députés  dans  le  pays  des 
Illinois.  . .  .  J'ignore  l'étendue  de  leurs  pouvoirs  dont 
ils  ne  me  rendent  aucun  compte,  et  du  reste  je  saife 
disposé  à  ne  pas  les  inquiéter  là-dessus,  tant  qu'ils  ne 
pénétreront  pas  plus  avant  dans  mon  diocèse.  "  A 
M.  Carroll  qui  d«mandait  des  renseignements  sur 
MM  Gibault  et  de  la  Valinière  "  muni,  dit  il,  d'attes- 
tations favorables  de  la  part  de  ses  supérieurs  ecclé- 
siastiques du  Canada  ",  Mgr  Hubert  répond,  le  6- 
octobre  1788  : 

" Remarquez,  s'il  vous  plaît,  que    M.    de    1» 

Valinière  est  un  homme  de  bonnes  mœurs,  mais  que 
son  esprit  remuant  est  capable  de  causer  beaucoup  de 
troubles  à  ses  confrères,  comme  nous  l'avons  éprouvé 
en  Canada  "  .  Le  prélat  parle  aussi  de  M.  Gibault 
nommé  vingt  ans  auparavant  grand  vicaire  par  Mgr 
Briand,  pour  les  Illinois.  Ses  pouvoirs  n'ont  pas  été 
renouvelés,  et  comme  il  a  été  soupçonné  de  trahison, 
le  gouvernement  anglais  en  a  pris  ombrage,  et  l'év^ê- 
que  ne  veut  plus  le  recevoir  dans  s€în  diocèse.     Il  res- 


—  171  — 

tera  sous  lu  jundiction  de  M.  Carroîl,  si  celui-ci  veut 
bien  le  garder. 

Et  c'est  ce  qui  fut  fait.  (1) 

M.  de  la  Valinière  quitta  les  missions  de  l'ouest  en 
1790,  je  ne  sais  pas  exactement  à  quelle  date.  Mais, 
le  25  octobre  do  la  même  année,,  nous  le  retrouvons  à 
Montréal  !  Ce  jour-là,  c'e^t  M.  Brassier,  successeur  de 
M.  Montgolfier  au  Séminaire  de  Saint-Sulpice,  qui  en 
donne  la  nouvelle  à  Mgr  Hubert. 

"  Je  crois  de  mon  devoir  de   vous  prévenir   que   le 

(1)  Je  me  proposais  d'écrire  la  notice  biographique  de 
3r.  Gibault;  maif>  j'arrivciai.-;  trop  lard,  car  l'ouvrage  a  itc 
la't  ])ar  un  autre  et  publié  dans  Efcords  of  the  American 
t'atliolic  Hi&toricol  Socitly  of  Fh(ladel]ihia,  déconibie 
1901.  Lauttur  de  cette  élude  est  Miss  Pauline  Lancaster 
Peyton,  a  graduate  of  St.  Mai  j's  Academy,  Notre- Jjamc, 
Jndiana.  11  n'est  que  juste  de  dire  que  les  archives  de 
l'archevêché — lesquelles  ne  sont  mentionnées  dans  cetio 
étude  que  sous  le  nom  de  Archives  of  Québec — ont  fourni  à 
l'auteur  de  nombreux  documents  d'une  très  grande  valeur  : 
lettres  de  Mgr  Briand,  du  E.  P.  Meurin,  S.  J.,  et  surtout, 
de  l'abbé  Gibault  lui-même.  J'aurais  aimé  à  trouver  quel- 
que ])art  dans  cet  intéressant  travail  le  nom  de  JM.  l'abbé 
Eug.  Laflamme  qui  avait  eu  la  générosité  d'enrichir  made- 
moiselle Peyton  de  pai-eils  trésors.  Dans  cette  notice  bio- 
graphi(|ue  sur  M.  Gibault,  «[ui  n'est  pas  absolument  com- 
plète, il  y  a  des  inexactitudes  bien  pardonnables,  mais  qui 
n'en  existent  pas  moins.  C'est  ainsi  qu'à  la  page  469,  on  vcjit 
<iue  M.  Forget  avait  vendu  les  biens  de  la  mission  des  Ta- 
maiois  à  Mgr  Briand  !  Quel  mal  y  aurait-il  eu  à  cela  '.'' 
Quelques  lignes  plus  loin,  l'auteur  cite  VHistoire  dii  Sé- 
minaire de  Québec  par  le  cardinal  Lascheau  !  Ce  qui  nui- 
ra davauiage  à  la  mémoire  de  M.  Gibault,  c'est  qu'il  de- 
manda au  Congrès  des  Etats-Fnis  de  le  rendre  propi'iétaire 
des  biens  dont  le  Séminaire  de  Québec  lui  avait  confié  la 
garde.     Mgr  CarroU  en  écrit  à  l'évêque  de   Québec  et    lui 


—  172  — 

sieur  de  la  Valinière  est  venu  prendre,  ces  jaurs  pas- 
sés, logement  dans  notre  maison.  Je  n'ai  pas  cru  pour 
la  paix  devoir  lui  refuser  l'hospitalité.  11  a  répandu 
dans  les  communautés  et  dans  la  ville  quelques  unes 
de  ses  brochures.  J'ai  blâmé  les  communautés  et 
leur  ai  défendu  d'en  faire  usage.  Il  a  dit  la  messe 
dans  les  hôpitaux  sans  permission  et  s'en  est  retourné 

dit  qu'il  a  présenté  un  mémoire  au  g'néral  Washington, 
pour  pi-otester  contre  cet  acte  dj  labbâ  Gribuult.  Ce  uiis- 
sionnaire  était  dune  santé  et  d'une  énergie  de  fer.  11  écri- 
vait fort  bien  une  lettre.  Envoyé,  au  sortir  du  Séminaire 
et  de  l'ordination,  dans  un  immence  pays  de  missions,  il 
inanquait  un  peu  do  formation  ecclésiastique,  et  son  zèle 
inconsidéré  le  lança  dans  des  entreprises  qui  ont  pu  contri- 
buer à  sa  renommée,  mais  pas  à  son  bonheur.  Eejeté  du 
diocèse  de  Québec,  il  sortit  également  de  celui  de  Baltimo- 
re «t  passa  ses  dernières  années  dans  les  possessions  espa- 
gnoles. Il  mourut  à  Xew-Madrid  en  18U4.  En  1777,  il 
avait  fait  tant  de  bruit  et  s'était  tellement  mêlé  de  ])oliti- 
que,  que  M.  Montgolfier  écrivait  à  l'évêque  de  Québec  : 
••  J'ai  entendu  dire  tout  bas. et  je  ne  le  crois  pas,que  M.Gibiiult,- 
ayant  été  soupçonné  ou  accusé  d'être  l'instigateur  des  ser- 
ments contradictoires  qui  ont  été  faits  depuis  peu  de  temps- 
dans  la  partie  qu'il  habite,  il  avait  été  pendu.  "  On  .sait 
qu'il  n'en  fut  rien,  et  vraiment  je  crois  que  M.  Gibault  ne 
mérita  jamais  i>areil  châtiment.  S'il  fit  des  fautes,  il  tra- 
vailla rudement  et  péniblement  dans  la  vigne  du  Seigneur, 
il  fut  patriote  et  Illi^^àonnaire  à  sa  façon. et  risqua  sa  vie  bien 
des  fois  ]>our  rendre  service  à  l'église  ou  au  pays  qu'il  re- 
gardait comme  sa  patrie.  "  Next  to  Clark  and  Vigo,  the 
United-States  are  indebted  more  to  Father  Clibault,  for 
the  accession  of  the  States,  comprised  in  what  was  llie 
original  Northwestern  Tcrritor}',  than  to  no  other  man  "  ,. 
saye  Judge  Law.  AVitli  tins  testimony,  the  liistorian  of 
theChurch  ma}' s])eak  of  the  good  man  und  pure  patriot, 
Eev.  Peter  Gibault,  his  patrioiism.  his  sacrifices,  bis  coi'a- 
ge  and  lore  of  liberty.  "  Giimary  Skea. 


—  173  — 

pour  fixer,  dit-il,  sa  demeure  sur  le  lac  Champlain,  sur 
la  partie  des  Etats  Unis.  Comme  il  doit  revenir,  cet 
liiver,  faire  plusieurs  voyages,  je  serais  flatté  de  savoir 
la  conduite  que  je  dois  tenir  à  son  égard.  J'ai  pré- 
venu Son  Excellence  du  va  et  vient  du  dit  Sieur,  par- 
ce qu'il  m'est  revenu  que  Sa  Seigneurie  était  surprise 
de  mon  silence  à  cet  égard.  " 

Monseigneur  répond,  le  4  novembre,  qu'il  ne  veut 
pas  reconnaître  ce  monsieur  comme  membre  de  son 
diocèse,  qu'il  ne  lui  donnera  aucun  pouvoir  pas  même 
celui  de  dire  la  messe,  et  qu'on  devra  avertir  les  com- 
munautés de  ne  pas  l'admettre  à  célébrer. 

Dans  ce  même  mois  d'octobre  1790,  M.  de  la  Vali- 
nière  se  mit  à  desservir  les  Canadiens  et  les  Acadiens 
établis  à  Split  Rock,  dans  l'état  de  Îî'ew-York.  Ces 
pauvres  gens  étaient  enchantés  d'avoir  un  prêtre  au 
milieu  d'eux  ;  ils  lui  bâtirent  une  chapelle,  et  un  pres- 
bytère ;  tout  était  pour  le  mieux  :  on  vivait  dans  l'u- 
nion, la  paix  et  la  prospérité.  Mais  au  bout  de  trois 
ans,  on  ne  sait  comment,  la  mésintelligence  se  glissa 
entre  le  pasteur  et  le  troupeau.  Un  jour,  l'église  et  le 
presbytère    furent  incendiés  et  rasés  jusqu'au  sol.  (1) 

C'est  pendant  son  séjour  à  Split  Rock  que  l'abbé 
écrivit  ses  mémoires  intitulés  :  "  Vraie  Histoire  ou 
simple  Précis  des  Infortunes,  pour  ne  pas  dire  des  per- 

(1)  ^[.  Gilmar}'  Shea  (]ui  raconte  ce  fait,  met  en  noto  : 
"  Mgr  J.  O.  P\iiS!i\s,  Belat  ion  d'un  Voyage  aux  Etats-Unis 
en  1815,  which  I  owo  to  the  Eev.  J.  Sasseville.  "  Je  crois 
plutôt  que  c'est  M.  Sasseville  lui-même  qui  raconta  le  fait  à 
M.Gilmary  Shea.  Je  no  sache  pas  qu'il  y  ait  un  livre  ma- 
nuscrit ou  imprimé  qui  porie  le  titre  de  Relation  d'un  voya- 
ge aux  Etats-Unis  écrit  i)ar  l'évêquo  de  Québec.  Le  pré- 
lat raconte  ce  voyage  dans  son  Jbxrnrvi  de  mission  de  1815 
et  il  n'y  parle  pas  de  M.  de  la  Valinière. 


—  174  — 

sécutions  qu'a  souffert  et  soiiftVe  encore  le  Rév.  Pierre 
Huet  de  la  Valinière,  mis  en  yers  par  lui-même,  en 
juillet  1792.  A  Alban}',  imprimé  aux  dépens  de 
l'auteur.'' 

Il  résume  ainsi,  dans  l'autobiographie  déjà  citée,  ses 
pérégrinations  incro\'ables  :  "  Je  vais  errant,  par  toute 
l'Amérique,  par  Xew-York  et  Boston,  je  traverse  tous 
les  chemins  dangereux,  je  visite  à  peu  près  tous  les 
cantons.  . .  .Je  repars  pour  la  Pensj'lvanie,  j'arrive  jus- 
qu'au fort  Pitt.  Je  descends  tout  rOhio,  le  Kentucky 
et  le  Missifsipi,  sans  dormir  aucun  somme,  voyageant 
à  pied  ou  en  canot.  Cinq  fois  je  traverse  le  golfe  du 
Mexique  et  m'essaye  à  revenir  en  Canada.  La  Ha- 
vane La  Floride  Espagnole,  Charlestown,  Stonington 
et  Kew-York   ne  m'otïrent  plus   rien  de  nouveau.  " 

Impossible  de  mettre  des  dates  à  la  suite  des  villes 
ou  des  pays  visités  par  l'infatigable  missionnaire. 

Nous  le  trouvons  à  la  Prairie  de  la  Madeleine  en 
1792.  M.  J.  O.  Plessis,  secrétaire,  lui  écrit  le  22  mai, 
qu'avant  de  lui  permettre  de  dire  la  messe  dans  le  dio- 
cèse, l'évêque  sachant  qu'il  a  été  renvoyé  de  cette 
province,  en  1779,  par  ordre  du  gouvernement,  a  be- 
soin de  savoir  si  sa  présence  est  agréable  au  gouver- 
neur actuel.  De  plus,  il  faudra  qu'il  montre  un  exeat 
de  la  part  de  Mgr  de  Baltimore  dont  il  était  le  sujet 
et  le  diocésain.  De  1792  à  1798,  les  documents  font 
défaut  et  je  suis  porté  à  croire  que  ce  fut  dans  cet  in- 
tervalle que  M.  de  la  Valinière  lit  ses  grands  voyages 
à  la  Havane,  et  à  la  Floride. 

Le  19  février  1798,  il  se  repose  à  Saint-Sulpice,  l'une 
de  ses  anciennes  paroisses  et  il  y  reçoit  la  lettre  suivante 
de  Monseigneur  Denaut  : 

"  Votre  lettre  du  14  m'a  été  remise  par  un  de  mes 
paroissiens,  le  18      Je  n'ai  pas  vu  l'exprès. 

"  Je  ne  vous  ai  pas  oublié  auprès  de  M.  le  Général. 


—  175  — 

"  En  réponse  à  la  lettre  que  je  me  suis  fait  l'iion- 
ueur  de  lui  écrire,  le  25  janvier,  il  répond,  le  même 
jour,  qu'il  loue  la  conduite  de  mes  prédécesseurs  à 
votre  égard,  et  promet  de  me  louer  aussi,  si  je  ne  m'en 
écarte  pas.  Cependant  il  approuve  votre  résidence  en 
ce  pays. 

"  Eu  réponse  à  vos  demandes,  je  dis  à  la  première  : 
quand  vous  voudrez  venir  à  Longueuil,  vous  y  serez 
le  bienvenu  ;  à  la  2ème  :  je  ne  demande  ni  ne  désire 
voir  aucun  papier  ;  à  la  3ème  :  vous  pouvez,  et  je  ne 
m'y  oppose  pas,  faire  auprès  du  gouvernement  telle 
démarche  que  vous  voudrez." 

Muni  de  la  permission  du  gouverneur  et  de  celle  de 
l'évêque,  M.  de  la  Valinièro  put  donc,  comme  il  l'avait 
désiré,  finir  ses  jours  en  Canada.  Il  passa  ses  derniè- 
res années  retiré  dans  la  paroisse  deSaint-Sulpice.  (1) 
Voici  comment  on  raconte  son  décès  arrivé  le  29  jain 
1806  :  "  Il  s'appelait  Pierre  et  mourut  le  jour  de  la 
St-Pierre,  dans  la  paroisse  de  St-Pierre  du  Portage 
(L'Assomption)  d'une  chute  de  voiture  sur  une  pierre." 
11  fut  inhumé  à  Saint-Sulpice. 

Mgr  h.  Têtu 


SHÉRIFS  DU   DISTRICT    DE   KAMOURASKA 

Ovide  Màrtineau 18  octobre  1851 

Jacques-Vinceslas  Taché 16  septembre  1865 

François- Alfred  Sirois 20  janvier  1879 

Joseph-Elzéar  Pouliot î^O  avril  1899 

(1)  D'autres  disent  à  PtepeiiLigny.  Les  uns  et  les  autres 
ont  probablemant  raison,  M.  de  la  Valinière  ajant  bien  pu 
demeurer  successivemant  dans  les  deux  paroisses. 


f 


—  176  — 

L'IIOX.  JEAN-BAPTISTE  JUCHEREAU 
DUCHESNAY 

(chevalier  dichesnay) 


Jean-Baptiste  Juchereau  Duchesna}',  plus  connu 
sous  le  nom  de  chevalier  Duchesnay,  naquit  à  Beau- 
port  le  16  février  1779. 

Il  était  fils  de  l'honorable  Antoine  Juchereau  Du- 
chesnay, seigneur  de  Beauport,  Kaint-Eoch  des  Aul- 
naies,  Fossembault,  Gaudarville  et  autres  lieux,  et  de 
Catherine  LeCompte  Dupré. 

Il  obtint  une  commission  dans  le  60e  de  Ligne  et 
servit  pendant  plusieurs  années  dans  ce  régiment. 

Lorsque  survint  la  guerre  de  1812  on  lui  donna  le 
commandement  d'une  compagnie  dans  le  corps  des 
Voltigeurs  Canadiens  formé  par  le  lieutenant-colonel 
de  Salaberry.  Il  se  distingua  par  son  intrépidité  et  sa 
bravoure  en  plusieurs  occasions  mais  plus  particuhère- 
ment  à  la  glorieuse  bataille  de  Châteauguay. 

Dans  sa  dépêche  an  ministre  des  colonies  en  date 
du  30  octobre  1813,  dans  laquelle  il  rend  compte  de 
la  bataille  de  Châteauguay,  Sir  George  Prévost  écrit  : 

"  J'ai  signalé  particulièrement  l'aide  habile  que  le 
lieutenant-colonel  de  Salaberry  a  reçu  du  capitaine 
Ferguson,  commandant  la  compagnie  légère  des  Fen- 
cibles  Canadiens  ;  et  du  capitaine  J.  B.  Duchesnay, 
du  capitaine  Juchereau  Duchesnay,  de  l'adjudant 
Hebden,  des  Voltigeurs,  de  l'adjudant  O'Sullivan,  de 
la  milice  sédentaire,  et  du  capitaine  LaMotte  apparte- 
nant au  corps  des  guerriers  sauvages.  " 

La  28  mars  1821,  pour  récompenser  son  mérite,  le 
gouverneur  Dalhousia  le  nommait  aide  de  camp  pro- 
vincial, avec  le  grade  de  lieutenant  colonel  dans  la 
milice,  en  remplacement  du  lieutenant-colonel  B.  J. 
Frobisher,  décédé. 


HON.   JEAN-BAPTISTE  JUCHEREAU  DUCÏÏENAY 


—  178  — 

En  182(^,  lorsqu'il  était  inspecteur  des  milices  avec 
MM.  de  Bellefenille  et  lleriot,  il  reçut  les  compliments 
les  plus  flatteurs  de  lord  Dalhousie  sur  le  point  de 
repasser  en  Angleterre  :  •'  Le  gouverneur  en  chef,  est- 
il  dit  dans  Tordre  du  2  avril,  croit  plus  particulière- 
ment de  son  devoir  de  remarquer  que  le  lieutenant- 
colonel  chevalier  Duchesnay  a  présenté  d'excellenrs 
diagrammes  de  chaque  bataillon  sous  son  inspection, 
sans  aucun  frais  pour  le  service  public.  Son  Excel- 
lence les  regarde  comme  une  addition  précieuse  à  être 
déposée  dans  le  bureau  de  l'adjudant  général ^atin  qu'on 
puisse  y  avoir  recours  en  tout  temps.  " 

Le  4  avril  1832,  le  gouverneur  Aylmer  appelait  le 
lieutenant-colonel  Duchesnay  au  Conseil  Législatif. 

Pendant  le  choléra  de  1832.  l'honorable  Jean-Bap- 
tiste Juchereau  Duchesnay  tut  nommé  membre  du 
bureau  de  santé  de  Québec.  Il  se  dévoua  généreuse- 
ment au  service  de  l'humanité,  et  il  fut  un  des  mem- 
bres les  plus  actifs  de  ce  bureau  de  santé  qui  rendit 
alors  des  services  inappréciables.    . 

Il  mourut,  après  quelques  jours  de  maladie,  le  12 
janvier  1833.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  de  Beau- 
port,  sous  le  banc  du  capitaine,  le  15. 

"  Une  maladie  de  quelques  jours,  lisons-nous  dans 
le  Canadien  du  14  janvier  1833,  enlève  à  sa  îamille,  à 
ses  amis,  à  ses  concitoyens,  un  homme  qui  leur  était 
cher  par  son  urbanité,  ses  vertus  et  son  empressement 
à  se  rendre  utile  à  la  société.  Après  avoir  aftronté 
tant  de  fois  la  mort,  il  l'envisagea  dans  sa  dernière 
maladie  avec  résignation  à  la  volonté  de  son  Créateur 
«•t  plein  de  contiance  en  ses  miséricordes. 

11  était  à  sa  mort  seigneur  de   Saint-Roch    des   Aul- 
naies. 

P.  G.  Pv. 


—  179  — 
KÉrONSES 


T^a  coiistrnction  des  vaisseaux  sous  le  régime 
trnucais.   (IX,  VIF,  956.)— La  construction  des  navi- 
res lut  un  des  objets  dont  l'intendant    Ilocquart  s'oc- 
cupa avec  le  plus  de  persévérance  et  d'efficacité.     En 
dépit  de  quelques  essais  antérieurs,    on   peut  affirmer, 
sans  injustice  pour  aucun  de  ses  devanciers,  qu'il  a  été 
le  père  de  cette  industrie  au  Canada.     Dans  une  lettre 
du  25  octobre    1729,  il  disait  :  "  Je    regarde    la  cons- 
truction des  bâtiments  comme  un  des    objets  qui    mé- 
ritent le  plus  d'attention  par  rapport  à  l'augmentation 
du  commerce.     J'y  exciterai  de  toute  manière  les  né- 
gociants du  pays.  "     l^on    seulement  il  poussa   les  né- 
gociants canadiens  dans  cette  voie,  mais  il  leur  donna 
l'exemple.     On  vit  s'élever  non  loin  du  palais  de   l'in- 
tendant, de  vastes  chantiers   d'où   montèrent  bientôt 
vers  la    ville  toutes   les  pacifiques  clameurs    du    tra- 
vail.    Le  bruit   eadencé  de  la  hache    retentit   sur  les 
bords  de  la  rivière   St-Charles.     Les   longs    trains    de 
bois  flotté, — chêne,  pin  rouge,   bordages   et  pièces   de 
mâtures,— firent  leur  descente  pittoresque,    de  Terre- 
bonne  et  de  Sorel  à  Québec,  sous  la  direction  de    leurs 
hommes  de  cages,   et   vinrent   s'échouer  majestueuse- 
ment dans  l'estuaire,  sur  les  rives  duquel  l'art  du  char- 
pentier allait  les  transformer  en  vaisseaux  de  haut  bord 
destinés  à  porter  le  drapeau  de  la  France  sur  les   pla- 
ges de  l'Amérique  et  de  l'Europe. 

Il  y  avait  alors  au  Canada  un  abbé, homme  d'initia- 
tive et  de  progrès,  dont  la  physionomie  originale 
mériterait  une  esquisse.  Son  activité  semblait  plutôt 
tourné  vers  les  afiaires  et  l'industrie  que  vers  le  mi- 
nistère paroissial,    l'enseignement   ou  la    prédication. 

Il  s'appelait  l'abbé  Louis  Lepage  de  Sainte-Claire, et 


—  180  — 

était,  né  le  25  août  1690,  à  St-Frdnçoi.<,  île  crOrlJaiis, 
de  René  Lopage, — qui  devint  six  ans  plus  tard  le 
premier  seigneur  de  Rimouski, — et  de  dame  Marie 
Gagnon.  Ordonné  prêtre  le  (J  avril  1715,  il  avait  reçu 
un  canonicat  le  9  juin  1720,  et  s'était  vu  honoré,  sub- 
séquemment,  de  la  dignité  de  grand  vicai'-e.  Depuis 
1724,  il  desservait  Terrebonne,d'abi)rd  comme  mis  ion- 
naire  et  ensuite  comme  curé.  M;ns  non  content  d'être 
lé  pasteur  de  cette  paniisse,  il  avait  voulu  en  acquérir 
le  titre  seigneurial,  et  l'avait  acheté  de  Marie-François 
Bouat.  il  était  donc  à  la  fois  le  seigneur  etlecuré  de 
Terrebonne  et  des  Plaines.  Ctq>endant,  cela  ne  lui 
suffisait  pas  encore,  et  se  faisant  industriel,  il  avait 
m^s  en  coupe  ses  forêts  domaniales,  bâti  des  moulins 
et  conclu  des  marchés  [)Our  fournir  au  roi  des  bois  de 
const.uction.  On  conçoit  que  le  chapitre  de  Québec 
ne  le  voyait  pas  souvent.  L'un  de  ses  collègues  plus 
zélé,  M.  Plante,  prêtre  du  séminaire,  le  mentionnait 
dans  une  lettre  écrite  en  1728,  parmi  les  chanoines  in- 
visibles :  "  M.  Lepagea  sa  terre  et  ses  moulins  à  faire 
valoir,  disait-il  ;  M.  Leclair  a  d'autres  vues.  ..."  Ici, 
ouvrons  une  parenthèse.  En  faisant  ressortir  l'origi- 
nalité de  cette  iigure  ecclésiastique,  nous  lî'entendons 
point  faire  planer  sur  elle  des  ombres  fâcheuses.  Dans 
les  écrits  du  temps,  nous  n'avons  pas  rencontré  une 
ligne  contraire  à  son  honneur  sacerdotal.  On  y  cons- 
tate simplement  que  chez  M.  Lepage  le  prêtre  était 
un  peu  effacé  par  l'homme  d'aftaires,  et  qu'aux  yeux 
du  monde,  l'habilité  et  l'entregent  de  celui-ci  faisaient 
oublier   celui-là. 

Au  mois  d'octobre  1780,  l'abbé-seigneur  de  Terre- 
bonne  adressait  à  M.  Hocquart  un  lumineux  mémoire 
sur  la  construction  des  navires  et  sur  les  avantages 
q^u'apporterait  au  Canada  l'établissement  de  cette  in- 


—  181  — 

dustrie,  quant  an  développement  du  commorc3,  à  la 
circulation  monétaire,  à  l'éjou'eraent  des  produits,  au 
progrès  des  industries  connexes  et  à  raccroiss3rnent 
de  la  pop  dation.  Après  avoir  tracé  un  vaste  plan  de 
constructions  navales,  il  terminait  en  oft'rant  la  four- 
niture de  tout  le  bois  requis  à  cet  effet,  à  des  prix 
de  moitié  moins  élevés  que  ceux  payés  par  le  roi  en 
Euro[te.  Ce  mémoire  est,  encore  aujourd'hui,  d'une 
lecture  extrêmement  intéressante.  M.  Hocquart  le 
transmit  au  ministre  avec  éloge,  et  recommanda  ina- 
Tamment,  pour  commencer,  la  construction  à  Québec 
d  une  flûte  de  500  tonneaux.  La  réponce  ministérielle 
fut  favorable,  et  le  30  septembre  1731,  l'intendant  an- 
nonçait avec  une  satisfaction  manifeste  qu'il  avait 
choisi  un  endroit  fort  propice  pour  l'établissement  du 
premier  chantier  :  "'  Le  lieu  le  plus  propre  que  j'ai 
trouvé,  disait-il,  pour  y  établir  le  chantier  de  la  flûte 
en  question,  est  à  quatre  ou  cinq  arpents  du  palais, 
sur  la  rivière  St-Charles,  au  delà  de  l'ermitage  de 
St-Roch.  Le  terrain  est  solide  ;  il  s'y  trouvera  18  à 
20  pieds,  dans  les  grandes  mers  ordinaires,  qui  est  un 
fond  suffisant  pour  y  construire  les  plus  gros  vaisseaux. 
Il  y  a  de  plus  dans  le  ni  "mie  voisinage  quelques  mai- 
sons nouvellement  bâties  qui  pourront  servir  de  ma- 
gasins pour  y  retirer  diverses  munitions  et  ustensiles 
pendant  le  cours  de  la  construction  ".  (Hocquart  au 
minis're,  30  octobre  1731.)  Quelques  jours  plus  tard, 
il  rendait  une  ordonnance  pour  permettre  "  au  sieur 
abbé  Lepage  de  faire  exploiter,  dans  les  seigneuries 
de  Berthier  et  Dautray,  deux  mille  pieds  cubes  de 
chêne,  suivant  les  gabarits  et  modèles  que  nous  avons 
fait  remettre  pour  servir  à  la  construction  d'une  flotte 
de  cinq  cents  tonneaux,  que  le  roi  est  dans  le  dessein 
de  faire  construire  à  Québec  ;  lesquels  bois  il  fera 
conduire  en  cageux  jusque  dans  la  rivière  St-Charles, 


—  182  — 

devant  le  palais  de  cette  ville  pour  y  être  reçus  et  visi- 
tés en  la  manière  accoutumée  ".  Une  permission  ana- 
logue était  adressée  au  sieur  Clément  de  Sabrevois, 
sieur  de  Bleury,  pour  la  seigneurie  de  Chambly,  et  les 
terres  dans  la  profondeur  de  la  seigneurie  de  Lon- 
gueuil.  MM.  de  Tîleury  et  Lepage  devenaient  les 
fournisseurs  conjoints  du  bois  nécessaire  au  chantier 
du  roi. 

Le  prix  du  chêne  était  fixé  à  25  sous  le  pied  cube. 

Remarquons  ici  que  dans  toutes  les  anciennes  conces- 
sions de  fief,  depuis  Talon,  le  bois  de  chêne  avait  été  ré- 
servé pour  le  service  du  roi.  Durant  son  intendance, 
Hocquart  manifesta  plus  d'une  fois  sa  sollicitude 
pour  la  préservation  des  essences  forestières  les  plus 
recherchées  dans  la  construction  des  iiavires.  Ainsi, 
en  174  0,  on  le  verra  rendre  une  ordonnance  pour  défen- 
dre de  couper  des  chênes  dans  les  seigneuries  du  Lac 
des  Deux  Montagnes,  d'Argenteuil  et  de  Vaudreuil, 
et  sur  l'île  Bizard,  jusqu'à  ce  qu'il  en  eût  fait  faire  la 
visite  et  marquer  ceux  qui  se  trouveraient  propres  à 
la  construction  des  vaisseaux  de  Sa  Majesté  ;  et  cela  à 
peine  de  dix  francs  d'amende  pour  chaque  pied  d'arbre 
indûment  coupé.  (1) 

Peu  de  temps  après,  on  le  verra  encore  rendre  une 
autre  ordonnance  pour  la  préservation  d'une  pépinière 
de  pin  rouge,  d'une  lieue  d'étendue,  remarquée  par  lui 
durant  une  visite  d'exploration  qu'il  a  faite  en  personne 
dans  la  région  de  la  rivière  Richelieu  et  du  lac  Cham- 
plain.  (2) 

Au  bout  de  quelques  années,  grâce  au  zèle  intelli- 
gent de  M.  Hocquart,  l'industrie  de  la  construction  des 


(1)  Edits  et  ordonnances,  vol.  IF,  p.  382. 

(2)  Idem,  vol.  III,  p.  467. 


—  183  — 

navires  avait  pris  à  Québec  nu  merveilleux  dévelop- 
pement. iJès  1732,  une  dizaine  de  petits  bâtiments, 
de  quarante  à  cent  tonneaux,  furent  lancéa.  Ou  en 
lança  autant  l'année  suivante. 

En  1786,1'  intendant  écririt  à  la  cour:  "Depuis  quel- 
ques années,  la  construction  des  bâtiments  de  mér 
prend  faveur  ;  la  gratilicution  que  Sa  Majesté  accorde 
pour   ces    constructions    y   a    biaucoup    contribué. 

"  La  culture  et  le  débouché  du  tabac  donneiout  par 
la  suite    occasion    à  des    constructions  considérables. 

"  Le  bois  de  merisier  est  reconnu  pour  très  bon,  du 
moins  pour  les  fonds  des  vaisseaux  :  il  s'en  trouve  au 
Canada  en  abondance  de  tout  échantillon  ;  on  tirera 
pendant  longtemps  des  bois  de  chêne  des  environs  du  lac 
Champlain  et  des  terres  qui  sont  au-dessus  de  Montréal, 
pour  faire  des  bordages.  Des  armateurs  de  Rouen  et  de 
Bordeaux  doivent  faire  construire  cette  année  deux 
bâtiments  de  deux  à  trois  cents  tonneaux,  à  la  digue 
du  Palais  de  Québec.  En  général,  dès  que  les  nou- 
veaux objets  de  commerce  auront  lieu,  la  construction 
augmentera,  ainsi  que  les  autres  établissements."  (1) 

Cette  tiigue  du  i'alais,  dont  il  est  ici  question,  avait 
été  construite  en  1733.  Elle  avait  été  formée  de  ro- 
ches et  de  cailloux  pris  dans  le  lit  de  la  rivière  Saint- 
Charles,  et  pouvait  abriter  contre  les  tempêtes  du 
nord-est  une  centaine  de  petits  vaisseaux.  M.  Hoc- 
quart  y  avait  employé  cinquante  ou  soixante  journa- 
liers, en  même  temps  qu'il  en  envoyait  à  peu  prèg  le 
même  nombre  travailler  aux  fortifications  de  Mont- 
réal. Outre  l'utilité  publique,  son  objet,  en  faisant 
faire  ces  travaux,  était  de  secourir  la  classe  ouvrière 
dans  un  moment  où.  la  misère  était  menaçante,  par 
Euite  de  la  disette  de  blé  et  des  ravages   de  la  petite 


(1)  Ménwires  sur  le  Canada,  1736. 


—  184  — 

vérole.  D'après  une  note  de  l'abbé  Ferland,  la  digue 
de  M.  Hocquart  était,  encore  visible  vers  1830,  et  elle 
a  été  renfermée  depuis  dans  le  qnai  du  Palais. 

Comme  on  le  voit  par  le  mémoire  que  nous  venons 
de  citer,  le  roi  accordait  une    prime   de   construction. 

Encouragés  par  cette  gratification,  plusieurs  par- 
ticuliers construisirent  des  petits  navire»,  qui  facilitè- 
rent beaucoup  le  commerce  de  cabotage  dans  le  fleuve 
et  le  gclfe. 

Puis  l'on  eut  des  spectacles  plus  imposants.  Ce 
furent  des  vaisseaux  de  guerre,  des  flûtes,  des  frégates 
de  26  à  30  canone  qui  s'ébranlèrent  sur  leur  berceau 
aux  acclamations  de  la  foule  et  plongèrent  leur  carène 
élégante  et  forte  dans  les  flots  bouillants  du  grand 
fleuve.  Belles  et  nobles  fêtes  auxquelles  assistaient 
toutes  les  sommités  religieuses  et  civiles,  le  gouver- 
neur, l'évoque,  quand  il  était  au  Canada,  l'intendant, 
les  conseillers,  les  chanoines,  les  religieux,  les  officiers 
et  le  peuple,  toujours  avide  de  ces  solennités.  I7n 
dignitaire  ecclésiastique  bénissait  le  nouveau-né  de 
l'industrie  navale,  et,  au  bruit  des  mousquetades,  le 
vaisseau,  baptisé  d'un  nom  canadien  ou  français,  pre- 
nait, en  frémissant,  possession  des  vagues.  Les  ar- 
cliives  de  la  marine  nous  font  assister  à  ces  lancements 
successifs. 

Le  4  juin  1742,  c'est  le  Canada  dont  le  futur  com- 
mandant, M.  de  Beau  vais,  n'est  pas  encore  arrivé,  et 
qui  n'attend  que  lui  pour  cingler  vers  Rochefort  avec 
un  chargement  de  planches,  de  fer  et  d'huile,  tous  pro- 
duits canadiens.  En  1744,  c'est  le  Caribou,  flûte  de 
22  canons,  qui  sera  commandé  par  le  sieur  Dubois  et 
dont  l'équipage  recruté  en  France  est  transporté  à 
Québec  par  le  Fhélipeau. 

En  1745,  c'est  le  Castor,  frégate  de  26  canons,  à  qui 


—  185  — 

V Heureuse- Marie,  de  Saint-Malo,  amène  son  equi- 
pag'e  breton.     En    1748,   c'est   le    Sairtt-Laurent. 

Une  antre  année,  ce  fera  le  Çu/bec.  ou  V Orignal 
qui  aura  la  mauvaise  fortune  de  se  ciever  durant  son 
lancement. 

Tous  ces  travaux  étaient  dirigés  par  le  sieur  Levas- 
seur,  ingénieur-constructeur.  Ils  O'cupèrent  une  foule 
d'ouvriers  dont  les  }>reraiers  étaient  venus  de  France, 
mais  dont  les  autres  s'étaient  formés  ici.  En  1739, 
M.  H()C(juart  écrivait  qu'il  y  avait  50  charpentiers  à 
Québec,  mais  qu'il  en  tallait  davantage. 

L'établissement  de  cette  industrie  suffirait  seule  à 
illusti  er  l'administration  de  cet  intendant.  Il  est  vrai 
que  quelques  années  plus  tard,  on  essaya  de  discrédi- 
ter les  vaisseaux  construits  au  Canada.  Dans  un  mé- 
moire publié  en  1758,  on  voit  que  deux  reproches  leur 
étaier.t  adressés  :  d'abord  qu'ils  coûtaient  plus  cher 
que  ceux  dont  la  construction  avait  lieu  en  France,  et 
ensuite  qu'ils  étaient  de  moindre  durée,  d'où  l'on 
concluait  que  les  bois  canadiens  étaient  d'une  qualité 
inférieure.  Mais  l'auteur  du  mémoire  réfutait  ces 
deux  objections.  Il  démontrait  que  le  coût  n'était 
plus  élevé  qu'en  apparence,  "  attendu  qu'il  passe 
sur  le  compte  de  la  construction  beaucoup  de  dépen- 
ses qui  n'y  ont  aucun  rapport.  "  Il  ajoutait  :  "  Tout 
esprit  non  prévenu  sera  forcé  de  convenir  qu'on  fera, 
construire  en  Canada  des  vaisseaux  avec  plus  «l'éco- 
nomie que  dans  les  ports  de  France-  toutes  les  fois 
qu'on  ne  confondra  pas  d'autres  dépenses  avec  celles 
de  la  construction  ".  Quant  à  la  qualité  des  bois,  il  en- 
trait dans  de  longues  explications.  "  Les  bois  du 
Canada  sont  extrêmement  droits,  disait-il  ;  ce  n'est 
qu'avec  beaucoup  de  peine  qu'on  trouve  dans  leurs 
racines  des    bois    tords,    propres   à  la    construction. 


—   186   — 

Deuxièmement  :  jusqu'à  présent,  ou  ii  exploité  que 
les  chênières  les  plus  voisines  des  rivières,  et,  consé- 
quemment  situées  dans  les  lieux  ba-s,  à  cause  de  la  fa- 
cilité du  transport.  Troisièmem -ut  :  les  bois  sont 
coupés  en  hiver  ;  on  les  traîne  sur  la  neige  jusques  au 
bord  des  rivières  et  des  lacs  ;  lorsque  la  tonte  des  nei- 
ges et  des  glaces  a  rendu  la  navigation  libre,  ou  les 
met  en  radeaux  pour  les  descendre  à  Québec,  oii  ils 
restent  longtemps  dans  l'eau  avant  d'être  tirés  à  terre, 
et  où  ils  en  contractent  une  mousse  qui  les  échauffe  : 
encore  imbibés  d'eau,  ils  sont  exposés  dans  un  chan- 
tier à  toute  l'ardeur  du  soleil  ds  l'été  ;  l'hiver  qui  suc- 
cède les  couvre  une  seconde  fois  de  neige,  que  le  prin- 
temps fait  fondre,  et  ainsi  successivement  jusqu'à  ce 
qu'ils  soient  employés  ;  enfin,  ils  restent  deux  ans  sur 
les  chantiers,  où  de  nouveau  ils  essuy^ent  deux  fois 
l'extrémité  du  froid  et  du  chaud  qu'on  sent  dans  ce 
climat.  Voilà  les  causes  du  peu  de  durée  de  ces  vais- 
seaux. 

"  Si  on  coupait  les  bois  sur  les  hauteurs  ;  s'ils  étaient 
transportés  à  Québec  dans  des  barques  ;  si  on  les  ga- 
rantissait des  injures  du  temps  dans  de-5  hangars  et 
si  les  vaisseaux  ne  restaient  qu'une  auaé^  sur  les  chan- 
tiers, il  est  évident  qu'ils   dureraient  plus    longtemps. 

"  Dans  la  démolition  de  ceux  qui  ont  été  condamnés 
en  France,  on  a  reconnu  que  les  bordages  s'étaient 
bien  conservés,  et  qu'il*  étaient  aussi  bons  que  ceux 
qu'on  tire  de  Suéde,  mais  que  les  membres  en  étaient 
pourris.  Est-il  étonnant  que  les  bois  tords,  pris  à  la 
racin«  d'arbres  qui  avaient  le  pidd  dans  l'eau  qu'on 
n'a  pas  eu  l'attention  de  faire  sécher  à  couvert,s'écliauf- 
fent  quand  ils  se  trouvent  enfermés  entre  deux  borda- 
ges? "  et  l'auteur  concluait  :  "  Je  ne  vois  donc  pas 
que  les  raisons  alléguées  contre  les  vaisseaux  de    Que- 


—  187  — 

bec  soient  suffisantes  pour  en  faire  cesser   la  construc- 
tion."' 

Quoiqu'il  en  soit  de  ces  critiques,  dont  les  hommes 
du  métier  seraient  seuls  compétents  à  établir  l'exacti- 
tude ou  l'injustice,  il  n'en  reste  pas  mois  incontestable 
que  M.  Hoc  quart  eut  le  mérite  et  la  gloire  de  créer  au 
Canada  une  industrie  destinée  à  faire,  durant  plus 
d'un  siècle,  la  prospérité  d'une  nombreuse  population. 

Ignoti's 

Le  duc  <Ie  Kent  et  la  comtesse  de  Saint- 
La  un  nt.  (IX,  X,dlb.)—T]ie  Creevy  Pap(rs que  vient 
de  publier  sir  Herbert  Maxwell,  M.  P.,  contiennent 
le  récit  d'une  confidence  au  sujet  de  madame  de  Saint- 
Laurent  qui  n'est  pas  étrangère  à  l'histoire  du  Canada. 
C'est  le  duc  de  Kent  lui-même  qui  parle  à  Bruxelles 
en  18 J 1,  s'il  faut  ajouter  foi  au  témoignage  d'ailleurs 
incontestable  de  M.  Creevy.  Le  duc  de  Kent  et  mada- 
me deFaint-Laurent  onthabité  Halifax  et  Québec  pen- 
dant quelques  années  où  ils  passaient  comme  mari  et 
femme,de  la  main  gauche.  Voici  le  récit  de  M.  Creevy  : 

"  Should  the  Duke  of  Clarence  not  marry,  the 
next  prince  in  succession  is  myself  ;  and  altho'  I  trust 
I  ehall  be  at  ail  times  ready  to  obey  and  call  my  coun- 
try  may  make  upon  me,  God  only  knowa  the  sacrifice 
it  will  be  to  make,  whenever  I  shall  think  it  my  duty 
to  become  a  married  man.  It  is  now  seven-and-twenty 
years  that  Madame  St  Laurent  and  I  lived  together  : 
we  are  of  the  same  âge,  and  hâve  been  in  ail 
climates,  and  in  ail  difficulties  together  ;  and  youmay 
well  imagine,  Mr.  Greevey,  the  pang  it  will  occasion 
me  to  part  with  her.  I  put  it  to  your  own  feeling — 
in  the  event  of  any  séparation  between  you  and  Mrs. 
Greevey.  . .  . 


—  188     - 

"  As  for  Madame  St  Laurent  herselfj  protest  I  doii't 
kuow  what  is  to  become  of  ber  if  a  marriage  is  to  be 
forced  upon  me  ;  ber  feelings  are  already  ao  agitated 
upon  the  subject.  You  saw,  no  doubt,  tbat  infor- 
tunate  paragraph  in  tbe  Morning  Chronicle,  whicb  •  p- 
peared  witbin  a  dav  or  two  after  the  princess  Char- 
lotte's  death  ;  and  in  whicb  niy  marrying  was  alluded 
to.  Upon  receiving  tbe  paper  containing^  tbat  article 
at  the  same  time  with  my  private  letters,  I  did  as  is 
my  constant  practice,  F  threvv  tbe  uewspaper  across 
tbe  table  to  Madame  Saint-Laurent,  and  began  to  open 
and  read  my  letters.  I  bad  not  dojie  so  but  a  very 
short  time,  when  my  attention  was  called  to  an  cxtra- 
ordinary  noise  and  a  strDng  convulsive  movement  in 
Madame  St.  Laurent's  throat.  For  a  short  time  I  en- 
tertiMned  serions  appréhensions  for  ber  eafety  ;  and- 
when,  upon  ber  recovery,  I  enquired  into  tbe  occasion 
of  this  attack,  she  pointed  to  tbe  article  in  ihe  Mornijiff 
Ckronicle  relating  to  my  marriage. 

"  From  tbat  day  to  this  I  am  compelled  so  be  in 
tbe  practice  of  daily  dissimulation  with  Madame  St. 
Laurent,  to  keep  this  subject  from  ber  thoughts.  i. 
am  fortunately  acquainted  with  tbe  gentlemen  in 
Bruxelles  wbo  conduct  the  Libéral  and  Oracle  news- 
papers  ;  they  bave  promised  me  to  keep  ail  articles 
upon  tbe  subject  ofmy  marriage  ont  of  their  papers, 
and  I  hope  my  friends  in  England  wdll  be  equallv 
prudent.  My  brother  the  Duke  ofClarence  is  the 
eider  brother,  and  bas  certainly  the  right  to  marry  if 
be  chooses,  and  I  would  not  interfère  wath  him  on 
any  account.  If  be  wisbed  to  be  king — :to  be  mar- 
ried  and  bave  children,  poor  man — Gob  help  him  1 
let  him  do  so.  For  myself — I  am  a  man  of  no  ambi- 
^\qu,   and    wish  only  to  remain  as  I  ara    . .  , ,  .Easter, 


—  189  — 

you  knoAv,falls  very  eaiiy  this  year— the  22nd  of  March. 
Jf  the  duke  of  C  areiice  does  riot  take  auy  step  be- 
fore  that  time,  I  must  tind  some  pretext  tô  reconcile 
Madame  St.  Laurent  to  my  going  to  England  for  a 
short  time  St.  George's  day  is  the  day  uow  fixed 
for  keeping  the  birthday,  aud  my  paying  ray  respects 
to  the  Régent  on  that  day  will  be  a  sufficient  excuse 
for  my  appearance  in  England.  When  once  there, 
it  willbe  easy  for  me  to  consult  with  my  friends  as  to 
the  proper  steps  to  be  taken.  Should  the  Duke  of 
Olarence  do  nothing  before  that  time  as  to  marrying, 
it  will  become  my  duty,  no  doubt,  to  take  some^mea- 
sures  upon  the  subject  myself. 

"  You  hâve  heard  the  names  of  the  Princess  of 
Baden  and  the  Princess  of  Saxe-Cobourg  mentioned. 
The  latter  connection  w(»uld  perhaps  be  the  better  of 
the  two,  from  the  circumstance  of  Prince  Leopold 
being  so  popular  with  the  nation  ;  but  before  anything 
is  proceeded  with  in  this  matter,  I  shall  hope  ani  ex- 
pect  to  see  justice  done  by  the  Nation  and  the  Ministère 
to  Madame  .St.  Laurent.  She  is  of  very  good  family 
and  has  never  been  an  actress,  and  I  am  the  tirst  and 
only  person  who  ever  lived  with  her.  Her  dieinte- 
restedness,  too,  has  been  equal  to  her  fidelity.  When 
she  first  came  to  me  it  was  upon  £100  a  year.  That 
su  m  was  afterwards  raised  to  £400,  and  finally  to 
£1,000  ;  but  whea  my  debts  made  it  necessary  for  me 
to  sacrifice  a  great  part  of  my  income.  Madame  St 
Laurent  insisted  upon  again  retourning  to  her  income 
of  £400  a  year.  If  Madame  St.  Laurent  is  to  return 
to  live  amongst  her  frieads,  it  must  be  in  such  a  state 
of  independence  as  to  command  their  respect.  I  shall 
not  require  very  much,  but  a  certain  number  of  ser- 
vants  aud  a  carriage  are  esseutiais.     Whatever   the 


—  190  — 

Ministers  agrée  to  give  for  sucb  purpose  mnst  be  put 
out  of  ail  doubts  as  to  its  coutinuance.  I  sball  name 
Mr.  BrougbriTD,  yourFelf  Mr.  Crecvy  aiid  two  otber 
people  on  bebalf  of  Madame  St.  Laurent  for  this  ob- 
jeet.  " 

Yo\y  BttUetin  des  Eccherches  Hhstor  ques,  vol  neu- 
vième p.,  -347  ;  Morgan,  Women  of  CaiKuhi,  C  ler,p.  88  ; 
LeMoiiie,  3Iaple  Leaves,  éd.  1865,  p.  64  ;  LeMoine, 
Esquisses,  p,  293. 

1).  G. 

L'imprimerie    dans    Iti    Noiivrlle  -  France. 

(X,  V,  ]009.)  —  'Sous]\iO-n»àanè]Qjovr'/ialdfsJésyites, 
à  la  date  du  24  septembre  1665  : 

"  Nous  concluons  aussi  d'écrire  pour  avoir  ici  une 
imprimerie  pour  les  langues." 

11  devait  s'écouler  de  longues  années  avant  que  ce 
projet  ne  fut  mis  à  exécution. 

Le  21  août  1749,  le  naturaliste  suédois  Kalm  écri- 
vait : 

"  Il  n'y  a  pas  d'imprimerie  maintenant  eu  Canada, 
quoiqu'il  y  en  ait  eu  autrefois.  " 

Kalm  d'ordinaire  bien  renseigné  se  trompait  cette 
fois,  et  nous  en  avons  la  preuve  dans  la  lettre  suivante 
(4  mai  1749)  du  miniblrede  la  marine  au  marquis  de 
la  Jonquière  :  "  Monsieur  de  la  C  alissonnière  a  pro- 
posé d'établir  une  imj)rimerie  dans  la  colonie  :  laquelle 
il  a  représentée  devoir  y  être  d'une  grande  utilité  pour 
la  publication  des  ordonnances  et  des  règlements  de 

police le  Roi  ne  jugeant  pas  à  propos  de  faire  la 

dépense  d'un  pareil  établissement,  il  faut  attendre  que 
quelque  imprimeui  se  présente  pour  y  pourvoir  et  dans 
ce  cas  j'examinerai  à  quelles  conditions  il  pourra  con- 
venir de  lui  donner  un  privilège,  " 


—  191  — 

M.  riiiléas  G2igtion  a  en  sa  possession  deux  mande- 
ments imprimés  adressés  par  Mgr  Pontbriand,  évêque 
de  (Québec,  au  elergé  et  aux  lidèles  de  son  diocèse. 
L'un  fut  donné  vers  le  mois  d'avril  1759,  l'autre  le 
28  octobre  de  la  mânie  année.  M.  Gagnon  a  publié  un 
fdc-similé  de  ce  dernier  à  la  page  382  de  son  Essai  de 
Inbliog rapide  ca nadienn e. 

La  nature  des  sujets  traités  dans  ces  deux  mande- 
mants  prouve  surabondamment  qu'ils  ont  été  imprimés 
dans  le  pays.  Ainsi  dans  le  premier  il  est  question  des 
*'  préparatifs  immenses  de  l'ennemi,  du  fleuve  qui  est 
à  peine  entièrement  navigal)le,  des  semailles  qui  pres- 
sent", etc.  Dans  le  second  daté  du  28  octobre,  Mgr 
de  Pontbriand  ordonne  des  services  solennels  dans  les 
villes  de  Montréal  et  de  Québec  pour  le  repos  de  l'âme 
de  Montcalm.  Or,  Moncalm  était  mort  le  14  septembre 
précédent. 

Il  faut  donc  en  conclure  qa'il  y  avait  une  imprime- 
rie au  Canada  dans  les  dernières  années  du  réarime 
français. 

En  quelle  année  avait-elle  été  introduite  ici  ?  Il  est 
assez  difficile  de  le  dire. 

V^oir  sur  ce  sujet  1'  Union  libérale  du  20  juillet  et  du 
28  décembre  1888,et  V Essai  de  bibliographie  canadienne 
de  M.  Philéas  Qagnon,  pages  381  et  seq. 

P.  G.  R. 

Ii«s  chaires  a  prêcher.  (III,  I,  272.) — En  France 
jusqu'à  la  Révolution, il  n'y  avait  dans  les  églises,  sauf 
de  rares  exceptions,  que  les  chaires  mobiles  que  l'on 
transportait,  après  cbaque  sermon  dans  la  sacristie. 

K. 


—  192  — 
QUESTIONS 


1014 — Le  sieur  do  Boisbriand,  qui  fut  gouverneur 
de  la  Louisiane  en  remplacement  de  Bienville,  était-il 
d'origine  canadienne?  Etait-il  allié  à  Si<lrac  Dugué, 
sieur  de  Boisbriand,  capitaine  au  régiment  de  Carignan, 
qui  prit  part  aux  campagnes  de  1684  et  1687  contieles 
Iroquois  ?  B.  A. 

1015 — Que  devint  M.  de  Tracy  après  son  départ 
delà  Nouvelle-France  en  1G67?     "  A.  O. 

1016 — Bigot  écrivant  à'Lévis,  le  20  oct.  1759,  se 
plaint  du  peu  de  volonté  de  certains  habitants  pour 
livrer  et  battre  leur  blé  et  en  accuse  le  "  P.  béré,  récol- 
l(t  qui  porta  les  lettres  de  laprise  de  Vofficier  Anglais  à  la 
Présentation " 

De  qui  étaient  ces  lettres  ?  Quel  était  cet  officier 
et  où  fut-il  pris  ?  CARii.LONîirBUR 

1017 — Carlo-Carli,  parlant  du  voyage  de  Bougain- 
ville  autour  du  monde  en  1765,  dit  :  "  IJ Etoile  était 
commandé  par  le  «ieur  Giraudais,  qui  avait  à  son  bord 
le  sieur  de  St-Simon,  capitaine  d'infanterie,  fort  versé 
dans  la  langue  et  les  usages  des  Sauvages.  Il  était 
né  au  Canada."  Qui  était-il  ce  Saint-Simon  ?      Riop. 

1018 — Dans  le  récent  ouvrage  de  M.  Lamothe, 
Histoire  de  la  corporation  de  la  cité  de  Montréal,  J.-B.- 
Nicolas-Roch  de  Ramezay  est  de  nouveau  donné  com- 
me gouverneur  de  Montréal  de  1739  à  1749.  Vou- 
)ez-Yous,  une  fois  pour  tout,  faire  le  jour  sur  ce  poiut 
d'histoire  ?  De  Ramezay,  fils,  a-t-il  été  gouverneur 
de  Montréal  ?  Mokt. 


QUÉBEC-CENTRAL 

LKS  TRAIXS  QUITTANT   LÉ  VIS 

8r\fi)  EXPRKSS  DKS  MONTACiXKS  BLANCHRS 
.UU  r   Pour  Fabyans.  Poriland,   Sherbrooke,   Beauc« 
a",   m.      )    et  Mdguntic,   chars  PuUmand,  Parloir,  Buff«t 
jusqu'à  Porlland. 

Q    r  A")KXPERSS  DE  BOSTON    ET  NEW-YORK, 

O.OU  r    1^0"^"  Sherbrooke,   Boston,    Sprini^rteld,  New- 

P*.  .\l.     )    York,  tous  les  points  de  la  Nouvelle- Angleterre. 

aunsi  Beuuce  et  Mégnatic,   chars  Pullman   dortoirs  .iur  ee 

train. 

2/\r)  SPÉCIAL  DE  NEW- YORK    ET    BOSTON. 
^UQ  l   Ce  nouveau  train  commencera  à  circuler  le  24. 
P*    M.      )    juin  avec  chars  directs  faisant  le  trajet  le  plu» 
rapide  entre  Quôbec  et  New-Y"ork. 

7r\f\)  ACCO.MMODATION.  De  Lévis  à  Sherbrooke, 
.UU  r   ^t  tous  les  points  sur  le  chemin  de   fer  Bottcm 
p".  M.     )    &  Maine. 

LES  TRAINS  ARRIVENT  A  LEVIS 
Express  de  Boston  et  New- York  à  12  hrs,   midi.    Sp.-ci^l 
ë«  Boston  et  New-Y^ork  à  1.10  hr.  p.  m.    Express  des  Mon- 
tagnes Blanches  à  8.55  hrs  p.  m.  Accommodation  à  8.45  b. 
a.  m. 

DESIDERATA 

Soirées  canadiennes  :  livraisons  deaoàt,  sept,  oct  du  vol. 
111(1863)  et  juin,  juil,  août,  sept,  oet,  nov,  de^,  du  vol  iV 
(18(J4). 

JSfonvelleg  Soirées  canadiennes,  livraisons  de  sept  1883,  de 
juil,  août,  sept,  oct,  nov  ot  dec  1885,  et  juin  1888, 

Foyer  domestique  :  3e  annje  (  1878)  nos  4,5,0,  9,  10, il,  1-, 
14,  15,  17  et  seq  ;  4e  anaie  (1^79)  I,  2,  3,  5,  6,  7,  8,  9,  12  ; 
5e  année  (1S80)  fev,  juin,  juil,  août,  sept,  oet,  nov,  dec. 

Album  des  familles  :  1881,  juil,  août,  sept,  oct,  nov,  dec  ; 
1882,  août,  déc  ;  1883,  mars,  avril,  mai,  juin,  juil,  août, 
sept,  oct,  nov,  dec. 

Traité  sur  les  lois  civiles  du  Bas-Canada,  ^^'^r  Hent--  D^;. 


VIENT  DE  PARAITRE: 


fkj 


INTENDANT  DELA  NOUVELLE-FEANCE 


(16651672) 


PAR 


L'HOX.  M.  THOMAS  CHAPAIS 


Un  volume  in-8  de  540  pages  avec  un  beau  portrait 
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Prix  :  $1.00,  plus  $0.15  pour  frais  de  poste. 


S'adresser  à  l'auteur,  73,  rue  St-Louis,  Québec 
or  AtJ 

Bulletin  des  Eecherehes  Historiques,  Lévie. 


VOL.  10  JUILLET  1904  Xo  7 

BTJLXjETinsr 

—    DES    — 

B[CII[RCH[S  HISTORIOOES 


AECIIEOL-OGIE— HISTOIEE— BIOGEAPHIE 
BTELTOGEAPHJE— NrMISWAT<iLTE 


«««ANE     DE     LA     SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDES     HISTORIQUES 


Qui  nninet  in  p.T'riâ  et  patriniii  rognobCeie  teninil 
îs  n.'Aii  ron  c)\;^  s-i  d  junjiriiiMs  erit 


-• ^^.'J$r.- 


PIEEEE-GEORGES  EOY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFE 

LÉVIS 


RECHERCHES  HISTORIQUES 


Sommaire  delà  livraison  de  juillet  :  Un  procès  cri- 
minel au  dix-septième  siècle,  P.  G-.  R  ;  Greffi-ers  de  la 
Cour  des  Plaidoyers  Camrauns  du  district  de  Québec, 
F.-J.  Au4et  ;.  Jean  Peréec  Pierre  Moreau  dit  l;i  Tau- 
pine,  P.  Gr.  R.  ;  Michel-Sidrac  Dugué,  sieur  de  Boi?- 
l)riand.  Benjamin  îSulte  ;  Questions^  etc.,  etc. 

Gravure  :  Pierre  LeMoyne  I>'Iberville. 

On  peut  se  procurer  gratuitement  une  livraison  sp 'cinuMi 
des  Heckerches  JUstorriaes  ea  s'adr^ssant  au  dirjjt.îiir  de 
la  revae,  Piei'ro-LTeorg'es  Roy,  rae  Wolfe.  L^'ns. 


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PUBLICATIONS  RÉCENTES 


The.  second  Législature  of  Upper  Canaila — 1796-1800,. 
by  C.  C.  James,  Toronto. 'l  904. 

Un  problème  d'économie  sociale  :  UenseignemeiU  agri- 
cole^ par  J.-C,  Cliapais.  La  Cie  de  publication  de  la 
Bévue  Canadienne,  Montréal,  Canada —1904.  32  pp. 
in- 8. 

La  ligue  de  MM.  le  curé.,  le  maire.,  le  notaire  et  le 
médecin,  drame  en  trois  actes,  par  Honoré  Boucher. 
Artliabaska,  La  Corapagie  d'imprimerie  d' Arthubaska- 
ville,  imprimeur — 1904.  S'adresser  à  Tauteur,  ù  Ar- 
tliabaska. 


B  U  L  L  E  T I X 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  JUILLET  1904  No  7 


UN    IT.OCÈS  CRIMINKL   AU    DIX-SEPTIEMK 

SIÈCLE 


r)n  foiniait  l'expédition  du  gorverneur  de  Fron- 
tenac contre  les  Iroquois  en  1696. 

11  avait  fait  d'immenses  préparatifs  pour  aller  écra- 
ser dans  leurs  cantons  ces  barbares  dont  les  attaques 
devenaient  de  plus  en  pins  meurtrières  à  mesure  que 
3e  pays  se  développait. 

Les  trou[)es  ré^rulières,  toutes  les  milices,  les  Abéna- 
quis,  de  la  Chaudière,  et  les  Hurons,de  Lorette,  c'est-à- 
dire  près  de  «leux  mille  cinq  cents  hommes,  devaient 
se  réunir  à  rîle  Perrot  au  commencement  de  juillet, 
et  gagner  ensuite  le  pays  des  Iroquois. 

Une  fille  de  seize  ans,  Anne  Edmond  ou  Emond, 
de  Saint-François  de  l'île  d'Orléans,  dont  l'amant 
avait  été  appelé  sous  les  armes,  s'avisa  d'un  curieux 
stratagème  [X)ur  faire  manquer  l'expédition  de  M.  de 
Fiontenac. 

Après  s'être  travestie  en  homme  avec  les  vêtements 
de  son  frère,  elle  se  rend  à  pied  jusqu'au  bout  d'en 
haut  de  l'île  d'Orléans. 

Là,  un  naïf  canotier  consent  à  la  conduire  à  Québec. 

Pendant  le  trajet,  elle  raconte  au  bonhomme  qu'elle 
vient  de  s'échapper  des  prisons  de  Boston,  où  elle  a  été 
détenue  trois  ans,  que  M.  de  Saint-Castin,  qui  avait 
d'importantes  dépêches  à  transmettre  à  M.  de  Fron- 
tenac, a  mis  à  sa  disposition  un  canot  et  un  Sauvage  ; 
que  ce  canot  lui  a  été  enlevé,  la  nuit  dernière,  pendant 


—  19-f  — 

qu'elle  reposait  à  rextréraité  orientale   tîe    l'île  d'Ch'- 
léans. 

Puis-  elle  ajoute  que  d'Ibervil'le,  qui  s'est  rendu  de- 
vant Koston  arec  ses  deux  bâtiments,  a  été  pris  et 
brûlé,  que  les  cruels  Bostonais  Font  forcée  à  aider  à 
cette  horrible  exécution.  Elle  affirme  surtout,  à  plu- 
sieurs reprises,  qu'en  passant  à  la  Rivière-du-Loup,  elle- 
a  vu  qu'atre  frégates  anglaises  croiser  à  la  hauteur  de 
Tadous sac  et  qu'une  trentaine  d'autres  vaisseaux  de 
guérie  doivent  partir  bientôt  de  Boston  pour  venir- 
s'emparer  de  Québec. 

L'idée  était  assez  ingénieuse.  En  faisant  croire  à- 
une  attaque  prochaine  contre  (Québec,  ii  était  évident 
qu«  le  comte  de  Frontenac  renoncerait  à  son  expédi- 
tion, et  que  l'amant  de  Aune  Edmoixl  resterait  auprès 
d'elle. 

Une  fois  débarquée  à  Québec,  elle  raeonte  les  mê- 
mes sornettes  ;  le  canotier,  de  son  côté,  les  répand  dans 
toute  la  basse- ville.  Bref,  la  capitale  fut  bientôt  dans 
le  plus  grand  émoi. 

Au  château  Saint-Louis,  où  Anne  Edmond  se  fit 
conduire,  son  accoutrement  et  ses  dires  si  peu  vrai- 
semblables tirent  bientôt  découvrir  son  imposture. 

Arrêtée,  elle  subit  son  procès  devant  M.  Chartier  de- 
Lothinière;  lieutenant-général  de  la  prév5té,  et  fut  con- 
damnée, le  16  juin  1696,  à  être  conduite  dans  tous  les- 
carrefours  de  la  ville,  et  là,  les  épaules  nues.,  être  bat- 
tue et  fustigée  de  verges  par  rexécutenr  de  la  haute 
justice. 

La  sentence  fut  exécutée  le  surlendemain'. 

C'est  V informa tlov  de  ce  singulier  procès  que  nous- 
raettons  aujourd'hui  au  jour..  (1)  P.  G.  E. 

(1)  La  Poiherit'.  Histoire  de  l'Arnérifine  septentrionale,. 
tome  III,  p.  2(i0.et  Jluheri  LaUuo.Les  Soirée» Can-iidieitnes, 
1S61,  p.  163,  font  allusion  à  la  fugue  do  Anne  lùliuoiul. 


>-  1^95  — 

PROCÈS  DE  ANNE  EDMOND 

Information 


^  Nous,  Jean  BocLart,  écnyer,  conseiller,  seigneur  de 
Chaiijpigny,  Venieuïl  et  Noroi  et  autres  lieux, 
<^tant  f  n  la  chambre  où  étaient  aussi  Mtre  Nicolas  Du- 
pont. J^an-Dapîiste  de  Peiras  et  Claude  de  Bernen  de 
la  Martinière.  conseillers  au  Conseil  Souverain,  Péné 
Louis  Cliartier. 

luterroi^rée  de  ses  non),  qualité,  pays  natal  et  de- 
meure. 

Répond  Anne  Edmond,  fille  de  René  Edmond,  ha- 
bitant^de  l'île  Saint-Laurent,  et  Maiie  LaFaille,  sa 
mère,  âgée  de  seize  ans,  native  de  ladite  île,  demeurant 
chez  ses  dits  père  et  mère. 

Interrogée    quelle   raison  elle  a  eu  de  venir  dire  à 
monsieur  le  gouverneur  général  que  les  Anglais  au 
nombre  de  onze  mille  hommes,dans  quarante  vaisseaux 
devaient  venir  attaquer  cette  ville.  ' 

Répond  que  c'est  parce  qu'on  lui  a  fait  dire. 
Interrogée  qui  lui  a  fait  dire. 

Répond  que  ça  été  Joseph  Gaulin  qui  lui  a  dit  le  pre- 
mier et  qu'ils  étaient  quatre. 

Interrogée  qui  étaient  les  trois  autres. 
Répond  Robert    Gaulin,    Jean    Laviolette   et    René 
i^idmond,  frère  de  la  dite  demoiselle  qui  répond. 

Interrogée  pourquoi  elle  n'a  pj^s  soutenu  au  dit 
René  son  frère  dans  la  confrontation  qui  a  été  faite 
d'eux,  elle  ne  lui  a  pas  soutenu  qu'il  en  eut  connais- 
sance. 

Répond  parcf  qu'elle  était  honteuse  de  l'état  où  elle 
est,  et  que  son  dit  frère  lui  dit  que  si  elle  venait  a  être 
découverte  il  ne  savait  pas  ce  qui  arriverait  et  qu'il  ne 
lui  conseillait  pas. 


—  196  — 

Interrogée  ce  que  les  trois  antres  lui  dirent. 

Répond  que  Robert  Gaulin  n'y  était  pas,niais  (ju'cllê 
le  vit  le  dimanche  suivant,  jour  de  la  l*entecôte,  lecpiet 
lui  deraanda  si  elle  n'achèverait  pas  ce  qu'elle  avait 
dit  à  son  frère  Joseph  et  que  cela  Ini  servirait  à  lui 
comme  aux  autres  ;  qu'il  y  avait  deux  mois  que  lui 
Joseph  lui  en  avait  parlé,  et  l'a  toujours  poursuivie^ 
et  lui  avait  dit  tout  ce  qu'il  fallait  qu'elle  iit.  Le  dit 
Jean  Laviolette  lui  ayant  seulement  dit  que  cela  lui 
servirait  comme  aux  autres. 

Interrogée  si  elle  ne  savait  pas  qu'elle  s'exposait 
beaucoup  de  venir  ainsi  troubler  tout  un  pays. 

Répond  que  sou  frère  lui  a  toujours  bien  dit,  mais 
que  Joseph  Gaulin  la  poursuivait  toujours,  lui  disant 
qu'il  ne  hii  arriverait  rien  n'ayant  pas,  elle  qui  répond^ 
assez  de  connaissance  pour  concevoir  le  mal  qu'elle 
faisait. 

Interrogée  si  sf)n  père  et  sa  mère  ont  eu  connaissance 
de  sou  dessein  et  qu'elle  soit  venue  déguisée  comme 
elle  a  fait  pour  débiter  les  dites  nouvelles 

Répond  que  non  et  que  lorsqu'elle  changea  d'ha- 
bits et  partit  de  chez  elle  son  père  et  sa  mère  étaient 
dans  le  désert  à  travailler  et  ne  la  virent  point. 

Interrogée  qui  lui  a  conseillé  de  se  déguiser  ainsi. 

Répond  Joseph  Gaulin. 

Interrogée  si  elle  ne  sait  pas  qu'il  n'est  pas  dans  la 
bienséance  pour  une  fille  de  s'habiller  en  homme. 

Répond  qu'elle  le  sait  bien  mais  que  Joseph  Gaulin 
lui  a  fait  faire. 

Interrogée  si  sou  frère  René  lui  avait  bien  laissé  la 
clef  de  son  cotfre  pour  qu'elle  prit  ses  habits. 

Répond  qu'il  lui  avait  bien  laissé  la  clef  de  son. 
cotfre  mais  que  ce  n'était  pas  pour  qu'elle  prit  ses 
habillements,  et  qu'au  contraire  il   lui   disait   toujours- 


—  197  — 

qu'elle  serait  découverte,  ce  qui  fat  cause  qu'elle  lui 
proinit  qu'elle  ue  viendrait  pas. 

Interrogée  pourquoi  ayant  prorais  à  son  frère  qu'elle 
ne  viendrait  pas  elle  n'a  pas  laissé  <le  venir. 

Répond  que  c'est  à  cause  qu'une  de  ses  soeurs 
nommée  Suzanne  lui  a  donné  un  déplaisir. 

Interrogée  quel  est  ce  déplaisir. 

Répond  en  pleurant  qu'il  est  fâcheux  de  le  dire  d.e- 
vant  tout  le  monde. 

Sommé  de  déclarer  quelle  est  ce  déplaisir. 

A  quoi  elle  n'i.  voulu  rien  répondre,  continuant  de 
{tleurer,  et  sur  l'heure  a  dit  qu'elle  le  dirait  à  M.  l'in- 
tendant, et  l'ayant  fait  approcher  elle  nous  l'a  déclaré 
bas. 

Et  plus  avant  n'a  été  interrogée,  lecture  faite  à  la 
dite  qui  répond,  des  interrogatoires  et  réponses  susdits, 
el!e  a  dit  que  ses  réponses  contiennent  vérité,  y  a  per- 
sisté et  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce  enquise,  et  a 
été  renvoyée  en  prison. 

Bochart  Champigny 


Jean  Bochart,  chevalier,  seigneur  de  Champigny, 
Noroi  et  Verneuïl,  conseiller  du  Roi  en  ses  Conseils, 
intendant  de  justice,  police  et  finances  en  Canada. 

Etant  nécessaire  d'informer  contre  celle  qui  a  ap- 
porté les  fausses  nouvelles  qui  courent  en  cette  ville 
delà  venue  des  Anglais  et  autres  circonstances  qui 
sont  contre  les  intérêts  du  Roi  et  ceux  de  la  colonie,  et 
ne  pouvant  nous  même  faire  cette  information  à  cause 
du  voyage  que  nous  sommes  obligé  de  faire  incessam- 
ment à  Montréal  pour  le  service  de  Sa  Majesté,  nous 
avons  commis  et  commettons  le  sieur  de  Lotbinière, 
lieutenant-général  de  la  prévôté  de  Québec  et  notre 
subdélégué,  pour  en  notre  absence  informer  du  fait  en 


—   193  — 

question,  décréter  contre  la  dite  fille  et  autres  qu'il  ap- 
partiendra, faire  subir  interroi^atoire  et  généralement 
faire  toutes  les  poursuites  nécessaires  à  ceteiFet  jusqu'au 
jugement  définitif  ;  Mandons  à  toutes  personnes  d'avoir 
égard  et  de  déférer  à  notre  présente  commission  à  peine 
de  désobéissance. 

Fait  à  (Québec  le  quatorzième  juin  1696 
Bochart  Champigny 


Par  Monseigneur 


André 


L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize  le  quatorzième 
jour  de  juin. 

Nous  avons  fait  tirer  «les  prisons  Anne  Edmond,  y 
détenue  laquelle  après  serment  par  elle  prêtée  de  dire 
vérité. 

Interrogée  de  ses  nom,  âge,  qualité,  pays  natal  et 
demeure. 

Répond  son  nom  être  Anne  Edmond,  âgée  de  seize 
ans,  fille,  fille  de  René  Edmond  et  de  Marie  LaFaille, 
habitant  de  l'île  Saint- Laurent,  paroisse  de  Saint-Fran- 
çois, demeurant  chez  ses  dits  père  et  mère,  qu'elle  n'a 
point  de  profession  particulière,  native  de  la  dite  île  et 
même  paroisse. 

Interrogée  comment  elle  dit  être  fille  vu  qu'elle  porte 
l'habillement  d'un  homme,  étant  vêtu  d'un  habillement 
d'homme,  capot,  culotte,  bas,  souliers,  chapeau  et  che- 
mise d'homme. 

Répond  parce  qu'on  lui  a  fait  faire  ce  qu'elle  a  dit 
après  avoir  beaucoup  rêvé. 

Interrogée  qui  lui  a  dit  de  s'habiller  ainsi. 

Répond  que  ce  sont  les  nommés  Robert  et  Joseph 
Gaulin,  René  Edmond  frère  d'elle  qui  répond  et  Jean 
Laviolette,  tous  habitants  de  la  dite  île. 


—  199  — 

^  Interrogée  depuis  quand  elle  s'est  ainsi  résolue  de 
s'habiller  en  homme. 

Répond  qu'il  y  a  deux  mois  que  les  dits  susnommés 
lui  avaient  mis  cela  dans  la  tête. 

Interrogée  qui  est  celui  qui  lui  en  parla  le  premier. 
Képond  que  c'est  Joseph  Gauliu. 
Interrogée  ce  qu'il  lui  dit. 

Répond  que  le  dit  Joseph  Gaulin  lui  dit  qu'il  fallait 
•ju^'elle  s'habillât  eu  homme  et  vait  en  cette  ville  le 
même  jour  que  les  habitants  partiraient  de  Fîle,  et 
qu  elle  vint  dire  à  monseigneur  le  gouverneur  général 
qu'elle  était  un  garçon  qui  se  sauvait  des  Anglais  et 
qu'elle  lui  venait  donner  avis  que  les  dits  Anglais  ve- 
naient peur  attaquer  ce  pays  et  qu'avant  de  partir  de 
Boston  elle  avait  vu  trente  deux  navires  qui  se  dispo- 
saient à  partir,  et  qu'il  y  en  avait  quatre  dans  la  rivière 
à  Tadoussac.  Le  dit  Joseph  Gaulin  lui  disant  de  bien 
assurer  cela  et  dire  qu'elle  avait  vu  les  quatre  navires 
en  passant  à  Tadoussac,  que  cette  nouvelle  empêche- 
rait qu'ils  n'allassent  en  guerre,  que  étant  ainsi  dégui- 
sée elle  ne  serait  point  reconnue  et  que  quand  elle  le 
serait  qu'il  ne  lui  arriverait  rien  en  lui  disant:  "Qu'est- 
ce  que  l'on  pourrait  faire  à  une  lille  ?  " 

Interrogée  en  quel  endroit  le  dit  Jo.seph  Gaulin  lui 
a  parlé  la  première  fois. 

Répond  chez  elle,  dans  la  maison  de  son  père. 

Interrogée  s'ils  étaient  seuls. 

Répond  que  oui,  qu'il  y  avait  bien  un  de  ses  petits 
frères  mais  qu'ils  ne  se  cachaient  pas  de  lui  parcequ'il 
n"a  que  neuf  ans. 

Interrogée  à  qui  elle  a  commencé  à  parler  de  ce 
dessein  là. 

Répond  à  son  frère  René. 

Interrogée  ce  que  le  dit  René  lui  répondit. 


—  200  — 

Répond  qu'il  lui  dit  de  ]irendre  bien  garde  d'être 
découverte,  puis  lui  dit  :  "Quand  on  le  ferait,  qu'est-ce 
qu'on  ferait  à  une  lille  ?  " 

Interrogée  à  qui  elle  en  a  parlé  ensuite. 

Eépond  qu'elle  n'en  a  parlé  à  personne  mais  que 
Robert  Gaulin  lui  demanda  lejour  de  la  Pentecôte  si 
elle  était  toujours  dans  le  dessein  qu'elle  avait  pris 
avec  son  frère  Joseph  et  qu'elle  lui  dit  que  oui.  Sur 
quoi  le  dit  Robert  lui  dit  :  "  Cela  me  servira  à  moi  com- 
me aux  autres.  " 

Interrogée  comment  elle  en  avait  parlé  à  Jean 
Laviolette. 

Répond  ce  fut  le  dimanche  de  devant  la  Pentecôte  que 
Joseph  Gaulin  appela  elle  qui  répond.  René  Edmond 
son  frère  et  le  dit  Jean  Laviolette  et  s' adressant  à  elle  il 
lui  demanda  si  elle  était  toujours  en  résohition  de  faire 
ce  qu'ils  avaient  dit.  Qu'elle  répondit  que  oui,  et, 
qu'alors  le  dit  Jean  Laviolette  dit  que  cela  lui  servi- 
rait comme  aux  autres,  qu'alors  le  dit  René  Edmond, 
son  frère  dit  au  dit  Joseph  Gaulin  qu'il  .prit  bien  gar- 
de et  qu'elle  qui  répond  n'avait  assez  de  conduite 
pour  exécuter  un  dessein  comme  celui-là,  et  que  si  il 
lui  en  arrivait  du  mal,  que  lui  Joseph  Gaulin  ne  man- 
gerait jamais  de  pain,et  qu'aujourd'hui  un  père  récol- 
let qu'elle  ne  connaît  point  et  qui  lui  a  parlé  dans  la 
chambre  où  elle  était  enfermée  au  château,  lui  a  dit 
qu'elle  était  bien  heureuse  d'avoir  affaire  à  un  bon 
gouverneur  parce  que  sans  cela  elle  aurait  le  fouet. 

Interrogée  si  Robert  Gauhn  n'était  pas  avec  elle  et 
les  dits  Joseph  Gaulin,  Jean  Laviolette  et  le  dit  René 
Edmond  le  dit  jour  de  dimanche  d'avant  la  Pentecôte 
et  en  quel  endroit. 

Répond  que  le  dit  Robert  Gaulin  n'y  était  pas  et 
que  ce  fut  dans  les  fredoches  derrière  l'église  qu'ils  se 
parlèrent. 


—  201  — 

Interrogée  si  son  père  et  sa  mî-re  n'ont  pas  su  le  des" 
sein  qu'elle  avait. 

Eépond  qu'ils  ne  savent  rien  et  qu'à  l'heui-e  qu'il 
est  ils  sont  en  peine  d'elle  et  qu'ils  la  chercheront. 

interrogée  si  elle  a  quelque  nouvelle  de  cette  peine 
de  ses  jière  et  mère. 

Kép(  nd  que  non  mais  que  ne  la  trouvant  plus  cela 
leur  donnera  de  la  peine  ne  sachant  ce  qu'elle  sera  de- 
venue piincipaltment  lorsqu'ils  verront  ses  hardes 
dans  le  Cdtire  de  son  frère,  et  qu'ils  ne  trouveront  plus 
celles  de  son  dit  frère. 

Interrogée  comment  il  est  possible  qu  elle  n'ait  ja- 
mî.is  parlé  à  ses  père  et  mère  du  dessein  qu'elle  avait 
concerté  avec  le  dit  Joseph  Gauhn. 

Répond  qu'elle  n'avait  garde  de  leur  dire  parce- 
que  ils  ne  l'auraient  pas  laissé  faire. 

Interrogée  si  son  dit  fière  René  ne  leur  en  a  pas 
parlé. 

Répond  que  non  et  que  s'il  leur  en  avait  parlé,  la 
mère  d'elle  qui  répond  lui  aurait  bien  dit. 

Et  attendu  l'heure  de  midi  nous  avons  mis  la  con- 
tinuation du  dit  interrogatoire  à  ce  jourd'hui  une  heu- 
re de  relevée  et  avons  la  dite  Edmond  renvoyé  en 
prison. 

Et  le  dit  jour  deux  heures  de  relevée  en  continuant 
le  présent  interrogatoire  avons  fait  tirer  des  prisons  la 
dite  Anne  Edmond,  laquelle  a  pris  serment. 

Interrogée  en  quelle  lieu  elle  a  pris  les  habits  d'hom- 
me qu'elle  porte. 

Répond  chez  son  père. 

Interrogée  qui  les  lui  a  donnés. 

Répond  que  personne  ne  lui  a  donnés  et  que  son 
frère  René  partant  de  chez  sou  dit  père  donca  à  elle 
qui  répond  la  clet  de  son  coffre.     Que  les  dits  habits 


—  2u2  — 

sont   ceux   de    son   dit    frère    qu'elle  a   [n-ir  dans  s>i. 
coffre. 

Interrogée  ou  elle  a  mis  ses  habits  à  ellx?. 

Répond  qu'elle  les  a  quittés. 

Interro.!J::ée  en  qnel  lieu  elle  les  a  quittés-. 

Répond  dans  le  même  coffre  de  son  dit  frère,  où  elle 
î.yiris  ceux  qu'elle  porte. 

Interrogée  pourquoi  son  frère  lui  a  doni>é  la  clet  de 
son  coffre  et  n-e  la  donnait  pas  plutôt  à  son  père  ou  à 
sa  mère. 

Répond  qu'il  ne  s'en  souciait  pas. 

Interrogée  si  son  frère  ne  lui  donna  pa«  la  dite  clef 
pour  qu'elle  prit  ses  habits  afin  de  se  déguiser  dans  W 
dessein  qu'ils  avaient  formé  ensemble. 

Répond  que  son  dit  frère  ne  lui  parla  point  de  cela,, 
et  que  même  elle  lui  avait  dit  qu'elle  ne  viendrait 
point  en  cette  ville  pour  donner  la  nouvelle  des  Anglais, 
parce  qu'elle  avait  peur  d'être  découverte  et  qu'elle 
serait  perdue. 

Interrogée  ce  qui  l'a  donc  obligé  de  venir  déguisée 
et  travestie  comme  elle  a  fait. 

Répond  que  c'^est  un  déplaisir  qu'une  d.e  ses  sœurs- 
lui  a  donné  qui  s'appelle  Suzanne. 

Interrogée  quel  est  ce-déplaisir. 

Répond  qu'elle  ne  le  dira  point. 

Interrogée  quelle  raison  elle  a  de  ne  point  déclarer 
le  sujet  qu'elle  dit  avoir  eu  do  faire  une  chose  si  ex- 
traordinaire. 

Répond  que  c'est  pas  une  cho.-e  à  dire. 

Interrogée  si  sa  soeur  l'a  trouvée  eoucliée  avec  quel^ 
que  homme. 

Répond  qu'elle  ne  le  dira  point. 

Interrogée  si  elle  ne  sait  pas  qu'elle  est  obligée  de 
dire  vérité  quand  elle  est  interrogée  par  un  juge  qui  a. 
le  pous'oir  de  lui  faire  dire.. 


—  £03  -~ 


Répou.l  <jire]le  .?àtlMen  r,a'elle  y  est  oblio-e^e  nai^ 
■Hne.e  n'..t  pas  une  chose  à  dire,  sinon   à  son   con£ 

Interrogée  si  eUe  ne  voit  j.a.,  que  dire  q.reiJe  a  ur. 

aison  de  ^etre  amsi  dégui.ée  et  taire  ce  Leul  l  Ht 

San.  vouloir  expliquer  cette  raison  cela  domu    lieu   de 

Y'oire  que  oa  été  méchamment  qu'elle  l'a   fait  enrui  e 

do  la  resolunon  qu'elle  en  avait  prise 

Auquel  mterrogatoire  elle  u'h  voulu  répondre  étant 
<lemeuree  comme  stupide  et  interdite 

Interrogéesilor.r,u'eneparlaàson  frère  de  ce  qu'elle 
^^^U  , évolue  avec  Jos<3ph  Gaulin  le  dit  son  frère  ne  lui 
^bt  pas  que  lorsqu'elle  voudrait   venir   en   ceUe   vi    e 
ponr  débiter  les  méchantes  nouvelles  qu'ils  afaien    -n 
veiitees  e  le  trouverait  Dorval  tout  prêt\  la  pass 

Repond  que  son  frère  ne  lui  nomma  personne    mais 
m  rl,t  seulement  qu'elle  n'avait  qu'à  marche     l^    on^ 

<le  la  cote  jusqu'à  ce  qu'elle  trouta  un   homme  0^? 

passa  etqu  elle  n'a  trouvé  que  le  dit  Dorval   qui   iVi' 
voulu  passer  l'ayant  demandé  à  plusieurs  a  it  "      ,e 

sonnes  qui  toutes  Pavaient  refusée  ^ 

Interrogée  si  eeux  qui  réinsèrent  de  la  passer  la  con 
naissaient.  ^  "^-ei  ja  con- 

Répond  que  non  et  que  personne  de  l'île  ne  la  re 
connut  quoiqu'elle  ait  mangé  en  deux  end  oit  nue 
même  personne  ne  l'aurait  r^econnue  sans  un  nom  m! 
^cl^^i^r         ""'  ^ffi-'^^PourmettrelamaiX;: 

Jj'terrogée  si  le  dit  Dorval  ne  la  reconnut  pas  lors^ 
<iU  il  lui  parla  pour  la  passer.  ^ 

Répond  que  non. 

Interrogée  ce  qu'elle  dit  au  dit  Dorval 

Repond  qu'elle  lui  dit  qu'elle  le  priait  de  la  passer  •'. 
h^  cote  de  Beaupré  croyant  ensuite  de  venir   pir  Te'-re 


—  204  — 

et  que  le  dit  Dorval  lui  dit  que  ne  sachant  i>as  le  che- 
min delà  cote  de  Beaupré  elle  n'avait  qu'à  se  mettre 
dans  son  canot,  et  qu'il  la  mènerait  à  Québec  où  il  ve- 
nait chercher  des  terrines. 

Interroçcée  pourquoi  le  dit  Dorval  lui  ott'rait  de  la 
mener  à  Québec  puisqu'elle  lui  demandait  d'aller  à  la 
côte  de  Beaupré. 

Eépond  qu'elle  dit  au  dit  Dorval  que  quand  elle 
serait  à  Beaupré  qu'elle  viendrait  par  terre  à  Québec 
ce  qui  iit  que  le  dit  Dorval  s'oftrit  de  la  mener  à  Qué- 
l>ec  comme  elle  a  dit. 

Interrogée  si  elle  ne  parla  point  au  dit  Dorval  de  ce 
qu'elle  venait  faire  à  Québec  avant  de  partir  de  ï'île. 

Répond  que  non. 

Interrogée  si  ce  n'est  pas  le  dit  Dorval  qui  l'amena 
au  château. 

Répond  qu'il  l'amena  jusqu'à  la  porte  du  dit  château 
et  qu'il  la  laissa,  lui  montrant  les  gardes  de  monsei- 
çfueur  le  gouverneur  général,  et  lui  disant  qu'elle  n'a- 
vait cpa'à  s'adresser  à  eux. 

Sur  quoi  nous  avons  remontré  qu'il  fallait  bien  qu'elle 
eût  dit  au  dit  Dorval  ce  qu'elle  venait  faire  eu  cette- 
ville  puisqu'il  l'amena  au  château. 

Répond  que  le  dit  Dorval  ne  la  connai&sant  point,  il 
la  prit  pour  un  homme  qui  venait  de  loin. 

Interrogée  quelle  raison  elle  a  de  dire  qu'elle  n'a 
pas  parlé  à  Dorv^al  de  ce  qu'elle  venait  faire  à  Québec 
puisque  aussitôt  qu'elle  fut  à  terre  le  bruit  se  répandit 
partout  que  les  Anglais  devaient  venir  nous   attaquer.. 

Répond  que  c'est  parce  qu'on  ne  la  connaissait  pas 
et  qu'on  la  prit  pour  un  Anglais. 

Interrogée  qui  sont  ceux  avec  lesquels  elle  avait 
formé  le  dessein  de  venir  débiter  cette  fausse  nouvelle. 

Répond  qu'elle  les  a  nommés. 


—  205  — 

Interrogée  si  il  n'y  a  pas  eu  d'autres  personnes  qui 
aient  eu  part  à  ce  dessein. 

Répond  qu'elle  n'a  point  connaissance  que  d'autres 
le  sussent,  n'en  ayant  jamais  parlé  à  d'autres. 

Interrogée  comment  elle  a  débité  cette  nouvelle  et 
ce  qu'elle  a  dit. 

Répond  qu'elle  ne  s'en  souvient  pas  et  qu'une  per- 
sonne de  son  âge  n'a  pas  trop  bonne  mémoire. 

Interrogée  si  elle  n'a  pas  dit  qu'elle  s'était  sauvée  de 
Boston  où  elle  avait  vu  trente-quatre  navires  «|ui  de- 
vaient partir  pour  venir  attaquer  cette  ville,  qu'elle 
avait  même  vu  embarquer  de  la  poudre  dans  les  dits 
navires  pendant  quatre  jours,  ce  qui  Tavait  engagée 
de   venir   s'étant   échappée    afin    d'en    donner     avis. 

Qu'elle  avait  aussi  vu  brûler  le  sieur  d'Iberville  qui 
avait  été  pris  devant  Boston,  qu'elle-même  avait  été 
obligée  d'aider  à  le  brûler  y  étant  contrainte  par  les 
Anglais,  et  que  venant  de  la  Rivière-du-Loup  elle 
avait  vu  quatre  navires  anglais  devant  Tadoussac  les- 
quels navires  portaient  pavillon  blanc,  quoiqu'anglais, 
et  qu'il  devait  y  avoir  sur  la  flotte  anglaise  onze  mille 
hommes  dont  il  y  avait  trois  cents  Français  pris  avec 
le  sieur  d'Iberville  lesquels  devaient  brûler  et  ravager 
toutes  les  côtes  de  ce  pays,  étant  plus  méchants  que 
les  Anglais  même  avec  lesquels  ils  avaient   pris^  parti. 

Répond  qu'elle  a  dit  toutes  ces  choses,   mais  que 
nous  pouvons  bien  croire  qu'elle  n'a  pas  pris  cela  sous 
son  bonnet,  et  qu'on  lui  a  tait  dire. 
Interrogée  qui  lui  a  donc  fait  dire. 
Répond  qu'elle  nous  a  déjà  dit  que  c'est   Joseph 
Gaulin. 

Interrogée  comment  elle  a  si  facilement  entrepris 
de  dire  des  choses  de  cette  conséquence  sur  le  simple 
dire  du  dit  Gaulin. 


—  20  tJ  — 

Répond  parcequ'elle  croyait  en  taisant  cela  empê- 
cher que  monseigneur  le  gouverneur  général  partit 
pour  aller  faire  la  guerre  aux  Iroquois,  les  dits  Gaulin 
et  René  Edmond  lui  disant  tous  les  jours  qu'elle  ne 
les  reverrait  jamais  et  qu'on  les  menait  à  la  boucherie 
que  les  dits  Robert  Gaulin  et  Jean  Laviolette  lui  di- 
saient la  niênie  chose,  nous  priant  de  lui  dire  si  le  dit 
René  Edmond  son  frère  ne  sera  point  châtié,  parce  que 
ce  n'est  pas  la  malice  qu'il  a  qui  lui  faisait  dire  et  que 
les  autres  en  étaient  cause. 

Interrogée  quelle  part  elle  prend  à  la  conservation 
du  dit  Joseph  Gaulin. 

Répond  que  c'est  plutôt  pour  la  conservation  de  son 
frère  que  pour  lui,  et  que  si  c'était  quelque  garçon 
bien  fait  nous  pourrions  dire  qu'elle  eu  serait  amou- 
reuse mais  qu'aussi  bien  qu'elle  c'est  un  gros  mal  bâti. 

Interrogée  pourquoi  elle  ne  veut  pas  avouer  qui 
sont  ceux  qui  véritablement  ont  eu  le  dessein  d'empê- 
cher que  l'on  alla  à  la  guerre  et  qui  l'ont  fait  agir. 

Répond  que  voilà  déjà  trois  ou  quatre  fois  qu'elle 
nous  l'a  dit. 

A  elle  remontré  qu'elle  ne  nous  a  pas  dit  la  vérité 
ayant  dit  que  ça  avait  ét<^le  dit  Joseph  Gaulin  qui  lui 
avait  parlé  le  premier  il  y  a  près  de  deux  mois,  que  le 
dit  Gaulin  son  frère  René  et  Jean  Laviolette  ne  lai  en 
ont  parlé  que  le  dimanche  de  devant  la  Pentecôte  der- 
rière l'église  de  Saint-François  et  que  Robert  Gaulin 
ne  lui  a  parlé  que  le  mêmejour  de  la  Pentecôte,  puis 
a  dit  que  tous  lui  avaient  fait  faire  ce  qu'elle  a  fait. 

Répond  que  c'est  bien  eux  tous  qui  en  sont  cause 
et  qu'ils  lui  en  ont  parlé  comme  elle  a  dit,  et  pas  au- 
trement. 

Interrogée  si  elle  ne  sait  pas  que  c'est  un  des  plus 
grands  crimes  que  l'on  puisse  commettre  que  de  vou- 


loir  s"opposer  aux  commaudeineats  des  personnes  qui 
ont  l'autorité  du  Roi  en  main  et  empêcher  Texécution 
des  choses  qu'ils  entreprennent. 

Ré[tond  en  ces  termes  :  "  Croyez-vous,  monsieur, 
(juc;  j'avais  assez  de  conduite  pour  connaître  les  con- 
séquences. Ça,  c'était  à  ceux  qui  me  le  faisaient  faire  à 
la  voir.  " 

Interrogée  comment  elle  est  si  disposée  à  sui^'re  les 
mauvais  conseils. 

Répond  qu'elle  croyait  exempter  son  frère  d'aller 
eu  guerre. 

A  elle  remontré  que  ce  n'était  pas  pour  exempter 
son  frère  puisqu'elle  prit  cette  résolution  avec  Joseph 
(laulin  seulement. 

Répond  que  le  dit  Gaulin  lui  dit  qu'en  faisant  cela 
elle  exemptait  tous,  son  frère  comme  les  autres. 

Interrogée  si  elle  est  en  bonne  réputation  dans  l'île 
Saint-Laurent. 

Répond  que  oui  et  que  nous  pouvons  nous  en  in- 
former. 

A  elle  remontré  qu'il  n'est  pas  cependant  d'une 
honnête  fille  de  s'habiller  en  homme. 

A  quoi  elle  n'a  rien  répondu  et  a  baissé  la  tête. 

Interrogée  si  d'autres  personnes  que  celles  qu'elle  a 
nommées  n'ont  pas  eu  connaissance  de  ce  qu'elle  avait 
entrepris  de  faire. 

Répond  que  non. 

Interrogée  si  elle  n'avait  pas  promis    au    dit  Joseph 
Gaulin  de  le  suivre  à  la  guerre. 
Répond  :  non,  monsieur. 

Et  plus  avant  n'a  été  interrogée,  lecture  faite  à  elle 
<|ui  répond  de  ses  interrogatoires  et  réponses  ci-dessus, 
elle  a  dit  que  ses  dites    réponses    contiennent    vérité, 


—  208  — 

j  a  persisté  et  a  déclaré  ne  savoir  écrire  ni  sii^ner  de  ce 
interpellée  et  a  été  reiivo^-ée  en  prison. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 

Rageot 
Soit  communiqué  au  procureui-  du  Roi. 

Fait  à  Québec  ce  quatorze  juin  1696. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 
Vu  l'interrogatoire  ci-de8sus,ensemble  celui  de  René 
lîdniond  avec  les  confrontations  du  dit  Edmond  à  la 
dite  Anne,  et  de  la  dite  Anne  au  dit  Edmond,  en 
date  de  ce  jour,  je  requiers  pour  le  Roi  que  la  dite 
Anne  soit  écronée,  que  le  dit  Dorval  soit  interrogée  ; 
l'interrogatoire  duquel  servira  de  déposition  si  le  cas  y 
échoit,  au  surplus  qu'il  soit  informé  du  fait  dont  il 
s'agit,  pour  de  fait  et  à  moi  communiqué  requéri':'ou 
conclure  ce  que  de  raison. 

Fait  à  Québec  les  dits  jour  et  an  que  dessus. 

Dupuy 

L'an  rail  six  cent  quatre  vingt  seize  le  quatorzième 
jour  de  juin. 

'Xous   avons    fait    tirer   des  prisons    René  Edmond 
y  détenu,  lequel  après  serment. 

Interrogé  de  ses  nom,  âge,  pays  natal,  qualité  et 
demeure. 

Répond  son  nom  être  René  Edmond  âgé  de  vingt 
ans,  qu'il  n'a  point  de  métier,  demeurant  à  l'île  Saint- 
Laurent  chez  René  Edmond  son  père  en  la  seigneurie 
d'Argentenay. 

Interrogé  depuis  quand  il  a  été  commandé  pour 
monter  en  guerre  avec  monseigneur  le  gouverneur 
général. 

Répond  qu'il  ne  se  souvient  pas  bien  du  temps. 

Interrogé  quelle  raison  il  a  de  vuuloir  s'empêcher  de 
faire  ce  voyage. 


—  209  — 

Rél.)<)iM_l  qu'il  ne  dcnjaiitle  pas  mieux  que  de  le 
faire. 

Interrogé  s'il  est  vrai  qiril  soit  y\  prêt  à  faire  ce 
voyage  i)ourquoi  il  a  obligé  sasœur  de  se  déguiser  et  se 
travesti  1-  eu  homme  pour  veuir  douuer  les  fausses  nou- 
velles qu'elle  apporta  le  jour  d'hier. 

Eépond  eu  ces  termes  :  "  Je  \ous  demande  pard(Ui, 
je  ue  Jui  en  ai  jamais  parlé.  " 

Interrogé  pouicpioi  il  dénie  d'eu  avoir  parlé  à  sa 
sœui-  Aune  Edmond  puis(ju'il  est  vrai  que  Joseph 
Gauliu  et  lui  sont  ceux  qui  lui  ont  dit  de  se  vêtir  en 
homme  aussitôt  qu'ils  seraient  partis  de  l'île  et  veuir 
dire  eu  cette  ville,  étant  ainsi  travestie,  qu'elle  était 
un  garçon  qui  se  sauvait  de  Boston  et  que  les  Anglais 
se  disposaient  à  venir  attaquer  cette  ville. 

Eépond  qu'il  se  peut  faire  que  Joseph  Gauliu  lui  ait 
dit  mais  que  lui  qui  répond  n'en  a  jamais  parlé  à  sa 
dite  sœur  ni  n'en  a  point  ouï  parlé  au  dit  Gauliu. 

Interrogé  si  sa  dite  sœur  ne  lui  a  pas  dit  ce  qu'elle 
avait  concerté  là  dessus  avec  le  dit  Gaiilin  afin  de  les 
empêcher  de  monter  en  guerre. 

Képoud  Cju'elle  ne  lui  en  a  jamais  parlé  et  qu'il 
n'aurait  eu  garde  de  lui  donner  ce  conseil  là,  puisqu'il 
ne  demande  pas  mieux  que  de  faire  le  voyage. 

Interrogé  si  le  dimanche  d'avant  la  Tentecôte  le 
dit  Joseph  Gaulin  n'appela  pas  lui  qui  répond  avec  la 
dite  Anne  sa  sœur  et  Jean  Laviolette  et  si  tous  ensem- 
ble ils  ne  se  retirèrent  pas  derrière  l'église  de  Saint-Fran- 
çois dans  les  fredoches,  et  si  étant  là  le  dit  Joseyih 
Gaulin  ne  demanda  pas  à  sa  dite  sœur  si  elle  conti- 
nuait dans   sa    résolution. 

Répond  que  ce  jour  là  il .  était  à  la  Sainte-Famille 
pour  la  revue  que  l'on  faisait,  pour  voir  ceux  qui 
avaient  des  fusils  et  qu'il  n'alla  point  à  Saint-François. 

Interrogé  si  lui  qui  répond  ne  dit  pas  au  dit  Joseph 


—  210  — 

(Jatilin  sur  ce  qu'il  disait  à  sa  dite  sœur  de  prendre 
garde  à  lui  et  que  si  sa  dite  spar  était  reeouuaii,  lui 
dit  Josepli  Gauliu  ne  mangerait  jamais  de  pain. 

Répond  qu'il  n'a  jamais  parlé  de  cela  disant  :  "  Mon- 
sieur, je  vous  dis  la  vérité  comme  elle  est.  " 

A  lui  remontré  qu'il  faut  que  lui  ou  sa  sœur  soient 
de  grands  menteurs  puisque  c'est  elle  qui  vient  de 
nous  dire  qu'il  avait  connaissance  de  ce  qu'elle  devait 
venir  donner  nouvelle  que  les  Anglais  devaient  venir 
nous  attaquer,  faisant  semblant  d'être  un  garçon  qui 
s'échappait  de  Boston,  et  par  là  empêcher  que  l'on  ne 
montât  en  guerre. 

Répond  qu'il  est  prêt  encore  de  lever  la  main  (pi'il 
n'en  a  jamais  eu  aucune  connaissance,  et  ne  lui  en  a 
jamais  parlé  non  plus  qu'à  Gaulin  ni  à  personne. 

Interrogé  si  le  dit  Joseph  Gaulin  vov'kit  sjuvent  sa 
dite  sœur  nommée  Anne. 

Répond  qu'il  la  voyait  bien  quelques  fois,mais  qu'i/ 
y  avait  plus  d'un  mois  qu'il  ne  l'avait  vu  lorsqu'il  vint 
leur  dire  adieu,  qui  était  le  vendredi  de  devant  lu 
Pentecôte. 

Interrogé  si  le  dit  Joseph  Gaulin  ne  recherche  paS' 
sa  dite  soeur  en  mar'iage. 

Répond  que  sa  dite  soeur  lui  a  dit,  mais  que  le  dit 
Gaulin  n'en  a  jamais  parlé  à  «on  père  ni  à  sa  mère  ni 
même  à  lui  qui  répond, que  sa  dite  soeur  lui  a  dit  aussi 
que  le  dit  Gaulin  lui  avait  donné  des  gages,  mais- 
(qu'elle  n'a  jamais  voulu  les  montrer  à  son  père  ni  à  sa 
mère  ni  à  lui  qui  répond,  ce  qui  lit  que  son  père  la 
([uerella,  pourquoi  elle  s'enfuit  le  soir  et  lui  qui  ré- 
pond l'alla  chercher  le  lendemain  après  que  son  père 
eut  cherché  jusqu'à  niinuit  sans  la  pouvoir  trouver, 
et  lui  qui  répond  la  trouva  à  un  quart  de  l'eue  de 
chez  eux,  chez  un  nommé  Martineau. 

Interrogé  si  sa  soeur  ne  s'est  janiaie  déguisée  en 
homme. 


—  211  — 

Rt'pniul  que  iioii  (lipîiiit  :  •'  Je  ne  sais  pas    nui    lui   a 
m  s  cela  en  tête." 
iMteriogéRi  sa  dite  soeur  aime  le  dit  Joseph  Gaulin. 
Kepond  oui,  elle  l'aime  beaucoup  à   ce    qu'elle  peut 
moriiivr  au  moius. 

Interrogé    m  ce  n'est    pns  l'amitié   qu'elle  a  ix)ur    le 
<lit  .Joseph  Gaulin  cjui  l'a  obligé  de  faire  ce  qu'elle  a  fait. 
Ré].«nfl  <îela  se  pourrait  bien,car  je  ne  fus  jami-is  plus 
surpri-j  (jue  quand  j'appris  cela  liier. 

Kt  plus  avant  n'a  été  ititeirogé,  lecture  faite  au  dit 
qui  répond,  des  intcrrogatoires^et  réponses  <i-dessus,  il 
M  dit  que  ces  dites  réponses  contiennent  vérité,  y  a 
persisté  et  déclaré  ne  savoir  écrire  nisignerde  ceintèr- 
pel1é  suivant  l'ordonnance  et  a  été  renvoyé  en  jtrison. 
R.  L.  Chartier  de  Lotbiuièie 

.  Râgeot 

feoit  communiqué  au  procureur  du  Roi. 
Fait  à  Québec  ce  quatorze  juin  1696. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 
{A   suivre) 

GREFFIERS  DE  LA  COUR  DES  PLAIDOYERS 
COMMUNS  DU  DISTRICT  DE  QUÉBEC 

Wm  Klnck  | 

J -'an-Claude  Panot      j'    ■  ^^  février  1765 

Xicolas-Ga^pard  Boisseau 30  septembre  1766 

David  Lynd 7  n,ai  1767 

u  111  Miers  (durant  l'absence  de  Lynd)  14  juillet  1768 

David  Lynd I5  juillet  1769 

David  Lynd  ) 

Nicolas-Gaspard  Boisseau   ( 1er  mai  1776 

Pierre-Louis  Panet  (1).  . .  / 22  septembre  1783 

F.-J.   AUDET 
(Ij  11  occupa  son   ]X)stc  jusfiuà  l'abolition  de  cette  cour 


PIKRRE   LeMOVXI-:    DIHERYfLLH] 


—  213  — 
RÉPONSES 

cJeun  'Peri'^  et  Pierre  Moreau  dit  la  Ttuipiiie. 

(IV,  V,  458.) — "  Dès  les  premiers  temps  de  la  colonie 
(le  la  Nouvelle-France,  écrit  Henr^  Barrisse,  les  mis- 
sionnaires, puis  les  gouverneurs  et  lés  intendants,  trou- 
vèrent de  précieux  auxiliaires  dans  des  Français,  pres- 
que tous  venus  de  Normandie,  qui  incapables  de  se 
plier  aux  exigences  de  la  vie  de  colon,  ou  préférant 
mener  une  existence  remplie  d'aventures  et  de  dan- 
gers, se  livraient  à  des  courses  souvent  indépendantes 
et  à  un  commerce  plus  ou  moins  clandestin  chez  les 
sauvages.  Ils  revenaient  de  leurs  expéditions  loin- 
taines avec  une  coimaissancc  du  pays  et  de  la  langue 
dos  indigènes  ;  et  comme  messagers,  comme  interprètes, 
comme  pionniers,  ils  rendirent  des  services  que  leur 
titre  de  simples  agents,  ou  même  l'épithète  de  fourettrs 
des  bois  pour  plusieurs  a  fait  oublier.  "  (1) 

Dans  cette  catégorie  Brûlé,  Couture,  NicoUet,  Jolliet, 
llertel,  Perrot  sont  bien  connus.  A  l'aide  des  Rela- 
lions  des  Jésuites  et  des  mémoires  contemporaine,  on 
peut  retracer  leurs  courses  périlleuses.  Qui  connaît 
Pierrre  Moreau  dit  la  Taupine  ?  Quels  sont  ceux  qui 
ont  entendu  [larler  de  Jean  Peré  ? 

Les  courses  de  ces  deux  hardis  aventuriers  se  con- 
fondent tellement  que  la  plupart  de  nos  historiens  ent 
fait  de  Peré  et  de  Moreau  dit  la  Taupine  un  seul  per- 
sonnage. 

Essayons  de  les  remettre  chacun  à  leur  place. 

Le  Journal  des  Jésuites  nous  apprend  que  c'est  en 
juin  1660  que  Jean  Peré  arriva  dans  la  Nouvelle- 
France  : 


(l)  Notes  sur  la  Nouvelle- France,  y).  174. 


—  2U  — 

"  Le  12  (juin  1660),  un  pamedi,  parut  lé  premier 
vaisseau  de  Normandie  ensuite  du  nouveau  traité  fait 
pour  le  commerce  du  pays  par  le  sieur  de  Bécancour 
et  la  pemaine  suivante  vinrent  M.  le  Gani^jneur  dans 
une  chaloupe,  M  .  Denis  le  jeune  avec  le  P.  Fréniin, 
et  le  lendemain  jeudi,  une  autre  chaloupe,  où  étaient 
Massé,  Peré  et  autres  petits  marchands.  '"  (1) 

En  1667,  Peré  forme  une  société  avec  Corneille 
Tecle,  Mathurin  Normandiii,  Robert  Oachelièvre, 
Dugast,  LeValon,  poui-  aller  traiter  aux  Ottawas. 
Les  trois  premiers  lournissaient  les  marchandises  né- 
cessaire et  devaient  avoir  la  moitié  des  profits.  Cette 
société  amena  un  procès  devant  le  Conseil  Souverain. 

Cette  même  année  1667,  le  R.  P.  Allouez  était  ar- 
rivé à  Québec  portant  avec  lui  ;les  éciiantillon-:  do 
cuivre  qu'il  avait  recueillis  sur  les  bords'  du  lac  Supé- 
rieur. 

Louis  Jolliet  et  Jean  Peré  furent  envoyés  par  l'in- 
tendant Talon  pour  reconnaître  si  ces  échantillons  ne 
provenaient  pas  de  quelque  mine  de  cuivre. 

Le  11  novembre  1669,  Jean-Baptiste  Patoulet,  secré- 
taire de  l'intendant,  écrivait  au  ministre  : 

"  Les  sieurs  Jolliet  et  Peré,  auxquels  M.  Talon  a 
fait  paver,  à  l'un  400  livres  et  à  l'autn;  lOOU  livres, 
pour  aller  connaître  si  la  iiiino  de  cuivre  qui  se  trouve 
au-dessus  du  lac  Ontario  et  dont  vous  avez  vu  quel- 
ques morceaux  est  abondante,  facile  h  extraire  et  à 
faire  descendre  ici,  ne  sont  pas  encore  de  retour.  Le 
premier  devait  l'être  dans  tout  le  mois  de  septembre 
dernier,  et  cependant  on  n'en  a  aucune  nouvelle,  <le 
manière    qu'il    faut    remettre    à    l'année    prochaine   à 


(1)  J'Mition  BiuTows.  vol.  XLV.  ]).    15(!. 


215  

vous  donner  une  connaissance  certaine  du  fruit  qu'on 
devra  attendre  de  la  dite  mine.  " 

Jolliet  arriva  à  Québec  peu  de  temps  après. 

11  revenait  plus  riche  de  renseignements  sur  le  pays 
et  ses  habitants  que  de  données  certames  sur  la  mine 
de  cuivre.  Il  avait  laissé  chez  les  Ottawas  son  com- 
l»a^non,  Jean  Peré,  qui  devait  continuer  ses  recherches. 

Le  10  novembre  1670,  Peré  n'était  pas  encore  de 
retour  à  Québec.  A  cette  date,  dans  un  mémoire 
adressé  au  Koi,  Talon  se  plaint  de  ne  pas  recevoir  de 
Peré  les  "  éclaircissements  ''  qu'il  on  attdndait.  Le 
coureur  des  bois  était  resté  au  Sault  Sainte-Marie  oii, 
sans  doute,  la  trait*  était  plus  profitable  que  les  re- 
cherches scientifiques.   (1) 

Enfin,  après  bien  des  atermoiements,  Peré  annonça 
à  Talon  qu'il  y  avait  effectivement  une  mine  de  cuivre 
[irès  du  lac  Supérieur. 

Le  1er  octobre  1672,  Jean  Peré  signe,  devant 
Rageot,  notaire,  un  contrat  de  société  avec  Louis 
Joliiet,  François  de  Chavigny,  Zacharie  Jolliet,  Jean 
Plattier,  Jean  Thiberge  et  Jacques  Largelier  pour  faire 
voyage  au  pays  des  Ottawas  et  y  faire  la  traite.  La 
dépense  de  ce  voyage  se  monta  à  trois  mille  livres. 
Peré  eut  pour  sa  part  de  profit  trois  cents  livres.  (2) 

En  1677,  on  trouve  le  sieur  Peré  au  fort  Frontenac. 

Dans  un  mémoire  au  ministre  daté  du  10  novembre 
1679,  l'intendant  Duchesneau  se  plaint  que  le  gou- 
verneur de  Frontenac  protège  les  coureurs  des  bois  : 

"  Monsieur  de  Sissé,  homme  de  qualité,  prêtre  du 
séminaire  de  Samt-Sulpice  établi  dans  l'île  de  Montréal 


(1)  Ei-nest  Gagnon,  Louis  Jolliet,  pages  15  et  16. 

(2)  Jugements  et  délibérations  du  Conseil  Souverain  de   la 
Nouvelle- France,  volume  1er,  p.  8  3 1. 


—  216  — 

que  ses  aflaires  domestiques  obligent  Je  p;)s~er  en 
France,  vous  dira,  si  vous  lui  voulez  faire  l'honneur  de 
l'entendre,  que  le  nommé  Peré  ayant  pris  la  résolution 
de  courir  les  buis  était  allé  à  Orange  pour  s'ahouciier 
avec  les  Anglais  et  pour  y  porter  son  castor,  atin 
d'avoir  des  canons  de  porcelaine  pour  retourner  traiter 
aux  Ottawas,  qu'il  y  fut  arrêté  par  le  Gouverneur  de 
ce  lieu  et  envoyé  au  major  Andros,  gouverneur  géné- 
ral qui  a  sa  résidence  à  Manatte,  que  son  dessein  était 
de  lui  proposer  de  lui  amener  tous  les  coureurs  de  bois 
avec  leurs  pelleteries  s'il  les  voulait  recevoir,  et  même 
qu'on  croit  qu'il  se  faisait  fort  de  se  joindre  avec 
Dulut  et  se  rendre  maîtres  de  tous  les  coureurs,  qu'on 
pense  même  que  le  dit  Peré  devait  donner  espérance 
d'attirer  tout  le  commerce  des  Ottawas, après  avoir  été 
bien  reçu  et  fort  caressé  du  major  Andros  et  amené 
avec  lui  le  nommé  Poupart,  habitant  de  ce  pays,  et  le 
nommé  Turcot,  français  réfugié  depuis  longt  mps  par- 
mi les  Anglais  pour  ériter  la  punition  des  crimes 
qu'il  avait  commis.  "  (1) 

En  1Ô84,  Peré  et  deux  autres  Français  se  rendirent 
jusqu'à  la  baie  d'Hudson.  Ils  furent  bien  reçus  par 
\e»  Anglais  qui  y  faisaient  le  c(miraerce.  Après  quel- 
ques jours  de  séjour  au  milieu  d'eux,  nos  trois  voya- 
geurs prirent  congé.  "  Ils  se  retirèrent  le  long  de  la 
mer  ;  le  troisième  jour,  comme  ils  se  reposaient,  ayant 
laissé  leur  canot  échoué,  ne  se  défiant  point  de  la 
marée,  lorsque  le  canot  tut  en  flotte,  ,un  petit  vent  de 
terre  le  poussa  au  large  sans  qu'ils  s'en  apperçurent  ; 
ainsi  ils  se  trouvèrent  dégradés  ce  qui  les  détermina  à 
retourner  par  terre  chez  les  Anglais.  " 


(1)  Documents  relatice  tothe  colonial  historyof  the  state 
of  Nev:-  York.  vol.  IX,  p.  132. 


—   217  — 

Le  coniri)i.ii('iant  anglais  soupçonnant  les  trois  Fran- 
<,ais  de  mauvais  cU  ssein  les  fit  arrêter.  Il  en  envoya 
deux  à  l'île  Cbarleston,  à  dix  Menés  au  large,  et  garda 
l'eié  au   tort  avec  lui. 

Les  deux  prisonniers  de  l'île  Charleston  fabriquè,- 
rent  un  canot  d'écorce  d'épinette  avec  lequel  ils  tra- 
vercèrent  sur  la  terre  ferme  où  ils  trouvèrent  des  Sau- 
vages qui  les  ramenèrent  à  Michillimakinac.  M.  de 
la  Durantaye,  qui  conimaridait  ce  yoste,  donna  im- 
médiatement avis  au  gouverneur  général  de  la  déten- 
tion de  Peré  à  la  baie  d'IIudson. 

Aussitôt  les  négociants  de  Québec  et  de  Montréal 
proposèrent  au  gouverneur  d'aller  enlever  les  trois 
forts  que  les  Anglais  occupaient  à    la   baie   d'Hudson, 

L'expédition  se  tit  dans  l'biver  de  1686,  et  eut  un 
jdein  succès.  Mais  on  ne  put  délivrer  le  sieur  Peré 
pour  la  bonne  raison  que  le  commandant  anglais  l'a- 
\a\t  envoyé  en  France  par  voie  (l'Angleterre.  (1) 

Peré  revint  dans  la  Nouvelle-France  au  printemps 
de  1687.  (2) 

On  cotuiait  l'effroyable  liicherie  commise  envers 
les  lro(piois  par  le  gouverneur  de  Denonville.  Pen- 
dant l'biver  de  1687,  l'intendant  Champigny,  sur  l'or- 
dre du  iJ:ouverneur,  invita  tous  les  Iroquois  à  une 
grande  fête  qui  devait  avoir  lieu  au  mois  de  jiiin  sui- 
vant an  fort  Frontenac.  Le  jour  fixé,  tous  ces  Froquois 
qui  s'étaient  rendus  là  avec  l'espoir  de  prendre  part 
à  un  gland  festin,  furent  faits  prisonniers  et  envoyés 
à  Québec  dans  les  fers.  De  là,  ils  furent  dirigés  sur 
la  France  pour  servir  sur  les  galères  du  roi. 

Peu  satisfait  de  ce  •  oup  de  filet,  M.  de  Denonville 
envoya  Peré,    assisté  d'un   détacbement  de   quarante 


(1)  i.'ollection  de  inanus'Vits.  vol.  I,  j)p.  ôôlî  et  558. 
(-)  Collection  (l<:  manuscrits,  vol.   I.  ]>.  5<J0. 


—  218  — 

Canadiens,  sous  le  commandement  de  Repentig'uy  et 
de  Portneuf,  pour  saisir,  au  nord  du  lac  Ontario,  tau* 
les  Iroquois  qu'il  rencontrerait  à  vingt-cinq  lie-ies  du 
fort.  Peré  tomba  à  l'in[)n>viste  sur  les  village-;  iro- 
quois situés  au  nord  du  lat;  Ontario  et  prit  dix-huit 
hommes  et  soixante-deux  femmes  et  enfants. 

C'est  aussi  Peré  qui  s'empara  du  fangeux  Oureouaté^ 
le  persécuteur  du  Père  de  Carheil.  Knvoyé  aux  ga- 
lères, Oureouaté  revint  au  Canada  avec  Fr. 'Utenac, 
dont  il  était  devenu  l'ami,  en  1689.  (1) 

En  1690,  il  fat  question  d'une  expédi'ion  contre 
Manathe  et  Boston.  Le  gouverneur  de  Deiio  iville 
dans  un  mémoire  à  M.  de  Seignelay,  eo  janvier  1690, 
dit  : 

"  Le  nommé  Peré,  qui  est  à  La  Rochelle  connaît  par- 
faitement les  environs  de  Manathe  du  coté  des  terres  ;. 
Peré  peut  servir  très  utilement  à  cette  entreprise  ;  il 
est  de  bonne  volonté.  "  (2) 

C'est  la  dernière  fois,  croyans-naus,  qu'il  est  fait 
mention  de  P«ré  dans  notre  histoire. 

Il  est  prol>able  qu'il  mourut  en  France. 
.  Un  de  ses  frères,  Armand  Peré,    était    marcha  id    à 
LaRochelle.     Il   fut  intéressé  dans  la  traite  des   Otta- 
vras  pendant  un  certain  temps. 

Un  mot  maintenant  de  Fierre  Moreau  dit  la  Tau- 
pine. 

Il  était  né  vers  1639  àSaint-Kric  de  Massa,  Xaintes, 
en  Saintonge,  du  mariage  d'Abraham  Moreau  et  de 
Marguerite  Nauret. 

C'est  en  1664,  ou  peii  avant,  «j^u'il  passa  ici.     Peut- 

(1)  Documents  relative  tothe  colonial  historyof  the  state 
of  New-York,  xcA.  IX,  p.  362,  363. 

(2)  Collection  de  7ibanuscritS;  vol.  II,  p.  5. 


—  219  — 

être  même  arriva  t-il  en  16 uo   comme   soldat   dans    le 
réfifiment  de  Carignan. 

En  1670,  l'intendant  Talon  envoya  les  sieurs  de 
iSaint-LusL^on  et  de  LaSalle  prendre  possession  des 
pays  situés  autour  des  grands  lacs.  Saint-Lusson  pas- 
sa l'hiver  chez  les  Amikoués,  sur  les  bords  du  lac 
Huron,  et  fit  avertir  les  nations  du  nord  et  les  Sau- 
teurs de  se  réunir  au  sault  Sainte-Marie.  Au  prin- 
temps, Siiint-Lusson  s'y  rendit  et  rencontra  les  députés 
de  quatorze  nations.  Le  14  juin  1671  se  fît  la  cérémo- 
nie de  prise  de  possession.  Saint-Lusson  fit  planter 
une  croix  et  arborer  les  arraes  du  roi  de  France  sur 
une  éminence  qui  dominait  la  bourgade  des  Sauteurs. 
Le  procès-verhal  de  prise  de  possession  est  signé, 
entre  autres  personnages,  par  Pierre  Moreau  dit  la 
Taupine.  "  soldat  de  la  srarnison  du  château  de  Qué- 
bec. "  (1) 

Dans  le  mémoire  adressé  par  l'intendant  Duches- 
neau  au  ministre  de  Seignelay,  le  10  novembre  1679, 
nous  lisons  : 

''  Le  nommé  la  Taupine,  fameux  coureur  de  bois, 
qui  partit  au  commencement  du  mois  de  septembre  de 
l'année  dernière  1678,  pour  aller  aux  Outaouas  avec 
d€s  marchandises  et  qui  a  toujours  été  intéressé  avec 
monsieur  le  gouverneur,  en  étant  arrivé  cette  année  et 
ayant  eu  avis  qu'il  avait  traité  «n  deux  jours  150  robes 
de  castor  dans  un  seul  village  de  ces  nations,  qui  font 
près  de  900  castors,  ce  qui  est  de  notoriété  publique,  et 
qu'il  avait  laissé  auprès  de  Duluth  deux  hommes  qu'il 
avait  emmenés  avec  lui,  je  crus  être  obligé  de  le  faire 
arrêter  et  de  l'interroger  ;  mais  m'ayant  représenté  un 

(1)  Documents  relative  to  the  hi^tory  of  the  state  of  New- 
York,\iA.  IX,  p.  804. 


—  220  — 

oo-ngé  de  Mr.  le  gouverneur,  par  lequel  il  lui  avait" 
permis,  et  aux  nommés  Lamonde  et  l-)upuy,  ses  cama- 
rades, d'aller  dans  les  nations  outaouuises  pour  exécu- 
ter ses  ordres  secrets,  je  le  lis  mettre  en  liberté  et  aus- 
titôt  qu'il  tut  sorti,  le  sieur  L'révost,  major  de  la  gar- 
nison de  Québec, vint  à  la  tête  de  quelques  soldats  pour 
forcer  les  prisons  en  cas  qu'il  y  fut  encore,  suivant  les 
ordres  qu'il  en  avait  reçus  par  écrit  de  Mr.  le  gouver- 
neur, conçus  en  ces  termes  : 

"  Le  comte  de  Frontenac,  conseiller  du  Roi  en  se& 
conseils,  gouverneur  et  lieutenant-général  pour  Sa 
Majesté  en  la  Nouvelle-France  ; 

''  Il  est  ordonné  au  sieur  Prévost,  major  de  Québec, 
en  cas  que  Mr.  l'intendant  fit  arrêter  Pierre  Moreau 
dit  la  Taupine,  que  nous  envoyons  à  Québec  porter 
nos  dépêches,  sous  prétexte  d'avoir  été  dans  les  bois, 
de  le  faire  mettre  incessamment  en  liberté,  et  d'em- 
ployer à  cet  effet  toutes  sortes  de  voies  à  peine  d'an 
répondre. 

"  Fait  à  Montréal,  le  5  septembre  1679   " 

(Signé)  Frontenac 

(Et  plus  bas)  Par  Monseigneur,  Barrois  " 
"•  Il  est  certain,  Monseigneur,  que  le  dit  la  Taupine 
a  porté  des  marchandises  aux  Outaouas  ;  que  ses  deux 
compagnons  sont  demeurés  dans  les  nations  sauvages 
apparemment  auprès  de  Duluth,  et  qu'il  y  a  traité^ 
qu'il  a  vu  une  si  grande  quantité  de  coureurs  de  bois 
qu'il  n'en  a  pu  dire  le  nombre  ni  les  noms.  " 

Le  P.  Claude  Cbauchetière  écrivant  de  Montréal  à 
son  frère,  le  7  août  1694,  dit  : 

"  Je  fus  il  n'y  a  que  deux  jours  voir  M.  l'intendant 
pour  voir  s'il  n'y  aurait  pas  le  mo3'en  d'avoir  le  congé 
de  Pierre  Moreau  qui  était  autrefois  de  la   compagnie 


221  

de  M.  (le  la  Cliassaigne  ;il  esta  présent  à  Contrecœur; 
son  congé  ne  sera  pas  pour  cette  année.  (1) 

En  1716,  il  était  gardien  du  port  de  Québec  et  de- 
meurait dans  la  haute  ville,  quartier  du  Palais.  (2) 

Il  mourut  à  Québec  le  24  août  1727. 

P.  G.  R. 

Michel  Sidrac   Dugué,   sieur  de  Boisbriaud. 

(X,  VI,  1014.) — Il  était  fils  de  Pierre  Dugué,  sieur  de 
la  Boulardièrc,  et  de  Perinne  de  Ohambellé,(3)  de  Per- 
se vil,  évêcbé  de  Nantes. 

Il  servit  dans  les  régiments  de  Montaigu  «t  Cham- 
bellé.  Dans  ce  dernier  corps,  il  était  capitaine  lorsque, 
en  1664,  on  organisa  une  troupe  pour  l'Amérique,  de 
sorte  qu'il  arriva  à  Québec  conservant  son  grade  de 
capitaine  au  régiment  de  Carignan. 

Le  14  juin  16d6,  on  le  voit  en  garnison  à  Montréal. 

L'automne  de  1667,  l'intendant  Talon  lui  permit  de 
faire  travailler  à  des  défrichements  sur  l'île  Sainte-Thé- 
rèse, près  de  Repentigny  ;  le  titre  de  cette  seigneurie 
lui  fut  donné  le  29  octobre  lfi72. 

C'est  aussi  l'automne  de  1667  qu'il  épousa,  à  Mont- 
réal, Marie  Moyen. 

11  commandait  à  Montréal  en  lù70. 

Tout  en  colonisant  un  peu  l'île  Sainte-Thérèse  il 
avait  les  yeux  fixés  sur  les  belles  terres  du  haut  de 
l'île  de  Montréal  et,  en  1671,  voyant  Lefrenaye-Brucy 
et  surtout  Berthé-Chailly  qui  plantaient  leurs  établisse- 
ments dans  ces  lieux,  ii  s'empressa  d'y  ériger  un  bâti- 


(1)  Relations  des  Jésuites.  Edition  Eurrows.  Vol.  LXIV, 
p.  138. 

(2)  Recensement  de  Québec   en    1716,    publié  par   l'ubbé 
Beiiudel,  p.  18. 

(3;  Elle  était  parente  du  mai'échal  de  ce  nom. 


222  

ment  quelconque  pour  faire  acte  do  possession,  mais 
bientôt  il  donna  de  la  valeur  à  ce  poste  qui  lui  fut 
concédé  régulièrement  (19  janvier  1(372)  parle  Sémi- 
naire et  qui  prit  le  nom  de  iiet  de  Boisbriand.  Il  est 
situé  à  l'entrée  du  lao  des  Deux-Montagnes,  et  mesure 
en  superficie  200  arpents. 

En  1778,  on  rencontre  Dugué  de  Boisbriand  à  l'as- 
semblée des  notables  pour  examiner  la  question  de  la 
traite  de  l'eau-de-vie. 

Vers  cette  date,  il  alla  demeurer  à  l'île  Sainte-Thé- 
rèse, car  son  tils  Joseph-François  fat  baptisé  à  la  Pointe- 
aux-Trembles le  18  mars  1679.  (Ij 

Trois  mois  plus  tard,  il  vendait  le  fief  Boisbriaml,  au 
prix  élevé  de  1768  livies,  à  Charles  LeMoine  de  Lon- 
gueuil  et  Jacques  LeBer.  Jusqu'à  1685  cette  propriété 
resta  aux  deux  associés,pui8  LeBer  le  garda  seul  et  lui 
imposa  le  nom  de  Senneville  qu'elle  conserve  de  nos 
jours. 

Au  recensement  de  1681,  descendant  le  fleuve,  on  voit 
Longueuil  puis  l'île  Sainte-Thérèse,  ensuite  le  fief  Trem- 
blay et  Boucherville.  L'île  Sainte-Thérèse  compte  9 
hommes,  9  femmes  mariées,  19  hommes  ou  garçons, 
16  filles — en  tout  53  âmes.  Ces  habitants  sont  Dugué, 
Brien,  Catin,  Gauthier,  Trochon,  Limousin,  Rague- 
neau.  Desmares,  Voine,  Hayet,  Masta,  Bousquet.  Tra- 
jean.  Choquet.  Le  seigneur  Dugué  est  porté  à  43  ans, 
sa  femme  à  34  ;  sept  enfants  :  Jean,  13  ;  Marie,  11  ; 
Jacques,  10  ;  Pierre,  8  ;  Jeanne,  6  ;  Joseph,  4  ;  Eliza- 
beth,  1.  Domestiques  :  Jean  Deperteau,  51  ;  Xicolas 
Ragueueau,  33  ;  Marie.  . .  .,  20.  4  fusils,  4  pistolets, 
16  bêtes  à  cornes,  40  arpents  de  terre  en  valeur.  Trois 
colons  possèdent  chacun  de  8  à  9  arpents  de  terre  cul- 

(1)  Pari'aiii  ptir  ])rocurutioii,  François  Dugué,  sieur  de 
Foiigr-ie,  licutciuiut -colonel  du  régiment  de  Conti. 


—  223  — 

tivée  ;  les  autres,  de  2  à  4  seulement.     Il   est  visible 
que  Dugué  avait  vécu  en  haut  de  Montréal  p  r  le  cora 
merce  des  pelleteries  et   qu'il   continuait   ce  négoce  à 
l'île  Sainte-Thérèse,  car  ces  défrichements   ne  donnent 
pas  l'idée  d'un  cultivateur  indépendant. 

Comme  il  lui  fallait  de  vastes  domaines  pour  subsis- 
ter d'après  ce  régime,  il  se  lit  accorder  une  autre  sei- 
gneurie, à  la  côte  du  nord,  le  24  septembre  1683,  com- 
[trenant  "  les  terres  qui  sont  à  commencer  où  finit  la 
concession  du  sieur  Daulier  des  Landes  (Terreboune) 
dans  la  rivière  Jésus,  jusqu'à  la  rivière  Duchêne,  icelle 
comprise,  ce  qui  compose  un  front  de  quatre  lieues  et 
demie  sur  trois  de  profondi-ur.  Cette  seigneurie,  dite 
dei  Mille-Iles,  retourna  à  la  couronne  le  1er  mars  1714, 
faute  d'être  habitée.  Cinq  jours  plus  tard,  le  gouver- 
neur et  l'intendant  l'accordaient  à  deux  fonctionnaires  : 
1*^  Jean  Petit,  trésorier  de  la  marine  en  ce  pays,  con- 
seiller et  aniden  contrôleur  des  rentes  de  l'hôtel  de  ville 
de  Paris,  marié,  en  1706,  à  Charlotte,  fille  du  capitaine 
tSidrac  Dugué  (alors  défunt)  ;  2*^  Charles-Gaspard  Piot, 
écuyer,  sieur  de  l'Angloiserie,  chevalier  de  l'ordre  de 
Saint-Louis,  lieutenant  du  roi  au  gouvernement  de  la 
ville  de  Québec,  marié,  en  1691,  à  Marie-Thérèse,  fille 
du  dit  capitaine  Dugué. 

Le  capitaine  Dugué  de  Boisbriandprit  une  part  utile 
aux  campagnes  de  1684,  1687,  contre  les  Iroquois,  à 
la  tête  d'un  bataillon  de  la  milice. 

Il  décéda  à  Montréal  le  18  décembre  1688,  un  an 
après  sa  femme. 

Trois  de  leurs  fils  ont  fourni  des  carrières  militaires 
remarquables,  à  la  baie  d'Hudson,  Terre-^euve,  con- 
tre les  Iroquois,  aux  Antilles,  à  la  Louisiane,  dane 
l'ouest  et  au  Détroit.  La  descendance  est  encore  nom- 
breuse et  bien  vue  en  Canada. 

Benjamin  Suite 


—  224  — 
QUESTIONS 


1019  — Jean-Paul  Godefroy  qu'on  voit  membre  du 
Conseil  de  Québec  était-il  parent  de  Jean-Biiptiste 
Godefroy  de  Xormanville  et  de  Thonuis  Godefroy  de 
Normanville  ?  XXX 

1020— Le  27  août  1667,  MM.  de  Tracy,  de  Cour- 
celle  et  Talon  enjoignent  au  sieur  de  la  Fredi^re,  sur 
les  plaintes  nombreuses  des  habitants  contre  lui,  de  re- 
tourner en  France.  Quel  sujet  de  plaintes  les  habi- 
tants avaient-ils  contre  cet  officier  ?  A.  G-  R. 

1021 — Quand  a-t-on  cornraencé  à  fabriquer  de  la  po- 
tasse et  du  goudron  au  Canada  ?  Indust. 

1022 — Sous  quel  nom  était  connu  des  Français  la 
tribu  iroquoise  que  les  auteurs  américains  et  anglais 
désignent  sens  l'appellation  rie  Senecas?  Ling. 

1023 — Le  nom  de  Connétable  donné  aux  officiei-s 
chargés  de  maintenir  l'ordre  da:)s  nos  églises  est-il  d'ori- 
gine française  ou  anglaise  ?  Curé 

1024 — Que  devint  le  chevalier  de  Troyes  après  son 
expédition  contre  les  forts  anglais  de  la  baie  d'Hudson 
en  1686  ?  ^  A.  O.  B. 

1025  —  Dans  ses  Pa^es  d- histoire  du  Canada,  M.  Ben- 
jamin Suite  dit  p.  63  :  Kn  1546,  il  n'y  avait  pas  d'ha- 
bitations françaises  entre  (^'uébec  et  les  Trois-Ri  vières, 

sauf  celle  de  M.  de  Chavigny  à  Sillery Où  était 

située  cette  habitation  ;  le  long  du  fleuve,    ou  sur   la 
côte  ?  ■  Joseph 


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(1864). 

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juil,  août,  sept,  ocrt,  nov  «t  dec  1885,  et  juin  1888. 

Foyer  domestique  :  3e  année  (1878)  nos  4,5,6,  9,  10, 11,  12, 
14,  la,  17  et  seq  ;  4e  année  (1^79)  1,2,  3,  5,  6,  7,  8,  9,  12  ; 
5e  année  (1>^80)  fev,  juin,  juil,  août,  sept,  oct,  nov,  dec. 

Album  des  familles  :  1881,  juil,  août,  sept,  oct,  nov,  dec  ; 
1882,  aoit,  déc  ;  1883,  mars,  avril,  mai,  juin,  juil,  août, 
sept,  oct,  noT,  dec. 

Traité  sur  les  lois  civiles  du  Bas-Canada,  par  Ilenrj  Des- 
Rivières  Beaubien — Montréal — 1832 — (On  désire  1«  3e  vo- 
lume de  cet  ouvrage.) 

Héro'isme  et  trahison,  par  Joseph  Marmette. 


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Qui  manet  in  patriâ  et  palriam  cognoscere  temmt 
Is  ir.ihi  non  civis  sed  peregrinus  erit 


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Sommaire  de  îa  livraison  de  août  :  Prêtres. Savoyards- 
au  Canada,  eu  1781,  Mgr  H.  Têiu  ;  Grand-voyers  du 
district  de  Trois-Rivières,  F.-J.  Audet  ;  TJu  proeès 
criminel  au  dix-septième  siècle,  (suite  et  iin),  P.  G.  R.  ; 
Fo  •nulette,  E.  G.  :  Jean-Paul  Godeiroy,  P.  G.  R.  : 
Jumouville  et  ses  compagnons  ;  M.  de  Ti-acy  était-il 
marquis  ?  Thomas  Chapais:  Le  Père  Daulé,  Ernest 
Myrand  ;  Lord  Meicallè  :  Questions,  etc.,  etc. 

Gravure  :  Charles-Michel  DTrumberry  de  Salabeny- 
On  jicut  se  jn-DCurer  i^ratuileineut  une  h'vrais(>H  sp  •ciiiii-h 
des  Rc<:herrhr.i  Historié/ nés  ou  .•s'uilre^<:int   au   dh-ecteur  de 
la  revue.  Pierrc-l.Te;>rujes  Rty,  rne  WoHe.  Lé  vis. 

Abf}H)tei)feiit  :  $2  //'fr  année. 


PUBLICATIO-XS   RÉCENTES 


Annuaire  de  l'Erole  nornciJe  Jac'jices-C'Ji'f'ter,  auriée 
aradéiuù/i.f,e  190o-04. 

Séininaire  de  Ste-Thérë6e^  a)niée  scolaire   1903-04. 

Séi/iinaire  St-J'iseplt'uu-  Trois- Rivière\\  année  acadé- 
mique 190:^04,  2.èiae  bérie,  no  !^. 

Annuaire  da  collège  Sainte- Anne  de  la  Pucatière. 
îs'o  17.   Année  académique  190o-04 

Annuaire  du  séminaire  dp.  O/iiro'iiiïïhi  j)our  Vtiunée 
scolaire  1903-04. 

Un  Canadien  de  désir,  ler-n,  And.-S^/lv.  Receveur. 
Exilait  d-  la  Nouvelle-France.     Québec— 1904. 

La  ftrndlle  Jfassii-iif/.e,  par  E.-Z.  Massict)tte. 

Séminaire  de  St-H>/aciniI't:.  Année  scolaire  190 o-O-i.. 
]Vo  2(j.— St-Kvaciuïhe,  iniiiriraerie  de  La  Tnhane 
.—1904. 

Annu'i'irc  <l'i  colhr/'  de  Léc-s.   Quatrième  série.  Xo  9. 

Année  ax.-adéuiiqUe  190o-04 — ^LévLs— 1904. 


BULLETIN 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  AOUT  1904  No  8 


PRÊTRES  SAVOYARDS   ENVOYÉS   AU 
CANADA,  EN  1781 


Dans  son  Jourval  d^un  voyage  en  E}(rope,  Mgr  Plessis 
parlo  avec  grands  éloges  des  prêtres  Savoyards  qu'il 
eut  l'occasion  de  rencontrer.  Il  ajoute  :  "  On  frémis- 
sait autrefois  en  Canada  du  projet  qu'avait  un  gouver- 
neur (feu  Sir  Frédéric  Haklimand)  d'y  introduire  des 
prêtres  Savoyards.  Mais  certes,  s'ils  étaient  alors  aussi 
bien  formés  qu'aujourd'hui,  l'acquisition  n'eut  pas  été 
mauviiise.  " 

Voici  que  dans  les  copies  que  l'on  m'envoie  d'Otta- 
wa, (1)  se  trouvent  les  trois  lettres  suivantes  qui  don- 
nent sur  ce  sujet  les  détails  les  plus  intéressants. 

Lettre  de  l'évêque  de  Genève  au   Cardinal  Préfet 
de  la  Propagande. 
*'  Monseigneur, 

"  J"ai  reçu,par  la  voie  de  M.  l'Archevêque  de  Turin, 
la  lettre  dont  Votre  Eminence  m'a  honoré,  avec  celle 
•qui  est  adressée  à  M.  l'Evêque  de  Québec,  au  sujet  des 
prêtres  démon  diocèserqui  sf>nt  destinés  pour  le  Canada. 

J'ai  d'abord  écrit  à  ce  prélat  pour  lui  donner  la 
liste  de  ces  prêtres  dont  il  trouvera  d'ailleurs  les  noms 
désignés  dans  la  Patente  à^Exeat  que  je  leur  ai  fait 

(]}  Le.s  documents  originaux  de  cette  collection  sont  à 
lu  Piopîigaiide,  à  Rome,  et  ccst  Mgr  Taschereau  qui  les 
tit  copier  en  18S4,  à  la  demande  du  gouvernement. 


—  226  — 

expédier  en  due  forme  ;  et  pour  sati?fair3  à  ce  qutr 
V.  E,  a  demandé,  je  joins  encore  ici  la  liste  do  no» 
missionnaires  avec  nne  petite  indication  de  leurs  qua- 
lités  Comme  ils  doivent  partir  de  G.^nève  dès  ce 

mois,  je  compte  qu'ils  pourront  arriver  à  Londres  le* 

premiers  jours  du  mois  prochain '' 

Annecy,  le  7  août  1781. 

t  J.  P.  Evê(£Ue  de  Genève." 

'•  Liste  des  Prêtres  envoyés  an  Canada  par  FEvêque 
di  Genève,  en  suite  de  la  demande  qu'en  a  été  faite 
par  la  Cour  de  Londres. 

1*^  Noble  Joseph-François  DuClos  qui  est  dans  si» 
treizième  année  de  prr-trise  et  qui  a  continuellement 
exercé  les  fonction.?  du  saint  ministère  dans  des  pa- 
roisses 011  il  s'est  enraiement  distingué  p:ir  sa  capacité, 
«es  talents,  et  l'honnêteté  de  ses  manières.  C'est  celui 
qui  a  été  désigné  pour  chef  et  sn[)érieur  de  la  bande 
des  missionnaires. 

2°  Joseph  Masson,  qui  a  quîitorze  ans  de  prêtrise, 
pendant  lesquels  il  a  toujours  tait  les  fonctions  de  vi- 
caire dans  une  des  princi|tak's  paroisses  du  diocèse, 
avec  un  succès  qui  a  répondu  à  son  mérite  et  a  ses  talents 
particulier  ;  il  a  aussi  été  quelquefois  dans  des  mis- 
sions où  il  a  donné  des  preuves  non  équivo({Ues  de  son 
zèle. 

•5°  Jean-Pierre  Besson,  prêtre  depuis  sept  ans.  Cjui 
a  également  vicarié  dans  quelques  unes  des  principales 
po.roisses  du  diocèse,où  il  a  toujours  ren>pli  ses  devoirs 
d'une  manière  à  s'attirer  l'estime  et  les-  éloges  du 
public. 

4"*  Joseph-Vincent  B<>sson,  qui  n'est  prêtre  que  de- 
puis deux  ans,  pendant  lesquels  il  a  aussi  fait  les  fonc- 
tions de  vicaire  dans  une  paroisse,  mais  qui  joint  ù 
l'esprit  de  sou  état  une  capacité  bien  suffisante    et    la 


227  

maturité  (|n'il  a  acquise  en  servant,  pendant  onze  an?, 
«laiis  le  Régiment  de  Savoie,  où  il  a  toujours  édifié  par 
la  régularité  de  sa  conduite  et  qui  par  là  même  a  paru 
plus  propre  à  l'oeuvre  sainte  à  laquelle  il  s'est  dévoué 
par  une  suite  du  zèle  dont  il  est  animé." 

Le  22  décembre  1782,  M.  de  Villars,  vicaire  géné- 
ral, y  Paris,  de  Mgr  Briand,  écrit  au  cardinal  : 

"  Votre  Eminence  eut  la  bonté  <le  m'apprendre  par 
sa  lettre  du  23  mars  1782  qu'il  était  parti  pour  Québec 
quatre  bt^ns  prêtres,  sujets  du  Roi  de  Sardaigne,  auto- 
risés de  la  Sacrée  Congrégation,  à  la  réquisition  du 
gouvernement  britannique.  Je  crois,  Monseigneur, 
devoir  avoir  riionneur  de  vous  informer  aujourd'hui 
que  j'apprends  par  u!ie  lettre  de  M.  Gravé,  procureur 
du  Séminaire  de  Québec,  du  21  octobre  derniei,  que  les 
i/untre  prêtres  Savoijards  (leiïiari<lés  par  31.  le  gonci  r- 
fiifur  gériérol,</u  CciHaJa  Ohf  été  pris,  en  y  allant,  et  ra- 
me)'» es  en  Franrc.  Si  cela  est  bien  vrai,  c'est  une  nou- 
velle très  fâcheuse '' 

Autre  lettre  du  même  au  même,  le  10  février  1783  : 

"  Je  crois  devoir  informer  Votre  Eminence  que  deux 
■des  prêtres  du  diocèse  d'Annecy,  envoyés  par  la  Sacrée 
Congrégation  à  (Québec,  sont  arrivés,  depuis  un  temps 
assez  considérable,  à  Bordeaux. 

"  Mgr  Focras,  prêtre  du  diocèse  de  Grenoble,  m'a 
«ssuré  les  y  avoir  vus  et   leur   avoir   parlé    lui-même. 

"Ils  lui  ont  dit  qu'étant  partis  d' A ngleterrc,ils  furent 
pris  par  un  corsaire  français,  dans  la  Mimche,  et  menés 
■en  France,  où  on  leur  permit  d'aller  où  ils  voudraient  : 
qu'ils  se  rendirent  à  Londres,  et  se  rembarquèrent  pour 
le  Canada,  et  qu'en  v  allant,  ils  furent  pris  pour  la  se- 
conde fois,  mais  par  un  corsaire  américain  qui  les  dé- 
barqua à  Bordeaux. 

*'  Le  même  M^r  Focras  m'a   ajouté    que   ce«    deux 


—   228  — 

ecclésiastîque&  S-avovarcU  lui  avaient  dit  que  les  An- 
glais leur  donnaient  cent  louis  d'or  de  pension,  et  qu'on 
leur  avait  prorais  à  chacun  d'eux  des  cures  en  Canada, 
du  revenu  de  deux  cents  louis  d\vr  chacune,  et  que,, 
après  avoir  demeuré  dix  ans  ou  environ,  ils  comptaient 
retourner  en  Savo-ie.  Ce  même  bruit  s'est  répandu  ;V 
Québec,comme  Mgrl'évêquieme  l'a  écrit,en  m'ajoutant 
que  si  ces  deux  prê-tres  sont  partis  d'Angleterre  avec 
ces  prétentiwis,  ils  seraient  tort  trompés  dans  leurs 
espérances  ;n'y  ayant  guère  ou  point  du  tout  des  cure& 
dont  le  revenu  soit  de  deux  cents  louis,  mais  beaucoui» 
où  il  en  faut  deux  pour  pouvoir    faire   vivre-   un    seul 

curé " 

Il  est  certain,  que  ce&  prêtres  Savoyards  ne  se  reni- 
dirent  jamais  au  Canada  et  qiio  Vow  n'e-i-*;iya  pu  d'en, 
introduire  d'autres. 

M<3.R  H.  TÊTU 


GKAîTDS-VOYERS  DU   l>rSTR[CT    DE   TROIS- 
RIVIÈRES  (1) 

Antrobus,  John Il  juin  170o' 

Antrobus,  Edmund-William-Romer.  .  '^8  janvier  1820 

Bostwick,    Augustus- David 17  avril  1822 

Panet,    Pierre-Louis 22  novembre  182i> 

Heney,  Hughes 7  décembre  1832, 

F.-J.    AUDKT 


LE  NAUFRAGK  DU  "  CHAMEAU 


LeR.  P.  Rodolphe  de  La  Gjrinaudière,  de  la   Pro- 
rince de  France,  fut  un  des  trois  jésuites  qui  [)érirenr 
dans  le  naufrage  du  Chumeau. 
^  A.  E.  .L 

(1)  X,  Vf;  100(v. 


—  229  — 

VN  TROCÈS    CRIMENEL    AU    DIX-SEPTIÈME 
SIÈCLE 

{Suite  et  tin) 


L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize   le  quatorzième 
jour  de  juin. 

Xous  avons  fait  tirer  des  prisons  les  dits  René  et 
Anne  Edmond  lesquels  étant  en.  présence  l'un  de  l'autre 
nous  leur  avons  fait  prêter  serment  de  dire  vérité.  Inter- 
pellé de  leur  connaissance,  le  .lit  R.ejié  Edmond  a  dit 
bien  connaître  la  dite  Anne  pour  être  sa ^soeur,  l'habit 
d'homme  dans  lequel  elle  est  ne  l'empêchant  pas  de  la 
connaître,  quoiqu'il  dut  bien  la  désavouer  après  ce 
qu'elle  a  fait.  Comme  aussi  la  dite  Anne  Edmond  a 
(lit  bien  connaître  le  dit  René  pourêtre  son  frère.  Après 
quoi  nous  avons  fait  faire  lecture  à  la  dite  Anne  Ed- 
mond des  articles  de  son  interrogatoire  par  elle  subi 
devant  nous  ce  jourd'hui,  qui  concernent  le  dit  René 
Edmond  et  notamment  l'entrevue  qu'elle  a  dit  au  dit 
interrogatoire  avoir  été  entre  eux  derrière  l'église  de 
Saint-François  dans  les  fredoches  en  présence  de 
Joseph  Gauliîi  et  Jean  Laviolette  et  sommée  la  dite 
Anne  Edmond  de  déclarer  si  le  dit  article  est  véritable, 
la  dite  Anne  Kdmond  a  dit  <pie  le  dit  article  est  vérita- 
ble et  le  dit  René  Edmond  a  dit  que  sa  dite  sœur  peut 
dire  ce  qu'elle  voudra  mais  qu'elle  ne  le  p-iut  pas  dire 
en  conscience  et  qu'il  était  ce  jour-là  à  la  Sainte  Famille 
disant  en  ces  termes  :  "  Il  n'y"a  pas  manque  de  mon- 
de qui  m'y  ont  vu.  "  Sur  quoi  nous  avons  sommé  la 
dite  Anne  Edmond  de  dire  vérité  lui  donnant  à  enten- 
dre que  si  elle  l'a  dit  dans  son  interrogatoire  elle  le 
doit  soutenir  mais  que  si  elle  ne  l'avait  pas  dit  elle  doit 
maintenant  se  désavouer  elle-même,  laquelle  n'a  rien 
voulu  répondre.     Sommée  une    seconde    fois   la   dite 


—  230  — 

Anne  de  répondre  elle  est  demeurée  comme  une  stnpide 
et  sans  lever  les  yeux  ni  ouvrir  la  bouche.  Sommée 
pour  la  troisième  fois  de  répondre  et  dire  la  vérité  elle 
est  demeurée  dans  le  même  état  sans  proférer  aucune 
parole,  ce  que  voyant  le  dit  René  il  a  dit  parlant  à  la 
dite  Anne  :  "  Xous  n'avons  qu'une  âme  à  sauver,  tu 
dois  dire  la  vérité,  tu  sais  bien  que  je  n'ai  point  été  à 
Saint-Frauçois  depuis  le  premier  jour  de  mai  jusques  au 
jour  de  la  Pentecôte."  Après  quoi  nous  avons  fait  lire  à 
la  dite  Anne  l'article  par  lequel  il  lui  est  demandé  à  qui 
elle  a  commencé  de  parler  du  desseiu  qu'elle  avait,  la 
réponse  duquel  interrogatoire  est  que  c'est  à  son  frère. 
Sommée  la  dite  Anne  de  répondre,  laquelle  sommation 
nous  lui  avons  réitéré  jusqu'à  trois  fois,  même  le  dit 
René  lui  a  dit  : 

''  Dis  la  vérité  à  Monsieur  ;  m'en  as-tu  jamais  parlé  ; 
tu  sais  bien  que  non.  "  A  quoi  elle  n'a  rien  voulu  ré- 
pondre et  est  demeurée  comme  muette,  ce  qui  nous  a 
engagé  de  demander  au  dit  Hciié  de  nous  dire  la  vérité, 
le(]nel  a  répondu  qu'il  s'en  rapporte  à  la  cofi science  de 
sa  dite  soeur,  et  qu'elle  sait  bien  qu'elle  ne  luiajamais 
parlé  de  cela,  et  plus  avant  n'ont  été  confrontés,  lecture 
faite  aux  dits  René  et  Anne  Edmond  de  la  présente 
confrontation.  Le  dit  René  a  dit  qu'il  a  dit  lu  vérité, 
et  la  dite  Anne  n'a  voulu  répondre  et  a  le  dit  René 
déclaré  ne  savoir  signer  et  la  dite  Anne  sur  la 
demande  que  iious  lui  avons  faite  si  elle  saitsigner,ene 
a  dit  en  entr'ouvrant  la  bouche  non  et  ont  été  retivoyés 
en  prison. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière  ' 

Rageot 

Soit  communiqué  au  procureur  du  Roi. 

Fait  H  Québec  ce  quatorze  juin  1696. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 


—  231  — 

Du  quinzième  jour  de  juin. 

^'ous  avons  fait  tirer  des  prisons  Anne  Edmond  aux 
lins  de  lui  être  confronté  Jean  Bouchart  dit  Dorval 
jcsqu  Is  après  serment  par  lui  prêté  en  présence  l'un 
de  l'autre. 

Interpellé  de  leurs  connaissances  la  dite  Anne  Ed- 
mond a  dit  bien  connaître  le  dit  Dorval  pour  être  celui 
qui  l'a  amenée  en  cette  ville,  comme  aussi  le  dit  Dorval 
a  dit  bien  connaître  la  dite  Anne  Edmond  pour  être 
le  jeune  homme  qu'il  a  amené  de  l"île  mercredi  dernier 
mais  qu'il  ne  la  connaissait  point  avant  le  dit  jour 
comme  aussi  la  dite  Edmond  a  dit  qu'elle  ne  connais- 
sait point  le  dit  Dorval  avant  le  dit  jour.  Après  quoi 
nous  avons  fait  faire  lecture  au  dit  Dorval  desoninter- 
n»gatoire  de  ce  jour,  et  sommé  de  déclarer  s'il  contient 
vérité  lequel  a  dit  que  ses  réponses  contenues  dans  le 
dit  interrogatoire  contiennent  vérité  ;  et  la  dite  Edmond 
étant  vêtue  comme  elle  est  lui  a  dit  toutes  les  ciioses 
contenues  au  dit  interrogatoire.  Laquelle  Edmond  a 
dit  qu'il  est  vrai  qu'elle  a  dit  toutes  ces  choses  là, 
mais  que  c'était  pour  trouver  passage  l'ayant  prié  de 
l'amener  à  Québec,  et  que  la  femme  de  Lafranchise  le 
priait  aussi  sur  ce  qu'elle  dit  Edmond  avait  dit  à  la 
dite  Lafranchise  les  mêmes  nouvelles  et  qu'elle  voulait 
les  venir  dire  à  Québec  et  que  \û  dite  Lafranchise  lui 
.dit  qu'elle  allait  l'amener  à  un  homme  qui  la  passerait 
bien  et  qui  avait  un  canot.  tSommé  le  dit  Dorval  de 
déclarer  s'il  adità  la  dite  Edmond  qu'il  devait  veniren 
cette  ville  pour  acheter  des  terrines  lequel  a  dit  que  non 
mais  que  sa  femme  le  voyant  partir  lui  demanda  bien 
si  il  en  apporterait  et  qu'il  répondit  qu'il  n'était  pas  pré- 
cautionné pour  cela,  ne  venant  que  pour  amener  le  pré- 
tendu jeune  homme  qui  l'en  priait  laquelle  Edmond  a 
dit  c^ue  la  chose  est  comme  le  dit  Dorval,  et  plus  avant 
n'ont  été  confronté  lecture  faite  de  la  présente  confron- 


I 


tation,  les  dits  Dorval  et  Edmond  ont  persisté  et  dé- 
claré ne  savoir  signer  de  ce  enquis,  et  a  été  le  dit  Dorval 
renvoyé  à  la  charge  de  se  représenter  toutes  fois  et 
quantes  s'il  est  ainsi  ordonné,  et  a  élé  la  dite  Edmond 
renvoyée  en  prison. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 

Rageot 

Soit  communiqué  au  procureur  du  Roi. 

Fait  à  Québec. 

L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize,  le  quinzième 
jour  de  juin. 

Est  comparu  Barthélémy- François  Bourgonnière  té- 
moin maïKÎé  d'office  à  la  requête  du  dit  procureur  du 
Roi  lequel  après  serment  et  qu'il  a  dit  de  ce  enquis, 
son  nom  être  Barthélémy-François  Bourgonnière,  sieur 
de  Hauteville,  âgé  de  vingt-six  ou  vingt-sept  ans,  l'un 
des  secrétaires  de  monseigneur  le  gouverneur  général 
de  ce  pays,  flemeurant  au  château  du  fort,  qu'il  n'est 
parent  ni  allié  des  parties  et  sur  le  fait  dont  il  est 
question. 

Dépose  que  mercredi  dernier  sur  les  cinq  heures  et 
demie  du  soir  étant  à  la  basse-ville  il  entendit  dire 
qu'il  était  arrivé  itn  homme  de  Boston  qui  en 
apportait  des  nouvelles,  ce  qui  l'obligea  de  monter  au 
château  où  étant  arrivé  il  sut  que  le  prétendu  homme 
était  à  l'office  pour  manger  un  morceau,  que  lui  dépo- 
'  sant  y  alla  où  étant,  le  dit  prétendu  homme  fut  reconnu 
pour  être  fille  ou  femme,  qu'elle  était  vêtue  d'un  capot 
brun,  une  chemise  blanche  avec  delà  dentelle  aux  poi- 
gnets, un  chapeau  noir,  des  gants  et  le  reste  d'habille- 
ment d'homme,  qu'après  que  la  fille  ou  femme  eut 
mangé  elle  fut  mandée  pour  entrer  dans  le  cabinet  de 
mon  dit  seigneur  le  gouverneur,  qu'à  la  porte  du  dit 
cabinet  quelqu'un  dit  que  c'était  une  femme  ou  une  fille, 


—  233  — 

?i  quoi  tlle  répoiulit  (juo  cela  n'était  point  vrai  et  cpvon 
lui  faisait  un  grand  aflVont,  ce  qui  fut  cause  que  mon  dit 
seigneur  le  gouverneur  la  fit  entrer  dans  son  cabinet, 
avec  le  sieur  Galiiiet,  major  de  cette  ville,  et  le  eieur 
de  Monseignat  lui  disant  que  si  elle  était  homme  elle 
n'aurait  pas  de  peine  de  se  laisser  voir,  qu'un  moment 
après  le  sieur  do  Galifiet  et  Monseignat  assurèrent  à 
■mon  dit  seigneur  le  gouverneur  que  c'était  une  femme 
ou  une  fille  et  aussitôt  mon  dit  seigneur  le  gouverneur, 
Tuonseigneur  l'intendant,  M.  Prévost,  lieutenant  du 
Roi,  Galifiet,  major,  de  Monseignat  entrèrent  avec  elle 
dans  le  dit  cabinet  et  lui  qui  dépose  fut  averti  d'entrer 
aussi.  Alcrs  elle  fut  interrogée  d'où  elle  était,  qu'elle 
répondit  être  de  la  seigneurie  de  la  Grande  Anse  en 
la  côte  du  sud,  qu'elle  était  fille,  qu'elle  avait  traversé 
à  rîle  Saint-Laurent  avec  son  frère  où  étant  arrivée 
elle  s'était  habillée  eu  homme  à  l'insu  de  son  dit  frère, 
et  que  traversant  de  la  Grande  Anse  à  l'île  Saint- 
Laurent  elle  avait  vu  quatre  vaisseaux  qui  barraient  la 
rivière  et  quoiciue  l'on  lui  dit  que  cela  ne  pouvait  pas  être 
vrai, elle  persista  disant  que  l'on  pouvait  y  envo^^er  voir, 
(pie  lui  déjtosant  fut  envoyé  pour  faire  conduire  le  fp're 
de  la  dite  fille  dans  une  cliambre  liante,  puis  étant  re- 
descendu et  demeuré  seul  avec  elle,  elle  convint  aveô 
lui  qu'elle  avait  dit  qu'elle  venait  de  Boston  et  qu'elle 
avait  rapporté  que  les  Anglais  devaient  nous  venir  at- 
taquer, ce  qu'elle  avait  dit  à  dessein  d'empêcher  son 
frère  et  son  amant  nommé  Joseph  Gaulin  d'aller  à  la 
guerre,  que  le  dit  Gaulin  la  recherchait  en  mariage 
mais  qu'elle  ne  l'aimait  pas  parce  qu'il  était  trop  laid 
et  qu'il  n'avait  point  d'es|irit  que  cependant  c'était  le 
dit  Gaulin  qui  lui  avait  inspiré  le  premier  de  se  dégui- 
ser et  venir  donner  ces  fausses  nouvelles,  et  que  le  di- 
manche de  devant  la  Pentecôte,   les    uoraraés  Robert 


—  234  — 

Gaulin  et  Jean  La  violette  après  av^oir  parlé  avec  son 
frère  lui  demandèrent  si  elle  n'exécutf  ruit  pas  ce  qu'elle- 
leur  avait  promis,  à  quoi  elle  répondit  que  oui  et  s'en 
retourna  avec  son  frère,  et  \à  déposant  lui  ayant  de- 
mandé si  ses  père  et  mère  n'avaient  point  de  part  au 
projet  qu'elle  avait  fait  elle  répondit  qu'ik  lui  avaient 
dit  de  faire  ce  qu'elle  voudrait  ce  qu'elle  n'a\''ait  cepen- 
dant pas  exécuté  sans  iHi  déplaisir  que  lui  donna  sa 
soeur  cadette,  et  qu'elle  avait  dit  à  sa  sœur  en  partant, 
qu'elle  n'avait  qu'à  s'en  assurer,  qu'elle  allait  où  ils  sa- 
vaient bien  et  que  lui  ayant  demandé  encore,  si  elle 
était  assurée  de  trouver  passage  elle  dit  que  son  frère 
lui  avait  dit  qu'elle  n'avait  qu'à  aller  le  long  de  la 
côte  Saint-Pierre,  et  qu'elle  v  trouverait  le  nommé 
Dorval  qui  était  de  ses  amis  qui  la  passerait,  et  est  tout 
ce  qu'il  a  dit  savoir  lecture  faite  au  dit  témoin  de  sa 
déposition  il  a  dit  qu'elle  contient  vérité,  y  a  persisté,, 
et  signé  et  n'a  requis  aucun  salaire. 

Hauteville 
R.  L.  Chartier  de  LotMnière 

Rageot 

Ihi  dit  jour  quinzième  juin  de  relevée 

Xous  avons  fait  tirer  des  prisons  Anne  Eilmond  aux 
lins  de  lui  être  confronté  Barthélémy-François  Bour- 
gonnière,  témoin  ouï  en  l'information  faite  en  l'encou- 
tre  d'elle,  lesquels  après  serment  par  eux  prêtés  en 
présence  l'un  de  l'autre  interpellés  de  leur  connais- 
sauce,  le  dit  témoin  a  dit  bien  connaître  la  dite  accusée 
pour  être  celle  qu'il  a  vu  au  château  de  cette  ville,  et 
que  c'est  d'elle  dont  il  a  entendu  parler  dans  sa  dépo- 
sition et  dans  son  récolement  le  tout  en  date  de  ce  jour 
comme  aussi  la  dite  accusée  a  dit  bien  connaître  le 
dit  témoin  pour  avoir  été  coïitenu  avec  lui  dans  la. 
salle  du  dit  cMteau,     Sommée  la  diteaccu.sée  de  four- 


—  235  -- 

iiir  présentement  ges  réponses  H  l'encontre  du  dit  té- 
moin si  aucune  elle  a  lui  ayant  donné  à  entendre  qu'a- 
près la  lecture  qui  lui  va  être  faite  de  sa  déposition, 
elle^  ne  sera  plus  reçue  à  en  donner  aucune.  Pour 
quoi  nous  lui  avons  fait  lire  le  premier  article  de  la 
déposition  du  dit  témoin  contenant  ses  nom,  âge,  qua- 
lité et  demeure,  elle  a  dit  qu'elle  n'a  aucunes  réponses 
à  proposer  à  rencontre  du  dit  témoin  qu'au  contraire 
il  lui  a  parlé  honnêtement,  après  quoi  nous  avons  fait 
faire  lecture  au  dit  témoin  de  sa  déposition  en  présence 
de  la  dite  accusée,  laquelle  déposition  est  la  première 
dans  la  dite  information  et  es  date  de  ce  jour,  de  sou 
récolement  (le  ce  même  jour  sommé  le  dit  témoin  de 
déclarer  si  le  tout  contient  vérité,  il  a  dit  que  ce  qui 
est  contenu  dans  sa  dite  déposition  et  dans  son  récole- 
ment contiennent  vérité  et  cela  le  soutiendra  face  à  face 
à  la  dite  accusée  laquelle  a  dit  que  cela  peut  bien  être 
vrai,  mais  qu'elle  ne  s'en  souvient  plus  et  plus  avant 
n'ont  été  confrontés  et  a  le  dit  témoin  signé  et  la  dite 
accusée  a  déclaré  ne  savoir  écrire  ni  signer  de  ce  re- 
quise suivant  l'oidonnance  et  a  été  renvoyée  en  prison 
après  lecture  de  la  présente  confrontation. 

Hauteville 
E.  L.  Chartier  de  Lotbinière 
Soit  ccmmuniqué  au  procureur  du  Roi. 
Fp.it  le  procès  à  Québec  ce  quinzième  juin  1696. 

E.  L.  Ohartier  de  Lotbinière 
Eéeolement. 

L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize  le  quinzième 
jour  de  juin. 

Est  comparu  Barthélémy-François  Bourgonnière  té- 
moin ouï  en  la  dite  information  et  par  nous  mandé 
d'office  à  la  requête  du  dit  procureur  du  Roi.  Lequel 
après  sorment  et  lui  avoir  donné  à  entendre  qu'il  a  été 


—  236  — 

lîiaiitlé  pour  être  récolé  en  la  déj position  qu'il  a  faite 
devant  nous  à  rencontre  de  Anne  Edmond.  Sommé 
de  déclarer  ^■il  fe  !-ouvient  d'avoir  déposé.  Il  a  dit 
qu'il  se  souvient  d'avoir  déposé  de\  ant  nous  aujourd'hui 
et  après  lui  avoir  fait  iaire  lecture  de  sa  dite  déposition, 
laquelle  est  la  ]irennère  dans  la  dite  information,  et 
après  lui  en  avoir  fait  faire  lecture,  sommé  de  déclarer 
s'il  veut  y  augmenter  ou  diminuer,  il  a  dit  que  sa  dite 
déposition  contient  vérité,  y  a  persisté  ajoutant  que  1» 
dite  Aune  Edmond  lui  dit  qu'vdle  avait  projeté  dès 
l'hiver  dernier  de  faire  ce  qu'elle  a  fait  dès  que  l'on 
eut  tait  partir  les  habitants  qui  étaient  choisis  pour  la 
guerre  et  que  les  chemins  n'eussent  pas  été  trop  ujau- 
vais,  sur  quoi  lui  déposant  lui  répondit  qu'elle  avait 
bien  peu  d'esprit  de  se  pjersuader  que  l'on  eut  cru  que 
les  Anglais  pussent  venir  sur  les  glaces,  et  ainsi  récolé, 
a  persisté  et  signé  après  lecture  du  présent  récolement, 
disant  qu'il  est  prêt  de  souteivir  sa  déposition  à  ladite- 
Edmt>nd  s'il  est  ainsi  ardonné. 

Hauteville 
R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 

Rageot 

L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize  le  quinzième- 
jour  de  juin. 

Nous  avons  mandé  venir  Jean  I>orval  aux  fins  du 
présent  interrogatoire,  lequel  après  serm-ent. 

Interrogé  de  ses  nom,  Age,  qualité,  pays  natal  et 
demeure. 

Répond  son  nom  être  Jean  Bouchard  dit  Dorval,. 
âgé  de  quarante-six  ans,  habitant  de  l'île  Saint-Laurent,. 
y  demeurant  paroisse  Saint-Pierre. 

Interrogé  s'il  connaît  Anne  Edmond. 

Répond  qu'il  ne  la  connaît  point. 

Interrogé  si  uu  jeune  garçon  vêtu  d'un  capot  brun- 
ne  le  pria  pas  mercredi  demie;-  de  le  passer  jl  la  côte- 
de  Beaupré, 


—  237  — 

Répond  que  le  dit  jour  de  mercredi  dernier  sur  les 
une  heure  de  l'après  midi,  la  femme  dénommée  Lafran- 
cliise  lui  amena  un  jeune  homme  vêtu  dun  capot  hrun 
lesquels  ensemhle  lui  dirent  que  le  dit  jeune  homme 
se  sauvait  des  Anglais,  qu'il  avait  passé  chez  le  sieur 
<le  Saint-Castin  lequel  avait  donné  au  jeune  homme 
un  paquet  de  lettres  pour  monseigneur  le  irouverneur 
général  avec  un  canot  et  un  sauvage  pour  l'amener. 

Le  dit  jeune  homme  disant  qu'il  avait  couché    au 
bout  d'en  bas  de  l'île  et  que  son  canot  lui  avait  été 
pris,  pourquoi  il  avait  pris  d'un  côté  de  l'île  et  le  sau- 
vage de  l'autre  afin  de  tâcher  de  trouver  le  dit  canot, 
et  ledit  jeune  homme  continuant  dit  que  étant  à  Bos- 
ton il  avait  vu  partir  quatre    tcrosses  frégates  qui  de- 
vaient venir  dans  cette  rivière  pour  attendre  la  flotte 
de  France.     Qu'il  y  avait  encore  quarante  bâtiments 
à  Boston  qui  devaient  venir  joindre  les  quatre  frégates 
atin  d'attaquer  ce  pays,  qu'ils  avaient  été  un  an  à  cuire 
le  pain  de  cette  armée  qui  devait  être  de  dix  à  onze 
mil  hommes,  qu'il  ajouta  encore  que  le  sieur  de  Ville- 
bon  était  mort  de  maladie  et  que  Guion  était  mort 
aussi  ayant  été  pris  des  Anglais,  et  que  le  sieur  d'Iber- 
ville  s'était  ail»'  battre  devant  Boston  avec  se»  deux 
l)âtiments,  qu'il  avait  été  pris  dans  le  sien  et  que  son 
frère  s'était  fait  couler  bas,  que  les  gens  du  sieur  d'Ibjr- 
ville  étaient  avec  les  Anglais  et  qu'ils  devaient  venir 
avec  l'armée,  que  le  dit    sieur   d'iberville    avait   été 
lirûlé  par  les  Anglais,  disant  lui  qui  répond  (j^u'il  crut 
tout  cela  dur  comme   fer,  après  quoi  le  dit  jeune  hom- 
me pria  lui  qui  répond  de  le  mener  en  cette  ville,  que 
c'était  une  affaire  de  conséquence  et  qu'il  ne  devait 
[las  le  refuser  ne  lui  ayant  point  parlé  de  le  passer  à  la 
vàte  de  Beaupré.      • 

Interroge    s'il  ne  s'est  pas    apperçu  que  le   jeune 
homme  prétendu  était  une  tille  ou  une  femme. 


._  238  — 

Répond  qu'il  n'en  eut  jamais  Ui  pensée  et  qu'il  se 
serait  préeautionné  d'une  autre  façon. 

Interrogé  si  arrivant  en  cette  ville  il  ne  dit  pas  à 
quelqu'un  ces  nouvelles  là. 

Répond  qu'il  n'en  a  parlé  qu'à  monseigneur  le  gou- 
verneur général. 

Interrogé  comment  il  dit.  ne  pas  connaître  la  dite 
Anne  Edmond  puisqu'elle  est  de  l'île  Saint-Laurent 
comme  lui. 

Répond  qu'il  faut  que  cela  soit  du  bout  d'en  bas  et 
qu'il  ne  connait  personne  au  delà  la  Sainte-Famille. 

Interrogé  s'il  n'a  pas  donné  >  onseil  à  la  dite  Edmond 
de  venir  débiter  ces  nouvelles. 

Répond  qu'il  n'a  eu  garde  de  lui  donner  ce  conseil, 
et  qu'il  n'eut  point  d'autre  pensée  que  de  l'amener 
parceque  la  chose  lui  parut  de  conséquence  pour   le 

Interrogé  s'il  ne  connait  pas  le  père  et  la  mère  delà 
(11  e  Edmond. 

Répond  que  non  à  moins  qu'ils  aient  un  autre  nom. 

Sur  quoi  nous  lui  avons  <lit  que  le  père  de  la  dite 
Edmond  s'appelle  ordinairement  le  Grand  René. 

Répond  que  de  toute  cette  famille  il  ne  connait 
qu'un  nommé  Robert  pour  avoir  été  avec  lui  en  voya- 
ge à  Sonnontouan.  Il  n'était  pascejiendant  de  même 
cabane  ni  de  même  canot. 

Et  plus  avant  n'a  été  interrogé  lecture  faite  au  dit 
qui  répond  des  interrogatoires  et  réponses  ci-dessus,  il 
a  dit  que  ses  dites  réponses  contiennent  vérité,  y  a 
persisté  et  déclaré  ne  savoir  écrire  ni  signer  de  ce  in- 
terpellé suivant  l'ordonnance  et  a  été  fait  demeure  au 
dit  sieur  d'être  confronté  avec  la<lite  Edmond. 

R.  L.  Charfier  de  Lotbiuière 
Rageot 


—   239  — 

Rcpctititui  d'interrogatoire. 

L'an  mil  six  cent  quatre  vingt  seize  le  quinzième 
jour  de  juin. 

Nous  avons  fait  tirer  des  prisons  Anne  Edmond  y 
détenue  laquelle  après  serment. 

Interrogée  de  ses  nom,  âge,  qualité,  pays  natal  et 
demeure. 

Répond  son  nom  être  Anne  Edmond  âgée  de  seize 
ans  à  ce  qu'elle  croit,  fille  de  René  Edmond  habUant 
d'Argentenav  dans  l'île  Saint-Laurent  demeurant  chez 
son  père  avant  sa  détention,  qu'elle  n'a  point  de  pro- 
fession particulière. 

Interrogée  pourquoi  elle  vint  mercredi  dernier  de- 
mander passage  à  Dorval  et  le  prier  de  la  mener  en 
cette  ville. 

Répond  parcequ'elle  y  voulait  passer  pour  dire  ce 
qu'on  lui  faisait  dire. 

Interrogée  ce  qu'on  lui  voulait  faire  dire. 

Répond  ce  que  nous  limes  mettre  hier  en  écrit  dans 
le  temps  que  nous  l'interrogeâmes. 

Interrogée  à  qui  elle  a  dit  ces  nouvelles 

Répond  à  monseigneur  le  gouverneur  général  et 
qu'il  y  avait  deux  ou  trois  autres  personnes  avec  lui. 

Interrogée  ce  qu' elle  a  dit. 

Répond  qu'elle  l'a  dit  hier  et  qu'elle  ne  le  peut  pas 
répéter  aujourd'hui. 

Interrogée  si  elle  n'a  pas  dit  à  monseigneur  le  gou- 
verneur général  les  mêmes  choses,  contenues  dans  la 
troisième  réponse  de  l'interrogatoire  de  Dorval  pour 
quoi  nous  lui  avons  fait  lire  le  dit  article. 

Répond  qu'elle  lui  a  dit  tout  ce  qui  est  contenu  au 
dit  article  à  la  réserve  de  la  mort  du  sieur  de  Villebon 
dont  elle  ne  lui  a  pas  parlé,  mais  qu'elle  lui  dit  qu'elle 
avait  aidé  à  brûler  le  sieur  d'Iberville,  les  Anglais 
l'ayant  obligé  de  le  faire. 

Interrogée  pourquoi  elle  a  dit  avoir  parlé  du  dessein 


240  — 


'[u'elle  avait  de  se  travestir  en  homme  à  son  frère  René 
<'t  à  Jean  Laviolette  derrière  l'éçrlise  de  St-François 
dans  les  fredochea  puisque  cela  n'est  pas  vrai. 

Képond  que  son  frère  ne  veut  pas  le  dire  crainte 
qu'il  ne  lui  arrive  quelque  chose  disant  qu'elle  ne 
doute  pas  que  les  autres  ne  dénient  aussi  et  que  son 
frère  lui  a  laissé  la  clef  de  son  coflVe  à  dessein  qu'elle 
prit  ses  habits. 

Interrogée  pourquoi  dans  son  interrogatoire  de  ce 
jour  d'hier  lui  ayant  demandé  si  son  dit  frère  ne  lui 
donna  pas  la  clef  de  son  coftre,  pour  qu'elle  prit  ses 
habits  afin  de  se  déguiser  dans  le  dessein  qu'ils  avaient 
formé  ensemble,  elle  dit  que  son  dit  frère  ne  lui  avait 
point  parlé  de  cela,  et  que  même  elle  lui  avait  dit 
qu'elle  ne  viendrait  point  en  cette  ville  pour  donner 
la  nouvelle  des  Anglais,  crainte  d'être  découverte  et 
qu'elle  serait  perdue. 

Répond  qu'elle  croit  bien  qu'il  ne  s'attendait  pas 
qu'elle  viendrait  parcequ'elle  lui  avait  dit  qu'elle  ne 
viendrait  pas. 

Sur  quoi  nous  lui  avons  remontré  qu'elle  ne  dit  pas 
la  vérité,  ayant  dit  hier  que  son  frère  ne  lui  laissa  point 
sa  clef  pour  qu'elle  prit  ses  habits,  et  disant  aujourd'hui 
qn'il  lui  a  laissé  la  dite  clef  afin  qu'elle  les  prit. 

Répond  qu'elle  n'est  pas  assurée  qu'il  lui  ait  laissé 
pour  cela  et  qu'il  faudrait  avoir  bien  de  l'esprit  pour 
ne  pas  se  tromper. 

Interrogée  combien  de  fois  elle  a  parlé  à  Jean  La- 
violette du  dessein  qu'elle  avait  de  se  déguiser,et  venir 
donner  ces  nouvelles. 

Répond  qu'elle  ne  lui  en  a  point  parlé  que  derrière  l'é- 
glise Saint-François,  qu'elle  le  verrait  bien  entrer  qu'elle 
ne  le  connaîtrait  pas,  mais  que  pour  Joseph  Gaulin 
elle  le  connaîtrait  entre  un  millier  d'hommes,  et  que 
si  nous  voulions  lui  faire  une  grande  gntce  ce  serait 
de  ne  point  faire  voir  le  dit  Joseph  Gaulin. 


—  241  — 

Interrogée  ce  qu'elle  dit  an  dit  Jean  Laviolette. 

Eépond  que  ce  tut  JoFeph  Gaulin  qui  dit  parlant 
d'elle  qui  répond  :  "  Voilà  une  tille  qui  nous  empê- 
chera d'aller  en  guerre." 

Interrogée  où  elle  a  parlé  à  Robert  Gaulin. 

Eépond  à  la  Sainte-Famille  le  jour  de  la  Pentecôte. 

Interrogée  si  elle  tit  ses  dévotions  ce  jour  là. 

Eépond  que  non. 

Interrogée  ce  qu'elle  dit  au  dit  Robert  Gaulin. 

Répond  que  le  dit  Robert  Gaulin  lui  demanda  si  elle 
achèverait  le  dessein  qu'elle  avait  pris  avec  son  frère 
et  qu'elle  dit  qu'elle  ne  savait  point  parcequ'elle  avait 
[leur  d'être  découverte. 

Interrogée  pourquoi  elle  ne  veut  pas  voir  le  dit 
Joseph  Gaulin. 

Répond  parceque  c'est  lui  qui  est  cause  qu'elle  est 
<lans  l'état  où  elle  est,  ce  qu'elle  a  dit  en  pleurant. 

Interrogée  comment  il  en  est  cause. 

Répond  que  c'est  lui  qui  lui  a  mis  àlatête,et  qu'une 
pauvre  tille  ne  peut  pas  savoir  ce  que  c'est. 

Interrogée  comment  elle  s'est  ainsi  laissé  aller  au 
i-:entimen1  du  dit  Joseph  Gaulin  et  si  elle  l'aime  assez 
pour  entrey)rendre  une  chose  pareille. 

Répond  que  c'est  parcequ'il  lui  mettait  à  la  tête 
qu'elle  empêcherait  lui  et  son  frère  d'aller  en  guerre. 

Interrogée  si  le  dit  Gaulin  ne  lui  a  pas  parlé  du 
mariage. 

Répond  que  non,  qu'il  y  a  bien  trois  ans  qu'il  rôde 
à  la  maison  mais  qu'il  n'en  a  point  parlé  à  elle. 

Interrogée  si  elle  aime  tant  son  frère  comment  elle 
peut  l'accuser  comme  elle  fait. 

Répond  qu'elle  dit  ce  qui  est. 

Interrogée  si  elle  ne  s'est  pas  enfuie  de  chez  son 
j)ère  il  y  a  trois  ou  quatre  mois  et  pourquoi. 

Répond  qu'elle   ne   partit   que  le  soir,   mais   qu'il 


242  

l'avait  mise  dehors  et  qu'il  courut  après  elle,  et  la  ra- 
mena chez  lui. 

A  elle  remontré  qu'elle  ne  dit  pas  la  vérité  puisque 
ce  ne  fut  son  père  qui  la  ramena,  ayant  été  trouvé 
chez  Martineau. 

Répond  que  ce  fut  son  père  qui  la  trouva  après  souper. 

Et  plus  avant  n'a  été  interroiçée  lecture  faite  à  la 
dite  qui  ré}X)nd  de  ses  interrogatoires  et  réponses  ci- 
dessus,  elle  a  dit  que  ses  dites  réponses  contiennent 
vérité,  y  a  ]>er8isté  et  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce 
interpellée  suivant  l'ordonnance. 

R.  L.  Chartier  de  Lotbinière 

Rageot. 

Le  procureur  du  Roi  de  la  pré  voté  de  Québec  com- 
mis en  cette  partie  par  monseigneur  l'intendant  qui 
a  vu  les  procédures  faites  à  l'encontre  d'Anne  Edmond 
détenue  prisonnière  et  poursuivie  à  sa  requête  pour 
s'être  travestie  en  homme  et  venue  en  cette  ville  à 
dessein  de  surprendre  monseigneur  le  gouverneur  le 
voulant  persuader  faussement,  lui  disant  qu'il  était 
un  homme  qui  revenait  des  prisons  de  Boston  où  elle 
avait  été  détenue  trois  ou  quatre  années  et  d'où  elle 
était  sortie  afin  de  lui  donner  avis  que  les  Anglais  ve- 
naient as-siégrer  son  gouvernement  au  nombre  de  dix 
ou  onze  mil  hommes  avec  plusieurs  autres  mipostures 
qui  ont  causé  une  grande  rumeur  et  troublé  le  repos 
publiCy  les  dites  procédures  consistant  savoir  en  un  in- 
terrogatoire subie  par  la  dite  Edmond,  autre  interroga- 
toire par  René  Edmond  ensemble  la  confrontation  de 
l'un  à  l'autre  avec  notre  réquisition  tendant  à  ce  que 
le  nommé  Dorvaltut  aussi  interrogé  pour  l'interroga- 
toire servir  de  déposition  &i  le  cas  y  échéait  au  surplus 
qu'il  fut  informé  du  fait  et  a  eu  effet  la  dite  Edmond 
fut  éerouée,le  tout  en  date  du  quatorze  de  ce  mois,  in- 
terrogatoire subi  par  Jean  Dorval  avec  sa  confronta- 
tion à  la  dite    Edmond,   répétitioiv  de  l'interrogatoire 


—  243  — 

mibi  par  la  dite  Edmond,  déposition  de  Barthélémy- 
François  Bourgonnier,  sieur  de  Hauteville,  un  des 
écrivains  de  monseigneur  le  gouverneur,  le  récolement 
en  ea  déposition  avec  confrontation  à  la  dite  Edmond, 
et  l'ordonnance  de  monsieur  le  lieutenant  général 
portant  que  le  procès  nous  serait  communiqué  le  tout 
en  date  d'hier  et  après  avoir  tout  considéré  et  examiné 
le  dit  procureur  du  Boi  conclut  à  ce  que  la  dite  Anne 
Edmond  soit  déclarée  duement  atteinte  et  convaincue 
de  s'être  travestie  en  homme  pour  venir  surprendre 
monseigneur  le  gouverneur  lui  voulant  persuader  qu'elle 
vf^nait  des  prisons  de  Boston  pour  l'avertir  que  les 
Anglais  venaient  au  nombre  de  dix  ou  onze  mil  hom- 
mes assiéger  le  pays  et  autres  impostures  et  fausseté 
qui  ont  troublé  le  repos  public  et  qui  tendaient  à  em- 
pêcher le  progrès  des  armes  du  Eoi  en  ce  pays,  pour 
réparation  de  quoi  soit  condamnée  à  être  conduite  par 
l'exécuteur  de  la  haute  justice  par  toutes  les  rues  de 
la  ville,  et  être  battue  et  fustigée  les  épaules  nues  de 
verges  par  le  dit  exécuteur  dans  les  carrefours  et  lieux 
accoutumés  de  cette  ville  pour  ensuite  être  remise  en 
prisons  où  ses  parents  viendront  la  recevoir  pour  être 
par  eux  conduite  en  l'île  d'Orléans  lieu  de  leur  demeu- 
re où  ils  veilleront  à  sa  conduite  mieux  qu'ils  u'ont 
fait  par  le  passé  à  peine  d'en  répondre  et  la  dite  Ed- 
mond condamnée  en  vingt  cinq  louis  d'amende  envers- 
le  Eoi  et  que  les  hardes  d'homme  dont  elle  s'est  tra- 
vestie soient  vendues  à  l'encan  pour  le  prix  en  être 
distribué  aux  pauvres  de  l'Hôpital-Général.  Pour  ce 
qui  regarde  Dorval  renvoyé  déchargé  et  absous,  et  au 
sujet  de  Eobert  et  Joseph  Gauhn  avec  Eené  Edmond 
«t  Jean  Laviolette,  ils  seront  tenus  de  se  représenter 
toutefois  et  quant  les  charges  tenant  à  leur  égard  au 
procès. 

Conclu  à  Québec  le  seize  juin  1696. 

Dnpny. 


—   244  — 
FORMULETTE 


Grâce  aux  indications  d'un  distingué  magistrat,  juge 
de  la  cour  d'appel,  et  à  l'heureuse  mémoire  d'uu  lettré 
bien  connu,  membre  du  barreau  de  Québec,  je  puis 
donner  aujourd'hui  la  "  formulette  écrite  "  à  lac^uelle 
j'ai  fait  allusion  dans  les  Becherehes  Historique-'n  du 
mois  de  juillet  1899,  et  que  j'ai  signalée  comme  étant 
bien  connue  des  anciens  élèves  de  nos  collèges  cana- 
diens. 

Voici  cette  formulette,  qui  a  orné  la  première  page 
blanche  de  plus  d'un  dictionnaire  latin-français  ; 

Hic  liber. 

Pour  de  l'argent, 

Einptas  est, 

Chez  un  marchand. 

Si  quis  main, 

Par  aventure, 

Inveniet 

Sur  son  chemin ^ 

Iteddat  mihi 

La  couverture, 

Quœ  fada  est 

J)e  peau  de  chien. 

E.  G. 


On  demandait  en  1659  pour  le  passag^e  de  France  :k 
Québec,  175  francs,  indépendamment  des  provisions. 


^'** 


Oii  entendait  parles  officiers  de  plume,  le  contrôleur 
de  la  marine  ;  les  écrivains  principaux,  ordinaires  et 
autres  ;  le  trésorier  ;  le  garde  des  magasins. 


OIIAIÎLKS-MICHKL  D'IRU.MBERRY 
SALABKRRY 


DE 


—  246  — 
RÉPONSES 


Jean-Paul  Godefroy.  (X,  VII,  1019.}— Messire 
Jean-Panl,  comme  on  le  voit  souvent  désigné,  était 
fils  de  Robert  Godefroy,  conseiller  du  Roi  et  trésorier- 
général  de  l'extraordinaire  des  guerres,  et  de  Marie 
Marteau,  de  Saint-Nicolas  des  Champs,  de  Paris. 

Robert  Godefroy  fut  un  des  membres  de  la  Com- 
pagnie des  Cent  Associés. 

Le  désir  de  voir  des  pays  nouveaux  avait  poussé  le 
jeune  Jean- Paul  Godefroy  à  s'engager  comme  matelot 
dans  un  des  vaisseaux  de  Champlain. 

Il  était  déjà  dans  la  Nouvelle-France  en  1628.  (1) 

En  1629,  lorsque  Champlain  fut  obligé  de  rendre  le 
fort  de  Québec  à  Louis  Kertk,  Godefroy  retourna  en 
France  avec  son  chef. 

Il  revint  avec  lui  en  1633. 

En  1636,  Godefroy  est  commis  de  la  traite  à  Trois- 
Rivières.  (2) 

Dans  l'automne  de  1644,  Pierre  LeGardeur  de  Re- 
pentigny  et  Jean-Paul  Godefroy  furent  délégués  en 
France  par  les  habitants  du  Canada  pour  obtenir  du 
roi  quelques  changements  au  monopole  de  la  traite 
des  fourrures  possédé  par  la  Compagnie  de  la  Nou- 
velle-France. 11»  étaient  aussi  chargés  d'obtenir  le 
retour  des  Récollets  au  Canada  pour  y  exercer  le  mi- 
nistère paroissial  pendant  que  les  Jésuites  se  dévoue- 
raient à  l'évangélit-ation  des  Sauvages.  Cette  dernière 
demande  ne  fut  pas  accordée.  Mais  ils  gagnèrent 
leur  premier  point.     La   Compagnie  de  la   Nouvelle- 


(1)  Voyayes  du   sieur  de  Champlain.     Réimpi-ession  de 
l'abbé  Lîtverdière,  tome  6,  p.  58. 

(2)  Relation  de  1636— T^e  Jesuit  Relations  and  allied 
documents^  vol.  TX,  pp.  33,  57. 


—  247  — 

France  céda  le  commerce  des  fourrures  aux  habitants 
de  la  Nouvelle-France.  Ceux-ci,  en  retour,  devaient 
payer  les  frais  d'administration  de  la  colonie,  les  gar- 
nisons, soutenir  les  communautés  religieuses  et  payer 
à  la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France  chaque  année 
1000  livres  de  peaux  de  castor  comme  rente  seigneu- 
riale. 

En  1645,  (îodef^oy  commande  un  vaisseau.  (1) 

Même  chose  en  1647.  (2) 

Le  5  mars  1648,  le  roi  promulguait  un  nouveau  rè- 
glement qui  modifiait  considérablement  le  "  règlement 
pour  établir  un  bon  ordre  et  police  en  Canada,  "  donné 
le  27  mars  1647. 

Le  gouverneur  général,  à  l'arenir,  devait  être  nom- 
mé pour  trois  ans.  Il  pouvait  cependant  avoir  un  se- 
cond terme  de  trois  années.  Le  Conseil  jusqu'alors 
composé  de  trois  membres  devait  comprendre  le  gou- 
verneur de  la  colonie,  le  supérieur  des  Jésuites  de 
Québec  (en  attendant  qu'il  y  eût  un  évêque),le  dernier 
gouverneur  sorti  de  charge,  deux  habitants  du  pays 
élus  de  trois  ans  en  trois  ans  par  les  gens  tenant  le 
Conseil  et  parles  syndics  des  communautés  de  Québec, 
de  Montréal  et  de  Trois-Rivières.  S'il  n'y  avait 
point  d'ancien  gouverneur  dans  le  pays,  l'on  choisis- 
sait le  cinquième  conseiller  parmi  les  habitants  du 
pays.  Les  gouverneurs  particuliers  de  Montréal  et 
dô  Trois-Rivières  avaient  entrée,  séance  et  voix  délibé- 
r^itive,  lorsqu'ils  se  trouvaient  à  Québec. 

Les  premiers  membres  du  nouveau  Conseil  de  Qué- 
bec furent  M,  d'Ailleboust,  gouverneur  général,  le 
R.  P.  Jérôme  Lallemant,  supérieur  des   Jésuites,    et 


(1)  Journal  des  Jésuites,  1645.     The  Jesuit  Relations  and 
■allied  documents,  vol.  XX  VU,  p.  87. 

(2)  Jounud  des  Jésuites^  1657.     Idem,  vol  XXX,  p.    190, 


—  248  — 

les  sieurs  François  (\e  Cbaviiriiy  de  Berchereau,  Jean- 
Panl  Godefroy  et  Robert.  Giffard. 

M.  de  Montmagny,  remplacé  an  orouvernement  de 
la  Nouvelle-France  par  M.  d'Ailleboust,  partît  de 
Québec  le  28  septembre  1648  sur    le    vaisseau  amiral. 

M.  Jean-Paul  Godefroy  se  trouvait  sur  le  même 
vaisseau.  Mais  M.  de  Montmagny  commanda  lui- 
même. 

Au  voyage  de  retour,  M.  Godefrov  fut  amiral  de 
la  flotte,  en  remplacement  de  M.  Pierre  LeGardeur 
de  Repentigny.  (1) 

En  1  o50,  Jean-Paul  Godefrov  forme  une  société 
avec  Cbarles  LeGardeur  de  Tilly, François  Bissot,Loui8 
Couillard  de  Lespinay  et  d'autres,  pour  faire  la  chasse 
des  loups-marins  à  Tadoussac  et  la  traite  avec  les 
tSauvages.  (2) 

Les  négociants  de  la  Nouvel  le- Angleterre  avaient 
fait,  en  1648;  des  démarches  pour  établir  des  relations 
commerciales  entre  leur  pays  et  la  Nouvelle-France. 
Les  autorités  du  pays  étaient  favorables  à  cette  pro- 
position. Seulement,  elles  mirent  pour  condition  que 
les  deux  peuples  s'uniraient  pour  combattre  les  Iro- 
([uois,  qui  étaient  continuellement  en  guerre  contre 
les  tribus  favorables  aux  Européens. 

Le  R.  P.  Gabriel  Druillettes  chargé  d'entamer  les 
négociations  était  parti  de  Québec  le  1er  septembre 
le 50.  Il  fut  très  bien  reçu  dans  la  Nouvelle- Angle- 
terre où  il  passa  la  plus  grande  partie  de  l'hiver  de 
1650-1651.  Il  fut  de  retour  à  Québec  le  4  juin  1651, 
et  rendit  compte  de  ses  négociations. 

(1)  Journal  des  Jésuites.  1647-4S- TAe  Jesuit  Relations 
and  allied  documents,  voi.  XXXII,  p.  104. 

(2)  Journal  des  Jésuites,  1650.     Idem,  vol.  XXXV,  p.  56- 


—  249  — 

Le  Conseil  de  Québec  étudia  de  nouveau  la  question, 
«t,  le  20  juin  1651,  il  chargeait  Jean-Paul  Godefroy 
•et  le  R.  P.  Druillettes  d'aller  à  Boston  discuter  avec 
les  Commissaires  de  la  Nouvelle-Angleterre  la  ques- 
tion du  secours  demandé  contre  les  Iroquois. 

Les  délégués  étaient  porteurs  d'une  lettre  des  mem- 
bres du  Conseil  de  Québec  aux  CommiiPaires  de  la 
Nouvelle- A  ngleterre.  '"  La  Nouvelle-Angleterre  ayant 
proposé  de  lier  commerce  avec  la  Nouvelle-France, 
i?tait-il  dit  dit  dans  cette  lettre,  il  est  désirable  d'en- 
trer en  même  temps  en  une  ligne  offensive  et  défensive 
contre  les  Jroquois,  qui  empêcheraient  ce  commer- 
ce. "  (1) 

Le  R  P.  Druillettes  et  M.  Godefroy  partirent  le  22 
juin  165L  En  arrivant  à  Boston,  ils  constatèrent  que 
les  sentiments  avaient  changé.  La  Cour  des  Commis- 
saires discuta  les  propositions  des  délégués  de  la 
Nouvelle  France,  et,  après  une  longue  délibération,  les 
commissaires  décidèrent  qu'ils  étaient  favorables  à  la 
liberté  de  commerce  entre  les  colonies  anglaises  et  les 
colonies  françaises  ;  mais  ils  ajoutaient  qu'ils  aimaient 
mieux  y  renoncer  que  de  s'engager  dans  une  guerre 
contre  les  Iroquois.  M.  Godefroy  fut  de  retour  à 
•Québec  le  30  octobre  de  la  même  année. 

En  l'653,  Jean-Paul  Godefroy  était  marguillier  de 
Québec.  Il  signe  le  procès-verbal  d'une  assemblée  de 
marguillier  le  29  octobre  1653.  (2) 

Nous  ignorons  où  et  quand  décéda  Jean-Paul  Gode- 
froy. Tout  ce  que  nous  savons  c'est  qu'il  mourut 
avant  le  23  décembre  1668, 

(1)  Cette  lettre  datée  dn  20  juin  1651  est  publiée  en  en- 
tier dans  la  Collection  de  manuscrits  relatifs  à  la  Nouvelle- 
France,  vol.  I,  p.  128. 

(2)  Les  Ursulines  de  Québec,  tome  I,  p,  223. 


—  2àQ  — 

Il  av^ait  épousé,  à  Québec,' le  3  octobre  1(546,  Marle- 
Madelein.e,  fille  cle  Pierre  Le  ^ardeur  de  Repentigny 
et  de  Marie  Favery. 

Ils  eurent  deux  enfants  :  Barbe  et   Marie-Charlotte. 

Cette  dernière  entra  aux  Ursulînes.  de  Québec  et 
fit  profession  soiis  le. nom  de  soeur  Charlotte  du  Saînt- 
Sacreraent.     Elle  mourut  le  13  janvier  172().  . 

Nous  ne  connaissons  pas  non  plus  le  sort  de-  mada- 
me Godefroy  de  même  que  celui  de  sa-  fille  Barbe. 
Ce  .qui  nous  porte  à  croire  qu'ils  allèrent,  comme  M, 
Godefrov,  mourir  en  France. 

P.  G.  R. 

Jiiiiioiiville  et  ses  com Damnons.  (X,  V,  1011.) 
— Dans  le  printemps  de  17ô4,  le  capitaine  Pécaudy 
de  Contrecœur,  commandant  du  fort  Duquesne,  appre- 
nant que  le  colonel  Wasliinç^ton  était  dans  la  vallée  de 
l'Ohio  à  la  tête  d'un  corps  de  troupes,  chargea  l'ensei- 
gne Coulon  de  Villiers  de  Jumonville  d'aller  le  som- 
mer de  se  retirer  du  territoire  français.  Cet  officier 
partit  avec  une  escorte  de  trente  hommes  pour  .  aller 
accomplir  sa  mission. 

Le  27  mai,  au  soir,,  il  s'arrêta  avec  sa  petite  troupe 
dans  un  vallon  protbnd  et  ol»scur  pour  y  passer. la, 
nuit.  Mais  des  .Siuivages  enqeniis  avaient  prévenu 
"Washington  cle  sa  présence  en  cet  endroit  et  le  lende- 
main, 28  mai,  vers  7  ou  8  heures  du  matin,  Jumon- 
ville et  ses  tiente  homrnes  se  trouvèrent  enveloppés 
par  les  Anglais  et  les  Sauvages.  Accompagné  de  son 
interprète,  l'officier  français  s'avança  pour  leur  expli- 
quer qu'il   était  porteur  d'un  message   de   son    chef. 

Mais  les  Anglais  ne  voulurent  rien  entendre,  et  leurs 
balles  couchèrent  sur  le  sol,  blessés  à  mort,  Jumonville 
et  neuf  de  ses  compagnons.     Les  autres  membres    de- 


-    2.31  — 

l'escorte  furent  faits  pris  Miniers.  Un  seul,  un  Cana- 
<lien  (.lu  nom  de  Manceau  ou  Mon<eau,  put  s'échapper, 
et  alla  avertir  M.  de'Contrecœur  du  guet-apens  dans 
lequel  venait  de  tomber  M.  de  Jumonville, 

Les  noms  des  braves  qui  accompagnaient  l'enseigne 
de ''umonville  ont  éré  conservés. 

Furent  tués  :  Derodssel  (Québec)  ;  Caron  (Québec)  ; 
Charles  Bois  (Pointe  Claire)  ;  Gerosine  (Lapràirie)  ; 
L'Enfant  (Montréal)  ;  Paris  (Mille  Iles)  ;  Languedoc 
(Boui-herville)  ;  Martin  (Bouchèrville)  ;  LaBatterie, 
tambour.  '"•  '  ',  ' 

Furent  faits  prisonniers  et  envoyés  à  Londres  : 
Drouillon,  oincièr  ;Bduchërville,  c{\det  ;  Dusablé,  ca- 
det ;  Louis  Paul  (Sorêl)  ;  Jean-Baptiste  Berger  (Ya- 
rennes)  :  Augustiti  Bonvouloir  (Longueuil)  ;  Joachim' 
Parent  (1)  (Soulaiigès)  ;  NichoTas  Milles  (LaChine)  ; 
Ducharme  (LaChine)  ;  Joseph  Brown  (Montréal)  : 
Albert  Ouimet  (Mille  Iles)  ;  Joseph  Duchâtelet  (L'As- 
somption) ;  Joseph  Larabél  (Longue  Pointe). 

Fureiit,  faits  prisonniers  et  envoyés  à  la  Martinic^ue  : 
■Girardin  (Ile  Jésus)  ;  Lavigne  (Varennes)  ;  Morisseuu 
lEepcntigu}')  ;  Trouin  (Repentigny)  ;  Qpllef  (Charles- 
bourg)  .;  Homier  (Montréal), 

Fait  priso^inier  t;t  envoyé  en  prison  à  la  Virginie  : 
Laforce.  -, 

C'est  à  l'occasion  de  l'assassinat  de  Jumonville  ..que 


(1)  M.  E-B.  O'Callagîiân,  dans  .*: on  important  ouvrage 
Documents  reUiiive  to  the  colonial  history  of  the'sîat&  of 
JVeic-  Yor-k.ixol.  X,  p.  352.  publie  une  dtclanition  de  Jean- 
Baptiste  Bergei'-et  de  Joaehini  Parent  dans  laquelle  il^,  ru- 
•eontent  tous  les  i^auyais  traitements  qu'on  leur  lit  subir 
pendant  leur  caiilivité.  Ils  furent  mis  en  liberté  le  27  sep- 
tembre 1755. 


—  252  — 

racadémicien  Thomas  écrivit  son  poème  JamonvilU. 
Outre  nos  grands  historiens,  on  peut  consulter  avec 
profit  sur  le  guet-apens  du  2vS  mai  1754,  les  Anciens 
Canadiens  où  M.  de  Gaspé  détend  avec  chaleu?  et 
talent  la  mémoire  de  M.  de  Jumonville,  qui  était  son 
grand-oncle. 

M.  de  Tracy  était-il  marqui»  ?  (X,   V,   1013  > 

— M.  de  Tracy  était-il  marquis  ?  Tous  nos  histo- 
rienSySuivant  en  cela  CharleToix,lui  ont  donné  ce  titre. 
Cependant,  à  deux  exceptions  près,  il  n'est  désigné 
ainsi  dans  aucun  écrit  contemporain. 

Dans  sa  commission  de  lieutenant  général,  il  est  ap- 
pelé "  le  sieur  de  Prou  ville  Tracy  ou  le  sieur  Prou  vil  le 
de  Tracy.  "     {Edits  et  ordonnances,  vol.  III,  p.  27). 

Voici  comment  il  s'intitule  lui-même  dans  le  préam- 
bule d'une  ordonnance  rendue  par  lui  à  la  Martinique: 

"  Nous,  Alexandre  de  Prouville,  Chevalier,  Seigneur 
des  deux  Tracy,  Conseiller  du  roi  en  ses  conseils.  Lieu- 
tenant général  des  armées  de  Sa  Majesté  et  dans  le» 
Isles  de  la  Terre  ferme  de  l'Amérique  méridionale  et 
Septentrionale,  tant  par  mer  que  par  terre  ;  ayant  re- 
connu que  par  concession.  Privilège  et  Coutumes  il 
se  pratiquait  ou  se  devait  pratiquer  eti  l'île  de  la  Mar- 
tinique les  choses  suivantes, .en  vertu  du  pouvoir 

à  naus  donné  par  Sa  Majesté,  avons  fait  les  règlement? 
qui  suivent.  '''  (Moreau  de  Saint-Méry,  Lois  et  Coutu- 
mes des  colonies  françaises,  vol.  I,  p.  138). 

Dan»  les  plumitifs  du  Conseil  Souverain,  M,  de 
Tracy  est  appelé  '-'■  Messire  Alexandre  de  Prouville, 
chevalier,  seigneur  de  Tracy,  conseiller  du  roi  en  ses 
conseils,  lieutenant  général  pour  Sa  Majesté  en  Amé- 
rique Méiidionale  et  septentrionale  tant  par  mer  que 
par  terre.  "  {Jugements  et  DéUbérations  du  Conseil 
Souverain,,  vol.  I^  p.  364), 


—  253  — 

La  Mère  de  l'Incarnation,  Talon,  Colbert,  Louis  XIV, 
en  parlant  de  lui,  disent  :"  M.  de  Tracy  "  ou  "  le 
sieur  de  Tracy.  "  Cependant  Mgr  de  Laval,  dans  son 
Informatio  de'  statu  ecclesiae  Novae  Franciae  du  21  oc- 
tobre 1664,  l'appelle  "  Dominus  Marchio  de  Tracy. 
Et  la  Relation  de  1665  dit  :  ''  le  roi  fit  choix  de  Mon- 
sieur le  Marquis  de  Tracy.  "  Charlevoix  et  l'auteur 
«le  V Histoire  de  V Hôtel- Dieu  de  Québec  ont  eraboité  le 
pas  au  Père  LeMercier,  rédacteur  de  cette  relation. 
Où  est  la  vérité?  Ce  n'est  point  là  un  point  très 
important,  ma'is  nous  avons   cru    devoir  le  signaler. 

(Thomas  Chapais,  Jean  Talon,  intendant  de  la  Nou- 
relie-France,  p.  65). 

Le  Père  Daulé.  (VI,  XII,  768.)— —Le  26  juin 
1794,  débarquait  à  Québec  un  jeune  prêtre,  âgé  de  28 
ans,  qui  n'avait  pour  tout  bagage  qu'un  bréviaire,  un 
violon,  et  un  recueil  de  cantiques.  Encore  ce  recueil— 
pour  éviter  sans  doute  des  frais  de  douane— n'était-il 
imprimé  que  dans  sa  mémoire.  Il  se  nommait  Jean- 
Denis  Daulé.  C'était  un  prêtre  que  la  Révolution 
Française  avait  chassé  de  son  pays.  Dans  sa  vieillesse, 
le  bon  Père  Daulé,  -c'est  ainsi  que  toute  la  population 
de  Québec,  s'accordant  en  cela  avec  le  clergé,  appelait 
le  vénérable  octogénaire — le  bon  Père  Daulé  se  complai- 
sait à  raconter  une  étrange  et  singulière  aventure  sur- 
venue le  jour  même  de  son  arrivée  en  Angleterre. 

Il  pouvait  être  cinq  heures  du  soir,  à  la  nuit  tom- 
bante, en  octobre.  Le  triste  émigré  suivait,  au  hasard 
de  la  route,  un  chemin  parallèle  au  rivage  d'où  s'éloi- 
gnait déjà  le  navire  sauveur  dont  les  blanches  voiles 
«éclairaient  seules  un  ténébreux  horizon.  Il  s'en  allait, 
absolument  perdu  sur  cette  terre  étrangère,  ne  sa- 
chant même  pas  le  nom  de  la  ville  ou  du  hameau  vers 
lequel  il  marchait.  Où  coucherait-il  aujourd'hui? 
Mangerait-il  demain  ? 


—  254  — 

Tout  à  coup  un  galop  furieux  se  fait  entendre  der- 
rière lui.  Le  pauvre  vagabond,  qui  se  tenait  au  mi- 
lieu de  la  chaupsée,  se  range  an  plus  vite.  Lç  cïieval, 
en  apparence  indomptable,  semblait  emporter  spn  ca- 
valier à  l'abîme.  Comme  il  par^s^iit  devant  lui,,  l'ani- 
mal atîblé  fit  ùh  écart  terrible.  Mai^  son  maîtrQ,  par 
un  pi'odigi'eux  coup  de  bride,  l'arrêta  .net.  Daulé,.  se 
croyant  mort,  était  tombé  à  genoux,  les  mains,  jointes, 
criant  :  "  Mon  Dieu  !  "  Le  cavalier  saute  à  terre,; 
court  au  'prêtre,  le  relève,  puis,  avec  l.e  grand  geste 
d'un  assassin  qui  poignarde,  il  lui  enfonce.  . .  .un  por 
tefeuille  dans  la  poitrine.  Avant  que  le  proscrit  épou- 
vanté ne  soit  revenu  de  sa  stupéfaction,  le  fantastique 
inconnu  remonte  en  selle,  pique  des  deux,  et  disparaît 
dans  l'obscurité  comme  un  personnage  suspect  de  lé- 
gende. '    •     '  ■ 

Le  portefeuille  contenait  vingt  louis  d'or  et  une 
carte  sur  laquelle  était  écrit  le  nom  d'un  pavs  que  le 
lecteur  devinera  sans  peine.  Avec  cet  argent  le  bon 
Père  D?ulé  paya  ses  frais  d'auberge  au  village,  son 
voyage  à  Londres  et  son  passage  à  bord  du  premier 
navire  appareillant  pour  le  Canada. 

Il  débarqua  à  Québec  le  26  juin  1794,  et  se  retira 
au  séminaire.  Le  premier  octobre  suivant,  il  alla  ré- 
sider chez  les  Jésuites.  Il  fut  curé  de  la  paroisse  des 
Ecureuils  de  1795  à  1806.  ■  De  1806  à  188-2— vingt- 
six  ans — il  fut  le  chapelain  des  religieuses  Ursulines  à 
Québec.  Ce  fut  durant  ce  long  séjour  au  monastère 
qu'il  prépara  son  Bfcaeil  (h  cantiques  à  Vitsage  diidio-' 
rèseâe  Québec,  en  reconnaissance  du  fraternel,  accueil' 
qu'il  avait  reçu  au  pays.  Ce  Recueil  fut  publiai  en  1819 
sous  le  voile  de  l'anonymat.  '     ' 

Devenu  aveugle,  Jean-Denis  Daulé  se  retira  à  l'An- 
cienne Lorette  chez  M.  François-Xavier  Gilbert,  ins- 
tituteur, son  protégé,où  il  mourut,le  16  novembre  18'52, 
à  l'âge  patriarcal  de  86  ans.  Ernest  Myrand  ■ 


—  255  — 

Lord  'Metcalf.;.  (X,  T.  993.)  —C'est  à  Calcutta,  ca- 
pitale de  l'Inde  anglaise,  que  naquit  Charles-Théophilu- 
Metcalte  le  30  janvier  1785.-    ■ 

,  Son  père. .  le  ,ïiiajor,.Tlion>as'Théofphïlns  Motcalfe, 
après  av(jir,taic  une  fortune  considérable  •  dans  l'fnde 
retourna  s'établir  en  Anglererre  peu  après  la  u  lissance 
de  son  tils.  Il  était  un  des  principaux  directeurs  delà 
Compagnie  des  Indes  Orientales, 

Ses  études,  terminées,,!''-  jeune  Metcalfe  entra  au 
service  delà  puissante  Compagnie.  Ses  talents  le  fi- 
rent arriver  très  vite.  En  moins  de  vingt-cinq  ans, 
de  simple  commis  il  s'éleva  à  la  position  importante  de 
lieutenant-gouverneur  d'Agra.  Mais  en  1838  un 
dift'érent  avec  les  directeurs  de  la  Compagnie  des 
Indes  Orientales  l'engagea  à  doinier  sa  démission. 

L'année  suivante,  il  était  nommé  gouverneur  de  la 
Jamaïque.  Un  chancre  contracté  dans  l'Inde  et  qui 
lui  rongeait  la  figure  le  força  à  demander  son  rappel  en 
1842.     Il  partit  de  la  Jamaïque  regretté  de   tous. 

Dès  son  arrivée  en  Angleterre,  Metcalfe  se  mit  sous 
les  soins  de  médecins  éminents.  Sir  Benjamin  Brodic 
et  un  médecin  indien,  le  docteur  Martin,  lui  firent  su- 
bir une  opération.     Le  patient  se  crut  guéri. 

Quelques  semaines  plus  tard,  il  acceptait  le  poste 
de  gouverneur-général  du  Canada  que  lui  offrait  le 
o;ouvernement  anglais.  Sa  commission  est  en  date 
du  24  février  1843.     Il  arriva  ici  un  mois  plus  tard. 

En  1845,  la  maladie  empirant  toujours,  il  fut  forcé 
de  donner  sa  résignation.  Il  retourna  en  Angleterre 
où  il  mourut,    le    5  septembre    1846. 

Fendant  son  séjour  au  Canada  Metcalfe  avait  été 
appelé  à  la  chambre  des  lords. 

Son  corps  repose  dans  les  caveaux  de  la  petite  église 
de  Winkfield,  près  de  Fern  Hdl. 

Lord  Metcalfe  ne  s'était  pas  marié.  Son  titre  s'étei- 
ifnit  avec  lui. 


—  256  — 
QUESTIONS 


1026 — Le  lieutenant  George  Weir  qui  fut  tué  à 
Saint-Denis  par  les  patriotes,  le  23  novembre  1837, 
fut-il  inhumé  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  ? 

Pat. 

1027—  Le  sieur  François  Prévost,  major  de  Québec 
en  1690,  est-il  le  même  François  Prévost  qui  fut  gou- 
verneur de  Trois-Rivières  ?  J.-R. 

1028 — Le  testament  de  Champlain  a-t-il  été  publié 
quelque  part?  Aubr. 

1029 — Les  journaux  d'Angleterre  annonçaient,  l'an- 
née dernière,  qu'on  avait  retrouvé  le  journal  du  fa- 
meux major  André  pendant  les  campagnes  de  1777- 
1778  ?     Où  ce  précieux  manuscrit  a-t-il  été  déposé  ? 

P.  0.  G. 

1020— Qu'était-ce  que  cette  affaire  de  '''■double  shiffie  '' 
qui  fit  tant  de  tapage  au  Canada  il  y  a  un  demi-siècle? 

Dip. 

1031 — Y  a-t-il  eu  plusieurs  souches  de  familles 
Garneau  au  Canada  ?  Boit-on  écrire  Garnault  ou 
Garneau  ?  Garn. 

1032 — Le  sieur  de  Villeneuve,  ingénieur  de  la  Nou- 
velle-France, de  1685  à  1688,  puis  de  1691  à  1693, 
est-il  mort  dans  notre  pays?  XXX 


QTTBBBC-OBNTR /^L 

LKS  TI^AIXS  (^UITTKXT   I.ÉV'IS 

A.   M.      )    cl    M  (.'faillie,    eliai.-s    l'nlluianu.  Purluir.  IJuttct 
j'.isquà  Poi-lland. 

3rA)KXPH.K8.S   ])K    IJOSToX    KT  NKW-'.'ORK. 
.\j\J   -    ;>oin"  Slicrbrookc.    lîosion.    Sjiiin^^field.    Xevv- 
W  A;,      j     ^'^)■|•k.  tous  les  j><)iius  (le  la  \'niivelle-AiT^-!'.lenv. 
aussi   licauce  cl  Mi.''i;';iatic.    c'uns   J'nlliiiaii    uonoiis  sur  ce 
train. 

2rvr '^spÉcrAL  dk  xew-york   i-:t  nosrox. 
,VJ^J    -    Ce  nouveau  train  coininencera  :i  eiteiilei'  le  24. 
P.    M.      )    juin  avec  cluirs  (liiecls  iaisîMit  le  irajei    le  plus 
rapide  entre  (^(iiébec  et  New-York. 

7  f\r\  ^  ^^^^^'^'OMMODATIOX.  De  Lévis  A  Sheib-ooke, 
/  ,\J\J    -   et  tou.s  les  points  sur  le  eheniin   de   Ter    P.oslou 
P.   M.     )    k  Maine. 

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land,  Choquelte,  Cimon.  Coursol,  Ennis,  Garneau, 
Gauthier,  Kane,  de  Lanaudière,  LeBoutillier,Marmette, 
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'Qui  maiiet  in  patriâ  et  palriam  cognosctrc  ttmnit. 
Is  rr.ihi  non  civis  sed  ptregrinus  erit 


PIEERE-GEORGES   ROY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFE 

LÉVIS 


REOHKRCHES  HISTORIQUES 


Sommaire  de  la  livraison  de  septembre:  Visite  pas- 
torale de  Mgr  Denauten  Acadie  en  I8O0,  Mgr  H.Tètii  : 
Le  monument  de  Champlain  à  Bronage,  P.  G.  R.  i 
Doit-on  écrire  Samte-Foy  ou  Sainte- B'oye  ?  L'abbé 
H* -A.  Scott  ;  José  Paul,  L'abbé  G.  Dugas  ;  Le  nom; 
de  Longueil, Benjamin  Suite  ;  IVotonotaires  du  district 
de  Trois- Rivières  ;  La  fabrication  de  la  potasse  au 
Canada,  Thomas  Chapais  ;  Le  sieur  de  Villeneuve^ 
ingénieur  du  roi,  P.  G.  R.  ;  John  Autrobus,  P.  G.  R.  ; 
Le  chevalier  de  Troye,  P.  G,  R,  ;    Questions,  etc.,  etc. 

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RF]CHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  SEPTEMBRE  r.904  ^o  9 


VISITE  PASTORALE  DE  MGR  DEÎTAUT  EN 
ACADIE  EN  1803 


Lorsque  Mot  Denaiit  visita  l'Acadie.  en  1803,  il  y 
avait  cent  dix-sept  ans  qu'un  évêque  y  avait  pénétré. 
Depuis  la  visite  de  Mgr  de  Saint- Vallier,  en  1686. 
les  voyages  en  France  et  la  captivité  en  Angleterre  de 
•ce  prélat,les  guerres  entre  la  France  et  l'Angleterre,  la 
longue  vacance  du  siège  épiscopal  après  la  conquête, 
les  difficultés  énormes  qui  suivirent,  la  maladie  pro- 
lou'gée  <3e  Mgr  Briand,  l'âge  et  les  infirmités  de  son 
successeur  :  tout  cela  avait  empêché  absolument  l'éve- 
•que  de  Québec  d'aller  donner  la  confirmation  aux 
Acadiens.  Mgr  Denaut  fut  le  premiei-  qui  pût  rem- 
plir ce  devoir  important,  en  même  temps  qu'il  allait 
•organiser  d'une  manière  plus  parfaite  cette  partie  si 
intéressante  et  si  méritante  de  son  immense  diocèse. 

Mgr  Hubert,  son  prédécesseur,  avait  bien  eu  l'inten- 
tion de  se  rendre  jusqu'à  Halifax  ;  mais  après  avoirpar- 
•couru  tout  le  pays  jusqu'à  la  Baie-des-Chaleurs  inclusi- 
vement, il  avait  été  obligé  de  renoncer  à  ce  dessein 
pour  se  préparer  à  la  mort. 

Le  27  mars  1802,  Mgr  Denaut,  qui,  comme  on  sait, 
demeurait  à  Longueuil,  écrit  à  son  coadjuteur  Mgr  Pies- 
sis  :  "  J'ai  re<ju  d'Halifax  les  nouvelles  les  plus  consolan- 
tes. La  paix  y  règne  ;  on  témoigne  la  plus  grande  sou- 
mifsion,  on  m'en  a  donné  les  preuves  les  moins    équi- 


Toques.  An??i  suis-je  plus déterniinéqiie jamais iFalk-i 
visiter,  ce  printemps,  ces  bons  Irlîindais,  que  votrij 
Grandeur  verrait  sans  doute  avec  [ilaisir,  si  y  on  étuis 
empêché  par  quelque  acrident  que  je  ive  [>révois  pas.  " 

Le  26  avril,  autre  lettre  du  même  au    même  : 

"  La  saison  avançant  toujours,  et  ne  tiouvant  point 
d'occasion  pour  envoyer  ce  gros  paquet  qui  renternu- 
les  Mandements  pour  la  visite  de  la  Ni)nvelIe-Ecosse, 
Isle  Saint-Jean,  Ca[»-Breton,  etc.,  je  suis  obljo-é  de  payer 
à  la  poste,  dans  res|)éranc'e  que  Votre  Grandeur  trou- 
vera prochaiiiemei>t  une  occasion  t'avoral>le  [«>ur  l"a- 
theminerà  Fadressec^e  M.  B-urke. 

"•  Je  crois  partir  d'ici  vers  le  lô-  fwi  20  de  mai  [jc.'ur 
Québec.  Cest,  je  supjxwe,  le  temps  le  plus  propre 
})Our  trouver  des  bâtiments  qui  voyagent  à  Halitux. 
A^otre  (grandeur  voudrait-elle  st-  donner  la  }'eine  de 
^.'informer  d'avance  V" 

Mais, le  11  juin  de  la  mênïe  année,  le  prélat  est  obli- 
gé de  retirer  son  mandement  du  20  avril  précédent 
ft  d'annoncer  aux  hal'itants  de  la  Xouvelle-Ecosso 
qu'il  lui  est  impossible  de  remettre  en  route  pour  aller 
les  visiter  ''  Nous  nous  proposions  de-  protiter  du 
premier  vaisseau  qui  ferait  voile  vers  quelqu'un  de 
Aos  ports  :  mais  la  I*rovidence  divine  en  a  ordonné 
fAitrenient.  Aucun  bâtiment  d'ILtlitax,  ou  d'aucune 
partie  de  la  Nouvelle- lù-osse,  n'a  encore  paru  dans  la 
rade  de  Quél>ec  ;:  et  les  vents  constamment  opposés  au- 
raient empêché  notre  voyage,  quan.d  même  nous  eus- 
fi.ions  trouvé  quelque  moyen  de  nous  embarq[uer. 

"Nous  sommes  donc  forcé,pour  les  raisons  sus-dites, 
et  vu  la  saison  avancée,  de  remettre  à  l'an  prochain 
la  visite  de  vosra-issions  ;  et  la  douleur  que  nous  ressen- 
tons de  ce  retardement  n'est  adoucie  que  par  l'espé- 
rance que  Dieu  nous  donne  de  recueillir  uiie  plus  abon- 
dante moisson,  lorsque  vous  aurez  produit,  pendant  le 


—  259  — 

•C(ïurs  (le  cette  année,  de  nouveaux  truitis  de   salut  et 
•de  justice.  . .  ."'  (î) 

Bien  décidé  de  ne  plu;<  se  lier  aux  hasards  de  la  na- 
A-igation  lluviaic,  Mgr  Denaut  prit  le  parti  le  plus  sûr 
•et  choisit  la  route  des  £tats-Unis  pour  se  rendre  à 
JTalifjix. 

Le  2  mai  1803,  il  écrit  à  Mgr  Flessis  :  •'  Mon  dé^ 
}iart  est  fixé  à  denjain  :  j'irai  coucher  à  Saint-Jean,  et 
an'eniharquerai,  le  lendemain,  sur  un  bâtiment  ou  ba- 
teau jusqu'à  Burlington,  qui  fera  ma  route  à  Boston. 
-7'ai  la  chance  d'avoir  rencontré,  pour  ce  voyage. 
M.  Nanched.  français  de  nation,  établi  depuis  18  ans 
en  cette  ville,  et  qui  est  venu  dernièrement  en  Canada 
,pour  ses  aftaires,  très  recommandé  par  M.  Matignon. 

"Il  :sera  poiur  nous  un  bon  compagnon,  un  guide  né- 
cessaire  

"•  Son  Excellence  ora  envo3'é  par  la  poste  dernière 
des  lettres  de  recommandation  aux  gouverneurs 
des  endroits  que  je  dois  parcourir,  j'en  suis  chargé  des 
différents  i»articuliers  qui  y  ont  de  bonnes  connais- 
sances  " 

Mgr  Denaut  partit  en  effet,le  3  mai, pour  ea  pénible 
•et  longue  visite  pastorale.  Il  avait  pour  compagnons 
•de  voyage,  M.  Pierre  Conefroy,  curé  de  Boucherville, 
et  M.  l'abbé  Jean-Jacques  Lartigue,  qui,  prêtre  depuis 
trois  ans  seulement,  était  secrétaire  de  l'évêque  de 
Québec.  Mais  on  verra  qu'il  manqua  le  bateau  à 
Saint-Jean  et  i>artit  ensuite  de  Québecpour  aller  rejoin- 
dre le  prélat  à  Halifax.  Je  vais  <;ontinuer  de  citer 
des  extraits  des  lettres  que  Mgr  Denaut  adressa  à 
Mgr  Ples^sis,  puis  je  reproduirai  le  cahier  de  cette  vi- 
site pastorale.  Il  est  écrit  tantôt  par  l'évêque  lui-mê- 
me,tantôt  par  M.  Conefroy,  ou  par  l'abbé  Lartigue,  et 

(1)  Mandei/ifuts  des  Evêqi/es  de  Québec.  2ènie  vol. .p.  529. 


—  260  — 

contient  des  statistiques  importantes  pour  riiistoire  de 
l'Acadie. 

"  Halifax,  18  juin  1803, 
"  Monseigneur, 

•'  Je  ne  vous  ferai  pas  de  reproches,  mais  pourtant  je 
m'attendais,  en  arrivant  ici  le  lo  du  courant,  trouver 
une  lettre  de  Votre  Grandeur,ou  en  recevoir  immédia- 
tement par  un  vaisseau  qui  a  jeté  l'ancre  dans  ce 
port,  le  lendemain  de  mon  arrivée,  et  qui  aurait  diL 
porter  mon  secrétaire  que  j'apprends  être  à  Québec, 
quelques  jours  avant  son  départ.  Serait-il  aussi  mal- 
adroit à  Québec  qu'il  l'a  été  à  Saint- Jean  ?  ÎJè  capi- 
taine de  ce  vaisseau  m'a  dit  qu'il  y  avait  un  briii; 
prêt  à  faire  voile  pour  ce  pays,  et  j'espère  qu'il  ne  man- 
quera pas  cette  occasion  pour  me  joindre  ici,  d'où  je 
ne  dois  partir  qu'à  la  tin  de  l'autre  semaine,  (l) 

"Vous  avez  su  quej"al  quitté  Longueuil  le  3  de  mai. 
Un  vent  contraire  m'a  arrêté  à  Saint- Jean  quatre 
jours.  Partis  enfin,  le  dimanche  à  6  heures  du  matin, 
nous  avons  fait  voile  Y'^ur  Burlington  devant  lequel 
nous  avons  passé  à  7  h.  du  soir.  A  10  h.  du  matin, 
nous  sommes  arrivés  à  Charlottebay  et  avons  été  traî- 
nés comme  des  criminels  condamnés  à  la  potence,  sur 
des  wagons  les  plus  durs,  par  des  chemins  horrible- 
ment mauvais,  à  travers  des  montagnes  escarpées,  dans 
une  distance  de  104  milles  jusqu'à  Wulpool,   où   nou< 

(1)  (^uel  homme  malchanceux  quo  ce  di^iieet  vertueux 
abbé  Lartigue  qui  devint  le  premier  évoque  de  Montival!  Les 
maladies  et  les  chagrins  i'acconapugnaient  partout,  et  l'on 
sait  quil  fut  loin  de  trouver  le  bonheur  dans  lépiscopat 
qu'il  avait  refusé.  Comme  son  divin  Maître,  on  pouvait 
dire  de  lui  :  Et  sui  fuiu  non  receperimt .  Au  moment  où  les 
difficultés  paraissaient  aplanies,  arrivèrent  les  troubles  de- 
183T  et  lSé>8,  pour  mettre  le  comble  à  ses  peines  et  empoi- 
sonner les  dernières  années  de  sa  vie. 


—  261  — 

avons  trouvé  des  stages  qui  nous  ont  conduits  à  Boston 
très  à  notre  aise,  Xous  avions  besoin  de  ce  changement 
heureux  de  voitures  et  de  chemins  pour  nous  remettre 
des  grandes  fatigues  que  nous  avions  essuyées  depuis 
Saint-Jeun  :  car  nous  n'avons  pas  été  mieux  traités  sur 
mer  que  sur  terre.  Enlin,  après  toutes  ces  misères, 
dont  nous  rions  à  présent,  nous  sommes  arrivés  à  Bos- 
ton, dimanche  midi,  15  mai.  .J'y  ai  séjourné  jusqu'au 
"1.  Le  plus  honorablement  traité,  comblé  d'honnê- 
tetés et  de  politesses  par  les  personnes  les  plus  distin- 
guées. (1)  Si  j')' eusse  demeuré  un  mois,  selon  leurs 
désirs,  je  n'aurais  pu  mangé  une  seule  fois  à  mon  au- 
berge, que  j'ai  quittée,  avec  leur  charmante  ville,  à 
leur  grand  regret  exprimé  de  la  manière  la  plus  capa- 
ble d'exciter  les  sentiments  de  la  plus  vive  reconnais- 
sance dans  un  cœur  moins  susceptible  que  le  mien. 

"  Quelle  ditlerence  !  Il  n'y  a  pas  vingt  ans  qu'ils 
m'auraient  pendu  sans  forme  de  procès. 

"  Neuf  à  dix  jours  ont  été  employés  à  la  visite  des  pa- 
roisses du  Cap  Sable  et  de  Sainte-Marie.  Je  suis  à  Hahfax 
depuis  lundi,  13  du  courant,  traité  avec  autant,  d'hon- 
neurs qu'à  Boston  par  les  puissances  civiles  et  ecclé- 
siastiques. Car  l'évêque  Charles  (2)  est  ici,  en  visite 
comme  moi  ;  nous  nous  en  acquittons  chacun  de  notre 
côté,  à  qui  mieux  mieux.  Xous  sommes  avec  M.  Les- 
ter, qui  jouit  d'une  très  lionne  santé,  les  commensaux 
de  M.  Burke,  qui  Cbt  toujours  le  même  à  peu  près.  11 
fait  du  bien  dans  cette  mission 

"  Je  suis  avec  un  respectueux  attachement.  . . 
"  t  r.  Evêque  de  Québec." 

(1)  Les  deux  seuls  prêtres  résidant  alors  à  Boston  étaient 
les  abbJsCheverus  et  Matignon. 

(2)  L'évêque  prolestant  le  I>r  Charles  Inglis. 


—  262  — 

'•  Halifax,  3  juin  1803. 
''  Monseigneur, 

"M.Lartigucporteiir  de  la  lettre  de  Votre  Gran<lear, 
datée  du  jotir  de  la  Fête-Dieu,  vient  de  mêla  remettre 
ce  matin.  Je  croyais  partir  d'ici  pour  Arichat  demain, 
mais  sa  faible  santé  que  le  trajet  a  rendue  mauvaise, 
jointe  H  d'autres  raisons  de  poids,  m'a  déterminé  à 
diftérer  mon  départ  de  cette  ville  jusqu'à  mardi.  Le 
capitaine  Doucet,  le  fils,  doit  me  conduire  à  ce  poste 
où  je  suis  attendu  avec  impatience  et  où  j'ai  in)  patience 
de  me  rendre  ;  mais  il  y  a  eu  tant  d'affaires,  qu'il  est 
difficile  de  les  terminer  avec  promptitude  ;  j'ai  l'espé- 
rance pourtant  de  réussir. 

"  J'ai  écrit  à  N'otre  Grandeur,par  la  première  poste, 
après  mon  arrivée  à  Halifax  ;  mais  cette  voie  est  très 
lente 

"•  Présentez,  je  vous  prie,Monseigneur,  à  Son  Excel- 
lence (1)  mes  respectueux  homniages,  et  faites-lui  mes 
plus  sincères  reniercîments  pour  la  glorieuse  réception 
que  m'a  faite  Son  Excellence  le  gouverneur  Sir  John.(2) 

"Je  doute  pas  que  je  ne  doive  à  sa  lettre  de  recom- 
mandation toutes  les  bontés  que  j'éprouve  de  Son  Ex- 
cellence et  de  Alilady.  Oli  !  l'amiral  Sir  André  Mit- 
chell  !  Je  n'ai  point  d'expressions  pour  vous  rendre 
ses  attentions,  ses  égards,  son  affection,  son  respect 
même.  Tout  plein  de  ses  bontés,  j'en  suis  confus,  et 
quand  je  me  plains  qu'il  en  i'ait  trop,  il  m'assure  qu'il 
m'est  eïicore  redevable. 

"  L'autre  jour,  il  me  fit  conduire  à  son  bord  par  son 
premier  <  apitaine.  Quand  j'eus  mis  le  pied  sur  le  vais- 
seau, je  crus  être  amiral  moi-même,  car,  par  ses  ordres, 
on  me  fit  les   mêmes  honneurs.     Chacun   était  à  son 


ri)  Sir  Robeit  Shores  Milnes. 
(2)  Sir. John  Sherbrooke. 


—  203  — 

]»r)ste.  Lu  garde  se  mit  sous  les  armes,  fit  le  salut  mi- 
litaire, et,  conduit  par  tous  les  officiers,  je  visitai  tout 
ce  qu'il  y  avait  de  curieux  à  voir,  et  fus  reconduit  avec 
les  mêmes  honneurs.  11  en  a  encore  fait  plus,  mais  le 
détail  serait  trop  long,  je  vous  le  ferai  à  Québec,  si  j'y 
pense.  Bien  loin  d'être  enorgueilli  de  tant  d'honneurs, 
je  vous  dis.  Monseigneur,  avec  toute  sincérité,  je  suis 
humilié  ;  j'admire  et  adore  la  Providence  qui  se  joue  etc. 

''  Il  me  disait  hier,  qu'il  espérait  que  la  déckration 
de  la  guerre  ne  l'empêcherait  pas  de  faire  un  voyage 
eti  Canada,  ce  qu'il  désire.  "  Mon  évoque,  car  c'est 
ainsi  qu'il  m'a  toujours  appelé,  je  ne  veux  pas  quitter 
ces  contrées  sans  avoir  votre  bénédiction.  "  Si  nous 
nous  trouvons  emsemble  à  Québec,  vous  verrez  que 
tout  ce  que  je  vous  dis  n'est  rien  en  comparaison  de  ce 
dont  vos  yeux  seront  les  témoins. 

"  J'ai  terminé  hier  ma  visite  que  j'ai  commencée  le 
lendemain  de  mon  arrivée.  Il  y  a  eu  beaucoup  d'ou- 
vrage, quelques  difficultés.  Le  Seigneur  a  béni  mon 
travail.  Je  quitte  ce  jiays  avec  les  plus  grandes  con- 
solati<.)ns  et  j'éprouve  avec  reconnaissance  que  Dieu  se 
sert  souvent  de  plus  petits  instruments  pour  faire  les 

meilleurs  ouvrages 

"  t  P.  Ev.  de  Québec." 

"  Ariehat,  11  juillet  1803. 

'•  Monseigneur. 

"  Parti  d'Halifax,  jeudi  dernier,j*arrive  ici  entre  dix 
à  onze  heures  en  bonne  santé,  fatigue  en  bâtiment  ex- 
ceptée. Je  trouve  ici  M.  Lejamtel,  missionnaire  d'une 
très  grande  étendue  de  terrain,  à  droite  et  à  gauche, 
devant  et  derrière,  courant  çà  et  là  avec  promptitude 
et  avec  zèle  à  ce  qu'il  me  parait.  Avec  lui  est  M.  Al- 
lain,  à  cheveux  blancs,  qui  dit  la  messe  et^a  soin  de  la 
cabane,  pendant  l'absence  du  premier,  et  qui  serait  ca- 


—   264  — 

pable  de  plus  s'il  n'était  travaillé   de   l'asthme.     D'ail- 
leurs il  parait  jouir  d'utie  bonne  santé, 

"  Ces  deux  messieurs  me  détournent  d'aller  eliez 
M.  Champion  (1),  qui  n'a  qu'une  très  petite  population 
éloignée  d'ici  de  trente  lieues,  et  une  mauvaise  naviçra- 
tion  pour  y  parvenir.  Je  ne  suis  pas  encore  détermi- 
né ;  je  prendrai  hauteur  ;  je  fais  écrire  à  ce  monsieur 
une  lettre  qui  l'informe  que  je  suis  ici  et  que  je   désire 

l'y  voir 

"  t  P.  Evêque  de  Québec.*' 

'  "  Arichat,  25  juillet  1803. 
"  Monseigneur, 

"  Je  ne  sais  si  mes  lettres  écrites  d'Halifax  vous  sont 
parvenues  ;  je  n'en  ai  reçu  de  Votre  Grandeur,  que 
celle  qui  me  fut  remise  en  arrivant  à  cette  ville  que 
j'ai  quittée  le  14  au  soir.     Je  suis  arrivé  à  ce  haAM'o  le  18. 

"  Les  brumes  fréquentes  dans  ces  parages  ont  retardé 
le  passage.  Les  Sauvages  qui  arrivent  en  bandes  me 
retarderont  encore  deux  jours.  Je  partirai  ensuite 
sur  une  goélette  que  j'ai  louée  pour  un  mois,  pour  le 
Havre  à  Boucher,  Tracpdie  et  Pumket,  où,  selon  les 
apparences,  je  séjournerai  8  à  10  jours.  M.  McDonell, 
qui  est  venu  me  sahier  ici, doit  me  présenter  cent  famil- 
les écossaises  qui  sont  plus  à  proximité  de  deux  de  ces 
postes.  Ce  n)onsieur  est  seul  chargé  de  la  desserte  de 
plusieurs  missions  très  éloignées  les  unes  des  autres.qui 
forment  une  population  de  3.000  âmes.  Le  père  Au- 
gustin (2)  n'est  chargé  du  soin  d'aucune  âme.  Il  est 
venu  à  St-Jean  pour  vivre  et  mourir  en  repos  chez  son 
frère  qui  réside  en  cette  isle. 

(1)  A  Chétican. 

(2)  M.  Augustin  McDonald.  Il  demeurait  chez  son  frère 
le  Capitaine  McI>onald.  à  Tracadie.  Isle  Saint-.Ican  ;  comme 
on  le  verra  plus  bas,  le  25  août  1803,  Mgr  lui  doviiia  des  pou- 
voirs pour  qu  il  pût  desservir  les  gens  des  environs. 


—  265  — 

"  Je  irai  peint  été  ù  Sydney.  Le  voyage  eût  été 
trop  coûleiix,  pénible  et  rien  à  faire.  Je  suis  presque 
décidé,  contre  ma  première  résolution,  d'aller  à  Cbéti- 
can,  Magié  et  aux  !sles  de  la  Madekine,  Isle  St-Jean, 
<^tc.  Je" ne  crois  jras  pouvoir  être  à  Qu-ébec  -au  temps 
<lont  je  nr  étais  flatté  d'abord.  Les  passages  d'un  lieu 
à  un  "iiutre  ^ont  difficiles  et  il  y  a  beaucoup  d'ouvrage  à 
taire. 

"    Continuez  de  prier  pour  votre  etc. 

'•  t  P.  Evoque  de  Québec." 

"  Charlcttetown,  15aoûtl80a. 
*'  Monseigneur, 

"  J'ai  écrit  A  Votre  -Grandeur,  d'Arichat  que  j'ai 
quittée  le  26  juillet  pour  me  rendre  au  Ilavre  à  Bou- 
cher, où  je  suis  arrivé  le  lendemain.  J'ai  visité  le  Ha- 
vre, Tracadie  et  Pnmket,  qui  ont  pris  8  jours  De  là 
j'ai  poursuivi  ma  route  avec  M.  McDonell  qui  s'est 
trouvé  dans  ces  postes  pour  présenter  à  la  Confirmation 
les  Ecossais  de  l'Isle  du  Cap-Breton,  à  Maniganish  où 
i'ai  séjourné  cinq  jours  pleins.  J'ai^  passé  ensuite  à 
^Pictou  pour  quelques  atiaires  particulières,  et  me  voilà 
à  Cbarlottetown  d'où  je  partirai  demain,  après  avoir 
administré  le  sacrement  de  la  force  à  quelques  per- 
sonnes de  la  Congr-égation  de  M.  Calonne.  dont  le  nom- 
bre s'est  borné  à^^^  à  30,  dont  la  majeure  partie  sont 
des  ivrognes  Le  galant  homme  que  <  et  abbé  I  Que 
de  talent's  !  que  de  vertus  !  que  de  simplicité  !  que 
d'humilité  !  je  me  flattais  du  plaisir  de  l'emmener  en 
Canada,  où  je  l'attendais  dès  l'automne  dernier  ;  mais 
je  crains  de  n'avoir  pas  cet  avantage  ;  je  le  devine 
d'après  le  peu  que  nous  avons  dit.  Je  finirai  avec  lui 
<2ette  aftaire  dans  le  cours  de  la  visite  de  cette  isle,  qu'il 
fait  avec  moi.     Je  vois  de  quel    côté  il  penche,    et  je 


—  266'  — 

sens  que  je  ne  pourrai  pas  ni'enipecher  de  me  prêter  :V 
ses  désirs. 

"J'ai  reçu  à  Ariebat  pur  M.  Champion  la  lettre  q  ne 
Votre  GraïKleur  a  confiée  au  bateau  qui  a  abordé  à 
Chétican  La  population  esl  si  petite,  la  di-itance  si 
éloignée  (il  faudrait  retourner  sur  mes  pas  pour  plus 
de  30  à  40  lieues),  que,  d'après  l'avis  de  ces  messieurs^ 
j'ai  continué  ma  route. 

"  En  arrivant  ici,  j'ai  trouvé  un  père  capucin  muru 
d'attestations  favorables  d'un  évêque  d'[rlande,et  d'o- 
bédience de  son  provincial,  envoyé  particulièrement 
par  ce  dernier  pour  un  établissement  nouveau,  que 
doivent  faire  cent  familles  écossaises^  que  l'on  at- 
tend chaque  jour,  sur  un  vaste  domaine  que  possède 
rnylord  de  Selkerk  quien  fait  les  frais.  Il  leur  donne 
des  terres,  il  les  nourrit  trois  ans  etc.,  paie  au  mission- 
naire cent  louis  par  année  jusqu'à  ce  que  les  habitants 
puissent  par  eux-mêmes  lui  eu  donner  autant.  11  est 
allé  faire  la  visite  de  ses  possessions  i>eu  éloignées  de 
cette  vilk,  et  il  doit  être  demain  de  retour,  dans  l'en- 
vie de  me  voir  et  de  nous  entretenir. 

'*I1  est  dernièrement  arrivé  plus  de  cent  familles  ca- 
tholiqiaesqui  vont  augmenter  la  population  de  M.  Alc- 
Donell  déjà  trèsnomoreuse,  et  qui  vient  d'apprendre 
par  une  lettre  de  son  évêque,  qu'il  n'aura  point  le 
compagnon  qu'il  attendait.  Ce  monsieur  est  encore 
vigoureux  et  fort,  nuiis  il  est  snrcharg.-. 

"  On  me  dit  que  le  même  vaisseau  (pu  porte  ces  Ecos- 
sais, porte  aussi  un  M.  McDonell  que  j'ai  demandé, 
l'automne  passée  po-ur  remplacer  M.  Alexandre  vivant  ; 
il  le  remplacera  mort. 

'•  J'espère  le  voir  avant  de  quitter  cette  isie.  Je  lui 
facihterai  son  paseage  à  Québec.  Je  crois  bien  qu'il 
est  à  mes  frais  ;  ménagez  l'argent  en  cas  que  j'en  aie  be- 
soin.    Je  suis  parti  de   Longueuil  avec  300   louis,  et 


--  267  — 

mon  trésorier  Conefroy,  à  qui  je  parle  de  dépense  nou- 
velle,me  répond  que,  si  je  vais  ce  train,  je  serai  obligé 
<]'en)prunter  avant  mon  retour  à  Québec.     Deas  provl- 
ilcbit      Paie  toujours. 

"Je  doute  si  je  pourrai  tout  voir  avant  la  fin  de  sep- 
tembre ;  il  faudrait  plus  d'un  été  pour  tout  faire. 

"  Je  me  porte  assez  bien  ;  mais  je  suis  sans  aucun  ap- 
pétit. Je  ne  mange  que  de  la  soupe,  et  du  pain  quand 
J'en  trouve  ;  nous  n'en  avons  pas  toujours.  Conefroy 
jouit  de  la  meilleure  ganté,  il  a  engraissé,  de  deux  pou- 
ces au  moins,  son  ventre  pointu  Lartigue  serait  bien 
si  un  mal  d'aventure  au  pouce  ne  le  taisait  beaucoup 
soufirir  ;  mais  c'est  un  mal  qui  se  passe  vite.  Ils  me 
prient  tous  deux  de  vous  présenter  leurs  hommages. 
Mes  compliments  à  tous.  Portez  mes  meilleurs  aux 
trois  communautés  ;  je  sens  l'eflet  de  leurs  prières,  je 
désire  qu'elles  continuent^  N"e cessez  pas  vous-même 
de  penser  à 

"  Votre  très  humble  serviteur, 

"  t  P-  -Evêque  de  Québec." 

^'Gédaïk,  £5  septembre  1S03, 
■*'  Monseigneur, 

"Je  quitterai  demain  ce  poste  pour  me  rendre  à  Mem- 
ramkouk  ;  j'y  passerai  quatre  ou  cinq  jours,  et  de  là 
droit  à  Québec  par  la  rivière  Saint-Jean.  Je  visiterai 
Madawaska,  et  Votre  Grandeur  recevra  de  là  de  mes 
nouvelles  par  l'express  qui  ira  chercher  des  chevaux. 

"  M.  Lartigue  que  j'ai  laissé  à  Miramichi,pour  se  re- 
mettre des  fatigues  de  la  mer,  qu'il  ne  peut  plus  sup- 
porter, va  hiverner  à  Halifax.  J'ai  rencontré  le  père 
Oiquard  à  Richibouctou  ;  M.  Power  parait  lui  dispu- 
ter la  place 

■'^  Je  suis  avec  un  profotid  attachement. . . . 

•'  t  P.  Evêque  de  Québec." 


—  26S  — 

Lettre  de  Mgr  I>enaut  à  ''  M.  Auguatin  McDonaM,  ptre^ 

Présent  " 
"  Tracadie  en  TlsleSt-Jean,  25  août  1803. 
*•'  Monsieur^ 

'•' Vous  êtes  autorisé  parla  présente  à  ct>utiniier  de 
rendre  à  la  fan^ille  du  Capitaine  MeDouaid  et  à  tous- 
ses fermiers  les  services  que  V(jus  leur  avez  rendus 
jusqu'à  présent  ^et  de  leur  [Kivt  ils  continueront  à  vous 
donner  les  mêmes  ho-noraires.  Pendant  le  ten>ps  de 
cette  desserte,  vous  exercerez  les  mêmes  pauvoirs- 
qu'exerçait  M.  McEachern  avant  l'annéo  1800,  et  dont 
il  vous  donnera  copie.  Je  vous  permets  de  dire  la 
messe,  même  la  messe  paroissiale,  pour  les  personnes^ 
susdites,  dans  une  chapelle  bénite  à  cet  elFet,  et  même 
dans  une  maiso-n  particulière,  pourvu  que  ce  soit  dans- 
une  chambre  décente 

"  t  P.  Evêque  de  Québec." 

Mgr  Denaut  était  à  Gédaïk  le  23  septembre  ;  le  9* 
octobre,  on  le  trouve  à  Ste-Anne.  X.  B.  ;  le  19,  à  Ma- 
dawaska,  et  le  29,  à  Québec. 

Dans  un  prDcliain  numéro,  nous  publierons  les  par- 
ties les  plus  intéressantes  du  cahier  de  cette  visite  pas- 
torale, 

MSR  H.  TÊTU 

{A  continuer) 


LE  xMOÎ^UMENT  CHAMPLAIN  A  BROUAGEd) 

Dans  VAcadknsis  de  juillet-octobre  1904  (nos 
3-4,  vo-l.  IV),  an  trouvera  une  belle  gravure  du 
monument  élevé  à  Brouage,  en  Saintonge,  en  l'hon- 
neur de  Champlain.  M.  David-Russell  Jack  donne- 
dans  la  n^ême  livraison  des  détails  très  intéressants 
gur  la  ville  de  Brouaafe. 

P.  G.  R. 

(I)  IX,  TX,  373. 


—  269  — 

DOIT-ON   ÉCRIRE   SAINTE-FOY   OU 
SAINTE-FOYE  ? 


L'IJistoire  de  Notre-Dame  de  Sainte-Foy  adopte,  eu 
son  titre  même,  la  première  orthographe,  et  l'auteur, 
au  nom  de  la  vérité  historique,  exprime  le  désir  de  la 
voir  prévaloir  sur  celle  qu'a  consacrée  l'usage.  Mais 
l'usage  n'est-il  pasjws  etnorma  loquendi  ?  Sans  doute, 
pourvu  qu'il  ne  soit  contraire  ni  à  la  grammaire,  ni  à 
l'histoire — ni  au  sens  <  ommun.  Or  ici,  qu'on  examine 
la  question  au  point  de  vue  historique  ou  purement 
grammatical,  monseigneur  l'usage  paraît  bien  être 
en  cette  posture  fâcheuse. 

Essayons  de  le  démontrer  court  et  clair. 

Il  faut,  au  préalable,  remarquer  que  le  nom  actuel 
de  Notre-Dame  de  Sainte-Foy  est  formé  de  deux  noms  : 
Sainte-Foy^  nom  donné  par  M.  de  Puiseaux  à  un  fief 
qui  lui  fut  concédé  en  1637,  et  N.-D.  de  Fo3%  titre  de 
la  statue  miraculeuse  envoyée, en  1669,  au  P  Chau- 
monotparle  P.  de  Véroncourt,  et  vénérée  pendant 
Ion sjtemps  dans  la  petite  chapelle  de  la  côte  Saint- 
Michel.  (1)  Le  iief  situé — il  est  difficile  de  le  con- 
tester— dans  les  anciennes  limites  de  la  paroisse,  et 
même,on  peut  V  affirmer  sans  grande  chance  d'erreur,(2) 
sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  du  Cap-Rouge,  a  laissé 
son  nom  à  tout  ce  coin  de  pays.  Et  ce  nom,  parce- 
qu'il  était  plus  ancien  ou  plus  court  peut-être,  a  pré- 
valu sur  celui  de  Notre-Dame  de  Foy  donné  à  la  paroisse 
par  Mgr  de  Saint- Vallier,  lors  de  l'érection  canonique 
en  1698  :  il  est  maintenant  environné  d'un  trop  grand 


(1)  Aujourd'hui  chemin  Sainte-Foy. — Ou  nous  pardon- 
nera de  renvoyer  pour  plus  de  détails  à  VHist.  de  N.-D.  de 
S.- F.,  I.  135,  i49  SB. 

(2)  Voiries  raisons,  Op.  cit.,  152-153,  col.  149. 


—  270  — 

éclat  historique  pour  qu'il  soit  désirable,  ou  même 
possible  de  le  changer. 

Mais  sans  le  changer,  il  n'est  pas  défendu  de  l'écrire 
correctement.  Hé  bien,  étudié  sous  l'une  ou  l'autre 
forme,  la  conclusion  s'impose,  nécessaire,  inévitable, 
qu'il  faut  l'écrire  Sainte-Foy  et  non  Sainte-Foye.  (1) 

Au  point  de  vue  grammatical,  rien  qu'un  mot  tant 
la  chose  est  évidente. 

Notre-Dame  de  Foy,  qu'on  l'invoque  sous  le  titre 
de  Virgo  jidelis  (2),  comme  en  Belgique,  ou  de  Mater 
fidei,  comme  à  Amiens  où  une  chapelle  Ini  est  dédiée, 
est  toujours  considérée  et  honorée  comme  le  modèle 
ou  la  gardienne  de  la  Foi.  Quant  à  sainte  Foi — on 
écrivait  jadis  sainte  Foy — ,  patronne  de  quelques  pa- 
roisses de  France,  c'est  en  latin,  saucta  Fides  Encore 
la  Foi.  Or,  de  l'aurore  delà  langue  française  jusqu'à 
nos  jours,  jamais  le  mot  foi,  dans  le  sens  d'hommage 
ou  de  croyance,  n'a  été  écrit  avec  un  e  :  on  a  écrit  fé, 
fi,  fay,  foy  (3)  ;  foye  ou  foie  en  aucun  temps.  La 
vierge  martyre  d'Agen  a  été  appelée  sainte  Fide, 
nulle  part  sainte  Foye  ou  sainte  Foie. 

Le  mot  foie,  comme  tout  le  monde  sait,  désigne 
tout  autre  chose  qu'une  vertu  théologale  !  et  ainsi 
Sainte-Foye  e^t  non  seulement  une  faute  contre  la 
grammaire,  mais  un  contre-sens. 

Le  point  de  vue  historique,  plus  important,  fournit 
des  preuves  plus  éclatantes  encore.  Enumérons-les 
sans  les  développer. 

(1-)  Danh  le  Bulletin,  de  mars  1900,  nous  avions  exprimé 
desscru])u]es  sur  ce  jjoint.  Dei)ui.s  notre  conscience  s'est /or- 
mée.  Nous  ne  croj-ons  pas  que  la  radiation  de  l'e  parasite 
puisse  en  rien  nuire  à  l'histoii'e. 

(2)  Hist.  de  N.-D.  de  Lorette.  par  l'abbé  Lindsay,  133,  ss. 

(3J  V.  Liitré. 


—  271  — 

1^  Eu  Belgique,  où  le  culte  de  N-D.  de  Foy  a  pris 
naissance,  au  commencement  du  XVII  siècle,  on  a 
toujours  écrit  X.-D.  de  Foy.  (1) 

"J.'^  Dans  l'authentique  (it)  envoyée  au  P.  Chaumo- 
not  avei-  la  statue  miraculeuse  en  1669,  il  y  a  N.-D.  de 
jPo]/.— De  quel  droit  le  bon  père  écrivait-il  N.-D.  de 
Foye  ? 

3°  Dans  l'édition  Burrows  des  Relations,  où  les  do- 
cuments sont  donnés  aveclenr  orthographe  originelle, 
si  l'on  trouve  parfois  X.-D.  de  Foye,  on  trouve  très 
souvent  N.-D.  de  Foy.  (3)  Et  d'ailleurs  l'orthogra- 
phe des  Relations^  fut-elle  toujours  fautive,  ne  sau- 
rait prévaloir  sur  eelle  que  suivait  la  Belgique  et  que 
portait  l'authentique  jointe  à  -la  statue. 

4*^  Dans  l'acte  d'érection  canonique  de  la  paroisse, 
le  18  septembre  1698,  Mgr  de  Saint- Vallier  dit 

"  Comme  dans  le  lieu  appelé  couimunémeut  Notre- 
Dame  de  Fo(/,  il  y  a  un  nombre  considérable  de  fidèles 
et  une  église.  .  .  .(4)  etc. 

h'^  Le  nom  de  Saiate-Foy  (5),  donné  à  son  fief  par 
M.  de  Puiseaux,  tut,  à  n'en  pas  douter,  emprunté  com- 
me celui  de  Saint-Michel,  à  quelque  village  de  France. 
Il   y    avait    alors   et  il  y  a  encore    en  France    deux 


(1)  Voir  Histoire  de  S.!),  de  Foy.\}ar\e.  P.Buuneuc,S.-J. 

(2) Voir  cette  pièce  dans  le  Bulletin  de  mars  19U0. 

Çà)  Voir  vol  Lir.  1-J4.  130  ;  LV.  2-tS,  25fJ.  276,  312,  etc., 
LVIl4(i,  (}2,  toujours  iV-D.  de  Foy,  dans  le  texte  du  P.  de 
Lamberville,  LVIII,  p.  130,  dan^  le  titre  ;  LX,  pp  (j8-80,  86. 

(4")  Aux  archives  du  Sém.  de  Québec. 

(5)  y.  Bist.  de  N.-D.de  S.-F.  L,  135,  149,  ss.  —Nous  ne 
disons  rien  de  Sainte- Faix,  parce  que  M.  Paillon  a  été  seul 
à  orthographier  de  la  sorte  ei  encore,  une  fois  seulement. 
—Hist.de  N.D.  de  Ste-Foy,  1,  152.  not  2. 


—  272  — 

bourgs  ou  petites  villes  de  près  de  quatre  et  cinq  mille 
âmes  respectivement  appelés  Sainte-Fo}'  :  Saiute-Foy- 
la-Grande,  dans  le  département  actuel  de  la  Gironde, 
ancienne  place  forte  des  protestants^,  et  Sainte-Foy, 
près  de  Lyon.  Or  jamais  ces  noms  n'ont  eu  d'autre 
orthographe  que  celle  que  nous  donnons  ici. 

6'^  Nouf.  avons  des  documents  originaux  où  est 
mentionné  le  fiefde  M  de  Puiseaux:  la  donation  qu'il  en 
fait  aux  associés  de  Montréal,  en  16^1  (1),  la  rétro- 
cession consentie  par  M.  de  Maisonneuve  en  1646  (2). 
Or  partout  on  écrit  Sainte.-Foy. 

7°  Le  29  octobre  1678,  Mgr  de  Laval  érige  une 
grande  paroisse.  "  Sanè,  dit-il,  cum  in  locis  rulgo 
nuvcupatis  Soivte-Foy,  Gauderville,  Saint-Michel,  la 
route  Saint-Ignace  et  Lorette,  muUus  jam  existât  po- 
piit'us  fdelis  tt  eccifsia  aedijicata,  Parochiam  covstituerc 
(lecrevimus .  . .  .(5)  " 

On  pourrait  ajouter  la  manière  dont  écrivent  les  an- 
ciens notaires,  les  greffiers  du  Conseil  Souverain  qui 
authentiquent  nos  registres,  les  plus  vieilles  pièces  de 
nos  archives.  Mais  ce  que  nous  avons  dit  suffit,  cro- 
yons-nous, à  prouver  amplement  que  l'orthographe 
Sainte-Foye  est  aussi  contraire  à  la  grammaire  qu'à 
l'histoire  et  au  bon  sens. 

Sera-ce  assez  pour  déraciner  la  routine?  Si  tous 
les  lecteurs  du  Bulletin,  qui  forment  une  élite  intellec- 
tuelle, se  donnaient  la  main  peut-être  y  pourrait-on 
arriver.  Mais  une  erreur  est  facile  à  accréditer,  diffi- 
cile à  faire  disparaître.  Le  bon  père  Chaumonot,auteur 
de  celle-c],  a  eu  pour  complice  nos  grands  historiens 

(1)  "  Uist.  de  N.B.  de  Ste-Foy,  "  I  150,  ss. 

(2)  Idem  appendice,  503,  sb. 

(3)  Pitce  originale,  aux  archives  du  S>m.  de  Québec. 


—    -Zlb 


♦ly.î  ne  pouvaient  guère  s'occuper  de  ces  détails,  ('^ 
n'est  ceitaitienient  man((U«r  de  respect  ni  à  l'un  ni  aux 
antres  que  de  chercher  à  la  faire  disparaître.  La  vé- 
rité une  fois  connue  doit  être  reconnue. 

Déjà  la  poste  nous  donne  le  bon  exemple  et  ses  ca- 
chets portent  désormais  Sahife-Foi/. 

A  nous  de  l'imiter. 

L'abbé  IL- A.  Scott 


JOSÉ  PAur^ 

José  Paul  était  un  Canadien  né  à  Sorel.  Sa  force 
musculaire  était  prodigieuse.  Un  jour,  dans  un  maga- 
sin de  la  Compagnie  de  la  Baie  d'Hudson,  un  commis 
voulut  essayer  les  forces  de  José.  Dans  un  coin  du 
magasii),  il  avait  entassé  des  barils  de  sucre,  parmi 
lesquels  il  en  avait  glissé  un  reRjpli  de  plomb  Com- 
me José  était  à  converser  avec  quelques  amis,  le  com- 
mis, ayant  Pair  de  lui  demander  un  service,  le  pria  de 
lui  mettre  sur  le  comptoir  les  barils  qu'il  lui  désigna. 
Un  ^  baril  de  cent  livres  ne  pesait  pas  aux  bras"^  de 
José  ;  il  se  mit  à  les  passer  lestement.  Tout  à  coup  il 
s'aperçut  du  tour  qu'on  voulait  lui  jouer;  il  venait  de 
saisir  le  baril  de  plomb.  Alors,  comme  Samson,  arra- 
chant les  portes  de  la  ville  de  Gaza,  il  tait  un  effort 
suprême  et  levant  cet  énorme  poids  dans  ses  bras,  il  le 
rabat  de  toutes  ses  forces  sur  le  comptoir.  Le  commis 
ne  riait,  plus  ;  les  planches  furent  brisées  en  morceaux, 
le  plancher  enfoncé,  et  le  baril  roula  au  fond  de  la  cave. 
—  Tiens  1  dit  José,  va  ramasser  ton  plomb,  mon  petit. 

L'abbé  G,  Dugas 


—  274  — 
LE  XOM    DE    LOXGUEIL 


Pour  faire  suite  aux  notes  que  j"ai  publiées  dans  le 
BalUthi  {1899,p.  209)  voici  des  renseignements  qui  se 
trouvent  datia  le  Joarnat  des  Débats^  de  Paris,  à  la 
date  du  19  février  1904,  sous  la  signature  bien  connue 
d'André  llallays  : 

"•  La  famille  de  Longueil,  originaire  de  Xormandie 
où  su  seigneurie  était  voisine  de  Dieppe,  possédait  la 
terre  de  Maisons  depuis  la  lin  du  quatorzième  siècle. 
Elle  l'avait  agrandie  par  des  acquisitions  successi- 
ves. "  Maisons  est  à  cinq  lieue§  de  Paris,  du  côté  de 
Saint-Germain.     La  Seine  coule  devant  cette  propriété. 

René  de  Longueil  était  conseiller  au  parlement  lors- 
que, en  1642,  il  fut  liommé  président  à  mortier,  et 
tout  aussitôt,  confia  ù  François  Mansart  le  soin  de  lui 
élever  un  château  sur  le  domaine  en  question.  On  en 
a  évalué  la  dépense  à  plus  de  six  millions  de  francs,  ce 
qui  représente  autant  de  piastres  de  notre  monnaie  ac- 
tuelle. 

"  Comment  Longueil  put-il  s'offrir  cette  roj'ale  fan- 
taisie ?  Nous  sommes  là-dessus  assez  mal  renseiijnés. 
Tout  ce  que  Ton  sait,  c'est  qu'en  1650  il  fut  nommé 
surintendant  des  linances.  Quand,  peu  de  temps  après, 
on  le  remercia,  il  eut  ce  mot  charmant  et  signitlcatif  : 
-  Ils  ont  tort  ;  j'avais  fait  mes  affaires  ;  j'allais  faire 
les  leur». 

Souvenons-nous  que,  en  1651,  François-Xicolas  de 
Longueil,  page  du  roi.  fut  envoyé  au  Canada  avec 
Jean  de  Lauzon.  L'été  de  l'année  suivante,  on  le 
trouve  présent  à  un  mariage  aux  Trois-Rivières  en 
compagnie  de  Charles  LeMoine,  natif  de  Dieppe,  et 
qui  devait  être  de  son  âge.  Je  suppose  que  François- 
N  icolas  était  fils  de  René,  ce  (pu  nous  ramène  à  la 


seigneurie  de  Diepj.e.  Lorsque,  pins  tard,  Louis  X'  V 
anoblit  LeMoiiie  c-elui-ci  adopta  le  nom*  do  Loi)o;ueil, 
•fini  s'écrivait  conimunémeul  Lon2;iieni]. 

T.e  château  de  Mais-oup,  l'un  cks  jîlus  Tnao-iyifiques 
•de  la  France  qui  (n  compte  rm  si  grand  nomlue,  passa 
•«le  Eeué  à  ses  descendants  dont  le'dernier  s'éteignit  en 
1782.  Eïisuite.  allant  de  niain  en  niain.  il  devint  la 
l)ropriété  du  banquier  ].{iffiite  qui  morcela  la  terre,  en 
]830,  et  démolit  plusieurs  liâtiments.  Tel  qu'il  est 
c'est  eixore  une  merveille.  On  va  le  démolir  pour 
vendre  <les  lots  à  constraire  des  villas. 

Bexja.min  Sulte 

PROTONOTAIRES   DU  DISTRICT  DE 
j  TROLS-RIVIÈRES 

Charles  Thomas H  .lécembre  1704 

Charles  Thomas  ^ 

Ilugh  Fraser        /    ' /   octobre  1809 

Ilugh  Fraser ... 2  mdi  1816 

Charles  Thomas }      .  ; 

Hugh  Fraser       /    ' -  '^'"^^  1817 

Ilugh  Fraser ' 9  mars  182G 

AVillîam-Craigie-PIolmes  Ooffiu 4  décembre  1830 

Edward  Barnard 1849 

Philippe-Olivier-Eriiest  Pacaud 14  juin  1878 

PhilippG^Olivier-Ernesr  Pacaiid  )  •     o- 

Louis-Dosithée  Paquin  1'      ^  "^^^  ^^^^ 

Philippe-Elisée-  Panneton 20  février  1880 

Aifi  ed  Désilets. 3  août  1880 

Sévère  Lemaître  de  Lottinville  l  rv  i  ^        , 

Alfred  Désilets  /    ••    9  clecembre  188  / 

Alfred  Désilets 19  mars  1894 

Sévère  Lemaître  de  Lottinville     ]         ^^  , 

Jean-Baptiste-Onésime  Dumuut  /••    ^'^   octobre  189/ 


I  »m  a 


JEANNE  FRANÇOISE  JUCHEREA.U  DE    SAINT-KiNACE 
SUPÉRIEUR!    DE    l'HOTEL-DIEU    DE    QUEBEC 

168â-g0  1 16&3-99  :  1702-08. 


~  277  — 
REPONSES 


La   tVibricatioii   de   la    potasse    aii    Canada. 

(X,  VII,  1021.)— Après  sou  retour,  en  1670,  Talon  s'ap- 
]>liqua  spécialement  à  établir  des  fabriques  de  potasse  et 
de  goudron.  Durant  son  séjour  accidentel  à  Lisbonne, 
on  1669,  il  avait  connu  un  marchand  qui  s'était  sou- 
vent entretenu  avec  M.  de  Saint-Romain,  ambassadeur 
de  France  en  Portugal,  des  avantages  que  procurerait 
l'établissement  de  potasseries  au  Canada.  Il  détermi- 
na ce  négociant  à  passer  en  France  afin  de  soumettre 
ee  projet  à  Colbert,  qui  l'agréa.  Mais  comme  ceraar- 
ciiand  ne  pouvait  alors  quitter  ses  affaires,  le  ministre 
entra  en  pourparlers  avec  un  sieur  Nicolas  FoUin  et  lui 
fit  accorder  un  privilège  pour  la  fabrication  de  la  po- 
tasse et  des  "  savons  mois  "  en  la  Nouvelle-France.  (1) 
Cet  industriel  affirmait  qu'il  avait  appris  le  secret 
de  faire  la  potasse  comme  en  Moscovie,  et  le  savon 
mou  comme  en  Hollande.  Sa  potasse,  disait-il,  blan- 
chissait mieux  et  usait  moins  le  linge  que  les  soudes 
d' Alicante  et  des  côtes  d'  Espagne,et  elle  était  d'une  moin- 
dre dépense.  Par  son  privilège  il  avait  droit  à  dix  sous 
par  tonneau  de  potasse,  et  sa  production  était  admise 
en  France  comme  si  elle  eut  été  fabriquée  pour  le  ro- 
^'•aume.  (2)  FoUin  se  rendit  dans  la  colonie,  et  Talon  le 
seconda  de  tout  son  pouvoir  en  mettant  à  sa  disposi- 
tion les  constructions  et  les  fonds  nécessaires.  Les 
cendres  de  nos  bois  se  trouvèrent  d'excellente  qualité. 
L'intendant   écrivait,    le    11  novembre   1671  :  ''  J'ap- 

(1)  Extrait  d'un  mémoire  pour  l'établissement  des  manu- 
factures dépotasse  ;  Collection  de  Manuscrits,  I,  p.  328. 

(2)  Supplément  Richard,  p.  242  ;  Jugements  du  Conseil 
Souverain,  l,  p.  (J<J4. 


—  278  — 

prends  seulement  aujonrcrhui  par  nue  barrique  de  po- 
tasse et  une  barrique  de  savoii  mol  que  l'entreprise  du 
sieur  Follin  a  eu  le  succès  qu'il  avait  [»nmiis.  etje  jui^c 
qu'il  y  a  lieu  d'espérer  qu'on  iburnira  de  l' Acadie  et  d'ici 
une  partie  nécessaire  à  la  France,puisqu'cn  cette  matière 
les  Moscovites  cessent  de  faire  b  ur  commerce  avec  nous 
par  l'entremise  des  Hollandais.  "  Après  que  les  pre- 
mières expériences  eurent  réuss-i  Colbert  écrivait  au 
sieur  Follin  :  "  J'ai  été  bien  aised'apfirendre  que  vous 
ayez  trouvé  les  cendres  de  la  Nouvelle-France,  non 
seulement  de  la  qualité  nécessaire  pour  bien  taire  la 
potasse,  mais  même  à  un  prix  raisonnable.  .  .  .Comme 
M.  Talon  a  fait  faire  tous  les  bâtiments  dont  vous  avez 
besoin  et  qu'il  vous  a  laissé  des  fonds  suinsamment  pour 
faire  travailler  pendant  cette  année,  je  m'assure  que 
par  le  retour  des  vaisseaux  qui  viendront  cet  hiver, 
vous  enverrez  au  moins  cinq  ou  six  cents  milliers  de 
cette  marchandise,  et  qu'ainsi  vous  exciterez  les  inté- 
ressés à  cette  manufacture  à  augmenter  le  tonds  qu'ils 
ont  fait  xjour  cet  établissement.  "  (1)  Cette  industrie 
promettait  beaucoup.  Les  premiers  échantillons  de  la 
potasse  canadienne  furent  jugés  excellents,soit  employés 
seuls  pour  lessivir  le  linge,  soit  convertis  en  savons 
mous  pour  descruer  les  soies  et  dégraisser  les  draps. 
On  pouvait  en  fabriquer  ici  des  quantités  assez  con- 
sidérables pour  ]iermettre  à  Paris  de  se  passer  dessou- 
des d'Espagne,  dont  celte  capitale  faisait  une  énorme 
consommation.  11  y  avait  même  lieu  d'espérer  que 
Douai,  Lille,  Tournai,  C'ourtrai  et  autres  villes  de  Flan- 
dre, de  même  que  celles  de  France  qui  blanchissaient 
les  draps,  pourraient  dorénavant  se  passer  des  potasses 


(\)  Colburt  aus'ear   Follin.   l'A  i  ai  a  \Cû3  ;  Lettr^'s,    Ins- 
tructions, etc,  3.  Il,  p.  5GU. 


—  279  — 

(le  Moscovie,  et  de  la  ve(]asse  de  Cologne,  qui  forti- 
iiaieiit  le  commerce  des  Hollandais,  lesquels  faisaient' 
(le  cette  nialùre  une  partie  de  leurs  retours  lorsqu'ils 
portaient  leurs  (îpiceries  et  leurs  castors  en  ces  contrées. 
[Ai  j)(»tiisse  canadienne  devait  être  d'autant  mieux 
reçue  à  Paris,  (jue  la  soude  d'Espagne,  acre  et  caus-- 
tiquc,  brûlait  le  linge,  ce  que  l'on  (évitait  avec  la  po- 
tasse. 

On  voit  que  cette  fabrication  était  très  utile  à  l'an- 
cienne France  qu'elle  aftVanchissait  du  tribut  payé  à 
l'Espagne  pour  ses  soudes.  Elle  ne  l'était  pas  moins 
à  la  nouvelle,  car  elle  mettait  les  colons,  les  gens  de 
peine,  à  même  de  réaliser  un  gain  très  appréciable, 
soit  en  coupant,  soit  en  brûlant  les  bois.  Elle  encou- 
rageait les  habitants  à  défricher  incessamment  leurs 
Terres,  parce  qu'elle  leur  fournissait  le  moyen  de  payer 
aussitôt  leurs  dépenses.  En  eflet  on  évaluait  à  qua- 
rante francs  le  coût  du  défrichement  d'un  arpent  de 
terre.  Or  chaque  arpent  d'abatis  rendait  de  vingt 
à  vingt-quatre  barriques  de  cendres  qui,  remises  au 
magasin  de  potasse  établi  sur  le  bord  du  fleuve  pour, 
en  faciliter  le  transport,  étaient  payées  à  raison  de  qua- 
rante sous  ou  deux  francs  la  barrique,ce  qui  compensait 
et  au-delà  la  dépense  du  défrichement.{l)  Cette  industrie 
était  donc  très  avantageuse  pour  nos  habitants  et  nos 
journaliers.  Cependant  la  suite  ne  répondit  pas  aux 
débuts.  On  finit  par  constater  que  FolUn  n'avait  pas 
toute  la  coni[iétence  nécessaire,  et  après  le  départ  de 
Talon  l'entreprise  périclita.  (Thomas  Chapais,  Jean 
Taloj),  intendant  de  la  Noacelh-France,  p.  401). 


(1)  Mémoire  mr  le  Canada .  par  Talon,  1673  ;   Collection 
<h'  JIaiiUi>cnt^.  p.  2-tl. 


—  280  — 

Le  sieiir  de  Villeneuve,  ingénieur  du  roi.  (X, 

VIII,  1032.) — C'est  au  commencement  de  l'été  de  lc85 
que  M.  de  Villeneuve,  ingénieur  du  roi,  fut  envoyé 
dans  la  Nouvelle- France. 

Dès  son  arrivée  à  Québec,  le  gouverneur  de  Denon 
ville  lui  donna  la  confection  des  plans    d'un    magasin 
pour  recevoir  les  poudres.     Jusque  là  ces  matières  si 
dangereuses  avaient  été  déposées  dans  des  maisons  qui 
n'étaient  pas  à  l'épreuve  du  feu. 

Le  8  mai  1686,  M.  de  Denonville  écriviMt  au  ministre, 
M.  de  Seignelay  : 

"  J'ai  dessein  d'envoyer  à  Niagara  cette  année  le 
sieur  Dorvilliers  avec  le  sieur  de  Villeneuve,  dessineur 
(sic)  que  vous  m'avez  donné  afin  d'en  lever  le  plan,  et 
après  que  j'aurai  vu  les  Iroquois  à  Villemaiie,  en  l'île 
de  Montréal,  et  que  nous  saurons  à  quoi  nous  en  tenir 
avec  eux,  je  verrai  si  je  ne  pourrai  point  moi-même  v 
aller  faire  un  tour  pour  pouvoir  vous  en  rendre  compte 
plus  sûrement,  car  pour  s'en  fier  au  sieur  de  Villeneuve, 
seul,  il  est  très  bon,  très  sûr  et  très  fidèle  dessineur, 
mais  pour  le  reste  il  n'a  pas  l'esprit  assez  arrangé,  et 
l'a  trop  court  pour  pouvoir  donner  aucunes  vues  pour 
l'établissement  d'un  poste,  et  pour  en  avoir  la  conduite 
de  son  chef.  "  (1) 

Effectivement,  Villeneuve  s'occupa  en  1686  k  faire 
les  plans  du  fort  Niagara. 

En  1687,  le  marquis  de  Denonville  lui  fit  préparer 
des  plans  pour  entourer  d'enceintes  fortifiées  LaPrairie 
de  la  Madeleine  et  Chambly. 

Villeneuve  avait  porté  certaines  accusations  contre 
M.  Prévost,  major  de  Québec. 

Le  8  juin  1687,  M.  de  Denonville  écrivait  à  M.  de 
Seignelay  à  propos  de  ces  accusations  : 


(1)  Correspondance  <jénérale,\o\.  8,  p.  3L 


—  281  — 

"  Notre  iiigétiieur  est  un  tou,  un  libertin,  un  débau- 
■c-hé,  dont  il  faut  souftrir  parce  que  nous  en  avons  af- 
faire. Vous  ne  devez  pas  ajouter  aucune  foi  à  tout  ce 
fju'il  vous  écrira  contre  qui  que  ce  soit  ne  faisant  rien 
<pie  par  caprice.  C'est  un  panier  percé.  Cependant 
il  tni vaille  admirablement  bien  de  la  main  et  fort  vite 
<|uand  il  veut.  Monsieur  de  Vauban  vous  peut  bien 
rendre  compte  de  son  caractère  d'esprit.  Si  je  ne  l'a- 
vais logé  chez  moi  et  ne  le  nourrissais  pas,  je  n'en  au- 
rais jamais  pu  rien  tirer,  devant  partout.  M.  l'inten- 
<lant  vous  rendra  comp»te  de  la  maiiière  qu'il  a  fait  cou- 
vrir notre  magasin,  la  couverture  de  pierre  faite  en 
pavé  n'ayant  pas  été  suffisante  pour  empêcher  l'eau  de 
pénétrer  dans  les  jointures  outre  que  la  chaux  et  le  ci- 
ment (ju'on  y  a  employé  ne  résiste  point  du  tout  à  la 
gelée  en  ce  pays.  C'est  une  chose  que  j'ai  vu  en  plu- 
sieurs endroits  depuis  que  je  ^uisici.  "  (1) 

Le  8  mars  1688,  le  loi  ordonnait  à  Villeneuve  de 
repasser  en  France,  Il  partit  après  le  27  juin  1688, car, 
à  cette  date,  on  le  voit  ligner  comme  témoin  à  un  acte 
<le  Genaple. 

Il  faut  croire  que  là-bas  Villeneuve  fit  jouer  certaines 
influences  puisqu'au  mois  de  mars  1691  il  se  rembar- 
qua pour  la  Nouvelle-France. 

L'intendant  Champigny  ne  lui  fit  pas  une  trop  belle 
réception,  s'il  faut  en  croire  le  mémoire  suivant  pré- 
senté à  M.  de  Pontchartrain  : 

"  Le  sieur  de  Villeneure,  ingénieur  du  roi,  remon- 
tre à  Votre  Grandeur,  qu'au  mois  de  mars  1691,  il  fut 
envoyé  au  Canada  pour  le  service  du  roi.  Aussitôt 
son  arrivée  M.  le  comte  de  Frontenacle fit  reconnaître 
suivant  l'ordre  de  Sa  Majesté,  ce  que  M.  l'intendant 
reiusa  de  faire,  quoique  cet  ordre  lui  fut  aussi  adressé. 


(1)  Con-eqiondance  (jénérale,  vol,  !»,  p.  2U. 


—  282  — 

Ce  refus  procédait  de  ce  que  pendant  c'mq  années  pré- 
cédentes que  le  dit  sieur  de  Villeneuve  avait  demeuré 
au  pays  en  qualité  d'ingénieur  par  ordre  de  feu  le  niar-^ 
quis  de  Seignelay  il  s'était  toujours  opposé  aux  dépen- 
ses superflues  qui  s'y  faisaient  tant  pour  la  construction 
de  l'Intendance,  qu'autres  ouvrages  que  monsieur  l'in- 
tendant faisait  faire  par  des  gens  incapables " 

Le  1er  mars  1693,  Villeneuve  était  remplacé  comme 
ingénieur  de  la  2fouvelle-France  par  Jacques  LeVas- 
seur  de  Néré. 

Il  dut  retourner  en  France  la  même  année. 

On  a  de  l'ingénieur  Villeneuve  : 

Plan  de  la  ville  et  châteai'  Je  Québec  fait  en  1685. 

Carte  des  environs  de  Québec  en  la  Noavelle-Fravce 
mesurée  sur  te  lieu  très  exactement  en  1665  et  1686.  (1) 

Carte  de  la  comté  de  Saint-Laurent  (2),  en  ht  Nou- 
velle-France, mesurée  très  exactement  en  1689.  (3; 

Plan  de  Québec  et  de  ses  environs,  en  la  JS'ouve,llt- 
France,  assiégé  par  les  Anglais  /e  16  d'octobre  1690' 
jusqu'au  22  du  dit  mois  qu'ils  s'en  allèrent  aprèi  avoir 
été  bien  battus  par  M.  le  Comte  de  Frontenac^gouverneur 
(jénéral  du  pai/s.  (4) 

P.  G.  R. 


(1)  Tillenéuvc  relit  cette  carte  eif  lioS.  en  1(j89  et  en 
1690.  Ces  cartes  donnent  les  noms  et  saniuni6  des  habitants 
de  Québec  et  des  paroisses  environnantes.  Celle  de  1688  a 
été  publiée  dans  l'ouvrage  do  M.  1  abbé  S«ott,  Notre  Darne 
4e  Sainte-Foy.  repr(>duite  d'une  copie  photograpliiée  de  la 
collection  de  M.  Philé^s  CTagnon. 

(_')  Ile  d'OrUans. 

(3)  Cette  carte  est  reproduite  dans  l'ouvrage  ^wsthume 
de  M.  l'abbé  L.-E.  Bois,  Uîle  d'O-rléam. 

(4)  Ce  plan  donne  les  noms  des  habitants  et  des  princi- 
jiaux  endroits  de  Québec.  M.  Philéas  (iagnon  possède  aus- 
si ce  plan  dans  sa  collection. 


—  283  — 

Joliii  Antrobii.*.  (X,  IV,  1006.)  —En  1784,  John 
Antrobiis  était  épicier  à  Québec. 

Kn  1788,  Aiitrobus  était  encore  à  Québec.  On 
le  voit  se  prononc  r,  avec  un  grand  nombre  d'autres 
■citoyens,  en  faveur  d'un  gouvernement  constitution- 
nel. 

L'anné«  suivante,  il  va  s'établir  dans  la  ville  de 
Trois-Rivivres. 

Le  25  avril  1790,  il  est  nommé  juge  de  paix  pour 
le  district  de  Trois-Rivières. 

Le  11  juin  1793,  John  Antrobut  abandonnait  le  com- 
merce pour  remplacer  M.  de Bellefeuille  comme  grand- 
voyer  du  district  de  Trois-Eivières.  Il  conserva  cette 
position  jusqu'au  27  janvier  1820, 

11  mourut  à  Trois-Rivières  le  8  mai  de  la  même 
année. 

La  Gazette  de  Qvflcciln  15  mai  1820  annonce  son 
trépas  dane  les  termes  suivants  ; 

"  Aux  Trois-Eivièies,  lundi  le  8  mai  1820,  décèd-e, 
h  l'âge  de  64  ans,  John  Antrobus,  Ecr,  ci-devant  mar- 
chiind  de  cette  ville,  et  pendant  les  25  dernières  années 
de  m  vie,  grand-voyer  du  district  de  Trois-Rivières. 
Le  grand  nombre  de  qualités  estimables  qui  l'ont 
distingua,  rendront  sa  mémoire  longtemps  et  .just-e- 
ment  chère  au  cercle  nombreux  et  respectable  de  ses 
amis  et  de  ses-ccnnaissances,  " 

M.  Antrobus  avait  épousé  une  des  tilles  de  l'hono- 
rable James  Cuthbert,seigneur  de  Bcrthier.  Elle  dé- 
céda à  Soiel  le  22  janvier  1806. 

M.  Antrobus  avait  habité  Beithier  pendant  quelques 
années.  M.  l'abbé  Moreau,dans  son  Précis  de  V histoire  ih . 
la  sdgnevrie  et  de  la  paroisse  de  Berthier,  nous  apprend 
qu'il    eut   des    difficultés  avec   le    curé   de   Berthier, 
M.  Ponget.     Il  l'accusa  auprès  <]e  l'évêque  de  Québec 


—  284  — 

de  détourner  ses  serviteurs  de  son  service.  Le  boa 
curé  n'eut  pas  de  peine  à  se  défendre.  Il  n'avait  fait 
que  son  devoir  de  pasteur,  en  disant  aux  serviteurs  de 
M.  Antrobus  que,  si  leur  maître  ne  pouvait  les  nourrir 
en  maigre  les  jours  où  l'Eglise  défend  de  manger  gras, 
ils  devaient  laisser  son  service. 

P.  G.  R. 

Le  chevalier  de  Troye.  (X,  Vif,  1024.)  —Le  1er 
janvier  1685,  le  marquis  de  Denonville  était  nommé 
gouverneur  de  la  î^ouvelle- France,  en  remplacement 
cle  M.  de  la  Barre. 

Le  roi  donna  au  nouveau  gouverneur  nn  renfort  de 
500  soldats.     150  moururent  pendant  la  traversée. 

Pierre  de  Troye,  qui,  le  5  mars  1685,  avait  reçu  le 
commandement  d'une  compagnie  d'infanterie,  arriva 
ici  avec  ce  secours  dans  l'été  de  la  même  année. 

La  prise  du  fort  Bourbon,  situé  sur  la  rivière  Sainte 
Thérèse,  à  la  baie  d'Hudson,  avait  été  une  grande 
perte  pour  la  Compagnie  du  Nord.  M.  de  Comporté 
avait  obtenu  du  roi,  le  20  mai  1685,  au  nom  de  cette 
compagnie,  la  permission  de  le  reprendre  aux  Anglais. 

Le  marquis  de  Denonville  réunit  à  M  )ntréal  une 
troupe  de  70  Canadiens  commandés  par  M.  Lenoir 
Rolland  et  les  trois  frères  d'Iberville,de  Siinte-Hélèiie 
et  de  Maricourt,et  de  30  soldats  sous  les  ordres  des  sieur>s 
de  Catalogne  et  Duchesnay.  Le  chevalier  de  Troye 
reçut  le  commandement  suprême.  [1  se  fit  accompa- 
gner du  R.  P.    Silvy,  jésuite,  comme  aumônier. 

Ces  braves  partirent  de  Montréal  le  20  mars  1686, 
après  avoir  entendu  la  messe  dans  l'église  Notre-Dame. 

Ils  avaient  plus  de  deux  cents  lieues  à  parcourir  en 
raquettes  et  en  canots  d'écorce  avant  d'arriver  au  pre- 
mier poste  anglais.     "  Il  fallait  être  Canadien,  remar- 


—  285  — 

que  Bacqueville  de  la  Potherie,  pour  supporter  les  in- 
commodités d'une  si  longue  traverse.  " 

Le  2U  juin  1636,  le  tort  Monsipi,  situé  dans  la  riviè- 
re Monsoni,  vigoureusement  attaqué,  se  rendait  au 
chevalier  de  Troye.  Dans  les  premiers  jours  de  juillet, 
le  fort  Rupert,  éloigné  de  40  lieues  de  Monsipi  et  situé 
sur  la  rivière  Nemiscau,  tombait  à  son  tour  aux  mains 
des  guerriers  canadiens.  Entin,  le  26  juillet,  jour  de 
la  tête  de  sainte  Anne,  patronne  de  Texpédition,  le 
fort  Quitquitcbouan  ou  Albany  était  aussi  obligé  de 
capituler.  Il  ne  restait  plus  aux  Anglais,  dans  toute 
kl  baie  d'Hudson,  que  le  fort  Bourbon  ou  Nelson, 
situé  à  quelques  centaines  de  milles  au  nord  du  fort 
d' Albany. 

Le  10  août  1686,  le  chevalier  de  Troye,  ayant  atteint 
son  but,  remettait  le  commandement  à  d'Iberville 
et  se  mettait  en  route  pour  Montréal,  où  il  arriva  en 
octobre. 

Le  marquis  de  Denonville  fut  bien  satisfait  de  lui. 
Il    écrivait   à    M.    de  Seignelay  le  11  novembre  1686  : 

"  Le  sieur  de  Troye  est  le  plus  intelligent  et  le  plus 
capable  de  nos  capitaines  ;  il  a  l'esprit  tel  qu'il  faut 
pour  avoir  tous  les  ménagements  nécessaires  pour 
commander  aux  autres.  On  ne  saurait  avoir  une  meil- 
leure conduite  que  celle  qu'il  a  eue  dans  l'entreprise 
du  Nord  car  il  lui  a  fallu  du  savoir-faire  pour  tirer  des 
Canadiens  les  services  qu'il  en  ».  eu  et  pour  les  mettre 
dans  l'obéissance.  "  (1) 


(1)  Correspondance  générale,  vol.  S,  p.  16L  Sur  l'expé- 
dition de  M.  (Je  Troye  à  ia  baie  d'Hudson  on  peut  consulter 
Hacqueviile  de  la  Poiherie,  Histoire  de  V Amérique  Septen- 
trionale, tome  premier,  p.  147  ;  Charlevoix,  Histoire  et  des- 
cription générale  de  la  Nouvelle-France,  tome  premier,  p. 
505.  DaHs  son  Estât  présent  de  V église  et  de  la  colonie  fran- 
çaise dans  la  youuelle  France,]).  114,  Mgr  de  Saint-Yallier 


—  £86  — 

Les  attaques  réitérées  des  Iroquois  contre  les  alliés 
des  Français  engagèrent  le  marquis  de  Denonville  à 
aller  porter  la  guerre  dans  leur  pays.  Tout  l'hiver  de 
168ù  87  ?e  passa  à  faire  des  préparatifs. 

Le  13  juin  1687,  l'expédition  forte  de  ptès  de  2000 
hommes  partit  de  Montréal.  Les  milices  étaient  com- 
mandées par  les  capitaines  Berthier,  La Valterie. Grand- 
ville  et  LeMoyne  <le  Longueuil,  avec  pour  chef  Dugué 
de  Boisbriand,  ancien  capitaine  au  régiment  de  Oari- 
gnan.  Les  troupes  régulières  avaient  pour  comman- 
dants MM.  D'Orvilliers,  St-Cirq,  de  Troye  et  Valren- 
nes,    et    avaient   pour  chef,  le  chevalier  de  Vaudreuil. 

M.  de  Callières  était  commandant  en  clief  des  deux 
divisions  de  l'armée  sous  les  ordres  du  marquis  de 
Denonville. 

Après  avoir  brûlé  les  villages  iroquois  et  avoir  tué 
un  grand  nombre  de  ces  barbares,  M,  de  Denonville 
se  décida  à  revenir  au  pays. 

Mais  il  s'arrêta  avant  à  Niagara  avec  toute  son  ar- 
mée pour  y  rétablir  le  fort  de  ce  nom. 

Le  dernier  jour  de  juillet  1687,  le  fort  était  entière- 
ment tf^rminé.  M.  de  Denonville  y  laissa  une  garni- 
son de  cent  soldats  d'élite,  avec  six  officiers,  un  garde 
magasin  et  trois  charpentiers,  sou  s  les  ordres  du  cheva- 
lier de  Troye. 

Le  £5  août  suivant,  à  son  arrivée  à  Montréal,  M.  de 
Denonville  écrivait  au  mar(]uis  de  Seignelay  : 

"  Ce  poste  (Niagara)  étant  en  défence  j'y  ai  laissé 
cent  hommes  sous  le  commandement  du  sieur  de  Troye, 

]»ublie  une  lettre  (lu  R.  P.  Silvy,  du  30  juillet  1786,  où  on 
ti'ouve  lin  récit  tidèie  de  cette  expédition.  Les  instructions 
donnée.^  i  M.  de  Troye  pour  son  expédition  font  jjartie  du 
volume  y  de  la  Correspondance  générale  aux  Archives  d'Ot- 
tawa. 


—  287  — 

(lui  lit  Tau  passé  l'expodition  du  Xord.  C'est  un  tiv^^ 
l. on  sujet  qui  mérite  bien  quelque  part  en  Thonneur 
(le  vi)s  bonnes  u;râces  et  dt;  votre  protection.  Il  peut 
VOUA  être  utile  à  bien  des  choses  ;  il  est  sage  et  entendu 
et  de  bonne  volonté,  et  a  bien  servi  sur  terre.  "   (l) 

Malheureusement,  les  fournisseurs  de  l'armée  ji'a- 
vaierit  laissé  à  Niagara  que  des  vivres  à  moitié  gâtés. 

Le  scorbut  et  d'autres  maladies  se  déclarèrent  dans 
la  garnison.  Presque  tous  les  soldats  moururent.  Le 
commandant  lui-même,  M.  de  Troye,  tut  emporté  par 
ce  fléau  le  8  mai  1688 

Un  des  rares  survivants  de  la  garnison  de  Xiagara 
raconte  que  quelques  semaines  avant  la  mort  de  ^L  de 
Troye  on  avait  formé  le  projet  de  l'égorger  : 

" C'était  à  lui  (M.' de  Troye)  qu'on  attribuait 

la  principale  cause  de  la  maladie,  en  ce  que  dès  l'au- 
tomne il  avait  retranché  les  vivres,  refusé  de  tuer  une 
vache  qu'il  avait,  que  par  ce  moyen  on  aurait  eu  le 
foiu  qui  lui  était  destiné  pour  mettre  dans  les  paillasses 
lies  soldats  qui  étaient  contraints  de  coucher  sur  la 
terre.  Cette  dureté  détermina  toute  la  garnison  à  former 
une  sédition,  c'est-à-dire  à  égorger  le  commandant  et 
quelques  autres  officiers  de  qui  ils  n'étaient  pas  con- 
tents et  voulaient  s'élire  un  commandant  pour  les  con- 
duire chez  les  Anglais  à  la  Xouvelle-York.  De  toute 
la  garnison,  il  n'y  en  eut  que  trois  qui  ne  voulurent 
pas^être  de  la  partie.  La  veille  que  Texécution  de- 
vait se  faire,  un  gros  parti  d'Iroquois  se  présenta  de- 
vant le  tort  qui  de  lom  firent  quelques  escarmouches 
et  tinrent  la  garnison  en  haleine  pendant  plusieurs 
jours  ;  cela  lit" ralentir  leur  dessein,  et  plusieurs  tom- 
bèrent malades,  ce  qui  fit  rompre  le  projet.  "  (2) 

F.  G.  R. 


(1)  Corrtsi>on(h(Hce  générale,  vol.  9.  p.  61. 

(2)  CoKi-rtion  de  manuscrits,  vol.  I,  p.  ôfi6. 


—  288  — 
QUESTIONS 


1033 — Nous  lisons  dans  l'ouvrage  de  W.-L.  Ston<", 
Revolalionary  Letters  (p.  67)  :  ''Le 31  décembre  ITTG.on 
célébra  à  Québec  avec  grande  pompe  le  premier  anniver- 
saire de  la  levée  du  siège  piir  les  Bo-tonais.  A  neufheu- 
ras  du  matin  une  messe  fut  chantée  dans  la  cathédrale 
par  l'évêque.  Huit  infortunés  Canadiens  qui  avaient, 
soutenu  les  rebelles  furent  iimenés  diins  la  cathédrale 
la  corde  au  cou,  et  là,  devant  toute  l'assistance,  durent 
demanderpardon  à  Dieu,  à  l'Eglise  et  au  Roi.  "  Ya-t-il 
du  vrai  là  dedans?  Ce  récit  esl-il confirmé  quelque  part? 

Ambric. 

1034 — Les  i-egistres  paroissiaux  de  Détroit,  pour  la 
période  française,  existent-ils  encore  ?  Où  sont-ils 
déposés  ?         ^  XXX 

1035 — Le  Dididv noire  ahévaquis  du  R.  P.  Rasle 
a-t-il  été  publié  ?  Où  ?  A.  O. 

1036 — Sait-on  où  est  mort  le  fameux  abbé  Louis- 
Joseph  de  LeLoutre,  missionnaire  chez  les  Acadiens, 
pour  l'arrestation  duquel  les  Anglais  oifrirent  une  forte 
récompense  en  1745  ?  Où  trouverais-je  des  renseigne- 
ments sur  sa  vie  agitée  ?  Acad. 

1037 — Quel  est  ce  M.  Charest  qui,  en  1763,  fut  dé- 
puté auprès  du  roi  d'Angleterre  par  les  catholiques 
du  Canada?  Catho 

1038 — Le  sieur  Patoulet,  secrétaire  de  l'intendant 
Talon  dans  la  Nouvelle-France  de  1665  à  Î671,  est-il 
le  même  qu'on  voit  intendant  aux  Iles  françaises  en 
1679  ?  CuR. 


QTTBBBCj;CBNTRAL 

LKS  TRAIXS  QUITTRXT  LËVfS 

8f\f\)  KXPRKSS  i)KS  MONTAGNKS  BLAX(J1IK8 
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A.   M.      )    et    .Mogantic.    chars   Piillmand.  Parloir.  Ikirtot 
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P.  .\I .      )    York,  tous  les  points  de  la  Xouvelle-Ang-lelerre, 
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l*.   M.      )    juin  avec  chars  directs  faisant  le  trajet   le  plus 
ra])ide  entre  Qut^bec  et  New-York. 

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Ansbrow,  Bender,  Boucher  de  la  Broquerie,  Chamber- 
land,  Choquette,  Cimon,  Coursol,  Enuis,  Garneau, 
Gauthier,  Kane,  de  Lanaudière,  LeBoutillier,Marraette, 
Serocold,  Têtu,  etc.,  etc. 


200  pages  in-8.     37  portraits  hors  texte. 


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S'radesser,  à  l'auteur  à  Lévis. 


yX)L.  10  OCTOBRE  1904  No  10 

BTJLLETIISr 

llECH[l]CH[s"HISÏÛRICyES 


AKCHÉOLOGIE— 1U8T0IEE— BIOGEAPHIE 


ORGANE     DE     LA      SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDES     HISTORIQUES 


Qui  manet  in  patriâ  et  patriam  cx)nnoscere  lemtiit. 
Is  ir.ihi  nOTi  civis  sed  peregrinus  erit 


PIERRE-GEOKCtES   ROY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLPE 


RECHERCHES  HISTORIQUE^ 


Sommaire  de  la  livraison  de  octobre  :  Visite  pasto- 
rale de  Mgr  Denaut  en  Acadie  en  1803  (saite  et  iin), 
Mgr  n.  Têtu  ;  Josué  Boisburthelot  de  Beiioiirs, 
P.  G,  R.  ;  L'hon.  Rocb-François  de  Saint-Ours  ;  Pierre 
Dugué  de  Boisbriand,  P,  G-,  ii.  ;  Le  Dictionnaire  abé- 
vaguis  du  R.  P.  Rasie  ;   Questions,  etc.,  etc. 

Grav^ure  :  L'hon.  Uoch-Prançois  de  Saint-Durs, 

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de  Cran  borne,  ir.ivVixhhîi  3. -B.  C.  Dupuis.     Prix  :  $0.25. 
S'adresser  à  l'auteur,  IIos[tice  des  Sd'urs  de  la  Charité, 
Québec. 
Université  du  collège  St-Juseph  1903-0-1.  St-Joseplj.X.B. 

Le  jubilé  i/e  19()4:  à  V  usage  des  communautés  et  des 
^V/'^'es,  par  l'abbé  Jose{ih  Saint-Denis,  curé  de  Saint- 
Basile  le  Grand.  En  vente  chez  les  principaux  librai- 
res du  Canada  et  des  Etals- Unis. 

Les  Jubilés  et  les  églises  et  chapelle-^  de  la  ville  et  de 
la  banlieue  de  Québec,  [)ar  Joseph    Tru  lelle.      Volume 
deuxième. 
Avnuaire  <l a  séminaire  de  Ri niouski.  1903-0-t.  Xo  XViI[ 

Annuaire  de  V université  Laral  puur   Vannée   acadé- 
mique 1904-1905 -Xo  48 -Québec— 1904. 

Palmarès  de  V Académie  commerciale  Catholique  <le 
Montréa  ^—1 903-1 904. 


BULLETIN 

J^ES 

RKCHERCHES  HISTORIQUES 


VOL.  10  OCTOBRE  1904  No  10 


VJSITE  PASTORALE  DE  MGR  DEFAUT  EN 
ACADIE  EN  1803 
{Suite  f.tjin) 

Registre  pour  la  visite  dans  la  Nouvelle-Ecosse, 
Brunswick,  Halifax  et  la  Baie  des  Chaleurs,  etc. 

J.  J.  Lartigue,  Ptre,  secrétaire. 
Arrivé  le  27, vendredi  matin,à  Ste-AnnedeTousquet 
et  Pobomkook. 

Confirmés 

Le-  29  mai 34 

Le  30     "   65 

Le  31     "    95 

Le  1er  juin 27 

221 

Le  Bas  de  Tousket 16  farailies 

Le  Haut 12       " 

Le  Milieu 15       " 

Pobomkook 17       " 

Le  Ruisseau  de  l'Anguille 20       " 

80       " 

12  francs  par  famille  pour  le  curé. 

A  été  visitée  la  paroisse  de  Ste'Anne,mai  27  jusqu'au 
1er  juin  1803.  M.  Sigogne  curé.  Communiants  250. 
Au  coifre  £6,  12,  7.    " 

Ordonné  qu'il  soit  fait  le  plus  tôt  possible  un  ciboire 
d'argent,  doré  en  dedans,  qui  puisse  contenir  150  hos- 


—  290  — 

tïes,  aussi  des  burettes  de  mêrritt  métal  ou  du    moins 
d'étainfin. 

2^^  Que  quatre  chasubles  de  couleur  convenable. 
blanCy  rouge,  vert  et  violet,  ou  deux  dt>ubles  de  deux 
couleurs  chacune  soient  faites  d'étofte  de  soie  ou  de 
laine  suivant  les  moyens  du  moment.  Oouné  dans 
le  cours  delà  visite  pastorale.  Ste-Ann^,  le  1er  juM>  1803. 
(signé)  t  P.  Evêque  de  Québec 
Pour  copie,  J.  J.  Lartigue,  Ptre,  secr. 

Requête  des  habitants  de  Ste-Anned'Argyle.     Pour 
demander  à  l'évêque  la  permission  de  construire  une 
nouvelle  église  dans  un  endroit  plus  conv^enable 
Décret  de  Tévêque,  1er  juin  1803. 
Requête  des  habitants  de  i'omborakouk  pour  deman- 
der la  permission  de  contruire  une  église. 
Permis  le  1er  juin  1803.  (1) 

Mission  i>2  Ste-Marie. 
Arrivé  le  3  juin. 

Confirmés 

5  juin .131 

u     "     158 

7  "     109 

8  "     8 

401 
François  Comeau  et  Isidore  Gandet  de  Ste-Mario- 
OTit  demandé  un  graluel. 
Reçu  8  schellings. 

Reçu  pour  remettre  à  la  fabrique  d'Halifax  une  gui- 
née  pour  un  missel  fourni  par  Mr  Jones.  Remis  à 
M.  Burke,  plus  4  piastres  pour  le  missel  de  Ste-Marie, 

(l)  Ces  requêtes  ainsi  que  les  réponses  de  l'évêque  se 
trouvent  dans  le  cahier,  mais  je  ne  crois  pas  opportun  d» 
les  publier  ici.  Je  ne  l'eproduirai  pas  non  plus  les  ordoa- 
nances.  que  je  me  contenterai  d'indiquer. 


^.h  l 


—  291  — 

Reçu  40  siîbellingspour  5  graduels  à  Béiioni  Mélaii- 
K'XA\,  Anselme  Leblanc,  Nicoîas  Godin,  Joseph  Terrio, 
Àiis-elme  Doueet  de  Ste-Marie. 

Eeçn  30  schellings  pour  5  cantiques  pour  Margue- 
rite P)Oudreau,  François  Commeau,  Armand  Robicheau, 
Marguerite  Bourg  et  Scolastique  Bourg. 
104  lamilles.  Au  coffre  trois  louis. 
Kequête  des  habitants  de  la  Rivière  aux  Saumons  et 
<rAméfégane  pour  demander  le  changement  de  place 
<le  l'église,  6  juin  1803. 

Ordonnance  de  Monseigneur  p^ur  la  fv^roiese  de 
Sainte-Marie,  Nouvelle-Ecosse,  pour  fixer  la  nouvelle 
place  de  l'église,  Sjuin  1803. 

Pouvoirs  de  M.  Sigogiie,  missionnaire  de  Ste-Marie 
et  de  Ste-Anne,  Nouvelle-Ecosse,  6  juin  1803. 

Fouvoirs.de  M.  Pichard,  missionnaire  de  Tracadie, 
<^n  la  Nouvelle-Ecosse,  2  septembre  1803. 

Halifax. 
Mjssonnaire,  M.  Burke,  grand  vicaire. 
'    Confirmés      . 

juin  19... ...'.........    72 

"     20..;... : 112   ' 

«     21 139 

^'     22.'.'.' 89 

"     23.  .•/...:■;.'.  ;.. 96 

"     24 196 

"     25 . 90 

♦'     26 140 

''     27 .  105 

"     28 40 

"     29 118 

"     30.. 22 

juillet  1 10 

jusqu'au  6 36 

Confirmés  à  Halifax  1265 


—  292  — 

DÉPENDANCES    d'HaLIFAX. 

Chezzetkouk.  qui  est  distant  d'Halifax  de  Jieiiflieiio» 
par  mer  et  de  cinq  par  terre,  est  composé  de  45  familles 
qui  paient  au  missionnaire  trois  piastres  par  taniillc. 
Il  n'y  a  qu'une  très  petite  chapelle,  mal  en  ordre  et  un 
presbytère  non  logeable.  Il  est  détendu  à  M.  Grâce 
d'y  célébrer  les  saints  mystères,  jusqu'à  ce  que  l'un  et 
l'autre  soient  réparés. 

Il  est  ordonné  aux  habitants  de  bâtir,  avec  le  teraps 
et  le  plus  tôt  qu'ils  pourront,  une  église  dont  les  prin- 
cipales dimensions  seront  de  32  pieds  de  large  sur  40 
de  long,  10  pieds  au-dessus  des  lambourdes,  avec  ut»e 
«iacristie  de  14  pieds  sur  16.  Le  presbytère  aura  24 
pieds  sur  26. 

Familles,  comme  ci-dessus, 45 

Ames 224 

Communiants....; 130 

Confirmés  (on  ne  sait) 
Ni  vases  sacrés,  ni  ornements,  ni  linges. 
Prospect  est  éloigna  d'Halifax  d'environ   10  lieues, 
et  distant  de  Ketcbharbour  de  3  lieues,  et  dé  deux 
lieues  d'Uerringshore.     Il  n'y  a  point  de  chapelle. 
Familles  de  Prospect.  14  ;  Ketcbharbour  11  familles. 
Communiants  y  compris  les  engagés.  . .  .130  - 
Ceux-ci  ne  restent  dans  ces  contrées  que  le  temps  de 
la  pèche. 

Confirmés .   5 

Le  revenu  consiste  en  100  quintaux  de  morue. 
Sauvages  Micmacs  errants  depuis  Cap Sablejusqu'au 
détroit  de  Canso.     A  peu  près, 

Familles 58 

Communiants 52 

Ames 269 

Confirmés,  on  ne  sait  pas  au  juste. 
Ces  Sauvages  ne  donnent  rien  au  missionnaire. 


—  293  — 

La  Mission  de  Charlottetown  en  l'Isle  St-Jean  étant 
insuffisante  pour  l'entretien  d'un  prêtre,  Monseigneur 
lui  a  ôté  son  missionnaire  M.  de  Galonné.  Cette"  mis- 
sion n'a  ni  chapelle,  ni  ornements,  ni  presbytère  et  l'é- 
tat des  catholiques  y  est  comme  suit  : 

Nombre  des  âmes  de  la  ville  et  des  environs  348 

Nombre  des  communiants 91 

Confirmés 75 

N.  B.  Voyez  ci-après  les  instructions  au  Père  Fitz- 
simons. 

J.-J.  L.  P.  S. 
Ordonnance  pour  la  Mission  d^  Chezzetcook. 

Halifax,  6  juillet  1803. 
Arrivé  au  Havre  Arichat,  lundi  11  juillet.      La  visite 
a  commencé  le  dimanche  d'après  17. 

Pouvoirs  donnés  à  M.  Champion,  missionnaire  à 
Chéticamp. 

Réponse  de  Mgr  l'évêque  de  Québec  aux  Sauvages 
Micmacs  de  Labrador  du  Cap  Breton,  assemblés  le  26 
juillet  à  Arichat.  (1) 

On  ne  sait  au  juste  le  nombre  des  Sauvages  confir- 
més àArichat  et  aux  autres  lieues  ci-dessous  mentionnég. 
Les  deux  Labrador  donnent  cent  familles  et  plus. 
Elle  ne  fournissent  rien  au  missionnaire. 

('onfirmés  à  Arichat 1162 

"       au  Havre  à  Boucher  393  dont  131  Ecossais. 

"à  Tracadie 168 

"       à  Pommequette 210  dont  126  Ecossais. 


(1)  J'ai  déjà  publié  cette  réponse  dans  la  Semaine  Reli- 
</i«MS<;,  au  chapitre  2ème  des  Visites  Pastorales  de  Mgr 
Fltssis. 


—  294  — 

Population  des  lieux  desservit*  par  M.  Lejamtel,  mis- 
sionuaire  d'Aiieliat. 


Distance 

;deN.-D. 

Commu- 

Enfanib, 

d'Arichat. 

niants. 

Autour  du  havre  d'Arichat 

203 

128 

Au  petit  Arichat 

4 

milles 

61 

65 

Au  Barachois 

6 

u 

88 

87 

A  l'Isle  à  l'Ourse 

12 

a 

47 

37 

A  l'Escousse 

9 

a 

71 

79 

A  la  Eivière  à  Bourgeois 

11 

i. 

38 

•J.  » 

A  la  grande  Digue 

11 

u 

44 

32 

A  l'Ardoise 

15 

■  i 

52 

48 

Au  Havre  à  Boucher    ■ 

oO 

i. 

69 

87 

A  Tracadie 

.    39 

i; 

115 

109 

A  Poramequette 

48 

i. 

i.H 

51 

Total         846         738 

Le  missionnaire  d'Arichat  a  pour  revenu  un  (piintal 
de  morue  par  tamille  ;  et  les  parents  dont  tous  les  en- 
fants sont  mariés  ne  sont  plus  sujets  à  cette  contribution, 

N".  B.  Monseigneur  a  approuvé  les  registres  de  la 
paroisse  d'Arichat  pour  les  baptêmes,  mariages  et  sé- 
pultures. J.  J.  L.  P.  S. 

Ordonnance  pour  l'église  d'Arichat. 

Donné  à  Pommequette,  dans  le  cours  de  nos  visites, 
le  2  août  1803. 
Population   des    lieUx  desservis  par  M.  Champion, 
missionnaire  de  Chéticamp. 
Distance  de  Chéticamp     InTo.  des  ârties     communiant* 
A  Chéticamp  185  101 

A  Magré 15  milles     168  81 

Ile8çlelaMagdeleine60     "  351  111 

704  293 

Le  revenu  du  missionnaire  de  Chéticamp  est  d'un 
écu  par  communiant. 

Titulaires  d'Arichat,  Notre-Dame  ;  du  Havre  à  Bon- 


—  295  — 

cher,  Notre-Dame  ;  (lo  Tracadie,   St-Pierre;  de  Pc^m- 
i)ie(|notto,  la  Sto- Croix. 

Ordonnance  pour  les  Missions  de  Tracadie,  Porame- 
q nette  et  Havre  à  Boucher.     3  août  1803. 

Ordonnance    pour  l'église    (Fe   St-Pierre   (Pllalifax. 
2  juillet  1803. 

Pouvoir^?    donnés  à  M.  Alexandre  McDonald,  mis- 
sionnaire à  Pictou.     Charlottétown,  15  août  1803.^ 

Pouvoirs  donnés  au  Père  Fitzsimons,  récollet,  dans 
risle  St-Jean.     16  août  1803. 

Ordonnance  pour  la    mission  écossaise    de   Pictou. 
De  Tracadie,  en  l'Isle  St-Jean,  18  août  1803. 
MissioTi    écossaise  de  M.  Alexandre  McDonald,   au 
Golfe  St- Laurent. 

Nombre  des  âmes  sur  la  Nouvelle-Ecosse, 2200 

"    risle  du  Cap  Breton 700 

Nombre  des  communiants  sur  la  Nouvelle-Ecosse,  1200 
^'       "  "  "  l'Isle  du  Cap  Breton    300 

Confirmés  dans  la  visite 636 

Mission  de  M.  McEachern 

Confirmés  à  Tracadie 246 

"  St-André 427 

"         "  notre  retour  à  Tracadie.  . .   74 

747 
Distances 

De  Charlottetown  à  Tracadie 14  milles 

De  Tracadie,  à  St-André 8      " 

De  St-André  à  Naufrage 23      " 

Du  même  à  la  Pointe  de  l'Est 22       " 

Du  même  aux  Trois-Rivières,  par  terre  20  milles,  par 
mer  10  milles 

Du  même  à  la  Fortune 32  milles 

De  la  Fortune  aux  Trois-Rivières 10      " 

Ordonnance  pour  la  mission  écossaise  de  M,    McEa- 
chern. De  Tracadie,  24  août  1803. 


—  296  — 

K.  B.  De  tous  les  districts  de  la  mission  de  M.  McEa- 
cl:ern,  il  n'y  a  que  les  Trois-Rivières  qui  aient  une 
chapelle  ;  et  aucun  district  n'a  d'ornements  qui  lui  ap- 
partiennent. J.  J.  L.  P.  S 

Population  des  divers  districts  de  la  mission  d« 
M.  McEachern. 

Communiants     âmes 
Naufrage  et  Pointe  de  l'Est.  .  178  483 

Trois-Pivièree 69  177 

Fortune-Bay 38  83 

St-André 173  454 

Tracadie 212  4:^5 

670  1622 

Povoirs  renouvelés  à  M.  McEachern,  missionnaire 
de  St-André,  en  hisle  St-Jean,  et  donnés  à  M.  Augus- 
tin McDonald,  prêtre  de  la  dite  Isle.  De  Tracadie,  25 
août  1803. 

Instructions  au  R.  P.  Fitzsimons,  réeollet,    mission- 
naire dans  l'Isle  St-Jean.     Rusticot.  28  août  1808. 
Mission  de  M.  Pichard. 
Rusticot,  Malpec,  Casconpec,  Tagueniche. 
Distance  de  Charlottetown  à  Rusticot.  ...  16  milles 

"        "  Rusticot  À  Malpec.  ....  . 27      " 

*'        "  Malpec  à  Casconpec 27       " 

"        "  Casconpec  à  Tagueniche.  ...    12       " 
Revenu  du  missionnaire  à  Rusticot,  un  écu  par  com- 
muniant ;  à  Malpec,  Cosconpec  et  Tagueniche,  la  dime. 
Dime  de  cette  année,  40  piastres  en  tout. 
Confirmés 

A  Rusticot 297 

A    Malpec 396,  dont 

103  Ecossais  et  31  Sauvages 


—  297  — 

Population 
Familles     communiants     âmes 

A  Rusticot ..52  140  285 

A  Malpee  Acadiens  34  112  235 

A  Casconpec 8  21  6n> 

A  Tagueniche 16  -^2  102 

A  Malpt'C — 1 8  Anglg-is  — 1-3  Sauvages — 70  contirmés 
A  Ensticot,  presbytère  et  chapelle  sans  ornements  ; 

à  Xhilpec,  (litto  ;  à  Tîiguenicbe,  ditto  ;  à  Casconpec,rien. 
Titnliiire  de  Rusticot,  St-Augustin  ;  de   Malpee  St- 

Jean-Baptiste.     La  chapelle  de  Tagueniche  sera  bénite 

sous  le  nom  de  St  Simon,  apôtre. 

Les  Ecossais  de  Malpee  sont  desservis  par  M.  McEa- 

fhern.  qui  a,  pour  y  venir,  65  milles,  et  qui  reçoit  une 

]ii<)stre  ])ar  communiant.     La  [topulation  est  de  118 

communiants  et  353  âmes. 

Monseigneur  a  ajouté  à  la  mission  de  Rusticot  celle 

de  Bédec  qui  a  4  familles  et  qui  est  distante  de  Malpee 

de  8  milles,  et  celle  de  la  Pvivière  des  Blancs,   qui  a  5 

familles  et  qui  est  distante  de  Malpee  de   16  milles. 
A   cette  desserte  est  annexée  l'isle  Lenox   habitée 

par  18  familles  sauvages. 

Monseigneur  a  chargé  M.  de  Oalonne  de  la  mission 

<ie  Paisticot  etc.,  avec  les  pouvoirs  de  grand  vicaire  en 

l'isle  St-Jean  ;  et  a  chargé  M.  Pichard  de  la  paroisse 

<le  Tracudie  sur  la  Nou vile-Ecosse. 

Ordonnance  pour  les  Missions  de  Rusticot,   Malpee, 

Casconpec  et  Tagueniche. 

Donné  à  Miramichi,  le  10  septembre  1803. 

Mission  de  M.  Joyer. 
Arrivée  le  5  août  1803. 

Confirmés ....    13 

353 

366 
Compris  144  Sauvages,35  Anglais,le  reste  Acadiens. 


—  298  — 

Population 

Le  grand  et  le  petit  Xiijiaonet 

9  familles — 45  conimuiiiants —  âmes  80 

TaboLijanitake 

2  familles — 4  communiants — aines  7 

Bartabogue 

2H  familles  anglaises— 80  communiants — âmes'^lGO 

La  haute  Pointe 

o  familles — 18  communiants  —âmes  40 

Tracady 
32  familles — 75  communiants — âmes  2')0 

L\  MISSION  SAUVAGE 

49  familles — 135  communiarits  — âmes  245 
126      ''  357  "  •'      732 

Les  Acadiens  paient  dîme  de  patate*  et  de  blé,  poiS' 
et  avoine. 

Le  grand  et  le  petit  Nigaouet  ont  donné,  cette  année^ 
environ  200  minots  de  patates  et  6  minots  de  blé. 

Les  Sauvages  donnent  une  piastre  par  communiant. 
Cependant,  depuis  quelques  années,  ils  ne  paient  que- 
deux  piastres  par  famille. 

Les  Anglais  de  Bartabogue  une  piastre  par  coumu- 
niant. 

La  haute  Pointe  partie  argent,  partie  en  grains. 

Tracadie  paye  en  grains  et  patates.  Reaa  cette  an- 
née, 125  minots  de  patate?,  3  de  blé. 

Distance  de  la  mission  des  Sauvages  à  la  Bartabo- 
gue,5  lieues  ;  à  N'igaouet,une  lieue  et  demie  ;  à  Tabou- 
jaratake,  4  lieues  ;  à  Tracady,  10  ;^  à  la  haute  Pointe, 
4  ;  à  Karaquet,  15  lieues. 

Le  11  août,  compris  la  qu&te  de  ce  jour,  dans  le  cof- 
ire  de  la  fabrique  195  frs  16.  J.  J.  L.  P.  S. 

Ordonnance  pour  la  Mission  des  Sauvages  de  \iira- 
michi. 

Donné  à  Richibouctau,  le  15  septejnbre  1803. 


—  299  — 

Ànivés  à  Rriohibouctou  le  14  septembre. 

Timliure  St-Aiitoine  de  Padouo. 
Confirmés 

y^^  ^^3   142 

Le  1 7' sur  lesquels  35    Sauvages...  loi 
Lel8    "         -        29  "  104 

Le  19    -  ''        (30  "  J2 

469 
Population 
Au  poste  de  Richibouctou 
-'>  l  familles— 40  communiants— 106  âmes 
L-Ardoh.e  au  Nord-distance  2  lieues  de  Richibouctou. 
23  frmilles— 67  communiants--13Z  âmes 

Chipbougonet-distance  4  lieues^ 
17  familles— 40  communiants— 98  âmes 
€biiiibougouachiche-distance  6  lieues. 
'}  familles — 4  communiants — 9  âmes. 
La  Baie  des  Wiuds-^distance  15  lieues 
15  familles— 55  communiants  -  105  âmes. 

Bouctouche,  du  sud-distance  5  lieues. 
31  familles- 85  communiants— 170  âmes. 

Cocagne-distance  9  lieues.      ^ 
20  familles— 54  communiants— 110  âmes. 

Jédaique-distance  12  lieues.    ^ 
22  familles  — 60  communiants— 100  âmes. 

Le  Barachois^distance  15  lieues. 
12  familles— 32  communiants-64  âmes 
Total  l(l6familles-480  commmuniant8-894  âmes. 
Bouja^ane-distance   17  lieues.     A  établir  le  prin- 

:^f::^^^'S^licnes,  A  établir  le  printempsp^^ 
Sauvao-es  :  40  familles— 86  communiants— lt>6 âmes. 
L^dînie  de  tons  grains  et  de  patates      ReÇ«,  »''«« 
année,  envuon  70  lino.s  deblé,  ^  "  ^oTncts 
nots  d'avoine,  de  patates  à  peu  près  1000  mmots. 


—  300  — 

Les  Sauvages  ne  donnent  rien  ou  pres'iue  rien. 

En  1802,  lisent  donné  environ  la  valeur  de  53  livres  ; 
cette  année,  ils  n'ont  donné  que  24.       J.  J.  L.  P.  S. 

Ordonnances  pour  les  missions  de  M.  Ant.  Bjdard. 

Donné  à  Meniramkoo^,  le  80  sept,  1803. 

Confirmés  à  Gédaïque,  409. 

Arrivés  à  Merararakook  le  26  septemVjre. 

L'ontirmés   786. 

Population  :  familles-comrauniants-âraes. 
Meraramkook  75  300  525 

Peticodiac-distauce  4  lieues  59  175  380 

Menaudi  "     12     "     52  152  257 


186  627  1162 

Ordonnance  pour  la  mission  de  M.  Ciquard. 

Donné  à  Ste- Anne  de  la  îf  ou  vielle  Brunswick,  le  9 
octobre  1803. 

Mission  de  Ste-Anne,  Nouvelle  Brunswiuk,  ordon- 
nance 9  octobre  1803. 

36  familles  Sauvages-coram-iniants  90-'im^s  159 
12         "      françarses  '•  52       "      101 

Confirmés,  sur  lesquels  91  Franc lis.  .  .  .228 

X.  B.  Appartenant  à  la  mission  4  riches  chasubles, 
une  aube,  un  missel,  une  croix,  roh?s  etsurpli-^  [tour  les 
servants,  un  crucifix  d'iroire,  la  cloche,  trois  chande- 
liers de  cuivre,  une  chape  et  drap  mortuaire. 

J.  J.  L   P.  S. 
Mi.sfsroN  DE  Madawaska. 

Point  de  missionnaire.  Une  église  et  presbytère  eu 
mauvais  état  ;  des  vases  sacrés  et  quelques  ornements. 

Dîme  :  180  minots  de  blé,  10  minots  de  poitî,  21  mi- 
nots  d'avoine.  81  familles,  239  communiants,  207  en- 
fants, 456  âmes,  1S6  confirmés,  dont  56  Sauvages. 
Titulaire  St-Basile. 

Ordonnance  pour  la  Mission  de  Madawaska. 

Donné  à  Madawaska^  le  19  octobre  1803. 

Mgr  h.  TStu 


—  301  — 
JOSUË  BOISBERTHSLOT  DE  BEAUCOURS 


11  était  iils  (K-  Jacques-Hyacinthe  Boisberthelot  et 
de  l'éroiinelio  (1)  de  Magnaii,  et  était  originaire  de 
Bot  lio;i,  diocèse  de  Cornouailles,  en  Bretagne. 

Le  lerniars  1688,  le  roi  donnait  au  jemie  de  Beau- 
cours  une  commission  d'enseigne  dans' les  troupes  em- 
ployées ici. 

Il  s'embarqua  la  même  année  pour  la  I^ouvelle- 
France. 

Deux  ans  plus  tard,  en  1690,  il  était  promu  lieute- 
nant. 

IS^mmé  gouverneur  de  Trois  Rivières  en  1690,  M.  de 
Kamezay  s'occupa  aussitôt  de  faire  mettre  la  place  en 
état  de  défense.  Ces  travaux  assez  considérables  fu- 
rent exécutés  sous  la  direction  du  lieutenant  de  Beau- 
cours.  M.  de  Frontenac  qui  les  visita  au  mois  de  juin 
1691  s'en  déclara  parfaitement  satisfait. 

Vers  la  fin  de  1691,  un  parti  d'Iroquois  ayant  atta- 
<iué  vingt-deux  Sauvages  alliés  qui  faisaient  la  chasse 
dans  les  environs  de  Charablv  les  firent  prisonniers. 
Les  Sauvages  du  Sault  Saint-Louis  aussitôt  avertis  se 
mirent  à  la  poursuite  des  Iroquois.  Ils  les  rejoiu-ai- 
rent  sur  le  lac  Champlain,  en  tuèrent  seize,  et  remirent 
leurs  prisonniers  en  liberté. 

Les  vainqueurs  s'empressèrent  de  venir  informer  le 
comte  de  Frontenac  de  leur  coup.  Ils  lui  demandè- 
rent en  même  temps  d'organiser  un  parti  de  Français 
et  de  Sauvages  pour  aile?-  attaquer  les  Iroquois.  Le 
gouverneur  acquiesça  à  leur  demande  et,  au  mois  de 
février  1692,  il  assembla  cent  vingt  Français  et  deux 
cent  cinquante  Sauvages  qu'il  mit  sous  la  conduite  de 
M.  d'Orvilliers,  à  qui  il  donna  M.  de  Beaucours  com- 

(1)  Tanguay  dit  Pétronille. 


—   302  — 

me  -ecoiid.  Les  lieiitenjuits  de  Sonnly,  Sénécb-  ' 
d'Auberville,  de  la  Bîo&se.  For?an.  et  de  Beanbassiu 
faisaient  aussi  partie  de  l'expédition.  Trois  jours  après 
le  départ  de  Montréal,  M.  d'Orvilliers  ayant  eu  lajam- 
be  échaudée  par  une  chaudière  d'eau  bouillante,  fut 
forcé  de  remettre  le  commandement  à  M.  de  Beau- 
cours  et  de  revenir  sur  ses  pas.  Le  parti  se  rendit  jus- 
qu'à l'île  de  Tonihata,  dans  la  direction  de  Cataracoui. 
où  ils  découvrirent  cinquante  Iroquois  Ils  en  tuèrent 
vingt-quatre  et  en  firent  seize  prisonniers.  Les  dix 
autres  purent  s'échapper.  Trois  Français  que  ces  bar- 
bares avaient  pris  à  Lachine  furent  aussi  délivrés.  M.  de 
Beaucours  n'avait  perdu  qu'un  Français  et  cinq  Sau- 
vages,, et  cinq  de  ses  hommes  avaient  été  blessés.  (1) 

Le  roi  le  récompensa  du  succès  de  son  expédition  on 
le  nommant,  le  1er  mars  1693,  capitaine  d'une  compa- 
gnie au  Canada,  à  la  place  du  sieur  Dumesnil  LaChaise. 

En  1693,  M.  de  Frontenac,  informé  que  les  colonies 
anglaises  préparaient  une  expédition  contre  Québec,  se 
décida  à  mettre  les  fortifications  de  la  capitale  en  état 
de  résister  à  une  attaque.  Tl  confia  cette  tâche  à  M.  de 
Beaucours  qui  agissait  alDrs  comme  ingénieur-en-.jhef 
(le  la  Nouvel  le- France,  en  attendant  l'arrivée  de  M.  Le- 
Vasi-eur  de  Kéré  nommé,  le  1er  mars  1693,  pour  rem- 
placer M.  de  Villeneuve.  Il  se  mit  à  l'oeuvre  avec  ar- 
deur. La  même  année,  il  traçait  et  faisait  commen- 
cer l'enceinte  des  fortifications,  construisait  la  redoute 
du  Cap-aux-Diamants  et  les  portes  Saint- Jean  et  Saint- 
Louis.  (2) 


(]}  Charlevoix.  Histoire  générale  de  la  li'ouvelle  France, 
vol.  I],  p.  112;  Collection  de  manuscrits,  vol.  L  p.  596  ; 
OCallagban.  Documents  relative  to  the  colonial  history  of 
the  State  of  New-York,  vol.  IX.  p.  534;  Correspondance 
qénérale,  vol.  12,  p.  93. 

(2)  Le  Bulletin  dea  Recherches HistoriquessoX.  ]er,p.  57, 
contient  le  devi  ■  de  la  porte  St  Jean  drets<?par  M.  de  Beau- 
cours  le  12  mai  1603. 


—  308  — 

Le  28  avril  i697,  le  ministre  de  la  marine  donnait 
ordre  à  M.  de  Beaucours  de  passer  en  Acadie  pour 
prendre  le  commandement  de  la  compagnie  de  M.  de 
Villieu  qui  avait  été  pris  par  les  Anglais  et  était  dé- 
tenu à  Boston. 

Kn  1704,  M.  de  Vaudreail  forma  un  parti  de  Fran- 
(;ai^•  et  de  Sauvages  pour  aller  faire  une  incursion  dans 
la  Nouvelle- Angleterre.  Ce  parti  qui  se  composait  d« 
700  a  800  hommes  fut  mis  sous  le  commandement  de 
M.  de  Beaucours.  Arrivé  à  une  journée  de  marche  de 
l'ennemi,  un  soldat  déserta.  Les  Sauvages  se  croyant 
trahis  ne  vt)ulurent  pas  continuer,  et  le  sieur  de  Beau- 
cours  dut  revenir  sans  avoir  rien  fait.  (1) 

M.  de  Brouillan  étant  mort  dans  l'hiver  de  1705, fut 
remplacé  comme  gouverneur  de  l'Acadie,  par  M  de 
Subercase.  Cet  officier,  actif  et  vigilant,  proposa  à 
la    cour  de  chasser  les  Anglais  de  Terre-Neuve. 

Ce  projet  fut  approuvé,  et  M.  de  l'Espinay,  qui  de- 
vait conduire  en  Canada  le  vaisseau  du  roi  le  Wesp, 
eut  ordre  d'embarquer  des  Canadiens  à  Québec,  et  de 
les  mener  à  Plaisance.  II  y  en  débarqua  en  eifet  cent 
y  compris  douze  officiers,  le  tout  sous  les  ordres  de 
M.  de  Beaucours. 

M.  de  Subercase  partit  le  15  janvier  1705,  à  la  tête 
de  quatre-cent-cinquante  hommes.  Ile  furent  repous- 
sés à  Saint- Jean  où  il  perdirent  15  hommes  tués  ou 
blessés,  mais  ils  s'emparèrent  de  presque  tous  les  autres 
postes  de  l'île,  brûlèrent  un  grand  nombre  d'habitations 
et  firent  un  nombre  considérable  de  prisonniers.  (2) 


(I)  O'Caiiaghan.  Documents  relative  to  tliK  colonial  his- 
tory  of  the  state  of  New-  York.  vol.  IX,  p.  764. 

(2)'  Fevlaml,  Cours  d'histoire  du  Canada,  vol.  II,  ]).  354  ; 
Collection  de  manuscrits,  vol.I,p.  G08  ;  Suite,  Rktoire  des 
Canadiens- Français,  tome  V,  p.  14'J  ;  Charlevoix,  Histoire 
(fénérale  de  la  Nouvelle- France,  vol.  II,  p.  298. 


—  804  — 

Le  9  juin  ITOfi,  le  ministre  écrivait  ù  LaNfotte  Ca- 
dillac que  s'il  croyait  que  M.  de  Beancours,  qui  reve- 
nait de  riaisaiice,  pouvait  lui  êt-e  utile  pour  coniinaii- 
dej-  en  second  au  Détroit,  il  n'avait  <|u'à  le  deman<ler 
à  M.  de  Vaudreuil.  "  Jl  est  bon  oliit-ier  et  ingénieur 
en  njême  temps,  "  ajoutait-il.  (1) 

Cette  proposition  n'eut  pas  de  suite. 

En  1707,  MM.  de  Vaudreuil  et  Raudot  firent  tra- 
vailler aux  forlifications  de  Québec.  M.  LeVasseur 
de  Néré,  étant  alors  absent  de  la  capitale,  fut  remplacé, 
pour  la  conduite  des  travaux,  par  M.  de  Beaucours. 
Ce  dernier  rendit  d'importants  services  en  rapport  avec 
ces  travaux. 

Le  gouverneur  et  l'intendant  lui  en  manquèrent  leur 
reconnaissance  en  demandant  pour  lui,  en  novembre 
1707,  la  croix  de  Saint-Louis. 

Le  6  juin  1708,  le  ministre  écrivait  à  M.  de  Beaucours 
qu'il  s  ppréciait  beaucoup  son  zële  et  ce  qu  il  avait  fait 
à  l'égard  des  fortificalions  en  l'absence  de  M.  LeVas- 
seur  de  Né  ré. 

En  1708  et  1709,  MM.  l?audot,  père  et  fils,  faisaient 
lever  des  cartes  des  gouveriiements  de  Montréal,  Qué- 
bec et  Trois-Eivièrts  par  les  sieurs  de  Catalogne,  aidé 
de  M.  de  Beaucours,  "  tous  deux  fort  habiles.  " 

En  1711,  M.  de  Beaucours  fut  occupé  à  surveiller 
la  construction  du  fort  de  Cbambly  qui  avait  été  com- 
mencé l'année  précédente.  Les  travaux  furent  pous- 
sés avec  une  telle  activité  qu'au  mois  de  septembre  ce 
fort  était  terminé. 

MM.  de  Vaudieuil  et  Eaudot  informaient  M.  de 
Pontchartrain  que  M.  de  Beancours  avait  mis  tous  ses 

(])  R\(:hnv(\,  Supplément  du  rapport  du  Dr  Brymner  sur 
les  archives  canadiennes,  1899,  p.  377. 


!'>'' 


—  305  — 

soins  et  toute  son  application  à  cette  construction,  et 
que  ""  les  (^uvniges  en  étaient  bons  et  solides  comme  de- 
vant durer  toujours." 

Un  demi  siècle  j)lu8  tard  le  marquis  de  Montcalm 
coniirmait  ce  témoignac^e.  Il  écrivait  dans  son  Journal^ 
à  la  date  du  25  juin  1758,  au  sujet  du  fortde  Chambly  : 

'•  C'est  M.  de  Beaucoursqui  l'a  fait  construire  sur 
la  rive  gauche  de  la  rivière  Sorel  ;  quatre  bastions  de 
pierre,  place  d'armes  dans  l'intérieur,  assez  spacieux  ; 
le  plus  joli  fort  du  Canada,  avant  que  M.Pouchot  eut 
construit  Niagara,  et,  chose  qui  tient  du  prodige, 
M,  de  Jieau cours  n'a  pas  volé  le  Roi  en  le  faisant  cons- 
truire. "  (1) 

Cette  même  année  1711,lorsque  le  gouverneur  deVau- 
drenil  apprit  que  les  colonies  de  la  Nouvelle  Angleterre 
taisaientdes[>réparatit8j)our  venirs'emparer  de  Québec, 
il  manda  auprès  de  lui  AI.  de  Beaucoars  afin  d'aviser 
sur  les  mesures  à  [)rendre  pour  mettre  la  ville  à  l'abri 
d'une  attaque.  Celui-ci  tirant  sou  épée  du  fourreau  ré- 
pondit au  gouverneur  qu'il  n'y  avait  point  d'autre  par- 
ti à  prendre  pour  combattre  l'ennemi  que  de  bien  affi- 
lei  son  épée,  atten<lu  qu'il  n'était  plus  temps  d'élever 
des  fortifications  (2) 

Tout  de  même,  M.  de  Beaucours  se  mitàl'œuvre. 

M.  de  Vaudreuil  écrivait  au  ministre  le  25  octobre 
1711  : 

"  Des  nouvelles  aussi  positives  que  celles  que  je  rece- 
vais de  toutes  parts  ne  me  donnant  plus  aucun  lieu  de 
pouvoir  douter  que  nous  allions  être  attaqués  vivement 
par  en  haut  et  par  en  bas,  je  piùs  de  mon  côté  toutes  les 
précautions  qut  je  crus  devoir  prendre  pour  opposer  à 
nos  ennemis  une  vio:oureuse  résistance      J'écrivis  très 


(1)  Journal  du  marquis  de,  Montcalm,  p.  377. 

(2)  Colkction  de  manuscrits,  vol.  I,  p.  (J21. 


—  306   — 

fortement  sur  cela  à  M,  le  marquis  d' Aloi:uyà  Québec 
pour  presser  les  fortifications  et  pour  faire  retirer  ilan- 
la  profondeur  des  bois  aux  premières  nouvelles  des  en- 
nemis en  rivière,  les  femmes,  les  enfants,  les  vieillard* 
et  aussi  les  bestiaux  dont  on  n'avait  pas  besoin  dans  la 
ville.  Mes  ordres  ayant  été  donnés  sur  cela  dès  le 
petit  printemps  les  habitants  avaient  eu  la  [trécautiou 
de  faire  des  parcs  dans  les  bois  et  j'avais  assez  Tesprit 
en  repos  sur  cet  article.  J'étais  aussi  très  persuadé 
que  le  sieur  de  Beaucours  ne  néçjHgeait  rien  de  son 
côté  pour  mettre  la  ville  en  état  de  soutenir  un  siège 
et  par  toutes  les  occasions  il  me  revenait  que  d'un  jour 
à  autre  les  fortifications  avançaient  à  vue  d'œ-il,  cela 
me  faisait  un  vrai  plaisir.  Je  dois  cette  justic«, 
monseigneur,  au  s.eur  «le  Beaucours.  il  a  trouvé  le 
secret  de  contenter  tout  le  monde,  l'habitant  est  venu 
jusque  à  quatre  fois  aux  travaux,  sans  peine  et  sanu 
chagrin  et  satisfait  des  raisons  que  lui  donnait  lesisur 
de  Beaucours,  il  s'en  retournait  chez  lui  content  et 
convaincu  que  nous  batterions  les  ennemis.  De  si  bon- 
nes dispositions  n'étant  pas  à  négliger  j'ai  et  •  moi-même 
dans  plusieurs  côtes  faire  des  revues  pour  encourager 
les  habitants  à  se  bien  défendre  et  à  tout  abandonner 
pour  la  cause  commune.  "  (  l) 

Le  R.  P.  Charlevoix  écrit  à  ce  sujet  : 

•'^  M  de  Beaucours,  non  content  de  fortifier  le  corps 
de  la  place  autant  que  lui  avaient  permis  de  le  faire  le 
pou  de  temps  qu'il  avait  eu  pour  y  travailler,  et  les 
moyens  qu'on  lui  avait  fournis,  avait  encore  pris  d« 
bonnes  mesures  pour  empêcher  les  ennemis  de  débar- 
quer du  côté  de  Beauport,  comme  ils  avaient  fait  en 
1690,  et  jamais  peut-être  dans  aucune  ville  on  ne  mar- 
qua plus  de  résolution  et  de  confiance,  tous,  jusqu'aux 

(1)  Correspondance  générale,  vo\.  32,  p.  53.- 


I 


—  307  — 

femmes,  étant  disposés  à  contribuer  de  leur  mieux  à  la 
pins  vio;ourouse  défense.  "  (1) 

Le  21  juin  1712,  M.  de  Beaucours  était  nommé  ingé- 
nieur en  chef  de  la  Nouvelle-France  à  la  place  de 
M.  LeVai^seur  de  Néré  qui  se  retirait  du  service  à  cau- 
se de  l'état  de  sa  santé.  Le  roi  accordait  en  même 
temps  la  croix  de  Saint-Louis  à  M.  de  Beaucours. 

Le  17  mars  1715,  M.  de  Beaucours  remplaçait  M.  L'- 
Hermitte  comme  ingénieur  à  l'île  Hoyale.  ,11  devait 
en  même  temps  rem[)lir  les  fonctions  do  lieutenant  du 
roi.  On  lui  accordait  1700  livres  comrqe  lieutenant  du 
roi. mais  i^  ne  devait  pas  retirer  d'appointements  comme 
mgéiiionr. 

En  1716,  le  Conseil  de  marine  décidait  que  Port- 
Dau]>liin  serait  à  l'avenir  le  principal  établissement  de 
l'île  Royale.  Le  22  avril  de  cette  année,  il  ordonnait 
au  gouverneur  tle  l'île  Royale,  M,,  de  Costebelle,  de 
faire  dorénavant  sa  résidence  à  Port-Dauphin.  Le  mê- 
me jour,  M.  de  Beaucours  recevait  le  commandement 
de  Port-Toulouse  où  le  gouverneur  avait  résidé  jusque 
là.  Il  devait  faire  tout  son  possible  pour  déterminer 
les  Acadiens  à  s'établir  en  cet  endroit. 

L'année  suivante,  le  Conseil  de  marine  envoyait 
M.  de  Beaucours  commander  à  Port- Dauphin. 

Le  3  février  1722,  M.  de  Beaucours  recevait  ordre, 
de  ])asser  à  l'île  Saint-Jean  en  qualité  de  commandant 
pour  Sa  Majesté 

Un  an  après,  le  21  février  1723,  la  Cour  lui  ordonnait 
de  venir  reprendre  son  p<>ste  à  l'île  Royale. 

Le  21  décembre»  1725,  M.  de  Saint-Ovide  de  Brouil- 
lan,  gouverneur  de  l'île  Rovale,  demandait  le  gouver- 
nement do  Trois-Rivières  pour  M.  de  Beaucours. 

Le  14  août  1728,  il  renouvelait  sa  demande  en  fa- 
veur de  M.  de  Beaucours. 


(I)  Histoire  et  description  ijénéraU  de  la  ]^ouv  elle- France, 
vol.  I,  p.  '6ï)ô. 


—  808  — 

Cette  fois  il  réussit,  et,  en  1730,  M.  de  Beaucours 
était  nommé  goavernenr  de  Trois-Rivières.  Il  se  ren- 
dit dans  cette  ville  dans  Tété  de  la  même  année.  Il 
fit  dans  son  gouvernement  de  sages  règlements  aân  de 
prévenir  les  incendies  qui  y  étaient  fréquents. 

Kn  1733,  M.  de  Baaucours  remp'açait  M.  B  )uillet 
delà  Chassaigne  au  gouvernement  de  Montréal.  Il  v 
mérita  les  éloges  les  plus  flatteurs.  Dans  une  note  of- 
ficielle de  1739  on  lit  : 

"  M.  deBeaucours  a  toujours  servi  avec  distinction  : 
il  a  toutes  lesqualités pour  remplirle  poste  qu'il  occupe.'' 

On  regrette  cependant  qu'en  maintes  circonstances 
il  se  soit  montré  antipathique  à  la  vénérable  madame 
d'Youville. 

Le  15  février  1718,  M.  de  Beaucours  était  mis  à  la 
retraite,  et  remplacé  comme  gouverneur  de  Montréal 
par  Charles  LeMoyne,  deuxième  baroii  de   Longueuil. 

Rendu  à  un  Hge  très  avancé,  après  soixante-deux 
années  de  bons  et  loyaux  services,  M.  de  Beaucours  se- 
trouvait  réduit  à  la  misère. 

Le  8  octobre  1748,  MM.  do  la  Galissomiière  et  Bigot 
le  recommandaient  aux  bonnes  grâces  du  ministre 
dans  les  termes  suivants  : 

•'  M.  de  Beaucours,  ancien  gouverneur  de  Montréal,. 
k  qui  vous  avez  procuré  ]u  retraite,  à  commencer  du  IS- 
février  dernier^  (îoit  au  roi  environ  1800  livres  qu'il  a 
touché  de  trop  sur  ses  appointements  de  la  présente 
année.  Comme  cet  oflïcier  dont  vous  connaissez  le  mé- 
rite est  dans  la  dernière  indigence,  étant  obligé  de  ven- 
dre ses  meubles  journellement  pour  subsister  nous 
vous  prions  de  vouloir  bien  lui  accorder  cette  somme 
en  gratification. 

"  Nous  vous  ajouterons,  monseigneur,  qu'il  ne  ser» 
pas  possible  à  cet  oflicier  de  vivre  avec  la  pension  de 
3^00  livres  que  vous  lui  avez  procuré  sur  le  trésor 
Fo-yal.     Il  ne  trouve  pas  un  sol  à  emprunter  sur  cette 


—  309  — 

pension,  et  s'il  était  possible  de  lui  taire  toucher  sur 
les  fonds  de  hi  nuirine,  vous  le  tireriez  de  la  misère  oii 
t\  se  trouve. 

'^  La  vie  est  fort  chère  /lans  le  pays  et  il  ne  sait  où 
[•rendre  le  premier  sol  pour  sa  subsistance  journalière. 

"Il  serait  en  outre  disgracieux  de  voir  un  officier  de 
distinction  par  sa  place  e^  par  lui-même  et  d'un  âge 
aussi  avancé  être  réduità  la  mendicité."  (l) 

M.  de  Beaucours  mourut  à  Montréal  le  U  mai 
^7ôO.  (2)  p.  G.  Yi. 


L'HOX.  ROCII-FHANÇOIS  DE  SAmT-OURS 

La  iioblesse  de  la  famille  de  Saint-Ours  remonte  au 
treizième  siècle.    Plusieurs  documents  attestent  le  fait. 

Le  premier  de  cette  famille  qui  s'établit  dans  la  Nou- 
velle-France fut  Pierre  de  Saint-Ours,  officier  dans  le 
régiment  de  Carignan  Laseigneurie  de  Saint-Ours  lui 
tut  concédée  en  1672. 

Roch-Françoisde  Saint-Ours  naquit  à  Saint-Ours  le 
23  octobre  1800  du  mariage  de  l'honorable  Charles- 
Louis-Uoch  de  Saint-Ours,  qui  fut  conseiller  législatif 
du  Bas-Canada  de  1808  à  1834,  et  de  Josephte  Murray. 

Il  fut  député  du  comté  de  Richelieu  de  1824  à  1832. 

Il  fut  appelé,  le  1er  janvier  1832,  à  siéger  au  Con- 
seil législatif. 

Le  3  avril  1837,  on  lui  confiait  la  charge  importante 
tleshérif  de  Montréal. 

Il  mourut  dans  cette  ville  le  10  septembre  1839,  et 
fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Ours. 

(I)  Correspondance  générale,  vol.  91,  p.  40. 

{i)  Mgr  Tanguay  (Dictionnaire  généaloqique.yo\.  3,  pp. 
471,  472)  fait  deux  personnages  de  Josué  '  Boisbcrthelot  de 
KeaucourSs 


L'HOK  liOUd-FKANÇOIS   DE  SAIXT-OURS 


^  311  --. 
RÉPONSES 


PiureDugnéd*^  Boisbriand.  (X,  VI,  1014.)  — 

Pierre  T)n<i:ué  de  Boisbriand  était  né  à  Montréal  le  21 
février  1675  tSon  père,  Michel-Sidrac  Dugué,  sieur  de 
.Boisl>riand,  fut  l'un  des  plus  braves  capitaines  du  ré- 
giment de  Carignan.  Grâce  à  la  protection  de  M.  de 
Frontenac,,  il  entra,  tout  jeune,  comme  cadet  dans  les 
trou})es  de  la  marine. 

A  dix-neuf  ans,  il  était  déjà  enseigne. 

Bans  l'hiver  de  1694-1695,  le  gouverneur  de  Fron- 
tenac mit  jtlusieurs  partis  eu  cimpagne,  tant  pour  em- 
ployer ses  gens  que  pour  faire  quelques  prisonniers 
afin  d'avoir  des  renseignements  sur  les  projets  des 
ennemis. 

Le  premier  de  ces  partis  était  composé  de  cinquante 
Sauvages  du  Sault  commandés  par  le  lieutenant  IJes' 
cbaillons  et  l'enseigne  Dugué  de  Boisbriand.  Il  se 
dirigea  vers  Orange.  Là,  il  se  divisa.  Le  15  avril 
1695,  une  partie  d'entre  eux  revint  avec  trois  prison- 
niers iroquois.  Dix  ou  douze  jours  plus  tard,  Des- 
chaillonS)  Dugué  de  Boisbriand  et  le  reste  du  parti 
revinrent  avec  un  Hollandais  dont  ils  s'étaient  emparé 
^à  une  lieue  d'Orange.  (1) 

En  1696,  M.  Dugué  de  Boisbriand  prit  part  à  l'ex- 
pédition de  M.  d'iberville  contre  Terre-Neuve.  En- 
voyé pour  s'emparer  de  Kirividi,  à  trois  quarts  de  lieue 
de  Saint-Jean,  il  réussit  parfaitement  et  fit  un  grand 
nombre  de  prisonniers. 

Charlevoix  dit  à  propos  de  cette  expédition  : 

"  Après  M.  d'iberville,  qui  donna  en  cette  rencontre 

(l)B.-B.  O'Galiaghan,  Documents  reltitive  to  the  colonial 
■history  of  thestate  of  New -York,  vo'.  IX,  p.  600. 


—  312  — 

de  grandes  preuves  de  sa  capacité,  et  se  trouvait  par- 
tout où  il  y  avait  plus  de  risques  à  courir  et  plus  de 
fatigues  à  essuyer,  et  Montigny,  qui  prenait  pour  l'or- 
dinaire  les  devants,  et  souvent  laissait  peu  du  choses  à 
laire  k  ceux  qui  le  suivaient.  Boucher  de  la  Perrière, 
d'Amour  de  Plaine,  Dugué  de  Boisbriand,  trois  gen- 
tilshommes canadiens,  et  Nescambiouït,  furent  ceux 
qui  se  distinguèrent  le  plus.  "  (1) 

L'année  f-uivante,  M.  Dugué  de  Boisbriand  accom- 
pagna d'Iberville  dans  son  expédition  de  la  baie  d'Hud- 
son  Le  VI  septembre  1697,  le  commandant  du  fort 
Bourbon,  Henry  Bailey,  capitulait.  M.  d'Iberville 
prit  possession  de  sa  conquête,  et  après  avoir  établi 
pour  commandant  le  sieur  de  Marigny  et  pour  lieute- 
nant du  roi  le  sieur  Dugué  de  Boisbriand,  il  s'embar- 
qua (24  septembre)  sur  le  Profond  pour  la  France.  (2) 

lia  paix  de  Ryswick  ayant  donné  quehine  espoir  <le 
repos  à  la  France,  Pierre  LeMoyne  d'Iberville  s'oftVit 
au  roi  pour  continuer  les  entreprises  de  Cavelier  de 
LaSalle,  Sa  proposition  fut  acceptée,  et  le  ministre 
Ponichartrain  lui  donna  deux  frégates  de  trente  canons 
et  deux  antres  bâtiments.  Cette  petite  flotte  partit 
de  LaRochellele  24  septembre  1698.  Elle  portait  deux 
cents  colons  et  quelques  officiers. 

Ce  ne  fut  qu'an  mois  de  février  1699  qu'elle  arriva 
à  la  Louisiane,  d'Iberville  ayant  d'abord  fait  escale  au 
cap  Français,  dans  l'île  de  St-Domingue,  puis  à  Sainte- 
Rose,  près  de  Pensacola. 

D'Iberville  décida  d'établir  le  point  principal  de  sa 
colonie  à  l'extrémité  orientale  d'une  baie  qu'il  nomma 

(])R.  P.  Char]eyo\7:,  Mistoire  de  la  Nouvelle-Franre.iome 
II,  pp.  196,  197. 

(2j  Idem,  tome  II,  p,  208. 


—  313  — 

la  baie  de  Biloxi.  Un  fort  fut  immédiatement  cons- 
truit, et  d'Iberville  qui  rétournait  en  France  laissa  ses 
frères  Sauvole  et  Bienville  le  premier  comme  comman- 
dant du  fort  et  l'autre  comme  lieutenant. 

Le  7  décembre  1699,  d'Iberville  était  de  retour  et 
annonçait  que  le  roi  avait  nommé  Sauvole  g;ouverneur 
de  la  Louisiane,  Bienville  lieutenant- gouverneur,  et  de 
Bdisbriand  major  du  fort  Biloxi. 

En  février  1704,  Bienville  envoya  aux  Chacta8,80U8 
l'escorte  de  25  soldats  commandés  par  Dugué  de  Bois- 
briand,  70  Chikassas,  qui  voulaient  faire  la  paix  avec 
eux.  Mais  les  Chactas  qui  étaient  des  perfides  mas- 
sacrèrent les  Chikassas  sous  les  yeux  de  l'officier  cana- 
dien. Que  pouvait-il  faire  avec  25  hommes  ?  Dans 
leur  lutte  avec  les  Chikassas,  les  Chactas  avaient  blessé 
de  Boisbriand.  Pour  lui  en  marquer  leur  regret,  ils 
l'escortèrent  au  nombre  de  300  jusqu'à  la  Mobile. 

De  1704  à  1718,  nous  avons  peu  de  renseignements 
sur  la  carrière  de  M.  de  Boisbriand. 

Le  8  mars  1718,  deux  irégat es  La  tiachesse  de  Noail- 
les  et  La  F?r/o?>e  jetaient  l'ancre  à  l'île  aux  Vaisseaux, 
Louisiane  La  première  de  ces  deux  frégates  portait 
Pierre  Dugué  de  Boisbriand  qui  venait  d'être  nommé 
lieutenant  <lu  roi  à  la  Louisiane  et  commandant  aux 
Illinois.  Il  npportait  avec  lui  la  commission  nommant 
M.  de  Bienville  gouverneur  de  la  Louisiane  à  la  place 
de  M.  de  l'Espinay,  rappelé.  (1) 

Au  mois  d'octobre  suivant,  M.  de  Boisbriand  par- 
tait de  la  Mobile  avec  un  fort  détachement  de  troupes 
régulières  pour  aller  établir  aux  Illinois  un  poste  mili- 
taire permanent  afin  de  protéger  les  habitants  français 


{\)  Vrenah,  Histoncal    CoUectlons — New    Séries    (1869) 
p.  140  ;  aussi  lorc  sJrie,  p.  06. 


—  314  — 

de  cette  immence  région.  Arrivé  à  Kascaskia,  il  s'é- 
tablit là  temporairement,  puis  au  bout  de  quelques 
mois  il  faisait  commencer  la  constructon  d'un  fort  à 
seize  milles  au  nord-ouest  de  Kaskas<ia,  Ce  fort  fur 
terminé  au  printemps  de  172  )  et  reçut  le  nom  de  fort 
de  Chartres. 

M.  Dugué  de  Boisbriand  resta  plusieurs  années  com- 
mandant aux  Illinois,  et  se  rendit  très  populaire  par- 
mi les  naturels  qui  habitaient  cette  région. 

M.  de  Boisbriand  n'avait  point  ces  avantages  de  la 
nature  qui  préviennent  les  gens  en  leur  faveur.  Né 
avec  une  épaule  plus  haute  que  l'autre,  il  était  voûté. 
Mais  il  était  d'un  mérite  si  distingué  et  parlait  l'idiom» 
illinois  avec  une  si  grande  facilité,  qu'il  racheta  tout 
de  suite  ses  défauts  physiques  qui,  chez  les  Illinoia^ 
étaient  mis  en  ligne  de  compte. 

Peu  de  temps  après  son  arrivée  au  milieu  dis  Illi- 
nois, il  reçut  les  députés  de  chaque  tribu  qui  vinrent 
lui  présenter  le  calumet  de  paix.  La  cérémonie  ter- 
minée,  M.  de  Boisbriand  harangua  lui-même  les  Illi- 
nois, sans  le  secours  de  l'interprète,  à  peu  près  dans 
les  termes  suivants  : 

''  Illustre  et  valeureuse  nation  illinoise,  alliée  et 
amie  des  Français,  ouvrez  vos  oreilles  pour  écouter  ma 
parole  qui  est  vraie,  aussi  pure  et  claire  que  le  soleil 
qui  parait  aujourd'hui  sur  Fliorizon,  et  que  je  prends 
à  témoin,  comme  l'agent  du  maître  de  l'univers. 

"  Le  grand  chef  des  Français  demeure,  vous  ne  l'igno- 
rez pas,  audelà  du  grand  lac  d'eau  salée,  dans  l'ancien 
monde,  où  des  hommes  blancs,  ses  sujets,  sont  en  aussi 
grand  nombre  que  les  feuilles  des  arbres  dans  vos  forets. 
Ce  puissant  monarque  ayant  été  informé  par  l'écorce 
parlante,  que  ses  fidèles  alliés  et  enfants  les  hommei 
rouges  illinois,  ainsi  que  leurs   confédérés  les   brave» 


—  315  — 

Kaska'>ia&i,  Mitchigamias,  Penhenguichias,  Kaokias, 
Taniaroee,  etc,  lui  avaient  donné  en  toute  rencontre 
des  preuves  signalées  de  leur  attachement  inviolable 
envers  sa  (ouronne  et  pour  le  bien  de  sa  colonie,  Sa 
Majesté  a  bien  voulu  m'honorer  par  \e  choix  qu'elle  a 
daigné  faire  dénia  personne,  pour  venir  résider  sur 
vos  terres,  afin  de  les  conserver  toujours  blanches,  et 
pour  vous  donner  des  marques  authentiques  de  sa  bonté 
paternelle,  puisqu'il  sait  que  c'est  ajuste  tiire  que  lea 
h(.mmes  rouges  illinois  se  qualifient  de  ses  enfants. 
Cette  prédilection  de  la  part  du  grand  empereur  des 
Français,  et  qui  me  flatte  infiniment,  m'autorise  à  vou» 
<liie  en  même  temjis  que  si  je  suis  petit  de  corps,  mon 
c<Eur  (  sî  assez  giaiid  pour  y  loger,  comme  dans  une 
epacieuse  cabane,  tous  nos  enfants  les  hommes  rouges 
illinois. 

"  Je  viens  donc  pour  vous  ratifier  cette  parole,  qui 
est  celle  du  plus  tendre  père  et  du  meilleur  roi  de  la 
terre,  puisque  je  suis  chargé  de  vous  apporter  de  «es 
magasins,  des  marchandises  qu'il  vous  envoie  pour  cou- 
vrir vos  femmes  et  vos  jeunes  filles  ;  car  le  cœur  de  ce 
grand  chef  des  hommes  blancs  souflVe  beaucoup  desa- 
voir que  ses  enfants  les  hommes  rougee,  sont  dignes  de 
pitié  (c'est-à-dire  qu'ils  ont  le  corps  nu)  en  outre,  pour 
les  faire  vivre  de  viande  de  chasse,  les  faire  redouter 
et  les  défendre  contre  vos  ennemis  mortels  les  Renards, 
je  leur  aj)porte  des  armes  blanches,  des  fusils,  de  la 
poudre  et  des  balles.  Et  comme  un  véritable  père, 
il  a  ajouté  de  son  lait  (1)  pour  réjouir  et  donner  de  la 
vigueur  aux  vénérables  vieillards  de  la  nation,  afin 
qu'ils  conseillent  sagemetit  les  jeunes  guerriers,  et  leur 
recommandent  expressément  de  ne  point  perdre   l'es- 

{1)  Kau-de-vie. 


—  316  — 

prit,  c'est-à-dire,  de  ne  jamais  se  moquer  du  maître  de 
la  vie  oa  de  l'Etre  suprême,  qui  vous  protégera  contre 
la  nation  des  fins  Renards,  vos  ennemis  perpétuels. 

"  Et  si  après,  ils  étaient  assez  téméraires  pour  venir 
vous  morguer  pendant  que  je  résiderai  sur  vos  terres^ 
vous  me  verrez  élevé,  c'est-à-dire  que  je  marcherai 
alors  sur  la  plante  des  pieds,  à  la  tête  de  tous  mes  va- 
leureux guerriers  français  et  illinois,  avec  des  gros  fu- 
sils (1)  qui  foudroyeront  ces  audacieux  fanfarons,  et 
nous  ferons  des  bourres  à  canon  de  leurs  chevelures. 

"  Vous  saurez  donc  que  le  grand  chef  de  tous  les 
Français  ne  manquait  nullement  de  capitaines  mieux 
faits  et  bien  plus  grands  que  moi, pour  venir  dans  votre 
pays  ;  mais  cet  auguste  souverain  appréhendait,  avec 
juste  raison,  que  s'il  en  eût  envoyé  un  autre  que  moi 
-pour  expliquer  sa  parole  royale,  cet  autre  Français- 
n'eût  pu  la  rendre  à  ses  enfants  les  hommes  rouges- 
avec  la  même  force  au  la  même  intelligence,  parcequ'il 
a  été  iikformé  que  je  parle  comme  vous  la  langue  illi- 
noise  (2)  ;  voilà  précisément  pourquoi  le  Ixni  monarque 
des  Français  m"a  préféré  aux  capitaines  les  plus  grand* 
de  son  vaste  empire,  pour  venir  dans  votre  pays,  avec 
ses  marchandises  et  ses  munitions  de  guerre,  afin  que 
je  vous  en  fas^e  la  repartition  suivant  ses  ordres,  que 
^exécuterai  ponctuellement  sans  qu'il  en  soit  détourné 
une  aiguille.  " 

Ce  discours  qui  avait  été  écouté  avec  le  plus  protond 
silence  n'était  pas  plutôt  terminé  que  les  applaudisse- 
ments éclatèrent  dans  toute  l'assemblée. 


(1)  Petites  i>ièces  d'ai-tillerie. 

(2)  ii'îdionie  illinois  est  extrêmement  difficile  à  îip])rendre. 
('epeadant  M.  de  Boisbriand  surpassa  toutes  les  diilicultts 
de  cette  langue  barbare,  et  il  1  apprit  si  parfaitement  que 
parTusage  q.u'11  en  tit.  l'oneàt  dit  qu'elle  lui  ét:vit  naturelle 


—  817  — 

Là  r'1"«  îiiicicM  orateur  de  la  nation   se  leva  ensuite, 
et  fit  la  harangue  suivante  : 

"  Ta  pan. le  a  pénétré  dans  nos  coeurs  aussi  promp- 
tenientquele  trait  d'un  arc.  Nos  guerriers  et  nos 
Jeunes  gens,  qui  souvent  ne  jugent  que  sur  l'apparence, 
t  avaient  auparavant,  comme  des  ignorants,  méprisé  ; 
ils  reconnaissent  présentement,  avec  Justice,  que  tu  es 
plus  haut  erii  lumière  et  en  valeur,  que  ne  sont  les  étoi- 
les sur  nos  têtes  et  que  tu  es  plus  profond  en  pénétra- 
tion et  en  connaissance  que  los  gouffres  du  fleuve  de 
Méchassepi  (appelé  le  Mississipi  ou  fleuv.-  Saint-Louis, 
j.arles  Français)  ;  ils  pensent  comme  moi,  que  c'est  la 
force  de  ton  esprit  qui  a  empêché  ton  corps  décroître. 
Aussi  le  maître  de  la  vie,  ou  l'auteur  de  la  nature  t'a 
copieusement  dédommagé  de  la  petite  taille  de  ton 
corps,  en  t'accordant  la  grandeur  de  l'âme,  avec  des 
sentiments  vraiment  héroïques,  pour  défendre  et  pro- 
téger contre  leurs  ennemis,  les  hommes  rouges  illinois 
et  leurs^  alliés,  qui  s'efforceront  de  gagner  ton  amitié, 
et  en  même  temps  qu'ils  chérissent  l'adoption  qu'a  bien 
voulu  faire  de  notre  nation  le  grand  empereur  des 
Français. 

"  En  conséquence,  nous  te  prions  très-instamment 
de  mander,  dans  l'écorce  qui  parle,  à  notre  père,  le 
grand  chef  des  hommes  blancs,  que  nous  ne  trouvons 
point  dans  notre  langue  de  termes  assez  expressifs 
pour  le  remercier  de  l'attention  paternelle  qu'il  a  bien 
voulu  avoir  pour  notre  nation,  en  envoyant  résider 
sur  notre  terre,  afin  de  la  conserver  toujours  blanche, 
un  capitaine  de  valeur  tel  que  toi.  Aussi,  pénétrés 
d'amour  envers  ce  digne  chef,  et  pour  lui  en  marquer 
notre  sincère  et  vive  reconnaissance,  nous  députerons 
des  considérés  ou  des   notables  pour   aller  de    l'autre 


—  818  — 

côté  du  graiid  lac  d'eau  acre,  assurer  notre  père  dan» 
ea  grande  cabane,  au  grand  village  des  Français,  que 
nous  voulons  vivre  et  mourir  ses  plus  tidMe»  allién  et 
enfante  les  hommes  rouges  illinois.  "  (1) 

En  1724,  le  gouverneur  de  Bienville,  par  suite  de 
^oppo^ition  de  ses  ennemis,  fut  rappelé  en  France,  et 
son  frère,  Chateauguay,  perdit  aussi  son  emploi  de 
lieutenant-gouverneur  de  la  Louisiane.  De  Boi»- 
briand,  comme  lieutenant  du  roi,  prit,  par  intérim^  lu 
charge  de  gouverneur  de  la  Louisiane  II  laissa  donc; 
la  place  de  commandant  des  Illinois  pour  venir  pren- 
dre ses    quartiers-généraux  à  la  Nouvelle-Orléans. 

M.  de  Boisbriand  fut  en  butte  aux  mêmes  intrigues 
que  son  prédécesseur.  Le  24  octobre  \l'lb,  il  se  plai- 
gnait au  ministre  de  l'esprit  de  coterie,  d'injustice  et 
d'insubordination  dont  était  animé  le  Conseil  Supé- 
rieui  de  la  Louisiane,  qui,  disait-il,  ne  se  plaisait  qu'à 
le  contrecarrer  et  à  opprimer  les  habitants. 

Le  0  août  1726,  M.  Périer,  officier  de  marine,  était 
nommé  gouverneur  de  la  Louisiane  en  remplacement 
de  M.  de  Bienville.  Il  vint  quelques  mois  plus  tard 
relever  M.  de  Boit>briand. 

M.  de  Boisbriand,  parait-il,  aurait  peut-être  (obtenu 
le  gcuvern(  ment  de  la  Louisiane  Mais  pendant  son 
règne  intérimaire  M.  de  LaChaise  avait  été  nommé 
pour  taire  une  enquête  sur  la  conduite  des  principaux 
officiers  de  la  Louisiane.  ]V1.  de  Boisbriand  n'exécuta 
pas  les  ordres  qu'il  avait  reçus  d'aider  M.  de  LaCbaise. 


(1)  yoineaux  voyaijes  dansl'  ArntTlquc  septentrionale.  M\- 
tion.do  177H,  p.  228.  M.  Eos!?»i.  chevalier  du  vSaiiit-Louis, 
et  capilîiine  d'une  compaLinio  de  lu  niaiine,  qui  vi^itu  le» 
Illinois  en  177  I ,  dit  fine  lu  nirmoire  do  M.  de  Boishiiu  nd 
itait  encore  en  vi'nération  parmi  ces  Indiens. 


—  319  — 

Il  fit,  ;.n  contraire,  tout  ce  qu'il  put,  pour    l'empêchtr 
(le  connaître  la  vérité. 

II  fut  sévèrement  censuré,  et  le  ministre  le  pappella 
en  France  pou  ravoir  des  éclaicissements  sur  sa  conduite. 

M.  de  Boisbriand  décéda  en  173^.  Il  touchait  une 
pension  de  huit  cents  livres  depuis  six  ans,  lorsque  la 
mort  vint  Tenlever  à  l'affection  des  siens.  (1) 

P.  G.  R. 

Le  <•  Dictioniiaîreabenaquis  "  du  K.  F.  Kasle« 

(X,  IX,  1035.)— -Le  manuscrit  du  Dictionnaire  ahéna- 
fjuis  est  conservé  à  l'université  de  Harvard.  Il  a  été 
imprimé  dans  les  Mémoiiesde  l'Académie  Américaine 
des  arts  et  des  sciences,  en  1833  (Vol.  I,  pp.  375  à  574). 
M.  le  docteur  Dionne  remarque  que  sur  le  premier 
feuillet  de  son  Dictionnaire,  le  R.  P.  Rasle  avait  écrit  : 
'-  1691.  Il  y  a  un  an  que  je  suis  parmi  les  Sauvages, 
j«  commence  à  mettre  en  forme  de  dictionnaire  les  mots 
que  j'apprends.  "  IM'avait  donc  «ommencé  lors  d© 
son  séjour  à  la  mission  de  Saint-François  de  Sales, 

Dans  l'ouvrage  de  George   Heriot,    Travels  through 
Cana^/a  (Londres,  1807)   on    trouvera  le    Vocabulair»' 
de  la  langue  algonquine  par  le  R.  P.  Rasle. 

(l)  L'abbé  Daniel,  Lt  vicomte  de  Ler\j  et  sa  famille,  p. 
195.  Mgr  Tangiiay,  Dictionnaire  (jénéalogique',  vol.  1er, 
p.  210,  fait  marier  Pierre  Duguéde  B;»isbriand,  à  l'Ange- 
Gardien,  le  17  février  1694,  avec  Anijélique  Lugré.  II  fait 
erreur  C'est  Pierre  Duguay,tils  de  Guillaume  Duguay  et  de 
Marie  Bouguet,  de  1»  paroisse  de  Chorac,évêchéde  Saviàrei. 
qui  se  marie  à  l'Ange-Gardien  le  17  février  1694, 


—  320  — 
QUESTIONS 


1039— Les  nombreuses  familles  du  nom  deLcvasscur 
que  nou.s  voyons  aujourd'hui  dans  la  province  de  Qué- 
bec descendent-elk-«  de  Jacques  LeVasseur  de  Xuré 
qui,  en  17l3,  fut  chargé  par  le  roi  de  France  de  refaire 
les  fortifications  de  Québec  ?  Ce  Levasseur  est  il  mort 
dans  la  Nouvelle-France  ?  LeV. 

1040 — En  quelle  année  et  par  quelle  loi  furent  al>o- 
lies  les  cours  des  Plaidoyers  Communs  ?  Rio. 

1041— Tanguay  ne  donne  pas,danf'  son  Diciioiivaire 
gévéalogique,]a  date  et  l'endroit  de  la  mort  de  Antoine 
Pécody  de  Contrecœur,  capitaine  au  régiment  de  Cari- 
gnan  et  premier  seigneur  de  Contrecœur  Serait-il 
retourné  mourir  en  France  ?  ABC.' 

1042 — 11  existe  ù  Varennes,dans  une  chapelle  située 
à  quelques  arpents  de  l'église  paroissiale,  un  tiiblesiu 
de  sainte  Anne  couronnée  en  1842.  Connaît-on  sur 
ce  tableau  quelques  détails  antérieurs  à  son  courouni-- 
ment  ?  D'où  vient-il  ?  Quel  en  est  l'auteur,  ou  est-ce 
une  copie  de  quelque  tableau  connu  ?  11  aurait  d'abord 
appartenu  à  la  famille  Lussier,  de  cette  paroisse  Les 
actes  notariés  de  cette  famille  en  font-ils  mention  ?  A 
quelle  date  est-il  devenu  propriété  paroissiale  ?  Existe- 
t-il  dans  les  journaux  du  temps  ou  ailleurs  un  compte- 
rendu  delà  cérémonie  du  couronnement,  1,;  26  juillet 
1842  ?  peut-on  donner  quelques  détails  sur  les  deux  pre- 
mières chapelles,  où  fut  conservé  le  tableau  jusqu'en 
1862,  époque  de  la  construction  de  la  chapelle  actu- 
elle ?  Par  qui  et  à  quelles  dates  ces  chapelles  ont-elles 
été  érigées  ?  J). 


QUBBEC^ENTRAL 

L'.vS  TRAINS  QUITTENT  LÉ  VIS 

8   A  A  ■)  l-:XPKb:SS  DES  MONTAGNES  BLANCHES 
,\J\J  /-    Pour  Fabyans.  PorLland,   Sherbrooke,   Beauce 
A.   Al.      )    et    Méguntic.   chars  Pulhnand,  Parloir,  Buttct 
jusqn  à  P(M'tUind. 

3rrv]KXPEESS  DE   BOSTON    ET  NEW- YORK. 
.  OU  /    l»t>i'i"  Sherbrooke,   Boston,    Springtield,  New- 
P.  M.     )    York,  tous  les  points  de  la  Nouvelle-Angleterre, 
aussi  Beauce  et  Mégnatic,   chars  Pullman   dortoirs  sur  ce 
l  l'ain. 

2rv  r  ]  SPÉCIAL  DE  NEW-YORK    ET    BOSTON. 
,V^0  (    C*^  nouveau  train  commencera  à  circuler  le  24. 
P.   M.      )    juin  avec  chars  directs  faisant  le  ti'ajet  le  plus 
rajiide  entre  Québec  et  Ne\v-Y"ork. 

7  nn)  ^^^'*^'^*^^'^^^^^'^'^^^^-  -De  Lévis  à  Sherbrooke, 
/  ,vJvJ  r   ^^  ^'^"'^  '^•''  P<ji"t^  ^^11'  le  chemin  de  fer  Boston 
P.  M.     )    <fc  Maine. 

LES  TRAINS  ARRIVENT  À  LEVIS 
Express  de  Boston  et  New- York  à  12  hrs.   midi.    Spécial 
de  Boston  et  New-York  à  1.10  hr.  p.  m.    Express  des  Mon- 
tagnes BiauL-hes  à  8.55  hrs  p.  m.  Accommodation  à  8. -Ira  la. 


a.  m. 


VIENT  OE  PARAITRE: 


LU  FilMlLlE  GODSFEO!  Il  mwm 

PAR 

PIERRE-GEORGES  ROY 


Tiré  a  100  exemplaires  numérotés 


PRIX  :  $1.00 
S'adresser   à  Pierre- Georges  Roy,  rue  Wolfe,   Lévis. 


VIENT  DE  PflRii'TRF  : 


LA  FAMILLE  TACHÉ 


PAR 


PIERRE-GEORGES  ROY 


Eenseigiiements  généalogiques  sur  les  familles 
Ansl  ovc.  Bender,  Eôucher  de  la  Broquerie,  Chamber- 
laiid,  Choquette,  Cimon,  Coureol,  Ennis,  Garneau, 
Grauthi  (  r,  Kane,  de  Lanaudière.  LeBoutillior,Marni{:-tte, 
Serocold,  Têtu,  etc.,  etc. 


200  pages  in-8.     37  purtri^its  hors  texte. 


Tiré  à  20.0  exemplaires  numérotés 


Prix  :  $2.00  l'exemplaire. 


S'radesser,  à  Tauteur  à  Lévis. 


VOL.  10  KOVEMBRE  1904  Xo  11 

BTJLLETinsr 

— ^    DES    

R[CH[fiCII[S  HISTORlOOtS 


AECHÉOLOGIE— HLSTOIEE— BIOGEAPHIE 
BIBLIOGEAPHTE— NIJMISMATQUE 


«HUANE      DE     LA      SOCIÉTÉ     DES     ÉTUDES     HISTORIQUES 


Qui  manet  in  patriâ  cl  patriaiii  coynos-cere  it-ninit. 
Is  rr.ihi  non  civis  sed  pere^rinus  erit 


PIEEEE-GEOEGES   EOY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFE 

LÉVIS 


RECHKRCHivS  HISTORIQUES 


Sommaire  de  la  livraison  de  octobre  :  Les  engagés- 
de  la  Nouvelle-France,  Ignotas  ;  Jacques  Babie,  P.-B. 
Casgraiu  ;  Bartholomew  -  Conrad- A^ugnstus  Gugy, 
P\  G.  R.  ;  Deuxième  régiment  de  la  milice  du  comté 
d'Essex,  B.  Suite  :  Le^  Pays  des  Ilurons,  B.  Suite  ; 
M.  de  Tracy  était-il  marquis,  Régis  Roy  :  Nicolas- 
Daneau  de"  Muy,  P.  G.  R.  ;  Le  DouMe^Shiiffîe,  F.  L.  : 
Questions  ;  etc.,  etc. 

Gravure  :  Bartholome\v-Confad-A.iigiistus  Guii;y. 

On  peut  se  procurer  gratuitement  une  livraison  spJcinuMi 
'ies  Recherches  Historiques  en  s'adro.ssant  au  diroctour  de 
ia  revue,  Pierrc-(îe<>rges  lioy,  rue  Wolfe,  LJvis. 


AÏ/oifHrtucitt  :  $2  ifdi'  ((iniée. 


DESIDERATA 


Bulletin  des  RecliercJœs  Historùiaes^  toui.  les  nos  des 
premier  et  deuxième  volume 

Enseignement  Primaire,  vol.  24,  nos  3  (nov  02)  ;  4 
(déc  02)  ;  5  (janv  03)  ;  6  (fév  03)— vol.  25,  no  3  (nov  03  ) 

Répertoire  du  Clergé  Canadien  de  MgrTanguay  (Se- 
conde édition) 


BULLETIN 

DES 

RECHERCHES  HISTORIQUES 

^L.  10  i!^0VEM13IlK  1904  ^^^i 

LES  "ENGAGÉS"  DE  LA  ^OUYELLE-FRANCE 

a.H^aïes  Je  fV"  'Z'Z'''  '^""'"^  '^'''''    ^'^    ^'^^^"^'^ 
o     c-hroniques  et  cle  nos  documents  anciens  il  a  passé 
dans  la  lan^^ue  courante   des   Canadiens,    et  l'on^Sn 
«ert  communément  anjourd'hui  pour  dés^ner  les  do 

qreie^r;r;r'  ^  ''  "^"?^^"^''  Qu'?tait-ce  do!; 

On  vpp/T^       '"!   "'  ^'""''"'^  ^^"^P^  ^^^^  Canada  ? 

Uuv.ezie  vénérable  et  intéressant  dictionnaire  de 
rm'nn'Ti  '  !''^\^^mé  VOUS  lirez  ce  qui  suit  :  "  At,,,,^ 
1  on  a  donne  a  ce  ui  qui,  voulant  s'aller  établir  aux 
Jn  e  .  s  engageait  à  servir  trois  ans  celui  qui  le  défra- 
yait pendant  le  voyage.  "  Obligatus,  r^ancinatus  " 
<^n  les  appelle  les '' trente-six  mSs  ".'  CŒde' 
?itT.;S:.T  -«d'engagement.  Ce  marche  ne t 
tait  plus  aujourd'hui;  mais  on  donne  encore  le  nom 
d  engages  ou  de  "  trente  six  mois  "   à  ceux   qui   s'en 

Sf^;:J::^^^^^^^-^^-^^-p-rle^ 

tout  capitaine  de  ^virJaval^JS^^^^tZS 

i-xauement  comme  les  racoleurs  du  recnitement      Tll 
avaient  dès  lors  sur  eux  les  mêmes  droits  cl^'u,"  clS 


?.oo 


militaire,  et  ces  contrats  étaient  négociables  et  traiïs- 
inissibles.  Tout  le  monde  sait  que  les  terribles  flibus- 
tiers de  la  Tortue  et  de  Saint-Domingue  se  recrutaient 
de  cette*  manière  ;  chez  eux  les  droits  de  maîtrise 
étaient  exercés  avec  une  rigueur  extrême,  et  la  vie  de 
l'engagé  était  d'autant  plus  dure  qu'elle  était  le  novi- 
ciat par  lequel  on  entmit  dans  la  redoutable  corpora- 
tion des  flibustiers.  Au  Canada,  ce  régime  était  plus 
paternel  ;  l'engagé  vivait  dans  la  famille,  épousait 
souvent  une  des  filles  du  maître  et  s'établissait  près 
de  lui  ".  Plus  loin,  dans  une  note,  M.  Rameau  ajoute  : 
'•  Le  système  des  engagés,  qui  a  été  en  vigueur  dans 
nos  colonies  de  l'Amérique,  fut  suggéré  avant  1660  par 
un  avis  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  qui,  atin  de 
parvenir  à  accroître  la  population  et  de  procurer  au 
pays  les  ouvriers  dont  il  avait  besoin,  proposa  dans  un 
avis  motivé  un  ensemble  de  mesures  qui,  adoptées  en 
France,  devinrent  la  base  du  règlement  des  engagés. 
Chaque  capit:iine  de  navire  (jui  se  destinait  pour  l'Amé- 
rique étant  obligé  de  se  munir  d'un  passe-port  spécial, 
qui  était  une  sorte  de  faveur,  on  ajouta  coumiecon- 
dition  spéciale  à  tous  ces  passe-ports  l'obligation  de 
transporter  en  Amérique  trois  engagés  pour  un  navire- 
de  60  tonneaux,  6  pour  un  navire  de  100  tonneaux,  etc. 
Les  ciipitaines  embarquaient  ainsi  des  jeunes  gens  qui 
s'obligeaient  à  aller  servir  en  Amériipie  pour  trois  ans, 
ce  qui  les  flt  ajipi^le- des  Trente-six  mois,  moyennant 
un  salaire  convenu  et  l'obligation  par  le  patron  de  les 
nourrir  et  entretenir  de  vêtements.  Arrivé  à  sa  des- 
tination, le  capitaine,  pour  s'imdemniser  des  frais  du 
transport  et  de  rétpiipement  de  l'engagé,  cédait  son 
contrat  pour  une  somme  qui  variait  suivant  la  qualité 
de  l'engagé,  et  suivant  le  plus  ou  moins  de  besoin  que 
l'on  avait  d'ouvriers  dans  la  colonie.  Il  fallait  pour 
que  le  capitaine  fut  bien  couvert  de  ses  frais,  qu'il  pût 


—  323  — 

tirer  en  moyenne  130  livres  de  chaque  engagé,  mais 
souvent  il  était  obligé  de  les  céder  pour  beaucoup  moins, 
puisqu'à  diverses  reprises  ils  obtinrent  d'être  déchar- 
gés de  cette  obligation  en  versant  60  francs  à  la  caisse 
de  la  marine  pour  chaque  engagé  qu'ils  auraient  dû 
tïansporter,  " 

Avec  ce  svslème  la  classe  des  eno^as^és  devint  bien- 
tôt  assez  nombreuse  au  Canada.  Au  recensement  de 
166t),  nous  voyons  figurer  401  engagés,  sur  une  popu- 
lation de  3,21>». 

M.Rameau  fait  évidemment  erreur  quand  il  parle  d'un 
règlement  du  Conseil  Supérieur  de  Québec,  relatif  aux 
engagés,  antérieur  à  "5  660.  Le  Conseil  Souverain,  qui 
plus  tard  s'appela  le  Conseil  Supérieur,  ne  fut  établi 
qu'en  1663.  Le  premier  acte  de  ce  corps  délibératif 
et  judiciaire  où  il  soit  question  des  engagés  est  du  15 
octobre  de  cette  année.     En  voici  la  teneur  : 

"  Sur  ce  qui  a  été  remontré  par  le  procureur  géné- 
lal  du  Eoy  que  tous  les  passagers  venus  de  France 
<lans  les  vaisseaux  de  >'a  Majesté  tant  l'année  dernière 
que  la  présente,  lesquels  font  difficulté  de  servir  les 
habitants  auxquels  ils  ont  été  distribués  sans  qu'au 
l)réalable,  il  ne  soit  limité  un  temps  ;  en  outre  qu'il 
y  a  jilusieurs  personnes  inutiles  au  travail  et  défriche- 
ment des  terres  tatit  à  cause  de  leur  vieillesse,  infirmi- 
tés naturelles,  maladies,  qu'à  cause  de  leurs  sévices  et 
mauvais  déportements  venus  dans  les  dits  vaisseaux,au 
nombre  desquels  sont  quelques  soldats  licenciés,  tous 
lesquels  sont  à  charge  au  public,  et  pour  cet  eftet  il  se- 
rait à  pr-opos  de  les  renvoyer  en  France  ;  que  d'ailleurs 
il  y  a  plusieurs  hommes  de  travail  qui  ont  servi  le  temps 
auquel  ils  étaient  engagés  envers  leurs  maîtres  qui  de- 
mandent la  liberté  de  repasser  en  France  ;il  a  été  ré- 
solu que  les  hommes  de  travail  venus  dans  les  vais- 
seaux de  Sa  Majesté  tant  cette  année  que  l'année   der- 


—  324  — 

inère,  lesquels  ont  été  distribués  aux  habitants,  seront 
obligés  de  servir  trois  ans  les  dits  hal)itiints  après  le- 
quel temps  lisseront  libres  de  s'habituer,  séjourner  au 
pays  ou  repasser  en  France  sans  qu'ils  pmissent  être  re- 
tenus par  force  non  plus  que  ceux  qui  ont  a'compii  le 
temps  qu'ils  étaient  obligés  envers  leurs  maîtres  "  (l) 
Vers  le  même  temps,  M.  Pierre  Boucher  écrivait 
dans  son  Histoire  vèritahle  et  nfiturelle  des  moeurs  et 
productions  du  pays  de  la  Nouvelle- Fmn ce,  qui  futini- 
l>rimée  en  France  l'année  suivante:  "  La  plupart  de  nos 
iiabitants  qui  sont  ici  sont  des  gens  qui  sont  V(miu:^  en  qua- 
lité de  serviteurs  et  après  avoir  servi  trois  ans  chez  un 
maître  se  mettent  a  eux  ;  ils  n'ont  pas  travaillé  [»lus 
d'une  année  qu'ils  ont  défriché  des  terres  et  qu'ils  re- 
cueillent <lu  grain  plus  qu'il  n'en  faut  pour  les  nourrir. 
Quand  ils  se  mettent  à  eux  d'ordinaire,  ils  ont  peu  de 
chose  ;  ils  se  marient  ensuite  à  une  femme  qui  n'en  a 
pas  davantage  ;  cependant  en  moins  de  quatre  ou 
cinq  ans  vous  les  voyez  à  leur  aise  s'ils  sont  un  peu 
gens  de  travail  et  bien  ajustés  pour  des  gens  de  leur 
condition  ". 

Il  paraît  que  /lans  les  premiers  temps  de  la  colonie, 
les  engagés  n'étaient  pas  toujours  très  disciphnés  ni  ii- 
dèles  à  leurs  contrats.  De  là  une  niultiplicité  de  rè- 
glements et  d'arrêts.  Ainsi  le  5  décembre  1663,  le 
Conseil  Souverain  décrétait  ce  qui  suit  : 

"  Sur  ce  qui  a  été  représenté  [>ar  le  procuraur  géné- 
ral du  roi  qu'il  est  averti  qu'il  y  a  nombre  de  compa- 
gnons volontaires  qui  fout  plein  exercice  de  débaucher 
les  serviteurs  domestiques  des  habitants  du  service  de 
leurs' maîtres  leur  donnant  des  moyens  dont  ils  se  ser- 
vent pour  ennuyer  leurs  dits  maîtres  de  leurs  mauvais 


(1)  Juyenunts  du  Conseil  Souverain,  vol.  I,  p.  2i». 


—  325  — 


services  afin  de  les  obliger  de  les  chasser  :  que  les  dits 
vo  oiit.iires  et  domestiques  boivent  et  s'enivrent    sean'- 
daleusement  t-t  donnent  de  très  mauvais  exemples  aux 
feau vaches  chréiien^,  et  que  quelquefois    ces  débauches 
contmuent  piusieursjournées  do  suite,  et  que    les  dits 
engagés  ne  font  nulle  difficulté  d'allerchercher  de  nou- 
veaux maitres,sc  confiant  en  la  retraite  qui  leur  est  don- 
n^;".  en  quantité  de  maisons,  et  qu'il  est  à  propos    de 
pourvoir  à  ce  désordre.   A  quoi  faisant  droit,   le   con- 
seil a  tait  et  fait  très  expresses  interdictions  et  défenses 
a  toutes  personnes   de    quelque    qualité    et    condition 
([U  elles  soient,  de  retirer  sous  quelque    prétexte    que 
ce  soit,  aucuns  serviteurs  sans  congé  par  écrit,  de  leurs 
maures  a  peine  d'am-.nde  arbitraire  et  aux  dits  servi- 
teurs engagés  de  quitter  le  service  de  leurs  dits  maîtres 
sans  congé  par  écrit,  sous  même  peine,  et  de   payer  à 
leurs  dits    maîtres    chaque  journée    d'absence  ou    de 
temps  perdu,  à  la  somme   de  quatre  livres,   en  faisant 
déclaration  au  greffe  de  ce  conseil,   par  les  maîtres  de 
Ja   sortie    de    leurs    valets    incontinent   après    icelles 
iJetenses  sont  aussi  faites  à   toute    personne  de  débau- 
cher les  dits  serviteurs  domestiques  ni  de  boire  avec 
eux   et  a  toutes  personnes  qui  vendent  vin  d'en  vendre 
m  distribuer  aux  dits   domestiques  à  peine  d'amende 
arbitraire,  comme  aussi  de    s'enivrer  à   peine  de    dix 
livres  d'amende  payables  sans  déport." 

On  trouve^dans  lesjugements  du  Conseil  Souverain 
plusieurs  arrêts  contre  des  engagés  qui  avaient  brûlé 
Ja  politesse  a  leurs  maîtres.  Le  14  janvier  1664  Louis 
Lepage,  domestique  de  Charles  LeGardeur,  est  con- 
damne a  la  prison  pour  avoir  quitté  ce  dernier  et  s'être 
retire  -^en  la  côte  de  Beaupré.  "  Au  mois  de  mars 
de  la  même  année  la  veuve  Badeau  est  condamnée  à 
dix  livres  d  amende  pour  avoir  retiré  chez   elle   deux 


—  32t>  — 

engagés  du  sieur  Je  la  Ronde,  en  rupture  de  service, 
et  ceux-ci  pont  condamnés,  l'un  à  dix  livres  et  l'autre 
à  six,  avec  défense  de  récidiver  sous  penie  de  punition 
corporelle.  Peu  de  temps  après,  un  autre  délinquant 
du  ïiiême  genre,  est  nienacé  du  fouet  pour  la  prochai- 
ne oflense.  En  1674,  Jacques  Renault,  qui  a  déserté 
son  maître  Mathurin  Moreau,  est  condamné  à  subir  la 
peine  du  carcan,  pendant  deux  heures,  durant  lesquel- 
les il  portera, sur  l'estomac  cet  écriteau  :"  Serviteur  en- 
gagé qui  a  laissé  le  service  de  son  maître  pour  la  premiè- 
re fois.  "  Et  ainsi  de  suite.  Comme  on  le  voit,  la  disci- 
pline à  laquelle  étaient  soumis  les  engagés,  était  rigou- 
reuse. Cette  sévérité  était  sans  doute  nécessaire  pour 
maintenir  le  bon  ordre. 

Les  capitaines  astreints  à  l'obligation  d'amener  aux 
colonies  de?  engagés,  ne  les  choisissaient  pas  tous  de 
la  même  valeur.  Afin  de  diminuer  leurs  déboursés  et 
leurs  risques,  ils  prenaient  souvent  des  incapables  ou 
des  enfants.  On  trouve  indiqué  dans  certains  de  nos 
recensements  des  engagés  de  10  et  12  ans.  "  En  1664, 
écrit  M.  Kameau,  il  arriva  un  convoi  de  10^  hom- 
mes amenés  par  deux  capitaines,  20  seulement  étaient 
en  état  de  travailler  de  suite  ;  on  les  distribua  aux  ha- 
bitants moyeimant  un  salaire  de  20  à  30  écus.  "  11 
ne  s'agii^sait  pas  précisément  cette  fois  d'engagés  ra- 
colés par  des  capitaines.  M.  Eameau  a  pris  ce  rensei- 
gnement dans  une  lettre  du  Conseil  souverain  du  roi, 
dans  laquelle  il  était  question  d'un  envoi  de  travailleurs 
expédiés  d'après  les  ordres  de  Sa  Majesté.  Cet  envoi 
était  comj»osé  de  trois  cents  personnes  sous  la  conduite 
des"  capitaines  Gargot  et  Guillon.  "  Il  en  fut  laissé 
soixante-quinze  à  llaisance,  en  l'île  de  Terreneuve, 
liscns-nous  dans  cette  lettre  ;  il  en  mourut  en  mcrjus- 
(ju'à  soixante  ;  l'on  en  débarquaici  centcinquante-neuf 


dé  ce  no!iil)reétaiLMit  six  famille:* composées  de  vingt-une 
]»ersonnes,  trenti-huit  tilles  qui  ont  depuis  été  disper- 
sées tant  ici  et  jiux  environs  qu'aux  Trois-Rivières  et 
Montréal  et  depuis  mariées,  excepté  trois,  dont  une  a 
été  prise  par  les  Iroquois  dans  l'île  d'Orléans  et  emme- 
née captive.  Parmi  les  cent  restants,  il  n'y  avait  tout 
au  plus  que  vingt  hommes  prêts  à  faire  quelque  travail, 
les  autres  étaient  malades  et  faibles  à  ne  pouvoir  se  te- 
nir sur  leurs  [lieds,  d'ailleurs  la  plupart  jeunes  gens, 
clercs,  écoliers  ou  de  cette  nature,  dont  la  majeure 
partie  n'avuient  jamais  travaillé.   " 

Par  un  règlement  du  Id  novembre  1716,  le  roi  dé- 
créta que  les  travailleurs  qui  sa%'aient  les  métiers  de 
macDU,  tailleur  (ie  pierre,  forgeron, serruriers,  menui- 
siers, tonnelier.charpentier,  calfat  et  autres  métiers  uti- 
les dans  les  colonies,  seraient  comptés  aux  capitaines 
ix)ur  deux  engagés.  Une  ordonnance  du  20  mai  1721 
permit  aux  armateurs  de  payer  soixante  livres  entre 
les  mains  du  trésorier  de  la  marine  pour  tenir  lieu  de 
chaque  engagé  qu'ils  n'embarqueraient  pas.  C'était 
une  commutation  d'obiii^Hiion  :  ou  bien  un  engagé, 
ou  l)ieii  r-nixante  livres. 

Avec  le  teuij.s,  il  s'étaljlit  un  système  de  fraude. 
Des  armateurs  imaginèrent  de  présenter  an  bureau  des 
classes  de  port  de  leur  embarquement  des  par- 
ticuliers qu'ils  faisaient  passer  pour  engagés  quoiqu'ils 
ne  le  ius>ent  pas,  et  qu'ils  renvoyaient  après  les  avoir 
tait  passer  en  rcvue.  Pour  rendre  compte  ensuite  de 
rab>ence  de  ces  pseudo-engagés,  ils  rapportaient  des 
certiticats  de  désertion,  l'ont-  remédier  a  cet  abus,  le 
roi  rendit  une  ordonnance,  le  15  février  1721,  en  vertu 
de  laquelle  les  ca[»iiaines  et  propriétaires  de  vaisseaux, 
assujettis  à  porter  des  engagés   aux   colonies,    étaient 


—  828   — 

tenus  da  payer  entre  les  mains  dn  tré-orier-général  de 
la  marine,  un  niois  après  l'arrivée  de  leurs  vaisseaux 
dans  le  port  de  débarcpiement.  la  somme  de  soixante 
livres  [)Our  chaque  engagé  qu'ils  n'auraient  pas  remis 
dans  les  dites  colonies,et  dont  ils  ne  rapporteraient  pas 
un  certificat.  Pour  les  engagés  de  métier,  la  somme 
à  payer  était  de  cent-vingt  livres.  L'ordonnance  ajou- 
ta.t  qu'il  ne  serait  tenu  aucun  compte  des  certificats  de 
désertion. 

Une  autre  classe  d'engagés,  était  celle  d'eng^igés 
par  condamnation  judiciaire.  En  voici  un  exemule. 
Le  8  octobre  1675,  René  Lambert,  accusé  de  vol  avec 
effraction  et  de  contravention  à  l'ordonnance  concer- 
nant la  traite,  fut  condamné  à  servir  par  force  pendant 
trois  ans  la  personne  qui  lui  serait  indiquée  par  la  Cour 
et  qui  ne  lui  devait  en  retour  de  son  travail  que  le  vi- 
vre et  le  vêtement  absolument  nécessaire.  Il  était 
aussi  coTidamné  à  soixante  livres  d'amende  qui  devaient 
être  payées  à  son  acquit  par  son  futur  maître,  vingt 
livres  par  année.  A  l'instant  comparut  le  sieur  \Tar- 
son,  qui  demanda  à  la  Cour  de  lui  accorder  le  condam- 
né Lambert,  pour  l'emmener  en  Acadie,  où  il  est  en 
terme  de  partir  pour  s'y  en  aller  et  où  i!  a  un 
extrême  besoin  d'avoir  du  monde  pour  le  servir,  étant 
prêt  de  faire  les  soumissions  requises  pour  le  payement 
de  l'amende  en  laquelle  le  dit  Lambert  est  coiidamné  " 
La  Cour  acquiesça  immédiatement  à  la  requête  du  sieur 
de  Marson. 

Ces  quelques  notes  contribueront  peut-être  à  faire 
mieux  connaître  en  quoi  consistait  le  régime  des  en- 
gagés dans  la  Xouvelle-France,  au  XVIëme  et  au 
XVIIème  siècle. 

Ignotus 


—  829  — 
JACQUES  EABIE 

La  poiuhe  primitive  des  BâKy  du  Canada  est  Jac- 
ques Babie,iié  en  France  en  1633.  Il  passa  en  ce  pays 
en  1665,  dans  le  régiment  de  Carignan-Salières  étant 
sergent  dans  la  compagnie  du  capitaine  de  Saint-Ours, 
dans  laquelle  Thomas  de  Lanaudière  était  enseigne. 
C'était  un  renfort  envoyé  à  M.  de  Tracy  pour  réduire 
les  Iroquois.  Il  arriva  à  Québec  en  trois  détachements  : 
le  premier,  composé  de  quatre  compagnies,  débarqua 
le  1er  juin  166.')  ;  le  deuxième  et  k  troisième,  chacun 
de  huit  compagnies,  en  août  et  septembre  suivant. 
M.  de  Tracy,  sans  attendre  la  deuxième  arrivée,  envoya 
le  premier  contingent  s'emparer  au  plus  tôt  des  postes  les 
plus  avantageux  afin  d'avoir  un  passage  libre  dans  le 
pays  des  Iroquois  pour  la  guerre  du  printemps  suivant, 
que  le  retard  des  troupes  avait  empêché  pour  l'année. 
C'est  alors  que  furent  construits  les  torts  de  Richelieu, 
Chambly  et  St-Jean,  où  l'on  avait  déjà  érigé  quelques 
travaux  de  défense.  Il  est  probable  que  la  compa- 
gnie de  M.  de  Saint-Ours  fit[iartie  de  cette  avant-gar- 
<le,  car  on  le  voit  donner  son  nom  à  la  seigneurie  qui 
lui  fut  concédée  dans  ces  environs,  et  MM.  de  Sorel  et 
de  Chambly  en  firent  de  même  pour  leurs  seigneuries 
€t  les  deux  premiers  forts. 

Les  trois  expéditions  de  la  campagne  de  1666,  dont 
il  fut  beaucoup  parlé  dans  le  temps,  coûtèrent  beaucoup 
d'hommes  qui  périrent  par  le  froid  et  la  faim,  sans 
amener  d'autre  résultat  que  la  destruction  de  quelques 
cahutcF  abandonnées  par  les  Iroquois 

C'étaient  pourtant  de  belles  et  bonnes  troupes  que 
■ces  soldats  européens  défilant  pour  la  première  fois  à 
travers  les  forêts  du  Nouveau-Monde.     Organisé  d'à- 


—  330  — 

Ijord  dans  la  Savoie,  le  régiment  dé  Carig'naii  passit 
ensuite  au  service  du  roi  de  France.  Il  s'était  distin- 
e;ué  dans  la  Hongrie  et  sur  les  frontières  des  Turcs, 
Ses  officiers  sortaient  des  familles  de  la  noblesse  italien- 
ne et  française.  On  lui  adjoig-nlt  le  régiment  de  Saliè- 
res pour  en  former  un  seul  corps  sous  les  deux  noms 
réunis. 

Cette  guerre  en  Amérique  était  bien  différente  de 
celles  que  le  régiment  avait  faites  jnsques-là.  Il 
s'agissait  de  poursuivre  et  d'atteindre  des  ennemis  ca- 
chés, dispersés  et  insaisissables,  mais  toujours  alertes, 
liarcelants  et  guerroyants.  Le  résultat  de  cette  expé- 
dition n'est  donc  pas  surprenant. 

La  campagne  terminée  contre  'les  Cinq- Nations, 
principalement  contre  les  Agniers,  la  paix  fut  conclue 
(à  la  fin  de  166ti). 

Suivant  les  Relatiovs  des  Jésuites  un  bon  nombre 
(le  ces  officiers  et  plus  de  400  soldats  licenciés  grossirent 
alors  la  colonie  en  profitant  de  la  permission  du  Roi 
qui  voulait  favoriser  la  colonisation  du  pays  en  leur 
ottVant  des  conditions  avantageuses.  Chaque  soldat, 
en  s'habituant,  recevait  100  francs  ou  50  francs  et  des 
vivres  pour  un  an  ;  le  sergent  50  écus  ou  100  francs  et 
des  vivres  pour  un  an,  à  leur  choix  ;  6000  livres  étaient 
destinées  aux  officiers.  Fort  peu  de  reftectif  du  régi- 
ment retourna  en  France,  avec  M  de  Salières,  son  colo- 
nel, quand  le  rappel  en  fut  ordonné.  La  force  en  avait 
été  considérable, composée  qu'elle  était  de  20  compagnies 
de  75  hommes  qui  devait  former  environ  1500  soldats 

Jacques  Babie  obtint  son  congé,  suivant  les  inten- 
tions du  Roi,  et  dans  le  but  arrêté  de  s'établir  au  pavs. 
Il  abandonna  la  vie  des  camps  pour  celle  des  champs, 
et  se  livra  en  même  temps  au  commerce,  dont  l'exer. 
cice  dans  ces  vastes  régions  requérait  un  esprit  de  har_ 


I 


—  331  — 

<liesse  et  d'aventiue  auquel  il  était  déjà  fait.  La  légi- 
time ambition  de  faire  fortune  et  de  fonder  une  forte 
race,  eu  l'implantant  sur  le  nouveau  sol  d'Amérique, 
devint  sa  préocc-upation. 

11  était  alors  Cxsé  de  33  ans,  actif  et  vigoureux.  >\é 
dans  le  midi  de  la  France,  il  avait  la  chaleur  de  tem- 
pérament du  terroir  It^su  de  race  noble,  il  était  né 
du  mariage  de  honorable  homme  Jehan  Babie,seigneur 
de  Ranville,  avec  demoiselle  Isabeau  Robin,  de  Mon- 
treton,  évêché  d'Agen,  alors  dans  l'Agenois  de  la  Gui- 
enne.     Ranville  n'est  qu'à  quelques  lieues  d'Agen. 

]3è?  le  mois  de  juin  ItJGS  on  voit  Jacques  Babie  ren- 
du à  Champlam,  endroit  feitile  sur  le  bord  du  Saint- 
Laurent,  où  les  défrichements  étaient  déjà  commencés. 
Le  27  mars  de  l'année  suivante,il  y  acquiert  deux  ter- 
res à  la  côte  Champlain,  sur  le  Heuve,  chacune  de  deux 
arpents  de  front  sur  quarante  de  profondeur  ;  la  pre- 
mière d'un  habitant  nommé  Jacques  Gratiot,  bornée 
au  sud-ouest  à  Pierrot  Jeanneaux  et  au  nord-est  à 
Louis  Pinard,  n^aître  chirurgien,  avec  maison  et  gran- 
ge ;  la  seconde,  voisine,  venant  du  nomrné  Pierre  Ju- 
neau{Jeanneaux),bornée  au  -sud-ouest  à  Masse(bossued) 
Bégui  (ce  nom  est  illisible),  au  nord-est  au  susdit  Jac- 
ques Gratiot,  avec  aussi  une  maison  sus-construite. 
11  en  acheta  ensuite  deux  autres  au  même  endroit  et 
une  autre  de  l'autre  eôté  du  fleuve,  vis-à-vis,  à  Gentilly. 
On  voit  par  le  recensement  de  1681,  que  Jacques  Babie 
avait  alors  quarante  arpents  de  terre  défrichés  et  huit 
bestiaux,  tout  autant  que  M.  de  Varennes,  gouverneur 
<le  Trois-Rivières.  Il  était  muni  d'un  fusil  et  d'un  pis- 
tolet et  avait  à  son  service  deux  domestiques  dont  les 
noms  de  baptême  nous  sont  conservés  :  Maximin,  né 
eu  1631,  et  Magdeleine,  née  en  1635. 

Les  terres  de  Babie  dans  Champlain,  Gentilly  et   la 


—  332   — 

Baie-du-Febvro  sont  indiquées  sur  le  plan  et  carte  du 
gouvernement  de  Québec,  levés  depuis  l'année  1085  à 
1709,  par  ordre  de  M.  de  Pontchartrain,  secrétaire 
d'Etat,  faits  par  M.  de  Catalogne,  lieutenant  des  trou- 
pes, et  dressés  par  J.-Bte  de  Couagne,  arpenteur  juré- 

Jacques  Babie  convenablement  établi  sur  ses  terres 
et  avant  la  perspective  d'augmenter  sa  pri)spérité  par 
le  négoce,  songea  à  se  marier  et  prit  pour  femme  de- 
moiselle Jehaïuie  Dandonneau,  tille  de  Pierre  Dan- 
donneau,  sieur  du  Sablé,  seigneur  de  l'Isle-du-Pads,  et 
de  Françoise  Jobin,  Elle  n'avait  p  is  encore  quinze 
ans.  Leur  contrat  de  mariage  fut  passé  devant  Mtre 
de  la  Rue,  notaire,  le  1er  juin  1670. 

Jacques  Babie  ne  tarda  pis  à  agran  lir  le  c'a  im  >  J  de 
ses  opérations  commerciales  en  faisant  la  traite  des 
pelleteries  jusque  chez  les  Ottawas  (^ui  s'étendaient 
au  loin  dans  les  régions  de  l'ouest,  sur  les  bords  du  lac 
Michigan  et  dans  les  environs  de  la  baie  des  Puants 
(Green  Bay),  oii  les  missionnaires  jésuites  avaient  éta- 
bli   une  mission  dès  1669. 

Au  milieu  de  cette  vie  active  (pii  semblait  devoir 
amener  utie  prospérité  solide  et  durable  [)0iir  Jacipi'^s 
Babie,  la  mort  vint  l'eidever  prématurément  à  l'â^e 
de  55  ans.  Elle  vint  couper  court  à  toutes  ses  entre- 
prises et  ses  projets. 

Il  mourut  en  sa  demeure  vers  minuit  le  28  juillet 
1688,  muni  des  sacrements  de  l'Eglise.  Cette  mort 
soudaine  fut-elle  la  suite  d'un  accident  ou  d'une  épidé- 
mie ?  On  n'en  sait  rien,  sinon  qu'il  fut  iidiumé  le  mê- 
me jour,sur  les  cinq  à  six  heures  du  soir,  sous  son  b,.nc, 
dans  l'église  de  la  paroisse,en  présence  de  M.  de  Saint- 
Claude,  curé  de  Batiscan,et  du  seigneur  de  Champl-jin. 

P.-B.  C.^SGRAIN 


—  333  — 

BA.RTHOLOMEW-CON-RAD-AUGUSTUS  GUGY 

M.  Gufi^y-  naquit  à  Trois-Rivières  le  6  novembre 
179d.^  Il  était  le  iilsde  l'honorable  Louis  Gngy,  Suisse 
de  naissance,  qui  fut  colonel  au  service  de  l'Angleterre 
après  avoir  été  officier  au  régiment  de  Schomberg  qui 
ae  distingua  par  sa  fidélité  à  la  cause  royaliste,en  France 
pendant  la  Révolution.  L'honorable  M.  Gugy  fut 
shérif  de  Trois-Rivières,  puis  de  M  )ntréal,ef  conseiller 
législatif 

Lé  -25  mars  1812,  le  jeune  Gugy  obtenait  une  com- 
mission d'enseigne  dans  les  Can'idian  Fenclbles.  Il 
priî  part  à  la  bataille  de  Châteauguay,  et  quelques  se- 
maines plus  tard,  le  13  novembre  1813,  il  était  promu 
lieutenant. 

La  guerre  terminée,  M.  Gugy  étudia  le  droit,  et,  le 
7  août  1822,  il  se.  taisait  admettre  au  barreau.  Il  ne 
tarda  pas  à  se  faire  une  nombr3use  et  lucrative  clien- 
tèle. 

Le  24  septembre  1831,  VI.  Gugy  était  élu  membre 
de  la  Chambre  d'Assemblée  par  le  comté  de  Sherbrooke. 
Il  devait  y  siéger  jusqu'au  27  mars  1838.  Il  fut 
naturellement  du  côté  du  g(juvernement,  ec  il  eut  de 
nombreuses  et  émouvantes  passe  d'armes  avec  le 
grand  Pa  pin  eau. 

^  L')rs  des  troubles  de  1837-38,  il  laissa  là  sa  clien- 
tèle pour  s'enrôler  dans  la  milice  Le  colonel  Wetherall 
le  chargea  d'une  mission  de  paix  auprès  des  insuro-és 
de  Saint-Charles.  Il  échoua.  Sir  John  Colborne  t'a- 
mena ensuite  avec  lui  dans  son  expédition  dans  le 
comté  des  Deux  Montagnes.     C'est  lui    qui   comman- 


—  334  — 

(lait  la  cavalerie  à  l'affaire  de  Saint-Eastache,le  14' dé- 
cembre 1837.     Il  y  fut  blessé  assez  grièvement.  (1) 

Le  22  novembre  1838,  M.  Gngy  était  nommé  ma- 
gistrat sûpendiaire    pour  le  district  de  Montréal. 

Le  8  juillet  1840,  il  recevait  sa  commission  de  ma- 
gistrat de  police  pour  le  même  district. 

Lord  Sydenham  le  récompenea  de  son  zèle  en  le 
nommant,  le  14  mars  1841,  adjudant-général  des  mili- 
ces du  Bas-Canada  à  la  place  de  Vassal  de  MontvicI, 
mis  à  sa  retraite. 

La  même  année,  M.  Gugy  se  présentait  dans  le  com- 
té de  Saint-Maurice  mais  il  fut  battu  par  rhonorable 
J.  E.  Turcotte. 

Le  24  janvier  1848,  le  comté  de  Sherbrooke  réélisait 
M.  Gugy  son  représentant  à  la  Chambre  d'Assemblée 
du  Bas-Canada.  Il  y  siégea  jusqu'en  1851.  Il  fut 
l'un  des  plus  violents  adversaires  de  lord  Elgin. 

A  l'exposition  de  Londres  en  1851,  M.  Gugy  repré- 
senta le  Canada  et  s'ac(|uitta  avec  succès  de  ses  délica- 
tes fonctions. 

Le  10  octobre  1853,  M.  Gugy  était  nommé  inspec- 
teur et  surintendant  dé  la  police  pour  la  cité  de  Mont- 
réal. Cette  nomination  était  temporaire  seulement  et 
pour  aider  au  capitaine  Ermatinger. 

C'est  la  même  année  qu'il  quitta  Montréal  pour  ve- 
nir s'établir  à  Québec.  On  se  rappelle  ses  procès  avec 
Brown  qui  ont  duré  vingt-doux  années  et  ne  se  sont 
terminés  que  par  l'incendie  du  palais  de  justice  de 
Québec,  le  1er  février  1873. 


(1)  On  a  accusé  le  colonel  (^ugy  d'avoir  traité  les  Cana- 
diens avec  craautô  pendant  les  malheureux  événements  de 
l>-37-88.  Une  brochure  assez  rare  que  nous  avons  eu  ce 
moment  sous  les  yeux.  Attestations  de  six  curés  (tu  sujet  de 
la  conduite  du  co'lonelGugy  en  1837-38,  établit  qu'eu  a  mis 
beaucoup  plus  de  passion  politique  que  de  vérité  dans  ces 
accusations. 


BA RTHOLOMEW-COXE A D- AUGUST US  GUGY 


—  336  — 


M.  Gugy  mourut  à  Beauport  le  11  juin  1876,  et  fut 
inhumé  au  cimetière  Mount  Hermon,  à  Québec. 

M.  Eaphaël  Bellcmare  apprécie  ainsi  le  colonel 
Gugv  :  ''  Il  était  propriétaire  des  seigneuries  de  Ma- 
ehiche  et  de  la  Eivière  du-L(>up,  Grandpré,  Grosbois 
et  Dumontier.  Il  en  était  encore  seigneur  au  temps 
de  l'abolition  du  régime  féodal  en  Canada,  en  1864. 
Il  était  fidèle  à  collecter  ses  rentes,  mais  nous  ne  cro- 
yons pas  qu'il  ait  jamais  eu  recours  à  des  procédés  vexa- 
toires.  Plus  sage  adminis-trateur  de  ses  affaires  per- 
sonnelles qve  ne  l'aA'ait  été  son  père,  il  n'a  pas  lairséà 
ses  héritiers  de  grosses  dettes  à  payer,  mais  des  rentes 
à  recevoir. 

"  Dans  la  vie  publique,  comme  avocat,  comme  colo- 
nel de  milice,  comme  commissaire  et  président  de  la 
cour  des  sessions  de  la  paix,  comme  adjudant-général 
et  ensuite  comme  membre  du  parlement,  il  a  toujouts 
fait  belle  et  grande  figure.  Il  n'a  jamais  été.  croyons- 
nous,  un  ennemi  haineux  des  Canadiens-Français. mais 
il  n'a  pas  été  populaire  parmi  eux,  parce  qu'en  politi- 
que il  épousait  généralement  les  causes  et  les  senti- 
ments des  Anglais  de  son  temps  contre  nous.  Ces 
sentiments  alors  étaient  beaucoup  plus  hostiles  et  in- 
justes qu'aujourd'hui. 

"  Quoique  d'origine  suisse  et  canadien  de  naissance, 
il  était  ce  qu'on  appelle  maintenant,  hriflsher  to  the core, 
•'  Anglais  jusqu'à  la  moelle  des  os  "  !  Il  avait  du  sang 
huguenot  dans  les  veines  et  cependant  le  fanatisme  re- 
ligieux n'a  jamais  paru  au  fond  de  son  caractère.  Il 
était  plutôt  indifférent  en  cette  matière. 

"  Avec  lui  le  nom  de  Gugy  a  disparu  du  Cana- 
da. "  (1)  P.  G.  R. 


(1)  Les  bases  de  l'histoire  (VYarnachirhe.  page  100. 


—  337  — 

DEUXIÈME  KEGIMKNT  DE    LA    MJLTCE    DU 
C;OMTÊ  D'ESSEX 

Bordereau  de  paye  du  2  av  24  juillet  1812  : 


CommanchiTjt  :  Lienteiiant-colonel  Jean-B.  Baby  ; 
Major  :  ThoDias  MeKee  ; 
Paie-maître  :  Alex  Pringle  ; 
Adjudant  :  Will.  Smitli  ; 
Quartier  maître  :  Jamfs  McKiutosh. 
Capitaines  :  Alexis  LaBute,  Jean-B.  Bartlie,  Richard 
Pattinson,  l'ierre  LaBute,    Alexi»  Maisonville,  Julien 
LaBnte,  James  AsKin,  Toussaint  Maisonville,   James 
Wood,  Will.  Smith. 

Lieutenants  :  James  Askin,  Toussaint  Maisonrille, 
James  Wood,  Jean-B.  Pitre.  Thomas-P.  Heaume, Jean 
B.  Labadie,  Alexis  Parent,  James  McGregor,  Joseph- 
Parent,  Duncan  Mclntosh,  Alex.  D.  Askin. 

Enseignes  :  Duncan  Mclntosh,  Alex.  Askin,.  Will. 
Hands,  Alex.  Pringle,  Joseph  Eberts,  Brice  Wood, 
Jean-B.  Ouellette,  Charles  Smith,  Hypolite  Janiste? 
Jacques  Parent. 

Compagnie  du  capitaine  Alexis  Labute  :  Lieutenant, 
Thomas-P.  Réaume  ;  Enseigne,  Joseph  Eberts  ;  Ser- 
gent-major, Abram  Unsworth  ;  sergent  quartier-maî- 
tre, Alex.  Priniîle  ;  Sergents,  François  Janbrin ville, 
François  Marentete.  Joseph   Ebertb. 

Soldats  :  Laurent  Parent,  Isaac  Parent,  Julien  Pa- 
rent, Jacques  Parent,  Antoine Langlois,Joseph  Leblanc, 
Nicolas  Langlois,  Alexis  Langlois,  Benjamin  Nantais, 
Joseph  Cousineau,  François  Raimond,  Joseph  Gen*, 
François  LeClair,  Ignace  Clish,  Jean-B.  Sabourin, 
Pierre  Leblanc,  Claude  Labute,  Dominique  Pratt, 
Théodore  Pratt,  François  Pratt,  François  Cabina,  Paul 
Marentete,  Julien  LaBute,  Charles  LaBute,  Benjamin 


—  338  — 

Mareiitete  Joseph  Laiiglois,   Jean-B.   Cliinv'iii,    Paii! 
Leduc,  Paul  Lalime. 

Compagnie   du    capitaine     Jean- Baptiste    Barflu'  : 
Lieutenant,    Jean-B.  Pitre  ;  Enseigne,    Brice  Wood  : 
Sergents,    Pierre    Vjilois,   Charles"  L'iispérance,    Joh  i 
Edwards. 

Soldats  :  Charles  Champeau,  Joseph  Cadet.  Thomas 
J)uChèiie,  James  McDougall,  Jean-B.  Nadeau  Charles 
Champeau,  \Vm  DeJardin,  Jean-li.  Bcaiibien,  Eiicas 
Père,  François  Miron,  j'ierre  Lespérance,  Joseph  .Vliron,. 
Joseph  Mauran,  Amahle  Tlamel,  Joseph  Henf^au, 
Pierre  Birotteau,  Charles  Moisan,  Joseph  Bouchet. 
Jean-B.  Leblanc,  Antoine  Carmel,  Antoine  Charon^ 
Paul  Chevalier,  André  Llondin,  Jean-B.  Campeau, 
François    Ayette,  Charles  Bruver,  Maurice  Turner. 

Compagnie  du  ca[)itaine  Richard  Pattinson  :  Lieu- 
tenants :  James  Askin,  James  McGregor,  Alex.  Askin  ; 
Sergents,  François  Pétrimoux,  Joseph  Farineau,  Fran- 
çois Mayou 

Soldats  :  Alexis  Laderoute,  Charles  T.  Réaume^ 
Pierre  T.  Réaume,François  Degundre,  Lambert  D^dine, 
Jean-B,  Clément,  Albert  Gabrion,  Peter  McDougall, 
Jean-B.  Meloche,  Pierre  Cartier,  Medar  Pitre,  Jean-B. 
Pitre,  James  Fields,  Antoine  Soumandre,  Jean-B  Ba- 
chon,  Charles  Dedine,  Pierre  Dedine,  Louis  Badichon^ 
Paschal  Soumaudre.Joseph  Ouellette,Thoraas  Martin, 
Antoine  Morasse,  Williams  Hands. 

Compagnie  du  capitaine  Pierre  LaBute  :  Lieute- 
nant. Jean-B.  Lcibadie  ;  Enseignes.  Duncan  Mclntosh, 
Hypolite  Janisse  ;  Sergents,  André  Beniteau,  Antoi- 
ne Gagnon. 

Soldats  :  Jean-B.  Ouellette,  Joseph  Mayou,  Antoi- 
ne DeHaitre  Will.  G.  Watson,  André  Peltier,  Jean-B. 
Ouellette.  François  .hmisse,  Hvpolite  Goyon,  Pierre 
Mayou,  John  Gentle,  John  f.  Watson,  Jean  Roc.  An- 
toine Mayou, Charles  Ouellette,  Jean-B.  Beniteau,    Ba- 


-    339  — 

zil  Tonrnenr,  Louis  NoDUMiiditi,  Churles  Tourneur, 
Jesiii-13.  Gt>\  ou.  Nicolas  Jîmisse, Dominique  Tourneur, 
Antoijie  Delhiitre,  Jean-B.  Bonvouloir,  Jcan-B.  Mar- 
tel, Joseph  Ou<'ilette,  Joseph  Laplîinte,  Charles  Beni- 
teau,  Victor  Tounuur,  François  Beuiteau,  Jacques 
Ohsmil'orlain,  Hypolife  Janisse. 

(  onpîiiiiiie  du  capirauie  Alexis  Maisonville  :  Lieute- 
nants, J^nies  AVooils,  Joseph  Parent  ;  Enseigne,  Char- 
les Srnitl)  ;  Sergents,  Thomas  Lavis,  Joseph  Cotté. 

Soldats  :  Frnnçois  Bougrand,  iS'ichoîas  St-Denis 
Françfjis  Maréchal,  Joseph  Lulac,  Jean-B.  Mercure, 
D(  minique  Eayriiond,  H'.niy  Eherts,  Pierre  Lajeu- 
nesse,  .'araes  Moody,  V>  m  Bangle,  Michel  Lavoyc, 
Nicolas  Leader,  Alexis  Ilodiene,  John  Allan,  Louis 
Soyer,  Jean-B.  Tallard, Alexis  Arquoitt<',John  Thomp- 
son, A  sa  Sn)iih,  François  Dunox,  William  Donahough, 
-loseph  Kigby,  Pierre  Pupuis,  Jean-B.  Tivièrge,  Paul 
LaSaliiie,  Joseph  Fou  mette,  Charles  Smith,  Chrysos- 
tônie  Pajot,  Augustin  Poy,  Pierre  Groux,  Jean-B.  Pro- 
vost,  François  Sabourin,  Bryce  Woods,  Charles  Bou- 
grand, Pierre  Cotté,  Pierre  Cotté. 

Compagnie  du  capitaine  Julien  Labute  :  Lieutenant, 
Alexis  Parent  ;  Enseignes,  Joseph  Parent,  Jacques 
Parent  ;  Sergents  :  Alexis  Ladéroute,  Honoré  Brouil- 
lard. Gabriel  Peltier. 

Soldats  :  Pierre  Meloche,  Augusiin  Lagrave,  Fran- 
çois Maisonville,  Eené  Cloutier,  George  McDougall, 
Josejdi  Piliette.  Joseph  Saiisquartier,  François  Letour- 
neaux,  Jcan-B.  Pira .Pierre  Eadichon,NicholasFortier, 
St-Luc  Moutreuil,  Pierre  St-Louis,  Pierre  Casavan, 
Hubert  Villair,  Jean-B.  Piliette,  Joseph  Bazinois,Ari- 
toiïie  Eéaume,  ■  oseph  Gaudette.  Jacques  Gaudette, 
Alexie  Peltier.  Pierre  Guilliotte,  Michel  Eéaume,  Jean- 
B.  Leblanc,  Alexis  Brouillard,  Lambert  Parent,  Jac- 
ques Parent. 

Compagnie  du  capitaine  James  Askin  :  Lieutenant, 


—  340    - 


Wm.  Smith  ;    Eiiseiii:ne?,  Alex  As  .in,    Jean-B.   Ouel- 
lette  ;  Sergents,  Vital  Diirnoiichelle,  Pierre  St- Louis. 

Soldats  :  Louis  St-Loiiis,  Jacqne-s  i_)iiples-<i-<,  faoqiie» 
Bolleperche,  -fos.  Bellepercho,  Tiiéodore  Durosean. 
Jeau-B.  Latbrai-J,  Félix  Peré,  -rean-B.  Khjrt,  fai'i|iios 
Rol)ert,  Joseph  Moriu,  Pierre  Morin,  Tean-B.  Treirible. 
Jacob  Baker,  -'ean-B.  Père,  Bazil  Lozoïi.  Vital  St- 
Louis,  Antoine  Belle[»erche,  Joseph  Latbret,  ChaiJes 
Bernier,  Bernardin  Soaliore,  Jean-B  Soulière,  Gabriel 
LozoM,  Jean-B.  St-Lonis. 

Compagnie  du  capitaine  Tou^suint  Maisonville  : 
Lieutenant,  Pierre  Réaurae  ;  Enseigne,  William  Hands; 
Sergents,  Jean-B  LeDnc,  Pierre  Dumouchelle,  Jean-B. 
Parent. 

Soldats,  Louis  Réaum»,  Benjamin  Parent,  Pierre 
Marentete,  Pierre  Parent,  Hv|iolite  Parent  fgnae 
Cochois,  Antoine  Mareiitett',  Laurent  Marentete, Pierre 
Laterrière,  Jean-B  Proiix,  Louis  Arquoitte,  François 
Desmarais,  Nieholas  Parent,  Jeseph  Marentete,  Antoi- 
ne Parent,  Joseph  Reneau.  Simon  LeDuc,  Jean-B. 
Oharbonneau,  Jean-B.  Riche,  losoph  Hodienne,  Fran- 
çois Dumarais. 

Compagnie  du  capitaine  -lamcsWoods  :  Lieutenants,. 
Toussaint  Maisonvillc,  Duncan  Mcintosh,  Enseigne, 
Aleiander  Pringle  ;  Sergents,  Laurent  Boismie,  Jo- 
seph Drouillard,  Bazil  Bellant,  François  Marchand, 

Soldats  :  Joseph  Pineau,  Jean-B.  Bertrand,  François 
Peré,  Pierre  Peré,  Louis  Peré,  Jean  B.  Dufour,  An- 
toine Diifour,  Pierre  Plant.  François  Parnier,  Antoine 
Plant,  Louise  Marie,  Antoine  Bertrand,  Pierre  Tachi- 
lan,  Paul  Généreux,  Jacques  Touranjeux,  Augustin 
Praite,  François  Dufour,  Sheldon  Seely,  Augustus 
Cohan,  François  Cueilléré,  Jean-B.  Dutour,  Joseph 
Drouillard,  Bazil  Bellant. 

Compagnie  du  capitaine  William  Smith  :  Sergent^^ 
Antoine  Soumandrc,  [.eurent  Boismie,  Jean-B.  Proux 


341  — 


Soldats  :  Antoine  Morcerts,  Thomas  Martin,  Jean- 
B.  F^rovost,  St-Luc  Montrenil,  Pierre  Cotté,  Franço'ë 
Pesrnarais,  .lohji  Allan,  James  Fields,  Pidrre  Dumou- 
<-MeIle,  Pascal  xxnnaiidrc,  Charles  Boagrand,  Paul 
LeDnc,  .losqih  Onollctre.  Antoine  Réaiime,  Hypolite 
Parent,  f^onis  Réaume,  .'ean-B.  Badichon. 

B.   SULTl 


LE  PAYS  i)KS  HUROÎ^'S 


A  l'aide  des  llelafions  des  Jésuites  et  de  diverses 
études  concernant  les  missions  huronnes,  de  1634  à 
1650.  J'ai  (Iressé  le  tableau  siiirant  des  distances  entre 
les  lieux  où  les  missionn:iires  travaiHaient,  dans  l'espé- 
rance de  fticiliter  la  lecture  des  Relations  : 

Ihonatin'a  ou  Saint-Joseph  I  —à  Saint-Michel,  une 
lieue  et  un  quart. — à  Ouenrio,  une  lieue.— à  Arontean, 
deux  lieues — à  Anonatea,  une  lieue. — à  Saiute-Mario, 
trois  lieues. — à  Ossossané,  cinq  lieues  un  quart. — à 
Saint- Joseph  II,  neut  lieues. 

Sainte-Marie  à  Saint-Jean,  deux  lieues  et  un  quart, 
—à  Saint-Louis,  une  lieue,  à  Saint-fgnace  IL,  cinq 
milles. — à  8aint-J()seph  IL,  quatre  lieues  et  un  quart, 
-—à  Ossossané,  six  lieues. — à  Sainte-Anne,  près  d'une 
^}^^^: — ^  Saint-Denis,  un  peu  plus  de  cinq  milles.— 
à  Saint-Michel,  trois  lieues. 

Ossossané  ou  la  Conception  à  Saint-Joseph  IL,  cinq 
lieues. — à  Saint-Joseph  I ,  cinq  lieues  un  quart. — à  An- 
goutenc,  trois  quarts  de  lieue. 

Saint-Louis  à  Saint-Ignace  IL,  une  lieue. 

Saint-Jean-Baptiste  à  Saint-Ignace  II,  environ  six 
lieues. 

Sainte-Anne  à  Ouenrio,  demie  lieue. 

Arontean  à  Tondachra,  une  lieue. 

Benjamin  Sulte 


—  342  — 
RKPONSES 


M.  de  Tiiicy  était-il  m.nqiiis?  (X,  V,  1013. 
— M.  de  Prouville  était-il  marquis  de  Tracy  ?  Telle 
est  la  question  posée  il  y  a  quelque  temps,  dans  le 
Balletw.  Deux  contemporains  seulement,  disait-on, 
avaient  ainsi  qualifié  notre  vice-roi  :  Mgr  de  Laval  et  le 
rédacteur  de  la  Relation  de  1665. 

Aux  notes  servies  dans  le  tmniéro  d'août  dernier, 
tirées  de  Jean  Talon,  de  M.  Thomas  Chapais,  nous 
pouvons  ajouter  ce  qui  suit,  en  attendant  une  solution 
complète. 

Clément  dans  son  ouvrage  sur  Colbrrt  a  deux  ren- 
vois aux  bas  de  pages,  qui  se  lisent  :  "  Alexandre  de 
Prouville,  niarquis  de  Tracy,  avait  été  chargé  en  1646 
de  veiller  à  une  levée  de  troupes  étrangères  en  Alle- 
magne, dont  il  reçut  le  commandement.  Lieutenant- 
général  en  1651  ;  envoyé  comme  tel  au  Canada,  en 
l'absence  du  comte  d'Estrade,  (vice-roi),  le  19  novem- 
bre 1669.  Revint  en  France  en  1667  et  eut  à  son  re- 
tour le  commandemert  de  Dunkerque  et  ensuite  le 
gouvernement  du  château  Trompette,  à  Bordeaux. 
Il  mourut  le  28  avril    1670.  (1) 

M.  Clément  donne  du  margvis  à  M.  de  Prouville, 
alors  que  les  lettres  de  Colbert  sur  lesquelles  l'histo- 
rien place  ces  renvois,  ne  désignent  notre  haut  person- 
nage autrement  que  :  M.  de  Prouville  et  le  sieur  de 
Tracy. 

A  cette  époque,  et  depuis  longtemps    même,  l'usur 
pation  de  titres  nobles  se  faisait  avec;  une  désinvolture 
édifiante,  et  du  marquis,  s'il  vous  plait,  plus  que    tout 


(1)   Colbert,  par  Cl('mcnt,tome  T,  p.  5  ;  tome  UI.  p.  :!!)! 


—  348  — 

autre,  à  tel  point  ([ue  le  roi   dût    sévir,    mais  combien 
iiiefficHceineut.  f 

Pour  ue  parler  que  du  titre  nieutiotuié,  disons  que 
Tallemautdes  Ri''aux  et  de  St-Simon,  deux  contem- 
porains, racontent  que  : 

Le  chevalier  de  Bois-Dauphin  épousant  une  riche 
veuve,  se  transforme  le  lendemain  matin  de  son  ma- 
riasse en  marquis  de  Laval. 

Par  la  même  occasion,  c'est-à-dire  en  se  mariant l'ua 
des  valets  dn  béarnais  Henri  lY,  prend  le  nom  de 
marquis  d'Avaray.     C'est  la  tiiçe  des  ducs  de  ce  nom. 

Philippe  de  Coureillon  dit  Je  m/irquis  de  Danqeaa  ïwt 
une  espèce  de  personnage  en  détrempe.  Sa  noblesse 
était,  fort  courte  ;  il  n'avait  rien  ou  fort  peu  de  choses. 

Vauban,  le  grand,  l'immortel  Vauban,  l'ingénieur, 
le  bâtisseur  de  t'orteresse,  le  maréchal  de  France,n'était 
lui  aussi  qu'un  audacieux  usurpateur.  Il  prenait  le 
titre  de  marquis  de  Vaubau,  mais  de  son  vrai  nom  s'ap- 
pelait Leprêtre,  et  il  avait  été  élevé  parmi  les  paysang 

D'un  autre  côté  je  trouve  les  notes  :"  Pierre  Dreux, 
conseiller  au  Parlement  de  Rennes,  père  de  Thomas 
Dreux,  conseiller  au  Parlement  de  Paris.  Thomas 
Dreux,  fils  de  celui-ci,  dit  le  marquis  de  Dreux,  devint 
Grand'maître  des  cérémonies  de  France,  et  il  a  trans- 
mit cette  belle  charge  à  sa  noble  lignée.  "  Ajoutons 
pour  compléter  l'historiette  de  cette  famille  modeste 
que  le  tils  aîné  du  ministre  Chamillard,  pour  se  marier, 
se  travestit  en  marquis  de  Cany. 

Le  financier  Castille  prit  le  nom  d'une  terre  qu'il 
avait  achetée.  La  mère  de  Castille  avait  nom  Jean- 
nin.  Il  fit  une  salade  de  son  nom  à  lui,  de  celui  de  sa 
mère  et  du  nom  de  sa  terre,  en  as-^aisonnant  le  tout  de 
particules,  et  saluez  :  Jeannin  de  Castille  marquis  de 
Mont)  eu. 


—   344  — 

Les  Mesmes  étaient  (i«s  paysan?; de  Mont-de-Maisaii. 
Trois  frères  tirèrent  la  i'ainilK- de  l'ob?curité  :  le  marquis 
de  Maiyneville,  le  comte  d'Avanx  et  .fean-AiU«>ine 
d'Irval,  r«eow/e  de  Vadeuil.  Ce  dernier  lai?i-a  entre  au- 
tres enfants,  le  ïiKirqais  de  Givry  et  le  ricotiHe  de  Xeu- 
châtel  dont  le  fils  fut  marquis  ùti  St-Etienn»'.  Rien  que 
ça  de  ïiiarqvAs  ! 

Prenons  les  Phélipaux  ;  on  y  trouve  deux  marquis  : 
deTaulay  et  de  ChTiteauneuf 

Le  généalogiste  Maugard  avance  (ju'il  y  avait  en 
1788  au  moins  huit  mille  marquis,  comtes  et  barons, 
dont  deux  mille  au  plus  l'étaient  légitiniement  ;  quatre 
mille,  bien  dignes  de  l'être  mais  (jui  nu  l'étaient  que 
par  tolérance  abusive.  Que  dire  des  deux  mille  res- 
tant ? 

Il  est  vrai,  remarque  quelque  part  St-Simon  : 

"  Que  les  titres  de  comte  et  de  marquis  sont  tombés 
dans  la  poussière  parla  quantité  de  gens  de  rien  et  mê- 
me sans  terres  qui  les  usurpent  et  par  là  tombés  dans 
le  néant,  si  bien  que  ceux  qui  sont  marquis  ou  comtes, 
qu'ils  me  permettent  de  leur  dire,  ont  le  ridicule  d'être 
blessés  qu'on  leur  donne  ces  titres  en  parlant  d'eux.  " 

Le  20  décembre,  1675,  Madame  de  Sévigné,  alors 
aux  Rochers,  écrivait  à  Eussy-Rabutin  :  "  Vous  ne  vou- 
lez plus  qu'on  vous  appelle  comte,  et  pourquoi,  mon 
cher  cousin  ?  Ce  n'est  pas  mon  avis  ;  je  n'ai  pas  encore 
vu  personne  qui  se  soit  trouvé  déshonoré  de  ce  titre. 
Les  comtes  de  St-Aignan,  de  Sault,  de  Lude,  de  Gri- 
gnan,  de  Fiesque,  de  Brancas,  et  mille  autres  l'ont  por- 
té sans  chagrin.  Il  n'a  point  été  profané  comme  celui 
de  marquis.  Quand  un  homme  veut  usurper  un  titre, 
ce  n'est  pas  celui  de  comte,  c'est  celui  de  marquis  qui 
est  tellement  gâté  qu'en  vérité  je  pardonne  à  ceux  qui 
l'ont  abandonné.  " 


—  345  — 

CoTiiLien  d'autres  à  citer,  mais  nous  croyons  aroir 
^11  ffi  su  ni  ment  démontré  par  ces  quelques  cas,  prig  un 
peu  au  liiisaid  de  nos  notes,  la  pratique  général  au 
temps  de  notre  M    de  ïracy. 

11  est  à  remarquer  que  tous  les  ambassadeurs  d'alors 
^e  couvraient  du  titre  de  comte,  et  M.  de  Tracy  qui 
nous  venait  tn  vice-roi,  pouvait  bien  passer  pour  un 
marquis. 

J)'après  le  Dictionnaire  des  fiefs  de  V ancienne  France, 
de  M.  ile  Geiiouillac,  M.  de  Prouville,  en  1648,  n'était 
(jue  baron  de  Tracy,  cette  seigneurie  était  sise  en  l'Or- 
léanais. 

Pour  aller  au  château  de  Tracy,  selon  V Etat  présent 
de  la  /(ohlisse  (186C),  on  passait  par  la  Lamotte-lieuvron, 
k  quarante  kilomètres  enviion  d'Orléans. 

C'est  bien  la  même  place  ? 

(ienouillac  encore,  dans  son  Receail  J^armoiries^  pa- 
ge -378,  arme  de  Prouville  :  Di  slnopleà  la  croix  angre- 
lée  (le  gueules. 

Rbgis  Roy 

Nicolas  I)aiie;uid<'  Mnj.  (X,  IV,  1005.) — Lacam- 
pagne  infructueuse  de  M  de  la  Barre  contre  les  Iro- 
quois  en  1684  lui  ayant  valu  son  rappel,  M.  de  Denon- 
villefut  nommé  pour  le  remplacer.  Le  nouveau  gou- 
verneur-général de  la  Kouvelle-Fraiice  arriva  à  Québec 
le  29  juillet  1685,  accompagné  de  trois  ou  quatre  cent» 
soldats  et  d'une  vingtaine  d'officiers.  Au  nombre  de 
ces  derniers  se  trouvait  Nicolaa  Daneau  de  Muj,  ca- 
pitaine d'un  détachement  des  troupes  de  la   marine. 

11  était  fils  de  Jacques  Daneau  de  Muy  et  de  Cathe- 
rine Driot,  de  Saint-Martin,  ville  de  Beauvais. 

Nous  n'avons  pas  beaucoup  de  renseignements  sur 


—  346  — 

les  premières  années  du  séjour  de  M.  de   .Vïuy  dans  la 
Nouvelle-France. 

En  1690,  lor.s(|ue  Pliips  essava  de  s'emparei*  de  Qué- 
bec, il  est  bien  probable  que  M.  de  Muy  était  an  nom- 
bre des  vaillants  officiers  qui,  sous  les  ordres  de  M.  de 
Frontenac,  repoussèrent  les  Anglais. 

Dans  l'été  de  16H1.  le  major  Shuyler  se  mit  à  la  tête 
d'un  parti  de  soldats  et  de  Sauvages  et  poussa  une 
pointe  jusque  dans  les  environs  de  Vfontréal.  Le  10 
août,  dans  la  nuit,  il  surprit  le  camp  de  la  Prairie  de 
la  Madeleine.  Mais  les  Français  se  défendirent  avec 
tant  de  courage  et  de  bravoure  qu'ils  le  forcèrent  à 
abandonner  son  attaque. 

Il  retourait  dans  son  pays  par  la  rivière  Richelieu 
quand  il  rencontra  un  détachement  d'habitants  et  de 
Sauvages  commandés  par  MM.  de  Varennes,  de  Muy^ 
Dorvilliers  et  Dupuy  de  l'Espinay  que  le  gouv-;rneur 
de  Frontenac  avait  envoyé  pour  protéger  Chambly. 
Les  Français,  quoique  beaucoup  moins  nombreux,  in- 
fligèrent une  .sanglante  défaite  à  la  petite  armée  de 
Shuyler.  (1) 

Le  10  octobre  1692,  M.  de  Frontenac  écrivait  au 
ministre  :  "  Le  sieur  de  Muy  est  un  bien  bon  officier." 

Deux  ans  plus  tard,  le  5  novembre  1694.  MM.  de 
Frontenac  et  Champigny  recommandaient  de  nouveau 
M.  de  Muv  au  ministre  :  "  Trouvez  bon,  Vlonseigneur, 
que  nous  vous  rendions  témoignage  du  mérite  du  sieur 
de  Muy,  capitaine  en  ce  pays,  étant  un  des  meilleurs 
•  officiers  que  nous  ayons,  brave  homme,  appliqué  au 
service  et  capable  de  commander,  ce  qui  nous  engagent 
à  vous  prier  de  lui  faire  plaisir  dans  les  occasîons.  " 


(l)  0'Cii\\iighiin,Doi'umentsrelative  to  the  colonial  history 
of  the  State  of  Neic  York,  vo'.  IX.  p.  5J.î  ;  Cyharlevoix,  his- 
toire de  la  Noaoelle-France.  t.  II,  p.  lOli. 


—  347  — 

Eli  1696,  M,  de  Muy  prit  part  à  la  campagne  de  M- 
de  Frontenac  contre  les  Iroquoip.  Il  commandait  l'un 
des  quatre  bataillons  de  soldats  réguliers.  Cette  cam- 
pagne eut  1  our  effet  de  rendre  aux  Françaié  toute  leur 
influence  sur  les  Sauvages  des  pays  d'en  haut.  (1) 

Cette  même  année  1696,  Pierre LeMoyned'Jberville 
avait  obtenu  du  roi  de  France  la  permission  de  former 
une  expédition  pour  aller  attaquer  les  stations  anglaises 
de  Terre-Neuve. 

y  .  de  Muy  reçut  intruction  du  gouverneur  de  Fron- 
tenac de  conduire  à  Plaisance  un  détachement  de  80 
soldats  et  Canadiens  qui  devaient  };rendre  part  aux  opé- 
rations contre  les  Anglais.  Il  s'embarqua  à  Québec,  sur 
le  Wesp,  le  25  août  1695. 

Sous  les  ordres  de  M  de  Brouillan  et  de  M.  d'Iberville 
il  iit  toute  cette  campagne,  et  revint  à  Québec  à  la  fin 
de  juillet  1696. 

M.  de  Muy  s'était  tellement  distingué  au  cours  de 
ce1,te  campagne  que  M.  de  Brouillan,  pour  se  l'attacher, 
lui  offrit  le  commandement  de  Saint-Jean  qu'il  avait 
coîitribué  à  prendre. 

Le  jeune  oificier  ne  voulut  pas  accepter  ce  comman- 
dement, le  ministre  lui  ayant  ordonné,  le  9  mars  1697, 
<le  retourner  à  Québec  aussitôt  la  campagne  finie. 

Le  R.  P.  Charlevoix  qui  raconte  au  long  cette  cam- 
pagne dit  que  M.  de  Muy  était  "  un  ofiScier  de  mérite 
^t  des  plus  capables  qu'il  y  eut  alors  dans  la  colonie."  (2) 

(1)  Chiir]e\o\x,  Histoire  delà  NouveUe-Frarne,  t.  IL  p. 
168. 

(2)  Histoire  de  la  Nouvelle- Frarnee.  t.  II.  pp.  176  et  15>7. 
Y o\r  ayi^s\  Histoire  d\i  chevalier  d'Iberville,  p.  153  :  Jowr- 
nal  de  l'expédition  de  d'Iberville  eiiAcadie  et  à  Terre-Neuve. 
p.  P8  ;  Documents  relative  to  the  colonial  history  of  thestatt 
oj  Nenj-York,  vol.  IX,  p.  (i7U. 


—  348  — 

C'esf  peu  de  tem[»>  après  cettp  campaçriie  qu'on  don- 
na à  M.  de  Muy  le  commandement  dn  poste  de 
Chambly. 

MM  de  Callière  et  Charapignj  écrivaient  an  mi- 
nistre le  20  octobre  1699  :  "  Nous  avons  tait  connaître 
aux  sieurs  de  la  Durantave,  de  Loni):nf?tiil,  du  Lhut  et 
de  Maricourt,  la  satist*nction  que  Sa  Majesté  avait  eu 2 
en  apprenant  leur  exactitude  à  bien  payer  leurs  soldats. 
Le  sieur  de  Muv  dont  feu  M.  de  Frontenac  et  le  sienr 
de  Charapiguy  ont  rendu  de  bons  témoignages  à  Sa 
Majesté  étant  un  très  bon  oiEi'.ier,  ao:it  à  l'égard  de  su 
compagnie  avec  le  même  désintéressement.  Il  v  a 
lieu  d'espérer  que  les  autres  le»  imiteront,  soit  par  um 
Tflotif  d'honneur,  soit  par  le  soin  que  nous  prendrons 
d'empêcher  les  abus  qui  se  pourraient  commettre.  " 

Le  18  octobre  1700,  MM.  de  Callière  et  Champign}- 
revenaient  à  la  charge  :  "  Le  sieur  de  Muy,  capitaine, 
qui  commande  au  fort  ChambTv,  est  un  bon  ofBxîier 
qui  s'acquitte  bien  de  son  devoir. 

En  1703,  MM.  de  Vaudreuil.  administrateur,  et  de 
Beauharnois,  intendant,  proposaient  au  ministre  d'éri- 
ger le  poste  de  (-hambly  en  gouvernement  sous  les 
ordres  du  gouverneur  de  Montréal  et  d'en  donner  le 
commandement  à  M.  de  Muv. 

"  Comme  il  a  beaucoup  d'esprit,  écrivaient  ils  le  15 
novembre  1703,  ([u'ilsait  ménager  les  Sauvages  et  qu'il 
entend  les  établissements  des  nouvelles  colonies,  dans 
peu  de  temps  ce  poste  deviendrait  (tontidérable  par  «es 
soins.  Si  vous  ne  voulez,  Monseigneur,  faire  un  nou- 
veau fond  pour  ses  appointements  en  qualité  de  gou- 
verneur, en  lui  laissant  la  compagnie  pour  garnison  et 
Joignant  une  pension  ou  gratification  nouvelle  à  sa 
paie  de  capitaine,  cela  le  mettrait  en  état  de  soutenir 
l'emploi  doiit  tous  l'aurez  honoré,  " 


—  349  — 

Le  14  juin  1704,  le  roi  accordaltaM.de  Miiy  la 
place  de  rnajordes  troiines  à  Québec,  vacante  par  l'a- 
vancoraent  de  M.  d'Aiogiiy. 

Les  disserisioMs  qui  existaient  depuis  plusieurs  années 
entre  le«  officier.-;  supérieurs  de  la  ixjuisiane  et  le  gou- 
verneur de  cette  colonie,  M.  de  Bienville,  ayant  ame- 
né la  destitution  de  ce  dernier,  M.  de  Muy  fut  nommé 
en  1707,  poi>r  le  remplacer.  (1) 

Le  23  juillet  de  la  même  année  le  ministre  remettait 
l'ordotniance  suivante  à  M.  de  Mny  : 

"  Sa  Majesté,  ayant  été  instruiti^tar  plusieurs  lettres 
écrites  de  la  Louisiane  que  le  sieur  de  Bienville,  qui  y 
commande,  a  prévariqué  dans  ses  fonctions  et  qu'il  s'est 
appliqué  plusieurs  effets  appartenant  à  Sa  Majesté,  a 
enjoint  au  sieur  de  Muys  qu'elle  a  choisi  pour  gouver- 
neur de  ce  pays  de  vérifier  les  faits  avancés  contre  lui, 
suivant  les  mémctires  qui  lui  sont  remis,  de  le  faire  ar- 
rêter s'ils  sont  véritables  et  l'envoyer  prisonnier  en 
France.  " 

M.  de  Muy,  qui  était  sdovn  en  France,  s'embarqua 
immédiatement  pour  aller  prendre  possession  de  son 
gouvernement.  Mais  il  mourut  k  la  Havane  avant  de 
pouvoir  s'y  rendre.  (2) 

Le  vénérable  Pierre  Boucher,  fondateur  de  Boucher- 
ville,  avait  beaucoup  d'estime  pour  M.  de  Muy,  qui 
était  son  gendre.  Dans  ses  Dernières  volontés^  aprè» 
avoir  fait  ses  recommandations  à  sa  femme,il  s'adresse  à 
M.  de  Muy,  avant  même  d'avoir  t'ait  ses  adieux  à  ses 
propres  entants  : 

(1)  L"auteiirde  l'ouTrage  Les  Ursulines  àe  Québec  (tome 
second,  p. 359)  dit  qu'il  avait  refusé  précédemment  le  gou- 
vernement de  ('Hvenne. 

(2)  Il  dtit  mourir  à  lu  lia  de  1707  ou  avant  le  25  février 
17U8. 


—  350  — 

"  A  monsieur  de  Mu  y, 

•'  Je  vous  prie,  mousieur,  comme  un  homme  d'esprit» 
de  vouloir  bien  contribuera  maintenir  la  tumille  en  bon- 
ne intelligence.  Vous  savez.  nionsieur,(j;ie  vous  ni'avoz 
souvent  dit  que  vous  vouliez  vivre  et  mourir  mon  ami, 
et  que  vous  me  donneriez  des  preuves  dans  toutes  les 
rencontres.  En  voici  une  occasion.  Je  sais  qu'il  n'ap- 
partient qu'à  une  âme  aussi  o-éuén'use  <|ue  la  vôtre,  de 
servir  un  an)i  après  sa  mort  ;  c'est  quelque  cho^e  de 
grand,  puisque  c'est  le  servir  sans  intérêt.  C'est  ce 
que  j'attends  de  votre  générosité,  etje  meurs  dans  cette 
confiance  que  vous  travaillerez  de  tout  votre  pouvoir 
à  maintenir  tous  vos  beaux-frères  et  belles-s  eurs  dans 
l'union,  et  que  vous  ferez  tout  votre  possible  pour  qu'il 
n'y  ait  aucune  brouillerie  entre  eux.  Je  leur  ordonne 
d'avo!r  beaucoup  de  confiance  en  vous  et  de  déférence 
pour  vos  sentiments.  " 

Puis  après  avoir  adres-^é  une  h  )nne   [>arole  à  ch;icuu 
de  ses  enfants,  il  revient  à  M.  de  Muy  : 

"  Je  prie  derechef  M,  de  Muy  de  se  souvenir  qu'il 
m'a  promis  d'accommoder  les  petits  différents  qui 
pourraient  naître  dans  la  famille.  Souvenez-vous,  u'ion- 
sieur,  que  Dieu  vous  a  donné  de  l'esprit  et  ^u  talent 
pour  cela  ;  de  plus,  vous  êtes  homme  d'honneur  en  de 
parole  ;  ce  qui  fait  que  je  fonde  beaucoup  sur  vous.  " 

P.  G.  R. 

LeDonblt'  Shiifflp.  (X,  VIII,  1030 —C'était  en 
1858.  M.  John  A. Macdonald(pius  tard  Sir  John  A.M;:c- 
donald)  était  au  pouvoir,  et  M.  George  Brown, rédacteur 
en  chef  du  Globe  de  Toronto,  était  chef  de  l'opposition. 
Le  gouvernement  ayant  été  défait,  M.  Brown  fut  appe- 
lé à  former  une  nouvelle  administration.  Comme  lui 
et  ses  collègues  qui  appartenaient  à  l'Assemblée  Législa. 


—  351  _ 

tive  étaient  obligés  <le  se  faire  ré-élire,  il  se  trouvait  en 
minorité  dans  ce  corps.      M.  Langevin  (maintenant  Sir 
Hector  Lnngevin)  proposa  un  vote   de    non   confiance 
ootitre  le  gonvernement.er  sa  moti'on  passa/"3I.  Brown 
demanda  alors  une   dissolution    du    Parlement   à    Sir 
Edmund  Head,  le  gouverneur  général.     Sir  Edmund 
refusa.      Cela  força  M.  Brown  à  donner    sa    démission 
après  avoir  ét(^    au    pouv^oir   seulement  48  heures.   Sir 
Edmund  appela  M.    Georges-Etienne    Cartier  (depuis 
Sir  Greorges- Etienne    Cartier)  à   former    un    nouveau 
gouvernement.  Il  y  appela  Ions  ceux  qui    avaient  for- 
mé partie  de  l'administration  de  M.    Macdonald.      M. 
Brown  et  ceux  qui  avaient  formé  partie  de  sou  cabinet 
se  trouvaient  hors  de  la  chambre,    en    attendant  leur 
ré-élection    Ils  comptaient  que  leurs  adversaires  allaient 
eux  aussi,  être  obligés  de  se  faire  ré-élire,  ce  qui  aurait 
laissé    les    deux    partis   comme   ils   étaient     avant    la 
résignation  de  M  Mncdona!d.     Mais  Sir  Edmund  Ilead 
permit  à  ses  nouveaux  ministres  de  rester  dans  le  gou- 
vernement sans  subir  de  ré-élection.     La  raison    qu'il 
donna  fut  que  la  loi  dispensait  de  la  ré-élection   le  mi- 
nistre démissionnaire  qui  entrait  dans  le  gouvernement 
dans  les  30  jours  qui  suivaient  sa  détnission.     Le  résul- 
tat de  ce  double  jeu,  de  résigner  puis  de  former  un  au- 
tre gouvernement  après  avoir  défait  celui  de  M.  Brown 
fut  de  mettre  le  parti  de  celui-ci  en  minorité  dans  l'As- 
semblée Législative,  en  attendant  sa  ré-élection  et  celle 
de  ses  collègues.      M.  Brown  prétendit  qu'il  y  avait  eu 
un  complot  entre  ses  adversaires  et  Sir  Edmund  flead 
pour  arriver  à  ce  résultat  et  il  appela  ce  complot  Double 
Shajfîe,  à  cause  du  double  jeu  de  résigner  pour  le  faire 
appeler  à  former  un  gouvernement,  et  de  le  mettre    en 
minorité  pour  le  faire  résigner    ensuite    et    rétablir    le 
gouvernemeut  battu  sans  faire,  ré-élire    les    nouveaux 
ministres. 

F.  L. 


30^ 


QUESTIONS 

1043  — Je  possède  une  brochure  de  15  pages,  sans 
couverture,  qui  porte  en  tête  de  la  première  page  : 
"  Sermon  funèbre  prononcé  à  l'occasion  de  la  mort  de 
M.  Benjamin  Frobisher.  "  Au  bas  de  la  dernière 
page,  je  lis  :  "  A  Montréal,  chez  F.  Mesplets,  impri- 
meur. 1737  " 

Peut-on  me  dire  quel  est  l'auteur  de  ce  sernuMi  et  me 
donner  des  renseignemenis  sur  Benjamin  Frobisher  ? 

E.  Z.  M. 

1044 — Talon  écirt  à  Colbert,  le  7  octobre,  1665,  et 
dit,  parlant  de  l'abjuration  de  M.Bertliier,  cnpitnine du 
régiment  de  "Carigvan-Salière  :  '•  Voilà  le  16e  converti, 
depuis  mon  arrivée,  qui  n'est  pas  encoT»  d'un  mois. 
Qui  peut  me  donner  les  noms  et  prénoms  de  quelques- 
uns  ou  de  tous  ces  seize  convertis  ?  Cela  m'est  impor- 
tant pour  élucider  un  point  d'histoire. 

Régis  Eoy 

1045 — Y  a-t-il  encore  des  membres  de  la  famille 
Bécard  de  Grauville  au  Canada  ?  Bec. 

1046 — Le  Lamothe  qu'on  voit  commandant  militaire 
à  Montréal  en  1669  est-il  le  mênic  Lamothe  qui  a  lais- 
sé son  nom  à  l'île  Lamothe,  dans  le  lac  Charaplain,  et 
qui  a  servi  plusieurs  années  sous  Carelier  de  LaSal'e  ? 

R.  I.  0. 

1047 — J'aimerais  bien  à  avoir  des  renseignements 
sur  le  nauvrage  d'une  goélette  au  sud-ouest  de  l'île 
aux  Grues  dans  l'automne  de  1845.  Plusieurs  person- 
nes périrent  dans  ce  naufrage.  Marin 


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C'est  le  deuxième  volume  de  la  série  Les  Normands  au 
Canada,  dont  le  premier,  déjà  publié,  «st  iZenrùZe  Bernières. 

"Jean  Bourbon  (16:U-l6(JS).le  premier  ingénieur  en  titre 
de  la  Nouvelle-France,  dit  l'auteur  dans  sa  invfaco,  a  laiss- 
son  nom  au  faubourg  Saint- Jean-Baptiste;  Jean  LeSueur  de 
Saint-Sauveur,  le  premier  prêtre  séculier  venu  au  Canada, 
donna  le  sien  au  faubourg  Saint-Sauveur  de  Québec  :  deux 
figures  intéressantes  qui  apparaissent  au  berceau  de  notre 
histoire;  autour  d'elles  viennent  se  grouper  une  foule  d'épi - 
.sodés,  la  plupart  des  faits  importants  de  cette  période  qu'un 
de  nos  gouverneurs  anglais  les  plus  distingués.  Lord  Elgin, 
appelait  si  justement  ''  l'âge  héroïque  du  Canada.    " 


VOL.  10  DÉCEMBRE  1904  No  12 

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PIEEEE-GEOEGES   EOY 

ÉDITEUR-PROPRIÉTAIRE 
RUE    WOLFE 

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On  peut  se  procurer  gratuitement  une  livraison  spJcimoti 
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BULLETIN 

DES 

RFXJHRRCHES  HISTORIQUES 

VOL.  10  DÉCEMBRE  1904  No  12 


TABLH:    DES   MATIERES  DES  DIX  PREMIERS 
VOLUMES  DU   ''  BULLETIN  DES  RECHER- 
CHES HISTORIQUES" 

1895-1005 

A  heille  cnnarlienve.  L' VIII,  29 

Abruliam. — Voir  Plaines  d'Abraham 

Abréviation.  Une Il,  96,  141 

Acadie,  Amour  de  la    France  en V,  11 1 

Gonvernenrsdc  1' VII,  218 

"       Oriirine  du  mot     VIII,  192,  o75 

"       Vovago  de  Mi]^r  de  Saint-Vallier  en  ...  .1,  161 

Acadiens  àBoauraont^  Les IV,  223  :  V,    182 

"       aprèï  leur  dispersion. Les IV,223,284 

Chant  national  des.  ! V,  148 

"       et  les  évêc|ue8  de  Québec,  Les L  31 

protestants  après   1755,  Les III,  32 

Accomodation,  Le    bateau  à  vapeur VII,  64,  83 

Aehelaïou  Achelaci VIIL  160 

Adelsheim,  Charles-Frédéric  d' IV,  319  ;  V,  83 

Adhémarde  Saint-Martin,  Antoine VII,  32,214 

Aérolithes T,  96,  121 

Africaine,  Naufrage  de  1' IV,  377  j  V,  84 

Aides  de  camp  du  Roi  et  de  la  Reine IX,  320 

Ailleboust. — Voir  D'Ailleboust 

Ainslie,  Thomas I,  157 

Ajets,  Les VII,  192 

A  la  claire  fontaine III,  48,  75 


—  3Ô4  — 

Alfonso.  Le  pilote  -leai.  II,  44  :  IV,  135,  305  ;  VIU,  37 

Aliénée,  Agiles  <!' I,  127,  143,   lôâ 

Allison,  Le  capitaine  Thoma:?,    I,  63  ;  Vil,  313 

Aloo-nv  de  la  (-Jrois,  Le  iiianjuis  d' IX,  96,  126 

Amaz'Mis  aventurière. — \  oi:-  Cadet. 
AmUroise.      Voir  Koiiillard 

AiDéricains  à  I5eanpo:t  en  17  75,  Les IX,  175 

Amérique,  En V,  95,  216 

Aml.erst.  Sir  Jefferv Il  F,  57  :  IV,  353  ;  VL  192 

Amnistie  de  18:58.  Ù    V,  64,  94,  152,  182 

Amqui,  Saint-Benoit  Lal)re  de VII,  195 

Ancourt,  Le  comte  d' V  .64,  117 

André.  Le  Journal  du  inajor X,  256 

Ano-ers,  Armes  de  Thon  Au2:n.->te-Réal V,  76 

\ui'lais  au  pavs  avant  la  Cession  Les 

.  .."; ; n,  143,  176  ;  II,  9  ;   IV,  354 

Anijleterre  et  la  France  en  1774,  L' .  . .  .    IV,95 

"  "         La  Xouvelle- VI,  u2 

"  Les  titres  des  souverains  d'.  .  .VII,  128,285 

'•         Superbe  isolement  de  1' V,  352 

Anguille,  La  peau  d' IV,  63, 118 

Annapolis,  Origine  du  nom VII,  340 

Anne.  Le  cap II,  112,  173 

Année  de  la  grande  noirceur.  L' III,  96  ;  IV,  83 

Années,  Les  bonnes V,  64,  91 

Anfi-CoUm  à  Québec,  L'    I,  32,  45 

Anticosti,  Oiigine  du  mo!^ IX,  64,  90 

Antrobus,  Ednmnd-Williatn-Roweu    . .  .11,140  ;  X,228 

-         John    X,-.:28,283 

Apôtres,  Club  des  douze III,  192  ;  IV,  88 

Apparition,  Une VIII,  64,  95 

Archambault,  .lacques III,  112 

Archdeacon  de  C^iébec— \^oir  Mountain 

Archives,  Nos 

III,  5,  186  ;  IV,  loO,  217,  252,  311,  ;  VL  ,  373 

Argenson,  Pierre  de  Voycr  d' Vj  i,  373 


—  355  — 

Argeiiteuil,  Lettr:\-^    de    pardon    accordées  à  D'Aillé- 

^  lmu?t  d" VJI,  160,  209 

Arofent.  S;i  rareté  antrefi.is V,  104 

Arniairb.  Origine  du  nom ],  112,  1 25 

Arrnaillé,  Les  (l'Hinnisdal  et  les  d' I,  175,190 

Armes  de    raieliidicccse  de    Qnébec,  Les... 

J.  192;  II,  137  ;  IX,  191 

Armes  de  rintendant  Tali)u.  Les II,  96 

Armes  de^  lieutenants-'n)iivei-iienrs  de  Québec.  .V,  73 
Arinoierit>s  de  la,  proviuccî  de  (Québec,  Les.  ......  1 1,  19 

Ariiîiiid,   Origine  du  nom  Oanton X,  181 

Arnold,  Le  général V,  51,  288,  346 

Arnonx  et  la  mon  de  Montcalm. — Voir  Montcalm 
Arpentage  sous  le  régime  français,L\  . .  .1,  17,  33,  49 

Arthur,  v'^ir  (leorge.  T IV,  219 

Artigiiv,  Loiîis  l^.oner  <!' J,  178 

Arts  an  Canada.  l)ével()p]iement  des J,  31 

Assistanis  an   tiône  pontitieal.  Les 

VI.  256,  285,  286  ;  Vil,  l84 

Atalaiiie,  Le  navire  1'    I,  63,  109  ;  IJ  i,  8 

Atcliemberg,  J.  G. I,  112 

Atlantiqnf-,"Le  passage  de  1' 111,  160;  VIII,  319 

A  Trois-Eivières  ou  aux  Trois- Rivières X,  96 

Aubert,  Claude IV,  181 

Aubert,  La  carte  de VI,  160,  188 

Aubert,  Le  navigateur VI,  192 

Aubert  du  Forillon IV,  285 

Aubéry,  Le  Père  Joseph I,  37,  iV,  191  ;  VI,324 

Au  Canada  ou  en  Canada 

ni,  H 8,  141,  151,  176  ;  IV,  22 

Auger,  Jean-Baptiste . I,  51 

Auqvsie,  Le  naufrage  de  1' VU,  32,  207 

Auhiay,  Charles  Menou  d' V,  63,  214  ;  X,  128 

Autray,  Le  sieur  d' VII,  96, 122 

Autrefois  et  aujourd'hui \7,  333  ;  IX,  18  ;  X,  57 


—  35&  — 

Avaiiçrour  au  sieur  Couture,  Ordre  de  M.  d' 

....r. Il,  31  ;  V[J,  41 

Avocats  sous  l'aiicien  régime,  Les.  .  .  .11,  81  ;  fV,    18 
"       Préséance  sur  les  anciens  marguillers.  JX,  378 
Avocats  (1«  Saint-Pierre  au  Canada.  .  1  V^,  378  ;  Vi.1,64 
Aylmer  et  la  session  de  1831,  Le  gouverneur.  .IV,  10 
Aylmer  et  James  Stuart,  Le  gouverneur.  ...  V'I  !,  256 

Babie,  Jacques X,  329 

P>al)in,  Marie VU,  260 

BacquevilJe.  —Voir  Potherie 

Badelard,  Le  ebir>irgieii    I,  176  ;  11,27,45,  73  ;  IV,  34» 

Bagot,  Sir  Charles lil,  160,  189  ;  IV,  212   249 

Baie  de  Fundy,  Origine  du  nom Vlll,  288,  317 

Baie  des  Puants,  Origine  du  nom    VU,  81 

Baie  d'IIudson,  Jean  Bourdon  et  la Il,  2,  21 

Baie  Saint-Paul,  Congrès  de  la '  V,  81,  61 

Baie  Verte,  Oriiiine  du  nom Pi,  15,  31  ;  VlJ,81 

Baillairgé,  Pierre-Florent .  .  .  .  Vi  -,  256  ;  \nil,'25 

Baillargeon,  Mgr  Charles-François IV',  165 

Bailly  de  Messein,  Mgr IV,  320,  348  ;  VI,  186 

Bakhviu  et  le  comté  de  Rimouski,  M 1X1,176,190 

Ballestuquin  sieur  de  Chesne,  Gabriel IV,  351 

Bank  of  Power  Canada,  The IV^,  32,94 

Banque  Henry  de  Laprairie,  La IV,  96 

Baptiste,  Le  capitaine ILI,  112  ;  \',  8  ;  ^  I,  121 

Baraudin  née  de    Bougainville,  Madamede.  .VIII,  95 

Barbeau,  Joseph 1,113 

Baion,  Le liL   1 12 

Baronnet,  Les  catholiques  et  le  titre  de X,  32 

Baronnets  de  la  Nouvelle-Ecosse,  Les IV,  64 

Baronnie  canadienne,  La  dernière.  . .  .IV^,  127,185,212 

Baronnie  du  port  Maltais,  La II,  31  ;  VIT,  150 

Baronnies  et  comtés  au  Canada VI, 378;  VII,  188 

Barons,  Club  des IV,  160,  251 

Barrois,  Le  sieur  le I,  153 

"  Bas  de  soie,  "  JrUndais IV,  378  ;  V,  86 


—  357  — 

l^iistoiiais. — Voir  Boston  ai  s 

Bateau  à  vapeur  océanique  à  Montréal,  Le  premier. 

VII[,   160  ;   X,  57 

Bateau  à  vapeur  sur  le  Saint-Laurent,  Le  premier.  . .  . 

VII,   64,  83 

Bateaux  à  vapeur  sur  la  rivière  Sasiuenay,  I  v^  31,l'<0 

Batiscan,  Le  nom V,  160,274 

Bazire,  CharK^s IV,  107 

Baude,  ■'  Ori2:iue  du  nom  '•  Moulin 

T V,  378  ;V1II,  352,  1X,28 

Beauce,  l'o^onisation  de  la V,  32 

•'       Jarrets  noirs  de  la IV,  369 

"       Minesd-ordela J,  175  ;  IL  186 

•'        Protonotaires  du  district  de X,  40 

Beaucours,  Boisberthelot  de  L  37,  58  ;  IL  71  ;  X,  301 
Beauharnois.Le  gouverneur  ill,  128,  155  ;  VU,  29  8 
Beauharnois, L'intendant  de  III,  128,  155  ;  VII,  303 
Beauharnois,  Orthographe  du  nom.  .II,  112,  159,  189 
Beaujeu,  Charles-Francois-Liénard  Villemonble  de.  .  . 

VI,  320  ;  VII,  17 

Beaujeu, confesseur  de  Louis  XVI.  L'abbé  <le 

IV,  191  ;  VII,  64,126 

Beaujeu,  Daniel-IIyacinthe-Marie  de IX,  128 

Beaujeu,  Louis-Liénard  Villemonble  de VI,  137 

Beaulieu,  L'acadien IX,  320,  ^50 

Beaumont,  Saint-Etienne  de 

L  47,  129  ;  IV,  353  ;  V,  182 

Beaumont  et  Bazaine,  M.  de ...  A^,  378 

Beauport,  L'asile  de .  .  .  .  L   127,  143,  155 

"         La  seigneurie  de IS.,  149 

"         Les  Américains  à IX,  175 

Beaupré,  Antoine  Sarras II,   130,  168 

Côte   de m,   79 

Pierre V,  237 

Beausoleil.  Cléophas VIII,   19 

Beaver  Club,  Le IV,  160,  216 


—  .".58    - 

Eéeancour,  La  eoloinsatioii  à    VTIT,  42 

Sanvaire^  h VTT,   i;^5 

Beckwith.  Jiilia-ratliarinc I.  47  :  VU.   360 

Beeqiiet,  Eoniain T.   1  S4  ;   IV.  161 

Bédard.  El/.éar "V.  ?FÔ 

TTosince V.  28-^ 

Isidore V.28H.-3nK 

"       J<'an-Baptiste T.    ô5 

Pierro \.    111   :   HT.    lAl  : 

V,  209.  224,  250.  285  ;  VT.  57  :   VIT.  80 

Bédard,  Lp  député  ThdniMS Tll,    28 

Bedini  au  Canada.  Le  délégué  aiiostolinuc.  .  .  AY.  I  fîO 

Bi"<lout,  -leati-Anfdiiie T,  1  8:5 

Béii-iu,  Los  ancetros  do  Mlt ^'.  î^-^.  T  23 

Bégon,  L'intendant IV.  195.  2()5  :    VHT.    ir;i 

"       ofouvernour  de  Trois- Rivières.  .11.    71  ;TV.  271 

Beifi^ne^s  de  Sain  te- Rose.  Les IV.    878  ;  IX,  185 

Béfand,  L'abbé  Josepb-Octave VII.  107 

BélMn.i?er,  L'abbé  Charles-Edouard IV. 95, 154 

Belette  rozelet  ou    l'hermine.  La II.  80  ;  A'I,  209 

Bell,  James VIL  224.  248 

Bellcau,  Aimes  du  lientenant-^-onverneur V.  73 

Belleborne  à  Qnéufc,  Le  rui;;seau VU.  114 

Bellechasse,  Le  nom  de V.  160 

Bellecombe I[.  80.  141 

Belle£!:arde  et  la  montre  de  Montcain),  Jean  .  .  VITI,  15 

Bellestre.  Picoté  d(.' II,  140 

Belvèze,  Le  commandant  de II,  18  ;  VII,  310 

Bénard,  Michel I,  1  88 

Berioist,  Le  mémoire  du  chevalier I,  126 

Berczy,  Le  peintr-    T,  1 60,  1  72 

Beresford,  Origine  du  nom II,  143  ;  TV,  80 

Berey,  Le  T^ère  de ITI,  80,  152  :  X,  192 

Bergerac,  Cvrano  de 'X.  'J.62 

Bergères. — Voi-r  Rigan  ville 

Bergeronnes,  Origine  du  nom.  ......  I,  175  ;    li,  59 


—  859  ~ 

Beigier,  L'abbé  Jean IV,  108 

B.-nii.rd,  L'abbé  Loui.^-Tbéodore VU,  109 

Lenjuiii,  Les  œuvres  -b^ IV.  95,  122  ;  V,  2ô5 

BtrsiniiK  La  réserve  du    VI,  141 

Bii-ibelot,  Amable IX,  25  î,  282 

Michel ir,  140 

Beilhier,  Le  capitaine  Alexandre 

Vil.  128,  155  ;  IX,  32,  56,  273,  310 

Biard,  Le  Père  Pierre IV,  192  ;  Vf  [,  266 

Bibliograpliie  canadienne.  Ouvrages  sur  la.  .  .IX,  256 
rb'  la  ixiésie  tranco-eatiadienne  .  .  .VI,  232 

"  de  la  flori'  canadienne VI,  329 

]>ibliotliè  pic  <:irca!antc.  Une VI,  142 

Bic,  Saintc-Cécil.'  du VI  1,323 

Bicn\iile.  Saint- A  ntoinc  de      V,  195 

J>iiint  ainvs  1750,  L'intendant II,  32,  90 

••     Le  cliâtcan I\^,  194 

>•     Les  malversations  de  l'intendant.  .  .IV,  288,  342 

■•     L'intendant VI,  224  ;  VIII,  47 

••     S..n  billet  à  Vero:<.r I,  128,  144,  157 

Billard.  LeP.'re I,  53 

r>iliaid>  s(»ns  le  régime  français I,  61,  91,  188 

Birdslev  a  Co,  niarchandiH  à  Québec IV^,  63 

Bisbi'p   Universitv  à  Lennoxville X,32 

Bissot  de  Vincenncs,  Jean III,  34,50  ;  VI,  109 

Bhn^kstone.  Hcnrv VU,  357 

B  airfindie, .  Le  n.".m VJ,  128  ;  VII,  307 

Biais.  Le  capitaine  Micbel VI,  352,  375 

Blak<'.  Sir  lohn-A.  Macdonald  et  le  député.  . .  .VI, 215 

Blancbet,  François.  ...    X,l45 

.lo.se[  b-Goderic I,  158 

Blocnis  continental  et  le  Canada,Le IV.  287,  317 

Blouin,  La  capitaine  C;harles 11,80,  140  ;  111,23 

Bocbart,  Jean VII,  326 

Boc.  art  et  Kerbodot II,  68,  178  ;  V,  80 


—  360   — 


Bnpiifp,  Manièri'  de  les  atteler  an  Caiiiula IV,  256 

Boileau,  d<'pnté  de  Chanibly,  René IV,  3  f» 

Boiret.  M orr  Urbain " II.  64,  93.  139 

Bois.  Les  oenvres  de  l'abbé  L.-E V,  101  ;  VI, 280 

Boisbriand,  Michel  Sidrac  Dusué  de X,  192.221 

"  Pierre  Dugnéde.^ X.  192.311 

Bois-Brulés,  Les  Métis  ou V,  17 

Boisclerc.  Jean-Eustaehe  Lanoniller  do 

' I,  -.19  ;  II.  77,  140:  VII,  336 

Bois-Francs,  Les ViL  288,315 

Boishébert,  Le  comte  de VI,  7 

Boisseau,  Nicolas I.  7,  184 

Nicolas-Gaspard I,  184 

Bolduc,  Louis I V ,  37 

Bolton,  Origine  du  nom IV,  287 

Bonarai,  L(>  frère  Louis. —  Voir  Louis 

Bondy,  Thomas  Douaire,  sieur  de IF,  7 

Bonne. — Voir  BeBonne 

Bonnécamps,  Le  jésuite I,  52,  53  ;  TH..  16,  107 

Bonnet  carré,  Le I,  112  ;  III,  187 

"       phrygien.  Origine  du F,  64,  92,  111 

Bonnets  à  batteaux.  Les lY,  256 

Bon-Temps,  Ordre  du V,  178 

Boquet,  Le  Tère  Simple VI,  352,  376 

Bord-à-Plouffe,  Le V,  378  ;  \  F,  1  1 5 

Borgia,  Joseph  Levasseur VF,  40,  146 

"      Le  moulin  et  la  maison VI,  37 

Borniol,  Le  curé III,  40  ;  V,  187 

Bostonais,Origine  du  nom  II,  192  ;  III,  13  ;  Vil,  191 

Bouc,  Charles-Baptiste VII,  32,  53 

Boucault,  Xicolas-Gaspart II,  128  ;  III,   2') 

"         de  Godefus,  Gilbert-Charles III,  25 

Boucher-BelJeville,  L'abbé L  77 

Boucher  et  Mgr  Laflèche,  Le  curé IX,  174 

Piene II,  63,  69,  138 

"        dit  Boisbuisson,  Lous-Murin i,  18 


—  S61  — 

Bonchette,  L'arpenteur-général V,  96,  18^^ 

L'exploit  (lu  Vapitaine  J.-B.  .  .  Y,  191,  S17 

Boucliette,  Robert-Shore  Milnes VII  1,116 

Boùgain ville  et  le:^   Acadiens,  M.  de IX,  256 

Boniard,  Le  <Miré HT,  114 

Bonllé,  K.istacbe V.  288,  297,  328  ;  VIIT,  37 

lîoiili.-jie,  [/a  mère  «le V,  44  ;  VI.  32,  155 

Boiirhon,  Jean-Louis  de IX,  32,  59 

Bourdofi.  Jean I,  16,  17. 

32.  (il,  152  :  II,  2,  21,  39.  07  ;  IV,  101,  105,  lOC,  111 

Bourg,  L'ahhé  Joseph-Mathurin VI,  8,  41,  263 

l5o;irg  (le  Saiuto-Anne II,  112  ;  II!,  9 

Bt)urgeoys,  Marguerite VIII,  37 

Bourget,'  Mgr   Ignace V,  42  ;  IX,  18 

Bourlaniaque  après  la  guerre  du  Canada 

m,  15  ;  IV,  20  ;  V,  350 

Bourreau  au  Canada,  Le V,  127  ;  VI,  256,  281 

Bouteroue,  Claude  de VIII,  341 

Boutet,  Martin I,  19,  40 

Boutin,   Jean 1,49 

Bover,  Pointe II,  31  ;  III,  16,  74 

•'      Hivière II,  al  ;  IX,  275 

Boyvinet,  Gilles  de IV,  108 

Braillar  I  de  la  Madeleine,  Le III,  48,  76 

Brandv-rot,  Oriiriiie  du  nom H,  32,  76 

Brassard  dit  Beausoloil,  Noël IX,  288,  314 

B:V;-r],J.i.;{U.:    W.A.^^ 1,  ;:2.  !5,  1  S2 

Bréard,  Le  couvent lonnel I,  32,  45 

Brébeut;  Le  l'ère  Jean  de IV,  191,  2i;0 

Breslav,  L'abbé  de I,  148  ;  VI,  260 

Brigaiuls  du  Cap-Rouge,  Les VII,  288 

Brion,  L'amiral  de IV,  378  ;  V,  150 

Broek,  Le  major  général  sir  Isaac.  .IV,  219  ;  VIII,  94 

Brome,  Origine  du  nom I,  48,  76  ;  IV,  287 

Brougbton,  Origine  du  nom I,  127,  142 

Bruciiési,  La  famille VII,  64,  94 


''  Brûleur  "'  de  la  Côte  de  Beaupré,  Le.  . .  .    TU,  64,  Tl> 

Brûlot,  moustique,  maringouiu T,  126,  lô;>  ;  [f,  24 

Brunelle,  L'inffénieur  Isambard-Kino-don .  .1,  160.  1  74 

Buies,  Ouvrage.-  de  Arthur Vri*128.150  ;  IX,  374 

Bureau  des  pauvres  à  Moulréal.  Lt.* V.  228,  27!i 

Burton,  Francis-N II,  71  :  IV,  275.  283,  364,  367 

Le  major-général  Ralph.  .  .    IV.  223  ;  VII.  31 

Button,  Orisine  du  nom  Iles VII,  272 

By,  John  .  /, I,  42 

Cabanae,  Joseph  Deajordis  de .II,  70 

Cabot  et  la  découverte  de  l'Amérique.  .II.  96  :  111,7 L 

Cacouiia,  Saint-Georges  de III,  177 

Cadeau,  Jean-Baptiste. .V,  351  :  \'I,  83 

Cadet,  Le  munitionnaire IV,  223 

Cad«t.  Louise I,  176  :  II,  24 

Cadieux,  La  légende  de III,  96.  175» 

Cadillac. —Voir  LaMothc 

Caen,  Eméric V,  297,  32& 

Calèche  canadienne,  La .1,  160"':  I[,  10 

Calendrier  du  clergé  canadien V^  224 

Callières,  Louis-Hector  de    IV,  211 

"  Orthographe  du  iiom  de II,  112 

Calomnie  historique,  Une VIII.  97.  129 

Calonne,  L^abbé  de V,  240  :  V^tll,  283 

Camail;  Le I,  112.  124,  141  ;  111,187 

Camériers  secrets  de  Sa  Sainteté,  Les.  ...  V,  192,  313 
Campbell  indien  et  le  marqui.-  de  Lorne,  T'ii .  .  .  I  V.  46 

Camp  volant  r^ous  le  réijime  français,  LTn X,  64 

Canada  arant  1672,  L'histoire  du.  . .  ,V,  192  ;   VI,  92 
Canada  etleblocus  continental.  Le.  .  .  .  .  .IV,  287,  31T 

Le  Haut- VI,  339 

'''      Le  Petit V,  221 

"^       Manière  d'apprendre  l'histoire  du 

IV.  352  ;  V.  156 

Canada  on  "  en  Canada,  "  Au  .  .  .  . 

III,  48.  141,  151.  176  ;  IV,  22- 


—  363  — 

Cansuliana VII,  373  ;  VIII,  13,  15,  19.  47 

{Janadien  émigrant,  L'autenr  du.  .  .  .  III,  32,  47.  62,  91 
€(tvadien  ernint,  La  complainte  Un.  ..IV,  255  ;  V,148 

Cavndiea  et  le  gouverneur  Craig,  Le I,  63.  77 

Oanadiens  déportés  à  la  >^ouvelle-Galles  du  Sud,  Lc-s 

VII,  1-92;  VIU,  70 

<:ova<liens,l,eàrà-mfi  Les  Annem .  .  VIT,192  ;  IX,96,249 

Canadien  guillotiné,  Un Il,  130,  168 

Canadiens  au  Pôle  Nord,  Les IV,  159,  215,  278 

Canadiens  et  la  guerre  de  l'Indépendance,  Les 

III,  144,  156  ;  VI,  160,  209 

<:anadieni-Français, Emblèmes.  .IV,  63,  119,  153,  181 

K'anadions- Français  et  les  Saurages IV,  352,360 

'*         scieurs  de  bois IX,  378 

Canal  de  Laehine  sous  le  régime  français . 

I,  160  ;  ir,  123  ;  VI,  260 

Canardit^re,  Les  drapeaux  du  camp  delà.  .  11,16,60,74 

Cancer,  Laguérison  du IV,  287  ;  V,115 

Canon  «lu  midi  et  du  soir .  .  1,  192 

Canon.  La  flotte  de  M I,  175  ;  II,  123 

Canons  dans  la  Nouvelle-France,  Usine  <le.  .  .  IV',  31!' 

C'anso,  Origine  du  nom ^  L  20.» 

Cantique  <!*•  Noël I,  63,  77 

Canton  vs  township. I',  128,  174  ;  III,  9.  107 

Cantons  de  l'K«t,  Le  nom  de IL,  liS.  59 

Cap  ;\  l'Arbre,  Le .  ..    .  .V,  223.  314 

••     '•  la  Roche.. V,  -.15 

Cap  Anne,  Le      II,  112,  173 

Cap  Chat,  Origine  du  nom II,  176  ;  III,  12,  28 

Cap  Chat,  Saint -Norbert,  du IX,  257 

Cap  de  Rhé  ou  de  Raye I,  192  ;  II L  40 

l'ap  Saint-Ignace,  Saint-Iirnace  du  ... VI,  291 

Capitaines  de  la  Côte    ..." III,  80,  122 

Capitaines  des  portes,  Les VIII,  288 

Capots  d'écolier« I,  64,  78,  94,  121,  188 

Ciipnckuxe  à  Québec,  La Il,  13  ;  VII,  64,  31'i 


—  364  — 

Cap  Tourraente,  La  croix  du;  .  .  .  .  ...  V,  03  :  V^I.  158 

Cardinal  cai'iadieri,  Le  premier. lA^  356-  ;  \',  36 

"  La  femme  du  patriote Ill,   144 

Carême  autrefV)i«,  Le .  ; VIL  81 

Carignaii,  Le  réoimeiit  de .• V.  116 

Carillon  ou  Carrion 1,  81 

"        Aumôniers  du  tort    X.  96 

"       Draptau  de VIII,  19 

Carleton.— Voir  Dorclieiiter  .         .  . 

Caroii,  Arme:*  du  lieuteMant-fronA'enxMir.  .....  V,  74 

Carre,  Le  sieiiT'  Pierre L  .  60 

Carte  du  Canada,  La  plus  ancienne \-I,  IGO  183 

Cartel,-  Charles 1 1.  68 

Cartier  et  le  Brésil 1  H,  1 44.  1;)S 

"      Aumôniers  de IL  143 

"       Compaojnons  de I  V,  320 

"      Croix  plantée  à  Gaspé  par.  ....  Il  64  ;  \',  177 

"      Fort  Jacques- V],32 

"       Quatrième  vovaice  <le LIL  176  :  iV.  140 

Cartographie  sons  le  régime  français  ....   1.17,  33,  49 

Cassegrain.  L'abbé  l'aïil !  .  .  .     V,  2:i4  ;  VI,  86 

Castor  est-il  un  poisson.  Le.  ,  .  •. IL  32,  47,  76 

Castor,  symbole  canadien.  Le IV,  63, 119,  153 

Catalogne,  Gédéon  de L  49  ;  il,  116 

Catalogne,  La IL  16,  30 

Gatàraqui,  Origine  du  nom VIII.  245 

Catéchisme  de  Québec,  Le  premier   •  IV.  127  :  IX,287 

Catholiques  et   protestant8,dan!<  la  même  éijlise 

V,  377  :  VL  6o':  VIU,  127 

Cavelier. — Voir  LaSalle 

Caucus,  Origine  du  mot \'III.  128,157 

Caughnawaga,  Les  Iroquois  de.  .  VI,  96,116  :  VI  1,138 
"  8aint-François-Xavier  de.  ....  .  V,  131 

Caulincourt,  Le  général  de VI,  64,  117 

Causapscal,  Saint-Jacques  de ^'^'l,  -91 

Caverne  de  Saint-Michel  à  Montréal,  La. .  .  VIII,  25-2 


—  365  — 

Cazoan,  Franf;(»iR 1 1  L.1.G7 

Cedar  i .  nll,  Saiiit-Pierre  du  Lie  ^.  c V .  i    2  )7 

Ceinture  «.kiico,  La • ^    U  i^'^-  172 

Ooiit-Apsociés,  Les  noms  des -  V-  •2S3 

Centenaire  auiheiuiquo,  Une.  /• •^'  ■    7î> 

Cliabot,  Laurent •.•••.".       '    '  '  ^ 

Chabot,  Le  c:u*'Ta:Me M,  l5  ;   /  v) 

Chailiv,  Lou  s'de  Le,-. lié  (J  i •>5 

Chaires  à  i»rêvlier i      .  Ij  ,  s .  l'»l 

Chanjblv,  Charles- François ^  '    LJ8 

ChaniblV,  Le  canal VI,  2::L  J85 

.Chambly,  Le  capitaine  de 1,  192  ;  II,  IZ  ;  \\.  -^4 

Chambre  d'Asseniblôo,  L -s  napi.rj-jde  la.  .   n  ^.i,  1:j3 

Chanuav,  Le  iianlraîre  du 

TU,  48,  74  ;  VJil,320  ;  IX,  IDÎ,  J^'i  :  X.  J28 

Champflour,  Fran<;«)is  de l,  1)4,  79;   I  ! ,  67 

Cbaniplain,  Chapelle IV',  2!HI.  321 

Madame  de i  V,  304 

"  Oraison  (\r.î(-bre  dt? i  V.  t)3 

•'  Orthogiapliedu  nuui    ....,V,G4;   V..;'.13 

"  Samuel  de '  '^' ,  '■'  ^0 

"  Sciiçnr'ur'e  de 11,166 

"  Sen-ante  de; !  V.  '274 

Testament  de V,  287,  370  ;  X,  256 

"■  Visitation  de 11,161 

"  à  Brou;iQ;e,    Le  luonnui'jiit . •... 

' IX,  2^8,  ol8  ;  X,  :>uS 

Charaplain  et  les  «auyages V  i  . ,  1\.j2 

Chanson  dans  la  Nouveile-Pranc-,  ly.i    .......   V'i,  ;jO 

Chanson  de  181 2,    Une ^  ,  2;>7 

"•         sur  rexpéditioii  de  W'alker V  i,,Ml 

''         sur  Nieolet !,47,..')« 

Chant  ot  niusi(iue li,  oO,  lo6 

Chapais,  L'hon.  J.-C ^ ■  •  •  V,  368 

Chapelains  d'honneur  de  S.i  Sa/nciité.  .  V,l!)2  ;  Vl,2}7 
Chapleau,A.rrued  du  lieutenant-gouverneur V,  76 


—  366  — 

Chareet  délégué  en  Angleterre.    M.  ..  IV,  63  ;  X,  288 

Charland  et  le  tiège  de  1775,  M TX,  320 

Charlesbourg.  Amalécitesde VII,  137 

"  Prêtres  et  religieux  nés  à.  . .  .  VII,  328 

"•  Royal,  Où  se  trouvait II,  79,  187 

Chartier,  L'ubbé  Ktienne VII,  160 

ChasHaigne,  Jean  Bouillet  de  la Il,  70,  114 

•Chasse-galerie,  La .  V,96  ;  VI,  61,  282 

Chasseur  à  Québec,  Le  musée VIII,  224,  251 

Chaste,  Aymar  de , VIII,  37 

Chateaubriand  st  le  Canada VI,  256 

Chat eaufort, Bras  de  ter  de II,  66  ;  IX,  128,  186 

Châteauguay,  Discours  du  colonel  de  Salaberrv  à.  . .  . 

IV,  378  ;  V,"85.  117 

Châteauguav,  Qui  commandait  à I,  97 

Chauftage  doK  églises  autrefois.  .IV,352  ;  V,  57,83,117 

Châtelets,  Noël  Juchereau  des .VIII,  86 

ChaumoROt,  Le  Père VI,  224,  255  ;  VIII,  38 

Chavigny,  François  de III,  64  ;  X,  224 

Chazelles,  L'intendant  Guillaume  de VII,  7i) 

Chefs  de  canton II,  144, 183 

Chemin  de  fer  canadien.  Le  premier II,  16,  29 

''     "    sur  la  glace,  Un IV,  31,  59 

"     Gomin,Le II,  87 

Chenal  du  Moine,  Origine  du  nom 11,176  ;  VI,159 

Chenal  entre  Québec  et  Montréal,  Le.  . .  .  VI,  224,  252 

Chéron,  Martin 1,  178 

Chesnaye.  Charles  Aubert  de  la 

I,  171  :III,  6  ;  IV,  38,  105 

Chesnaye.François  Aubert  do  la T,  177 

Chevarde  bf)is."  Le IX,  192,  254 

Cht^valier  errant  des  nations IV,  359 

Chevalier,  Le  titre  de V,  319  ;  VIII,  36 

Chevaux  au  Cauiidii,  Les    ....  I,  127  :  II,  11;VI.  218 

Chevreuil  blane    I,  170 

Chien  <i'or.  L'histoire  du V,  128,  191 


—  367  — 

Chiniquy,  L'apostat    !  1 1,  12 

Chouagnen,  Drapeaux  de.  .  .    III.  15  ;  V,  349 

Origine  du  mot IH,  48,  76,  92 

Chouurd  des  Groseillers,  Médard 

. , 1 V,  32,  92,  150,  866  :  V,  274 

Christ,  Los  vêtements  du 1,  96  ;  IT,  23 

Chute  Montmorenov J,  176  ;  II,  1 

Chute  Niagara ". IV,  128  :  VI,  125 

Cimon,  Le  capitaine 111,  28 

Clairon  du  roi,  Le V.  96,  216 

Clarke,  Ahired IV,  253 

Clergé  de  Québec,  Serment  de  iidélité  du.  . .  .  IX,  266 

,  Cleveland,  Origine  du  nom  Canton IX,  181 

Clinton,  Origine  du  nom  Canton IX,  181 

Cloutier,  L'abbé  Charle^-Onésime VU,  74 

ChibBeaver. IV.  160,  216 

Club  de  raquettes  à  Québec  en  1809 I,  48 

"     des  Barons IV,  160,  251 

"     des  douze  apôtres III,  192  ;  IV,  88 

Clubs  ou  cercles  sous  le  régime  français I,  16 

Colborne  et  la  femme  de  Duquette,  Lady.  . .  .fil,  144 

Colborne,  Sir  John IV,  219,  225 

Collet,  Mathieu-Benoist I,  186 

Colombière,  Joseph  de  la I,  177  ;  Il  f,  128 

Commissaires-ordonnateurs  sous  le   régime  français.  .  . 

.  VI,  352  :  vil,  127 

(\.:^^!.ag;ne  <le>?  IIabit;i?it^.  T>i;; \"ni,  256,  27i> 

Compaiji,  L'abbé  Pierre- Joseph.  .  IV, 11,  77  ;  V,  115 

Comporté,  Gauthier  de VII,  320,  368 

Comtés  et  baronnies  au  Canada.  .  .  VI,  378  ;    VI I,  188 

Confédération,  Pères  de  la Il,  122  ;  V,  255,  346 

Confesseur    canadien   de   Louis   XVI 

IV,  191  ;  VU,  64,  126 

Confréries  de  sainte  Anne I,  175  :  II,  73 

Congrès  de  la  Baie  Saint-Paul IV,  31,  61 

des  Etats-Unis,  Le Il,  192  ;  ï  II,  14 


—  368  — 

C<iTin(':;!})1o.  Ce  îk  n)  cf-t  il  d'origine  françaiee.  .  X,  £24 
Coiîk'  d«'  Qn.  bc  •.  I/jincUn. . .  .  IV,  16«.  117  ;  V,  53 
C(iiiK'/il  ^ïouvora'M  it  Cor.sci!  Supérieur.  V  1  I  I,  100,  191 
•      '■  -  T.ir-u  (1rs  sc'aiiccsdu.  .  .IV.  127,  1>3 

Crn.o:^  Sié-:,].  Mnil.re^  <la VI!,  04,  82 

Couse:  icvs  !!u  ( Kri-ril  ^-utiéiieur.  .  .  I,  126,151,1  70.1  <7 

Col  s-|.::-.)!i(.ii  (!.-.  1800.  T.a IV,  41 

CoiisiîitViMi  de  riî:>i!e,  Les  deux  rcl'tîieux . 

IV,  255  ;  V! il,  128,  149 

CoiistriK  t:<'n  ù'  S  Viiis.-eaux  sous  le  réirime  fVauçais.  .  . 

Jl,  133  ;  IX,  224  ;  X.  179 

Consui:^  deFîon.e  a  Quc'bec,  Les.    .VI,  378  ;  Vif,  59 

Coulreioenv.  Antoine  Péfody  de X,  320 

Coq  du  (loi  h(  r.  l.c m     la,  28 

Coioiur^dc  M  ne  .('al VII),  244 

-  Qn,-l.ec    VIII,  78,  147 

Cotn-.oe  îTu  r';in;\d;i.  Un  tableau  du.  .  .IV,  378  ;  V,  01 

Con-'veau,  L- IV,  307 

Corv,  .H,  Le.s      V,  96,  216  ;  VII,  2r,G,  284 

Côri-  à  Mo.eau III,  160 

Côrc."^..  Les IX,  288,  351 

Coua'^ne,  Jeai'.-Iîaphste  de I,  49 

Coueite  de  n<»s  an.êues.  La IV,  320  ;  VI,  80 

Cou:!;:.rd.  L'aid).; IV,  255 

Couillard  Guiilaume . .  .Vi,  115 

do  l'K-!.ii;;.y.  Louis VU, 48 

Cou'i'ii;:;'',  L..  '..  ■■  ■     !'.•  t/c  Js^ ^,  S 

Couj»  do  pied,  In  royal V,  107 

CoureiDs  en  ]>anns II,  107 

Goure. '"les,  Or;iiograpli<>  du  nom Il,  112,  142 

Cour  des  J'lai<lov<  r.s  Comuiuns,  Greffiers  delà.  .X,211 

Cour  «'u  Banc  du  R-i,  octolTe  1828, VIlI,  245 

Couiier  dit  li-iurgui^j^non,  L'abbé IX,  *256 

Courtier  de  Quéhfc  ou  Htraiit  Français, "Lq.  .111,90,153 
Courrier  de  iSt-Uyacinlhe^  Le X,  30 


—  360  — 

■Covr'ier  des  Etats-  Unis,  Le I,  48,  60 

€ourva1ine,  La II,  80,  111 

Courville.  Origine  du  nom  Côte  de Il,  160,  190 

■Contant,  Le  frère  récollet  Marc II,  98,  119 

<Jouturae  américaine,  Une  ancien  ne IV,  134 

<J()uture,compagnon  de  LaSalle VIII,  320 

Couture,  Ordre  de  M    D'Avaugour  à.  .II,  31  ;  VU,  41 
Couvrent  de  la  Congrégation  à  Québec.  ...  1, 128,  156 

Cox,  Nicolas V,  146 

Cox,  Sir  Edmund V,  31  ;  VH,  23  ;  VIII,  28 

Craig,  Adresse  des  habitants  de  Lorette  à    . .  VI,  332 

"      Médaille  sur  sir  James IV,  63,  120 

"       Portrait  de  sir  James    IV,  97 

Craig's-Road VI.  64  ;  VII,  288,  316 

Cramahé,  Théophilus II,  71  ;  IV,  276,  365 

Crémazie,  La  famille VIII,  197 

Créquy,  L'abbé  Jean-Antoine- Aide    VI,  153 

Crespieul,  Le  Père  François  de    VI,  268 

Orespin,  Jean I,  179 

Crevecœur,  Mademoiselle  de VIII,  224 

Crisasy,  Les  frères II,  70  ;  VI,  320,  346 

Croix  à  l'entrée  du  séminaire  de  (,?uébec 

III,  32  ;  VI,  150 

Croix  de  l'île  de  la  Visitation IV,351,  069 

Croix  de  tempérance8,Sociétés  de  la  II,  176  ;  111,12,44 

Croix  du  Cap  Tourmente V,  63  ;  VI,  158 

Croix  plantée  par  Cartier  sur  la  côte  de  Gaspé 

II,  64  ;V,  177 

Crysler  Farm VIII,  78 

Cugnet,  Francois-Fitienne I,  179 

"'       Joseph 11,140 

Cugnet,  Nicolas III,  192  ;  iV,  209  ;  VIII,  320 

Thomas-Marie I,  183 

Cuillers,  Les  fondeurs  de IV,  128,  158 

Cure,  Prise  de  possession  d'une I,  126  ;II,  9 


—  370  — 

Curés  de  Longueuil VII.  327; 

"       "  Sainte-Anne  de  la  Pérade.  VI,  224  ;  VIII,126; 

"      "       "         "       des  Plaines \I,273 

Curés  de  ]S"otre-T'ame  de  Québec VIII,  276 

Cusson,  Le  greffe  de  Jean X,  51 

Cuthbert,  L'hon   James...IT,177  ;  IV,347,371  ;  VII,841 

"      VIII,  60 

])' Aigrement,  M IV,  268 

D'Ailleboust,  Louis 

.....II,  67;  IV,  211,296,351  ;  V,  54,  79,  36^ 

D'Ailleboust,  Louise-Catherine I V,  35  40 

"  et  \e  Dictiomiaire  gériéalogifjue.  Madame 

V,  43 

D'Ailleboust  de  Saint-Vilmé,  Marie- Anne 

111,  144;  IX,  375 

Daine,  François I,  184 

Dalhousie,  Pique-niques  de  la  comtesse  de    ...  111,170 

Lord IV,  65 

Dalling,  Le  major VII,  224 

Dambourgès,  François ,  32,  41 

Damours  de  Chaufours,  Mathieu 

I,  152,  153,  170  ;  IV,  110 

l 'amours  de  Preneuse,  Mathieu I,  171 

Daneau  de  Mny,  Nicolas X,  128, 345- 

J  Janiel,  Charles 1 1 ,  158  ;  V,  297,  327,  331,  333 

Dansercau,  Arthur-('lément VI II  19 

D'Armaillé,  La  famille 1,  175, 190 

Daulé,  Le  Père VI,  378  ;  VI II,  34  j  ;  X,  253 

D'Aulnay,  Charles  de  Menou,|seigneur.  .....  .V,  214 

D'Auteuil,  Denis-Joseph  Ruette 

1,152,154,170,  184;  IV,  108 

D'Auteuil,  François  Magdeleine  Ruette. .1,181  ;  I  V,133 

"         Louis- Josepiiliuette Il,  7  ;  IV,  39 

DeBonne,  Le  capitaincIV,  275  ;V,  270,  272  ;  VI,  277 
I  eBounCj  L'hon.  Juge  Pierre-Amable....tV,345  ;X,17 
De  Gaspé.— --Voir  Gaspé 


— ^  371  — 

DéGnire,  L'abbé  Jean-Baptiste    ...    II.  110 

Peheer,  Louis-Chrétien VIII,  128 

Délégué  en  Angleterre  en  1763,Un.  .  .  IV,  63  ;  X,2s8 

Délégués  en  Angleterre  en  1783,  Les VU,  32,  213 

DeLino. — Voir  Lino 

'De  l'Jsle,  Antoine  de  Bréhaut II,  66 

Delisle,  David-Chabrand III,   2  ;  IV,  316 

Delislede  la  Cailleterie,  Jean-Guillaume.  .  .VII,32,213 

Demers,  L'abbé  Benjamin VII,  1  75 

DeMeulles. — Voir  Meulles 

Demoiselle,  Origine  du  mot II,  112,  127 

Denaut  au  Détroit  en  1801,  Visite  de  Mgr.  ...     X,  97 
"      en  Acadie  en  1803,  Vi^^ite  de  M^r.  .X.257,289 

Dénéchaud,  Glande .^ VIII,  271 

Denonville,  La  marquise  de V,  364: 

"  La  trahison  du  gouverneur  de 

..^ ". IV,  95,  123,  183 

DeXone. — Voir  ISoue 

Denys,  Nicolas V,  192  ;  Vl,  94  ;  VIII,  219 

"     de  Vitré,  Charles T,  153 

"      "       "      Mathieu-Théodore. III,  178 

Dépenses  de  l'Angleterre  pour  conquérir  le  Canada.  . 

... VIII,  304 

Déportés  canadiens  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  VIII, 70 
Déportés  de  1755,  La  dernière  survivante  des..VlI,260 

I.'éputé  d'autrefois,  Un IN.  23 

"     malgré  hii II,  106 

Députés  du  premier  parlement  cjinadioti...,  ,  111,  122 

"       de  S<iint-.Vlauric.> V,  283 

*'       L'indemuité  de  nos X,  118 

Dequen,  Le  Père VJ  i  f,  38 

^*  Dernier  coup  de  canon  " li,  47,  62,  91 

Désaulniers,  Les  frères.  . i  IJ,  150 

Le  nom  de VU,  373 

1  >esBergère!^. — Voir  Ri gau ville 

Desceliers,  L'abbé  Pierre VI,  183 


—  372  — 

Deschambault,  Les  Angolais  à V,  63",  316^ 

Désertion  à  l'ennemi V  1 1 1 ,  340 

DesGozis,  Notes  de  M VITI,  294- 

Deshaies I5  ^'^ 

Desjardins,  L'abbé  Louis- Joseph...  V,187,19-2  ;  VI,164 

"  L'abbé  rhilippe-Jean-Louis 

V,  187,  344  ;  Vl,  32,  5t> 

Desjordis  de  Saint-Georges,  François Il,  70 

Desmenles  à  Québec,  La  rue f  \',  160 

D^^srocbers,  Le  sergent IL  67 

Des  Ormeaux. — Voir  Dollard 

D'Estiniauville  de  Beaumouehel,  Jean-Bai)tiste..I  ,140 
"^  "  "  Robert-x\nne..  X,  112; 

D'Estrées,  Le  vice-roi  Jean VI,  288,  314r 

Le  vice-roi  Victor-Marie..VJ,  288  ;  VJ 1, 348 

Desty,  Robert . .  IV,  72 

Détroit,  Les  commandants  de X,  128,  158 

"       Les  registres  paroissiaux  de.  .  . X,  288 

Devise  canadienne,  Une    .......  IV,  63,  181  ;  VL  214 

Devise  de  la  province  de  Québec IL  19 

Devise  del'écu  britannique II,  80,  155 

Dia,  Les  expressions  Hue  et I,  128, 136 

Dictionnaire  abénaquis  de  Rasle.VI,  207  ;  X,  288,  311> 
Dictionnaire  généalogique  de  Mgr  Tanguay,Le  V 1 11,238 
Didace,  Le  Frère — Voir  Pelletier 

Diner  de  curé,  Un 1 1, 135 

iJiner  de  Pâques  à  la  prison  de  Québec,  Le.  .  .  .[|I,  15 

Docier,  Le  cadet IX,  378 

D'Olbeau,  Les  deux  Pères IV,  191  :  \  I,  :^78 

Dollard  et  ses  compagnons.  ..  .111,  96,  142  ;  VI,  26, 123 

Orthographe  du  nom  de III,  80,  95 

Où  a  e\)  heu  lecombatde.  .  .  ILl,  144  ;  IV,  14t> 

Dollier  de  Casson,  M LX,  174 

Domaine  d'Occident,  Le If,  1^92  ;  III,  59 

Dombourg,  Le  sieur  Bourdon  de.  .  1,90;  VII,  9d,  122 
Domrémy,  Origine  du  nom  (Canton IX,  181 


—  3V3  — 

Doiicaster,  Origine  du  lumi  Canton.  .  .II,  143  ;  lîl,  58 
Dorchester  et  sa  famille  au  Canada,.!,  175  ;  Vllf.'  58 
I)orchet^ter,Conseil  législatif  formé  par VII,  224 

"           Lieutenant-gouverneur  de  Québec. IV,  283 
Pont lY,  54,  87 

"  Portrait  de  lord î V,  1 61 

Dorion,  J.-B.-Eric Y,  31,  90, 119  ;  VI,  64  ;  Vil]  125 

Dorvilliers U    ^^o 

Dosque,  Le  curé  Bernard-Sylvestre.  .  .   1,160  ;  ^,13,34 

Dosquet  et  le  curé  Voyer,  Mgr VII,  128,  366 

l'ot  de  soixante  tilles  pauvres VIII  48 

Douanes  à  Québec,  Percepteurs  des I,  144,  157 

Double  sbnffle X,  256,  350 

Douglas,  Le  comte  de VII,  160.  221 

Dou ville,  Pierre , IX,  64.  95 

Drapeau,  Le I,  48^  109 

Drapeau  du  cnmp  de  la  ('anatdière II,  16,  60,  74 

Drapeau  étoile  des  Etats-Unis,  Le IV,  191,  253 

Drapeau  tricolore.  L'histoire  du II,  64,  93 

Drapeau  tricolore  au  Canada 

• n,  176  ;  III,  29,:43',  73  ;*  X,'i5i 

Drapeaux  de  Chooaguen,  Les III,  15  :  V,  349 

"         des  réginieiîts  de  Lévis V,  128,  309 

Droits  seigneuriaux  (banalité,  quint,  retrait) V,'  136 

Drouet  de  Richervilli',  Le  rérit  du  sieur IV,  128 

Drnnimond,  i<ir  Gordon IV  219 

Drommondville,  Saint-Frédéric  de   v',  227 

Dubé,  L'abbé  Pascal-Prudent VII,'  Ho 

Duberger  et  son  plan  de  Québec, I,  32,  41  :  X.  96 

Dubergès,  Duberger,  Dambou)gès,Les  familles..!  32,40 

Dubrowski,  Pierre nf   5 

Dubuc,  Antoine JV"    96 

Dubuisson,  Joseph  Gujon X   128 

Dubuque,  Origine    du  nom Vl    196 

Duburon  ou  Dubuvon III    igQ 

DuCalvet,  Pierre I,  14  ;  II,  192  ;  IlL  58 


—  S74  — 

Duchesnay,  Ignace  Juchereau VII,  64,  318 

''  L'hon.  Antoine  Jucbereau.  ......  IX,  177 

"  L'hon.  Henri-Elzéar  Jnehereau.  . .  .  IX, 77 

"  L'hon.  Jean-Baptiste  Juchereau.  .  .  .X176 

Duchesneau,  Jacques lY,  192  ;  VII,  153  ;  IX,  182 

Duel  sous  le  réo-îme  français V,  31 

Dufour,  Le  colonel  Joseph HT,  144,157  ;  VIL  309 

•'       L'abbé  Edouard VII,  105 

Dugué  de  Boisbriand,  Michel-Sidrac X,  192,  221 

"       "  "  Pierre X,  192,  311 

DuLaurent,  Chrystophe-Hilarion I,  184  ;  V,  273 

Dulongpré,  Le  peintre  Louis 

II,  109  ;  VIII,  96,  119,  150,  160  ;  X,  64 

Duluth,  Origine  du  nom VI,  196  ;  VIII,  38 

Dumas,  Le  sieur IV,  319  rVI,287 

Dumesnil  tué  d'un  coup  de  pied VIII,  32 

Dumesny,  La  compagnie  du  sieur    X,  128,  159 

Dunn,  L'honorable  Thomas VI,  245 

Duplessis-Fabert '^ II,  116 

Duplessisde  Kerbodot,  Guillaume  ..II,  68,  178  ;  V,  80 
Dupont,  Emilien III,  80,  95 

"       Robert III,  16, 151 

"       de  Xeuville.  Nicolas 

I,  153,  170,171  ;  IV,  132  ;  VIII,  14 

Dupré,  Le  Compte   V I,  96,  249 

Dupuy,Paul iV,  39,  130  :  VIÎ,  48.  96,  218 

''  L'intendant.  .  .  .  III,  114  :  IV,  268  ;  VII,  y73 
Duquet  et  lady  Colborne,  La  femme  du  patriote..! 1 1 ,  144 

Durand,  Louis VIII,  352,  366 

Durantaye,  Olivier  Morel  de  la 

1, 177  :  III,  81  ;  IV.  131,  194,  199  :  V,  137 

Durban,  La  ville  de VI,  128,  1 58 

Durbam, Excentricités  de  lord    III,  144,  174 

Ordonnance  de  lord V,  64,  94,  152,  182 

Rapport  de  lord Il  T.  160  :  IV,  25 

Duvernav.  Ludger VII,  280 


—  375  — 

Ecole  an  Canada,  La  première VIII,  353 

Ecossais  au  Canada,  Les ,V,  159,  219 

Ecosse,  La  Nouvelle- VI,  87 

Ecu  britannique,  La  devise  de  1' II,  80, 155 

"  Ecuyer,  "  Le  titre III,  48,  78,  107, 171  ;  VU,  183 

Eglise  protestante  au  Canada,  Première 

/. IV,  288,  318,  347,  371 

Eglises  consacrées  dans  le  diocèse  de  Québec...  I,  48,  90 

Elections  sous  l'Union,  Les VI,  82 

Klgin,  Lord IV,  257 

Emblèmes  des  Canadieus-Françai?.  .IV,63, 119,153, 181 

Emigration  canadienne  aux  Etats-Unis,  L' 

^ II,  80,  188  ;  m,  90 

Emigrés  de  la  Révolution  au  Canada,  Les   .  111.56,146 
Emond,  Information  du   procès  de  Anne.  X,  195,  229 

"  En  Canada  "  ou  "  au  Canada  " 

IIL  48,  141,  151,  176  ;  I V,  22 

Enfant  Jésus,  Quête  de  1' 1  V,  352  ;  V,  25 

Enfant  né  dans  une  colonie.  Premier.  .  VIII,  192,  216 

'•'•  Enfant  Terrible  " — Voir  Dorion 

"  Entin  le  roi  va  dormir  tranquille  "..1,159  ;  11,153,169 

Engagements  à  vie,  Les    . .  .•. 111,  I6 

"  Engagés  "  au  début  de  la  Nouvelle- France 

II,  176  ;in,  43  ;X,  .i21 

Epée  sous  l'ancien  régime.  Le  port  de  l' VIII,  47 

Episode  de  1837-38,  Un IV,  207 

Epluchettc,  Une V,  96,  186 

Ermatinger,  Frederick- William    VIII,  17 

Esclavage  au  Canada,  L' 

I,  112,  125  ;  II,  44,73,136,153,  186  ;ILI,  40;  VI,119 

Esc(juma.ns,  Les  Montagnais  des VII,  140 

Eatat  prîiseiit  de  V Eglise  dans  la  Nouvelle- F rance .  .  .  . 

IV,64,  248 

Kstèbe,  Uuillaume , 1, 180  ;  IV,  196 

Estrées.  —  Voir  D'Estrées 

Etablissements  français  au  Labrador,  Les,.I,159;  111,6 


—  376  — 

Etat  des  3000  livres  accordées  par  le  roi.  . .  .  Yllf,  48 

Etats-Uiiis,  Drapeau  étoile  des TV,  191,  258 

Eté  d«s  Sauvages T,  176  ;  IV,  3ûO 

EUuliavt,  L' VTIT,  216 

Evêché  de  Québec,  L' Il,  63,  78 

Evèque  de  la  Nouvelle-France,  Premier II[,  25 

Evêques  de  Québec,  Lieu  de  sépulture  des.  .  111,48,68 

"         "         et  les  détenus 111,15 

Exécution  capitale  à  QuébecJII,  80  ;  IV,  80,  144,  307 

Expressions  anciennes V,  144 

"  canadiennes III,  89 

"  glaciaires I.  80  ;  IV,  19 

vicieuses.  Nos VII,  374  ;  Vtll,  84 

ExtraU  des  3fes.Heurs,  L' 111,64,  78 

Faillon,  Les  œuvres  de  l'abbé-JI,  31,  76  ;  VI,  288,  317 

Familles  canadiennes,  Les  premières V.  242 

Faribault  et  M.  de  Salaberry VIII,376  ;  IX,  21 

Farnham,  Origine  du  nom IV,  287 

Faucher  de  Saijit-Mauricc,  M 1 1  î,  70 

Fanx-Sauniers,  Les IV,  81!>,872 

Femmes  et  le  droit  de  vote  au  Canada,  Les.  ...  IL  176 

Fénélon,  L'abbé  de.  . .  .  .* I,  57 

''         L"n  ouvrago  de V,  240 

Fenelon's  Falls,  Origine  du  nom VI,  889 

Fer-blanc  au  Canada,  Le I IL  15,  171 

Ferme  du  roi  dans  la  Nouvelle-France,  La.  .V  11.210 

Fête  du  sacerdoce III,  1 76 

Feuquières,  Le  marquis  de VI, 288;  VII,  24 

Feyrol,  M V,  288 

Fiedmont,  Jacau  de V,  173 

Fief  Saint-François,  Le [,16 

'•    simple  et  fief  de  dignité V[,  224,  248 

File  indienne IV,  878  ;  VI,  159 

Fils  de  la  liberté III,  11 

Fiiilay  de  Gros-Pin III,  163  ;  IV,  41 

^       et  le  Père  de  Glapion,  Ilugli VI,  206 


—  377  — 

Finlay  etle  service  postal,  Hugh VII,  89 

Fislier,  John  Charlton    V,  305 

Flaubert  et  le  Canada V,  352 

Flesche,  L'abbé  Jossé VIII,  39 

Fletther,  Le  juge II,  79,  109,  139 

Flibustier Y,  8 

Flore  canadienne,  Biblios^raphie  de  la.  .  , VI,  329 

Flotte  de  M.  Canon,  La^ II,  123 

Foi  et  hommage II,  144  ;  III,  27  ;  IV,  242 

Fondeur  de  cuillers IV,  128,  158 

Fontaine,  .lossé  LeDuc  des I,  186 

Fontange,  Ce  que  c'est  qu'une 1, 192  ;  II,  14 

Forbes,  Alexander V,  147 

Forbin-Janson  et  les  déportés  canadien8,Mgr  de  V III ,65 

Ford,  Bibliothèque  circulante  de I,  159 

Forest,  M.  de  la IX,  128 

Forillon,  Le IV,  224,285,314  ;  VI,  307 

Formulettes  écrites V,  207  ;  X,  2-14 

Forster,Le8  mineurs III,  128 

Fort  Carillon,  Aumôniers  du X.  96 

^'    Lévis 111,32;  IV,  179 

''    Saint-Frédéric,  Ancien II],  160,  189  ;  IV,  26 

"    Sainte-Anne  au  Cap-Breton Il,  112,  158 

"  lac  Champlain 11,112,142 

Fortier,  Richard- Achille VIII,  275 

Fortier,  Pierre-Michel VIII,  320 

Fossembault,  Seigneurie  de IX,  192 

Foucault,  François I,  180 

Foucher,  Le  juge VII,  80  ;  VIII,  146 

Fournier,  La  canne  du  curé IX,  174 

Foy  et  hommage Il,  144  ;  III,  27 

Franc,  Sa  valeur  au  dix-septième  siècle VI,  331 

Français  restés  à  Québec  eu  1629,  Les.  .  V,329  ;  IX, 60 

Frani;e  antarctique,  La VI, 96,156,250 

"      en  algonquin.  Le  mot V,  320 

''      et  Angleterre  en  1774,  La IV,  95 


—  378  — 

Francs-Maçons  à  Québec,  L'hôtel  des ^  62,  91 

"  "       canadiens.  Les  premiers.. IV, 128.  i  88,214 

Franklin,  Benjamin Il,  112,  189 

"       Sir  John IV,  159,  215,  278  ;  Y  L  9^ 

Franquelin,  Jean-Baptiste-Louis I.  33,  56 

Fraser,  L'hon.  John V  1,245 

Frazi IV.  19 

Fréchette,  Charles I  V,  288  ;  VT,  158 

Fredière,  Le  sieur  de  la X,  224 

Freer,  Edward-S VIII,  [h 

Frémont,  Jules-Joseph-Taschereau A^III,  344 

John-Charles....II,144,189;I  V,277;VI  II,36(> 

Frères  jumeaux.  Deux III,  128,  154,  174 

"      siamois  au  Canada 11,  64  ;  IIL  24 

Frontenac,  Cœur  de  M.  de III.  96  ;  IV,  245 

et  le  fils  de  Ducbesneau    IV,  192  ;  Vil.  158 

Madame  de I,  159  ;  VIII,  9  7,129 

Mort  du  fils  de  M.  de  II.  48,  140 

Oraison  ftmèbre:  1.47,  65,  67,82,99,159.  172 

"         parrain I V,  34 

Statue  de  M.  de I,  65,  119- 

Testament  de  M.  de VU,  68- 

et  sa  victoire  de  1690,  M.  de IL  31 

M.  de  Villeray  et  M.  de VIII,  352,  367 

Fuite  en  Egypte  de  Murillo,  La IV,  303 

Fundy,  Baie  de    VIII,  288,  317 

Gage,  Le  général IV,  276,  364 

Gaillard,  Guillaume I,  178  ;  IV,  133,  194,  205 

Galiffet,M.  de  11,69  ;  IV,  40  ;  V,  255,  347  ;  VIII,  374 
Galissonnièreet  niadameTaschereau,M.  delà  V1II,328- 
Galissonnière  et  la  llore  canadienne,  H,  192  ;  III,  139 
Galissonnière,  Le  titre  de  M.  de  la.  .  .III,  160  ;  IV,  85 

Galissoiniière,  M.  de  la I,  32,  46  ;  Vill,  122 

Gand,Françoip  de  Ré.delV,  98,  287  ;  VII,  23  ;  IX,  2a 
Gannes,  Louis , IV,  223- 


—  370  — 

Gardes-marine?,  Les..VI,  3Ô2,  373  ;  VII,  191  ;  IX,  127 
Garnean,  D'où  venaient  les  ancêtres  de  IX,224;  X,2d6 

Gurneau,  Une  erreur  de VII,  373 

"         Voyage  en  Angleterre  de.  .  IV,  159,  190,  279 

Garthby,  Saint-Cîharles  Borroraée  de V,  363 

Gaspé,  M.  Philippe  Anbert  de 

I,  16,  46,  75  ;  VII,  192  ;  VIII,  64  ;  IX,  96,  249 

Gaspé,Philippe-Igiiace  Aubert  de VI,  79,  277 

"     Lieutenants-gouverneurs  de V,  146 

Gaudarville,  Seigneurie  de IX,  192,  246 

Gaudiakteha,  Catherine VII,  373 

Ganlin,  Mgr  Rémi V,  37 

Gaultier,  Jean-Frs  1,182  ;  II,  192  ;  III,  139  ;  IV,  340 

Gaumine,  Mariages  à  la II,  192  ;  III,  30,  46 

Gavazzi  à  Montréal,  L'apostat Vil,  96,  125 

Gazelle,  L'abbé  V,187,  224,344  r  VI,  255  ;  VIII,  185 

Gazette  de  Québec,  La VI,  160,  213 

Gazette  de  Saint- Philippe ^H»  160 

Généalogies  de    familles  canadiennes,  Les 

VI,  305  ;  IX,  276  ;  X,  159 

Gentilhoranies  huissiersdu  Conseil  Législatif.  .  X,  116 

Geôliers  do  la  prison  de  Québec I,  62,  121 

Georges  III  à  Montréal,  Buste  de 

....^ III,  192  ;  VIT,  352  ;  VIII,21 

Georges  III,  Mémoire  prodigieuse  de VI,  7 

Gérin-Lajoie  et  l'Enfant  Terrible VI,  64  ;  VII,  125 

•'         "•      et  son    Canadien  errant  .  .IV,2â5  ;  V,148 

Gerrymauder,  Le  mot V,  64,  94 

Gifîard,  Contrat  de  mariage  de  Robert IX.  267 

"       Etait-il  noble?  Robert VIII,  288,  314 

"       Marie  Françoise VII,  86  ;  VIII,  46,  47 

"       sieur  de  Beauport  1V,242  ;  V,54,  340;  IX,128 

Gilbert,  Clotilde    II,  186 

Girod,  Amury VIII,  139 

Girouard,  Antoine V,  39,  205 

en  Canada,  Famille V,  205 


-    3'gG  — 

Girouard  en  Frai)ce,  Famille VII f,  2817 

''         L'hon.  juge  Désiré VIIT,  296 

"         et  le  colonel  Simpson, leaii-Jospph  V  1,32,59 

Girouardville  ou  Saint-Iîvacinthe VIII.  192 

Glandelet,  L'abbé  Charles  de I,  66  ;  II,  186 

Glapion,  Huu:h  Finlav  et  le  Père  de V[,  206 

Godefroy,  Jean  Paul ." X,  224,  24t? 

de  Linctot .• II.  117 

"         de  Saint-Paul,  Amadt)r 111,6 

Gomin,  Chemin II.  87 

Gore,  Sir  Francis ÏV.   191,  218 

Gorgendière,  Louis  Fleury  de  la II,  1-+0 

Gorribon,  Le  sieur I,  lô3^ 

Gosselîn,  Le  commandant  Clément.. [V',6  ;  VI,lo5,21<i 

(lOj'er,  Le  réeoilet  Olivier f,  47,  65,  67,  82.  159 

Goudron  au  Canada,  Faltrii.-ation  du X,  224 

Gouvern>^.urs,  Appointements  de  nos.  .  (  v',,>19  ;  Vr.350 

del'Acadie VU,  128,  218 

"  et  Itgouverneurs  de  lu  Xouvelle-Ecosse  .  . 

^ VII,  128,  287 

Gouverneurs  de  Québec VII,  62,  111,  229" 

"■  de  Trois-Rivièri's 

II,  64,  66,  1V8  ;  IV,  275,  364 

Gouverneurs  du  Canada  et  la  marine.  Les  II  1,98  ;  IV, 24 
""  français  au  ('auada.  Familles  des...I,  175- 

"  nidrts  au  Canada,  Les 

IV,  127,  210  249  ;  V,  52,  82 

Grammaire  des  paresseux,  Une VIII,  128 

Grands-voyersde  la  Nouvelle-France  11,79,124,139,187 
'•       du  district  de  Trois- Ri vières...X,  128,228 

Grant,  Alexander IV,  218 

"      David-Alexander IV,  186,  212  ;  V,  145 

"      et  Wolte,  L'historien IX,  32 

Grasse,  L'amiral  de Vil I,  376  ;  IX,  19 

Graveurs  au  Canada,  Les II,  63,  108 


—  381  — 

Gray,  Edwar.l-Williara VIII,  16 

"     et  Wolfe,  L'élégie  de VU,  288';  Viu/ol 

Great-Easterii.  Le   I,  160,  174  ;  [X,  378  ;  X,  92 

Green-Bay,  Origine  du  nom,  ....  IH,  15,  31  ;  VIF,  81 
Greffiers  (les  Pla'do^ers  G  )nirnunsà  (Québec  .  . .  .X,211 

Guériii,  .Tean  ...  ! IX,  32,  86 

Gugy.  Barthélemi V,  320  ;  VI,  89 

"     Barth(^l(>me\vOoiir;id-Augastas..VI,  92  ;  X,  338 

"     Conrad ^ V,  320  ;  VI,  89 

"     L'bon.  Louis    .  . V,  320  ;  VI,  89 

Guignolée.  Ln V,  95  ;  VI,  28 

Giiillanrae  IV  an  Canada,  A^oyage  de.  .  ...    ,  .VI,  147 

"         "  et  le  barbier  yankee V,107 

Gnill  min,  Charles    1,179,  182 

Guillotinés  américains.  Les .  .  1 1,  130,  168  ;  v'  238 

Guimont,  Louis , IX,  192   274 

Guyon.  Jean ]    xg 

Habitant,  Origine  du  mot IV,  352,  376  ;  V,  105 

Habitants,  Compagnie  des. VII,  256,  279 

Haldimand,  Sir  Frédéric II,  71  ;  IV,  275',  365 

Haie,  Le  colonel '  ,IX  224 

Halifax  Gazette,  La VI,  160,  213 

Haniilton,  Henry IV   283 

Hardi nge, Sir  Henry IIL  176  ;  VII ['  370 

Haut-Canada,  Lt-gouveraeurs  du.  .  .IV,  191,  218,  281 

Haut-Canada,  Origine  du  nom VJ    339 

Hazen,  Le  brigadier-général  Moses VII,  128,  159 

Hazeur,  François I^  I77  173 

Hazt^ur,  Thierry IV,  lio',  112 

Head,  Le  fils  de  sir  Edmund-Walker..III,192  ;  I  V,58,90 

"     Les  deux  gouverneurs IV  143 

"     Sir  Francis-Bond .  .IV,  33,  219 

"     Sir  Eduiund-Walker I,  63 

Hébert,  Louis V,  295,  32/  ;  VJ^  '64,' 88 

Henry's  Bank  of  Laprairie,  La IV,  96 

Hermine  ou  Belette  roselet,  L' II,  80  :  VI,  209 


—  382  — 

Hermite  de  l'île  Saint-Barnabe,  L' X.  82 

"       de  Trois- Pii^toles Y,  223.  260 

Heriot,  Geors^e VII,  90 

Herriott,  Fre^deric-George.  .1.  H8  ;  V,  227  ;  VII  ,  171 

Hertel  do  Rouville  à  Bostoi-,  M iX,  192 

Iliché,  Henri I,H83 

Hinnisdal  et  les  d'Armaillé,  Les  d' 1, 17ôri90 

Hinsdell,  Le  captif  anglais IV,  354 

Hirondelles,  Les  migrations  hibernales  îles.  .  .111,80,91 
Histoire  de  JS.-D.  de  Bon-Secours  à  Montréal..  VI,  242 

Histoire  du  Canada  avant  1672 V,  192  ;VI,  92 

Histoires  de  familles V,  288  ;  IX,  276  ;  X,  159 

Hoc-helaga,  Signification  du  mot IV,  224,  286 

Hocquart,  Gilles VII,  7 

Holland,  Major  Samuel 1 ,  26  ;  V,  96 

Hollandais  de  la  Nouvelle-Belgique IX,  96  ,  X,  93 

Holmes,  Le  capitaine IV,  277,  365 

Hommage,  Foy  et III,  27  ;  IV,  242 

Honorable  homme.  L'expression VI  ,  192,  223 

Hope,  Henry IV,  283 

Horse  boats,'  Les VI,  160,  191 

Houdin,  Le  récollet I V,  3 1 

Houel,  Louis III,  125;  IV,  224 

Howick,  La  paroisse  de IV,  159,  190 

Huananiche  ou  Ouananiche IV.  63.  338 

Hubert,  Complainte  du  curé.  ..,.  VII,  256  ;  VIII,  28 

Hue,  Les  expressions  dia  et I,  128.  136 

Huissiers  et  praticiens.  Les V.  38 

Huitres  au  Canada,  Les .II,  80,  110,  140 

Humphrey,  Le  bourreau VI,  256,  281 

Hunter.  Le  lieutenant-général  Peter.  . .  .  IV,  218,  281 
Hurons,  Les..VI,  32,  64^,  96  ;  VIII,32,90  ;  IX,288;X,25 

irjygiène  sous  le  régime  français   V,  192,  281 

Iberville,  Pierre  LeMoyne  d' 

II,  48,  62  ;  Vl:I,  298,  301  ;  IX,  224  ;  X,  212 

Icebergs   IV,  19 


—  383  — 

]  le  aux  Grues IV.  1G5 

"     ''    Liîvres VIII,  96 

"    '^    Ois Vil,  47 

'"    "    Oeufs IV,  221 

"    ''    Ruaux I,  144, 157,  172,  189  ;  II,  ,S8 

"    de  Brion IV,  378  ;  V,  150 

"     de  la  Madeleine V,  161 

"    de  la  Visitation,  Croix  de  1' IV,  351,  369 

"     «l'OrK^aiis Ht.  90,  159  : 

ly,  377  ;  V.  72,  100  :  VIII,  288,  318  ;  IX,  64  ;  X,  22 

Ile  du  Prince-Edouard VI,  378  ;  VIII,  286 

'•     ésns,  La  colonisation  à  1' IV,  128 

'•   Lani(»tte,  Oriçrine  du  nom  de VI,  196 

'"•   Mndame  .  .  .\ I,  144,  157,  172,  189 

'   Oracointon III,  32  ;  IV,  179 

''  Sitint-Barnabé,  L'iieriuite  de  1' X,  32 

"  Saint-Hélène  comme  lieu  de  détention I,  128 

'•       près  de  Montréal V,  352 

Iles  Les VI,  224 

'•  Saint-Pierre  et  Miquelon.. II  1,176  ;  IV,28;VIII,151 

Imbert,  Jacques I,  183 

Imprimerie  dans  le  Nouvelle-France.  L' .  .X,  160,  190 

Indemnité  de  nos  députés,  L' IX,  160  ;  X,  118 

Indépendance,  Les  Canadiens  et  la  guerre  de  l'  VI,209 

Index,  Ouvrages  canadiens  à  1' III,  64,   79 

Inglis,  Charles VII,  3i9 

Inhumations  hâtives,  Les    .' . .  .  V,  364  ;  VI,  41 

Institution  Royale,  La  décadence  de  1' IV,  66 

Intendants  de  la  N'ouvelle-b'rance.  .  VII,256  ;  VIII,  55 

'•  Intitulations,  "  La  querelle  des VIII,  352  367 

Invasion  de  1775-76,  L' VI,  132 

Irlandais,  bas  de  soie IV,  378  ;  V,  85 

"         et  Canadiens,  Animosités  entre.  ...  V,  319 

Iroquois  brûlé  vif  à  Québec,  Un IX,  288  ;  X,  25 

Iroquois IV,  95,  123,  183  ;  VI,96,116  ;  VII,  g52 

Jacau  de  Fiedmond V,  173 


—  884  — 

Jacques-Cartier, Le  fort VI.  32 

"  J'ai  du  bon  tabac  dans  ma  tabatière  "...  ITT,  16,  47 

James,  Origine  du  nom  Baie VIF,  27.2 

Jarretière,  Canadien  décoré  de  la TV,  3l',  92 

Jarrets  noirs,  Les.  ...  .' TV,  320,  3r)0 

"Je  m'en  moqne  comme  de  l'an  quamnte  "111.128,153 

"  .le  me  souviens,  "  Origine  de  la  devise IT,  20 

Jemmerais,  Madame  de  la VTI,  25 

Jérémie,  î7icolas .IX,  96,  188,  246 

Jésuites  canadiens  et  Jét^nites  français V,  266 

"       Journal  des IL  32,  47     V,  21,  52 

"       Relations  des II,  48,  155  ;  1  V,  226 

"       Leur  mascarade  à  Mâcoii IV,  159 

Jésus,  Quête  de  l'Enfant V,  25 

"  Je  te  payerai  trois  liches  moins  deux  lires  " .  .111,89 

Jette,  Armes  de  l'hon.  sir  Louis- A. .  . ,  .  , V,  77 

Jogues,  Le  jésuite VIII,  148  ;  X,  60 

Johnson,  Le  mont VII,  160.  1 81 

Johnstone,  Le  chevalier IV,  128  ;  VII,  56 

Joliet,  L'hon.  Barthélemi VTII,  13,  20 

Jolliet,  Mort  de F,  38  ;  VIII,  277  ,  X,  96 

"       Descendants  de.  .VIT,  373  ;  VllI,  277  ;  IX,351 

"       Frères  de  Louis.  . VIII,  313 

"       Orthographe  du  mot VIII,  39 

"       et  le  lac  des  Illinois ...  II,  112,  189 

"       et  sa  carte  de  1673-74 1,  20  ,  II,  112,  189 

Jonathan^  Le  sobriquet  Frère VIII,  288,  316 

Jonquière,  Couplets  sur  M.  de  la   II,  57 

Jonquière,  La  mort  de  M.  de  la  III,  112,127  ;  TV,  211 

"  Le  testament  de  M.  de  la V,  268 

•  "  au  Canada,  Les  de  la IV,  275 

Journal  canadien-français,  Premier  II  1.15 3  ;VI,  16 0,21 3 

"         des  familles . .' VIII,  154 

"  du  curé  Récher  1,126;  TX,97,129,161,289,321,g53 

"         du  dimanche VIII,  124 

"         français  aux  Etats-Unis,  Premier  .  .VIII,  281 


—  385  — 

Journaux  du  Canada III   176  ;  IV,  28 

"         publiés  à  Lévis III,  176  ;  VI,  286 

"  "      à  Lonçueuil \',  22 

"      à  Trois-Rivîères.III,176;VII.  256,280 

Jours,  Difîérence  de  la  longueur  des.  . .    I,  112 

Jubilaires,  Quatre    IV,  71 

Juchereau  de  Maur,  Noël V''I,  81 

de  St-Denys,  Louis  1V,352;  VII,64;  VIII,154 
Juchereau  de  Saint-Ignace, Jeanne-Françoise.  .X,  276 

Juchereau  des  Châtelets,  Noël VII, 64;  VIII,  8'- 

Judicature  en  1 732,  La V,203 

Juge  en  prison,  Un VIII,  113 

Juges  canadiens-français  de  177'>  à  1812 VII,  80 

Juges  de  Trois-Rivières VI,  128.  i44 

Jumonville  et  les  Villiers,  Les VTI,  25d 

"  et  ses  compagnons X,  160,  250 

Juneau-City,  Origine  du  nom IX,  265 

Juridiction  royale  dans  l'Ouest V,  160 

Jurons  populaires,  Nos V,  359 

Justice  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  La VI,  36 

Justice  et  nos  seigneurs,  La  haute VIII,  224,  286 

Kalm  au  Canada II,  143  ;  V,  68  ;  VI.  80 

Kamouraska,  Protonotaires  du  district  de X,  8 

"■  Saint-Lonis  de III,  81 

"  Shérifs  du  district  de X,  175 

Kannucks,  Origine  du  sobriquet IV,  377 

Kempt,  Sir  James Ili,  116 

Kent  et  le  curé  Renault,  Duc  de I  a,  128  ;  IV,  246 

'•     et  la  comtesse  de  Saint- Laurent,  Duc  de.  .X,  187 
"     et  les  francs-maçons  canadien8,Duc  de.  .   IV,  214 

"     parrain.  Duc  de. IX,  320,  347 

Kerbodot,  Bochart  et II,  68, 178  ,  V,  80 

Kerr,  La  suspension  du  juge II,  176  ;  III,  42 

Kierskow^ki,  L'hon.  Alexandre-Edouard X,  86 

Kilder,  Le  récollet VI,  352 

Kimber,  La  famille V,  160,  252 


Iviike,  Les  frères.  .111,  06.  141  ;  V,  326,  830  ;  VIII,3& 

Kiiox,  riîeléireiKli'  de I,  128  ;  II,  136 

Ivoiidiaroiik,  La  lille  de VIL  1^24 

Kreigholf,  l.e  peintre ),  32,  45,  57 

LaBarre,  Autoine  Letebvre  de II,  82,  84 

La  Boujoiiiiier,  Flour IV,  325  ;  V.  79^ 

Lahradof,  Etabll^'seIlle^)ts  français  au  .  .  I,    159  ;  III,  6 

Labrie,  Le  duct.nir IV.  95."  122  ;  V,  288  ;  VIII.  50 

LaBrosse.  Le  l'ère  jésuite.  .    V.  11,   77,  159  ;  VII,  285 
Lal'hassaigne. —  Voir  Cliassaiu'ne 

L'Aehigan,Saiiit-.Iae(|Ues  le  Majeur  de 11.17 

LaChine,  Le  canal  de I,  160  ;  IL  123  ;  \'E,  260 

"         Le  massacre  de    A'^I,  47 

La  Colorabière. — Voir  Coluniliière 

LaCorne,  l'abbé  de I,  182 

''         Le  capitaine IL  115 

Lac  Saint-Louis,  Postes  du I,  145,  165 

"    Saint-I'ierre,  Origine  du  nom IL  72 

"    Simcœ X,  85 

La  Durantaye. — Voir  Da,rantaye 

La  Fayette  et  le  Canada    II,  162 

Laffilard,  Le  conseiller I,  32,  45 

Latlèche  et  le  curé  Boucher,  Mgr IX, 174 

Latontaine,  Jacques  Belcour  de     I,  180 

LaFontaine,  Sir  L.-H III,  190  ;  IV,  139 

La  Galissonière.  —  Voir  Galissonière 

Lagier,  La  mort  du  Père III,  112,  143 

La) onquière. — Voir  Jonquière 

Lajoue,  François I,  39,  58 

Lajus,  Le  docteur I,  10  ;  IV,  340 

Lalemanî,  Xe  Père  Gabriel VIII,  19,  39 

LaMartinière,  Beimen  de   . .  .1,  52,  170,  178  ;  IV,  13:^ 

Lambert,  Eustache IV,  109 

La  Mollerie,  L'enseigne  de VII,  160, 185,  209 

LaMothe-Cadillac,  M.  de.  .  I,  160  ;  IV,  209;  VIII,  39 
Lanaudière,  Charles  de. VI,  7  ;  X,  32 


—  387   — 

LanaïKÎière,  Famille  de VII,  378 

"  Marguerite  de I,  175  ;  II,  18 

Laîidneves,  Le  commissaire II.  15,  4ô,  50,  89 

Lanirevin,  La  Trappe  de VI,  203;  VU,  3;)2 

Langlois,  Germain y j'  ^49 

"  Le  Père  trappiste IV,  378;"  VL  156 

Langue  française  au  Canada.  .  . 

.  . .  .iri,  16  ;  IV,191,  812  ;  VII,  256  ;  VIlï,  5«  Vx,  122 

Lanouillier  de  Boisclerc.— Voir  Boiscleic 

LaPérouse  à  Québec,  Le  navigateur ♦^*)»i II,  79,  94 

LaPlace,  Le  commandant f jy    160 

Laporte,  L'abbé  Stanislas .  Vil'  145 

La  Potherie— Voir  Le  Neuf,  Le  R03',  Potherie 

LaPugaudière,  L'aventure  de  M.  de III,  15,  61 

LaSalle,  Le  fils  de  M.  de VI   16^ 

Lieu  de  naissance  de  M.   de  HI    70 

Mort  de  M.  de in,*160, 175 

Orthographe  du  nom ,. .  IV,  128,  308 

et  la  Société  de  Jésus,  M.  de IF  31,'  154 

LaTerrière.  descendants  du  decteur IV,'  63,  117 

La  Tour,  L'abbé  de '      j    gg 

Latresne  et  la  presse  des  matelots iv'  22 

Lauberivière,  Notes  sur  My-r  de *       V"! 

Laure,  Le  Père  Pierre I  37  :  \  l   159 

Lai::réats  canadiens  de  l'Académie  française.  .' lll'  160 

Laurentides,  Le  nom  de HJ   39'  151 

Laurier,  La  famille  de  Sir  Wilfrid .'.  .1   160173 

"        L'arpenteur  Charles '.  .  Il'  112 

Lauzon,  La  famille  de  M.  de '.V.  v'  196 

Laval  et  les  religieuses  de  Port- Royal,  MgVdê  ix,240 

"     Le  vénérable  François  de VIIl'll7 

"     L'oraison  funèbre  de  Mgr  de III,  128,  156 

LaValinière,  L'abbé  Huet  de.  VII,  96,  178;  X,129,161 

LaVallière,  Madame  de H,  160,  iVl  ':  III   27 

Laviolette,  fondateur  de  Trois-Rivières   '  ll,66';ix'320 
l'^^^^e 1,47,58 


—  388  — 

Leaders  de  township II,  144.  183 

Leake,  Le  capitaine  Mritthew    V,  96 

LeBer  de  Samt-l'aul,  Jacques ,  32,  89 

LeBloiid  de  sSnint-Hilaire,  Le  clievalier III,  167 

LeBrun,  Un  tableau  de IV,  378  ;  V,  158,  249 

L'Ecuycr,  Eugène VII,  288  ;  IX,  122 

Lees,  John IV,  344 

Letebvre,  Le   Père IV,  207 

Lefebvre  de  LaBarre — Voir  LaBarre 

"         et  Mn^le  la  Pérade,  Le  curé.  .  VI,  160,  340 

Lefrançois^.  Le  Fr^a  Lue IV,  223  ;  VI,  152 

LMrnpriineur  patriote II,  80,  95,  126 

LeGardeur  de  tSaint-l'ierre,  Jacques ,  . .  .V,  233 

LeGautt're,  Thomas. :»V II,  143  ;  I 11,  25 

Légendes  de  nos  ancêtres,  Les V,  100 

Le  Jeune,  Premiers  élèves  du  Père IV,  31,  91 

LeLoutre,  L'abbé  Louis-Joseph  de X,  288 

LeMaistre,  Francis V,  147 

LeMercier,  Le  chevalier IX,  378 

Lemieux,  L'hon.  François-Xavier IX,  308 

LeMoine,  sieur  de  Chassé II,  96 

LeMoyne,  Orthographe  du  mot VIII,  39 

LeNeuf  de  la  l'otherie. — Voir  Potherie 

LeNeuf  du  Iléri^sun,  Michel II,  69 

Lennoxville,  Bishop  University  de X,  32 

Lepage,  L'abbé I,  144  ;  V,  32,  91,  341 

Le  Eoy  de  la  l'r)therie. —  V^oir  Potherie 

Léry,  Joseph-Gasuard  de II,  50,  51,  140 

•'     Traité  de  .\L  de L  37  ;  ai,  128,  157 

"     L'hon.  Louis-Kené  de VIII,  158 

Lessart,  Etienne  de X.  96 

Lessav,  Pointe  à Ill,  32  ;  IV^  376  ;  VF,  153 

LeïSueur,  Le  voyageur  Pierre IX,  160  ;  X,  88 

Letellier  de  Saint-Just,  Armes  de  l'hon,  Luc.  .  .V,  74 
Lettres  de  noblesse  de  Dupont  de  Xeuville.  .VIII,  14 
LeVasseur  de  Neré,  Jacques.J,  37, 38  ;  IV,  39  ;  X,  320 


—  089  — 

Le  Verrier. — Voir  Verrier 

Lévis,  Gastoii-Pierre-Marc  de VI,  20 

"     La  guerre  de  l'Itulépendance  et  M.  de.  .  .III,  16 

"     Les  journaux  publiés  à VI,  286 

"     L'île  Oracointon  et.  le  fort III,  32  ;  IV,  179 

"     et  les  drapeaux  de  aes  régiments.  . .  .  V.l 28.309 

"     Montcalm  et VIII.  79 

'•     Xotre-Dame  de  la  Victoire  de V,  7 

Lévv,  François-Christophe  de VI,  288  ;  VII,  154 

^'     duc  de  Ventadour V,  292,  294  ;  VIII,  189 

L'IIerraitte,  L'ingénieur T,  37 

Lino,  Martin  de I,  171,  179 

"     Pierre  de II,  140 

L'Islet,  Notre-Dame  de  Bonsecours  de 

VI,  3r.5,  358,  362  ;  VII,  11,  14,  35,  39,228,  274 

Lieutenants-généraux  de  la  IVévôtédeQuébec..VI,328 

Lit.Hitenants-gouverneurs  de  Gaspé V,  146 

de  la  Nelle-Ecosse  VII,128,287 

"  "  de  Québec 

IV,  223,  283  367  ;  V,  73  ;  VII,  62, 111,  229 

Lieutenants-gouverneurs  du  Haut-CanadaIV,218,  281 

Littérateurs  en  1843,  Nos .II,  128,  174 

Liturgie,  Questions  de V.  363 

Livre  brûlé  par  le  bourreau  à  Québfc I.  32,  45 

Ldds  et  ventes V,  136 

Loi  du  timbre  au  Canada II,  144 

Londres,  Incendie  de IV,  92 

Loiigueuil,  Baronnie  de IV,  127,  185.  212 

Château  de VI,  76 

"         Curés  et  desservants  de    VII,  327 

'•  Dernier  rejeton  des V,  145 

Jos.-Di)in.-Emmanuel  deV^Ii,  224,  255,  292 

■'  Journaux  publiés  à V.  22 

Longueuil,  Le  n  om 

.  .  .  ÎII,  176  ;  IV,  114  ;  V,  209  ;  VI,  157,  349  ;  X,  274 


—  390  — 

Longueui],  Panl-Joseph  LeMovno,  clievalior  de.Jf,  71 

"  Le  premier  baron  de II.  70  ;  IV.  47 

Lotivilliers  de  roiiicy,  rhilipi>e  de  . .  .I\',  377  ;  V.212 

Lorette.  Huronsde  la  .'enne- VIT.137 

Lomé,  Un  Campbell  indien  et  le  marquis  de.  .  .IV.  46 

Lotbiiiière.  Enstaehe-Chartier  de I,  178  ;  TX.  238 

Le  récollet  F.-L TL  31  ;  IV.  9  ;V1,  210 

"         Uhon.  M.-E-G.  Alain  Chartierde.  .TX,2fi3 
"  Loiiis-Tbéandi'e  Charrier  de  ....  1,152.  Iô4 

"         et  les  octrois  en  terre,  M.  de IX,  64 

"         René-Louis  Chartier  de I,  170,  171 

Loubias,  Arnoult  de II,  69 

Louis,  délégué  à  Boston,  M X,  128 

Louis,  Le  Frère IV,  96, 125  ;  VII,  206,  267 

Louis  autrefois,  La  valeur  du IX,  18 

Louis  XV  au  Canada,  Un  fils  naturel  de.  . .  .IX,32.59 

Louis  XVII  est-il  venu  au  Canada  ? III,  G6,  131 

Louis  d'or  et  napoléons  de  France II,  64,  78,  170 

Louisbouig,  Fondation  de II,  79,  187 

"       "   Médailles  du  siège  de.  .    ..  VIII,  32.  127 

Louisiane,  La  meilleur*  histoire  de  la IX,  192 

•'  Origine  du  nom VI,  196 

Louis-Philippe  et  le  Canada IV,  96,  126 

Loup-garou,  Le V,  304 

Louvigny,  Louis  de  la  Porte  de Il,  70 

Luc. — Voir  Lefrançois 

Lutin,  Le V,  78 

Lyonnais,  Les  enfants  du  iloctenr •.  ,111.  96 

Mabane,L'hon.  juge.. VI,245  ;  VII,42,820  351  ;IX,148 

Elizabeth": VII,  320,  351 

Macart,  Charles I,  178.186  ;  IV.  102,  106 

Macaulay,  Le  père  de  l'historien.  .  .II,  80.  172  :    II,  7 

Macdonald.  Un  duel  de  sir  John V,  31  ;  Vî,  215 

Macintosh,  William !..  II.  64 

Mackenzie,  Origine  du  nom VII,  272 

"         et  ses  Canadiens,  Sir  Alexander.  . .  .V,  287 


—  391  — 

MacXab  et  Ui'langue française,  Sir  Allan    VI,  64 

"        et  le  catholiciHnie,  Sir  Allaii.  .V,  31,  62,  119 

Madame,  Origine  du  mot H,  112,  127 

Madeleine,  Le  braillard  de  la III,  48,  76 

Mademoiselle,  Origirie  du  mot 11,112,  12  7 

Magnan,  Jean-Baptiste II,  HO 

Maillou.  Le  sieur  Noël H,  187  ;  III,  192 

Maires  de  Montréal I,  H-,  125 

'•       -    Québec 1,176;  11,13 

"       '•    Sherbrooke ' VII,  141 

"       "   Trois- Rivières VII,  6 

31aison  cavadiemie,  La VIII,  160 

Mais<)nn<'uve,  Devise  et  blason  de VIII,  288 

Maistre,  Mgr  Plessis  et  Joseph  de V,  241 

Maitland,  Sir  Peregrine IV,  219 

Maitres  de  postes  de  Montréal .^ VIII,  16 

Maizerets,  Louis  Ango  des .U,  ^6,  123  ;  EV,  287 

Maladie  de  la  Baia.  '. 1,  m,  123,  138 

Malapart,  André  de II,  67 

Malartic,  Le  comte  de V,  109 

Malavergne,L'abbé  Pierre-Joseph V,128  ;  VIL316 

Malbaie,  Origine  du  nom I,  lH,  123,  138 

'•        Saint- Pi  erre  de  la VII,  131 

Malherbe,  Le  Frère III,  176  ;  iV,  8â 

Maltais,  Le  Port H,  31  ;  VII,  150 

Manitoba,  Origine  du  mot II,  64,  92 

Maniwaki,   La  réserve  de VII,  136 

Mare  Coûtant,  Le  Frère  récollet II,  98,  119 

Marchand,L'abbéII,  112,  141, 173  ;  III,  115,  117,  132 

Marcoux,  Pierre II,    140 

Marguerite,  au  Canada,  La I,  32,  89 

Marguillier  protestant, Un , ...  .II,  48,  76 

Maria,  Les  Micmacs  de VII,  139 

Mariage  à  la  gaumine II,  192  ;  III,  30,  46 

Marie^ délégué  à  Boston,  M X,  128 

Marie  de  l'Incarnation,  La  raère..V,  865  ;  VI,  loi,  152 


—  392   — 

Marie,  Le  navire  La I,  68 ,  109 

Marié  cinq  fois    IT,  48,  62,  77.  91  ;  IV,  242 

Maringouin r.l2(i.l55  ;  IL  24;  HT,  160.  189 

Marqnett.e,  Le  PèreU,  96,  15b  :  IV.  255.  2>^6;  Vil  1.4(1 

Martel,  Jean IV,  243  ;  VT.  21 

'•      L'abbé  Josepb  Stanislan    VI  [,  ln8 

''      et  le  général  Wolfe,  Le  curé 11,192  ;  111.90 

Martin,  Abraham    I.  43  ;  VTII.  352 

Mi^rtineau.  L'abbé  David VIL  168 

MMrtjrs  ou  patriotes V,  31,  88 

^    Mascouche.  Origine  du  norn II,  49 

Massé,  Le  Père  Ennemond VIII,  40 

Masson,  Armes  du  lieutenant-gouverneur V,  75 

Masta,  L'apostat VII,  96  ;  X,  33 

Mattawa,  Origine  du  nom ^11,  16 

Maurault,  L'abbé  Thomas VII,  274 

Maure,  Seigneurie  de VI,  256  ;  VII,  52  ;  IX,83 

McDonald,  Le  capitaine  Donald II.  143  ;  HT,  58 

McDonell,  Le  lieutenant-colonel I,  98 

McLane,  L'exécution  de  David IV,  80,  144 

Méan,  Le  baron  de II,  160,  190  ;  ITI,  11 

Médecine  au  Canada,  Pionniers  de  la IV,  159,  339 

Médecins  licenciés  de  1789  à  1848 VII',  175,  201 

Meilleur,  Jean-Baptiste. VITI,  18 

Memramcools:,  Kegistres  paroissiaux  de V,  127 

Ménage,  Le  curé V,  362 

Ménagerie  des  pauvres.  .  .  .11,144;  III,  11  ;V,  279,311 

Mère  de  trente-deux  enfants III,  64.  79 

Mère  des  églises  du  continent  américain  .  .1 V,  223,  254 

Mésaventure,  Une VI,  141 

Mésaventure  d'un  ambassadeur,  La 'IT,  116 

Messe  du  revenant,  Le Ili.  112,  142  ;  IV.51,I66 

Messe  en  la  Nouvelle-Frani^e,  Première IV,  162 

Messes  propitiatoires  à  Québec I,  64,  78 

Mesures  de  nos  i>ères.  Les IV,  192 

Metcelfe,  Lord IV,  321  ;  X,  32,  255 


•—  393    — 

Métis  ou  Bois-Brulés Y,  17 

Meulles,   l/intendant,  Jacques  de VIII,  268 

Meuroiis,  Régiment  des..IV,288,318,346,368  ;  V,,56,115 

Mézy.  Mort  du  gouverneur  de IV,  211  ;  V,  52 

'•     Testament  du  gouverneur  de X,  9 

Mezzotante,  Le  cardi^ial III,  176  ;  IV,  30  ;  V,  319 

Michel,  Le  vice-amiral  .Jacques.  .IV,  192,281  ;  V,  327 
Michillimakinac,  Requête  des  voyageurs  de  .  .X.  65,  97 

Milice,  Les  commandants  de  notre V,  191,  275 

Milices  avant  1759.  III,  32  ;  V,  95  ;V[,18ô  ;VIII,  156 

Milices  en  1775 III,  52  ;  VIII,  224 

Milices  en  1812 II,  168  ;  V,  95,  184  ;  X,  337 

Milnes,  Robert-Shore   IV,  283 

Mines  d'ardoises  au  Canada 1,175 

Mines  de  fer  à  la  Baie  Saint-Paul II,  48,  77 

Mines  d'or  à  la  Beauce I,  175  ;  U^  igg 

Ministre,  Origine  du  mot V,  378 

Minto  à  Rome,  Lord VIlï,  96 

Miquelon,  Iles  Saint-Pierre  et  111,176  ;IV,28  ;  V  111,151 

Mirabeau,  Le  chevalier  de IV,  224 

Miramon,  Les  filles  du  général I,  126 

Missionnaires  apostoliques,  Les V,192  ;  IX,  190 

Mitaine  des  Puritains,  La V,  96,  152 

Moine,  Le  chenal  du II,  176  ;  VI,  159 

Monck  La  révocation  du  gouverneur.  .  V,  96  ;  VII,  319 

Moncton,  Origine  du  nom VIJI,  77 

Monnaie  autrefois.  Valeur  de  la IX,  1^ 

Monnaie  de  cartes  au  Canada,  La Il,  32 

Monnaies  eanadiennes  les  plus  rares,  Les.  .IIJ,     64,  109 

Monongahcla,  Le  héros  de  la IX,'  128 

Monroe,  La  doctrine IV   191 

Monseignat,  Charles  de I,  171,  184  ;  ÏV,  39'  133 

Montalembert,  Le  chevalier  de IX,  224  ;  X,  27 

"  et  le  Canada,  Le  comte  de V,  352 

Montcalm,  La  sépulture  de 11,  48  ;  IX,  288 

"         Le  cocher  de I,  I13 


—  394  — 

Montcalm.E'^o^e  historique  du  marquis  de  VII  1,352,37-1: 
"         Jean  Bellegurde  et  la  montre  de.  .VIII,  15 

Le  frère  de II,  176  ;  III,  27 

Le  marquis  de.  11,45  ;  V,  320  ;  VII,  79,  360 
Mort,  de  (tableau  de  Watteuu) ...  .VI II, 300 

Paroles  de II,  11  ;  V,  144 

"         Maison VII  f,  225,  257,  329 

"         à  Townshend,  Lettre  de VILI,  305 

"         et  l'Académie  fnMi(;aise i  I,  48 

"         et  la  maison  Arnoux V,378;IX,3,33,65 

Lévis VIII,  79 

"         et  AVolte,  Le  monument 

IV,  32  ;  V,  305  ;  VIT,  360  ;  IX.  7.) 

Montcalm,  Uniformes  de  l'armée  sous.  .III,32;\'^I,185 

"  Lettres  prophétiques  de III,  80,  111 

Montel,  "  armateur  du  Canada  " IV,  128 

Montenach,  La  fan)il]e  de VI,  365 

Montesson,  M.  de lit,  22 

Montgcmiery,  Les  deux III,  64,  79 

Montmagny  et  la  mort  de  Cliamplain IV,  31 

"  Un  frère  du  gouverneur  de.  .  V,32  ;  X,  32 

Montmollin,  David-Francis  de.. 11,126  ;  [t[,2  ;  VI  1,288 

Montmorency,  La  chute I,  176  ;  II,  1  ;  IV,  224 

Montréal  à  Québec,  De V,  239 

"         Buste  de  Georges  III  à 

III,  192  ;  VII,  352  ;  VIII,  21 

Montréal,  Capitulation  de V,  310 

"         Château  de III,  57 

''         Corouers  de VIII,  244 

"        Maires  de I,  112,  125 

Nom  de V,  32  ;  IX,255 

".        Place  d'armes  à V,  351 

"         Premiers  steamers  à VIII,  160  ;  X,  57 

"         Recorders  de .  .X,  117 

"         Revue  littéraire  à I,  16 

Shérifs  de VlII,  200 


—  395  — 

Monf réalistes  ou  Montréalais Il,  192  ;  TIT,  74 

Montrcuil,  Le  chevalier  de X,  16^^ 

Moquiii,  L'avocat  Louis I,  160,  172  ;  II,  54 

Morcellement  des  propriétés V,  72 

Moreau  dit  la  Taupine,  Pierre X,  21>5 

Morel,  L'abbé  Thomas III.  128  ;  VIL  212 

Morin,  La  sœur  Marie VI,  378  :  Vli,  8(i 

Morin,  Le  curé  Joseph  Marie III,  129,  13s 

Morin,  Le  juge  A.-N , V,  20,  267 

Morissèaux,curé  de  Chariesbours:,  L'abbé.  ...  II,  13;". 

Mornay,  Mgr  de IV,  247,  258^  IX,  352,  375  ;  X,  20 

Mots  d'origine  sauvage III,  48,  139  ;  VI,  294 

Mouchy,  M.  de I,  153,  184 

Mounier,  L'hon.  François..TI,32,62  ;  IV,  343  ;  VII,  284 

Mountain,George-Jehosaphat III,  176,190  ;  IV, 317 

Mountain,  lord  évêque  de  Québec .  IV,  287,  31  r, 

Monnt-Murray,La  concession  de 1,123 

Moustique.  .  .' I,  126,  15^ 

Moyen,  sieur  des  Granges,  Jean-Baptiste VII,  47 

Murillo  au  Canada,  Ui^tableau  de IV,  303 

Murray  au  siège  de  Minorque III,  112  ;  IV,  113 

Murray  et  le  curé  Martel II  192  ;  III,  90 

"       Le  général  James. IV,  365  ;  VI.  312 

Murray,  Sir  George IV,  219 

Murray  Bay I,  123 

Musique,  Chant  et If,  80,  156 

Myrand,  La  famille X,  75,  107 

Nadeau,  Le  capitaine .,...»    III,  64  ;  V  I,  279 

Napoléon  1er  et  le  Canada.. riL144,158,162;IV,41, 317 

"     et  l'île  Sainte-Hélène .1,128 

Napoléons  de  France II,  64,  78,  170 

Natureau,  Le  mot IV,  351,  375 

Naufrage  de  V Africaine IV.  377  ;  V,  84 

"  ^     de  V Auguste VII,  32,  207 

"         du  Chameau 

III,  48,  74  ;  Vin.  320  ;  IX,  193,  225  ;  X,  228 


—  396  — 

îTaufrage  de  V Orignal A^III,  288,  306 

"         en  faco  de  Laprairie IV,  64 

ISTavarre,  M.  de 11,45 

Kavières,  L'abbé  Joseph V,  288,  366 

Navigation  à  vapenr  sur  l'Océan I,  1^ 

^NTavire  en  ivoire,  Un II,  16  :  III,  4i> 

"      espagnol  à  Québec III,  32  ;  IV,  178 

Xavires  suspendus  dans  les  églises. .II, 16,46. 59  ;  111,40 

Navires,  Construction  des 11,133  ;  IX,224  ;  X,179 

Xèsjres  à  Québec  sous  le  régime  fiançais  ILI,192;IV,149 

XeUson,  L'hon.  John    .  .  '^ ' YIII,  246 

Nelson,  Le  docteur  Wolfred IV,  160  ;  VI,  189 

"       Origine  du  nom  Rivière    VIII,  359 

Neuville. — Voir  Dupont 

Niagara.  La  chute IV,  128  ;  VI,125 

Nicolaï,  Le  comte  et  le  vicomte  do II,  79, 109 

Nicolet,  Le  nom,  de VI,  378  ;  VII.  21 

Nobles  à  la  cession  du  paj's.  Exode  des VI,  274 

Noblesse  oblige.  Le  proverbe V,  319  ;  VI,  20 

Noirceur,  L'année  de  la  grande III,  96  ;  IV,  88 

Normandin,  Joseph-Laurent I,  51  ;  \\  319 

•'  Nos  cœurs  à  la  France,  nos  bras  à  l'Angleterre".  .  , 

I,  175  ;  II,  13 

*•'  Nos  institutions,  notre  lanij;ue  et  nos  lois  " 

^.  .  .  .IV,  63,  181  ;  VI,  'lU 

Notre-Dame  de  Bonsecours  à  Montréal VI,  242 

"         "      de  Bonsecours. — Voir  L'Islet 

'•      de  Sainte-Fcîy..V,  377  ;  VI,  67  ;  VII,244 
Notre-Dame  de  la  Victoire  de  Lévis V,  7 

"         "      de  Keeouvrance  à  Québec,  L'égHse  V[I,64 
"       du  Canada I,  80  ;  II,  73,  1 86 

"         "      du  I>ac  Saint-Jean  (Roberval) V,  67 

''         "      du  Portage VI,  163 

Nouchet,  Joseph-Etienne I,  182 

Noue,  La  mort  du  Père  de.  .  .  .    II,  144  ;  III,  42 

Nourriturean^  Le  mot IV,  351,  375 


—  897  — 

N"ouveau-Brnnswick,Le IV"   320 

Nduv-iile  }i2;i-éable I   Qf^  'j'j 

Nouvelle-Amsterdam IX,  96  ';  x'  60 

Nouvelle- Angleterre V,  378  ;Vl',  62 

Nouvelle-Ecosse.  Gouveriieni-s  de  la.  . .  .VII,  128,  287 

"     Origine  du  iu)tn..A^,877;Vl,87;Vlf,3-t0 

Nouvelle-France,  Le  nom  de [,  128,  133  ;  IX,  20 

Noyaux,  Les '.  ,  .  \'    81 

Nuns  of  Canada l'  47 

O'Farrell,  John ju'  99 

Officier  bleu  .  .    JX   160 

"       de  marine vi,'3o2'  373 

"       de  plume    X,  244 

reformé,  Ce  que  c'est  qu'un I,  92  ;  II,  15 

Oies,  L'île  aux VII  '  47 

Oka  et  ses  missiojinaires VI    147   220 

"     Les  Iroquois  d' yH   139 

Olivier,  L'hon.  juge  Louis-Auguste    VU,  14tj 

Omar  et  le  Père  Vaillant,  Le  testament  d' VI,  4  2 

Oncle  à  la  mode  de  Bretagne I    126    142 

Onguiaalira,  La  rivière iv'  256 

Ontario,  Lieutenants-gouverneurs  d' IV, 191,  218 

Oracointon,  L'île m,  32  ;'lV,'  179 

Orange,  Où  était  située IX,  96  ;  X,  60 

Ordre  de  la  Jarretière ly'  32'  92 

"     de  Saint-Louis V    126 

"     de  Saint-Micliel y'  126 

•'     tie  Saint-Sépulcre ;  V.V256',  309 

Ordre  du  Bon-Temps I,  16  •  V  178 

Ordres  du  Eoi ly  377  'v'  'l26 

Orgue  apiwrtée  d'Europe  par  Mgr  de  Laval.  .  '.Il'l,  32 

Orignal,  Le  naufrage  de  1' VIII,  288  306 

Osier  du  Canada II   4g    77 

O'Sullivan,  L'hon.  juge  Michel '.  .l'  97 

Osunkhirhine,   L'apostat VH^  96  ';  X  33 

Ottawa,  Outaouais  ou  Outaoua IV,  127   187   213 


—  398  — 

Ouananiche  et  luiananiche IV,  63,  338 

Quelle,  Origine  du  nom  de  Riviè:  e III,  96,  1-) 

Outardes, Volée  ou  voilier  d' H,  32,  47 

Ouvrages  canadiens  à  l'Index,  Les    III,  64,  79 

Tabos,  Sainte-Adélaïde  de II,  129 

Pain    bénit.  Le IV,  127, 157  ;  Vf,  24 

Painchaud,  Le  curé T,  77  ;  VIII,  256 

Panet,  Mgr  Bernard-Claurle IV,  71 

"       L'abbé  Jacques IV,  /l 

Lettre  de  Taschereau  àl'hon.  J-A. IX,206 

"      L'hon.  Jean-Antoine.  .  I,  157  ;  VI,  333  ;  VJI,  ,>0 

"      L'hon.  Pierre VI,  24.j  ,  VII,  80 

"       L'hon.  Pierre- Louis    III,  6,  49 

Papiers,  Les  vieux V,  200 

Papineau,  Joseph III,  106  ;  V,  191,  223,  253 

Papineau  à  Montréal,  Chemin VIII.  64,  82 

Papineau,  La  chanson    C'est  la  faute  à V,  224 

Paradis,  Le  (capitaine ' IV.  192,  221 

Parkin,  J.  B III.  82,  98 

Parlement  canadien,  Premier I,  111,  122 

Parricide  du  roi I,  64,  78 

Paroisse,  La  visite  de IX.  18 

Paroisses,  Les  histoires  de VIII.  267 

Pasquine,  L'ingénieur I,  36 

Passage  de  France  à  Québec,  Prix  du X,  244 

Passage,  d'Européen  Amérique.  .III,  160  ;  VIII,  319 
Pasteurs  protestants  après  la  conquête  11,96,126;  111,2 

Patins,  Coureurs  en II.  167 

Patriotes  de  1837,  Les..II,144;  111,11  ;  V,223  ;  VIII,32 

"        ou  martyrs V.  31 ,  88 

'•'         pendus  dans  le  Haut-Ccinadaen  1838  VIII, 32 

Patron  des  Canadiens II,  32,  169 

Patronaere  dans  l'armée,  Le II,  114 

"    ^    Le  droit  de VI,  64 

Paul,  José X,  273 

Pécaudy  de  Contrecœur II,  117  ;  IV,  193  ;  X,  320 


—  399  — 

Peinture  sous  le  régime  français,  La.  .I\^,223  ■,  VLlôO 

Peiras,  Jean-Baptisre  de 1,153,  170 

Pellegrin,  Le  pilote  du  roi [^  53 

Pelleiier,  La  médaille VIIF,  376 

PelKtier,  Le  frèr.-  récollet  Didace 1,27  :VII,373 

Pelletier,  colon  du  lac  Saint-JeanV,  019  ;  IX,  160,  216 

Petiib  -rton.  Le  pari  de  M y    239 

Pemquid  et  l'emaquid III,  80 

Percepteurs  des  douanes  à  Québec T,  I44,  157 

Pérade.  Pierre-Thomas-TjiriHn   si^nt-  rla  l-,i    Vr  i«i»  q  m 


J  ères  de  la  (confédération II,  122  ;  V   255   346 

Perrault,  J.-F.  .  .IV,  181  ;  V,  175  ;  VII,  273,'320,'3'65 
Perrault,  L'hon.  Jean-Baptiste-Olivier  VII,80; VIII,33 

Perrot,  gouverneur  de  ^lontréal X,  128 

Perthius,  Joseph I,  182,  187  ;  II,  62  ';  I V,'  344 

Petit,  Jean j    j  jg 

''     L'abbé  Louis XV  132 

Petit-Canada,  Le Y   191    221 

Petit  de  Verneuil,  Jacques ,  1  y  112 

Petite-Nation,  Seigneurie  de   la.  .  .    . [V,  128, 'l73 

Peuple  de  gentilhommes III,  16J,  188  ;  IV,  26 

Peuvret  de  Gatidarville,  Alexandre.  .  .1,  184  ;  IV  112 

Peuvret  de  Mesnu,  J.-B I,  152, 183  ;1I,  5 

"         "         •'       Denis 1,184 

Phips,  Sir  Wdliam.  .  .1,62,92;  11,31,46,60,74  ;  111,149 

Piastre,  Origine  du  signe  $ VI   160   216 

Pichon,  Thomas ;    'y  32  "92 

Fie,  La  navire  La j   53   1Q9 

Pierre  philosophale  à  Québec,  La .'.  .11   79 


—  400  — 

Piopoli?,  Saint-Zénon  de VI,  19Ô 

Pitt,  Le  jeune      VI,  288  ;  IX,  224 

Pizean,  Côte  à VI.  64 

Plaidoj'ers  Communs,  Les  ('ours  des X,  320 

Plaines  d'Abrabam.J,  43  :  II,  120  ;  III,  7.  58,  V,  325 

"  ''        rrisoniiiers  de? VI,  288,  247 

Plaines  d'Abraham  et  Agnes  Thompson V,  551 

Plamondon,  L'abbé  François-Xavier VII,  173 

Louis ' VIIL  242 

Platon  et  son  his-toire,  Le VIII,  15 

Plessis  à  Home,  Mgr X,  111 

"     et  de  Maistre,  Mgr V,  24 1 

"     et  le  serment  du  test, Mgr II,  141 

"     et  le  tableau  de  Saint-Michel.  M2:r.  .  V,  32,  276 

"     et  Mezzofante,  Mgr '.  III,  176  ;  IV,  30 

Plouffe,  Abord  ou  Bord'à V,  378  ;  VI,  115 

Poêles  au  Canada,  Les  premiers II,  ôo 

•'     dans  les  églises, Les IV,  352  ;  V,57,  83,  117 

Poème  héroi-comique,  Un III,  114,  117,  lb2 

Poésie  franco-canadienne,  Bibliographie  de  la  VI,  232 
Poincy,  l'hiiippe  de  Lonvilliers  cîe.  .  .  IV,o77  :  V,  212 
Pointe-à-la-Garde,  Le  combat  de  la.  V,li.2.282;A"I,153 

Pointe-à-Laissay    III,  32  ;  IV,  376  ;  VII,  153 

Pointe-au-Pic,  Orthographe  du  nom J,160;II.137 

Pointe-aux-Trembles,"Saint-Frsdela.  .    III,  129 

Pointe  Boyer II,  31  :  III,  16,  74  :  X,  275 

Pointe  (  )livier V,  291 

Pôle  Xord,Les  Canadiens  au VI,  159,  215,  276 

Pommes  de  terre  au  Canada .....I,  32,  46,  57,  159 

Pommier,  L'abbé  Hughes VI,  152 

Pomone,  Le  navire  Jjœ L  63,  109  ;  III,  8 

Pompaduur  et  la  Nouvelle-France,  La    

I,  32,  46, 159  ;  II,  64,  124,  153 

Ponent,  La  marine  de IV,  320,  348 

Pont  entre  l'île  aux  Grues  et  le  Cap VIII,  288  ;  IX,  58 


—  401  — 

Pont  sur  la  rivière  Saint-CharlosJlT,  102  :  IV,  54,  87 

Pont  Viftorin,  Inangnrîitioii  du V,  127,  189 

PontJerov,  L'ingénieur  de I,  37 

Porlier,  Le  curé  P.  A VI,  132 

Port:i£re,  Notre-Dame  du VI,  163 

Port-Daiiiol,  Saint-Gecrges  de V,  323 

l'orteous,  James VIII,  18 

Port-Maltais,  Le IL  31  ;  VIL  150 

Portneut;  La  famille  de II,  140  ;  IV,  37 

"         La  seigneurie  de II,  62  ;  IV,   344 

"  Pené  Robineau  de  P>écancour,baron  de  IL,140 
"  Pierre  Robineau  de  BécaT'cour,baron  dell.140 
"       Le  curé  Philippe-René  de  V,  31,213;VIL  250 

Le  rocher  de I,  48,  62 

Port-Rovai  et  Mgr  deLaval,Les  religieuses  de  IX,240 

Postes  du  Roi,  Les II,  79,  187 

Postes  autrefois.  Les II,  48,77  ;  VIL  89 

Potasse  au  Canada,  Fabrication  de  la X,  224,  277 

Potherie,   Jacques  LeNeuf  delà 

II,  67  ;  IV,  288  ;  VI,  29  ;    TX,  160,  311 

Potherie,  Le  lieu  de  la I,  224  ;  VI,  29 

L'historien  LeRoy  de  la  IV,288;1X,1 60,286 

Potton,  Origine  du  nom IV,  287 

Poulet,  Dom  George-François V,  223,  260 

Powell,  John VII,  215 

Praticiens,  Les  anciens  huissiers  et V,  38 

Prédiction  mystérieuse,  Une IV,  165 

Prélats  domestiques  de  Sa  Sainteté,  Les.  .  .  V,192,219 

Premier  né  dans  une  colonie VIII,  192,  216 

Prescott,  lîobert IV,  l83  ;    VIII,  90 

"       Origine  du  nom VIII,  209 

Presnaux,  Mgr  Macbéo  de III,  128  ;  IV,  247 

Presse  des  matelots  à  Québec III,  48,  91  ;  IV,  22 

Presse  pédagogique  dans  Québec,  La IV,  147 

Prêtre  député  au  (:ongrès...Il,192;III,13,45,74;VI,197 
"     médecin,  Un V,  115 


—  402  —    • 

rrêtres,Ciuq  fivres V,  273 

Prêtres  et  le  droit  de  vote,  Les III,  16 

Prêtres  français  prisonnit-rs  à  Qaéljec-.  .  VI.101:IX,271 

''       nés  à  Saint-Nicolas I,  16 

"       français  réfugiés  au  Canada V,  128,  186 

"       savoyards  envoyés  au  Canada X,  225 

Prévost,  François ' Il,  70  ;  IV,  130  ;  X,  256 

"       Lettre  de  Salaberry  à  sir  Geo  ge.  ...  V  1 1.  79 

"       à  Québec,  Statue  de  sir  George IF,  100 

"       et  l'habitant  canadien,  Sir  George.  ...  Il,  165 
Prévôt  de  la  maréchaussée  à  Québec.  .  .  Vil,  320,  368 

Prévôt  ou  syndic  des  marche' iids IX,  3)2,  376 

Prévôté  de  Québec,  Lieutenants  généraux  du  la  VI. -■128 

Prie- Dieu,  L'affaire  du \  A  V.  221  ,  A^I 1 1,  18  1 

Primogéniture  au  Canada,L)i  de  [t.I92;\^.  L60;  Vt,286 

Prince'^Edouard,  L'île  du VIII,  286 

Prise  de  possession  d'une  cure 1, 126  ,11,9 

Prisons  à  Québec  avant  1759 V,  64  :  V"I,  53 

Procès  criminel  au  dix-septième  siècle.  . .  .X,  193,  229 

Procureur  fiscal,  La  charge  de III,  192 

Procureurs-généraux  de  la  Xouvelle-France.  .  .  IX,  82 

Propriétés,  Le  mor  •.ellement  des V,  72 

Prospectus 1,1 

Protestants  et  catholiques  dans  la  tnênie  église 

V,  377  ;  VI,  63  ;  VIII,  127 

Protonotaires  apostoliques  canadiens  V,127, 184, 252,285 

"  du  district  de  Beauce    X.  40 

'^  "       "         '•  Kamouraska.  .    X,  8 

"  Québec X,  117 

"         "  Saint- Hyacinthe    ....  X,  19 
'^  Trois-Rivières    .  .  . .  .X,  275 

Proulx,  L'abbé  Louis IX,  49 

Proverbes,  Deux '. AI,  276 

Puisay«,  Le  comte  de 

III,  146  ;  V,  255  ;  VI,  192,  280,  320  ;  VII,27 

puiâieux  ou  Puiseaux A'III,  41 


—  403  -> 

Québec,  Administrateurs  de  la  province  de.  .VII,  229 

Anse  des  Mère.-  k V,  256 

•       Armes  de  l'arehidiocèse  de  I,102;II.137;IX,191 

'"    des  lieutenants  tyonverneurs  de.-.  .  V,  73 

Armoiries  et  devise  de  la  province  de  11,19,20 

Ba^^tion  (lu  Cap  aux  Diamants  à.  .  .  .  VIT,  352 

r>iblotl)è(pie  de  la  Législature  de VJ,288 

Bureau  de  poste  à.  .  .^ V.  128,  153,  247 

"       Cathédrale  de    VF,  128  ;  VIT.  268 

Caveaux  de  la  basilique  de.  . IV.  98,  130 

CliTiteau  Saint-Louis  de   VII,  268 

Citadelle  de IV,  307 

Clul)  de  raquettes  à I,  48 

Collèy-e  des  -iésuites  à 

•  ■  -^ r.  .  .  IV,  32,  192  ;  V,  28  ;  VIII,  224,  247 

Québec,  Compagnie  de  protection  de    III,  192 

"       Consiils~de  France  à VI,  378  ;  VII,  59 

Coroners  du  district  de .VIII,  78,  147 

Côte  à  Moreau  à I FI,  160 

Curés  de  Notre-Dame  de VIII.  276 

de  1620  à  1632 V,  292,  324 

Evêché  de I],  63,  78 

"       Fonte  de  cloches  à VI,  192 

'*       Français  qui  y  restèrent  en  1629 

•  •  -^ ^. IV,  320  ;  V,  329  ;  IX,  60 

Québec,  Geôliers  de  la  prison  de I.  121 

"       Incendie  du  théâtre  Saint- Louis  à  V,  192,  343 

"        ]  roquois  brûlé  vif  à X,  25 

"       Lieu  des  exécutions  capitales  à  III,  80;IV,307 

"       Lieutenants-gouverneurs  de    

■  .  ." IV,  223,  283,  367  ;  VII,    62,  111,  229 

Québec,  Maires  de  la  cité  de II,  13 

"       M«'-re  des  églises  du  continent  .  .  IV,  223,  254 

Québec,  Messes  propitiatoires  à I,  64,  78 

"       Xègris  sous  le  régime  français  àIII,192;IV,149 


—  404  — 

QuébGC, Organisation  contre  les  incendies  à 

IV,  160  ;  Vf,  221 

Québec^  Origiîie  dn  mot VIT,  90,  119 

Paroisse  Notre-Dame  de I V^  127 

"        Percepteurs  des  douanes  à I,  144,  157 

•'       Porte  Saint- Jean  à I,  57 

"       Premier  cabaret  à IV,  31,  116 

Prisons  à III,  15  ;  V,  64  ;  VI,  53 

'■        Pmtonotaires  du  district  de X,  117 

'•       Retraites  ecclésiasti(|uesdu  diocèse  de 

VII,  160,  275 

Québec,      ue  Desmeules  à IV,  160 

Rue  du  Trésor  à    VIH,  32 

"       Rue  Port-Daupbin  à    II,  64,  78 

"       Rue  Sa;nt-Jean  à I,  48,  61 

"        Serment  de  fidélité  du  clergé  de IX.  266 

Shérifs  du  dist.  ict  de " VII,  274 

'•        Sièofe  de 

...  .1,  47, 144,  157  ;  II,  31,  46,  143  ;  V,  288  ;  VI,  :^77 

Québec,  Société  du  feu  de VI,  96,  221 

"        Source  d'eau  minérale  à II  ,  160 

"■       Supérieurs  du  séminaire  de.  ,  .  .  V,3:^0  ;  Vil, 85 

"       Terrasse  Dufierin  à LV,  12  7 

"         Vaisseaux  de  guerre  français  à.  .  .  Vil,6-l:,310 

''        Vauban  et  les  fortifications  de- VII,  192 

Quertier,  L'abbé III,  13 

Quesnel,  Comédies  de  Joseph IX,  224 

Question  de  géographie 1,  56 

Quête  de  l'Entant-Jésus IV,  352  ;  V,  25 

Rabat  dans  le  diocèse  de  Québec.  ...   I,  112,  124,  141 

Raby,  L'abbé  Louis IX,  17 

Racine,    Mgr  Antoine VII,  170 

"        Ville  de Il,  16,   59:111,  41 

Radisson,  Pierre IV,  32,  92,  366  ;  V,  104 

Rafièix,  Le  Père I,  37 

Rageot,  Gilles I,  183 


—  405  — 

Raimbaulr,  L'abbé  Jean V,  187 

Kalde,  Raymond  de  la V,  295,  297,  298 

l^amczay,  Claude.  .II,  70,  116  ;  IV,  132,  378  ;  V,  348 
"  .i.-B.-N.-Koch  deV,59;VII,288;IX,192;X.192 
"       La  noblesse  de  la  fami  le  de.  .IV,  378  :  V,  59 

I\aii(lin,  L'ingénieur l,  '66 

UnAe^,  Dictionnaire  du  Père VI,  207;  X,  288,  319 

*'       (  )rthoi!:rapbe  du  nom I.  64,  78 

"       Le  l'ère  Sébastien V,  228 

"       La  peinture  et  le  Père VI,  152 

lîaudot.  Les  deux  intendants.  ...  1, 176;191  ;  IX,  157 

Rave,  Cap  <le 111,40 

lié;  sieur  de  Gand,  M.  de  IV,  98,287;  VIL  23  ;  IX,  23 

Ifébellion  de  1837-38 IV,  207 

b'ecensements  du  Canada.  .VII,  96,  115,  147  ;  IX,  192 

Récbauds,  An  temps  des V,  117 

Uécher,  Kpitaphe  du  curé Vl,144 

"    Journal  du  curé  I,126;IX,97,129,161, 289,321, 353 

liécoUetsau  Canada, Les II,  96  ;  IV,  96,  157 

Recorders  de  la  cité  de  Montréal X,  117 

Réduits  pour  se  protéger  contre  les  Iroquois.  .  III,  192 

Régiment  "  Royal  Canadien  ",  Le    VU, 352, 3 i2 

Réiiime  seigneurial.  Le VII,  142 

iiiègne  militaire IV,  3d4 

]ii.'nau<l,  Jean II,  140 

Uenauld,  Le  duc  de  Kent  et  le  curé.  .  111,128  ;  IV,  246 

Rente  foncière V,  136 

Repentigny,  Jeau-Baptiste  LeGardeur  de  1,177;  V,191 

Représeîitation  du  peuple  au  Congrès II,  l\)2 

Réserves  du  clergé.  Les VII,  160,  186 

Retraites  ecclésiastiques  de  Québec.  .  .  .  VII,  160,  275 

"  Ivétribution  ",  Les  articles  signés 11,143 

Revenant,  La  messe  du.  . .  .   lll,  112,  142  ;  IV, 51,1 66 

Révolution,  Les  émigrés  de  la III,  56,  146 

Kbéaume,  commandant  des  milices IV,  224 

Richard,  L'abbé  Gabriel.  .  II,l92;III,13,45,74;VI,197 


—  406  — 

Eichmond,  Duc  de  1V,193,211;V.112;VII  I,30:X,41,-I8 

Rigaud.  Sainte-Marie  Madeleine  de VU.  oôô 

E.igauville,Hon.J.-Miirie  des  Bergèies  de  VlII,128,3-")0 

Nicolas    des  B(M-irères  de VIII,  249 

''         Raymond  des  Bergères ^'T  II.  212 

Rimouski,  Le  fondateur  du  collèofe  de VII  [.  oô2 

M    Baldwin  et  le  eon)té  de.  ...  If  F,  1  76,  l'.^O 

Ristigonche,  Bataille  de A^  192,  282  ;  Yl.  153 

''  Micmacs  de VII.  140 

Riverin.  Denis I.  171 

Eivet,  Pierre [.  184 

Rivière,  Hilaire  Bernard   delà I.  89,  58 

Rivière  Bover,  Le  nom  de  la I[.  31;[X!.  27-') 

du'Snd,  La  seigneurie  de  la V[[.  32,117 

Quelle,  Origine  du  nom I  !  I.  9H.  125 

Rolierge.  serviteur  de  Mgr  de  Laval IV.6o,181 

l< obéit,  Ed nié-Nicolas ÎX,  53 

Louis    IX,  50 

Roberval,  Notre-Dame  du  lac  Saint- Jean  de .  . .  .V,  67 

"         Le  navire  de VI.  207 

Robins.  Le  capitaine  T\nilian-G VII.  9  + 

Kobinson,  Sir  Frederick-Philippe IV.  219 

Robitaille,  Armes  de  l'hon.  Théodore V.  75 

Rocheblave,  La  famille  de IV,  357 

Rochefoucriult-Liancourt,  Le  duc  de .X,  160 

Rocher  au  Pin ITI.  80.  95,  12-1 

Rœbuck,  John-Arthur IV,  Ic'O.  310  ;  V,  371 

Hoger  Guillaume I,  184 

Roiiault,  Le  Père  René IV,  192  ;  V,  28 

Rolette,  Frédéric   I.  20,  44 

Le  canton V,  64,  146 

Rolland,  L'hon.  Juge  Jeau-Roch X,  58 

Rosaire,  Le I.  31 

Rototte,  Le  lieutenant V,  141 

Rottenburg,  Le  major-général  Francis  de .  .  .  .  IV,  219 
Rouffio,  Madame  Joseph I,  176  ;  II,  24 


-     407  — 

Tvonge,  Jean  le I,  18 

Rouïllanl,  Le  Père  Ambroise    III,  176  ;  IV,  52 

Round  Robin,  Le    IX,  192,  245 

Rousseau,  Le  f^énéral  L.-H Ill,  176  ;  IV,  114 

Routh,  «il-  Raudolph-lHbani VIII,  111,  112 

Rouville  à  Boston,  Hertel  de IX,  192 

Roval  Ciniîidien  on  Rovai  Canadian   N'olunteers 

..: "; Y[L,  352,  872 

Royal  AVilliam,  Le  navire  à  vapeur I,  12 

Ruperi,  Origine  du  nom  Rivière Vil,  272 

Ryland  à  rïîon.  G.-E.  Taschereau,  Lettre  de    VII, 835 

Sacerdoce,  La  fête  du III,  176,  190 

SngiienMj,  Bateaux  sur  la  rivière IV,  31,  180 

Samt-Albert,  T.  KO VIII,  136 

Saint-Ali)honse  de  Liguori,La  théologie  de.  . .  .VI, 192 

Saint-Alphonse  du  Saguenay VI,  85 

Saint-Ange,  La  côte IX,  128,  819 

Saint-Anicet  de  Godmanehester III,  83 

Saint- Anselme II,  145 

Saint-Antoine  de  liienville    V,  195 

''  Tilly VIII,  321 

Saint- Augustin  de  Portneuf 1X,83 

Sîiint-llarnabé,  L'iierniite  de  l'île X,  32 

Saint-Benoit  Labre  de  Amqui VII,  195 

Saint-Bonaventure  de  Hamilton VII,  227 

Saint-Castin,  Les  barons  de VLII,  192  ;  IX,  222 

Saint-Cendre  ou  Saint-Xeudre .III,  112 

Saint-Charles  Borromée  de  Garthby V,  868 

Pont  sur  la  rivière.  .III,  192  ;  IV,  54,  87 

Saint-Clet  de  Soulanges VI,  99 

Saint  Cuthbert \.. II,  177 

Saint-Denis,  Distillerie  de IX,  852 

"       Fief .IX,  160,  218 

••'         '•       Joseph-Charles  Juchereau  de.  .VIII,  154 

'•       Le  ruisseau VII,  114 

Saint-Elie  de  Caxton IV,  65 


—  408   — 

Saint-Eloi  de  Témisconata VI.  '259 

"       "     Lafêted.' IV,  352,  876 

J^aint-Epiphane  de  Vii^er TI,  81 

ISaiiit-Etienne  de  Beauniont IV.  353 

"  la  Malbaie T,  128 

"         "  ''  Lauzon V  1  TI.  118 

Saint-Fabien  de  Rimonski V,  99 

Saint-Ferdinand  d'Halifax 1  FI,  17 

Saint-Ferréol I.  144,  158  :  VIT,  5 

Saint-François,  Origine  du  nom  Rivière TX,  184 

''       de  s"!  delà  Pointe-anx-Trembles  111,129 

"  "       du  Lac,  Les  Abénaqnis  da.  .     VII,  136 

"       Régis  et  le  Canada..!  1,48.78,108',!  V,16 

"  "       -Xavier  de  (^augbnawaga V,131 

Saini-Frédéric  Le  fort II  ,160,  189  ;  IV,  26 

"  "         de  Beauce .11,113 

"  "         de  Drummoiulville V,  227 

Saint-Georges  de  Cacouna III,  177 

de  Port-Daniel V,  >  23 

Saint-Germain,  Pierre  Lamourenx,  sienr  de.  . .  .1,  148 

Saint-Henri  de  Lauzon IX,  96,  152 

Saint-Henri  de  Mascoui-he II,  49 

Saint-Hyacinthe, Le  Courrier  de X,  30 

"  ■'  Protonotaires  du  district  de.  ..  X,  19 

Saint-Ignace  du  Cap  Saint-Ignace VI,  291 

Saint-Jacques  de  Causapsi-al VII,  291 

"         le  Majeur  de  l'Achigan II,  17 

Saint-Jean-Baptiste  de  Qi3ébecVII,163,166,168, 196,201 

Saint-Jean  Port-Joli VIII,  >1 

Saint-Joseph  de  Carleton VII F,  137 

"  "       de  Lanoraie V,163 

"    ■     "      de  la  Pointe-Lévy V,  35 

Saint-Joseph,  patron  du  Canada.  ...  I,  192  ;  II,  14,  74 
ï^aint-Laurent,  Creusage  du VI,  224,  252 

•'         "         Découverte  du HI,  71 

de  l'île  d'Orléans V,  259 


—  409  — 

Saint-Laurent  outre  Québec  et  Lévis,  Le  III,  160;IV,84 

"         "         Signaux  du JIX   22 

"         Traversée  du V.  18 

"         Leduc  de  Kent  et  la  comtesse  deX,  187 

Saint-Louis,  Postes  du  lac I,  145^  i(j5 

"         ''     de  Kamouraska Tll  81 

^''^'^-J^'^^V: '...'."  Vf  I,' 71 

teamt-Mau^Joire  de  R(»ux m    1  ;  VI   323 

Saint-Maio j'y  900 

Saint-Marc,  L'ahué  de VII,  64,  85,'  249 

Saint-Marlin  de  la  Kivière-au-Renard.  ...'..  .'lll'  145 

""      Le  capitaine TX  96 

P''<^>frsseur-ès-raathématiques I,  18 

Saint-Mathias  de  Rou ville V   291    363 

Saint-Maurice,  Députés  de v'  283 

Saint-Médard  de  Warwick [    .....  li''33 

Saint-Michel,  Anse *   vil'  32 

Caverne      Vif,  160;  VIII,252 

"         "         de  Sherbrooke m   q^ 

Saint-Narcisse  de  Chaniplain    Il'  65 

Saint-Norbert  du  Cap-Chat V.'.V.  fx,  257 

Saint-Ours,  L'hon.  IJoch-François  de .  X,'  309 

Saint-Patrice  de  Beaurivage Vllf'  170 

Saint-Patrice,  Le  trou.  .  .  ." III.I44'  159 

Saint-Paul  de  Chester '_    IV   97 

"         •'    Congrès  de  la  Baie IV,  31  '  61 

"         "    Mines  de  fera  la  Baie n'  48,'  77 

Saint-Pierre,Jo8eph  LeGardeur  de .' V,'233 

Saint-l'ierre.de  la  Maibaie Vil'  131 

"      du  Lac. Yjj  259 

"    etMiquelon,  Iles  111,176 ';iv,28;VlJl',151 

"         "     ,  Lac jl^  72 

Saint-Prime  du  lac  Saint-Jean ".  ...IV  '225 

Saint-Prosper  de  Charaplain m'  ig] 

Saint-Régis V,  141  ;  VII,'l39  Vvil'l,  12 

Saint-Rémi  de  La'^alle IV   '?57 


—  410  — 

Saint-Sauveur,  L'abbé  de II,  156 

Saint-Sépulcre,  Ordre  do VI,  256,    309 

Saint-Siinon,Le  si"  ur  de X,  19:i 

''      Paul-Denis  de I,  17<n 

Sainf -Stanislas  de  la  Rivière  des  Envies V,  95 

Miiut-Ulric  de  la  Rivière  Blanche VI  3;^4 

Saint-Valier,  Captivité  de  Mijrde.  .  11,160,190  ;  ITl.ll 

"  ''       Orthographe  du  nom Y,  63  :  VI,  95 

'^         ''      Sa. nt-I'hilippe  et  Saint-Jacques  .  .  VI,  1:^1 

"         "      Un  livre  de  Mgr  de IV,  64,  248 

"         "     Vovac^e  en  Acadie  de  Mo:r  de I,  161 

Saint-Vilmé,Mile^d'Ailleboust  de...  ÏII,  144  ;  IX,  375 

Saint- Vincent,  M.  de ... IV,  28<s 

de  Paul III,  113  ,  VI,  143 

Saint-Zénon  de  Piopolis VI,  195 

Sainte-Adélaïde  de  Pabos II,  129 

Sainte  Anne  au  CanadaVl,  378  ;  VII,  216  ;  VIII,  218 

Sainte-Anne  au  Cap-Breton,  Le  fort Il,  112,  158 

Sainte-Anne  au  lac  Champlain II,  112,  142 

'^  Bourg  d   II,  112  ;  III,  9 

"         "  à  Sainte  Marie  de  Beauce,    VIII,  193 

Sainte- Aime  de  Beaupré,  Livres  qui  traitent  de..IV,224 

''  Chapelle  deVIII,  376  ;  IX,  210 

Sainte- Anne.  Récit  des  merveilles  artivées  à 

III,  128  ;  VII,  212 

Sainte-Anne  de  la  Pérade,  Curés  de...  VI,224;VIII,126 

"     de  Varennes IV,  129  ;  X,  320 

"  "     des  Plaines,  Curés  de VI,  273 

"     du  Cap-Breton -11,112,158 

"  "     Mont IX,  96,  190 

Sainte-Cécile  de  Valleyfield. VI,  5 

"     du  Lie VII,  323 

Sainte-Clotilde  de  Châteaugua}' II,  97 

Sainte-Poy  ou  Sainte-Foye  ? X,  269 

'•     Notre-Dame  de V,377;VI,67;V  11,244 

Sainte-Geneviève  de  Batiscan.  .  .  .IV,  33  ;  VIII,  19,47 


—  411   — 


Sainte-Geneviève  de  Jat-riues-Cartier lY,  321 

Sainte-Julie  de  Somer.-et VII,  99,  lO-l'  133 

Sainte- Lnce  de  Riinouski yi^  227 

Sainte-Marie  de  SHyabec VII  67 

'■  ''     Madeleine  de  Riç^aud \'U^  255 

Sainte-Mélatde  de  d' Aillehonst ni,  49 

Sainte- Pétionillo  de  IJeaulieu m,  97 

Sainte- Rose,  Beignets  de IV,  378  ;  IX,  185 

Sainte-Sophie  de  Lévrard I\'    igj 

Sainte-Trinité  de  Contrecœur IV^'  193 

Salaberrv,  Charles-Michel  d'Irumberry  de 

....  I,  176,  191  ;  ir,  13  ;  VIII,  376  ;  IX.  21  ;  X,'245 

Salaberrj  à  Chateauguay .  .  I,  97  ;  IV,  378  ;  V,  85,  117 

à^  sir  George  Prévost,  Lettre  de  M  ...VII,  79 

"       Etat  des  services  de  Thon,  de        ...  VI,  145 

S<(.)ii,  Origine  du  sobriquet  Oncle VIII,  288',  372 

Saroni,  Le  photographe 1, 159  ;  VII   20 

Sarracenia,  La '.IJI,'l28,  188 

barrasin, Michel 

^-  ■  • I,  178,180  ;  1  i  I,  i28';'lvV3.39  ;'lX*  320 

Sartigan,  L'ancien  fort VI   224 

Satan,  constructeur  d'églises IV  352  •  v'  245 

Sault  au  Matelot,  Croix'du '  . .  .  Vl'  150 

Sault  au  Récollet iv'  369 

Sault  Montmorency jj   i 

Saunders,  Sir  Charles *.'.*.  vi  46 

Sauniers  au  Canada,  Les  Faux IV,  319   372 

Sauvages  dans  la  province  de  Québec VII,'  135 

Sauvages,  L'été  des I,  176  ;  IV,  350 

Sauvagesses  dans  la  vie  religieuse VU,  224 

Savoyards  au  Canada  en  1781,  Prêtres X,'  225 

Sayabec,  Sainte-Marie  de Vl'l,  67 

Scamp,  Micliel .• '.".!..  .II   168 

Sceau  de  la  province  de  Québec 11,  19 

Schipper,  L'artiste UJ   192 

Scorbut,  Remède  pour  guérir  le.  .  JII,  82  ;  IV,  21,  50 


—  412  — 

Scott  Belle-sœur  de  Sir  Walter TII,  6 

Scott,  Thomas 11.64,  109,  146;rrT.24 

Seigneurie  de  la  Petite  Nation,  La [V,  128,  178 

Séminaire  de  Québec,  Supérieurs  du.  .  V,  320;  VET.Sô 

Senecas,  Leur  nom  autrefois X,  224 

Senechal  de  la  Nouvelle-France il,  144,  159,  175 

Senezergues,  Où  fut  inhumé  M.  de.  .  .  11,  15  ;  IX,  84 

Sentence  arbitrale,  Une ...  .IV,  352 

Serment  de  fidélité  du  clergé  de  Québec.  .  . .  .IX,  26*5 

Serment  du  test.  Le 11,  «0,  141,  15(5,  173 

*••  Serviteurs  et  servantes  de  Dieu  dans  le  ciel  ".IX,  81 

Session,  Une  ouverture  de IV,  10 

Shawinigan,  Le  nom IV,  287,  b41,  367  ;  V,  30 

Sheati:*e,    Sir  Roger-Hai  ^ ..... ,  ....  IV,  219 

Sherbrooke,  Maires  de VII,141 

"  Sir  John 

III,  112  ;  IV,  1  ;  U,  320,  351  ;  \ia,  64,  95 

Shérifs  du  district  deKamouraska X,  175 

"       "         "       de  Montréal VIII,  200 

"         "       de  Québec VII,274 

"       "         "      de  Trois-Kivières Vil,  356 

Shoolbred,  La  concession  de I,  123 

Short  et  son  fils,  Le  Révérend  M VIII,  256 

Shujfîe,  L'attaire  du  Double X,  256,  350 

Siamois  au  Canada,  Les  frères.  .....  .IL,  64  ;  111,  24 

Sivge  de  Québec    

.  .  .\r,  47,  144,  157  ;  il,  31,  4o,143  ;  V,  288  ;  VI,  277 

Simcoe,Lac X  85 

''        Le  major-général  John-Graves IV,   21« 

Siraonet,  François l,  187 

Simpson,  M.  (drirouard  et  le  colonel VII,  32,  59 

Smet,  Le  Père  de VI,  256,  2S4 

Smillie,  Le  graveur .' 11,  108 

Société  de  la  Croix  de  Tempérance. .. .II, l76;lli,12, 14 
"    '•  Patte  de  Lièvre X,  160 


—  413  — 

Société  des  Amis Vllf.  64,  121 

d'études  littéraire?;  et  scientiliques.  11,128.174 

"       du  teu,  La VI,  96.  221 

Soldats,  iS'os  ancêtres  étaieiit-ils IV.  177 

So.dats  tués  en  1759 IF,  96.  126  ;  III,  7 

Soo VI,  224 

Sorciers  de  l'île  d'Orléans,  Les.  .IV',  377;  IX,64  ;  X,22 

Sorel,  Ville  de ;.  .  I,  48,  59 

Source  d'eau  minérale  à  Québec IIF,  I  oO 

Steiger,  Le  capitaine IV,  288  ;  \  IH,  187 

Sténographie  au  Canada,  La I,  126 

Stobo  et  la  bataille  des  Plaines  d'Abraham.  ...  IX,  256 

Stuart  et  le  gouverneur  Avlraer.  James VIT,  i56 

Suëte  SenanneJ.H ÏII.  15  ;  LV,  49  ;  VIII,  373 

Suggestion,  Une IV,  172 

Suicide  sous  le  régime  français II,  80  ;  VI,  312 

fouisses  au  Canada,  Troupes I,  48,  62 

"     Canadiens,  Les IV,  256,  315  ;  VI  H,  72 

Sullivan,  l^arpenteur VI,  352 

Sutton,  Orio^ine  du  nom IV.  287 

Sydenham,^Lord.  .IV,212,  1:19,  289  ;  V,  82  ;  VIl'l,  13 

Sylvain,  Le  sieur  Thiniothé VI,378;VII,  24 

Syn<licdes  marchands,  Le IX, 352.  376 

Système  postal  sous  le  régime  français 11,48,  77 

Tabac  à  canel 11,31 

Table  à  Rolland IX,  96,  190 

Taché,  marchand  de  draps [V,  344 

Taché  et  son  l'ahlean  de  la  mer,  ,iean IX,  352 

"     ,  Sir  Etienne- Paschal II,  47,  62,  91,  122 

Tadoussac  ou  Tadousac I,  96,  138,  155,  189 

"         Règlement  concernant  la  mission  de  VI, 269 

Taifanel,  L'aV)l)é  Jean  de  Cabanac 

il,  10,  63,  128,  142  ;  IV,  275  ;  V,  270,  273 

Talon,  L'intendant  Jean.  .  .II,  9a  ;  IV,  199  ;  VII,  236 

Tanguay,  Le  Dictionnaire  de  Mgr VIII,  238 

Tanswell,  James III,  96,  126,  141,  153  ;  IV,  188 


—  414  — 

Tartufe  à  Québec , ....  I,  144  :  II,  136  :  TV,  4 > 

Taschereau,  Antoine-Charles VriT.  138 

Cardinal IV,  356  ;  V.  36 

Le?  jures II'.  15,31 

Lettre^le  Rvlar.]  à  l'hon    fî-.  E.  .  VIL  335 

"    de  la  Gali^f^oniiière  à  Mme  Vin.3-i8 

L'hon.  Gabriel-Elzéar  ....  Il,  140  ;  VIII,  3 

Thomas-Jarques L  180 

à  l'hon.  Lanet,  Lettre  de  L-T IX.  206 

Vente  des  meubles  de  madame.  .  .  .VIII,  8 

Tasse  d'argent,  charge  seigneuriale Il,  47 

Tassé,  L'hon.  sénateur  .losoph .31 

Tellier,  Origine  du  nom  Canton IX,  181 

Témiscaming,  Origine  du  nom    V^II,  16 

Réserve  de VII,  136 

Tempérance,  Société  de  la  (Voix  de.  .11.176:  111,12,44 

Temps  héroïques  du  Canada,  Les VII,  128,  189 

Termes  '•  glaciaires  "  anglais.  Les I,  80  ;  IV,  19 

Terrebonne,  Fondateur  de I,  144  ;  V,  32,  91,  341 

Terreneuve  ou  Terre-Xeuve    ....  I,  160,  190 

Testament  de  Jean  Bourdon II,  39 

de  Samuel  de  Champlain...V,287,370:X,256 

de  Claude  Omar VI,  42 

du  comt».'  de  Frontenac VII,  68 

du  Frère  Marc  Coûtant II,  119 

du  gouverneur  de  la  Jonfjuière V,  268 

de  M.  de  Mézy X,  9 

Têtu,  Cinq  frères  prêtres V.  273 

Tevsserie,  Le  sieur  de  la I,  153 

Thibaudeau,  L'hon.  Elie V,  35i  ;  VI,  62 

Thorel  à  Québec,  L'abbé..II,192;V,187;VI,101;IX.271 

Tilly,  Charles  LeGardeurde.  ..I,  152,  153,  170  ;  IL  68 

"     Le  contre-amiral  LeGardeur  de..VII[,376;IX,189 

"     Pierre-Xoèl  LeGardeur  de 1, 171 

Tire^  Le  mot  canadien IV",  64  ;  VI,  349 

Tombe  ouverte  à  la  Baie  Saint-Paul Il,  128 


—  415   — 

Tout V,  Henrv  de VIII,  41 

'-"    Le  Pè"re  dn  ehevalier  de V,  351  ;  VF,  .31 

Toronto,  Le  tort  de V,  137 

Toui-mente,  Croix  dn  dxp V,  63  ;  VI,  158 

'•  Tout  honiîi.e  a  deux  patries  " IV,  255 

Townshctid,  Lettre  de  Moiitealm  à VIII,  305 

Town.hips  vs  cantons II,  128,  174  ;  II 1,  9,  107 

Trticy  après  son  départ  du  Canada,  M.  de.  . .  .  X,  192 

"     était-il  marquis,  M.  de X,  160,  252,  342 

"     était-il   viee-roi  ?    M.  de III,  48,  77 

"      pouvoirs  du  marquis  de II.  96 

Traite  de  Veau-de-vie. 1,32,57,89,138  ;  IV\255 

Traité  de  1763  et  la  langue  française.  Le 

III,  16  ;  IV,  191,  312  ;  X,  122 

Trappe  de  Lan_irevin,  La VI,  203  ;  VII,  352 

Trap[»iste  canadien.  Le  premier.  ...  IV,  378  ;  Vf,  156 

Tntvnilhur  iliastrp,  Le VIII,  192 

Tricolore  au  Canada,  II,  176  ;  III,  29,  43,  73  ;  X,  151 

Trinité,  Les  maisons  de  la VI,  256,  345 

Trois-ristoles,L'hermite  de    V,  260 

"         ''         Origine  du  nom IV,  256 

Trois  Rivières,  Gouverneurs  de. 11,64,66  ;  IV,  275,364 

*'  ''       (irands-voyers  de X,  128,  228 

'•       Journaux  de VII,  266,  280 

"       Juges  de VI,  128,  244 

"  "       Maires  de VII,   6 

"  "       Protonotaires  de X,  275 

"  '*       Shérifs  de VII,  356 

Trompe-Souris III,  48,  75 

Tronquet,  Guillaume IV,  242 

Trou  Saint-Patrice III,  144,  159 

Troubles  de  l'église  du  Canada 

II,  112,  141,  173  ;  III,  117,  132 

Troye,  Le  chevalier  de X,  224,  284 

Trudelle,  L'abbé  Charles VII,  106 

Turgeon,  Mgr V,  82 


—  416  — 

Uniformes  des  miliciens  en  1776.  .  .  ITI.  32  iVTII,  191 

"  "  "  pons  l'nncien   réo;inie. 

ITI,  32  ;  VI,  185  :  YlTl.  156 

Union,  Les  élections  sons  V VI,  82 

Usine  à  canon  au  Canarla,  Une    IV'.  BIH 

Vacciner,  La  manière  fie VI,  208 

Vaillant  et  le  Canada,  Le  maréchal VL  288 

"       Le  Père VI,  42 

Vaisseaux  de  s^nerre  français  à  Québec.  .  VU,  64.    HlO 
Construction  des.  .11,  133  ;  IX,224  ;  X,  17 
Valinière.  — Voir  LaValinière 

Valleytield,  Sainte-Cécile  de Vf,  5 

Vallier,  Le  sieur I,  181 

Vallières  de  Saint-Réal,  Le  jui^e 

V,  127,  153,  160,  275  ;  VIÏ,  127  :  VIII,  113  ;  IX,   55 

Varennes,  M.  de I.  179  ;  II,  69  ;  IV,  ]  -.'9 

Varin,  Jean-Victor 1,  180 

A/'arlet,  Mcrr  Dominique-Marie III,  1 8 

Vassal  de  Montviel,  Le  capitaine VJ,  277 

"  Va-t'en  voir,  Jean,  s'ils  viennent.  " I,  160 

Vauban  et  les  fortifications  de  Québec VII,  192 

Vaucouleurs,  Orijrine  du  nom IX,  181 

Vaudreuil,  Chet  d'escadre  marquis  de.]A',95;VIII,352 

Comte  de II,  96  ;  IV,  95 

"         fifouvenieur  de  Montréal V,  364 

"         Premier  oc)viveineur  de.  ...  1, 147  ;  JI,  15,28 

"  Second  2:ouverneur  de 

II,  ^i8,  71,  143,  1-5  ;1V,  9b;  VI  I,  64 

Vauquelain,  Jean I,    199 

Ventadour.  —  Voir  Lévy 

Ventes  et  lods V,  136 

Verojor,  Le  billet  do  Bigot  à I,  li8,  144,  157 

Verrier,  Le  procureur-général  Guillaume I,  182 

Vej  s,  A  propos  de I,  79 

Versailles  eu  1670 IV,  150 


-     417  — 

Vej-ssière,  Le  récollet  apostat II,  126  ;  HT,  2 

Vezin,  Fierre-François-OHvier  de IX,  378 

Vialar  ou  Vialars,  Anthony IX,  H4 

yiett»ria.  Inauguration  du  pont V.  127,  189 

Vieillards  maltaisants I,  64,  92 

^'ienne  en  France,  Evêché  de I,  56 

Viger,  Amalécites  du  canton VII,  136 

"       Origine  du  nom  Ci'nton II,  81 

Villade  ou  Villain,  L'abbé  Antoine IX,  82,  123 

Villeneuve.  L'ingénieur.  ....  .1,  86  ;  IV,376:X,256,280 

A'iîlen.y,  Angustin  Eouer  de I.  177 

Louis  Eouer  de J,  152,  153,  154,  170  ; 

IL  160  ;  V,  356  ;    VI,  192  ;    VIII,  852,  367  ;   IX,  64 

Villeray  ou  Villeré,  Joseph  de IX,  128 

Vilermola,  Le  sulpicien ,  IV,  223 

Villette,  Marquis  de IX,  288 

Villiers,  Le  capitaine  de IX,  352 

"       Les  Jumonville  et  les VII,  256 

Vilieu,  Le  sieur  de IX,  64 

Vincennes,  Jean  Bissoi  de III,  34,  50  ;  VI,  109 

Vincent  de  Paul,  Lettre  de  saint VI,  143 

Visitation,  La  croix  de  l'île  de  la IV,  851,  369 

Vitré,  Charles-Denis  de I,  153,  170 

''     .Tohn-Denis  de III,  183 

"     Le  traitre  Denis  de III.  16o',  178 

Volant  de  Saint-Claude,  Les  frères.  .III,  128,  154, 174 

Volée  ou  voilier  d'outardes II,  32,  47 

Voltaire  et  le  C^auada I],  153,  169  ;'iv!  20 

Voyer,  Mgr  Dosquet  et  le  curé VII,  128,  366 

Walker.  Chanson  sur  l'expédition  de VI,  81 

AVashiijgton,  Original  de  la  capitulation  de I,  127 

Watteville,  Le  général I,  97 

''         Le  régiment  de IV,  318  ;  V,  115 

Weir,  Où  fut  inhumé  le  lieutenant X,  256 

AVeld,  Le  cardinal IV,  356  ;  V.  36 


—  418   — 


AVelliiiijton  à  Marieville,  Le  fils  de IX,  32 

Wheelwright,  Mère  Esther V,  128,  164 

William-Henrj'  ou  Sorel I,  48,' 59 

"  "     — \'oir  Guillaume 

Williams,  Eléazar 1 1  T.  66,  131  :  IX,  270 

"         Jame.s VIII,  17 

Willis,  Le  député VI,  141 

Winsor,  Justin Y,  288  ;  VI.  54 

Wolte  à  Québec,  Statue  de III,  144  ;  VIL  360 

"     à  Westminster,  Monument  de.  .VI,  320  ;  IX.  29 

"     H  Westerham.  Monument  de    V""!!,  6-l-,366 

"     La  langue  trançaise  et 1.48.60 

"     La  sépulture  de    I,  47,  59.  76,  192 

"     L'élégie  de  Gray  et Vi  1,  288  ;  V"  I  II,  51 

"     Le  monument  Moiitcalm  et 

IV,  32  ;  V,  305  ;  VII,  360  ;  IX,  75 

''     L'épée  de V,  63  ;  VI,  287 

"     Les  portraits  de V  ,63 

"     et  le  capitaine  écossais V,  208 

"     et  l'historien  (irant IX,  32 

"     Tragédie  sur : 1 ,47 

"'     Un  ouvrage  de IV,  320 

Wynyard,  Le  général  George VIEI,  64.  95 

You ville,  La  vénérable  mère  d' VII,  96,  121 

Zamore,  L'indien I,  128 


GRAVURES   PUBLIÉES  DANS  LES  DIX  PRE- 
MIERS VOLUMES  DU  "  BULLETIN  DES 
RECHERCHES  HISTORIQUES  " 
1895-1905 

Aniherst,  Sir  Jeffrey IV ,  353 

Ano;ers,  Armes  du  lieutenant-çcouveriieur  A.  R...V,  76 

Arnoux,  Signature  du  chirurgien IX,  35 

Bagot,  Sir  rharles -    IH,  177 

Beauharnois,  Armes  des ^  H,  302 

"■  Le  gouverneur  de VII,  302 

Beauport,  Manoir  de IX,  268 

Béçron,  Armes  des VIII,  163 

^'       Michel VIII,  ;63 

Béland,  L'abbé  Joseph-Octave Ml.  101^ 

Belleau,  Armes  de  sir  X.-F V,  73 

Bernard,  L'abbé  Louis-Théodore VII,  109 

Bien  ville,  Eglise  Saint- Antoine  de V,  195 

Blanchet,  Le  docteur  François X,  146 

Bochart,    Armes  de  l'intendant  Jean VII,  327 

Bouchette,  Robert-Shore-Milnes VIII,  116 

Bouteroue,  Armes  de  l'intendant A^III,  343 

Buies,  Joseph-Marie- Arthur IX,  374 

Cap  Saint-Ignace,  Eglise  du VI,  290 

Caron,  Armes  du  lieutenant-gouverneur V,  74 

Caughnawaga,  Eglise  de  Saint-E.-X.  de V,  130 

Chapleau,  Armes  de  sir  Adolphe ,  .  V,  76 

Chazelles,  Armes  des VU?  78 

Colborne,  Sir  John IV,  225 

Craig,  &ir  James ^^t  97 

Cuthbert,  L'hon.  James VII,'  341 


—  420  — 

Dalhonsie,  Lord TV,  65 

DeBonne,  L'hon.  ']nge  Pierre- Aniable X,  18 

Demers,  L'abbé  Benjamin VIT,  176 

D'Estimauville  de  Beanraouchel,  Robért-Anne.  X.113 

Dorchester,  Lord IV,  161 

Drunimondville,  Eijlise  de  Saliir.-Frédéric  de    .  V,  227 

Dubé,  L'abbé  Paschal-Prudent V[I,  110 

Duchesuay,  L'hon.  Antoine  Jucheroau IX,  177 

L'hon.  Ilenri-Elzéar  Juchereau.  . .  .IX.  79 

"         L'hon.  Jean- Baptiste X,  177 

Duchesneau,  Armes  des IX,  184 

Dufour,  L'abbé  Edouard VI  î,  105 

Elgin,  Lord IV,  257 

Forbin-Janson,  Mgr  de VIII,  67 

Fortier,  Le  docteur  liichard- Achille VI  I,  275 

Frémont,  Le  général  John-Charles VIII,  361 

"       Jules-Joseph-Taschereau VIII,  344 

Frontenac,  Statue  du  comte  de 1,65 

Gaspé,  Philippe  Aubert  de IX,  251 

Girouard,  Blason  des VIII,  292 

L'hon.  Désiré VIII,  296 

Gugv,Bartholome\v-Courad-Augustus X,  335 

Heafi,  Sir  Bond IV,  33 

îlinsdell,  Signature  de  Mehuraan IV,  355 

Hocquart,  Armes  de  Gilles VII,  9 

Gilles VII,  9 

Iberville,  Pierre  LeMoyne X,  212 

Ile  Royale  en  1751,  Plan  de  1' IX,  198 

Jette,  Armes  du  lieutenant-gouverneur V,  77 

Jogues,  Le  Père  Isaac VIII,  148 

Joliette,  L'hon.  Barthélemi VIII,  20 

Jonquière,  Le  gouverneur  de  la III,  113 

Juchereau  de  Saint-Ignace,  La  Mère X,  276 

Kent,  Le  duc  de IX,  349 

Kierskowski,  L'hon.  Alexandre-Edouard X,  87 


—  421  — 

Krei,i<hofF,  Cornélius I,  33 

Labrie,  Le  docteur VI II,  50 

Laiiorait',  Eglisfc  de  Saiut-Josepli  do V,  162 

Lauberivière,  Mgr  de I,  1 

Leinieux,  L'hon.  François-Xavier IX,  309 

Letellier  de  Saint- Just,  Arme»  de  M V",  74 

Lévis,  Chevalier  de VIIT,  80 

Lévis,  Kglise  de  Xotre-Dame  de  la  Victoire  de...V,  6 

Levy,  François-Christophe  de ,  VII,  154 

L'Islet,  Académie  commerciale  de VH,  15 

"     Couvent  de VIT,  40 

"     Eglise  de VI,  354 

Longueuil,  Château  de VI,  76 

Lotbinière,  L'abbé  Eustache  Chartietde IX,  239 

L'hon.  M.-E.-G.  Chàrtier  de IX,  264 

Louis,  Le  tVère VII,  206 

Mabane,  L'honorable  Adam .....  IX,  148 

Malartic,  Le  comte  de V,  108 

Martel,  L'abbé  -loseph-Stanislas VII,  108 

Martineau,  L'abbé  David VII,  168 

Masson,  Armes  du  lieutenant-gouverneur    V,  75 

Metcalfe,  Lord IV,  321 

Menlles,  Armes  de  l'intendant  de VIII,  270 

Montcalm,  Le  marquis  de VII,  78  ;  VIII,  79 

Plan  de  la  maison VIII,  227 

Moquin,  Louis III,  161 

Morin,  L'abbé  Joseph-Marie III,  129 

Xeilson,  L'hon.  John .VIII,  246 

Olivier,  L'hon.  juge  Louis-Auguste VII,146 

Palais  législatif  de  Québec I,  1 

Parkin,  J.-B III,  97 

Pelletier,  Le  frère  récollet  Didace 1,17 

Perrault,  L'hon.   Jean-Baptiste-Olivier VIII,  35 

"         Joseph-François VII,  273 

"         Ecole  de  Joseph-François VII,  365 


—  4-22  — 

Piopolîp,  Eçrlise  de  Saiiit-Zjiion  de Y\,  194 

Phips,  Sir  William III,  81 

Plamondon,  L'abbé  François-Xavier VU.  174 

Portasce,  Eo;lise  Notre-Dame  du VI,  1^2 

Port-Daniel,  Eglise  Saint-Georges  de V,  322 

Prévost,  Sir  Georo;e IV,  129 

Proulx,  L'abbé  Louis IX,  49 

Puisaye,  Le  comte  de IIF,  14ô 

Quatre  vents,  Uorval VIII,  297 

Québec,  Censive  de  Notre-Dame  de H',  323 

Plan  du  haut  et,  bas IV,  322 

Raby,  L'abbé  Louis IX,  1  7 

Racine,  Mgr  Antoine VII,  171 

Raudot,  Armes  des IX,  159 

Richmond,  Le  duc  de IV^.  193 

Roberval,  Eglise  de  N.-D.  du  Lac  St-Jean  de.  .  V,  67 

Robert.  Armes  des IX,  ô3 

Robitaille,  Armes  du  lieutenant-gouverneur.  .  .    V^,  75 

Rolland.  L'hon.  juge  Jean-Rocb X,  59 

Routh,  Sir  Randolph-Isbam VIII,  111 

St-AIphonse  du  Saguenav,   Eglise  de VI,  34 

'•  Penoit  Labre  de  Aniqui,  Eglise  de VII,  194 

"  Bonaventure  de  Hamilton,  Eglise  de.  .  .  .   VII,  226 

"  Clet  de  Soulanges,  Eglise  de VI,  98 

"  Eloi  de  Témiscouata^ Eglise  de VI,  258 

"  Fabien  de  Rimouski,  Eglise  de    V,  99 

"  Ferréol,  Eglise  de VI 1 ,  4 

"  Isidore,  Eglise  de A^II,  34 

"  Jacques  de  Causapscal,  Eglise  de VII,  290 

"  'lean-Baptiste  de  Québec,   Eglise  de ^'^H?  162 

'>  Jérôme  de  Matane,  Eglise  de VII,  354 

"  Joseph  de  la  Pointe-Lévv,  Eglise  de V,  34 

"  Laurent  de  l'île  d'Orléans,  Eglise  de V,  258 

"  Magloire  de  Roux,  Eglise  de. VI,  322 

"  Mathias  de  Rouviile,"Eg1ise  de V,  290 


—  423  — 

St-Ours,  L'hoii.  Rocli- François  de X.  310 

"  Paul  de  Joliette,  Esjiise  de V,  354 

"  rierre  de  la  Malbiile,  Eglise  de VIL  130 

"       "      du  Lac,  Eglise  de VIL  258 

'•  Vallier,  Eglise  de  St-Philippe  et  St-Jaciues  VL130 
8te-Anne  à  ^^te-Marie  de  la  lîeauce.ChapL'lK-  V[n,195 

'•  Cécile  du  Bic,  Eglise  de Vil,  322 

"  Fov,  Eglise  î^otre-i  'ame  de VI,  tJd 

"  Julie  de  Somerset,  Eglise  de    VII,  98 

"  Luce.  Eglise  de VI,  226 

"  Marie  de  ^ayabec,  Eglise  de VII,  66 

Salaberry,  L'hou.  Chs. -Michel  de X,  245 

SberbrookH,  Sir  John-Coape I\  ,  1 

Sydenham,  Lord IV,  289 

Talon,  Armes  de  l'intendant VII,  235 

"       Jean ". VII,  235 

Taschereau,  Antoine-Charles VIII,  138 

•'  L'hon.  Gabriel-Elzéar VIII,  5 

"  L'hon.  .Je'an-Thomas IX, j  207 

Trudelle,  L'abbé  Charles VU,  106 

Valleyfield,  Eglise  Sainte-Céciie  de VI,  4 

Villade,  L'abbé  Antoine IX,  125 

Vincennes,  Signature  de  Bissot  de VI,  109 


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